Profession Banlieue • Rapport d`activité 2011
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Profession Banlieue • Rapport d`activité 2011
RAPPORT D’ACTIVITÉ C E N 2011 T R E D E R E S S O U R C E S www.professionbanlieue.org ■ LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE PROFESSION BANLIEUE ■ L’ÉQUIPE DE PROFESSION BANLIEUE élu à l’assemblée générale du 7 avril 2011 BUREAU Marc RATSIMBA, Président, Directeur général adjoint au renouvellement urbain, Clichy-sous-Bois et Communauté d’agglomération Clichy-Montfermeil Sylvie HAUTIÈRE, Vice-présidente, Directrice des ressources humaines, Office public de l’habitat, Seine-Saint-Denis Marie-Anne GALAZKA, Trésorière, Directrice de Défi, Communauté d’agglomération Clichy-Montfermeil Vanessa ATTIA, Trésorière adjointe, Coordinatrice de réussite éducative, Stains Éric FROEHLICHER, Secrétaire, Chargé de mission, Chambre de métiers et de l’artisanat, Seine-Saint-Denis Charlotte LECHAT, Secrétaire adjointe, Chef de projet politique de la ville, Saint-Denis Emmanuel BAUNARD, Consultant Nawal EL HASNAOUI, Chargée de mission Cucs, Villetaneuse Christine HUVELLE, Chef de projet, Neuilly-sur-Marne Sandrine MAURIN, Responsable politique de la ville et lutte contre les discriminations, Aubervilliers Patrick NORYNBERG, Directeur général adjoint au développement social et territorial, Le Blanc-Mesnil Lydie RAPPAPORT, Présidente de la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis AUTRES MEMBRES Judith BAUDRILLART, Chef de projet Cucs, Pantin Luc BERTIN, Chargé de mission économie sociale et solidaire, Garances, Seine-Saint-Denis Christine BOURBOUZE, Directrice de quartier, Saint-Denis Barbara DIEKMANN, Adjointe au chef de projet rénovation urbaine, Villetaneuse Marie-Chantal DURU, Déléguée départementale, Fédération des centres sociaux, Seine-Saint-Denis Martine FROIDEFOND, Chargée de mission gestion sociale et urbaine, Immobilière 3F, Paris Irène GÉGOUT, Chargée d’opération, La Courneuve Sylvie HARBURGER, Retraitée Luc JÉRABEK, Directeur, Agence nouvelle des solidarités actives Sandrine JOINET-GUILLOU, Responsable politique de la ville, Plaine Commune Géraldine KOWALSKI-JUDITH, Chef de projet développement social des quartiers, Pessac Dorothée LAMARCHE, Chargée de la prévention spécialisée, Conseil général, Seine-Saint-Denis Marie-Christine LAUR, Chargée de projets, Chambre de commerce et de l’industrie, Seine-Saint-Denis Mounira MEHIRI, Chargée de mission développement social, Dpvi, Paris Isabelle MOULINIER, Chef de projet Cucs, Montreuil Marion PEYRE, Retraitée Brice PHILIPPON, Responsable de la politique de la ville, Épinay-sur-Seine Aurélia PIPARD, Responsable des formations, Sfm-Ad, Stains Lilia TANABENE, Chargée de mission, Apes, Pantin L’ÉQUIPE DU CENTRE DE RESSOURCES EST COMPOSÉE DE SIX PERSONNES À TEMPS PLEIN. Bénédicte MADELIN, directrice • Direction et animation de l’équipe • En charge des missions d’accompagnement et du suivi des instances nationales • Responsabilité des relations avec les partenaires du centre de ressources Olivia MAIRE, directrice adjointe • Responsabilité des cycles de qualification • En charge des thématiques développement économique, développement durable, logement, rénovation urbaine, réussite éducative, formations linguistiques • Animation du Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Réaap) Cécile FLEUREAU, chef de projet • En charge des thématiques médiation sociale et culturelle, citoyenneté, lutte contre les discriminations, gestion urbaine de proximté, prévention de la délinquance • Réalisation des fiches d’expériences • Responsabilité des visites sur site et des voyages d’étude Partie fin mars, Cécile FLEUREAU a été remplacée par Candice VINCENT, chargée de mission, à partir du mois de septembre. Elsa MICOURAUD, chargée de la documentation et de la gestion de l’information • Responsabilité de la documentation, accueil et orientation des utilisateurs • Création et diffusion d’outils d’information en lien avec la documentation • Gestion et développement du site Internet • En charge de la thématique santé Hélène GUÉNIOT, responsable administrative et financière • Responsabilité administrative du centre de ressources • Secrétariat des instances politiques de l’association • Suivi des publications de Profession Banlieue Partie début mai, Hélène GUÉNIOT a été remplacée par Muriel FAOUCHER à partir du mois de septembre. Stéphanie LENOIR, assistante de gestion • Accueil téléphonique • Secrétariat administratif, suivi des commandes et facturation • Suivi de l’organisation logistique des manifestations • Tenue des états d’inscription aux différentes instances de travail L’ensemble de l’équipe participe à : • La définition du programme de travail et l’élaboration des orientations soumises au conseil d’administration • La rédaction de La Lettre de Profession Banlieue • L’élaboration des contenus des Rencontres, cycles de qualification, ateliers… • L’établissement et la relecture des textes des publications PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Avant-propos toire. Dans l’accompagnement des professionnels, Profession Banlieue se doit en effet de veiller à maintenir un équilibre entre une approche strictement thématique et ces deux dimensions qui caractérisent la politique de la ville. Pour le centre de ressources, il s’agissait dès lors de renforcer les compétences de chacun, quel que soit son champ d’intervention, et de développer collectivement les capacités d’analyse, de réflexion et de proposition sur les politiques sociales et urbaines, à partir de l’expérience des élus, des professionnels des collectivités territoriales et des services de l’État, des responsables associatifs et des centres sociaux, des bailleurs et des acteurs de proximité. Compte tenu de la prolongation des contrats urbains de cohésion sociale (Cucs) jusqu’en 2014 et de l’annonce des avenants expérimentaux pour une trentaine d’entre eux, dont on ignorait encore, en janvier 2011, l’objet et les territoires, le programme de travail du centre de ressources a été conçu dans la continuité des années précédentes. En effet, ce n’est que le 18 février 2011, lors du Conseil interministériel des villes, qu’ont été connus les sites retenus et l’objet de cette expérimentation : « Le comité demande au ministre de la Ville, et aux trois ministères impliqués dans la démarche (Emploi, Intérieur et Éducation nationale), de lancer une expérimentation portant sur 33 quartiers couverts par des contrats urbains de cohésion sociale (Cucs) en vue de préparer la nouvelle génération de contrats. » Les modalités concrètes de mise en œuvre ont, pour leur part, été précisées par une circulaire du Premier ministre en date du 27 avril 2011. Comment dépasser l’éclatement des interventions ? Comment répondre aux besoins des nouveaux professionnels, notamment en termes de méthode ou d’outils spécifiques ? Comment réaffirmer le principe de l’approche transversale qui prend appui sur le territoire et le besoin de ne pas perdre de vue la dimension globale ? Aussi, dans ce contexte d’incertitude concernant l’avenir des contrats urbains de cohésion sociale et dans l’attente des décisions du Conseil interministériel des villes, Profession Banlieue a construit son programme de travail autour des pratiques professionnelles et de la conduite de projets territoriaux, sur les questions de méthodes et d’évaluation ou encore d’analyse prospective des évolutions urbaines et sociales. Ces sujets ont été abordés à partir de six grandes entrées thématiques qui montrent la diversification des champs et/ou des dispositifs de la politique de la ville, mais posent en même temps la question de l’approche globale et du projet de terri- Si les professions se spécialisent, cela ne doit pas conduire pour autant à une segmentation de la réflexion et des pratiques professionnelles. Tout au contraire, la dimension territoriale de la politique de la ville doit encore être davantage affirmée dans la conduite des projets. 3 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 LES ACTIONS INSCRITES ■ ■ ■ AR : Action réalisée ■ ■ AC : Action en cours ■ AnR : Action non réalisée POLITIQUE DE LA VILLE, ENJEUX DE TERRITOIRES ET EXPÉRIMENTATION SÉMINAIRE ATELIERS THÉMATIQUES SÉMINAIRE COOPÉRATION RÉGIONALE RÉUNIONS DÉDIÉES RENCONTRE RÉGIONALE • Comprendre la banlieue ................... ■ ■ AC. • Expérimenter de nouvelles voies pour la participation des habitants .... ■ ■ AC. • Réformes institutionnelles, réforme des collectivités territoriales: quel paysage institutionnel pour demain? ................................... ■ ■ ■ AR. La réforme des collectivités ........................................................... territoriales. Publication en ligne. • Pour une approche urbaine et sociale intégrée: les Projets urbains intégrés . ■ AnR. Reportée sur 2012. • Les équipes politique de la ville.......... ■ ■ ■ AR. • Coopération régionale des centres de ressources .................. ■ ■ ■ AR. Se loger, une question ......................................................... régionale. Publication en cours. IMMIGRATION, ALTÉRITÉ RENCONTRE RENCONTRE APRÈS-MIDI GROUPE DE TRAVAIL GROUPE DE TRAVAIL • La question culturelle ne supplante-t-elle pas la question sociale? ..................... ■ AnR. • L’immigration ................................... ■ ■ ■ AR. Migrations ......................................................... et politiques d’intégration. ......................................................... Publication en cours • Trajectoires et Origines (TeO), enquête sur la diversité des populations en France................. ■ ■ ■ AR. Discrimination ......................................................... au logement et ségrégation ......................................................... ethno-raciale en France. ......................................................... Publication en ligne. • La qualification des femmes-relais...... ■ ■ ■ AR. • Questions d’alphabétisation .............. ■ ■ ■ AR. Qui s’occupe de bébé .........................................................pendant ma formation linguisitique ? .........................................................Publication en ligne. HABITAT, CADRE DE VIE ET RÉNOVATION URBAINE ATELIERS THÉMATIQUES VISITES SUR SITE SÉMINAIRE ATELIERS THÉMATIQUES CYCLE DE QUALIFICATION APRÈS-MIDI • La mixité sociale et les politiques de peuplement.......... ■ ■ ■ AR. Politique de peuplement, ......................................................... lutte contre la ségrégation ......................................................... et mixité sociale. Publication en cours. • La gestion urbaine de proximité ........ ■ ■ ■ AR. Visite sur site ......................................................... à Athis-Mons. • État d’avancement des projets de rénovation urbaine en Seine-Saint-Denis ......................... ■ ■ ■ AR. Publication en cours. • Habitat, cadre de vie et développement durable ............... ■ AnR. • Développement économique: les commerces .................................. ■ ■ ■ AR. Les commerces ......................................................... de proximité. Publication en cours. • L’état du mal-logement en France ..... ■ ■ ■ AR. DANS LE PROGRAMME 2011 ■ ■ ■ AR : Action réalisée ■ ■ AC : Action en cours ■ AnR : Action non réalisée POLITIQUES ÉDUCATIVES ATELIERS THÉMATIQUES GROUPE DE TRAVAIL JOURNÉES DE FORMATION RENCONTRE ANIMATION RECHERCHE-ACTION APRÈS-MIDI • Décrochage et absentéisme scolaire: comment agir? ................................. ■ ■ ■ AR. ......................................................... Publication en cours. • Référents de parcours: quelles pratiques professionnelles?.... ■ ■ AC. • École et politique de la ville ............... ■ ■ ■ AR. 3 journées ......................................................... co-organisées avec l’IA 93. ...........................................................• La médiation en milieu scolaire ..........................................................................• Familles populaires, quelle mobilisation pour l’école ? ...........................................................• Le genre scolaire. ........................................................... Publications en ligne. • Au-delà de l’excellence dans les politiques éducatives… ........ ■ ■ ■ AR. Excellence ......................................................... et politiques éducatives. ......................................................... Publication en cours. • Diagnostic territorial de la jeunesse ... ■ ■ AC. • Adolescences en exil.......................... ■ AnR. Programmée en 2012. CITOYENNETÉ GROUPE DE TRAVAIL RENCONTRE RENCONTRE • Citoyenneté sécurité ......................... ■ ■ AC. • Médias, communications et quartiers : quelles incidences sur la citoyenneté ? .........................■ ■ ■ AR. Publication en cours. • La place des associations dans la politique de la ville................. ■ AnR. EXCLUSION SOCIALE ET ACCÈS AUX DROITS CYCLE DE QUALIFICATION GROUPE DE TRAVAIL FORMATION APRÈS-MIDI APRÈS-MIDI • Femmes et précarité ......................... ■ ■ ■ AR. Publication en cours. • Les ateliers santé ville ....................... ■ ■ ■ AR. • Lutte contre les discriminations ......... ■ ■ ■ AR. • Les discriminations dans l’accès à l’emploi des jeunes ...... ■ ■ ■ AR. Les effets du lieu ......................................................... de résidence sur l’accès à l’emploi. ......................................................... Publication en ligne. • Les politiques de l’emploi aujourd’hui ...................................... ■ ■ ■ AR. Publication en ligne. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT • Le RÉAAP .......................................... ■ ■ ■ AR. • La médiation sociale.......................... ■ ■ ■ AR. CONTRIBUTION À DES INSTANCES NATIONALES • Le Conseil national des villes.............. ■ ■ ■ AR. • Le réseau des centres de ressources ... ■ ■ ■ AR. PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 LES ACTIONS NON PROGRAMMÉES RÉALISÉES EN 2011 GROUPE DE TRAVAIL NATIONAL APRÈS-MIDI • Pour une approche urbaine et sociale intégrées: les Projets urbains intégrés • Rénovation urbaine: les quartiers en mouvement. Quels enseignements pour un acte II de la rénovation urbaine? RENCONTRE ORGANISÉE DANS LE CADRE DE L’ANIMATION DU RÉAAP • La journée des porteurs de projet GROUPE DE TRAVAIL ET SÉMINAIRE CO-ANIMÉS AVEC LA DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE LA COHÉSION SOCIALE • La co-animation des territoires GROUPE DE TRAVAIL DE L’ARS ÎLE-DE-FRANCE • Les priorités territoriales du schéma régional de prévention COMITÉ DE PILOTAGE RÉGIONAL • Programme régional d’intégration des populations immigrées COMITÉ DE PILOTAGE DÉPARTEMENTAL • Plan départemental d’intégration GROUPES DE TRAVAIL PILOTÉS PAR LE SG-CIV • 1 - L’accompagnement post-relogement des ménages • 2 - L’accompagnement des sorties de programme de rénovation urbaine • 3 - La mise en place des avenants expérimentaux des CUCS • 4 - L’observation et l’évaluation locale 6 Les formes de travail LES GROUPES DE TRAVAIL Les groupes de travail réunissent sur une question donnée des professionnels de la Seine-SaintDenis issus de villes ou d’institutions différentes. Pendant un an, à raison d’une séance par mois, les participants analysent collectivement les données, les éléments de contexte et les enjeux du sujet étudié, pour construire ensemble de nouvelles réponses plus adaptées à leur terrain d’intervention, faire remonter des préconisations vers les pouvoirs publics et/ou diffuser les conclusions de leur réflexion. Ces journées, qui privilégient la rencontre entre les chercheurs et les professionnels, permettent à la fois de prendre du recul et d’acquérir de nouvelles connaissances théoriques et pratiques sur le sujet proposé. LES SÉMINAIRES Les séminaires réunissent le temps d’une journée, sur une question donnée, des professionnels de la Seine-Saint-Denis issus de villes ou d’institutions différentes. LES APRÈS-MIDI De nombreux programmes de recherche sont développés autour des principales questions de société qui intéressent la politique de la ville. Aussi, il est apparu intéressant de proposer à un ou deux chercheurs par Après-midi de venir présenter les conclusions de leurs recherches sur un sujet donné afin de les porter à la connaissance des professionnels. LES CYCLES DE QUALIFICATION Les cycles de qualification, ouverts à une vingtaine de professionnels de la Seine-Saint-Denis, s’organisent autour de trois séances pour étudier et analyser les orientations et les mesures de la politique de la ville et/ou pour approfondir une question soulevée par les professionnels du développement social urbain. Faisant intervenir des chercheurs et des opérateurs, ces cycles associent les apports de connaissances, la réflexion théorique et l’analyse d’actions mises en œuvre. LES « 5 À 7 » Lors de ces temps de réflexion, carte blanche est donnée à un chercheur autour de ses travaux : une façon d’engager le débat entre professionnels et chercheurs autour des questions sociales, urbaines et politiques. LES ATELIERS THÉMATIQUES Entre groupe de travail et cycle de qualification, les ateliers invitent les professionnels à débattre lors de quatre à six séances autour d’une thématique, traitée sous plusieurs aspects par des experts ou des professionnels différents à chaque séance. LES VISITES SUR SITE Les visites sur site sont organisées afin d’engager un partage d’expériences et de compétences avec les professionnels d’autres territoires. Les groupes sont accueillis sur site par les responsables des projets et sont accompagnés par un expert. LES FORMATIONS-ACTIONS Ces « formations en actions », intégrées à une situation de travail, permettent à un groupe d’acteurs sur un territoire, ou à une catégorie de professionnels d’un même champ d’intervention, de se former à partir de leurs pratiques. LES RÉUNIONS DÉDIÉES En fonction de besoins particuliers, Profession Banlieue peut être conduit à organiser des réunions dédiées pour répondre à une sollicitation spécifique ou réagir à une situation complexe et nouvelle. LES RENCONTRES Les Rencontres de Profession Banlieue rassemblent une centaine de professionnels autour de questions sociales et urbaines qui font débat. 7 1 DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 A Politique de la ville, enjeux de territoire et expérimentation ■ COMPRENDRE LA SEINE-SAINT-DENIS – Séminaire du conseil d’administration chercheurs et administrateurs pour « comprendre la Seine-Saint-Denis ». Depuis maintenant plus de vingt ans, la SeineSaint-Denis connaît de profondes transformations entre politique de la ville et projets de rénovation urbaine. Des milliers d’emplois nouveaux s’installent, sur la Plaine-Saint-Denis ou à Montreuil, des équipements de niveau national s’implantent dans le département : les Archives nationales, l’École des hautes études en sciences sociales et le campus Condorcet, le développement des universités de Paris VIII et Paris XIII. Pourtant, un certain nombre d’indicateurs sociodémographiques continuent de s’aggraver, comme si l’évolution du territoire et de ses infrastructures prenait un chemin inverse de celle de la population… Relativement à sa région et aux indicateurs nationaux, le taux de chômage ne s’améliore pas, le niveau des ressources de la population diminue, les résultats au baccalauréat stagnent, la délinquance s’aggrave… Deux séances se sont tenues en 2011. L’une portait sur les dynamiques territoriales à l’œuvre en Seine-Saint-Denis, et avait pour intitulé « Tensions et dynamiques sociales : l’exemple de Saint-Denis ». Elle accueillait les interventions de Marie-Hélène Bacqué (sociologue urbaniste, université de Paris Ouest), Sylvie Fol (sociologue, université de Paris I) et Christine Bellavoine (sociologue à la ville de Saint-Denis). Partant de leurs travaux sur la banlieue rouge, Marie-Hélène Bacqué et Sylvie Fol ont montré que les transformations ne se manifestent pas tant par un accroissement des ségrégations que par une augmentation des segmentations sociospatiales à une échelle très fine, faisant coexister dans la même commune des quartiers de couches moyennes et des quartiers fortement paupérisés. Aussi les enjeux aujourd’hui portentils sur la capacité des politiques locales à résoudre les fortes tensions et contradictions auxquelles elles ont à faire face pour rendre leurs territoires attractifs et favoriser la mixité sociale tout en continuant à prendre en charge les difficultés des groupes les plus précarisés. Ces politiques axées sur la déconcentration de la pauvreté mettent en jeu la question de la mobilité et les inégalités qu’elle engendre. Ces évolutions paradoxales – entre un territoire et sa population – sont, pour partie, l’illustration des transformations des espaces urbains industriels que l’on retrouve dans d’autres pays européens. Mais elles ne sont pas non plus une fatalité, une évolution obligée. Aussi la compréhension des processus à l’œuvre, sur le long terme, doit-elle aider à repérer les orientations et actions qui concourent à la transformation et au développement de ce département et de sa population. Tel est l’objet du séminaire mis en place par le conseil d’administration, qui associe En conclusion, les deux sociologues regrettaient le peu de travaux articulant l’analyse entre trans- 9 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 formations économiques et urbaines ou même question sociale et générations, question qui rejaillit pourtant fortement aujourd’hui. Emmanuel Bellanger présentait ensuite ses réflexions issues des études qu’il a conduites sur la classe ouvrière face aux mutations économiques. Il soulignait notamment la place des municipalités et de l’administration communale dans la vie et le développement de la banlieue parisienne, mais aussi les contradictions entre un communisme municipal « gestionnaire » et le Parti communiste lui-même. Christine Bellavoine, s’appuyant sur sa connaissance de Saint-Denis, interrogeait l’importance croissante que prend la notion de territoire sur la manière dont se pense la question sociale et le rapport aux populations en grande exclusion. Pour elle, l’approche territoire ne permet pas toujours d’enrayer les processus d’exclusion que la politique de la ville et les politiques territorialisées sont sensées enrayer. ■ INTERROGER DE NOUVELLES VOIES POUR LA PARTICIPATION DES HABITANTS – Groupe de travail La seconde séance portait sur les paradoxes du développement économique de la Seine-SaintDenis. Elle accueillait Laurent Davezies (économiste, université de Paris Est) et Jean-Luc Parisot (chef de service du développement économique, de l’emploi et de la formation professionnelle au Conseil général de la Seine-Saint-Denis), puis Emmanuel Bellanger (historien, université de Paris VIII). ANIMATION : François Hannoyer, chef de projet, Dac communication. Les manifestations grandissantes d’une certaine défiance vis-à-vis de l’action publique et l’augmentation du taux d’abstention lors des consultations électorales conduisent, en dépit de l’injonction croissante des institutions publiques à la participation citoyenne, à interroger les voies traditionnelles de la participation des habitants ainsi que les nouvelles formes à expérimenter et à développer. Du fait des systèmes de redistribution nationaux, les territoires les plus productifs ne sont pas nécessairement les plus riches. La Seine-Saint-Denis est ainsi un territoire parmi les plus productifs, elle est le troisième département francilien créateurs d’entreprises et des milliers de cadres et d’employés viennent y travailler chaque jour. Mais 85 % de ces salariés dépensent leurs salaires dans des lieux de résidence plus attractifs. Dans le même temps, le premier « employeur » de la Seine-Saint-Denis est l’emploi parisien qui diminue… Alors que la participation des habitants (bénéficiaires, usagers, citoyens), au fondement de la démocratie, est l’une des conditions de l’efficacité des politiques de cohésion sociale, elle n’est exigée que pour une partie de la société : les habitants des quartiers en politique de la ville, destinataires de dispositifs spécifiques. Comment associer ces habitants au diagnostic de la société ? Comment faire en sorte que les politiques publiques se tournent vers les impératifs exprimés localement ? Laurent Davezies insistait sur le décrochage entre le boom des emplois du tertiaire, en particulier sur la Plaine Saint-Denis, et le niveau de qualification requis pour occuper ces emplois… Aussi, le Conseil général souhaite y favoriser un développement économique créateur de richesses et d’emplois, mais aussi un développement économique solidaire, afin de réduire les inégalités territoriales, sociales et de qualifications, le taux de chômage et de jeunes sans qualification étant dans le département très nettement supérieur à la moyenne régionale. Cette question implique une aptitude des institutions à entendre les problèmes soulevés par les habitants. Or, à quoi participent réellement les habitants ? Ne les mobilise-t-on pas davantage sur la réalisation de micro-projets, répondant à un problème identifié par l’institution, dont la solution aura été réfléchie par cette même entité ? 10 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU ■ RÉFORMES INSTITUTIONNELLES, RÉFORME DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : QUEL PAYSAGE INSTITUTIONNEL POUR DEMAIN ? – Séminaire Par ailleurs, alors que la représentativité des habitants est souvent interrogée et remise en cause, on ne s’interroge que rarement sur la légitimité d’intervention de l’agent ou de l’élu qui représente l’institution. Quels intermédiaires – médiateurs, animateurs, personnes relais – seraient plus à même d’animer ces instances de participation, au vu des difficultés de compréhension mutuelle existant entre les habitants et les représentants institutionnels ? 4 mars – 79 participants AVEC : Laurent Bonelli, maître de conférences en sciences politiques, université de Paris X – Nanterre, Christine Brémond, directrice du Pôle intercommunalités de Mairie conseils (Caisse des dépôts), Jean-Pierre Chauvel, chargé d’études à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France, Patrick Joyeux, chargé de mission à la Direction générale de l’aménagement et du logement, expert en finances locales. Plus de 40 professionnels ont été amenés à réfléchir à ces questions lors d’une première séance de travail. Le nombre élevé d’inscrits, la diversité des professionnels représentés – chargé de mission démocratie de quartier, élu, coordinateur Asv, délégué du préfet, chargé de mission rénovation urbaine ou gestion urbaine de proximité, animateur… – ainsi que les champs d’activités divers sur lesquels ils interviennent – gestion urbaine de proximité, santé, parentalité, enseignement, développement territorial – montrent que la participation des habitants interroge de façon transversale l’ensemble des acteurs du territoire. Partant de son ouvrage L’État démantelé. Enquête sur une révolution silencieuse (La Découverte, 2010), Laurent Bonelli a brossé un rapide tableau des évolutions institutionnelles et politiques liées à la fin de l’« État-providence », aux lois de décentralisation et à la « modernisation » du service public ainsi qu’à la réforme de l’État et des pouvoirs publics. À partir des exemples européens, il a esquissé les conséquences de ces transformations pour le service public et ses usagers. Les participants ont été invités à : • faire part de leurs réflexions sur les hypothèses énoncées par l’animateur lors de la présentation du thème, • échanger sur leurs pratiques de terrain afin d’identifier les dysfonctionnements repérés, • questionner les changements nécessaires à la mise en œuvre de nouvelles voies de participation. La Révision générale des politiques publiques (Rgpp) mise en œuvre au 1er juillet 2010 en Îlede-France a déjà modifié significativement le paysage institutionnel, notamment pour les acteurs de la politique de la ville. La réforme des collectivités territoriales et celle des finances locales, avec la suppression de la taxe professionnelle, sont venues s’ajouter à la réorganisation de l’ensemble des politiques publiques. Cette première séance a permis de lister un certain nombre de problématiques qui seront abordées au cours des séances suivantes, prévues en 2012. Ces dernières permettront d’analyser des dispositifs participatifs présentés par divers témoins et de mettre en perspective ces expériences avec ce qui s’opère effectivement sur le terrain. Après avoir rappelé la transformation de l’organisation institutionnelle de la France, depuis l’État souverain jusqu’aux premières et secondes lois de décentralisation, Christine Brémond a souligné comment la montée en puissance des besoins d’équipement du territoire avait fait apparaître les premiers problèmes de financement et les premières intercommunalités. Mais ce n’est qu’avec la loi du 12 juillet 1999, dite loi Chevènement, que les « élus prennent 11 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 conscience qu’il leur est impossible de gérer la crise sociale à la seule échelle de leur territoire ». On assiste alors à un fort développement de l’intercommunalité (à l’exception de l’Île-de-France), les nouveaux établissements publics de coopération intercommunale ayant accès à des moyens financiers provenant principalement d’un impôt local spécifique à l’intercommunalité, ce que l’on appellera la fiscalité propre. La publication de ce séminaire est téléchargeable sur le site de Profession Banlieue, rubrique Les Après-midi : « La réforme des collectivités territoriales », Après-midi n° 22. ■ POUR UNE APPROCHE URBAINE ET SOCIALE INTÉGRÉE : LES PROJETS URBAINS INTÉGRÉS – Groupe de travail national La réforme des collectivités territoriales de 2010 concerne principalement l’intercommunalité, mais touche également les communes, les régions et les départements. Elle voit notamment la suppression du conseiller régional, qui sera remplacé par le conseiller territorial, siégeant simultanément au sein du conseil général et du conseil régional. Cette réforme prévoit également la suppression de la compétence générale qui permettait à différentes collectivités de cofinancer un même équipement ou une même activité à partir du moment où ceux-ci présentaient un intérêt général local. En Seine-Saint-Denis, trois projets urbains intégrés (Pui) ont été initiés : celui de la Communauté d’agglomération de Clichy-Montfermeil (renforcement de l’attractivité du territoire et développement des mobilités des habitants), celui de Bobigny, Bondy, Noisy-le-Sec et Pantin (aménagement des berges du Canal de l’Ourcq) et celui de Plaine Commune (éco-quartier fluvial de l’Île-Saint-Denis et Maison de l’emploi du territoire de Plaine Commune). Portés par les collectivités locales et cofinancés par les fonds européens, les Pui ont pour objectif de stimuler la revitalisation des quartiers les plus en difficulté par une approche intégrée des problèmes économiques, sociaux et urbains. La loi prévoit également que chaque préfet de département élabore en 2011 un schéma départemental de coopération intercommunale. L’organisation territoriale reposera désormais sur la transformation des communes en communes nouvelles et communes déléguées, les syndicats de communes, les pôles métropolitains, les communautés d’agglomération, les communautés urbaines et les métropoles. Le dispositif national d’animation des Pui a mis en place des groupes de travail en vue d’amplifier