Guinoune tekst voorwerk

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De l'impuissance de l'enfance à la revanche par l'écriture
Guinoune, Anne-Marie
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2003
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Guinoune, A-M. (2003). De l'impuissance de l'enfance à la revanche par l'écriture: le parcours de Driss
Chraïbi et sa représentation du couple Groningen: s.n.
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Chapitre II : Réception de son oeuvre
1 LE
PA S S É S I M P L E E T S O N C O N T E X T E P O L I T I QU E
Le passé simple, publié en France en 1954, a obtenu le prix Rivages69 en 1955 mais cette
reconnaissance littéraire s’est accompagnée de remous, ce que les critiques ont rappelé l’affaire
du Passé simple. Pour comprendre ce qui s’est passé à l’époque, il faut se souvenir de la situation
politique du Maroc et de la France. Chraïbi est un des premiers romanciers marocains à écrire
en français et le premier à émettre des critiques sur le Maroc. Dans un Maroc imprégné de 44
années de protectorat français et à la veille de son indépendance, le livre a fait l’effet d’une
bombe.
Le 30 mars 1912, le Maroc a été placé sous protectorat français, ce qui signifie que le pays
conservait sa qualité d’Etat mais sous contrôle de l’administration française. La mise sous
tutelle du Maroc par la France a été l’aboutissement d’un processus qui avait commencé au
début du siècle lorsque le Maroc, devant faire face à une grave crise financière, contracta un
emprunt. La dette entraîna l’arrivée de contrôleurs français, la première immixtion officielle
d’un état étranger70. Après des négociations avec l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne,
eux aussi intéressés par l’apport d’une aide au Maroc, une partie du pays fut confiée à la
protection de la France. 1956 est l’année de la recouvrance par le Maroc de sa souveraineté
totale grâce aux mouvements nationalistes et aux difficultés rencontrées par la France dans ses
colonies. Le Maroc a donc connu, de 1900 environ à 1956, presque un demi-siècle de présence
française, laps de temps court au regard de l’histoire mais déterminant pour la génération de
Driss Chraïbi71. Le régime de protectorat mis en place par la France allait au-delà d’une tutelle ;
l’administration française était si omniprésente que cette situation a créé la nécessité pour les
autochtones d’apprendre le français. On retrouve un tel message dans Le passé simple lorsque le
père s’adresse à son fils : “Apprends tout ce que tu peux et le mieux possible, afin que tout ce
que tu auras appris te soit une arme utile pour tes examens d’abord et pour la compréhension
du monde occidental ensuite” (23).
Les années 1953, 1954 qui précèdent la fin du protectorat français sont des années de
haute tension au Maroc. En France, des voix commencent à s’élever contre la répression au
Maroc tandis que dans le protectorat, le retour du sultan déposé par la France est revendiqué
à travers des actes de terrorisme. Le passé simple est publié en 1954, à une époque où le Maroc
tente de se libérer de l’oppression française et où faire la critique de la société marocaine et
même du Sultan est mal venu. En France, on cherche à comprendre la situation du Maroc. La
dénonciation de la société faite par Le passé simple déstabilise les idées reçues que s’était forgées
une partie de l’opinion publique. Quelques critiques ont lu dans le roman le mal-être d’un
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jeune pris entre sa culture et l’Occident72. Certains ont noté le courage dont fait preuve ce jeune
écrivain pour dénoncer une société sclérosée73. D’autres enfin ont réagi violemment : “il s’agit
d’un roman assez infect et tout à fait dans le genre de la littérature répugnante qui s’épanouit
en librairie ces temps-ci”74. A cette époque, les Français disposent de peu d’éléments
d’information sur le Maroc. Le public français ne sait comment prendre un tel roman dans un
contexte de turbulences politiques :
Ces romans écrits en français, lus dans le meilleur des cas par des Français qui
voudraient apaiser leur conscience ou complaire à leur paternalisme en criant
inconsidérément au chef-d’oeuvre, se prêtaient à une opération par laquelle on
faussait aisément le jugement du lecteur : seul un public algérien peut être juge de
leur authenticité75.
L’avis porté par Jacqueline Arnaud sur la situation en Algérie éclaire le climat qui régnait alors.
Le lecteur n’a pas les outils pour évaluer la situation, il peut être facilement manipulé.
Au Maroc, la réception du livre est violente. Dans des temps incertains, on se positionne
pour ou contre, on pratique facilement l’amalgame et c’est ce qui adviendra du livre de Chraïbi.
