L`inconscient fait "sygne" aux canards boiteux

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L`inconscient fait "sygne" aux canards boiteux
L'inconscient fait "sygne" aux canards boiteux
intervention au colloque " L'inconscient sur-prises multiples" organisé par le S.N.PPSY le 21 juin
2001 au Centre ASIEM à PARIS
La publication de "Die Traumdeutung - l'interprétation des rêves -" par Freud en 1900 marque
une rupture épistémologique avec toutes les formes de pensée scientifique ou philosophique de
l'époque. Un an plus tard, avec la publication de « psychopathologie de la vie quotidienne », Freud
soutient que nos actes manqués, nos lapsus, nos symptômes, nos rêves, ne sont pas le fruit du
hasard ou d'une perturbation organique mais l'expression de nos désirs inconscients.
Freud s'intéresse à tout ce qui défaille, bute, achoppe, boîte en nous et que chacun, (notamment
les scientifiques de l'époque de Freud) méprise.
C'est ainsi que Freud inflige une troisième blessure narcissique à l'humanité. Après Copernic qui
nous apprend que la terre n'est pas le centre du monde et à sa suite Kepler (1) qui nous enseigne que
le monde ne tourne pas rond, la course des astres étant elliptique, après Darwin qui ébranle le
pouvoir religieux en démontrant que l'homme est le fruit d'une longue évolution, Freud affirme que
l'ego de l'homme n'est pas le maitre en sa demeure. " Ça pense " dans un autre lieu, sur une autre
scène!
L'inconscient se révèle comme un autre discours dans lequel se déploie la vérité du sujet. Plus
tard Jacques Lacan redonnant à l'inconscient et au réel leurs lettres de noblesse reprendra cette
acceptation freudienne tout en paraphrasant Descartes. Il dira à propos de l'inconscient « ça pense là
où je ne suis pas ». Et si ça pense en ce lieu c'est que ce lieu est structuré comme un langage.
L'inconscient sera alors comme le témoignage d'un sujet référé au symbolique, au prise avec un
réel, un impossible à dire. Condition de structure qui fait du "parl-être" un canard boiteux. L'
inconscient témoigne de la division, de la Spaltung du sujet. Il est rupture entre le symbolique et le
réel, le symbolique et la jouissance. De là aussi s'inaugure la conjonction toujours affirmée par Freud,
de l'inconscient, du sexe, de la mort.
D'un non-savoir sur l'inconscient
Ne faut-il pas être "inconscient" pour désirer parler de l'inconscient? Si l'on possède le moindre
savoir sur l'inconscient c'est seulement de par ses manifestations, ses formations. Or le savoir de la
psychanalyse c'est le savoir de l'inconscient. Nous ne pouvons parler alors de l'inconscient que sous
forme d'un non savoir.
Quant un patient vient consulter un psychanalyste, c'est à un sujet supposé savoir qu' il
s'adresse. Il attend de ce dernier une solution, une réponse, une guérison. Sa demande fait écho à
notre offre. Mais quelle est l'offre du psychanalyste si ce n'est celle de l'offre d'écoute proposée à un
sujet qui en sait sur son symptôme un peu plus qu'il ne le pense, mais sur une autre scène!
C'est en écoutant les jeunes femmes hystériques que Freud découvre les processus inconscients
et fonde la psychanalyse.
Certes au début il se comporte en soignant, en bon médecin. Il essaie d'éradiquer le symptôme. Il
s'efforce de dissiper les hallucinations qui créent des frayeurs à Emmy von N, il veut effacer des
images. Ce sont les objectifs énoncés de son traitement. Dans son désir de soulager ses patientes il
leur propose des massages ou des suggestions hypnotiques pour "effacer les souvenirs, gommer les
scènes" qui les font souffrir.
Freud "sait" comment traiter ou le feint-il pour se rassurer? Quant il écrit les études sur
l'hystérie il se situe encore dans le registre de la réponse à la demande faite au médecin de soulager
les souffrances des patients. Pourtant, déjà tapie dans l'ombre, la demande latente d'Emmy Von N.
se fait entendre à Freud par l'entremise de cette injonction : " ne bougez pas! ne dites rien! ne me
touchez pas ! "
Emmy von N. traduit en écho avec Anna O la manière dont cette dernière définie son traitement
avec Joseph Breuer : une " talking cure ".
