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Document du 8 septembre 2015 Objet : travaux critiques sur la notion de culture de sécurité et son utilisation Auteur : Eric Marsden <[email protected] > Quelques références de base sur la culture de sécurité : . la revue de littérature de Guldenmund dans Safety Science [Guldenmund 2000], qui critique le manque de cohérence conceptuelle dans les articles traitant de culture de sécurité, et propose de porter l’attention plutôt sur un objet plus central, la culture organisationnelle, puis d’analyser les facteurs influençant la culture. . la revue de littérature du UK HSE [UKHSE 2005] . une analyse historique de la naissance du terme “safety culture” et les raisons politiques de son développement [Henriqson et al. 2014] Quelques travaux critiques : . Le terme de culture de sécurité est devenu un concept vague et globalisant utilisé pour parler de tout problème lié aux FOH. Il permet de ne pas se poser des questions difficiles sur les facteurs contingents et contextuels qui impactent la sécurité. Argument présent dans [Hale 2000 ; Guldenmund 2000 ; Pidgeon 1998]. . Réfléchir en termes de culture sécurité implique qu’on suppose l’existence d’une homogénéité normative des valeurs, croyances et comportements sécurité. Se placer dans cette perspective, qui célèbre la sécurité comme résultant d’un engagement moral et d’un choix normatif, implique qu’on s’attardera peu sur les conflits, les différences de points de vue, les arbitrages avec d’autres priorités [Henriqson et al. 2014] ; tout ce qui fait la sécurité « en vrai ». . Sur l’approche instrumentale de la culture (« améliorer », « faire évoluer »), très présente chez les consultants FOH et qui semble séduire les responsables sécurité dans l’industrie : ‘‘ Culture cannot be managed ; it emerges. Leaders don’t create cultures ; members of the culture do. Culture is an expression of people’s deepest needs, a means of endowing their experiences with meaning. Even if culture in this sense could be managed, it shouldn’t be […] it is naive and perhaps unethical to speak of managing culture. [Martin 1985, p. 95] et ‘‘ Culture is not an ideological gimmick, to be imposed from above by management-consulting firms, but a stubborn fact of human social organization that can scuttle the best of Corporate plans if not first taken into account. [Reynolds 1994] . Article critique Taming Prometheus : talk about safety and culture [Silbey 2009] qui évoque plusieurs points problématiques : • la culture comme le « détritus des transactions sociales » • “culture-as-cause” (l’utilisation du terme « mauvaise culture de sécurité » comme nouvelle version de « erreur humaine », pour désigner une cause d’accident diffuse que l’on ne cherchera pas à traiter) • critique d’une vision déterministe et réductrice de la culture . Can focus on safety culture become an excuse for not rethinking design of technology ? [Rollenhagen 2010] 1 ’’ ’’ • une focalisation sur les aspects culturels (normes, valeurs communes) risque de détourner l’attention de leviers d’action plus efficaces pour améliorer la sécurité, comme le travail à la conception sur l’amélioration technologique. . La notion de culture de sécurité peut avoir pour conséquence de pousser la responsabilité pour les comportements sécurité et une bonne mise en oeuvre d’outils de gestion de la sécurité (comme les SGS) vers les salariés (« responsabilisation des acteurs de terrain »). En étant déployé dans les organisations sur un mode bureaucratique, elle devient un outil de contrôle, ou de gouvernementalité au sens de Foucault [Henriqson et al. 2014]. ‘‘ As the phenomena continually recede before efforts to control them, research advocating safety culture seems, in the end, to suggest that responsibility for the consequences of complex technologies resides in a cultural ether, everywhere or nowhere. [Silbey 2009] . Sur la faiblesse des analyses culture de sécurité conduits à l’aide de questionnaires, voir [Guldenmund 2007] et [Antonsen 2009]. Dans ce dernier article, Antonsen compare les résultats d’enquêtes « culture de sécurité » sur la plateforme offshore Snorre Alpha (mer du Nord) avec les résultats d’une enquête sur un accident majeur qui se produisit peu après l’enquête culture de sécurité. Les questionnaires suggéraient que les employées avaient une perception très positive de la culture de sécurité sur la plateforme. En revanche, l’enquête conduite par la tutelle et une analyse causale menée par l’exploitant ont fourni une vision radicalement différente de la situation de la plateforme, où les pressions productives étaient perçues comme prenant souvent le dessus sur des considérations de sécurité. L’enquête de perception avait aveuglé les responsables sécurité sur des problèmes organisationnels graves sur la plateforme1 . . When safety culture backfires : Unintended consequences of half-shared governance in a high tech workplace [Edwards et Jabs 2009] • impact de programmes de gestion du changement mal exécutés Les plus intéressants du point de vue EM : [Hale 2000 ; Silbey 2009 ; Guldenmund 2000 ; Antonsen 2009]. Références Antonsen, S. (2009). Safety culture assessment : A mission impossible ? Journal of Contingencies and Crisis Management, 17(4):242–254. DOI : 10.1111/j.1468-5973.2009.00585.x. 2 Edwards, M. et Jabs, L. B. (2009). When safety culture backfires : Unintended consequences of half-shared governance in a high tech workplace. The Social Science Journal, 46(4):707–723. DOI : 10.1016/j.soscij.2009.05.007. 2 Guldenmund, F. W. (2000). The nature of safety culture : a review of theory and research. Safety Science, 34:215–257. DOI : 10.1016/S0925-7535(00)00014-X. 1, 2 Guldenmund, F. W. (2007). The use of questionnaires in safety culture research – an evaluation. Safety Science, 45(6):723–743. DOI : 10.1016/j.ssci.2007.04.006. 2 Hale, A. R. (2000). Culture’s confusions (editorial). Safety Science, 34:1–34. 1, 2 Henriqson, É., Schuler, B., van Winsen, R., et Dekker, S. W. (2014). The constitution and effects of safety culture as an object in the discourse of accident prevention : a Foucauldian approach. Safety Science, 70:465–476. DOI : 10.1016/j.ssci.2014.07.004. 1, 2 Martin, J. (1985). Chapitre Can organizational culture be managed ?, dans Organizational Culture (Frost, P. J., Éd.). Sage Publications, Beverly Hills. 1 1 Il est intéressant de noter qu’un phénomène semblable s’est produit sur la plateforme Deepwater Horizon, où une enquête culture de sécurité conduite peu avant la catastrophe donnait l’illusion que tout allait pour le mieux sur la plateforme de forage. 2 ’’ Pidgeon, N. F. (1998). Safety culture : key theoretical issues. 10.1080/02678379808256862. 1 Work and Stress, 12:202–216. DOI : Reynolds, P. C. (1994). Chapitre Corporate culture on the rocks, dans Anthropological Perspectives on Organizational Culture (Sibley, H. A., Éd.). University Press of America. 1 Rollenhagen, C. (2010). Can focus on safety culture become an excuse for not rethinking design of technology ? Safety Science, 48(2):268–278. DOI : j.ssci.2009.07.008. 1 Silbey, S. S. (2009). Taming Prometheus : Talk about safety and culture. Annual Review of Sociology, 35:341–369. Disponible à http ://web.mit.edu/~ssilbey/www/pdf/safety_culture.pdf, DOI : 10.1146/annurev.soc.34.040507.134707. 1, 2 UKHSE (2005). A review of safety culture and safety climate literature for the development of the safety culture inspection toolkit. HSE RR367, UK Health and Safety Executive, London. Disponible à http ://www.hse. gov.uk/research/rrpdf/rr367.pdf. 1 3