Lire un extrait - Éditions de La Différence

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QUAND L’ITALIE ALLAIT
AU BORDEL
Alberto Bevilacqua, Dino Buzzati,
Giancarlo Fusco, Fausta Leoni,
Mario Soldati et Vincenzo Talarico
traduit de l’italien et présenté
par Carole Cavallera
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PRÉFACE
par Carole Cavallera
Je suis entrée volontairement dans cette maison, j’ai
fait ce métier avec enthousiasme, parce que c’était le seul
qui me plaisait. J’ai connu beaucoup de monde, presque
toujours des gens bien. J’ai mis de côté un petit magot
et dans quinze jours, j’épouserai un riche agriculteur
du Pô. Vous trouvez quelque chose à redire ?
F. M., fille de Ferrare1.
Le bordel n’était peut-être pas, comme l’ont pensé
si fort moralistes de tous bords, une bastille à détruire.
Laure Adler, Les Maisons closes.
En 1965, sept ans après la fermeture définitive
des maisons closes, dix-sept ans après la proposition de loi déposée au Sénat par Angelina Merlin,
l’émule italienne de Marthe Richard, un éditeur
romain demande à plusieurs auteurs d’évoquer
leurs souvenirs de la « tolérance » transalpine. Il
1. Ces propos recueillis par Mino Maccari figurent dans
un ensemble de citations qui complète l’édition italienne de
cette anthologie.
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s’adresse à une bande de copains – son réseau dirait-on aujourd’hui avec tellement moins de légèreté – pour qu’ils racontent ce que furent ces
institutions particulières, cachées au fond des ruelles obscures de Turin, Rome, Naples ou Milan.
Parmi eux, deux romanciers déjà célèbres et
qui le resteront : Dino Buzzati et Mario Soldati,
scénariste de surcroît comme son cadet appelé à
devenir l’un des auteurs les plus reconnus d’Italie, Alberto Bevilacqua, et un curieux journaliste,
critique, acteur enfin, Vincenzo Talarico, qui, en
révélant les habitudes des écrivains qu’il a côtoyés,
convoque d’autres témoins glorieux tels que
Vitaliano Brancati, Vincenzo Cardarelli ou
Giuseppe Ungaretti... La jeune romancière Fausta
Leoni se mêle, quoique femme, à cette joyeuse
coterie en offrant l’hommage particulier d’une
nouvelle aux maîtresses des maisons disparues.
C’est cependant un auteur inconnu du public
français et oublié aujourd’hui dans son « pays de
peu de mémoire » – comme le déplorait Leonardo
Sciascia –, qui ouvre le recueil, lui donne ton et
couleur : Giancarlo Fusco. Chroniqueur brillant,
Fusco s’est plus appliqué à vivre une vie aventureuse (il avait été, prétendait-il, boxeur, acteur,
voyou...) qu’à écrire des livres ; les trois ou quatre
qu’il a menés à bien (dont Le Rose del Ventennio,
petite histoire hilarante des vingt ans du régime
fasciste) font regretter que ses penchants pour le
dilettantisme et la dive bouteille aient empêché son
ironie mordante de s’exercer durablement sur ses
contemporains. Dans l’ouverture qu’il offre à ce
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panorama des maisons de charme, de passe et d’Italie, il brosse, à la manière d’un Saint-Simon furieux
et subjectif révélant les dessous passionnants du
règne de Louis XIV, un extraordinaire tableau des
mœurs de la Péninsule considérées par le petit bout
de la lorgnette, par l’œilleton de la porte du bordel.
Aussi divers soient-ils, les textes rassemblés ici
reprennent et orchestrent le motif principal de cette
ouverture : raconter ce qu’était l’Italie quand elle
allait au bordel, quand elle tolérait, plutôt que décrire avec minutie les lupanars, leurs pensionnaires et leurs clients en terre très catholique.
Parfois, au fil de ces récits intimes et familiers,
on trouve tout de même des chiffres, des dates qui
ne dépareraient pas une étude sociologique du fameux « casino ». On apprendra par exemple que la
morale bourgeoise avait si bien retenu les recommandations du concile de Trente que, dans les terres du baroque, le bordel fleurait froidement le
temple huguenot depuis qu’on en avait, par décision politique, banni le luxe. Si le Chabanais ou le
One Two Two étaient des institutions parisiennes
aussi épatantes et mémorables que Maxim’s ou les
Galeries Lafayette, seul l’affligeant appétit du sexe
pouvait justifier une visite du Grottino à Rome ou
du Suprême à Gênes puisqu’il était rigoureusement
interdit d’y boire, d’y manger et d’y laisser chanter
une bonne humeur trop bruyante.
