HISTOIRE - THEME 3

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HISTOIRE - THEME 3
DS 2 – H II 2 : Citoyenneté et Empire à Rome.
G I – Les enjeux du développement.
SUJET 1 : COMMENT OBTENIR LA CITOYENNETE ROMAINE ?
1.
Présenter le document.
Au IIe siècle après Jésus-Christ, l’empire romain comprend des populations aux statuts juridiques très variés,
allant du citoyen romain à l’esclave, en passant par le pérégrin. Grâce à cette lettre de Pline le Jeune,
gouverneur de la provicne de Bithynie, adressée à l’empereur Trajan et extraite des paragraphes 6 à 8 du
chapitre X de l’ouvrage Correspondance, il nous est possible de comprendre comment on peut devenir citoyen
romain. En effet, dans cet extrait, Pline demande à l’empereur de donner la citoyenneté romaine à 3 personnes :
le médecin Harpocras et à deux affranchies, Hedia et Antonia Harméridès.
2.
Pourquoi Pline le Jeune s’adresse-t-il à l’empereur pour demander la citoyenneté romaine pour son
médecin ?
Pline le Jeune s’adresse à l’empereur pour demander la citoyenneté romaine pour son médecin car ce dernier est
« de condition pérégrine, ayant été affranchi par une pérégrine ». Il faut donc, pour qu’il devienne citoyen
romain, justifier auprès de Trajan de la légitimité d’une telle demande car seul l’empereur peut donner la
citoyenneté à un pérégrin. Pline explique que « mis en danger de mort l’an passé par une maladie très grave », il
a « eu recours à un médecin ». Pour « le remercier de sa sollicitude et de son zèle », Pline demande à Trajan de
« lui donner la citoyenneté romaine » car Harpocras a fait une action importante, sauver un gouverneur, sans
doute un membre de l’ordre sénatorial.
3.
Que révèle cette lettre sur les possibilités d’obtenir la citoyenneté romaine. Sont-ce les seuls moyens
de l’obtenir ?
Cette lettre montre qu’il est possible de devenir citoyen par l’action de l’empereur (« par un bienfait de ta
bienveillance »). Il n’ya a donc pas que les fils d’un citoyen romain ou d’une fille de citoyen qui peuvent
devenir citoyens.
En plus de la transmission par le sang et par la décision de l’empereur, il est possible pour un pérégrin de
devenir citoyen en servant 25 ans dans les auxiliaires de l’armée romaine ou en exerçant une magistrature dans
une cité de droit latin. Quant aux esclaves, ils peuvent devenir citoyen, s’ils sont affranchis par un ou une
citoyen(ne). Pour ce dernier cas, l’octroi de la citoyenneté aux affranchis s’effectue avec l’accord de
l’empereur : « je te prie […] d’accorder le droit de cité aux affranchies d’Antonia Maximilla. […] C’est à la
demande de leur patronne que je t’en prie ».
On remarque aussi que ces procédures d’octroi de la citoyenneté romaine montrent les liens de clientèle qui
existent entre honestiores, ici Pline ou Antonia Maximilla, et humiliores, pérégrins ou esclaves, ici Harpocras,
Hédia et Antonia Harméridès.
4.
Pline le Jeune écrit au début du IIe siècle. D’autres peuples de l’Empire sont-ils devenus citoyens
romains par la suite ? Pourquoi ?
Après le IIe siècle après Jésus-Christ, d’autres peuples de l’Empire vont devenir citoyens romains. Tout
d’abord, certains empereurs vont octroyer la citoyenneté à des provinces entières, comme Hadrien avec les
provinces d’Orient. Ensuite, en 212, Caracalla va donner la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire.
Ces extensions de la citoyenneté romaine récompensent la fidélité des populations en leur donnant les droits et
les avantages des citoyens romains, garantissant ainsi la paix dans l’empire. De plus, ils revêtent aussi des
objectifs juridiques, simplifier la structure de l’empire en limitant la diversité des droits et devoirs, ainsi que
religieux, élargir le public des cultes romains. Il existe aussi des motivations moins glorieuses d’ordre fiscal,
faire payer les impôts des citoyens romains, comme le 5% sur les héritages, à tous les habitants de l’empire ou
d’ordre personnel, comme Caracalla qui semble avoir voulu garantir la paix dans l’empire avec l’assassinat de
son frère et co-empereur, Géta.
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5.