l’impact de ces projets. Profession Banlieue a contribué au groupe « Enrichir la démarche intégrée, expériences actuelles et perspectives pour l’avenir », qui a produit une contribution dans un objectif de sensibilisation/vulgarisation à destination des élus et partenaires du projet : • définition de ce que serait un Pui « idéal », illustrée par des exemples d’actions réussies ; • mise en lumière des plus-values apportées par les démarches de développement intégré ; • effets leviers de ces projets. En 2014, pour la première fois, seront élus en même temps les délégués communautaires des intercommunalités, actuellement nommés par le conseil municipal. En 2015 devraient se clarifier les compétences entre les collectivités territoriales, dont celles du département et de la région. « L’État a adopté une démarche très autoritaire pour, en quelque sorte, ‘forcer’ cette réorganisation. Mais il s’est heurté à quinze associations d’élus, à 36 680 maires et à tous ceux qui les soutiennent (parlementaires, sénateurs, etc.). L’Assemblée et le Sénat ont donc fortement corrigé le texte du gouvernement… » Depuis, les élections sénatoriales ont modifié les rapports entre les pouvoirs législatifs… Les effets leviers soulignés relèvent de différents niveaux : • organisationnel, par le renouveau de l’ingénierie, la mise en place d’une gestion en « mode projet » et le décloisonnement urbain/social imposé par les fonds européens ; 12 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU • stratégique, quand la stratégie est définie à l’échelle régionale ; • financier, avec l’« effet bonus » des fonds européens sur des projets déjà existants, leur donnant une plus grande ambition ; • politique, notamment du fait de la dimension expérimentale de ces projets de territoire qui visent à élaborer un modèle de développement pour la ville et valorisable par les élus. dentes, la crise du logement commençait à poindre dans le débat politique. Si l’on parle de la crise du logement depuis de nombreuses années, elle a pris une acuité particulière en Îlede-France : « Les deux tiers de la demande nationale relevant du Dalo sont en Île-de-France, dont plus de la moitié à Paris intramuros. » Il poursuivait en expliquant que le niveau de construction de logements neufs avait atteint les plus bas niveaux historiques en France et que, au cours des quinze dernières années, la région Île-de-France était celle où, proportionnellement, l’on avait construit le moins de logements. Plus encore, le niveau des prix caractérise la crise actuelle : « Le prix d’achat comme les prix des loyers ont inexorablement continué de progresser, entraînant en parallèle un accroissement des disparités géographiques. » Ce travail a été diffusé lors du séminaire national des Pui qui s’est tenu à Lyon en mai 2011. ■ SE LOGER, UNE QUESTION RÉGIONALE – Rencontre régionale 29 novembre – 183 participants Face à cette crise, l’objectif du projet du Grand Paris de produire 70 000 logements n’est sans doute pas la réponse adaptée : il n’offre pas de réponse à l’urgence et n’influera que trop peu sur la baisse des prix… Enfin, cette crise montre la grande inadaptation de la gouvernance en matière de logement dans la région francilienne. AVEC : Jean-Christophe Attard, adjoint au maire de Villeneuve-la-Garenne, en charge du logement et de la politique de la ville, Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, Jean-Marie Cipolat, directeur d’études (Gtc), Christine Corbillé, directrice du département Démographie, habitat, équipement et gestion locale (Ddhegl) de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France, Emmanuelle Cosse, vice-présidente du Conseil régional d’Île-de-France, en charge du logement, Jean-Claude Driant, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris, Agnès El Majeri, directrice de la mission Île-de-France de la Fondation AbbéPierre, Stéphane Gatignon, maire de Sevran, Laurent Lafon, maire de Vincennes, Hervé Leroy, directeur régional adjoint de la Direction régionale et inter-départementale de l’hébergement et du logement, Bruno Mirande, consultant (Gtc), Christian Tutin, économiste, université de Paris Est – Créteil, Enhr (European Network on Housing Research). Un état des lieux précis du logement était présenté par Christine Corbillé qui a montré la diversité des visages de la crise du logement en Île-de-France et des questions qui se posent au gouvernement : la production, le foncier, la gestion du parc existant, la relation avec l’emploi… Elle a rappelé que les écarts entre riches et pauvres s’étaient encore creusés, les plus riches ayant progressé le plus rapidement, et que la crise qualitative du logement se traduisait par une très importante hausse des prix de vente et des loyers, avec « depuis vingt ans, un découplage entre l’évolution des revenus et celle des prix ». La crise touche « les accédants à la propriété comme les locataires du secteur social ou du secteur privé ». « De quelle crise parle-t-on lorsque l’on évoque la crise du logement en Île-de-France ? Quels problèmes vit-on réellement au-delà des évidences que chacun connaît ? » Ces mots de Jean-Claude Driant introduisaient la journée. Christine Corbillé montrait que cette crise était inégalement répartie sur le territoire francilien, le parc social étant concentré à 90 % dans moins de 200 communes situées surtout « dans le secteur nord de Paris, des Hauts-de-Seine, de la SeineSaint-Denis, de Seine aval et de Seine amont, sur les anciens territoires industriels de la région ». Elle poursuivait en expliquant que « malgré la hausse Celui-ci expliquait notamment que, à la différence des campagnes présidentielles précé- 13 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 des financements du logement public, les financements s’orientent de plus en plus vers les logements à prêts locatifs sociaux, c’est-à-dire des logements destinés aux ménages les plus aisés ». Une telle évolution permettra-t-elle de répondre à la crise du logement ? dans différents pays européens. « Il existe des pays du locatif heureux. C’est la leçon de l’examen du panorama européen. Ce n’est pas un mirage, il est possible d’avoir des systèmes d’habitat dans lesquels le secteur locatif – pas forcément social – est très régulé. » Ces propos ont été confirmés par Agnès El Majeri qui introduisait une table ronde d’élus franciliens : « L’ensemble de la population est touché par la problématique de l’accès au logement. Les classes moyennes le sont fortement en Île-deFrance, mais, pour les personnes les plus pauvres et les plus en difficulté, c’est dramatique », entre hébergement chez des tiers ou en Chrs, bidonvilles, expulsions locatives… « Le dispositif Dalo est un révélateur de l’ampleur de la crise dans la région Île-de-France. Le nombre de dossiers éligibles au Dalo à la fin du mois d’août 2011 s’établissait à 42 000 logements, pour 14 800 relogements effectués. » Elle concluait ses propos en affirmant que la construction de 70 000 logements était un élément de réponse à la crise actuelle, mais qu’il était insuffisant pour « arrêter le flot des situations d’exclusion par le logement, qui sont particulièrement fortes et importantes dans la région ». Les actes de cette journée seront publiés à la fin de l’année 2012. ■ LES RÉUNIONS DES ÉQUIPES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE – Réunions dédiées Ces réunions, qui répondent aux demandes des chefs de projet, sont un lieu d’échange et de débats entre professionnels. Elles sont thématiques et/ou consacrées à des rencontres avec des représentants d’institutions. Le sujet de chaque réunion est fixé en fonction des demandes et attentes des participants. Charles Assouline, directeur de la direction de l’aménagement et du développement, Julien Le Glou, chef du bureau de la politique de la ville, et Isabelle Mousseux-Lam, chef de service de l’habitat et de la politique de la ville, ont présenté les interventions du Conseil général de la Seine-Saint-Denis dans la politique de la ville lors de la première réunion de l’année. La réforme territoriale, le Grand Paris et les contrats de développement territorial ont également été abordés. Face à cette crise, quelle peut être la réponse des élus locaux ? Les points de vue étaient divers. entre les propos d’un maire estimant que « l’échelle communale n’est évidemment pas la bonne échelle pour réfléchir aux questions de l’habitat et du logement », ceux de celui qui pense que, à cette échelle, la « réflexion est nécessairement égoïste », ceux d’un autre qui affirme que « les communes ont un rôle important à jouer, [qu’]elles ne doivent pas jouer seules, mais en partenariat avec les communes environnantes », ceux enfin qui considèrent que « les permis de construire doivent être délivrés par une autorité dédiée et non plus par les communes ». En mars, un point a été fait sur les enjeux et la finalité du groupe de travail initié par la direction départementale de la cohésion sociale (Ddcs), qui rassemble des chefs de projet, des délégués du préfet et des référents territoriaux politique de la ville de l’État. Tous les chefs de projet présents ont reconnu que ce groupe permettait de vrais échanges et partages entre professionnels, notamment sur les places respectives des délégués du préfet et des chefs de projet. Isabelle Marchand, responsable des interventions sociales territoriales (Ist), a ensuite présenté les priorités départementales de la Caf de la SeineSaint-Denis ainsi que les interventions sociales et Ce débat très riche entre les élus sera repris dans les actes de la journée, ainsi que les interventions interrogeant la pertinence des outils actuels pour élaborer une politique du logement équilibrée au niveau local et régional. En fin de journée, Christian Tutin concluait en ouvrant la réflexion sur les politiques d’habitat 14 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU territoriales de la direction des prestations et du service aux allocataires. Un échange a eu lieu en mai sur les avenants expérimentaux aux Cucs en Seine-Saint-Denis, la circulaire du 27 avril 2011 ayant retenu sept sites dans le département : le Grand Ensemble de Clichy-sous-Bois et Montfermeil ; Gaston Roulaud, à Drancy ; Orgemont, à Épinay-sur-Seine ; les Peupliers, à Gagny ; Les 4000, à La Courneuve ; La Boissière, à Noisy-le-Sec ; Les Beaudottes, à Sevran. Il est intéressant de constater que seuls cinq de ces quartiers sont en Zus, ceux de Drancy et Gagny étant seulement en Cucs. La séance qui a eu lieu avant l’été a permis de faire un bilan de la programmation des Cucs dans le département et des avenants expérimentaux aux Cucs sur Clichy-sous-Bois et le territoire de Plaine Commune. Force était de constater les retards de versement des subventions aux associations sur certaines communes. À la suite du séminaire du 7 juillet 2011 sur la co-animation des territoires, un point a été fait sur le contenu de ce séminaire et notamment sur les trois ateliers proposés, mais aussi sur les difficultés relevées. Un bilan de la réunion du 8 septembre organisée en Préfecture a été dressé sur le lien entre les Cucs et les Asv, sur les avenants expérimentaux aux Cucs et les enveloppes exceptionnelles de la circulaire du 18 juillet 2011. Enfin, la séance d’octobre a réuni les chefs de projet et les coordonnateurs Asv et a permis de faciliter les échanges entre ces professionnels, mais aussi d’approfondir les réflexions sur l’intégration des Asv dans les Cucs. 15 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 B Immigration, altérité ■ MIGRATIONS ET POLITIQUES D’INTÉGRATION – Rencontre périeure au tiers de la population, alors que la moyenne est de 8,3 % en France métropolitaine. Danièle Lochak rappelait que la notion d’intégration n’était apparue dans la législation sur l’entrée et le séjour des étrangers en France qu’avec la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration. L’intégration des immigrés devenait-elle une préoccupation gouvernementale ? « En réalité, l’intégration n’a jamais cessé, depuis 1974, de faire partie des objectifs officiels de la politique d’immigration, même si les réalisations concrètes n’ont pas suivi », en particulier avec la multiplication des dispositions répressives prises dans le cadre de la maîtrise des flux migratoires. 18 octobre – 63 particpants AVEC : Pauline Gaullier, doctorante au laboratoire Lab’Urba de l’Institut d’urbanisme de Paris (université de Paris Est – Créteil), Sébastien Lime, souspréfet, Bobigny, Danièle Lochak, professeure émérite de droit à l’université de Paris X – Nanterre, Ligue des droits de l’homme, Aïssa Sago, directrice de l’Association des femmes-relais et médiateurs interculturels, Aulnay-sous-Bois, Patrick Simon, directeur de recherches, Ined, Bruno Six, directeur adjoint des missions sociales de la Fondation AbbéPierre. Danièle Lochak a montré que ce qui caractérisait la situation actuelle n’était pas le souci mieux affirmé de l’intégration de la population immigrée, mais le fait que l’effort d’intégration, dont la responsabilité incombait aux pouvoirs publics, était désormais rejeté sur les immigrés et converti en injonction de s’intégrer. Cette évolution n’est pas propre à la France, comme en témoigne le Pacte européen sur l’immigration et l’asile adopté en 2008. Les migrations internationales concourent depuis toujours à façonner les territoires, les sociétés et les civilisations. Mais les circulations migratoires ont changé de forme ces quinze dernières années, au point qu’il n’est plus possible de les appréhender indépendamment de la mondialisation. Les origines géographiques des immigrants se diversifient, leurs niveaux de qualification également ainsi que leurs modes d’installation en France ou en Europe… Patrick Simon poursuivait en abordant la question de l’intégration à partir de ce qui se passe après la migration et l’installation durable, voire même la transition de génération en génération. Pour cela, il s’appuyait sur l’enquête TeO (Trajectoires et Origines) dont il a extrait quelques données spécifiques à la Seine-Saint-Denis. Connaître et comprendre les politiques migratoires ainsi que les conditions d’accueil et d’intégration des nouveaux migrants sont des enjeux essentiels pour les professionnels de la Seine-Saint-Denis. En effet, dans certaines villes de ce département, la part des immigrés est su- 16 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU Cette enquête, réalisée sur la France entière, est la plus importante qui ait jamais été faite sur l’immigration et les descendants d’immigrés. Elle est représentative de la France entière, mais ses résultats sont utilisables à l’échelle de la SeineSaint-Denis. Elle donne des éléments qui permettent de comprendre où en sont les descendants d’immigrés, sur le plan du logement, de l’emploi et de la formation, du mariage ou encore de la religion : ont-ils disparu ? l’intégration a-t-elle fonctionné ? après une génération, y a-t-il encore une distinction entre les descendants d’immigrés et le reste de la population française ? L’enquête Trajectoires et Origines (TeO), réalisée conjointement par l’Ined et l’Insee, vise à identifier l’impact des origines sur les conditions de vie et les trajectoires sociales tout en prenant en considération les autres caractéristiques sociodémographiques que sont le milieu social, le quartier, l’âge, la génération, le sexe, le niveau d’études. TeO s’intéresse à toutes les populations vivant en France métropolitaine, à leurs conditions de vie actuelles et à leurs parcours. La collecte, réalisée auprès de 22 000 répondants, s’est déroulée entre septembre 2008 et février 2009. Les résultats de cette enquête représentent un enjeu de connaissance très important du point de vue de l’interprétation des mécanismes d’intégration. L’enquête a été