En lisant ce joyeux recueil, on se dit pourtant
que la censure a encore une fois raté son coup et
que les fleurs du mal poussent d’autant mieux qu’on
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prétend les priver de terre et d’eau : le décor modeste des maisons, même réputées, a nourri l’exaltation des poètes et romanciers qui ont fait la gloire
de la littérature italienne du XXe siècle et qui, transférés des étagères de bibliothèques aux canapés des
maisons de plaisir par les souvenirs de Talarico,
ne perdent rien de leur prestige dans ce déménagement périlleux. Les provocations de Brancati font
retentir le rire clair d’Ungaretti, tandis que
Longanesi, Maccari et Cremona s’amusent comme
des gamins en compagnie de demoiselles ravies...
Seul Cardarelli se rappelle qu’il est poète (et rien
que cela d’ailleurs puisqu’il ne quitte jamais le salon d’attente pour la chambre) devant les belles
hétaïres impressionnées par le grand homme qui,
la voix vibrante d’émotion, ne sait que leur déclamer quelques vers de Baudelaire. Mieux encore :
dans « La porte du bonheur », magnifique hommage
aux prostituées, Mario Soldati explique le rôle déterminant qu’ont joué les filles qu’il a de si près
connues dans son inspiration romanesque – comme
ce fut le cas, rappelle-t-il, pour son collègue et ami
Alberto Moravia.
Ces escapades coquines d’auteurs tout droit
sortis des manuels de littérature pour se glisser dans
la chaude atmosphère des transparences érotiques
illustrent la face noble, artistique d’une tolérance
infiniment plus compliquée qu’on ne le croit :
comme le Boudard de La Fermeture encore emporté
par sa passion en 1986 et ébranlé par la complexité,
l’ambiguïté morale de son sujet, Fusco, Soldati et
Talarico se laissent déborder par une rétrospective
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qui ne saurait se cantonner aux chambres du péché, ni même aux salons d’attente plus ou moins
célèbres du plaisir tarifé ; une rétrospective qui
franchit les porches discrets pour se retrouver dans
la rue, envahir la ville, se faire une place sur les
bancs du Sénat et dans les discours des députés,
continuer encore son expansion vers les terres lointaines du rêve colonial. Même dans les nouvelles
de Bevilacqua et de Fausta Leoni, la prostituée
échappe à l’ombre honteuse des lupanars pour subir les turbulences du siècle, rencontrer la guerre,
la politique, les gens bien...
Libre et enthousiaste, l’histoire des bordels italiens devient donc une espèce d’Envers de l’histoire contemporaine, une perspective renversée qui
éclaire judicieusement l’époque et révèle d’autant
mieux son humanité qu’elle la mesure à l’aune des
plus méprisées de ses créatures.
Ainsi par exemple les épisodes les plus importants de l’évolution politique du pays de Dante sontils revisités par Giancarlo Fusco dans un texte dont
l’impertinence n’a d’égale que la drôlerie. Des
années fondatrices qui menèrent l’Italie de l’unité
nationale, en 1860, au début de l’ère fasciste solennellement inaugurée par la Marche sur Rome
en 1922, Fusco, feignant l’innocence de celui qui
se contente de mener à bien son projet, ne retient,
d’extraits de discours en portraits de politiciens,
que les épisodes les plus amusants sans doute de la
vie parlementaire d’un État nouveau. Oubliés le
sens patriotique de Mazzini ou de Cavour, le rêve
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ambitieux du Risorgimento, quand leurs héritiers,
Crispi, Zanardelli et autres Nicotera, n’ont d’horizon que celui des rivalités de partis ! Si les gouvernements (déjà fugaces et instables) du jeune royaume
d’Italie se souviennent de leurs glorieux ancêtres,
de leurs figures tutélaires, c’est pour réévaluer les
tarifs des passes en maison et assurer une caution
morale à leurs lois coercitives contre les bordels !
Mais la cible préférée de Fusco, celle contre
laquelle s’exercent le plus les traits de son ironie
décapante, de sa virulence persifleuse, est sans
aucun doute « le grand chauve », « l’homme de la
providence », le duce, le chef de soldats que
Bevilacqua ridiculise avec une joie sans pareille
dans « Honneur au mérite ». Mussolini, toujours
aussi autoritaire, toujours aussi dictatorial, mais
tellement comique quand il soupçonne un complot
aux ramifications internationales parce que les tauliers italiens tentent un rapprochement commercial
avec leurs collègues des milieux parisien et marseillais ! Pitoyable mais hilarant Mussolini dont
Fusco imagine que, perché sur le balcon du palais
Venezia à Rome, il exhorte les Italiens non pas à
faire la guerre mais à renoncer aux prostituées
« parce qu’un vrai fasciste, les femmes, il ne les
paie pas, il se les prend ! »... Et que dire encore de
ses ambitions de conquêtes éthiopiennes réduites,
par un effet d’optique ahurissant, à l’installation
de maquerelles et de macs sur les terres du Négus !
