être mieux formés - HEG-FR

Date: 14.08.2015
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«Les lobbyistes doivent
être mieux formés»
> Influence Trois
HES s'unissent
pour proposer
un diplôme
en lobbyisme
> Le professeur
Thomas Gees sera
le directeur des cours
de cette formation
continue inédite
La Société suisse de Public Affairs
(SSPA), organe farder des lobbyistes, a édicté un code de déontologie
et s'est aperçue que l'on pouvait
améliorer la professionnalisation
de cette branche souvent regardée
de travers. En collaboration avec
Région capitale suisse, la HES bernoise, la HE Arc et la Haute Ecole de
gestion de Fribourg, un Certificate
of Advances Studies (CAS) inédit est
en cours d'élaboration.
Cette formation continue sera
nous ne formons pas des lobbyistes en tant que tels.
tion, mais plutôt les collaborateurs
d'organes publics, privés ou d'ONG
qui sont appelés à faire du lob- Comment est né ce projet?
byisme sans être des profession- Il est né de la conjonction de
nels. La formation continue se
plusieurs intérêts. Région capidestine aussi à ceux qui veulent se
tale suisse a pour mission de
lancer dans une carrière de lobpromouvoir la Ville fédérale
byiste professionnel. L'objectif est
comme haut lieu de l'activité
également de donner aux organipolitique. Elle a considéré qu'une sations à but non lucratif des
telle offre faisait partie de cette
instruments permettant de décider
mission. De son côté, la SSPA a
si et quand un travail de lobbyisme
édicté un code de déontologie.
se justifie. Une partie concerne les
Or, elle s'est aperçue qu'il y avait membres de la SSPA, en particulier
un besoin de rattrapage dans la celle qui concerne l'éthique.
professionnalisation des lobbyistes. Enfin, la HE Arc a émis ré- Qui sont les formateurs?
- Environ un tiers est composé
cemment l'idée de lancer une
telle formation. C'est ainsi qu'est d'enseignants des HES partenaires.
Ils fournissent les bases: présentané ce partenariat. L'enseignement se fera principalement
tion du système politique, cadre
à la HES bernoise, mais aussi
juridique, communication d'entreprise, etc. Un second tiers réunit
à Neuchâtel et Fribourg.
de jeunes politologues et des
- Qu'est-ce qui vous a amené à
membres de la commission de
prendre la direction de ce cours?
déontologie de la SSPA. Enfin, des
- Voici deux ans, j'ai développé un praticiens, par exemple des collaconcept pour le compte de la HES borateurs de bureaux de commubernoise. Je me rends fréquemnication, viendront expliquer en
ment à Bruxelles et j'ai pu voir que, quoi consiste aujourd'hui le loben comparaison avec ce qui se fait byisme professionneill y aura
là-bas, la Suisse avait un rapport
encore des politiciens et des gens
dirigée dès février 2016 par le professeur Thomas Gees. Né en Thurgovie, âgé de 47 ans, cet historien difficile avec le lobbyisme. A
spécialiste de la politique suisse et Bruxelles, les lobbyistes font partie
européenne, ancien collaborateur du processus politique, sont accréde la commission Bergier, ensei- dités et ne dérangent personne. En
gne le management public à la Suisse, ils sont considérés comme
des personnages obscurs que l'on
HES bernoise.
aimerait tenir à l'écart du processus politique. Sous l'impulsion des
Le Temps: Peut-on enseigner
partenaires extérieurs et de la HE
le lobbyisme?
Thomas Gees: Ce que nous propo- Arc, l'idée que j'avais développée
sons est une formation continue. peut désormais se concrétiser.
Il s'agit de stimuler la réflexion des
participants sur leur travail et de
les mettre en relation les uns avec
les autres. C'est ainsi qu'il faut voir
cette offre. Mais vous avez raison:
de l'administration, qui est un
acteur important. La formation est
bilingue. Chacun s'exprime dans sa
langue. Nous voulons ainsi démontrer que le lobbyisme est une
affaire nationale.
- L'affaire kazakhe qui a compromis
la conseillère nationale Christa
Markwalder a montré que les
relations entre les lobbyistes et les
politiciens restaient dans une zone
grise. Cette question est-elle abordée dans cet enseignement?
- Il a été décidé de mettre cette
-A qui cette formation est-elle
destinée?