Si la révolte du jeune auteur a été comprise par certains, elle est interprétée par d’autres comme
un acte de trahison vis-à-vis de son pays. Sa diatribe contre la société patriarcale est jugée trop
insultante par et pour la société marocaine. Il s’attire les foudres de tous bords. Menacé de mort
par des extrêmistes,76 Chraïbi est obligé de s’expliquer sur son roman. Il se sent même acculé à
le rejeter : “c’est un livre négatif, sans issues, dont je me suis éloigné” déclare-t-il en 195677. En
1957, lors de la sortie du troisième livre de Chraïbi, L’Ane, un article de Démocratie, reprend
avec encore plus de virulence, ses attaques contre le premier livre paru. Cet article, intitulé
“Driss Chraïbi, assassin de l’espérance” va profondément bouleverser l’écrivain qui répondra
dans un droit de réponse : “Je viens de lire l’article que m’a consacré votre journal ... j’en ai
pleuré”78. Sa lettre saura convaincre la rédaction du journal puisqu’il en deviendra plus tard
collaborateur. Il faut attendre 1967 pour lire une prise de position en faveur de Chraïbi. Elle
vient d’Abdellatif Laâbi et marque le début de la réhabilitation de l’auteur :
Il est vraisemblablement le seul écrivain maghrébin et arabe qui ait eu le courage de
mettre tout un peuple devant ses lâchetés, qui lui ait étalé son immobilisme, les
ressorts de son hypocrisie, de cette auto-colonisation et oppression exercée les uns
sur les autres, le féodal sur l’ouvrier agricole, le père sur ses enfant, le mari sur son
épouse-objet, le patron libidineux sur son apprenti79.
Des années après, Driss Chraïbi va regretter d’avoir renié son premier livre : “j’ai eu un moment
de faiblesse quand j’ai renié Le passé simple. Je ne pouvais pas supporter l’idée qu’on pût
prétendre que je faisais le jeu des colonialistes. J’aurais dû tenir bon, avoir plus de courage”80.
L’auteur rapporte dans Le Monde à côté l’entretien qui eut lieu entre un haut fonctionnaire de
Rabat et lui-même en Alsace. Leur origine commune avait pesé dans la balance : “Et c’est en
arabe qu’il m’a parlé, de frère à frère, même père même mère ou tout comme”81. Chraïbi s’était
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laissé d’autant plus facilement convaincre que l’opprobre de son pays l’insupportait.
“Le lecteur dit à l’écrivain montre-toi au moment où celui-ci l’interpelle pour lui dire
regarde-moi”. La proposition faite par André Green peut selon Jean Bellemin-Noël être inversée
en faisant dire au lecteur montre-moi au moment où il rencontre l’appel de l’écrivain regardetoi 82. Ce jeu entre le lecteur et l’écrivain nous fait percevoir l’enjeu qu’a représenté ce livre.
L’écrivain qui se regarde et se montre au lecteur qui, lui, ne veut pas voir parce que c’est trop
dérangeant, doit payer le prix de son audace. Dans le cas de Chraïbi, ce ne fut pas trop cher,
quelques menaces, remises en question, des turbulences. Ces péripéties n’ont pas empêché Le
passé simple de connaître un succès important. En 1994 le roman était toujours le livre de Driss
Chraïbi le plus lu ou du moins le plus connu au Maroc83, peut-être grâce à la fameuse affaire
du Passé simple.
2 RÉCEPTION DES
FRANCE.
AUTRES ROMANS DE
DRISS CHRAÏBI
AU
MAROC
ET EN
Le premier livre de Chraïbi, pour important qu’il soit, ne doit pas cacher le reste de son oeuvre.
La connaissance de la réception des autres romans au Maroc et en France nous permet
également de situer l’auteur dans le paysage littéraire.
Pour le Maroc, nous utilisons les données fournies par l’enquête menée par Lahcen
Benchama en 199084. Dans la littérature maghrébine de langue française, les auteurs marocains
sont en général les mieux connus dans leur pays d’origine. Tahar Ben Jelloun est l’auteur le plus
fréquemment cité (35%) suivi par Driss Chraïbi (18%). Benchama précise que ce résultat
indique le taux de popularité de Ben Jelloun plutôt qu’une réelle lecture de l’auteur. A la
question plus précise concernant les ouvrages lus, la réponse apportée montre un écart moindre
entre les deux auteurs (35,4% pour Ben Jelloun et 25,3% pour Chraïbi). Les ouvrages de
Chraïbi cités le plus souvent sont d’abord Le passé simple, suivi d’Une enquête au pays et de La
Civilisation, ma Mère. Les autres romans sont peu ou pas connus du public marocain. Une telle
méconnaissance peut s’expliquer en particulier par la difficulté pour un large public d’aborder
un texte à la dimension trop symbolique comme par exemple L’Ane. Une autre raison toute
simple est invoquée, à savoir le coût des livres au Maroc ; la grande majorité des livres de
Chraïbi sont édités en France et sont de ce fait trop chers pour le consommateur moyen
marocain85. Enfin, la presse nationale n’a pas toujours été tendre avec Chraïbi, surtout à cause
de l’affaire du Passé Simple, les articles élogieux sont rares. Benchama conclut en remarquant
que l’oeuvre de Driss Chraïbi est “peu consommée par les lecteurs, voire inconnue” mais que
le public marocain “n’a pas une connaissance approfondie de la littérature maghrébine en
général”86. Maigre consolation.