Freud nous indique la voie à suivre tout au long de cette praxis empirique. Il ne s'attache plus à
répondre à la demande manifeste de soulager un symptôme, de guérir mais il entend la demande
latente : "écoutez-moi! ". C'est d'une éthique du psychanalyste dont il va s'agir, fondée, non sur
l'exigence morale, mais sur celle de l'inconscient d'où procèdera ce qui sera aussi le moteur de la
cure c'est à dire la non-réponse.
Freud va donc effectuer un renversement épistémologique sur plusieurs plans. Tout d'abord il
s'inclut dans le champ de l'expérience. Il montre en quoi sa présence influe sur l'évolution de la cure.
Il explicite le procès du transfert. Mais évidemment en écoutant les hystériques Freud se laisse
enseigner, c'est ainsi qu'il postulera l'existence d'un inconscient.
Ce sera la troisième blessure infligée à l'humanité
par Freud cette fois. En cette fin du 19 ème siècle, où l'on pense que le progrès matériel et
technique, en essor grâce à la raison et à la volonté, triomphera de la misère humaine, Freud dit que
ce qui gouverne l'homme ce sont ses désirs inconscients. L'homme n'agit pas, il est agi, à l'insu de sa
raison et de sa volonté par le sujet de l'inconscient.
Le fameux adage de Descartes " Cogito ergo sum" vacille sur ses propres fondements et trouvera
ultérieurement son épilogue dans la transcription Lacanienne toute en paraphrase : " je pense là où
je ne suis pas."
Nous saisissons là tous ces renversements et vacillements de la pensée. D'une part cette maxime
de l'inconscient qui ébranle toute nos certitudes, tous nos savoirs, d'autre part la place qu'occupe
Freud.
Jusqu'alors les scientifiques observaient leur objet et délimitaient leur champ de connaissance
sur celui-ci en le faisant entrer dans un champ d'expérience, qui le modifiait ou non dans sa
structure, son comportement ou sa composition. Pour la première fois Freud passe d'une position
d'observateur à celle de sujet inclus dans l'expérience, impliqué, modifié par elle.
L'inconscient devient un lieu ( das Es ) où ça parle. Un lieu ou "je" n'est pas. Ce n'est pas Lacan
qui le premier le dit mais bien Freud quand il parle du rêve, ce schiboleth de la psychanalyse ( 2).
Freud affirmera de la même manière que "qui comprend la langue du rêve peut parler celle de
l'inconscient". Mais pour parler une langue encore faut-il en connaître la syntaxe et le vocabulaie. Or
qui possède les clés de cette syntaxe et de ce vocabulaire si ce n'est le rêveur lui-même.
Ainsi, même si Freud s'attache à déterminer une symbolique, qu'il voudrait quasi universelle, et
qui permettrait de décoder le rêve, il montrera que chacun a la sienne. Il n'y a donc pas de "
dictionnaire symbolique du rêve " possible sauf à entrer dans l'imaginaire.
Freud s'opposera ainsi aux mystères, à l'occulte pour s'atteler à ce qui est le travail du rêve. Il n'y
a pas pour lui de mystérieux inconscient mais un langage de l'inconscient. Le rêve apparait comme
une production psychique, un langage à décrypter par l'analysant guidé en cela par l'analyste. Freud
identifie sa démarche à celle de Champollion qui décrypte les hièroglyphes. Dans "die Traumdeutung
" Freud démontre que le rêve n'est pas une production onirique résultant d'une gêne ou d'un
désordre organique, ni d'un trouble neurologique pas plus que l'expression d'un message de l'au-dela
Freud formule alors que le rêve est la réalisation déguisée (wunsch) d'un désir refoulé (Die
Traumdeutung- chap.3)
Mais s'il y a un travail du rêve qui travestit, déguise, censure un désir refoulé, il va aussi falloir
distinguer ce qui est manifeste dans le rêve et ce qui est latent.