Dans un développement construit, expliquer comment les Romains ont préparé puis permis l’accès
à la citoyenneté à tous les habitants de l’empire.
Si, à partir de 212, Rome peut accorder la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’Empire, c’est
que, préalablement, elle a réussi à les intégrer par la culture. Les empereurs parviennent en effet à convaincre
les élites provinciales que leur intérêt est d’épouser le mode de vie du vainqueur. Partout, bien avant 212, le
modèle romain s’impose. Il triomphe surtout dans les villes, véritables vitrines du mode de vie romain. Chacune
adopte un même plan structuré autour de deux axes principaux, le cardo et le decumanus, à l’extrémité desquels
se trouvent des portes monumentales. A l’intersection des deux grands axes, se trouve le forum qui offre une
basilique, des portiques. Sur ou à côté du forum, sont construits les temples du culte impérial et de la triade
capitoline ainsi que les bureaux des magistrats. La ville permet d’adopter le mode de vie romain en fréquentant
les thermes, les théâtres, les amphithéâtres. La politique d’urbanisation menée par l’Empire a pour objectif
d’impressionner et de séduire les populations locales. A l’image de Rome, chaque cité dispose de magistrats
chargés de l’exécutif et nommés par l’assemblée des citoyens, une curie ou sénat local formés de notables
locaux présents à vie et votant les décrets. Les grands édifices (temple, théâtre, amphithéâtre, cirque, aqueduc)
sont construits par les notables locaux (évergétisme) ; ils offrent aussi des jeux et des spectacles comme
l’empereur à Rome. Depuis la ville, la romanisation peut se diffuser dans les campagnes. Les riches
provinciaux se font construire des domus copiant les décors des grandes villas romaines.
Après avoir montré les bienfaits de la civilisation romaine, les empereurs successifs vont accorder,
progressivement, la citoyenneté romaine sous forme de récompenses.
A partir de la période impériale, l’octroi de la citoyenneté romaine s’effectue envers des provinces entières :
à la Gaule chevelue sous Claude (41-54), aux Alpes maritimes sous Néron (54-68), à l’Espagne sous Vespasien
(69-79), à l’Orient sous Hadrien (117-138) puis, au milieu du IIe siècle, aux cités proches du Danube menacée
d’invasion. Sous l’empereur Claude (41-54), la population citoyenne s’élève à 6 millions, c’est-à-dire un
dixième de la population totale de l’Empire. A cette date, les citoyens provinciaux demeurent toutefois assez
rares. C’est surtout l’élite locale qui réussit à intégrer la citoyenneté romaine grâce à l’essor du droit latin (les
magistrats accèdent à une citoyenneté romaine totale en sortie de charge) qui gagne la majeure partie de la
moitié occidentale de l’Empire. Cette intégration des provinciaux se manifestent par l’arrivée au pouvoir
d’empereurs originaires des provinces : Claude né en Gaule, dynastie flavienne originaire d’Italie mais pas de
Rome, dynastie antonine originaire d’Espagne et de Narbonnaise, dynastie des Sévères originaire d’Afrique.
La vraie révolution intervient en 212, quand l’empereur Caracalla accorde par un édit (constitution antonine)
la citoyenneté à tous les hommes libres de l’Empire excepté aux deditices – étrangers appartenant à une tribu
vaincue ou révoltée contre Rome, juste au-dessus d’un esclave. Désormais, même les plus modestes sont
pleinement intégrés dans l’Empire. C’est l’aboutissement d’un processus d’ouverture débuté au Ier siècle avant
J.-C. En prenant cette décision, l’empereur achève le processus de romanisation en arrivant à un total de près de
20 millions de citoyens.
SUJET 2 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE CONTESTE.
1.
Présenter le document, en insistant sur le point de vue du journal dont est extrait la caricature.
Au XXIe siècle, la question du développement durable est un sujet de débat. Grâce à cette caricature, publiée
dans le numéro 51 (juillet-août 2008) du journal en ligne La Décroissance, il est possible de voir que certains
ont une vision très critique du développement durable et de sa mise en œuvre. L’auteur de la caricature est
anonyme mais il écrit dans un journal défendant une vision radicale du développement durable compte tenu du
titre du périodique, La Décroissance, ce terme désignant une des applications de la durabilité forte. En effet, La
Décroissance est un journal en ligne qui s’oppose à la priorité donnée actuellement au développement durable.
