Le pays de Lumbres a fait le « choix du cœur

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Le pays de Lumbres a fait le « choix du cœur
Le pays de Lumbres a fait le « choix du cœur » en
décidant de rester seul
La communauté de communes du pays de Lumbres restera en vie. Elle pouvait choisir
d’intégrer la grande agglomération de Saint-Omer. Après une longue réflexion de
trois mois, ses élus ont préféré, dans une grande majorité, garder le schéma initial
pour une question de proximité et d’identité rurale.
Le vote en faveur du maintien de la communauté de communes a été sans appel.
De quoi s’agit-il ?
Les communautés de communes de moins de 15 000 habitants, jugées trop petites, doivent disparaître. Cette
décision de l’État s’est traduite par un vaste redécoupage. Et même si la communauté de communes du Pays de
Lumbres (CCPL) et ses 24 000 âmes ne semblait pas concernée, elle a quand même été amenée à réfléchir à son
avenir.
Quelles solutions pour le pays de Lumbres
La CCPL, présidée par le maire d’Escœuilles, Christian Leroy, a réfléchi à trois scenarii, celui de rester ainsi,
d’intégrer une grande agglomération de Saint-Omer ou de constituer un pôle rural avec les secteurs de Fruges et
d’Hucqueliers, pour donner une entité officielle à ce que l’on appelle le Haut-Pays d’Artois. Le cabinet KPMG a été
engagé pour évaluer l’intérêt de chacun de ces scenarii.
Un choix clair et net
Très vite, Hucqueliers a refusé d’envisager le dernier scenario. Restaient deux options : ou intégrer la CASO ou
rester seule. Des multiples réunions ont eu lieu. Notamment avec le président de la CASO, François Decoster, qui
est venu expliquer le fonctionnement de la CASO et comment il voyait le fonctionnent d’une intercommunalité à
très grande échelle.
Finalement, les élus ont fait leur choix jeudi soir à l’occasion du conseil communautaire qui se tenait à Ledinghem.
Sur 57 votants, 45 ont voté pour le maintien de la CCPL, 10 pour l’intégration, et deux ont voté blancs.
Les raisons
Pour le président Christian Leroy, « c’est le choix du cœur. On veut travailler avec les Audomarois, renforcer nos
liens avec le pays de Saint-Omer. Mais je pense qu’on voulait préserver notre identité rurale ainsi que notre
proximité avec les habitants et les entreprises. On a passé une année particulière, où l’on parle de beaucoup de
redécoupage. Les élus ont besoin d’apaisement, de sérénité pour travailler. On le ressent très fortement. »
Impôts : les Lumbrois y gagnent
Forcément, quand des élus réfléchissent à changer le périmètre d’une collectivité, ils se demandent quelles
incidences fiscales cela aura pour les habitants. Sachant bien que les citoyens, déjà taxés de toutes parts, sont
très sensibles à la question. C’est, entre autres, à cette question que le cabinet KPMG a travaillé.
L’étude semble montrer que les habitants et les entreprises du pays de Lumbres avaient intérêt à ce que rien ne
change. Par exemple, le taux de taxe d’habitation prélevé par la CCPL est de 11,36 %. Il serait passé à 12,28 %
avec le scénario urbain, soit une augmentation de 25 € par an pour un ménage avec deux enfants. Concernant la
taxe sur le foncier bâti, un ménage similaire aurait payé 8 € de plus. Idem pour le foncier non bâti, même si le
surcoût aurait été très faible.
Mais le vrai changement, ce sont les professionnels qui l’auraient ressenti, avec une contribution foncière des
entreprises qui serait passée de 24,43 à 26,44 %. Deux points qui peuvent se traduire par des milliers d’euros
d’écart sur la feuille d’imposition selon les entreprises et leur nature.
Est-ce que ces chiffres ont fait la différence quand les élus ont dû faire leurs choix ? « C’est sûr que ça a dû peser
un peu, répond le président Christian Leroy. Mais les débats n’ont pas porté sur ces questions-là. »
D’autant que ces simples comparaisons ne sont pas forcément à prendre au pied de la lettre. La communauté
d’agglomération de Saint-Omer offre sans doute des services que la CCPL ne propose pas. Ce qui signifie que les
communes concernées ont des charges en moins et qu’elles peuvent, en théorie, alléger leur propre fiscalité. Ce
que l’on voit rarement, concédons-le. De même que la CASO reverse des dotations aux communes qu’elle
englobe. Bref, la simple comparaison des taux est sans doute insuffisante pour juger de l’intérêt financier de tel ou
tel scénario.
François Decoster, la positive attitude
Le président de la communauté d’agglomération aurait pu être déçu que la communauté de communes de
Lumbres ne veuille pas intégrer la CASO. Il dit ne pas l’être. Au contraire, il se réjouit de voir le pays de Lumbres
s’inscrire dans le cadre du pays de Saint-Omer. « Ils avaient deux options, résume François Decoster : soit de
nous rejoindre directement, soit de rester ainsi et renforcer encore les liens et la mise en place de politiques
publiques au sein du pays de Saint-Omer. Ils ont choisi la seconde. C’est bien. À eux de choisir le rythme. »
Si ce discours peut s’apparenter à de la langue de bois, il a un fond de vérité. Celui qui reflète la satisfaction de
voir cette communauté de communes s’inscrire dans le cadre de l’Audomarois. À l’inverse d’Aire-sur-la-Lys qui se
tourne vers le Béthunois et qu’il sera difficile de ramener dans l’arrondissement. Encore qu’en matière de
découpage administratif, on en a déjà tellement vu.