TIDELAND Terry Gilliam, Grande Bretagne, Canada (2005) À partir
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TIDELAND Terry Gilliam, Grande Bretagne, Canada (2005) À partir
TIDELAND Terry Gilliam, Grande Bretagne, Canada (2005) À partir de 10 ans Conseillé pour les 11 ans et plus. Terry Gilliam est un réalisateur, scénariste, acteur et dessinateur britannique né aux États-Unis en 1940. Après une carrière de dessinateur aux États-Unis, il s’installe en Angleterre et rejoint la troupe comique des Monty Python. Il se tourne vers la réalisation et réalise le long-métrage Jabberwocky, qui affiche déjà le style original et fantaisiste qui deviendra sa marque de fabrique. En 1985, il réalise Brazil, film très ambitieux qui devient culte et est considéré encore comme son meilleur opus. En 2001, il entreprend le projet de réaliser un film sur Don Quichotte qu’il est contraint d’abandonner suite à plusieurs problèmes sur le plateau. PRIX : Prix FIPRESCI au Festival international du film de San Sebastian FILMOGRAPHIE : Courts métrages 1968 : Storytime 1974 : Miracle of Flight 1982 : The Crimson Permanent Assurance 2010 : The Legend of Hallowdega Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. 2011 : The Wholly Family Longs métrages 1975 : Monty Python : Sacré Graal ! coréalisé avec Terry Jones 1976 : Jabberwocky 1981 : Bandits, bandits 1985 : Brazil 1988 : Les Aventures du baron de Münchhausen 1991 : The Fisher King : Le Roi pêcheur 1995 : L'Armée des douze singes 1998 : Las Vegas Parano 2005 : Les Frères Grimm 2006 : Tideland 2009 : L'Imaginarium du docteur Parnassus 2013 : Zero Theorem TAGS : solitude, imagination, enfance, désarroi face à la mort BANDE ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=hY6Go_jvi3U SYNOPSIS : Lorsque sa mère meurt d’une overdose, la petite Jeliza-Rose part s’installer dans une vieille ferme avec son père, Noah, un rocker héroïnomane qui a connu des jours meilleurs. Afin d’échapper à la solitude de sa nouvelle maison, Jeliza-Rose s’évade dans un monde imaginaire. Pour lui tenir compagnie, Jeliza-Rose n’a que les têtes de quatre poupées qui ont perdu leur corps... jusqu’à ce qu’elle rencontre Dickens, un jeune homme ayant l’esprit d’un garçon de dix ans. Vêtu d’une combinaison de plongée, il passe son temps caché dans une carcasse d’autocar, son "sous-marin", attendant de capturer le requin géant qui habite sur la voie ferrée. Dickens a une grande sœur, Dell, une sorte de fantôme vêtu de noir qui se dissimule constamment sous un voile d’apiculteur. Pour Jeliza-Rose, le voyage ne fait que commencer… Conte gothique aux images sublimes, à la mise en scène audacieuse et aux éclairs de poésie qui ne masquent pas un sentiment de malaise… THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS Un univers cauchemardesque entre poésie et fantastique L’esthétisme du film repose sur la multiplication des plans d’ensemble que nous livre Terry Gilliam. Les intérieurs des maisons loufoques, sombres et détaillés, s’opposent aux étendues bucoliques des champs de blés dorés. Un regard fugace sur les images proposées laisserait imaginer une sorte de conte poétique enfantin. Mais un œil plus attentif comprend qu’il s’agit d’un monde parfaitement fantasmé propice à la mise en place d’éléments fantastiques. En effet, la trame du scénario repose sur la double interprétation Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. possible entre le réel et surnaturel. Le monde décrit est réel mais transformé par la vision salvatrice de Jeliza Rose. Sa manière de voir et d’interpréter le monde qui l’entoure offre une image tronquée de la réalité. Par exemple, la réalité est travestie lorsqu’elle interprète l’acte sexuel entre Dell et le livreur comme une scène de vampirisme. La dimension fantastique est appuyée par le récit de Jeliza Rose. Le vocabulaire qu’elle emploie fait référence aux contes de fées : « sorcière », « morts vivants », « prince charmant ». Dès la première scène, un doute quant au genre du film se fait sentir. Les lucioles sont-elles des fées ou de simples insectes ? Le monde réel prête à la fantasmagorie avec des personnages aux allures troubles et des décors étranges. Le monde fantasmé par l’héroïne devient une réalité rassurante. Un regard d’adulte pressentirait directement l’atmosphère angoissante et tragique engendrée par la perte des parents. Pourtant, un regard d’enfant n’aurait pas forcément remarqué la mort du père. Ces différents