En France, la situation se présente différemment. Chraïbi vit en France, écrit en français
et est édité en France, ce qui explique d’emblée une meilleure connaissance de ses livres dans
ce pays. Ses romans ont, dans les premières années, trouvé audience auprès d’un public français
curieux d’une autre culture. Mais les propos et le ton de l’auteur ont pu éloigner certains
lecteurs, choqués par cette violence verbale ou mal à l’aise à cause de la distance entre leur
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image du Maroc et celle apportée par Chraïbi. Il nous semble vraisemblable que Chraïbi ait
recherché la complicité du lecteur français et que pour se faire mieux entendre, il ait trop
critiqué sa société et forcé sur une attitude laïque, se mettant en porte à faux avec le sentiment
religieux de sa communauté. L’écriture est plutôt celle d’un jeune homme bouillant de révolte,
exprimant par un jet son trop-plein de colère.
La réception des principaux livres de Chraïbi en France peut être résumée grâce à de
nombreuses informations tirées de l’étude de Houaria Kadra-Hadjadji. La critique concernant
le second livre, Les Boucs (1955) sera globalement plus positive que celle du premier, l’ouvrage
sera même encensé par certains critiques : “c’est une oeuvre violente sur la vie misérable des
Nord-Africains en France [...]. L’ouvrage est appelé à un retentissement certain”87. La critique
la plus sévère vient peut-être de Jean Déjeux qui écrit : “Il voulait dépeindre la lente
décristallisation des Algériens en France, mais il a fait comme Yacine Kateb avec sa Nedjma, il
nous a trop parlé de lui”88. Aimé ou détesté, le second livre provoque la réaction des critiques
français, il ne laisse pas indifférent. Ce roman a eu du succès puisqu’il fut rapidement épuisé.
L’ouvrage suivant, L’Ane (1956) n’atteindra pas le public. Ce texte, désigné comme roman
sur la page de couverture, est en fait un recueil de nouvelles dont le caractère symbolique rend
la compréhension difficile. Le critique du Journal de Genève résume ainsi le sentiment
provoqué : “Quel drôle de livre ! Il recèle sûrement des pensées secrètes de l’auteur, des allusions
mais [...], que l’auteur nous pardonne, elles ne sont pas assez claires pour que nous ayons pu
les déchiffrer”89. Epuisé, le livre n’a jamais été réédité. Le quatrième livre De tous les horizons
(1958) est une succession de chapitres reliés entre eux par un texte court. Roman sombre, il
reflète les éprouvantes années précédentes. Sur un plan personnel, Chraïbi a été touché par la
mort de son père. Sur un plan général, il a subi les attaques de tous bords pour son premier
livre, lors d’interviews il se dit également affecté par la guerre d’Algérie et la situation des
Algériens en France. Ce livre recevra la même réception que le précédent, il est considéré
comme un roman ésotérique. Quelques critiques saluent le talent du conteur, la force de son
écriture et la compassion qu’il exprime pour les démunis. La Foule (1961) est, selon les propos
même de l’auteur, un livre “tout juste capable de faire rire”90. S’il y a réussi est difficile à
mesurer, comme le note Kadra-Hadjadji : “le dossier de presse de La Foule est des plus minces
et contient plus de récriminations que d’éloges” 91.
Succession ouverte, livre commencé quelques mois après la mort de son père (1957) et
publié en 1962, déclenche des “critiques rares et sans gravité”92 alors qu’on peut facilement
imaginer son importance pour l’auteur qui y raconte la mort du père et le retour du fils
prodigue. Si le critique du Bien public 93, retrouve ici la vraie voix de Chraïbi “style nerveux,
haché”, pour Lucien Guissard “il a singulièrement tempéré son langage” mais insiste sur l’ironie
de l’auteur pour un sujet grave qui est une “façon pudique de dévoiler les inquiétudes d’un
esprit” 94. Philippe Sénart reproche à Chraïbi d’être trop pressé, trop nerveux ; un tel sujet, selon
lui, mériterait un pas plus lent et un ton moins frénétique95. L’ensemble de la critique a su lire
les interrogations que pose le retour au pays.
Un ami viendra vous voir paraît cinq ans plus tard (1967) et aborde une thématique très
nouvelle chez Chraïbi : le mal-être et l’émancipation de la femme occidentale. Chraïbi subit
vraisemblablement l’influence du livre de Betty Friedan La femme mystifiée qui a été un des
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livres phares du féminisme, dénonçant la condition des femmes piégées par la multiplication
des appareils ménagers qui ne les libèrent pas de leur état d’esclaves96. Le roman, malgré des
critiques qui portent essentiellement sur le traitement superficiel de cette thématique, a reçu
néanmoins un bon accueil dans la presse française, “ce livre mérite l’attention et l’estime du
lecteur”97. Au Maroc, peu de réactions à l’exception d’un article agressif : “La mort de Driss
Chraïbi” dans lequel le journaliste accuse l’auteur de “se pencher sur la prétendue misère de la
femme occidentale” au lieu de traiter la situation de la femme marocaine “malheureuse et
asservie”98.