rigoureusement contrôlée par les organismes qui encadrent la statistique publique (Conseil national de l’information statistique [Cnis] et Commission nationale de l’informatique et des libertés [Cnil]). Elle respecte Au-delà de la connaissance et de la compréhension des réalités vécues par les populations étrangères et immigrées en Seine-Saint-Denis, une attention particulière a été portée sur la polygamie. S’il est vrai que ce phénomène reste marginal et que le nombre de ménages polygames n’apparaît pas important, les cas rencontrés, par leur spécificité et leur complexité, ne manquent pas de poser des problèmes aux acteurs, et particulièrement aux bailleurs, directement concernés. La question du relogement de ces familles se pose avec encore plus d’acuité à l’heure des opérations de rénovation urbaine qui imposent le relogement des habitants dont l’immeuble est voué à la démolition. scrupuleusement le droit des enquêtés : les personnes ont été enquêtées de manière volontaire et anonyme. ciales et d’actualité, toutes liées d’une manière ou d’une autre à celle de l’intégration. » Six expériences ont été étudiées. À travers le choix des sites retenus, plusieurs objectifs étaient visés : identifier les points d’achoppement au processus de décohabitation et de relogement des familles polygames, analyser les différents facteurs à prendre en compte et capitaliser les enseignements des diverses opérations. Pauline Gaullier a présenté les résultats de deux études réalisées avec le soutien de la Fondation Abbé-Pierre. Les résultats de ces études ont été débattus avec Aïssa Sago qui accompagne régulièrement des femmes dans ce processus de décohabitation, avec toutes les incidences que cela peut entraîner au niveau des enfants, de leur scolarisation, du maintien des relations avec leur père. La première, réalisée en 2007, avait pour objet un état des lieux de la situation des familles polygames en Île-de-France, et plus particulièrement par rapport au logement. Pour conclure cette journée, Sébastien Lime présentait les principales orientations du plan départemental d’intégration. La seconde étude, qui date de 2008, avait une vocation plus opérationnelle. Pour Pauline Gaullier, « la polygamie révèle des problématiques qui ne se circonscrivent pas à une situation matrimoniale et qui recoupent bien d’autres questions cru- Les Actes de cette Rencontre seront publiés début 2012. 17 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ■ DISCRIMINATION AU LOGEMENT ET SÉGRÉGATION ETHNO-RACIALE EN FRANCE – Après-Midi monographiques. Mais, si les logements sociaux sont au centre de ces phénomènes, ils représentent aussi un levier puissant des politiques publiques pour lutter contre la ségrégation. 15 mars – 28 participants Il reste que l’injonction paradoxale existant entre réalisation de la mixité sociale (ou le retour, sous une forme euphémisée, du seuil de tolérance aux étrangers) et hébergement des « populations les plus démunies » dans l’habitat social (le « droit au logement ») constitue le nœud gordien de la ségrégation. Dans une période où la construction de logements sociaux est limitée et où les programmes se portent préférentiellement vers les classes moyennes, ce sont les populations les plus modestes, dont les immigrés, qui paient le plus lourdement l’injonction à la mixité sociale. L’articulation des politiques de rénovation urbaine et de mixité sociale est-elle à même de rompre le cercle vicieux qui va de ségrégation à reproduction des inégalités ? Les trop rares et partielles évaluations indiquent que les populations immigrées sont repoussées vers d’autres territoires et font état de phénomènes de re-ségrégation dans les quartiers limitrophes. Une réflexion urgente est donc à mener sur les moyens et les méthodes à employer pour améliorer la fluidité spatiale (construction de logements, meilleure répartition de ces derniers) et la fluidité sociale (qualité de l’enseignement dans les quartiers ségrégués, efforts d’insertion à l’emploi, formations qualifiantes et rémunérées, etc.) tout en respectant le droit au logement. AVEC : Jean-Louis Pan Ké Shon, chargé de recherches à l’Ined (Institut national d’études démographiques). On sait que l’accès au logement est plus difficile pour une bonne part des immigrés et de leurs descendants, notamment à cause des discriminations dont ils peuvent faire l’objet. La discrimination au logement a évidemment un lien direct avec la ségrégation qui peut en résulter, au moins en partie. Jean-Louis Pan Ké Shon s’est donc intéressé aux discriminations au logement et à la ségrégation « ethnique » ou « ethno-raciale ». Il a rappelé que, en sociologie, l’ethnicité est basée sur l’attribution d’une nationalité ou d’une origine ethnique à un groupe par la population majoritaire sur la base de traits réels ou imaginaires, physiques ou culturels. Ainsi, « ethnique » ne veut pas dire faire partie d’une ethnie, mais être assigné à une appartenance étrangère, appartenance qui ne se réduit pas nécessairement à la nationalité. C’est le cas, par exemple, quand on parle d’« Arabes » pour désigner des individus qui peuvent être berbères, iraniens, turcs ou même français par acquisition ou de naissance. L’expression « ethno-raciale », quant à elle, ajoute la dimension non de la race – dont on sait qu’elle n’existe pas –, mais du racisme. L’utilisation de cette expression donne une tonalité critique au terme « ethnique » qui aurait tendance sans cela à naturaliser l’ethnicité, autrement dit à considérer les différences comme purement biologiques. La publication de cet Après-midi est téléchargeable sur le site de Profession Banlieue. ■ LA QUALIFICATION DES FEMMES-RELAIS : L’ÉVALUATION DE LEUR UTILITÉ SOCIALE – Groupe de travail La part importante d’immigrés dans le logement social, et particulièrement des Africains, Maghrébins et Turcs, montre que le parc de logements sociaux est au cœur du problème ségrégatif français. Ce dernier draine des populations modestes qui se retrouvent concentrées dans le segment du parc social le plus pauvre par l’effet des loyers les plus bas mais aussi des discriminations, directes ou indirectes. Le constat fait par l’enquête TeO rejoint ainsi de nombreuses études ANIMATION : Laurent Giraud, directeur de France Médiation. Afin de progresser dans le processus de professionnalisation des femmes-relais médiatrices et d’encourager la reconnaissance de leur métier, 18 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU Profession Banlieue a initié, depuis 2010, un groupe de travail visant à former ces professionnelles à l’évaluation de leur utilité sociale. Le groupe s’est réuni à sept reprises au cours de l’année 2011. lant sur plusieurs thématiques (éduction, santé, logement, accès aux droits, prévention spécialisée, sécurité) ont été contactés et interviewés. L’analyse des données issues des questionnaires et des entretiens se poursuivra en 2012. Les séances ont permis aux participantes de préciser le référentiel d’évaluation co-construit en 2010 et de se l’approprier. Une nouvelle organisation de cet outil a en effet été privilégiée : les indicateurs élaborés ont été triés par activité en fonction des différents registres du référentiel Citer (cohésion sociale, innovation et apprentissage, tranquillité publique, contribution économique, reconnaissance). Chaque association a été invitée à construire son propre référentiel d’évaluation en choisissant les indicateurs les plus pertinents pour la structure, et correspondant à leurs attentes. ■ QUESTIONS D’ALPHABÉTISATION : « QUI S’OCCUPE DE BÉBÉ PENDANT MA FORMATION LINGUISTIQUE ? » – Recherche action ANIMATION : Stéphanie Silvestre et Christelle Robiteau, directrices d’études, Cabinet d’études socio-démographiques (Cesod). Un rapport intitulé Éléments de diagnostic qualitatif sur des questions d’alphabétisation et d’apprentissage du français en Seine-Saint-Denis, réalisé par le cabinet de conseil Planète publique en 2009, faisait ressortir la nécessité de travailler sur trois axes prioritaires dont l’investissement sur la garde de jeunes enfants. Par ailleurs, un questionnaire destiné aux habitants ayant bénéficié des services de médiation sociale a été élaboré collectivement, l’objectif étant de faire émerger la notoriété des associations ainsi que la qualité des actions menées : « Est-ce que l’intervention des femmes-relais médiatrices a permis d’améliorer la situation et/ou de trouver une solution au problème ? » ; « Est-ce que les contacts avec les femmes-relais médiatrices ont modifié votre manière de réagir dans des situations de conflit, de difficulté ? » ; « Grâce à l’intervention des femmes-relais médiatrices, avez-vous l’impression : d’être mieux informé et/ou sensibilisé ? d’être plus respecté et reconnu ? d’être mieux compris par celui ou ceux à qui vous avez affaire ou avec qui vous êtes en conflit ? » Les femmesrelais ont diffusé ce questionnaire et recueilli, à la fin 2011, 82 réponses. L’objectif de cette recherche-action était donc de déterminer les freins que rencontrent certaines femmes lors de leur formation et de mesurer parmi eux le poids des modes de garde de leurs enfants : influent-ils de manière importante sur les parcours de formation linguistique et, si c’est le cas, quels sont les besoins et attentes des femmes en la matière ? Pour ce faire, trois associations proposant des formations linguistiques ont été associées: l’Association des femmes du Franc-Moisin (Affm), Solidarité formation mobilisation-accueil et développement (Sfm-Ad) et l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (Asti). Cette démarche a allié entretiens auprès de professionnels et de femmes en formation et recueil de données quantitatives sur l’irrégularité observée au sein des trois structures visées, dans sept ateliers socio-linguistiques (Asl) et deux groupes de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) signataires d’un contrat d’accueil et d’intégration (Cai), soit un total de 120 personnes (91 femmes et 29 hommes). Une grille d’entretien à destination de leurs partenaires a également été créée, pour faire émerger l’utilité de leur travail tout autant que les points à améliorer (concernant les missions, les actions, les modalités de travail, les pratiques professionnelles). Vingt-deux partenaires appartenant à un panel d’institutions variées (sous-préfectures, collectivités territoriales, bailleurs sociaux, entreprises, associations, écoles, cabinets médicaux) travail- 19 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Cette recherche-action a permis de confirmer que l’absentéisme est un phénomène complexe, de nature multifactorielle, dont les stagiaires n’ont pas toujours la maîtrise. Si la présence d’un mode de garde n’endigue pas l’irrégularité des femmes, elle est toutefois déterminante pour leur inscription dans une démarche de formation : c’est une condition préalable et nécessaire à leur accès aux cours d’apprentissage linguistique. Une fois posé ce préliminaire, on remarque que l’absentéisme et l’abandon sont alors le fait d’autres éléments. Le niveau d’études, l’ancienneté d’arrivée en France, la situation familiale des femmes et leur représentation du rôle de mère les conduisent à appréhender leur formation différemment. Les conditions de vie, la santé, la proximité avec le lieu de formation sont des aspects primordiaux sur lesquels les stagiaires ne peuvent agir directement et qui pourtant influent sur leur régularité. Bien que la formation soit importante à leurs yeux, du fait qu’elle constitue une première étape vers l’autonomie, elle peut devenir secondaire. Finalement, c’est la combinaison d’un ensemble d’éléments qui vient freiner – ou favoriser – l’investissement des femmes dans les formations. faire, la sensibilisation des formateurs et des structures qui les emploient est nécessaire. 3- Avoir une offre de formation linguistique adaptée aux besoins pour un parcours cohérent du bénéficiaire Faute de places disponibles, d’un manque de lisibilité de l’offre, de critères d’entrée en formation… les stagiaires sont amenés vers différents dispositifs sans qu’il y ait toujours une progression ou une logique de parcours. Pour cela, une coordination territoriale est indispensable. Audelà de garantir un parcours progressif, celle-ci permettrait aussi de prendre en compte des critères pratiques, comme la proximité du lieu de formation et les conditions d’accessibilité. Le rapport « Qui s’occupe de bébé pendant ma formation linguistique ? Absentéisme et abandon des femmes aux formations linguistiques : le rôle des modes de garde d’enfants » est téléchargeable sur le site de Profession Banlieue. Ces résultats ont permis de nourrir la réflexion des membres du comité de pilotage en termes de pistes d’actions. 1- Favoriser le développement des modes de garde et assurer leur pérennité Les associations, par manque de moyens financiers, ont parfois recours à des modes de garde fragiles. Il paraît ici nécessaire que le mode de garde soit inclus dans le budget alloué aux formations, et ce dès l’appel à projets. Une réponse construite avec les différents partenaires permettrait de couvrir l’accueil des enfants de stagiaires dans les crèches du territoire. Certaines places pourraient, par exemple, leur être dédiées, notamment dans les structures où la capacité d’accueil n’est pas atteinte. 2- Sensibiliser les acteurs à la santé La santé est largement représentée parmi les motifs justifiant l’absentéisme des stagiaires. Les formations linguistiques pourraient être le lieu d’une première information à ce sujet. Pour ce 20 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU C Habitat, cadre de vie et rénovation urbaine ■ POLITIQUE DE PEUPLEMENT, LUTTE CONTRE LA SÉGRÉGATION ET MIXITÉ SOCIALE : LES LOGIQUES, LES ENJEUX ET LES RISQUES POUR LA SEINE-SAINT-DENIS – Ateliers thématiques sur place des populations les plus fragiles tout en améliorant la qualité du cadre de vie et des services de leur environnement plutôt que de préconiser leur dispersion au sein de l’espace urbain. Dans le deuxième atelier, Mariette Sagot, chargée d’études à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France, a démontré que la question de l’immigration et de la répartition des populations immigrées sur le territoire était une dimension essentielle à prendre en compte si l’on souhaitait lutter contre les processus de ségrégation à l’œuvre et les inégalités territoriales. Ces effets de ségrégation, induits par les tensions du marché du logement, ont en effet un impact direct sur les territoires et leur fonctionnement et interrogent la capacité de ces territoires à absorber indéfiniment le flux des populations les plus pauvres. 