Freud va ainsi découvrir à travers les formations de l'inconscient ce qui sera la rhétorique du rêve
à travers les processus de condensation et de déplacement, ce que Jacques Lacan, armée des
avancées de la linguistique, rapprochera des processus de la métaphore (substitution) et de la
méthonymie (contiguïté).
Voici l'exemple d'une association libre d'un patient obsessionnel qui formule la manière dont
depuis tout petit il n'avait jamais pu franchir un muret dans un jardin, ce qui symbolisait à son avis
l'empêchement qu'il avait d'aller à la rencontre des autres. Rêve. « Je suis dans un château fort,
dehors il y a des batailles, je suis entouré d'un mur d'enceinte. Il associe sur le fait de n'être jamais
sorti du ventre maternel et se trouve être dans une jouissance du néant, du vide comme flottant
dans l'espace. »
Ce patient fera d'ailleurs lui-même le lien entre cette production onirique et les associations qu'il
en donne avec ses symptômes obsessionnels : toujours à vérifier s'il n'a pas tué quelqu'un en voiture
de par sa mauvaise conduite... Sexuelle évidemment.
Rejoignant par là la parenté étroite que Freud révélera entre symptôme et rêve, les deux étant
de l'ordre du discours.
Le symptôme comme le rêve sera une formation inconsciente ce qui souligne assez que
symptôme et rêve ont à voir avec le désir. Mais alors que nous dit Freud concernant le désir,
concernant le refoulement?
Die Verneinung
Il y a un petit texte merveilleux de Freud publié en 1925 « die Verneinung » qui est riche
d'enseignements sur ce processus et sur ce qui déterminera chez Freud la distinction entre le réel et
la réalité - ce que Lacan reprendra postérieurement.
Dans ce petit texte, Freud déclare que « la négation est une manière de connaître le refoulé, que
c'est une sorte de suppressions du refoulement mais qu'elle ne signifie pas une acceptation du
refoulé. On voit comment la fonction intellectuelle se sépare ici du processus affectif »
il en résulte une acceptation intellectuelle du refoulé alors que le refoulement persiste.
Mais pour que le refoulement soit possible (la verdrangung) il faut qu'il y ait un au-delà
refoulement, quelque chose de déjà constitué primitivement.
"Quelque chose qui ne s'avoue pas et qui ne se formule pas, qui est comme si ça n'existait pas,
mais cela est quelque part comme ce qui attire tout à lui."
Freud parlera donc d'un processus primaire qui comporte deux opérations qui vont ensemble.
1/l'introduction dans le sujet ( einbeziehung ins ich ) sur le mode oral, dit Freud, cela veut dire : «
je veux manger ceci » (c'est la «bejahung »). Ceci constituera un signe moins, la trace dans le
psychique de ce qui est expulsé. Cette introduction dans le moi c'est ce que Lacan appellera
«bejahung primaire » ou symbolisation.
2/ l'exclusion ou l'expulsion hors du moi ( ausstossung aus dem ich ).L'ausstossung est une
forclusion généralisée mais elles ne portent pas sur le nom du père. Elles se différencient ainsi de la
verwerfung (rejet hors du symbolique ) repérée dans la psychose. L'exclusion hors du moi sera ce qui
constitue le réel en tant qu'il est le domaine qui subsiste hors de la symbolisation.
Mais reprenons ce que Freud dit dans son texte sur la « Verneinung » : « il s'agit d'une question
de dehors et de dedans. Le non-réel, l'uniquement représenté, le subjectif n'est qu'en dedans,
l'autre, le réel existe aussi dans le dehors ».
Freud continu et dit « l'expérience nous a appris qu'il n'est pas seulement important de savoir si
une chose, l'objet de satisfaction possède la bonne propriété mais il importe de savoir si cette chose
existe dans le monde extérieur de façon qu'on puisse s'en emparer ... Ainsi l'existence de la
représentation est déjà un gage de la réalité de ce qui représenté. Le premier but et le plus immédiat
de l'examen de la réalité n'est pas de trouver dans la perception réelle un objet correspondant à ce
qui représenté mais de le retrouver, de s'assurer qu'il existe encore. »
L’objet manquant
Nous pouvons certainement situer ici la problématique du désir référé à l'objet manquant, à ce
qui a existé mais qui n'est plus là que sous forme de trace, de négatif, de manque.
