HUILE DE COCO ET DYSLIPIDÉMIE

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HUILE DE COCO ET DYSLIPIDÉMIE
HUILE DE COCO ET DYSLIPIDÉMIE
QUESTION : L’huile de coco a-t-elle des effets bénéfiques sur le cholestérol?
AUTEUR : Geneviève Baril-Guérard (DÉCEMBRE 2008)
P
:
Population avec dyslipidémie
I
:
Huile de de noix de coco comme source primaire de gras dans
l'alimentation
C
:
Autre source de gras tels les mono et polyinsaturés
O
:
Effet positif hypolipémiant ou diminution de la mortalité
cardiovasculaire
CONTEXTE :
Un nutritioniste que je connais suggère de prendre cette huile. Selon cette
personne, cette huile aurait des effets antioxydants et hypolipémiants. Elle
diminuerait le risque d'évènements cardiovasculaires et favoriserait la perte de
poids.
RECHERCHE :
Cohrane : rien avec les mots cocunut oil et dyslipidemia mais avec coconut oil
seul je trouve 9 études dans la section des essais cliniques. Je me suis limitée à
cela.
RÉSULTATS :
1) Muller H. et al. A diet rich in coconut oil reduces diurnal postprandial
variations in circulating tissue plasminogen activator antigen and fasting
lipoprotein (a) compared with a diet rich in unsaturated fat in women.
Journal of nutrition. 2003;133(11) : 3422-27
Essai croisé qui visait à comparer les effets d’une diète à haut contenu en gras
(HSFA 38.4% de gras) ou à faible contenu en gras (LSFA 19.7% gras; toutes les
deux basées sur un apport en huile de coco) versus une diète avec un fort
contenu en acides gras monoinsaturés (HUFA 38.2%). Les diètes HSFA et LSFA
contenaient un ratio gras polyinsaturés/ acides gras saturés quasi identique. Les
paramètres mesurés comprenaient le taux de lipoproteines à jeun (Lpa).
L’étude était faite chez des femmes. On a des données sur la mesure des
lipoprotéines pour 25 femmes. Le taux de lipoprotéine à jeun avait tendance à
être plus bas avec le premier type de diète (HSFA) comparativement à la diète
avec acides gras monoinsaturés (13% p<0.001). Il avait aussi tendance à être
plus bas avec la deuxième diète (LSFA) toujours en comparaison avec la diète
HUFA (5.3% p -0.052). Il n’y avait pas de différence au niveau des lipoprotéines
entre les diètes HSFA et LSFA.
Les auteurs concluent qu’une diète basée sur l’huile de coco pourrait influencer
favorablement les concentrations de lipoprotéines comparativement à une diète
HUFA. Le lien entre le taux de Lpa et l’atherosclerose n’est toutefois pas clair.
2) Muller H. et al. The Serum LDL/HDL Cholesterol Ratio Is Influenced More
Favorably by Exchanging Saturated with Unsaturated Fat Than by
Reducing Saturated Fat in the Diet of Women. The journal of nutrition. 2003;
113(1) : 78-83.
Essai croisé qui visait à comparer les effets d’une diète à haut contenu en gras
(HSFA 38.4% de gras) ou à faible contenu en gras (LSFA 19.7% gras; toutes les
deux basées sur un apport en huile de coco) versus une diète avec un fort
contenu en acides gras monoinsaturés (HUFA 38.2%).
25 femmes (étude de type cross-over : 3 semaines avec chaque diète)
Mesure du cholestérol total, du LDL et de l’apo B. Pas de différence de ces
paramètres entre les diètes HSFA et LSFA. Comparativement à ces deux diètes,
la diète HUFA entraînait des niveaux plus bas de cholestérol total, de LDL, du
ratio LDL/HDL et d’apo-B.
Les auteurs concluent que le type de gras influence plus les paramètres du
cholestérol sanguin que le pourcentage de gras de la diète.
3) Bosch V. et al. Changes in of plasma lipoproteins after the use of palm
oil in the diet of a group healthy adults. Archivos latinoamericanos de
nutricion. 1002; 52(2) : 145-50.
Abstract seulement.
Étude sur 60 personnes (45 hommes et 15 femmes de 19 à 45 ans)
3 groupes avec des diètes différentes en gras (25-30% des calories) pour 12
semaines : a) huile, margarine, mayonnaise avec pourcentage d’oléine de 50%.
b) 100% oléine c) consommation habituelle.
Analyse sanguine au début et à la fin de l’étude. Pas de différence au niveau du
cholestérol ou du LDL.