Pour ce journal, l’avenir de la planète et de l’humanité doit passer par la décroissance qui doit se traduire par
une réduction de la consommation et de la production des biens pour limiter les dégradations
environnementales et les inégalités.
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2.
Décrire le document.
Au centre, on voit un camion foncer en direction un mur (sur lequel est écrit « limites naturelles »), pourvu
d’un poing sur la calandre, comme pour défoncer le mur. Au-delà de ce mur, il y a un gouffre, vers lequel
semble se précipiter le camion. Dans la cabine, quatre hommes conduisent : ce sont des hommes politiques («
droite gauche»). Au-dessus de la cabine, deux cheminées crachent une fumée noire. Des personnes sont
massées dans la remorque : des sportifs (portant un trophée et des haltères), un ouvrier (portant une casquette),
un patron (en costume, fumant un cigare), un économiste (qui montre une courbe) et un scientifique (tenant un
ballon de chimie). A l’arrière, on aperçoit deux journalistes, l’un avec une caméra et l’autre un micro. Tous
crient « plus vite » afin d’encourager le camion à accélérer. A gauche, une forêt est présente. Certains arbres
sont abattus par le passage du camion. A droite, on voit des hommes et des animaux, qui fuient au passage
camion ou qui s’arrêtent pour ne pas être écrasés.
3.
Que symbolisent les quatre parties qui composent le document ? En déduire le message du
document.
Ce camion symbolise l’empressement d’une partie de l’humanité pour le développement durable. Décidée
par les hommes politiques, cette stratégie de développement est largement relayée par la presse afin de susciter
l’adhésion du plus grand nombre. Mais, d’après la caricature, le développement durable se fait au détriment des
populations des pays du Sud (un noir s’enfuit et un Asiatique manque de se faire écraser) et de la nature (fumée
noire, arbres abattus). Le mur et le portail représentent les « limites naturelles » de la Terre : la réduction des
ressources et les dégradations environnementales qu’elle subit. L’auteur veut dire que le développement durable
entraîne l’humanité à sa perte.
4.
Quels sont les intérêts et les limites d’un tel document ?
Cette caricature nuance le développement durable : il ne permet toujours pas de préserver les ressources et
ne profite pas à toute l’humanité. Cela dit, il propose une vision déterministe, brandissant la peur de la finitude
des ressources. Or, une ressource est relative à une société (un élément naturel peut-être recherché par un
groupe et délaissé par un autre) et à une époque (certains espaces longtemps délaissés, sont aujourd’hui
convoités).
5.
Dans un développement construit, expliquer pourquoi et comment le développement durable a-t-il
été mis en place puis évoquer ses faiblesses.
Le développement durable vient de l’anglais sustainable development, c’est-à-dire développement supportable dans la
durée. Il est né de la prise de conscience des limites de la planète, comme dans les travaux du Club de Rome en 1971 qui
rappelle que les ressources sont épuisables alors que la population en prélève de plus en plus. Ainsi, il est affirmé que
l’humanité ne peut pas vivre selon les normes du nord sans mettre en danger l’équilibre écologique de la planète. En
1972, deux événements marquent ce processus de sensibilisation. Le rapport Halte à la croissance du Club de Rome
alerte la population mondiale (traduction en 18 langues) sur le surpeuplement et les risques liés à la croissance. La même
année, la Conférence de Stockholm met en place le programme de l’ONU pour le développement (PNUD) et établit que
l’environnement est un patrimoine essentiel à transmettre aux générations futures (« une seule Terre »). En 1987, le
rapport Brundtland définit le développement durable comme une voie de développement « permettant d’assurer les
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». En 1992, le Sommet de
la Terre à Rio, organisé par les Nations Unies, popularise le terme de développement durable. A sa suite, est publié
l’Agenda 21 qui est un programme d’action sur le changement climatique, la biodiversité, la désertification, les forêts.
Défini dans les années 1970-1980, le développement durable repose sur trois piliers : environnemental – gestion de
l’environnement, social – progrès sociale – et économique – croissance économique. Sa mise en œuvre s’effectue selon
une grande variété de modes.