niveaux de lecture nous ramène à l’univers des contes : Le Petit Chaperon rouge, Blanche Neige. La seule incursion évidente dans un réel plus commun est la rencontre finale avec une femme de confiance. Cette figure nous évoque spontanément l’affection maternelle cherchée par Jeliza. L’endormissement dans les bras de cette femme permettra-t-il l’éveil au réel ? Les fondations de Jeliza Rose, une adolescente en devenir L’épreuve initiatique qui fait basculer Jeliza Rose du monde de l’enfance à l’adolescence est incontestablement la mort consécutive de ses parents. La construction de sa personne se base sur la façon qu’elle a d’appréhender un monde adulte violent et inintelligible. Jeliza Rose cherche à combler son manque affectif par une mise en scène autour du cadavre paternel singeant la vie de celui ci (perruque). Sa personnalité se construit par le biais de différents jeux de rôle en se déguisant et se maquillant. Ses références extérieures sont représentées par ses poupées. Chacune d’entre-elle propose Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. des alternatives à ses propres décisions. Les têtes sont un moyen d’opposer et de confronter ses idées afin de forger son opinion. La construction de Jeliza Rose repose sur sa philosophie de la vie et de la mort. Son avenir d’adulte se forgera sur la déduction qu’une autre vie est possible. Son rêve sur la résurrection des poupées dans le ventre du père prouve qu’elle digère la notion de vie après la mort. Son souci de coquetterie et de séduction atteste de sa volonté de s’émanciper en temps que fille. Cette démarche se confirme lors de sa relation affective avec Dickens. L’autonomie et la solitude qu’elle connaît la poussent naturellement à s’engager dans cette relation et y affirme sa personnalité. La mise en image d’un monde imaginaire (par la technique) Le réel et le surnaturel s’entrelacent constamment. Toutefois, des scènes phares s’imposent comme typiquement imaginaires. La scène où Jeliza Rose voyage dans la malle à vêtements de sa grand-mère, la scène sous-marine et enfin celle de la chute au fond du terrier sont emblématiques d’un monde fantastique. Comme souvent chez Terry Gilliam, l’utilisation des effets spéciaux est plus proche de Méliès que de l’image de synthèse moderne. Le passage sous l’eau dans le pré est mis en scène grâce à des rubans bleus actionnés par des ventilateurs pour faire office d’algues. Un filtre bleu, un aquarium garni de faux poissons est inséré en transparence aux images de Jeliza glissant au milieu des algues. Un autre ventilateur souffle dans ses cheveux pour imiter le flux de l’eau. Des bulles de savons éparses renforcent l’effet théâtral propre à Terry Gilliam. Une autre constante dans les techniques du réalisateur est la variété des plans utilisés : plans obliques, plongée, contreplongée, très gros plans. Tous convergent vers la construction d’un regard juvénile qui déstabilise le public. Des mouvements imprévus de caméra (utilisation du steadicam) contribuent à générer un vertige chez le Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. spectateur. Les costumes et les styles des personnages s’affranchissent de tout réalisme. Jeliza Rose se déguise et se maquille. Dickens devient homme grenouille au milieu d’un champs. Dell, toujours affublée de noir, se balade telle une revenante. Noah, le père de Jeliza Rose, revendique un style de rockeur. Terry Gilliam exploite tous les outils cinématographiques pour sculpter un monde imaginaire. PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ Analysez l’affiche du film. À votre avis, le réalisateur cible quel public avec son film ? (Niveaux de lectures multiples) Sur quoi se construit la personnalité de Jeliza Rose ? Relevez un maximum d’éléments du film qui symbolisent la décomposition. Que représentent les poupées ? Qui sont-elles ? Vous relèverez un effet spécial pour illustrer votre réponse. Où mènent les galeries souterraines dans les champs de blés ? Quelles scènes font incontestablement partie d’un monde imaginaire ? Analysez les techniques employées pour mettre en scène un univers aquatique. POUR ALLER PLUS LOIN Information sur les Monty Python, groupe auquel appartenait Terry Gilliam: https://fr.wikipedia.org/wiki/Monty_Python Autre histoire qui fait appel à des thématiques similaires Alice aux pays des Merveilles Le tableau Le monde de Christina par Andrew Wyeth Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.