Le roman suivant, La Civilisation, ma Mère, paru en 1972, est un succès de librairie et
comme l’a remarqué Kadra-Hadjadji, son dossier de presse, de loin le plus important, le
prouve. Driss Chraïbi, semblant répondre à la critique marocaine, dénonce la situation de la
femme au Maroc. Il faut libérer la femme maghrébine et il laisse cette tâche au fils qui a reçu
l’éducation occidentale. “Ce petit livre, plein d’amour filial et de lucidité, pourrait faire autant
pour l’émancipation de la femme maghrébine, qu’un gros ouvrage sociologique”99. Certains
critiques l’ont lu comme “une chronique amusante et véridique”100, mais pour d’autres il s’agit
d’une pure oeuvre de fiction avec un déroulement trop beau pour être vrai101. Il n’en reste pas
moins un des meilleurs succès de librairie, et un des rares romans de Chraïbi traduit en langue
étrangère.
Mort au Canada (1975) occupe une place particulière dans l’oeuvre de Chraïbi. Trois ans
après avoir rédigé le roman de la mère qui clôt en quelque sorte le cycle de l’univers familial, il
écrit un premier livre sur l’amour entre un homme étranger et musicien et une femme
psychiatre canadienne. C’est, jusqu’à ce jour, l’unique fois. Tahar Ben Jelloun lui reconnaît
alors le titre d’écrivain à part entière, échappant à la classification de romancier maghrébin de
langue française : “un livre d’une infinie tendresse”102. Le livre est bien reçu par la critique
maghrébine, comme le fait remarquer Eva Seidenfaden103 : “il est frappant d’observer que, aussi
bien Tahar Ben Jelloun et Habib Boularès104 que Salim Jay105, tous trois originaires du Maghreb,
se prononcent positivement sur ce roman”. Dans Afrique-Asie le journaliste met le doigt sur
l’aspect unique d’un tel roman dans la littérature maghrébine :
Il faut beaucoup de distance et de recul pour un maghrébin pour écrire aujourd’hui
un roman sur l’amour-passion. Car les thèmes qui sont le plus souvent traités par
les écrivains maghrébins et africains sont des thèmes puisés dans la terre, la misère
sociale, la lutte pour la libération106.
La réception en France sera dans l’ensemble assez favorable. Pour certains, les meilleures pages
sont celles de l’enfant qui lui renvoient son passé107. Josanne Duranteau, dans Le Monde de
l’éducation, est plus virulente. Evoquant un léger parfum de Delly, elle dénonce la prétention
du personnage, le traitant “d’opiniâtre play-boy”. On perçoit surtout son irritation lorsqu’elle
parle de la relation entre Patrik, le héros du roman et Dominique, la petite fille avec qui il
établit une relation, dans un récit qui poursuit l’histoire de Patrik après la fin de son amour :
“L’enfance grave et confiante piquant du nez sur la futilité avare de celui qui vieillit, oui, c’est
beau et c’est triste”108. C’est Gontard qui portera le coup le plus cinglant : “l’échec d’un roman
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insipide comme Mort au Canada prouve, s’il était nécessaire, que l’écriture, elle aussi, a besoin
d’un sol”.109
Enquête au pays, (1981) le premier livre de la trilogie ramenant Driss Chraïbi sur le
terrain de son histoire personnelle, est bien reçu dans l’ensemble. Le procédé d’une enquête
policière surprend les lecteurs mais attise leur curiosité. La critique maghrébine, par la voix
d’Abdelkader Djeghloul, reconnaît à l’auteur un caractère précurseur, “défricheur” de
thématiques qui seront par la suite reprises110. Le reproche qui lui a été parfois adressé, repose
sur ce que le journaliste M. Loakira résume de la façon suivante : “cet éloignement qui risque
de donner à celui qui écrit une vision incomplète ou même fausse de son pays”111. En d’autres
termes, ce journaliste dénie le droit d’écrire à quiconque ayant quitté sa terre natale. Laissons
Salim Jay conclure avec lyrisme : “Driss Chraïbi : un hymne au peuple marocain”112. Qu’en estil de la critique française concernant ce livre ? Catherine Berthomé trouve le procédé de
l’intrigue policière intéressant113. Elle inscrit Chraïbi dans la lignée d’écrivains tels l’argentin
Manuel Ruis, l’italien Italo Calvino ou encore le français René Belletto. Pour Xavier Grall,
Chraïbi “a raté son contre-champ [....] cette opposition entre deux mondes – celui de la ville
occidentalisée et celui du bled, pur et dur- est quelque peu sommaire, voire manichéenne”114.
