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> INTERVIEW < Madame la Présidente Wafaa Sleiman Première Dame du Liban Fortement impliquée dans de nombreux domaines publics et notamment du social, de l’éducation et du patrimoine, S.E. Mme Wafaa Sleiman, épouse du Président de la République Libanaise S.E. M. Michel Sleiman, est une personnalité chaleureuse, ouverte et engagée. Soutenant diverses associations, oeuvrant en force pour l’amélioration de la situation des enfants et des femmes à travers le pays, elle préside également la Commission Nationale pour la Femme Libanaise. Entretien. E M. l Le Liban a connu des années d’épreuves, est-il possible d’effacer le souvenir de ces souffrances ? De quelles manières? S.E. W.S. : Il est certes difficile d’effacer le passé douloureux de tout un pays mais nous pouvons tout d’abord apprendre de nos erreurs passées, ne pas les réitérer et travailler ensemble pour faire en sorte que ce passé soit le moteur de nos actions à venir. Exclusif Magazine l Madame la Présidente, on a souvent affirmé que le Liban était la Suisse du Moyen-Orient, comment percevez-vous cette ressemblance ? S.E. Wafaa Sleiman : Le Liban, “Suisse du Moyen-Orient”, est une expression faisant référence au passé libanais fondée sur une série de comparaisons entre les deux pays, allant de la richesse économique au secret bancaire et à la neutralité. Ainsi, avant la guerre, le Liban était un carrefour culturel, économique et commercial doté d’un système bancaire parmi les plus performants au monde, tout comme la Suisse. Et ce dernier l’est encore aujourd’hui. D’ autres ressemblances existent également, la nature, les montagnes, la convivialité... Après ces années difficiles que le Liban a traversées, nous devrions retrouver ce rôle d’antan et cette belle image de notre pays à l’international. 34 E M. l Vous êtes très présente dans de nombreux domaines publics et, particulièrement dans les domaines sociaux. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre action ? S.E. W.S. : La Première Dame au Liban a un double rôle. Tout d’abord, celui d’être à l’écoute des besoins de la société libanaise, notamment des plus nécessiteux, des plus pauvres, des personnes âgées et des enfants. Elle doit représenter et développer le volet “social et culturel” de la présidence avec pour tâche de seconder son mari, le Président, de lui offrir un soutien moral et de l’encourager dans ses lourdes responsabilités. En ce qui concerne mes activités sociales, depuis le début du mandat j’entreprends une tournée d’encouragement des associations libanaises. Cela m’a permis de voir et d’étudier leur portée et d’évaluer la marge de manoeuvre des ces associations sur le terrain. D’entrevoir également les réels manques dont elles souffrent et d’estimer les moyens nécessaires à leur soutien. Parfois, il peut s’agir d’une aide financière ponctuelle, d’ autres fois, d’une action de communication auprès des médias pour faire reconnaître leur travail et leur efficacité, les cas varient bien entendu. Nous organisons également pour certaines occasions précises des journées ou activités à la Présidence (Noël, fête des mères…). E. M. l Vous êtes également très engagée pour défendre la place de la Femme dans la société libanaise. Comment menez-vous cette action ? S.E. W.S. : En tant que Première Dame, je préside la commission de la Femme Libanaise qui a pour objectif de l’aider à élargir ses capacités à tous les niveaux, afin qu’elle puisse contribuer pleinement au développement du Liban. Nous agissons sur plusieurs niveaux : légalement, financièrement, socialement. Vous savez, la femme libanaise est instruite, dynamique, professionnelle et participe de manière active à la vie de sa communauté ! Elle l’a par ailleurs démontré pendant la guerre durant ces 20 dernières années. La femme libanaise devrait occuper toute la place qu’elle mérite au sein de la société et particulièrement au niveau de la fonction publique. Certaines ont réussi. Toutefois, il ne leur est pas toujours facile d’atteindre ces positions dirigeantes, au niveau local, régional et international. Et s’il est vrai que le statut de la femme libanaise a évolué, il reste encore beaucoup à faire surtout au niveau légal. En réalité, de nombreuses lois régissant le Droit de la femme au Liban sont caduques et nous tentons d’avoir une réflexion commune et approfondie avec la commission pour présenter des projets de lois à la chambre des députés. De plus, lors des dernières élections municipales au