10 mars, 6 avril, 6 mai, 31 mai, 28 juin – 90 participants ANIMATION : Didier Vanoni, Fors-Recherche sociale. Peut-on concevoir une politique de peuplement qui n’exclue pas ? Et peut-on affirmer que la diversification de l’habitat est productrice de diversité sociale ? Comment procéder afin que les populations résidentes ne vivent pas la mixité sociale comme un déni de ce qu’elles sont ? C’est pour répondre à ces questions que ces ateliers ont été organisés. Avec le troisième atelier, Jean-Marie Cipolat, directeur d’études à Guy Taieb Consultants (Gtc), s’est intéressé aux outils de gestion du peuplement qui sont au service des collectivités et des bailleurs. Il s’agissait d’observer les moyens des collectivités pour influer sur la diversification de la population. Que ce soient les Plh, les observatoires du logement et de l’habitat, les politiques d’attribution… le pouvoir des collectivités locales et des bailleurs est en réalité limité, la mixité sociale apparaissant dès lors comme relevant du domaine du politique et du symbolique. En préambule, Didier Vanoni a évoqué les notions et les logiques à l’œuvre en matière de diversité, mixité, discrimination et équilibre de peuplement. Il a montré en quoi la ségrégation et l’agrégation participent à la formation des villes et représentent les deux facettes d’un même mouvement. Il a rappelé ensuite l’inscription dans l’histoire du logement de la notion de mixité sociale. Bien qu’elle soit devenue un principe législatif et une injonction politique, la notion reste floue, peu explicitée et peu opératoire. Il a enfin établi la corrélation avec les politiques de peuplement, avant d’aborder quelques pistes comme celle d’accepter le regroupement Pour savoir si la rénovation urbaine et les politiques de diversification de l’offre avaient un im- 21 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 pact réel sur la sociologie des quartiers et sur la trajectoire sociale et résidentielle des habitants, Marion Unal s’est appuyée sur un exemple concret : le Pru de Bondy où elle est directrice générale adjointe. À Bondy, il s’est agi tout à la fois de « déconcentrer » les habitants du quartier et de proposer une offre de logements de qualité et attractifs pour favoriser l’arrivée de nouvelles populations. Au-delà des projets immobiliers, cet objectif s’est appuyé d’une part sur une dimension peu courante dans les territoires en Pru : le développement de projets innovants et valorisants, comme l’accueil de la maîtrise de Radio France à Bondy, projets qui sont des vecteurs d’intégration et de diversification du peuplement ; et d’autre part sur une réflexion sur le lien social, également vecteur de mixité sociale. cœur d’une zone pavillonnaire, le quartier du Noyer Renard est le plus important quartier d’habitat social et le seul de la ville classé en Zus. Il réunit 15 % de la population communale. Construit entre 1958 et 1962 par la société Immobilière 3F, il se compose de 1 451 logements, répartis sur 23 immeubles en barre de 5 étages. En 2006, la signature d’une convention Pru amorce une étape importante de sa transformation. Celle-ci prévoit en effet, la démolition de 338 logements sociaux, la construction de 518 logements sur site (dont 105 sociaux et 279 en accession à la propriété) et de 238 logements hors site. Ces travaux ont été accompagnés d’un travail de renforcement des équipements et services publics de proximité (rénovation d’équipements, reconfiguration du centre commercial, création de nouvelles voies de circulation) et d’un travail de revalorisation du parc habité (avec des travaux importants de réhabilitation et de résidentialisation). On ne pouvait pas aborder la question des politiques de peuplement sans avoir le point de vue pragmatique des bailleurs. Hervé Leservoisier, en charge des politiques sociales au sein du groupe Logement francilien, a évoqué les stratégies mises en œuvre par les bailleurs sociaux pour répondre aux injonctions des pouvoirs publics, parfois contradictoires, entre logement des plus démunis et équilibre de peuplement. Déjà, en 2000, un groupe local de traitement de la délinquance était mis en place à la demande du procureur. Son évolution donnait naissance aux cellules de veille, outil majeur de la gestion urbaine de proximité. Une première convention Gup était alors signée entre l’État, la ville et le bailleur I3F, dans le cadre du contrat de ville 2001-2006. Une nouvelle convention Gup 2009-2012 est signée par 7 acteurs. S’ajoutent aux 3 précités la Communauté d’agglomération, le Conseil général, le Plie Nord Essonne, la Société d’économie mixte du Val-d’Orge (Sorgem), qui est titulaire de la concession d’aménagement pour l’opération de renouvellement urbain, et l’État. L’ensemble de ces ateliers donnera lieu à une publication prévue pour le premier semestre 2012. ■ ATHIS-MONS : UNE GESTION URBAINE DE PROXIMITÉ AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE – Visite sur site 9 décembre – 18 participants ACCUEIL ET ANIMATION : Maud Cognacq, attachée renouvellement urbain à I3F, Marion Durand, chargée de mission Gup à Athis-Mons, Anne Sophie Huvet, chargée de mission Gup à I3F, Élizabeth Langley-Séguès, chargée de mission renouvellement urbain à Athis-Mons. Cette convention vise à améliorer la vie quotidienne des habitants en prenant en compte leurs usages et besoins, à développer la transversalité entre les administrations et les partenaires locaux, à clarifier le statut des espaces publics, à accompagner la prise en compte de la démarche de développement durable auprès des habitants. Athis-Mons est une commune de 30 647 habitants, située à 12 km de Paris, dans l’Essonne. Au Pour faciliter son articulation au Pru, la Gup est intégrée au service renouvellement urbain de la 22 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU ■ RÉNOVATION URBAINE ET OFFRE DE MOBILITÉ – Séminaire municipalité. La coordinatrice nommée est l’acteur central de la démarche. Elle participe aux différentes instances de coordination et d’élaboration de projet. Elle organise et anime des projets d’accompagnement social des habitants, en partenariat avec l’ensemble des acteurs du quartier. Du fait de sa présence quotidienne au sein du quartier, elle est à l’écoute des besoins et des difficultés rencontrées par les habitants et constitue ainsi l’interface avec les acteurs institutionnels (techniciens, cadres ou élus, services collaborateurs ou partenaires). 8 avril – 19 participants AVEC : Caroline Gallez, chercheure, université de Paris Est – Créteil, laboratoire Ville, mobilité, transport, Christine Lelévrier, sociologue urbaniste, IUP, université de Paris Est – Créteil, Richard Leroux, directeur du développement social à la Communauté d’agglomération du Val-de-Bièvre, Nicolas Louvet, 6-t, bureau de recherches, Dominique Robinot, chef de projet territorial Pru, ville de Clermont-Ferrand, Régis Savarit, chef de projet transport, Syndicat mixte des transports en Commun de l’agglomération clermontoise. L’implication des habitants dans l’amélioration de leur cadre de vie constitue une priorité : ateliers urbains, conseils de quartier, diagnostics en marchant, projets artistiques sur la mémoire du quartier sont autant d’actions ayant pour principe de rendre l’habitant acteur de la transformation de son environnement. Elles constituent le volet social du développement durable, identifié comme axe prioritaire par la convention Gup. Encadré par Christine Lelévrier, ce troisième volet d’un séminaire dédié à l’état d’avancement des projets de rénovation urbaine était consacré à l’offre de mobilité et au désenclavement des quartiers, un des cinq thèmes retenus par le comité d’évaluation et de suivi de l’Anru (Ces). La mobilité est en effet un élément déterminant du développement social et économique des territoires et nécessite la coopération des acteurs de l’urbanisme, du transport et de l’action sociale pour répondre efficacement aux problématiques de mobilité des quartiers prioritaires. Le Ces de l’Anru s’est donc engagé dans l’élaboration d’une charte de la mobilité pour les projets Anru, dont la finalité est, entre autres, d’offrir aux collectivités locales un outil d’évaluation de la mobilité pour le diagnostic de leur(s) quartier(s) Anru. Il faut néanmoins rappeler que tout ce qui relève de la mobilité, notamment en matière de transports collectifs, n’est pas subventionné par l’Anru. La dynamique des actions résulte en grande partie de l’existence d’un unique bailleur, Immobilière 3F, sur le territoire, particulièrement investi dans l’animation d’actions collectives via sa chargée de mission gestion sociale et urbaine. Cette situation particulière et rare, notamment en Seine-Saint-Denis, réduit considérablement les difficultés liées à la répartition des compétences de chacun. D’autres actions déclinent le volet environnemental et économique du développement durable : création d’un observatoire des charges locatives, sensibilisation des habitants aux économies d’énergie, application des clauses d’insertion, campagne d’information des publics scolaires sur la propreté et la sécurité des chantiers, organisation de la « semaine de la propreté ». En introduction, Christine Lelévrier a rappelé que, déjà en 1982, Hubert Dubedout1 recommandait de travailler au désenclavement des quartiers et à l’aménagement des voies routières, à l’amélioration des entrées dans les quartiers… Trente ans plus tard, les problèmes demeurent. 1 « Ensemble refaire la ville », rapport au Premier ministre du président de la Commission nationale pour le développement des quartiers [Hubert Dubedout, maire de Grenoble de 1965 à 1983], La Documentation française, 1983. 23 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 urbain (Oru), mais les deux villes avaient des points de vue différents sur les infrastructures de transport, qui sont à la fois des coupures urbaines mais également des atouts pour la communication avec le reste du territoire. Cette préoccupation a été reprise dans la convention Anru. Pour accompagner le Ces dans la définition de la charte de la mobilité, le bureau de recherche 6-T a été mandaté. Il a étudié 114 conventions, dont Nicolas Louvet a présenté une synthèse : • Les solutions envisagées répondent davantage à l’effet de quartier qu’à celui de l’accessibilité : les conventions proposent notamment la mise en place de nouveaux services et/ou équipements au sein du quartier Anru plutôt qu’elles ne rendent les services existants accessibles. Concernant la mise en œuvre concrète du désenclavement, le cas du Chaperon vert met l’accent sur le morcellement temporel des opérations, découlant notamment du recentrage opérationnel et du resserrement spatial des interventions de l’Anru. En d’autres termes, la fragmentation, la désynchronisation, les décalages constituent la situation courante, le « lot commun » de l’action publique locale, remettant en cause la pertinence des mots d’ordre tels que la cohérence des politiques de transport et d’urbanisme. La question est de savoir si cette désynchronisation n’est pas d’autant plus forte pour les quartiers d’habitat social bordés ou traversés par des infrastructures lourdes, dont la requalification ne fait pas partie du domaine d’intervention de l’Anru. • Les solutions préconisées s’attachent soit à « confiner » les résidents Anru dans leur quartier par des aménagements sur des « modes doux » et par une offre de services dans leur quartier, soit à les connecter au reste de l’agglomération par des infrastructures routières supposant un déplacement en voiture. Pourtant, on aurait pu imaginer que les projets Anru insistent avant tout sur un développement de l’offre de transports collectifs. • Alors que l’accessibilité s’avère un enjeu fondamental de cohésion et d’insertion sociale, il n’est pour ainsi dire jamais fait référence au document phare de planification en termes de mobilité : le Plan de déplacements urbains (Pdu). La deuxième étude de cas portait sur les interactions entre le projet urbain et le développement du tramway dans les quartiers de Champratel et des Vergnes à Clermont-Ferrand, un projet initialement rejeté par l’Anru comme ne relevant pas des problématiques urbaines. Les travaux ont concerné les cheminements piétons spontanés, la préoccupation étant d’en sauvegarder le maillage, de les compléter, de les valoriser. Certains ont été repris et recomposés, d’autres ajoutés, pour tenir compte des opérations de résidentialisation. • La prise en compte des transports collectifs dans les conventions Anru peut être résumée de la manière suivante : sans transports en commun en site propre (Tcsp), pas de transports en commun ; et, avec un Tcsp, que du site propre. En effet, même lorsqu’un tramway ou un métro sont inscrits dans un projet Anru, il ne sont qu’exceptionnellement raccordés à l’ensemble du réseau de transports publics. Pour le quartier, l’arrivée du tramway a surtout marqué l’élargissement de l’amplitude horaire : de 5 heures – ce qui correspond aux premières embauches chez Michelin, au Chu ou à l’université pour les personnels d’entretien – à 1 heure, avec une réorganisation des horaires de bus pour faire la jonction avec ceux du tramway. Il est également apparu que le tramway donnait confiance aux investisseurs, en fournissant une nouvelle attractivité aux quartiers. Caroline Gallez et Richard Leroux ont présenté le projet de rénovation urbaine du quartier du Chaperon vert, situé à cheval sur les communes d’Arcueil et de Gentilly, en bordure sud de Paris, un quartier entouré de grandes infrastructures de communication qui font coupure: boulevard périphérique, autoroute A6a, ligne RER B, aqueduc de la Vanne. Le désenclavement était l’objectif majeur défini déjà dans le contrat de ville intercommunal et la priorité de la convention territoriale d’application de l’opération de renouvellement L’ensemble des interventions sera repris dans un document dont la publication est prévue courant 2012. 24 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU ■ RÉNOVATION URBAINE ET QUALITÉ URBAINE – Séminaire cation interne des quartiers ; le potentiel urbain des sites et de leur environnement ; la conception des espaces paysagers, des stationnements, des places, des équipements publics et commerciaux ; la diversité architecturale et le différentiel de qualité entre le neuf et l’ancien. La méthode d’investigation s’est appuyée sur une analyse socio-urbaine, des entretiens avec les acteurs et avec les habitants. 24 novembre – 23 participants AVEC : Barbara Allen, psycho-sociologue, Cstb, Agnès Lachasse, chef de projet Pru, Épinay-surSeine, Christine Lelévrier, sociologue urbaniste, IUP, université de Paris – Est Créteil, Frédéric Winter, architecte urbaniste, directeur du renouvellement urbain et du développement social à l’Opac du Val-de-Marne. L’analyse fine du contexte urbain, de l’environnement, de l’articulation des quartiers à cet environnement et de leurs modes d’organisation interne a fait apparaître une très grande diversité de situations et de potentiels de développement de ces quartiers. L’étude a permis de pointer entre autres une requalification significative de tous les sites, un différentiel de qualité généralement limité entre les immeubles réhabilités et les constructions neuves, une restructuration interne des quartiers assez pertinente, une requalification des voieries et des sols ayant des incidences importantes sur la revalorisation des sites. Ce séminaire était le quatrième et dernier d’une série dédiée à l’état d’avancement des projets de rénovation urbaine. Encadré par Christine Lelévrier, cette séance était consacrée à la qualité urbaine des projets de rénovation urbaine, un sujet sur lequel le Comité d’évaluation et de suivi (Ces) de l’Anru et le Plan urbanisme, construction et architecture (Puca) ont confié au Cstb une analyse à partir de l’étude de 10 sites, dont le Grand Ensemble d’Orly et le centre d’Épinaysur-Seine. Néanmoins, d’autres points sont moins bien aboutis, comme des stratégies de rénovation des quartiers rarement inscrites dans des stratégies urbaines de recomposition des territoires dans lesquels ils s’insèrent, une tendance des architectes urbanistes à surévaluer l’efficacité sociale des aménagements, des efforts de requalification qui ne sont pas concentrés sur les lieux stratégiques du site. En s’appuyant sur la présentation de ces deux projets, Barbara Allen a précisé les enjeux, les objectifs et les résultats de cette étude. Il s’agissait de capitaliser les enseignements des démarches mises en œuvre et d’enrichir les débats sur la qualité urbaine en formalisant des catégories et des critères qui permettent de la qualifier. L’analyse était centrée sur le fonctionnement social urbain que pouvaient engendrer les différents modes de structuration et de requalification des espaces urbains et architecturaux dans les projets de rénovation urbaine, le