De celui que Gadda appelait « le grand sociologue à perruque modeste et soignée », du « bouffon »
qui a mené l’Italie d’une guerre à l’autre, on feuillette
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un album de photos choisies : en uniforme de parade sur la place publique ou en civil au bordel, toujours pressé ; en artisan maçon, paysan, soldat,
grand sportif, bon père et bon mari, offert en exemple à son peuple admiratif. Omniprésent donc, l’œil
sur tout, des affaires du pays aux incartades des intellectuels, armé de son célèbre crayon bleu pour
annoter furieusement revues, articles, livres et opuscules, à en croire en tout cas tous ceux qui se sont
vantés d’avoir été épinglés par « l’omnivisible fumier proclamé sauveur de l’Italie ».
En forçant le trait, Fusco rejoint Soldati et
Talarico dans le même constat politique, celui d’une
Italie paradoxale, d’autant plus libre d’esprit et
rebelle qu’elle vivait en dictature, et le paradoxe
s’épanouit magnifiquement dans ces « lieux de tolérance » d’un pays intolérant. Pour surveillés
qu’ils aient été par l’OVRA (la police politique du
régime fasciste) les bordels ont pu apparaître tout
de même comme un refuge de la liberté collective ;
les maisons closes dressées contre les « maisons
du Faisceau » semblent les défier comme se défieront, après la guerre, l’église et le siège du PC ;
ordre fasciste contre désordre bordélique le jour de
ce grand rassemblement devant l’Autel de la Patrie (le monument à Victor-Emmanuel II) lorsque
les raides défilés de la parade militaire s’éparpillent
dans la confusion inouïe d’un claque, sous les yeux
narquois de Talarico et de Longanesi.
La fin du Ventennio, les soubresauts cruels, en
1943-1944, de la République de Salò, les malheurs
d’un pays dont les alliés deviennent les occupants
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et qui attend d’être libéré par ses ennemis d’hier
ne donnent plus vraiment matière à rire ; dans la
brutalité et la peur, c’est un monde qui finit que les
maisons closes, réservées aux vainqueurs successifs puis soumises, dès 1948, aux attaques
d’Angelina Merlin, suivront dans la tombe après
une agonie de dix ans.
On pourra évidemment taxer Fusco, Talarico,
Bevilacqua et surtout Soldati de mauvaise foi lorsqu’ils font des bordels des lieux d’idées et de résistance dans la tradition des salons politiques du
XVIIIe siècle ; il n’empêche qu’ils ont une intuition
juste en y cherchant l’homme italien dans toutes
ses contradictions, celui à qui le monde entier prête
un regard de velours et le souci obsédant de séduire mais qui vient si souvent au bordel pour « faire
flanelle », c’est-à-dire rester dans le salon sans
monter, pendant des après-midi entières, comme
Italo Svevo à Trieste ou Vincenzo Cardarelli à
Rome... Qui parle à l’un, à l’une, à l’autre, pour le
seul plaisir d’être là et de se croire un peu plus un
homme... Flanelliste parce qu’esthète, flanelliste
parce que sociable, flanelliste mais soucieux du
qu’en-dira-t-on comme ces clients sages qui commandent à Paris les ustensiles les plus raffinés des
perversions sexuelles non pour s’en servir mais
pour maintenir la réputation de leurs concitoyens
à l’étranger !
... L’homme italien tellement fier de sa nation
unifiée et qui pourtant désigne si souvent les prostituées par le nom de leur ville d’origine (ou celui
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qu’elles avouent au moins puisqu’il n’a jamais fait
très bon se dire du Sud), au point que c’est parfois la
première question qu’ils leur posent ! La Turinoise,
la Bolognaise par exemple sont aussi recherchées,
cotées que la Juive dans les maisons françaises.