- Nous ne visons pas les profession- formation continue sur pied avant
nels des agences de communica-
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ces professionnelles de communication sont apparues. Mais le parlement, lui, continue de travailler
avec les mêmes ressources qu'il y a
vingt-cinq ans. Les politiciens sont
insuffisamment armés pour suivre
cette évolution. Ils sont obligés de
faire confiance à l'administration et
se trouvent dans la zone d'influence des lobbyistes professionnels. Cela se traduit par un transfert
de pouvoir du parlement de milice
vers l'administration et les groupes
d'influence. C'est là qu'il y a un
- Dans une tribune libre publiée
problème structurel. Je précise que
dans la «NZZ », vous avez écrit, à
propos de cette affaire, que le parle- les discussions autour des badges
d'accès au Palais fédéral sont largement souffrait d'un «problème
ment exagérées. Les lobbyistes
structurel». Qu'entendez-vous
peuvent exercer leur influence sans
par-là?
avoir accès direct au bâtiment. Ce
- Le processus politique a changé
point n'est pas déterminant.
ces vingt-cinq dernières années.
L'administration est devenue plus - Vous avez cité le cas de Bruxelles.
Votre formation prévoit un voyage
professionnelle et a accru son
influence. En face, le paysage asso- dans cette ville. Pour y apprendre
quoi?
ciatif n'est plus aussi clairement
défini que par le passé. Et des agen- - Que le lobbyisme est quelque
cette affaire. La prise d'influence
des lobbyistes est une réalité de
notre système. Mais l'affaire que
vous évoquez a démontré que la
population avait une image faussée de cette réalité. Cette formation
peut contribuer à clarifier les
relations entre celui qui donne un
mandat et celui qui le reçoit. Elle
peut aider à faire comprendre la
nécessité de dire qui se trouve
derrière le mandataire.
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chose de tout à fait normal. Et que
c'est peut-être là-bas davantage
qu'à Berne qu'il faudra faire du
lobbying à l'avenir, car c'est là que
les grands thèmes politiques sont
discutés. Certaines organisations
comme economiesuisse ou l'Association suisse des banquiers y sont
déjà présentes.
- Quelles portes ce CAS va-t-il
ouvrir?
- Ce sera un bon bagage pour tous
ceux qui se destinent à la communication d'entreprise mais peinent
à trouver la formation continue
dont ils auraient besoin. Mais le
certificat n'est pas tout. Ce qui est
essentiel, c'est de disposer d'un bon
réseau. J'ajoute que ce certificat est
la première pierre d'un édifice. Il
n'est pas exclu de le développer
plus tard en master et des collaborations avec d'autres HES à l'étranger sont envisageables.
Bernard Wuthrich BERNE
Les cours seront bilingues et complétés par un voyage à Bruxelles
Le CAS Public Affairs & Lobbying
débutera en février 2016.
Le lobbyisme est une matière
déjà abordée dans des cours
donnés à l'Institut des sciences
de la communication de l'Université de Zurich et à la Haute Ecole
des sciences appliquées de
Winterthour.
Mais la formation proposée par la
HES bernoise, la HE Arc à Neuchâtel et la Haute Ecole de gestion de
Fribourg est bilingue, complète et
inédite. Il est prévu que chaque
participant s'exprime dans sa
langue, comme c'est l'usage
dans la Berne fédérale.
Le coût du CAS complet est de
8500 francs. Mais on peut s'inscrire pour un ou plusieurs modules,
chaque formation coûtant alors
2200 francs.
Les modules sont divisés par
thème. Le premier est consacré aux
«contexte et principes du lobbying
et des affaires publiques» et porte
sur les processus de décision suisse
et européen, le droit, l'administration et l'éthique. Le module 2,
«communication institutionnelle et
relations publiques», s'intéresse
aux différents aspects de la communication professionnelle et aux
relations avec les médias.
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Le module 3 porte sur les «outils et
techniques de lobbying», comme la
veille politique, le réseautage, la
formation d'un groupe d'intérêts et
les réseaux sociaux. «Le lobbyisme
a évolué. Par le passé, c'étaient des
représentants d'associations.
Aujourd'hui, ce sont plutôt des
agences professionnelles. Le but est
d'expliquer le nouveau lobbyisme»,
détaille Thomas Gees. Le module 4
concerne le travail du certificat.
S'ajoute à cela un voyage d'études à
Bruxelles. Les inscriptions se font
par Internet sur le site de la HE Arc.
Douze à quinze participants sont
attendus par volée. B. W.
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