4) Mendis S. et al. Coconut fat and serum lipoproteins: effects of partial
replacement with unsaturated fats. The British journal of nutrition. 2001;
85(5) : 583-9
Étude en 2 phases. 1ère phase de 8 semaines : réduction de la proportion de
gras de 31% à 25% en réduisant la quantité de gras de noix de coco de 17.3 à
9.3% . Phase 2 : de 52 semaines. Division en 2 groupes. Un groupe réduisait sa
consommation de lipides de 25% À 20% en diminuant la quantité de gras de
coco de 9.3% à 4.7%. Le deuxième groupe : lipides totaux 24% dont 3.3%
provenait d’un mélange d’huile de soya et de sésame.
À la fin de la phase 1 : diminution de 7.7% (-3.6 à -12.2) du cholestérol et de
10.8% du LDL (-4.9 à -16.5).
À la fin de la phase 2 : diminution du cholestérol de 4% (NS). À la fin des 52
semaines, LDL plus bas dans le groupe 2 (16.2% diminution vs 11%)
La diminution de gras saturés a un effet sur les valeurs de cholestérol sanguin.
5) Kumar PD. The role of coconut and coconut oil in coronary heart disease
in Kerala, south India. Tropical doctor. 1997; 27(4) : 215-7
Étude sur 32 patients coronariens. 16 contrôles du même âge sans MCAS.
La consommation de noix de coco et d’huile de coco n’était pas différente dans
les 2 groupes.
6) Ng TKW, Hayes KC. Et al. Dietary palmitic and oleic acids exert similar
effects on serum cholesterol and lipoprotein profiles in
normocholesterolemic men and women. J am coll nutrition. 1992; 11(4) : 383390.
Étude pour comparer l’éffet de l’acide palmitique ou oléique dans la diète.
20 hommes et 13 femmes de 22-41 ans. Diète riche en huile de noix de coco
pour 4 semaines. Puis division en 2 groupes (essai croisé) pour 2 périodes de 6
semaines. L’huile contribuait pour 2/3 de l’apport en lipides (23% de l’apport en
calories). Pas d’effet sur le cholestérol sanguin.
7) Heber D. et al. The effects of a palm-oil enriched diet on plasma lipids
and lipoproteins in healthy young men. Nutr Res. 1992; 12 supp : S53-S59.
Étude visant à comparer des diètes riches soit en huile de palme, huile de noix
de coco ou huile de soya. 13 hommes avec un cholestérol normal.
Randomisation à une diète contenant 35% de l’énergie en lipides (50% de ces
lipides provenait des huiles testées. Pas de différence au niveau du cholestérol
sanguin ni des LDL.
8) Ng TKW. Et al. Nonhypercholesterolemic effects of a palm-oil diet in
Malaysian voluenteers. American journal of clinical nutrition. 1991; 53(4supp) :
1015S-1020S.
Étude visant à comparer des diètes avec des lipides provenant de l’oléine de
palme, huile de maïs ou huile de coco. 61 hommes et 22 femmes. 75% des
lipides provenait de la source à l’étude. 5 semaines. Groupe 1 alternait huile de
coco, huile de palme, huile de coco. Groupe 2 alternait huile de coco, huile de
maïs, huile de coco et Groupe 3 ne prenait que de l’huile de coco.
L’huile de coco a fait augmenter le cholestérol total de 10% mais pas le LDL.
L’huile de palme et de maïs réduisait le cholestérol total et le LDL de façon
significative.
9) Reiser R. et al. Plasma lipid and lipoprotein response of humans to beef
fat, coconut oil and safflower oil. The American journal of clinical nutrition.
1985; 42(2) : 190-7.
Étude pour évaluer le cholestérol sanguin selon trois diètes différentes. Lipides
provenant du bœuf, de l’huile de coco ou de l’huile de tournesol. 95 hommes
avec un cholestérol normal. 35% des calories de leur diète provenait des lipides
et 60% des lipides provenait de la source testée. Séquences au hasard réparties
sur 5 semaines. Les triglycérides, le HDL et le LDL étaient plus bas de façon
significative avec la diète provenant du bœuf comparativement à l’huile de noix
de coco.
CONCLUSION :
Je ne crois pas qu'on puisse affirmer que l'huile de coco est néfaste pour le
cholestérol mais on ne peut affirmer le contraire non plus. Toutes les études
regardaient les taux de cholestérol. Aucune n’a analysé des issues importantes
pour le patient comme la mortalité.
Par contre, je crois que dans tous les articles, il est clair que les gras hydrogénés
sont mauvais.De plus, ce qui est ressorti, c'est que les diètes faibles en gras
n’offrent pas nécessairement un meilleur profil lipidique. Le type de gras est plus
important que la quantité.