Il doit permettre de promouvoir de nouveaux modes de production et de consommation afin de préserver
l’environnement et la biodiversité, de restaurer les milieux naturels dégradés, de mieux gérer les ressources terrestres tout
en réduisant les inégalités et en assurant la croissance du niveau de vie des populations. Deux mises en œuvre s’opposent :
la durabilité faible qui consiste à remplacer les ressources utilisées par de nouvelles ressources élaborées grâce à la
science (remplacement progressif des hydrocarbures par les agro carburants) et la durabilité forte qui insiste sur
l’impossibilité de remplacer les ressources par d’autres et prône une gestion économe pouvant aller jusqu’à la
décroissance (réorganisation des déplacements). Quoiqu’il en soit, il faut pour être efficace agir à différentes échelles. En
effet, la pollution atmosphérique, la montée des eaux ou l’interaction financière sont des problèmes qui ignorent les
frontières d’où la nécessité d’une réglementation internationale, d’une gouvernance mondiale. Celle-ci est assurée par les
ONG et les organisations internationales. Par exemple, c’est l’ONU qui a conçu l’Agenda 21 qui implique ensuite la mise
en place avant 1995 d’une stratégie nationale de développement durable avec le déploiement d’agendas 21 locaux. Au
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niveau national, les Etats conçoivent des plans de développement durable (Grenelle de l’environnement) pour organiser la
prise de conscience des populations, les responsabiliser, les éduquer. Ainsi, sont encouragés l’application de techniques
économes et propres dans l’agriculture, l’industrie, les transports ou les services. Par exemple, de nouveaux indicateurs
ont mis en place comme l’IPE (Indice de Performance environnementale à partir de 16 critères environnementaux), le PIB
vert (PIB traditionnel réduit de la diminution des stocks de ressources naturelles) ou l’empreinte écologique (mesure de la
pression exercée par les hommes sur la planète, déduire de la superficie réelle d’un territoire la surface nécessaire à son
bon fonctionnement. Enfin, au niveau local, des solutions concrètes sont appliquées. On impose ou encourage des
pratiques écologiquement responsables : tri des déchets, traitement des rejets, contrôle de la pollution des véhicules,
économies d’énergie et d’eau, développement des énergies renouvelables, constructions de bâtiments respectueux de
l’environnement.
Le développement durable paraît donc comme totalement acquis et comme n’ayant aucun revers. Cependant, cette
vision est à nuancer en raison de certaines limites au développement durable.
Tout d’abord, il existe une forte opposition dans la mise en œuvre du développement durable entre les Etats du Nord et
ceux du Sud. En effet, le développement durable peut apparaître comme un luxe des pays riches du nord. Il est né dans
ces pays et s’y met en place facilement car ces pays ont achevé leur transition démographique donc n’ont pas à faire face
à une explosion démographique, ils ont les moyens techniques et financiers pour trouver de nouveaux modes de
production et de consommation. C’est même devenu un moyen de relancer l’économie (« économie verte »). Dans les
pays émergents, le développement durable apparaît comme une nouveauté. Par exemple, le Brésil s’est engagé dedans
depuis l’arrivée au pouvoir de Lula (2003) avec une attention particulière pour la préservation de l’Amazonie et pour le
développement des carburants verts. La Chine développe, quant à elle, les vélos électriques et les énergies renouvelables.
Enfin, pour beaucoup de pays du Sud, le développement durable ne peut pas être une priorité. Il faut d’abord faire face à
la croissance démographique et à la recherche d’un meilleur niveau de vie. Par exemple, en Inde ou en Chine, les
habitants cherchent à atteindre le niveau de vie et de consommation des pays du Nord et ne veulent donc pas remettre en
cause leurs progrès au non du développement durable. Ensuite, certains Etats du Nord ralentissent la mise en œuvre des
objectifs du développement durable pour maintenir leur domination et leur mode de vie. Ainsi, les Etats-Unis, second plus
gros pollueur de la planète après la Chine, ont-ils refusé de signer les accords de Kyoto pour ne pas pénaliser leur
industrie. Enfin, la mise en œuvre du développement durable aboutit à certains excès ou revers. Par exemple, certains
milieux écologistes font passer la préservation de l’environnement avant les autres aspects du développement durable : «
tout se passe comme si le devenir de la planète avait occulté celui de l’humanité » - Brunel. De même, le développement
des biocarburants réduit les surfaces cultivables pour nourrir les hommes et entraîne donc une hausse des prix agricoles.
Pour finir, certaines solutions apportées par le développement durable présentent des limites : les énergies renouvelables
ne peuvent totalement prendre le relais des énergies actuelles donc l’Allemagne est revenue sur l’abandon du nucléaire.
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