En ce qui concerne La Mère du Printemps (1982) et Naissance à l’aube (1986), nos
recherches dans les archives des éditeurs se sont révélées fort intéressantes, notamment pour ce
qui touche au premier livre. Il a été bien reçu en France où aucun critique ne semble avoir été
choqué par l’histoire d’amour incestueuse. Cosmopolitain115 a aimé chez l’auteur “son amour
charnel des femmes et des enfants”. VSD116 parle de “l’inceste vécu sans angoisse dans une
atmosphère quasi édénique”, jusqu’à Françoise Xénakis117, dans Le Matin, qui remercie
l’écrivain “de dire ainsi les femmes de son pays, de cette façon si belle, si noble et aussi si
charnelle et si libre”. De la part des critiques maghrébins nous avons trouvé une prise de
position assez claire de Tahar Ben Jelloun118 qui évoque “la pratique naturelle de l’inceste” ; ainsi
qu’une autre critique qui présente l’histoire de manière si tarabiscotée, qu’il faut avoir lu le livre
pour comprendre de quoi il s’agit119. On peut s’étonner de l’absence de jugements négatifs,
moralisateurs quant à l’inceste. Il nous semble qu’elle s’inscrit dans un contexte social. Les
années 1980 sont encore portées par le courant libertaire des années 1970. N’oublions pas que
Louis Althusser était populaire, partout on prônait la sexualité libre pour tous, les enfants
compris, le slogan de 1968 -il est interdit d’interdire- était encore très présent dans l’esprit des
intellectuels120, de même qu’un auteur revendiquant sa pédophilie comme Gabriel Matzneff.
L’inceste n’a alors pas fait scandale. Le livre a été lu principalement comme un roman dédié aux
Berbères et aux autres minorités. En ce qui concerne Naissance à l’aube annoncé comme “un
roman barbare et somptueux”121, le dossier de presse ne comptait que deux interviews accordées
par l’auteur lors de la parution du livre122.
L’inspecteur Ali (1991), dont le personnage principal était apparu la première fois dans
Une enquête au pays, est un roman que Leila Sebbar trouve “satirique, joyeux, tendre où Driss
Chraïbi semble avoir pris le parti de n’être plus “ce malheureux homo arabicus”123. La critique
est très positive et cerne de manière intéressante la dualité de l’auteur. A propos de Une place
au soleil (1993), Tahar Ben Jelloun remarque, après avoir fait un bref inventaire de l’oeuvre de
Driss Chraïbi : “c’est un écrivain en liberté. Il a perdu beaucoup de sa rage et il a gagné en
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légèreté et en ironie”124. Dans un article sur le roman policier maghrébin, on désigne Driss
Chraïbi comme “le père du célèbre inspecteur Ali […] le doyen du roman policier
francophone”125. Son utilisation du genre policier le place, de nouveau, en précurseur et
inspirateur126.
L’homme du livre (1995), dans lequel le Prophète parle à la première personne, peut être
interprété comme le livre écrit “pour rapprocher plutôt que diviser”127. L’auteur, arrivé à une
certaine sagesse, se réapproprie sa religion après l’avoir un peu malmenée. La bibliographie de
Chraïbi s’achève actuellement sur deux livres de mémoires : Vu, lu, entendu. Mémoires (1998)
et Le monde à côté (2001). Le premier livre permet aux critiques de repasser le parcours littéraire
de cet auteur, plus que celui de sa vie128, le deuxième tome est plus prolixe dans le domaine
personnel. Il a été relevé dans Le Monde comme un “magnifique récit”129. Quant à Mustapha
Belabdi130, il remarque un certain parallèle entre l’incipit qui ouvre le roman de Chraïbi : “je
remercie la vie. Elle m’a comblé. Au regard d’elle tout le reste est littérature” avec les Mémoires
de Michel Tournier, Petites proses, où cet auteur termine sur : “Je t’ai adorée, tu me l’as rendue
au centuple. Merci la vie”. Un autre parallèle peut être établi entre les deux auteurs dans le
chemin provocateur qu’ils ont tous deux suivi dans leur carrière littéraire. Pour Chraïbi, le
dernier ouvrage s’impose comme le témoignage de la réconciliation, de l’apaisement et de
l’acceptation du passé.
Enfin sans s’étendre sur la portée et la signification politique de l’oeuvre, on remarque
que Chraïbi a été traduit dans dix pays et que le livre traduit le plus fréquemment est La
Civilisation, ma Mère. Nous croyons que celui-ci, lu à un premier degré comme une apologie
de la libération de la femme maghrébine, répond le mieux aux attentes d’un public occidental
aussi bien qu’arabe. Notons enfin que les romans de Chraïbi traduits en arabe l’ont été en
Tunisie et en Turquie, seuls pays musulmans qui ont choisi de rendre sa lecture accessible à un
plus grand nombre131.
La réception dans les manuels et dictionnaires divers, de même que l’attribution de prix
apportent une indication globale quant à la place occupée par son oeuvre. Jean Déjeux a relevé
que le nom de Driss Chraïbi apparaît à douze reprises dans les encyclopédies entre 1966 et
1971. Quant au nombre de notices le concernant, Driss Chraïbi, de tous les auteurs
maghrébins de langue française, arrive en quatrième position après Yacine Kateb, Mohammed
Dib et Mouloud Feraoun132. Chraïbi, primé pour Le passé simple en 1955133, a reçu en 1973
pour l’ensemble de son oeuvre le prix littéraire de l’Afrique méditerranéenne attribué par
l’Association des écrivains de langue française à Paris134, et en 1981 le prix de l’Amitié francoarabe pour Une enquête au pays. Enfin il a été récompensé en 1995 par le prix Grand Atlas
Maroc pour L’homme du livre. Toutes ces récompenses attestent de la reconnaissance générale
de son talent.