Liban, nous avons également lancé une campagne afin d’encourager les femmes à participer aux élections, en se présentant d’une part et en votant d’autre part. Nous comptons poursuivre cette campagne pour les élections parlementaires. La Commission Nationale de la Femme Libanaise travaille également avec les organisations soutenant les droits des femmes au Liban. En tant que Présidente de cette commission, j’ai également pour tâche de représenter la femme libanaise à l’ international et de participer au forum de réflexions autour des sujets relatifs à la Femme. Je vais par ailleurs participer au forum de la Femme arabe qui a lieu tous les deux ans, elle aura lieu en Tunisie à la fin du mois d’octobre en présence d’autres Premières Dames Arabes. E. M. l Le centre-ville de la capitale a été merveilleusement reconstitué. Pouvezvous nous dire ce que vous entreprenez au niveau du patrimoine, pour la défense et la protection de l’héritage culturel et historique du pays ? S.E. W.S. : Avant de devenir Première Dame, je soutenais l’ association “Amchit tourath” dans mon village d’origine, Amchit. Cette association a pour but de restaurer les bâtiments anciens (murs d’école, maisons de particuliers, bâtiments, boutiques) d’Amchit qui est un des villages les mieux conservés au Liban avec ses maisons traditionnelles et typiquement libanaises. Actuellement, je suis en contact avec le ministre de la culture pour certains projets, notamment, pour la création d’un musée dans la région de Jbeil/Byblos qui serait un musée sur l’évolution des familles ayant habité la ville de Jbeil. Vous savez certainement que Jbeil est une cité vieille d’environ 5000 ans avant J.C. Chargée d’histoire, elle est également la ville la plus ancienne continuellement habitée dans le Monde. E. M. l De nombreux Libanais vivent en Suisse, avez-vous déjà visité notre pays? Connaissez-vous Genève? Si oui, quelles ont été vos impressions ? S.E. W.S. : Oui, j’ai eu la chance de visiter la Suisse lorsque mon époux était commandant en chef de l’armée. J’ai par ailleurs de la famille qui vit à la frontière franco-suisse, côté français et j’ai eu l’occasion de leur rendre visite. Nous empruntions l’aéroport de Genève lequel, en venant de Beyrouth, était bien plus proche que les aéroports français ! La Suisse est certainement un très beau pays par sa nature et sa topographie. Elle est également un exemple de démocratie et de respect des Droits de l’Homme. Un pays connu pour sa neutralité à toute épreuve et, surtout, le pays qui a vu naître la Croix Rouge, une organisation que j’admire particulièrement et que je soutiens fortement au Liban. E. M. l Les Libanais ont accompli de grandes choses à l’étranger, parmi les personnalités suisses mondialement connues, Nicolas Hayek est d’origine libanaise. Il a sauvé l’industrie horlogère suisse et nous en sommes très fiers. Que vous inspire son parcours ? S.E. W.S. : Nicolas Hayek est à l’image de la diaspora libanaise et des Libanais qui ont réussi un peu partout dans le monde, que ce soit en Amérique du Sud où ils sont particulièrement nombreux, en Europe ou en Australie… Nous sommes très fiers des origines libanaises de Nicolas Hayek et une rencontre était prévue à l’occasion de notre venue pour le sommet de la francophonie. Hélas, les circonstances que nous connaissons ne le permettent plus et je crois que c’est une perte à la fois pour la Suisse et le Liban. E. M. l Si vous permettez, une petite note de légèreté pour finir : la cuisine Libanaise est une des meilleures du monde, comment faites-vous pour garder la ligne malgré vos nombreuses obligations… S.E. W.S. : (Rires) J’avoue que c’est difficile. Depuis l’arrivée de mon époux à la tête du pays, les réceptions sont de plus en plus nombreuses surtout les réceptions officielles. J’essaie de faire un peu de sport… lorsque j’ai le temps. Propos recueillis par G.A.-D. Détentrice d’une Licence d’Enseignement en Sciences de l’Education et diplômée en Philosophie de l’Université Libanaise, Wafaa Sleiman parle parfaitement l’Arabe et le Français. La Première Dame a poursuivi une carrière dans l’enseignement avant d’occuper de hautes responsabilités au Ministère de l’éducation et d’être projetée sur le devant de la scène libanaise et internationale. Le couple présidentiel a trois enfants adultes, deux filles qui sont respectivement dentiste, architecte et un garçon, médecin. Avec nos remerciements à Lynn Tehini experte en communication auprès de S.E. Mme Wafaa Sleiman pour son aide précieuse. 35