C'est ce que dit Freud dans ce texte de la Verneinung : « on s'aperçoit qu'on ne se livre à cet
examen de la réalité que parce que des objets qui, autrefois, avait été cause de réelle satisfaction,
ont été perdu. »
On voit bien que pour Freud l'examen de la réalité n'est pas à référer au percipio - percipiens
(objet de la perception sujet de la perception) mais au fait de retrouver un objet manquant perdu.
Objet de la satisfaction première ou plutôt ici : mythe par le désir de retrouver un objet qui pourrait à
nouveau satisfaire. Le désir serait en recherche de signes de cette satisfaction. Ces signes font alors
de nous des canards boîteux quant à la satisfaction et à la jouissance. Cela voudrait dire que la
finalité de tout désir serait de trouver son manque c'est-à-dire en fait un signe qui donnerait
d'illusion du retour de l'objet perdu. Objet perdu dont il est important de souligner qu'il n'a jamais
existé. On est là dans le domaine de ce qui constitue pour Freud les premières satisfactions : l'enfant
pour supporter l'attente hallucine le sein et s'en satisfait. Il se satisfait d'un manque et fait surgir
dans le réel quelque chose qui n'existe pas et qui n'est pas non plus symbolisé.
Puis cet objet deviendra objet pris dans un inter-dit du sujet. Sujet qui s'il veut ex-sister,
étymologiquement en sortir, sortir d'un rapport imaginaire ou l'autre est lui, lui est l'autre, devra
vivre ce désir de complétude comme impossible, donc inter-dit : « si tu veux exister en tant que sujet
tu ne peux être l'objet du complément de l'autre! " Et vice-versa, d'un vice qui fera la vertu du sujet.
C'est à ce niveau que vient opérer la célèbre métaphore paternelle introduite par Jacques Lacan. Où
l'on comprend que la loi du père n'est pas celle du surgissement féroce d'un surmoi d'un vrai père
incarné qui s'identifie à la loi, mais celle de la parole, d'un « dit - entre - deux » que supportera la
fonction paternelle.
Ce que l'enfant doit percevoir ( père-se-voir) c'est que sa mère désire ailleurs qu'en lui, qu'elle
règle son manque sur quelqu'un d'autre que sur son enfant. C'est là aussi qu'il y a chute pour
l'enfant, quelque chose choît mais qui permettra à l'enfant de décoller du désir d'être le désir du
désir de la mère. Il reçoit ce message et ne cessera d'être confronté à cette perte qu'il essaiera de
dialectiser. Il s'ensuivra un refoulement de ce désir - d'une jouissance absolue et inquiétante de
complétude qui le ferait inexister - et recherche d'un objet qui pourrait le satisfaire sur ce mode du
refoulé, donc à jamais insatisfaisant. Tension donc entre refus de la frustration et peur de jouissance.
Ce qui sera refoulé sera donc le signe de cette satisfaction et ce qui sera rejeté hors
symbolisation sera ce qui n'a pas pu être symbolisé, un réel qui fera retour dans les rêves et les
symptômes (l’ausstossung).
Pour le sujet névrotique la métaphore paternelle avec le signifiant phallique feront leur office de
régler cette jouissance. Le rêve, le symptôme seront toujours référé à cette jouissance interdite et
horrible de l'inceste, marquée d'un signe moins qui permettra d'en dire quelque chose. Or la
structure du dire est aussi celle d'un manque : ce que je nomme n'est pas le réel de la chose nommée
ce n'est qu'une re-présentation. L'être humain du fait qu'il parle ne peut pas connaître le bonheur de
jouissance absolue (par exemple ne faire qu'un avec la nature, avec le réel). Cette disjonction de
l'être humain d'avec la Mère-Nature ( le réel ), qui du fait qu'il parle l'en sépare, produits de
l'inconscient et inaugure la question du sexe en tant que coupure, en tant que section.
Le fait sexuel chez l'être humain est bien de pouvoir nommer, reconnaître la différence sexuelle.