3 RÉCEPTION
D A N S L E M O N D E U N I V E R S I TA I R E
Le dénombrement des travaux universitaires publiés sur les écrits de Driss Chraïbi s’est révélé
informatif en ce qui concerne les aspects les plus étudiés de son oeuvre jusqu’à ce jour. Il
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permettra de préciser la place et l’utilité de notre propre recherche.
Jusqu’à ce jour, nous avons recensé 26 thèses de troisième cycle et DEA portant sur un
ou plusieurs livres de Driss Chraïbi135. A ces travaux spécifiques à Chraïbi, il faut ajouter 8
thèses et 1 mémoire de maîtrise dans lesquels des chercheurs ont tracé des parallèles entre cet
écrivain et d’autres auteurs maghrébins. Enfin nous avons comptabilisé 17 études générales sur
la littérature maghrébine de langue française qui comportent l’étude des écrits de Chraïbi. Il
existe en outre de nombreux manuels, numéros spéciaux invitant à se pencher sur des auteurs
maghrébins de langue française dont notre auteur136. Cette liste n’est certainement pas
exhaustive puisque des chercheurs continuent à sonder l’oeuvre de Chraïbi et que nos sources
peuvent être incomplètes. Une telle profusion, 26 travaux exclusivement consacrés à Chraïbi,
a de quoi intriguer les lecteurs à qui aurait jusqu’à maintenant échappé la chraïbimanie
ambiante137. Nous espérons que la présente étude éclairera quelque peu les raisons de
l’engouement intellectuel suscité par les romans de Driss Chraïbi.
A la lecture de l’intitulé de ces thèses, quelques constantes ressortent. En premier lieu,
dans les thèses ne portant que sur Chraïbi, il faut noter la prépondérance des études à caractère
sémio-linguistique, se préoccupant essentiellement de narratologie138. Quant aux autres, elles
ont pour objet des thématiques assez diverses telles que : Une quête de synthèse entre l’Orient et
l’Occident, La symbolique du voyage, La religion ou encore Islam et société, L’image de la femme
marocaine, Récit et mémoire. Quant au thème de la révolte, il fait à lui seul l’objet de 3 thèses.
Une seule thèse, celle de Basfao139, offre une approche psychanalytique d’un certain nombre de
romans de Chraïbi.
Des travaux menés en parallèle sur Driss Chraïbi et d’autres écrivains, il ressort qu’une
seule thèse établit un parallèle entre Chraïbi et un auteur français : Le père dans le noeud de
vipère de François Mauriac et Le passé simple de Driss Chraïbi140. Une autre étude a comparé La
quête du père dans Le passé simple et L’impasse de Mahfouz141. Les autres recherches ont été
menées sur des écrivains au profil similaire à celui de Chraïbi. Ils sont orientaux, musulmans,
l’un s’exprimant en arabe (Mahfouz), les autres en français (Boudjedra, Ben Jelloun, Khatibi,
Kateb, Fares, Khaïr-Eddine)142. Les thèmes en sont : Récit et personnage de l’immigré, Jeux et
enjeux du “je”, Parole-mère et écriture marocaine de langue française, Le berbérisme, La circularité,
et enfin Etre, histoire et sacré.
Pour clore ce tour d’horizon des thèses, signalons que dans celles consacrées à l’étude de
la littérature maghrébine de langue française incluant ou citant Driss Chraïbi, le thème de l’exil,
l’immigré revient à 4 reprises, celui touchant la femme se retrouve 2 fois, celui de la mère et
l’enfant également 2 fois. L’aliénation est abordée dans deux travaux ainsi que L’Islam. Le silence,
L’ironie, Analyse sémiotique, Portée esthétique du signe, Typologie et évolution du roman politique
sont les autres thèmes abordés. Toutes les thèses portant sur l’écriture d’un Maghrébin
s’exprimant en français répondent à la même double interrogation : comment fonctionne
l’écriture lorsqu’elle chevauche deux langues et de ce fait deux systèmes de pensée, et quelle est
la particularité du style chraïbien ?