fonctionnement social urbain étant défini comme l’aboutissement des différents processus sociaux qui se déploient dans un espace urbain : modes d’habiter, pratiques sociales et usages de l’espace, interactions, conflits et tension sociales, etc. Ainsi, si l’espace ne produit pas mécaniquement certains modes de fonctionnement social, il contribue néanmoins à générer des processus sociaux. L’étude a également mis en évidence des difficultés fréquentes dues à la conception des anciens et nouveaux équipements publics, des places et des espaces de centralité, à un déficit de requalification et de développement des activités commerciales. D’autres critères, enfin, de la qualité urbaine ne sont pas pensés. Par exemple, les espaces paysagers sont abordés par leur fonction d’embellissement et rarement comme supports de pratiques sociales variées, les rez-de-chaussée des façades tant d’habitation que des équipements font rarement l’objet d’un traitement spécifique, la création d’ambiances est peu recherchée dans les Pru étudiés. Différents critères d’analyse de la qualité urbaine ont été retenus, comme : les stratégies de développement urbain et les stratégies de requalifi- 25 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Au vu de ces différents constats, Barbara Allen a souligné que l’enjeu de la qualité urbaine conduira à l’avenir à renouveler les principes, méthodes, outils de programmation et de conception de la rénovation urbaine pour les mettre au service d’un renouvellement urbain durable. Par cette notion, le Cstb entend l’ensemble des projets qui visent à renouveler la ville sur elle-même. « L’enjeu de la qualité urbaine est ainsi lié à une analyse contextualisée et de composition entre des potentiels, critères différents, voire conflictuels. Elle induit l’idée que tout territoire peut être porteur de qualité au-delà des présupposés esthétiques ou théoriques de la ‘belle ville’ ou de la ‘bonne ville’. » pation d’un emploi de qualité et avec la préservation de l’environnement ? Va-t-on au contraire vers une spécialisation des territoires pauvres vers des filières produisant des nuisances ? Au terme de ce groupe de travail, un rapport a été finalisé et devrait faire l’objet de rencontresdébats avec le Club des développeurs d’Île-deFrance et le réseau national de l’économie territoriale autour des principaux constats établis. En particulier, il apparaît que le développement durable constitue aujourd’hui un concept dont se revendiquent des acteurs très hétérogènes et abrite des conceptions et des pratiques très diverses. Cela est vrai pour les entreprises, pour les citoyens et, logiquement, pour les acteurs publics. L’existence d’un cadre de référence de plus en plus structuré au plan international comme au niveau national ne signifie pas la convergence des approches locales : si le recours à des labels communs – les agendas 21 ou les plans climat – progresse, la diversité des visions politiques et techniques du développement durable reste très grande d’un territoire à l’autre. Au-delà des logiques de communication, chaque territoire est ainsi conduit à élaborer sa propre doctrine. Autant les questions environnementales sont considérées comme incontournables, autant l’existence d’un volet économique et social ambitieux du développement durable fait débat parmi les élus et les professionnels. L’ensemble des interventions sera repris dans un document dont la publication est prévue courant 2012. ■ BÂTIR LE VOLET ÉCONOMIQUE ET EMPLOI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE – Groupe de travail ANIMATION : Guillermo Martin, Résolutions Management & Développement. Pour poursuivre le travail de qualification des acteurs locaux sur les démarches de développement durable, un groupe de travail animé par Guillermo Martin et composé de professionnels du développement économique, de l’emploi et du développement durable de la Seine-SaintDenis s’est réuni durant l’année 2010 et 2011. Il s’agissait d’étudier l’articulation entre les démarches de développement durable et les politiques de développement économique, d’emploi, de formation et d’insertion. Une stratégie de développement durable implique-t-elle nécessairement un développement économique, en particulier pour les territoires en politique de la ville, alors que nombre d’agendas 21 semblent aujourd’hui privilégier plutôt le développement résidentiel et la qualité du cadre de vie ? Si oui, quelles activités économiques estil souhaitable et possible de privilégier dans les territoires où le chômage est important ? Ces activités sont-elles compatibles avec la préoccu- Voir : Guillermo Martin, Construire le volet économie/emploi des démarches territoriales de développement durable, Profession Banlieue, mai 2011. ■ RÉNOVATION URBAINE : LES QUARTIERS EN MOUVEMENT. QUELS ENSEIGNEMENTS POUR UN ACTE 2 DE LA RÉNOVATION URBAINE? – Après-midi 7 novembre – 58 participants AVEC : Damien Kacza, chargé de mission, et Fabrice Peigney, secrétaire général, Comité d’évaluation et de suivi de l’Anru. 26 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU ■ LES COMMERCES DE PROXIMITÉ DANS LES QUARTIERS – Cycle de qualification Depuis maintenant huit ans, la rénovation urbaine se déploie dans plus de 400 quartiers prioritaires de la politique de la ville, notamment en Seine-Saint-Denis où près de 10 000 logements doivent à terme être démolis, autant, voire plus, reconstruits et d’autres encore réhabilités. Ce programme représente donc un enjeu majeur pour le département comme pour l’ensemble de la société française. 10, 17 et 24 juin – 17 participants AVEC : Jean-Paul Albertini, directeur général, Semaest, Nicolas Douce, directeur des études et de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, ConvergencesCvl, Christelle Jubien, directrice des études et du développement, Éparéca, François Kossman, président fondateur, Objectif Ville Consultants, Thierry Rabjeau, directeur de projet de l’opération de renouvellement urbain de Bagneux, Isabelle Schlauder, conseillère politique de la ville, prévention, sécurité, Cci de Paris – Seine-Saint-Denis (Ccip). Si le Comité d’évaluation et de suivi (Ces) de l’Anru estime que le programme national de rénovation urbaine est une réussite incontestable (amélioration très nette du cadre de vie des quartiers, requalification massive du parc social, modification de l’image des quartiers), il en constate également les limites : les conditions de vie des habitants n’ont pas fondamentalement changé, la mixité sociale ne s’est pas réalisée, en particulier en Seine-Saint-Denis, la gestion urbaine n’a pas été suffisamment prise en compte. Les commerces de proximité sont synonymes de lien social, de convivialité, de services de proximité et, pour les habitants des quartiers défavorisés, ils constituent souvent un élément essentiel d’animation du quartier. Ces commerces situés dans des quartiers en difficulté sont confrontés à de multiples facteurs qui concourent à leur disparition ou à leurs difficultés à survivre dans un contexte de crise économique. Malgré les avancées législatives et les moyens d’intervention qui se sont développés, les difficultés demeurent. Aussi, les débats ont surtout porté sur la poursuite du programme national de rénovation urbaine (Pnru) qui devrait à la fois achever le travail engagé, mais aussi apporter les correctifs nécessaires à l’inscription durable du renouveau de ces quartiers, notamment en termes de réduction des inégalités territoriales, de changements sociaux et de mobilisation des politiques de droit commun de l’éducation et de l’emploi, en particulier. En préambule, François Kossman a rappelé que le commerce ne se décrétait pas. Pour lui, il existe des critères d’émergence, de pérennité et de succès, que ce soit dans les quartiers en difficulté ou en centre ancien. Il invoque ici les cinq « moments de vérité » d’un pôle commercial : la scénographie urbaine, l’accessibilité, le stationnement temporaire, le confort d’usage et la sécurité, l’assortiment commercial ; les cinq leviers de succès : étude de marché, schéma d’implantation, recherche d’opérateurs et investisseurs, scénarios de libération des parcelles constructibles, stratégie d’urbanisme commercial ; sans oublier les cinq participants décisifs à la réalisation : l’aménageur, le promoteur, l’exploitant, l’investisseur, l’usager. Fabrice Peigney et Damien Kacza ont présenté quelques-unes des 60 propositions en faveur d’un prolongement du Pnru. Ils ont notamment insisté sur la nécessité de promouvoir une politique ambitieuse de mixité sociale et de mobilité résidentielle, de faire bénéficier les habitants du développement socio-économique du quartier, de prendre impérativement en compte l’expertise des habitants dans la conception et la mise en œuvre des projets ainsi que dans la gestion urbaine. Enfin, ils ont proposé d’afficher l’Île-deFrance comme priorité nationale, en concentrant les crédits sur cette région, et d’inscrire les projets de rénovation urbaine dans le Grand Paris. Le rapport du Ces de l’Anru et les 60 propositions sont en ligne sur le site de Profession Banlieue. Quand un opérateur privé n’est pas en capacité de supporter les charges inhérentes à la redyna- 27 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 misation des activités commerciales et artisanales dans un quartier en Zus, la collectivité peut faire appel à l’Éparéca, établissement public créé en 1996 dans le cadre du pacte de relance pour la ville pour intervenir de façon spécifique sur la problématique commerciale et artisanale des quartiers en politique de la ville. Outre les données qu’elle peut apporter, la Ccip intervient depuis une dizaine d’années sur la prévention de la délinquance et la sécurité. En 2000, Isabelle Schlauder fait le constat d’un taux de vacance très important dans les cellules commerciales. De nombreux équipements commerciaux sont obsolètes, très coûteux en termes de charges de fonctionnement, et ont un environnement relativement dégradé, le tout conjugué à une insécurité grandissante pour les commerçants, pour les clients et pour les habitants de ces quartiers. Ces difficultés sont renforcées en Seine-Saint-Denis par le taux d’équipement en centres commerciaux régionaux et hypermarchés le plus élevé de France. En s’appuyant sur les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, la Ccip a favorisé le regroupement des commerçants en association, développé un certain nombre d’outils comme des fiches de liaison pour des échanges d’informations, et initié une réflexion sur l’espace public et son aménagement (la signalétique, l’éclairage…). Christelle Jubien a rappelé que les finalités de l’intervention de l’Éparéca étaient économiques et sociales, en maintenant un service au profit de la population des quartiers et en contribuant au développement de l’emploi dans les quartiers en politique de la ville. Le troisième élément qui cadre son intervention est un objectif de retour au droit commun dans le cadre du marché. Il s’agit de démontrer la pérennité d’une restructuration commerciale avec l’objectif de revenir à une situation normale ou normalisée. L’Éparéca assure un portage transitoire durant trois ans. À partir de la quatrième année, la situation doit être revenue à la normale et doit pouvoir intéresser le marché de l’investissement privé. L’Éparéca intervient sur une dizaine d’opérations en Seine-Saint-Denis. À côté des interventions du secteur public, il existe des sociétés de conseil privées. C’est le cas de Convergences-CVL, qui rassemble divers métiers habituellement répartis au sein de sociétés différentes : les études urbaines et techniques, les études économiques et marketing et l’expertise et la valorisation immobilières. ConvergencesCvl intervient également sur quelques sites de Seine-Saint-Denis. Nicolas Douce fait cependant le constat qu’il est sollicité en général trop tardivement dans les projets de renouvellement urbain : le projet est déjà arrêté, les surfaces commerciales sont déjà inscrites et il est difficile d’apporter des modifications. Quand il émet des réserves sur la viabilité du projet d’implantation commerciale, il fait office de trublion. Il fait remarquer également que, dans le champ du développement commercial, il est confronté à une multitude d’interlocuteurs : celui des appels d’offres, la collectivité, l’aménageur, le promoteur, le bailleur… Il n’existe pas de référent commerce dont ce serait la mission principale, d’où la difficulté pour faire acter et avancer le projet. Autre exemple d’intervention du secteur public pour redynamiser un quartier, la Semaest, société d’économie mixte créée en 1983 par la Ville de Paris. Jean-Paul Albertini a rappelé que la Semaest était une Sem d’aménagement qui a eu ensuite une mission de constructeur et de pilote d’opérations de réhabilitation dans les Zac. Elle a dorénavant une mission de développement économique, avec trois objectifs selon les périmètres. Le premier, avec la mission Vital’Quartier, est de lutter contre les excès de certaines mono-activités envahissantes qui perturbent le tissu commercial existant dans certains quartiers. Le deuxième est de lutter contre la fermeture de commerces du quotidien. Enfin le troisième est d’enrayer la disparition des librairies et, dans une moindre mesure, des maisons d’édition. Les villes peuvent aussi se mobiliser en leur nom propre. C’est le cas de Bagneux, où la question du commerce a été abordée dans le cadre de la rénovation urbaine avec un portage par la ville en partenariat avec l’aménageur et la Ccip. Les travaux issus de ce cycle seront publiés en 2012 dans la collection Les Cahiers. 28 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU ■ UNE FRANCE DE PROPRIÉTAIRES ? – Après-midi vraient se traduire « par une diminution de 3 à 4 % par rapport aux crédits délégués en 2010 », ce qui aura une incidence sur la construction de logements dont les besoins sont estimés à environ 900 000… 7 avril – 10 participants AVEC : Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. Dans ce contexte, la rénovation urbaine qui avait été accueillie favorablement par la Fondation est aujourd’hui interrogée, en particulier si l’on considère les effets assez limités de ces opérations par rapport aux coûts de leurs investissements. Christophe Robert a tout d’abord rappelé les conséquences de la crise financière de 2008 : 15 millions de ménages qui « jouent leur fin de mois à 50 ou 150 euros près », selon les termes du Médiateur de la République ; 4,3 millions de chômeurs à « temps plein ou partiel », une augmentation de 15 % des dossiers de surendettement à la Banque de France… Du côté du logement, le taux d’effort des ménages les moins aisés passe à 48 % de leurs ressources ! Aussi, après quinze années d’interpellation et de propositions, la Fondation appelle à une véritable mobilisation. Elle veut en particulier ouvrir le chantier de la maîtrise des prix et de la régulation des marchés, car « le logement n’est pas un bien comme les autres ». Parce qu’elle est une forme de protection dans une société « incertaine » en termes d’emploi ou d’accès au logement notamment, la propriété peut-elle être une solution aux difficultés des ménages ? Elle répond sans doute à l’aspiration d’un grand nombre. Pourtant, « la part des ménages modestes parmi les accédants récents n’a cessé de décroître au cours des quinze dernières années ». Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé-Pierre établit que les ménages les moins aisés sont moins propriétaires en 2006 (37 %) qu’en 1998 (47 %) et que la durée de leur emprunt est passée de 13,8 ans en 2001 à 18,8 ans en 2008. Leur taux d’effort net est par ailleurs de 42,8 %, la moyenne nationale se situant à 24,1 %, alors que l’on considère que le coût du logement ne devrait pas dépasser 33 % des revenus. L’accès à la propriété ne risque-t-il pas dès lors de devenir une source de fragilisation des ménages les plus modestes ? Le service de la Fondation créé en 2008 SOS taudis signale que 45 % des appels reçus proviennent de propriétaires. Le rapport 2011 de la Fondation Abbé-Pierre est téléchargeable sur son site : www.fondationabbe-pierre.fr. Pour Christophe Robert, il n’est pas question de condamner l’accession à la propriété en soi, mais il convient de dénoncer « son caractère profondément inégalitaire, et les conditions dans lesquelles on y accède, qui fragilisent les ménages les plus modestes ». En outre, les orientations budgétaires du secrétaire d’État au Logement de- 29 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 D Politiques éducatives ■ DÉCROCHAGE ET ABSENTÉISME SCOLAIRE : COMMENT AGIR ? – Ateliers thématiques Lors du premier atelier, Yasmina Picquart, psychanalyste au centre Kirikou à Paris, a rappelé qu’il n’y a pas de structure psychologique qui préfigure le décrochage scolaire et que sont touchés par la rupture scolaire tous les enfants, qu’ils soient issus de familles aisées ou populaires. En témoignent les différents profils d’enfants et de jeunes qui viennent au centre Kirikou, situé au cœur d’un XVIIe arrondissement à la fois populaire et bourgeois. Ce qui fait la différence entre ces jeunes, ce sont les ressources mobilisées par les familles (stages, écoles privées, cours particuliers). Yasmina Picquart a fait part de trois témoignages de jeunes suivis au centre engagés dans un processus de déscolarisation. Ces jeunes ont tenté de repérer ce qui les avait conduits à décrocher : le maître, le groupe de pairs que le jeune se constitue, le manque d’intérêt du cours, un manque de concentration dû au nombre d’élèves, un phénomène de spirale (ne pas rendre son devoir…), l’anonymat, le lien avec le système d’évaluation, des consignes pas claires, on pense qu’on a autre chose à faire que l’école, l’orientation. 12 janvier, 1er février, 1er et 22 mars – 51 participants ANIMATION : Stéphanie Morel, directrice de recherches, Acadie. Ces ateliers réunissant les coordonnateurs de réussite éducative de la Seine-Saint-Denis ont démarré en 2010. Il s’agissait de donner aux professionnels les éléments de connaissance sur les processus du décrochage scolaire, ses formes, ses facteurs et ses modalités de traitement, et de favoriser les échanges collectifs et l’« interconnaissance » des acteurs de l’éducation investis dans cette réflexion (associations, Aide sociale à l’enfance (Ase), coordonnateurs des réseaux d’éducation prioritaire (Rep), services éducation des villes). Il s’agissait également d’offrir un espace de compréhension et de discussion collective permettant de saisir les différentes logiques institutionnelles, de connaître et comprendre les différentes interventions et de positionner l’équipe du parcours de réussite éducative (Pre) au sein de ce réseau, enfin de fournir à l’ensemble des acteurs un niveau commun de connaissance et de langage. Des causes que les différents chercheurs qui se sont penchés sur les facteurs du décrochage ont largement repérées. Dominique Glasman en fait partie. Il s’est centré sur les difficultés que peuvent rencontrer les familles pour ramener leur enfant à une attitude plus conforme à ce qu’attend l’école : pour certaines familles, les priorités de vie, voire de survie, sont ailleurs, dans la vie quotidienne, pas dans la scolarité. Pour d’autres, leurs ressources financières ne leur permettent En 2011, cinq séances ont été programmées, trois séances sous la forme d’ateliers et deux réservées à un travail collectif de production d’un référentiel d’actions en lien avec les pratiques de terrain. 30 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU pas d’offrir à leurs enfants ce dont ils ont besoin (orthophoniste, cours particuliers). D’autres encore, évoluant dans d’autres espaces culturels ou n’ayant pas été beaucoup scolarisées, ne maîtrisent pas les attentes de l’école, considérée comme une bureaucratie à laquelle il faut obéir. Certaines ne suivent pas en outre les évolutions des manières d’acquérir les savoirs et peuvent sans le vouloir proposer des pratiques contreproductives lorsqu’elles cherchent à aider leurs enfants. Toutes ces dimensions mises bout à bout alimentent le processus de décrochage scolaire. Pour les familles populaires, c’est dans l’école que les solutions doivent être trouvées. Les enquêtes montrent qu’une grande partie des familles populaires ont beaucoup d’espoir et une grande confiance en l’école. Il est aussi question qu’elles prennent confiance en elles comme parents, outre l’impression qu’elles ont que ce qu’elles font n’est pas suffisant ou qu’elles ne savent pas aider leurs enfants. Des progrès considérables ont été faits grâce aux Pre en matière d’actions partenariales. Il faut que les progrès continuent, notamment entre l’univers scolaire et le monde de l’accompagnement scolaire. À l’issue de l’ensemble de ces ateliers, les coordonnateurs et quelques partenaires se sont réunis pour élaborer ensemble des conclusions qui devraient prendre la forme d’un référentiel d’actions dont la rédaction finale est prévue au 1er trimestre 2012. ■ RÉFÉRENTS DE PARCOURS : QUELLES PRATIQUES PROFESSIONNELLES ? – Groupe de travail ANIMATION : François Le Clère, formateur, Groupe de recherche et d’action pour l’enfance (Grape). Dominique Glasman a évoqué quelques pistes d’action, qui reprennent les postulats de l’intervention des Pre. À ses yeux, il n’y a que des manières singulières d’être affecté par les situations sociales et scolaires, et il faut donc mettre en place des réponses individuelles, y compris au sein d’un dispositif collectif. L’enjeu est alors de tenir le social et l’individuel, le collectif et l’individualisé, le personnel et l’impersonnel. Et pour les jeunes, il faut construire des parcours individualisés pour ramener les jeunes vers les apprentissages : le retour vers l’école est primordial. Durant l’année 2011, plus de vingt référents de parcours de réussite éducative (Pre) se sont réunis, à raison d’une fois par mois, pour engager une réflexion sur leur pratique professionnelle, tenter d’en définir les contours et mettre en avant ce qui fait la richesse et la spécificité de cette fonction de référent de parcours qui n’appartient à aucune nomenclature, pour la rendre plus lisible auprès des partenaires. Les séances ont alterné des moments en plénière et en petits groupes, avec des présentations de situations par les référents, des débats, des lectures et des travaux de réflexion et d’écriture. Sylvain Broccolichi, sociologue rattaché à l’université d’Artois, estime également que les aides plus ou moins individualisées en dehors de la classe sont nécessaires : elles permettent une certaine régulation. Les recherches montrent que l’accompagnement (par la famille ou au sein d’un dispositif) permet de ne pas décrocher. Pour lui, le Pre constitue une forme d’accompagnement inscrite dans la continuité. Il doit être cognitif et scolaire. La plus-value du Pre tient à plusieurs aspects: un diagnostic partagé et l’objectivation des parcours, une coopération des acteurs autour d’un programme de lutte contre le décrochage scolaire, un soutien des parents et enfin des intervenants capables d’aller à la rencontre des familles. Les situations présentées ont permis de mettre en évidence les multiples interlocuteurs qui peuvent être impliqués dans l’accompagnement d’une famille, chacun à leur niveau. Les référents, en même temps qu’ils tentent de mettre en synergie ces interventions, proposent des accompagnements nouveaux. Le Pre se trouve, en effet, au carrefour d’un accompagnement individuel du jeune et d’une rencontre du familial, entendu comme regroupant liens conjugaux, fonctions parentales, liens dans la fratrie… 31 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ■ L’ÉCOLE ET LA VILLE – Journées de formation Une première notion est apparue, celle du temps : il en faut pour construire le projet d’accompagnement avec la famille et l’expliciter aux partenaires. Le temps devient alors un outil de travail qui permet de différer, d’évaluer, de construire et de créer une relation de confiance avec la famille. Mais le temps peut être bousculé par les échéances administratives. À charge au référent de respecter le temps des familles tout en étant garant du temps institutionnel. 25 novembre 2010, 11 mars et 27 mai 2011 – 161 participants Depuis l’année scolaire 2006-2007, Profession Banlieue organise avec l’Inspection académique de la Seine-Saint-Denis des journées de formation en direction des coordonnateurs des réseaux d’éducation prioritaire (Rep) et des professionnels de la politique de la ville, dont les équipes de réussite éducative. Chaque journée est construite en deux temps : la matinée est organisée autour de la présentation d’un rapport ou d’une étude mis en débat ; l’après-midi est réservé à la présentation d’actions mises en œuvre localement. Ce temps institutionnel peut générer un temps spécifique, un temps de latence qui peut être investi par le Pre. C’est celui qui existe entre le moment de la parole de l’enfant et celui d’une prise en charge par les services du Conseil général, par exemple. Mais l’investissement de ce temps nécessite de réfléchir aux places à tenir, aux leviers d’intervention de chacun, aux limites et points d’arrêt. Depuis 2009, il a été décidé de capitaliser ces interventions dans une nouvelle collection, « L’école et la ville », téléchargeable dans la rubrique Publications. Se pose alors, deuxième notion très investie par le groupe, la question du passage de relais, qui intervient à deux niveaux. Tout d’abord vers les personnes destinataires de l’accompagnement : doit-il se faire d’un coup ou y a-t-il besoin d’un co-accompagnement durant quelques entretiens ? Le passage de relais incite également à penser la manière dont on se sépare progressivement, ou pas, d’une personne que l’on a beaucoup investie. Plusieurs exemples montrent que certaines personnes demandent à ce que le référent « laisse quelque chose de lui, donne quelque chose de lui ». Les situations sont chaque fois singulières et nécessitent d’être réfléchies en équipe. Là se situe le second niveau. Car le passage de relais peut bousculer l’équipe par la façon dont il mobilise les pratiques professionnelles liées aux expériences et aux formations de chacun. Les actions présentées dans ce rapport concernent l’année scolaire 2010-2011. • LA GESTION DE L’AGRESSIVITÉ DANS LA CLASSE ET DANS LA COUR En novembre 2010, Sylvain Berdah, pédopsychiatre, chef du service spécialisé de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois, a donné, devant une assemblée de 86 participants, quelques éléments de réflexion sur la question de la gestion de l’agressivité en classe. Il ne s’agissait pas pour lui de définir une conduite à tenir, mais plutôt de dégager des pistes, des éléments qui permettent de « faire avec » l’agressivité des enfants et des adolescents, en général, mais aussi au cas par cas. Sylvain Berdah a rappelé que l’agressivité n’est pas nécessairement une notion négative, qu’il en faut une certaine dose dans la vie pour avancer, aller vers, prendre possession de sa vie, et que, pour bien comprendre cette notion, il faut remonter à la naissance et aux différentes phases de construction d’un Au-delà des échanges sur les pratiques, ces réunions ont également permis d’observer les modalités de fonctionnement et d’organisation des différents Pre. Mais l’observation n’est pas épuisée. Aussi le groupe va-t-il poursuivre ses investigations en 2012. Ces travaux donneront lieu à publication en fin d’année 2012. 32 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU individu. Il a rappelé l’importance de la frustration, de la castration, et comment de castration en castration, l’individu parvient à entrer dans les apprentissages et dans le respect de l’autre. Mais la castration, c’est-à-dire la limite, est quelque chose de frustrant pour les parents, car ils s’identifient tellement à leur enfant qu’il leur est difficile de lui faire de la peine. C’est pourtant à ce prix qu’ils arriveront à le transformer en un individu autonome, harmonieux et créatif. À défaut, ce seront les enfants les plus difficiles à prendre en charge, les moins socialisés, ceux qui auront du mal à accepter des limites et qui en classe auront des comportements complexes à gérer par l’enseignant. D’où l’intérêt de s’appuyer sur des intervenants extérieurs comme les éducateurs de prévention spécialisée, les psys ou des dispositifs comme les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) qui peuvent leur être d’un grand secours. Un détour historique lui a tout d’abord permis de montrer l’évolution de l’implication des familles dans le suivi scolaire de leurs enfants. L’école fait progressivement évoluer le droit à la scolarité des enfants en un devoir de collaborer des parents. Désormais, une partie du processus d’apprentissage, dont les enseignants disent qu’elle est absolument fondamentale pour la réussite scolaire, est placée sous la responsabilité des parents. Cette évolution des rapports entre familles populaires et école est aussi le résultat de la montée en puissance de la scolarisation dans la formation et le devenir des nouvelles générations. Les enquêtes de l’Insee sur les conditions de vie des ménages2 montrent que la mobilisation autour des devoirs est un phénomène de grande ampleur. Un enfant – écolier, collégien ou lycéen – est aidé en moyenne quinze heures par mois par ses parents pour faire ses devoirs: dix-neuf heures à l’école élémentaire, quatorze heures au collège et six heures au lycée général et technologique. Cette tâche mobilise 95 % des mères à l’école primaire, 84 % au collège et 53 % en lycée général et technologique. Pour concevoir l’ampleur de cette mobilisation familiale, il faudrait également ajouter l’aide apportée par les frères et sœurs et par l’entourage proche. Ce phénomène touche toutes les catégories sociales et tend même à estomper les clivages sociaux. En primaire, ce sont les mères les moins diplômées qui consacrent le plus de temps au suivi des devoirs: en moyenne, les mères qui n’ont pas le bac y consacrent un peu plus de quinze heures d’aide par mois, contre treize heures pour les mères bachelières. L’après-midi, deux expériences sont venues compléter cette intervention : • « La médiation à l’école : une réponse à l’agressivité et à la violence », action menée par l’Afpad à Pierrefitte-sur-Seine ; • « La médiation prévention violence scolaire », initiée par l’Inspection académique. • FAMILLES POPULAIRES : QUELLES MOBILISATIONS POUR L’ÉCOLE ? En mars 2011, 43 participants étaient réunis autour de Séverine Kakpo, docteur en sciences de l’éducation, (université de Paris VIII, Centre interdisciplinaire de recherche culture éducation, formation, travail), qui a présenté sa thèse sur les pratiques familiales d’accompagnement du travail personnel des élèves. Ces résultats déconstruisent le mythe de la démission généralisée des catégories populaires. Dans la majorité des familles qui ont fait l’objet de l’enquête de Séverine Kakpo, l’accompagnement des devoirs prend la forme d’une intervention systématique à toutes les étapes de la production du travail scolaire. Plus les enfants rencontrent des difficultés d’apprentissage, plus les parents entrent dans le rôle d’instructeur. Mais Séverine Kakpo constate des dissonances Séverine Kakpo a conduit pour cela une enquête de type ethnographique auprès d’une vingtaine de familles des catégories populaires, le plus souvent issues de l’immigration et des départements d’outre-mer. 2 Enquête de Marie Gouyon, « L’aide aux devoirs apportée par les parents. Années scolaires 1991-1992 et 2002-2003 », Note Insee, n° 996, décembre 2004. 