... L’homme italien enfin que l’Église poursuit
jusque sous sa courtepointe ; il est bien certain, et
Fausta Leoni le rappelle avec humour, que même
avant les années cinquante toutes les filles n’attendaient pas le mariage et toutes les épouses ne se
limitaient pas à la procréation... Mais la crispation
du prince de Salina embrassant sur le front sa bigote de princesse dans Le Guépard traduit bien le
poids de tabous, d’« angoisses », affirme Soldati,
qui pesaient sur la sexualité en Italie au XIXe comme
au XXe siècle. D’ailleurs, dans une ruelle de Palerme, le prince va frapper chez une prostituée aux
formes appétissantes, au regard admiratif, au sourire et au geste accueillant pour que la promesse
érotique mêlée à la douceur féminine lui rendent
son bonheur d’être un homme. Pour une Amélia –
héroïne de la nouvelle de Bevilacqua – qui fait
l’amour avec Guido (mais se repent tout de même
et fait pénitence), combien d’autres ont fait de l’acte
sexuel une chose compliquée et dégradante et se
détournent avec mépris des vendeuses d’amour
qu’incarne si douloureusement la Clélia de Fausta
Leoni ? Voilà pourquoi tous les auteurs sont d’accord pour affirmer qu’il fallait d’abord changer les
mentalités et que la loi d’abolition de la tolérance,
qu’ils ont pourtant applaudie, n’était pas la révolution la plus urgente à accomplir...
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Le fait est que malgré l’immense nostalgie d’un
passé qui fut celui des maisons closes, tous soutiennent encore que la loi de fermeture obtenue par
Mme Merlin, sénateur si opiniâtre qu’elle mérite bien
la féminisation de son titre, sénatrice donc, aussi
enflammée que Marthe Richard le fut au conseil
municipal de Paris en 1946, cette loi enfin était un
progrès, un bien, une bonne chose. Pour toutes ces
femmes qu’ils ont respectées, aimées souvent, ils
ont approuvé une loi qui devait les libérer. Et pas
un, même parmi les plus âgés qui ont longuement
fréquenté les maisons de tolérance, qui s’y sont
consolés de bien des défaites comme Buzzati et
Soldati, pas un ne souhaite que l’on revienne sur
cette loi. Tout leur amour justement, leur lucidité
aussi s’expriment dans le souhait que la prostitution échappe à son carcan de honte, de souffrance
et d’humiliation souvent, qu’elle puisse être pratiquée dans des maisons, pourquoi pas ?, mais alors,
rêve Soldati, « par des filles libres d’y entrer, d’en
sortir et de dire non comme ont toujours été libres
d’y entrer et d’en sortir... les hôtes masculins ».
Hélas, qui s’est réellement soucié de ces filles
pendant les débats autour de la loi Merlin, débats
acharnés et infinis alors que la France avait claqué si brutalement les portes de ses maisons au lendemain de la guerre ? Au nom de quel idéal la
république balbutiante a-t-elle jeté sur le trottoir
les belles de nuit de la monarchie ? Ces maisons
que l’Église préférait ignorer plutôt que chercher
à les abattre – puisque même les accords du Latran
n’abordent pas la question de la tolérance et que
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les prêtres, chez Bevilacqua et Fausta Leoni, renoncent à condamner ceux qui cèdent à la tentation
de franchir ces seuils peccamineux –, ces maisons
ne sont certes pas tombées sous les coups des injonctions vaticanes ni de la morale à col cassé d’une
bourgeoisie trop prude.
Il faut entendre le désespoir de Dino Buzzati, la
souffrance de Mario Soldati dont les romans ne
cessent de revenir sur le désarroi provoqué par la
fermeture pour comprendre, presque vingt ans plus
tard, le gigantesque malentendu dont ils ont été victimes : il était en réalité devenu politiquement incorrect d’admettre qu’un homme pût vouloir abriter
sa solitude et ses terreurs dans un asile d’amour
mercenaire mais civil, qu’il pût avoir besoin de chaleur humaine, de sourires, de mots doux mensongers, tarifés, minutés plutôt que d’une illusoire
promesse de bonheur indolore, inodore, à usage
d’une humanité enfin propre et capable de triompher de sa part d’ombre ; et l’idée que des femmes
avaient choisi parfois librement d’accueillir, de recueillir dans des maisons particulières ces hommes qui avaient besoin d’elles paraissait désormais
inconcevable.
Pourtant, quand l’Italie allait au bordel, elle se
tolérait, grande et faible ; elle s’aimait.
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Titres originaux : G. Fusco, Quando l’Italia tollerava ;
A. Bevilacqua, Onore al merito... ; M. Soldati, L’uscio del
batticuore ; D. Buzzati, Come fece Erostrato ; F. Leoni, Ama
il prossimo tuo ; V. Talarico, Le escursioni degli intelletuali,
dans Quando l’Italia tollerava, CANESI, 1965.
© SNELA La Différence, 47, rue de la Villette, 75019 Paris,
2003, pour la traduction en langue française.
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