Quel commentaire pouvons-nous apporter à ces travaux ? Notre première réaction fut
l’étonnement face au nombre de thèses à caractère linguistique. L’intérêt du linguiste à fouiller
une langue à double composante se comprend, mais il révèle aussi une prise de distance
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émotionnelle du chercheur. Les titres des travaux qui n’ont pas été achevés, confirment cette
interprétation. En effet la plupart des travaux abandonnés portent sur des thématiques qui
parlent de l’homme dans son intimité143. Notre seconde réaction était de penser que tout avait
été écrit. Comme les autres chercheurs, nous avons travaillé sur l’étude de la langue, nous avons
relevé l’importance de la révolte chez cet auteur, nous n’avons pu échapper au questionnement
de l’exil, de l’acculturation, de l’entre-deux que vivent les écrivains maghrébins de langue
française. Mais une seule thèse, celle de Kacem Basfao, a ouvert la voie à l’étude de l’oeuvre
chraïbienne au moyen de la psychanalyse, nous y reviendrons. Il nous semble opportun de
prolonger son travail en l’abordant sous un angle qui n’a pas encore été traité : la représentation
du couple.
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Le prix Rivages, distinction française était attribué sous la présidence de Roger Frison-Roche, alpiniste
renommé, qui a effectué de nombreux séjours dans les montagnes du Sahara.
Informations recueillies dans Jean-Louis Miège 1950, Le Maroc. PUF, coll. Que sais-je.
Rappelons que Chraïbi est né entre 1926-1931.
Houaria Kadra-Hadjadji 1986, Contestation et révolte dans l’oeuvre de Driss Chraïbi. Publisud. Elle cite
p.62 Eric Ollivier Le Figaro du 3 février 1955 et André Figueras Le journal du parlement du 17 mai 1955
Ib. article dans Gauche européenne. Décembre 1955.
Ib. Roger du Pasquier, La tribune de Genève, 16 décembre 1954.
“L’avenir de la culture algérienne” Temps modernes n.209, octobre 1963, p.733. Op cit. Jacqueline
Arnaud, La littérature maghrébine de langue française. Tome I.. Ib. p.43.
Le PDI : Parti Démocrate de l’Indépendance.
Article “Une voix d’Afrique”cité par Kadra-Hadjadji, p56 La Gazette de Lausanne, 6 octobre 1956.
Op cit. p.59. Ib.
“La défense du Passé simple” Revue Souffles n.5, premier trimestre 1967,
Interview dans la revue Souffles, n.5. 1967.
Driss Chraïbi, Le Monde à côté, p.59.
Jean Bellemin-Noël 1978, Psychanalyse et littérature. PUF, p.41.
Lahcen Benchama 1994, L’oeuvre de Driss Chraïbi. Réception critique des littératures maghrébines au
Maroc. L’Harmattan.
Lahcen Benchama, Ibid.
Au début du XXIe siècle, le haut Conseil de la francophonie parle de 5 millions de francophones au
Maroc, chiffre élevé à première vue, laissant espèrer un potentiel de lecteurs suffisant, mais qui est à
relativiser. Les critères concernant l’appellation de francophone sont flous. Selon les sources du Ministère
des Affaires Etrangères français, l’apprentissage de la langue française débute dans l’école primaire, mais
elle est mal maîtrisée à la fin du secondaire par la majorité des élèves en raison des carences de formation
des enseignants depuis l’arabisation (1975) et une inadaptation des programmes, contenus et méthodes
fixés par le manuel critique obligatoire.
Ib. p.108.
Ib. p.81 Le Monde libertaire, n.11, p.4.
Ib. p.83 Article de Déjeux paru dans Regards sur la littérature maghrébine d’expression française. ESNA,
Cahiers nord-africains. Paris, n.61, p.87.
Op cit. ib, p.112. Journal de Genève, 26 octobre 1956.
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Ib. p.127 Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 12 octobre 1961.
Ib. p.127.
Ib. p.134.
Bien public, 8-9 décembre 1962.
La croix de Seine-et-Marne, 13 janvier 1963.
Combat, 6 décembre 1962.
Chraïbi confirme cette influence dans l’ouvrage de Kadra-Hadjadji. Ib. p.139.
René Palmiéry dans La République du centre, 23 août 1958.Op cit. Kadra-Hadjadji, Ib. p.152.
Lamalif, n.11, avril 196, pp.38-39.
Afrique-Asie du 27 novembre au 10 décembre 1972.
Entre autres M.Chavardès, Témoignage chrétien. 18 mai 1972.
Afrique-Asie, 27 novembre au 10 décembre 1972.
Tahar Ben Jelloun, “Quand Driss Chraïbi parle d’amour”. Le Monde, 4 avril 1975.
Eva Seidenfaden, ib. p.320.
Habib Boularès “Comme une salamandre”. Jeune Afrique. 7 mars 1975, “une histoire qu’on lit d’un seul
trait et que l’on a envie de relire plus intensément tout de suite après” conclut-il.
Salim Jay “Mort au Canada” Rabat, Le Matin 2 février 1975, “un livre heureux” écrit-il.
Afrique-Asie. Luttes et combats. 21 avril 1975.
Témoignage Chrétien, 13 février 1975 ainsi que Le Nouvel observateur, Les Nouvelles littéraires 5-11 mai
1975.
Josanne Duranteau, Le Monde de l’éducation. 1975. “Un léger parfum “Delly” dans ce sublime et dans
cette platitude”.
Gontard, La violence du texte. Ibid.