Ce qui n'est pas le fait de l'animal non humain. L'autre sexe fait ainsi surgir un manque à être, un
trou, une béance. L'autre sexe est un fait de langage dans lequel chacun assume la perte de la
complétude. Notre rencontre avec l'autre sexe peut s'effectuer d'ailleurs sous le signe de la
complétude narcissique, sous le signe du même "m'aime" qui par exemple font des amoureux des
cygnes. Jusqu'au jour où la différence à nouveau pointera son nez et fera boiter le rapport amoureux.
C'est pour cela que Jacques Lacan dira qu'il n'y a pas entre l'homme et la femme de rapport sexuel.
La différence nous fait sortir de l'identique à soi-même. Pour l'enfant être sujet c'est sortir de
l'identification au désir de la mère.
L'enfant pourra dès lors nommer les absences et présences de la mère, il pourra ainsi la représenter (on peut lire à ce sujet l'observation par Freud de son neveu jouant avec une bobine de fil).
Le mot maman représente maman mais il n'est pas la mère. Ainsi la structure de la parole et de
l'ordre du manque et du non- identique, de l'ordre de la représentation. Elle n'est possible cette
parole que sous l'effet du refoulement originaire, dont nous avons parlé au début, lui-même
condition de l'inconscient. Le fait de parler implique le refoulement. L'inconscient se présente donc
comme un effet de la parole qui se structure autour du complexe d'Œdipe, en ce sens où, la
jouissance sexuelle pleine serait primitivement celle accomplie avec la mère, en la mère, en cette
Autre qui serait alors figure de l'horreur puisqu'elle signerait la mort du sujet aux prises avec cette
jouissance délétère.
Le choix pour l'homme semble restreint.
- Soit il est comme le schizophrène : l'homme libre par excellence. C'est-à-dire, comme le définit
Jacques-Alain Miller dans sa clinique ironique, « le sujet qui se spécifie de n'être pris dans aucun
discours, dans aucun lien social. Celui qui ne se défend pas du réel par le langage, parce que pour lui
le symbolique est réel ». Jacques-Alain Miller définit par la même occasion, à la suite de Lacan, la
psychose comme étant cette structure clinique ou l'objet n'est pas perdu, où le sujet l'a à sa
disposition. C'est dire aussi « que le désir de l'autre, de la mère n'est pas symbolisé », il est dans le
réel pour le psychotique. Il s'agit bien ici de "l'objet a" que le psychotique a dans la poche selon
l'expression de Lacan.
- Soit l'être humain est comme le névrosé ou le pervers, aliéné au signifiant et à la chaîne
signifiante dans laquelle un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant. La névrose devient
ainsi, comme le dit Jacques Alain Miller, "la structure clinique ou la défense s'appelle le désir, la
perversion étant celle où la défense s'appelle le démenti."
La psychose peut alors être définie comme le rejet de l'inconscient ( verwerfung) au sens où se
produit un retour dans le réel de ce qui est rejeté du langage. Le manque s'avère bien constitutif de
l'inconscient, la métaphore paternelle qui soutient le sujet dans cette prise en compte du manque
amènera Lacan a envisagé le père non pas comme le signifiant de la loi mais celui qui « apprivoise le
manque dans l'autre » . Lacan énoncera dans ce même ordre d'idées que si un père a droit au
respect, sinon l'amour, c'est dans le sens où ledit respect est père-versement orienté, c'est-à-dire fait
d'une femme "objet a" qui cause son désir » (3). Une nouvelle éthique s'annonce d'une prise en
compte de l'inconscient : « sur son désir il ne faut point céder ». À entendre comme ce qui vient faire
non pas obstacle à la jouissance mais régulation de celle-ci. L'inconscient se crée d' une rupture entre
le symbolique et le réel, le symbolique et la jouissance. Et c'est là où l'inconscient rejoint le sexuel qui
serait rencontre avec l'objet du manque, de la différence, de la castration mais aussi évitement de
cette rencontre comme un retour au néant d'une jouissance sans limite. Conjonction du sexe comme
coupure, et de la mort qui serait comme une jouissance absolue où le sujet s'abolit dans une
complétude mythique.