A.Djeghloul, “Driss Chraïbi”. Magazine Littéraire, mars 1988, n.251.
M.Loakira, “Entretien avec Driss Chraïbi”. Al Asas, n.68 juin 1985.
Le Quotidien de Paris, 10 novembre 1981.
Catherine Berthomé “Le rire grinçant de Driss Chraïbi”. Jeune Afrique. 29 juillet 1981.
Xavier Grall, “Deux petits chefs”. Croissance des Jeunes Nations. Juillet/Août 1981.
Cosmopolitain, Novembre 1982.
Patrick Grainville, VSD, 2 septembre 1982. (VSD est une abréviation de vendredi, samedi, dimanche).
Françoise Xénakis, Le Matin, 13 septembre 1982.
Tahar Ben Jelloun, Nouvel Observateur.13 au 19 septembre 1982.
“Yafelman, qui avait pris pour femme une réfugiée du pays des Pharaons, Hineb et qui en avait eu une
fille Yerma, avant de la répudier, avec laquelle d’ailleurs il avait noué des relations tendant à fonder de
son sang même une race ou une dynastie, il ne sait pas encore très bien, puis qui l’avait reprise, après la
sécheresse et la famine et en 52 av.JC”. Comprenne qui voudra cet extrait de Lamalif. Août/Septembre
1982.
Qui peut, en 2003, se souvenir qu’en 1979, Louis Althusser, Jacques Derrida, André Glucksmann et
même Françoise Dolto, pour ne citer qu’eux, ont signé une lettre pour soutenir Gérard R., pédophile ;
lettre publiée dans le journal Libération dans laquelle ils accusent “la morale d’état”. Peut-être que
Chraïbi, comme les critiques littéraires, a été lui-aussi influencé par ce courant libertaire.
Lire 1986.
Les nouvelles littéraires, juillet 1986 et La Baraka, 12 mars 1986.
Lire. Ib.
Le Monde, 14 janvier 1994.
Le Monde “Le polar au bled” 6 octobre 2000.
La série complète de l’inspecteur Ali est la suivante : Une enquête au pays (1981), L’inspecteur Ali (1991),
Une place au soleil (1993), L’inspecteur Ali à Trinity college (1996), L’inspecteur Ali et la C.I.A (1997)
Le Progrès 23 octobre 1995.
Fouad Laroui, “Quand Chraïbi se penche sur son passé”. Jeune Afrique. 1999.
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Le Monde, 19 octobre 2001.
“Driss Chraïbi, pour une parcelle de mémoire”. Réflexion, 26 avril 2000.
Selon les sources fournies par l’éditeur principal de l’auteur, Le Seuil, Chraïbi est traduit : en Espagne,
en Turquie, en Italie, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, aux U.S.A, au Canada, en Grande-Bretagne
et en Tunisie. Les U.S.A arrivent en tête avec cinq titres traduits : Le passé simple, Les Boucs, La
Civilisation, ma Mère, L’inspecteur Ali, Une place au soleil.
Déjeux. Ib. 1993, pp.250-251.
Prix Rivages.
Sous la présidence de Robert Cornevin, auteur de nombreux ouvrages de référence sur l’Afrique et les
Antilles.
En 1993, la quatrième page de la réédition du Passé simple annonçait pas moins de 18 thèses uniquement
consacrées à ce livre, ce qui le place en tête des sujets de prédilection des chercheurs.
Banque de données Limag : mise à jour octobre 2000.
Même si le nombre d’étudiants et donc le nombre potentiel de thésards a augmenté, cette constatation
n’explique pas totalement une telle focalisation sur cet auteur.
Voir liste jointe, annexe 3.
Kacem Basfao, Trajets : structure(s) du texte et du récit dans l’oeuvre romanesque de Driss Chraïbi. Ib.
Boukhari Amel 1989, Le père dans le “Noeud de vipères”de Mauriac et “Le passé simple”de Chraïbi. C.A.R
Tunis.
Ecrivain égyptien.
Un mémoire de maîtrise a porté sur l’écriture de Driss Chraïbi et le peintre Cherkaoui, Révolte et quête
des racines culturelles dans l’oeuvre de D. Chraïbi et de la peinture d’A. Cherkaoui. Demulder, Thomas.
Université de Grenoble 3. Mars 2000.
Les titres des travaux qui n’ont pas été menés à terme sont fournis en annexe, les noms des chercheurs
ont été omis par souci de discrétion. Néanmoins nous pouvons signaler que les noms de ces chercheurs
sont d’origine maghrébine, ce qui nous confirme dans l’opinion que travailler une oeuvre en
s’approchant du domaine privé est plus risqué, surtout pour un maghrébin. Entreprendre une telle
démarche est peut-être de l’ordre de l’acculturation mais le chercheur peut être rattrapé par sa culture
d’origine. Or dans la société maghrébine la mise à nu du privé en public est traditionnellement réprouvé.
Ainsi un certain nombre de travaux touchant la mère, par exemple, n’ont pas été achevés.
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