33 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Les interroger moins qu’ils ne le demandent serait-il plus équitable, plus égalitaire? » Si les enseignants interagissent différemment selon que l’élève est une fille ou un garçon, rien ne permet d’affirmer qu’ils le font en raison du sexe de l’élève. Ce sont plutôt les positionnements différents des filles et des garçons dans le champ interactif, et donc dans l’ordre didactique, qui orientent les interactions des professeurs. Ceux-ci ne maîtrisent pas la forme des interactions des enfants mais y réagissent, ce qui explique que leurs réactions soient parfois différenciées. et quelquefois des malentendus entre codes scolaires et codes familiaux. L’après-midi était consacré à la présentation de différentes actions menées dans ce champ : • « La réussite éducative : une rencontre avec les familles ? », réflexions conduites par les Pre d’Aubervilliers et de Montreuil ; • « La relation école-famille dans un collège de l’éducation prioritaire : projet, actions mises en œuvre et résultats observés », action menée par le collège Claude-Debussy, à Aulnay-sous-Bois. L’après-midi était consacré à la présentation de deux actions : • « Lire égaux » : un concours d’écriture d’album « pour les filles ET pour les garçons », conduit avec les éditions Talents hauts, la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité d’Île-de-France et le Conseil régional d’Île-deFrance ; • Les actions menées avec les médiatrices au collège Pablo-Neruda, à Aulnay-sous-Bois. • LE GENRE SCOLAIRE : UN EFFET AVEUGLE DE L’ACCULTURATION À L’ÉCOLE MATERNELLE ? En mai 2011, 32 participants sont venus écouter la présentation du travail de Corinne de Boissieu, sociologue en sciences de l’Éducation, sur le genre scolaire. Alors que différentes études existent sur la construction du genre, alors que l’on sait que l’école participe à cette construction et que l’on reconnaît les effets du genre en termes d’orientation scolaire et de rapport à l’école, Corinne de Boissieu introduit un nouveau concept, le « genre scolaire », construction spécifique à la culture scolaire, qui aboutit à la détermination d’identités d’élève-fille ou d’élève-garçon auxquelles sont associées des manières d’« êtreen-classe ». C’est à l’école maternelle, où elle a étudié les moments rituels de regroupement et les interactions verbales qu’ils occasionnent, que débute cette acculturation. Sur le plan scientifique, cette définition du genre scolaire permet d’interroger les analyses classiques du rôle des enseignants dans la reproduction du genre à l’école, et notamment l’idée d’une « norme implicite de neutralité » qui favoriserait les garçons. L’étude montre que les interactions des professeurs sont beaucoup plus liées aux modes d’interaction des enfants qu’à leur sexe. Elle montre également, différant en cela d’un certain nombre d’études, que les demandes de parole des garçons ne sont ni plus ni moins acceptées par les enseignants que celles des filles. Si les garçons sont plus souvent interrogés, c’est parce qu’ils demandent plus souvent la parole que les filles. « Peut-on dire dès lors qu’interroger plus les garçons est en soi les favoriser? Les textes de ces interventions sont en ligne sur le site de Profession Banlieue dans la collection L’École et la Ville. ■ EXCELLENCE ET POLITIQUES ÉDUCATIVES – Rencontre 19 mai – 32 participants AVEC : Aïcha Amghar, proviseur du lycée AugusteBlanqui, Saint-Ouen, Marie-Cécile Bloch, enseignante, cofondatrice du Collège-lycée élitaire pour tous (Clept), Grenoble, Nathalie Broux, responsable du micro-lycée Jacques-Brel, La Courneuve, Monique Crinon, philosophe, sociologue, Jean Foucambert, ancien chercheur à l’Inrp, membre de l’Association française de lecture, Jean-Yves Rochex, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation, université de Paris VIII, équipe Escol. Cette journée avait pour but de questionner les articulations entre les filières d’excellence et l’objectif de réussite pour tous. En effet, depuis 34 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU quelques années, la notion d’excellence est au cœur des politiques publiques. La politique de la ville n’est pas épargnée notamment en matière éducative dans les quartiers populaires, puisque se développent différents dispositifs : les Cordées de la réussite, les internats d’excellence… Certes, il est important de donner des opportunités aux jeunes des quartiers prioritaires, certes il est nécessaire de leur offrir des accompagnements spécifiques, certes les figures d’excellence peuvent susciter la motivation des jeunes, mais qu’en sera-t-il de ceux qui n’auront pas accès à ces filières ? Cette conception et cette politique de l’excellence ne risquent-elles pas de renforcer l’exclusion sociale et la ségrégation territoriale ? Ou, à l’inverse, est-elle une pièce majeure d’une politique éducative ambitieuse pour tous ? d’une école démocratique n’est-il pas de faire réussir ceux qui n’ont jamais réussi ? ». Le Clept a ouvert ses portes en novembre 2000 pour tenter de relever ce défi : offrir à ceux qui avaient déserté l’école avant le terme prévu un retour en scolarité d’enseignement général, soit pour finir un premier cycle, soit pour commencer ou finir un second cycle. Être élitaire, c’est prendre en compte les différences entre les élèves qui n’apprennent pas tous de la même manière, mais c’est aussi veiller à ce que les exigences soient les mêmes pour tous. À l’excellence pour quelques-uns, le Clept oppose donc l’exigence pour tous. Enfin, Jean-Yves Rochex a expliqué que divers pays européens, dont la France, ont mis en œuvre, ces dernières décennies, des politiques éducatives ciblées sur certaines catégories de la population. Il s’agissait de réduire les inégalités de scolarisation et de réussite scolaire dont elles étaient victimes, au travers d’un traitement préférentiel consistant à « donner plus (ou mieux, ou autrement) à ceux qui ont le moins ». Une analyse comparative des politiques d’éducation prioritaire mises en œuvre dans huit pays européens a permis d’en décrire trois modèles, dont les modes d’agencement varient selon les pays, mais qui témoignent selon lui d’un recul notable des préoccupations initiales de lutte contre les inégalités, et des conceptions selon lesquelles les politiques d’éducation prioritaire pourraient – ou auraient pu – être un ferment de transformation et de démocratisation des systèmes éducatifs et de leurs modes de fonctionnement. C’est le cas en France. Promotion de l’excellence, élargissement du recrutement des élites, logique individualisante, de maximisation des chances de chacun, telles sont donc devenues les rhétoriques autour desquelles se reconfigurent les discours et préoccupations concernant les politiques d’éducation prioritaire en France. Jean Foucambert rappelait que l’école de Jules Ferry s’est construite pour former les masses ouvrières dont la société avait besoin pour le développement du capitalisme industriel. Néanmoins, « partager le savoir, c’est partager le pouvoir entre les êtres » et la bourgeoisie naissante n’y était pas prête. C’est toute l’ambiguïté sur laquelle reposait la politique scolaire de Jules Ferry, ambiguïté que l’on retrouve aujourd’hui avec le principe fondateur de l’école française, l’élitisme républicain, qui n’est en rien remis en cause. Il permet que les meilleurs, globalement toujours les mêmes socialement, même s’il existe à la marge quelques ouvertures, restent les mieux traités. Ces propos ont été interrogés par Nathalie Broux et Aïcha Amghar qui ont présenté le micro-lycée Jacques-Brel de La Courneuve et les Cordées de la réussite. Nathalie Broux insistait sur la nécessité d’une réforme en profondeur des enseignements : « Le micro-lycée est un lieu d’excellence qui doit être reconnu comme tel, comme une excellence pédagogique. On y exerce des façons de faire, entre les apprentissages et l’éducatif, qui sont méconnues et qui sont souvent reléguées à l’expérimentation. Or il y a une pertinence didactique des apprentissages, parce que ces élèves arrivent avec de vraies questions qui renvoient à la nature des apprentissages de l’école. » Les actes de la Rencontre seront publiés au premier semestre 2012. Pour Marie-Cécile Bloch, co-fondatrice du Collège-lycée élitaire pour tous (Clept), « le vrai défi 35 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 E Citoyenneté ■ MÉDIAS, COMMUNICATIONS ET QUARTIERS : QUELLES INCIDENCES SUR LA CITOYENNETÉ ? – Rencontre Partant du constat que le traitement journalistique des banlieues concourt très majoritairement à modeler une image négative de celles-ci, l’objectif de cette journée était de comprendre comment les médias pouvaient mieux refléter la réalité, sans tomber pour autant dans l’angélisme. 29 mars – 46 participants AVEC : Luc Bronner, grand reporter au Monde, Christian de la Guéronnière, journaliste, directeur d’Id communes, Laura Dejardin, journaliste, chef de projet éditorial, Acte-là, Joëlle Merckaert, directrice de cabinet de Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois, président de Ville et Banlieue, Yves Charmont, directeur de la communication de Saint-Priest, Sabrina Kassa, journaliste, Géraldine Kowalski-Judith, chef de projet développement social des quartiers à Pessac, Nordine Nabili, journaliste, directeur de l’École supérieure du journalisme (Esj) de Bondy, Gilles Poux, maire de La Courneuve, vice-président de Plaine Commune, Marc Ratsimba, président de Profession Banlieue, Erwan Ruty, journaliste, fondateur de l’agence de presse Ressources urbaines, Julie Sedel, sociologue, maître de conférences à l’Iut de Strasbourg, Carole Sterlé, journaliste au Parisien Seine-Saint-Denis ; et des représentants du Forum des jeunes de Seine-Saint-Denis. En préambule, Gilles Poux rappelait que les hommes politiques eux-mêmes pouvaient accompagner la stigmatisation des quartiers par leurs mots. C’est toute l’ambivalence de la communication : en alertant, on risque de stigmatiser, mais se taire, n’est-ce pas une banalisation des problèmes ? Par ailleurs, il a fait le constat que les politiques menées n’enrayaient pas les inégalités de traitement. C’est ce qui l’a incité à saisir la Halde pour que les discriminations territoriales deviennent un critère reconnu par la loi. Les services communication des villes sont également confrontés à cette ambivalence, doublée d’une autre difficulté : celle de travailler avec des outils qui changent trop souvent, qui appartiennent à la culture du zapping et qu’il est difficile d’utiliser à des fins de communication. Pour eux, le vecteur principal de communication du maire est l’oralité, il doit être sur le terrain pour avoir une relation presque individuelle avec les habitants ; celui des jeunes est le numérique, qui n’est pas encore assez utilisé ; et, contrairement aux idées reçues, le journal de la ville reste le vecteur le plus apprécié : c’est un rendez-vous régulier qui parle du quotidien des habitants. Le thème de cette rencontre avait été, pour partie, préparé par le conseil d’administration de Profession Banlieue composé en grande majorité de professionnels de la politique de la ville, très sensibilisé à l’image négative des quartiers qui vient percuter leur travail de développement social urbain. 36 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU Du côté des jeunes, les représentants du Forum des jeunes, porté par le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, ont interpellé les journalistes présents sur l’image négative véhiculée sur la banlieue : « Les journalistes se rendent-ils compte de l’impact de leurs propos sur les habitants ? » Il ressortait que le traitement médiatique des quartiers était ressenti douloureusement par les habitants et les acteurs concernés. dont l’objectif est de former des « jeunes » à l’écriture journalistique, sont nés en 2006. Mais cela permettra-t-il de briser le cercle vicieux de la reproduction des modèles et de modifier le regard sur les quartiers ? Faut-il considérer que les sujets impliquant les quartiers relèvent de la catégorie « information générale » ou, au contraire, traiter de l’actualité des quartiers de façon spécifique ? Et dans ce cas, est-il préférable de recourir à des journalistes « spécialisés » ? L’intégration de journalistes issus de la banlieue changera-t-elle la hiérarchie implicite entre les sujets, qui relègue trop souvent les quartiers au dernier rang des centres d’intérêt journalistiques ? Pour Erwan Ruty, le travail journalistique en banlieue n’est possible qu’en appui sur des réseaux de contacts construits au long cours. Aussi les représentants du Forum des jeunes s’interrogeaient-ils sur les journalistes chargés de couvrir « la banlieue ». Qui sont-ils ? Leur statut, leur origine et leur approche du métier varientils selon les médias ? Comment vivent-ils leur vocation, leur rôle ? Un recrutement plus large intégrant des professionnels issus des territoires observés peut-il changer la perception des problématiques soulevées ? Les actes de cette rencontre sont prévus au premier semestre 2012. Les débats ont été riches, notamment sur l’influence du média sur le contenu. Si les journalistes audiovisuels et les journalistes de presse écrite n’ont pas nécessairement le même point de vue, Luc Bronner estime pour sa part que l’approche peut varier au sein d’un même journal, en fonction de la rubrique. La prise de position personnelle peut ainsi intervenir et apporter un nouvel éclairage, mais elle doit être distinguée d’un traitement objectif de l’information, sous forme de témoignage. ■ LES COORDONNATEURS DES CONTRATS LOCAUX DE SÉCURITÉ ET DE PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE – Groupe de travail À l’issue du groupe de travail qui réunissait les coordonnateurs du Conseil local de sécurité et de la prévention de la délinquance (Clspd) qui ont élaboré à la fin 2010 neuf préconisations pour une meilleure prévention de la délinquance en Seine-Saint-Denis, il avait été décidé de poursuivre en 2011 avec le lancement d’un nouveau groupe de travail. Les représentants du Forum ont regretté que l’information soit traitée de façon aussi rapide en passant à côté d’initiatives non médiatiques et pourtant nécessaires. Nordine Nabili a d’ailleurs souligné le clivage entre ce qu’il nomme le « pouvoir gris », qui contrôle les médias, et la nouvelle génération, a fortiori celle issue de l’immigration, qui ne se reconnaît ni dans les journalistes, ni dans le regard qu’ils portent sur elle. Pour le directeur de l’Esj de Bondy, la difficulté des classes populaires à accéder aux formations reconnues par la profession pour des questions économiques et sociales constitue un réel obstacle au renouvellement de la profession. Un questionnaire a donc été envoyé à l’ensemble des coordonnateurs afin de recenser leurs attentes concernant ce groupe de travail. Trois options ont été proposées : • un travail autour de la méthodologie de projet : diagnostic territorial, programmation, évaluation… ; • une approche de questions plus techniques : les observatoires, la vidéosurveillance, le diagnostic de sécurité… ; • un groupe portant sur des questions sociétales, politiques et/ou sociales : délinquance et pré- C’est pour palier ces effets, pour communiquer autrement et donner la parole aux jeunes et aux habitants que le Bondy Blog et l’atelier Dawa, 37 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 carité, le droit à la sécurité, la deuxième loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi II), la place du maire. À la suite des changements internes intervenus dans l’équipe de Profession Banlieue, ce groupe de travail n’a pu être mis en place en 2011, mais le sera en 2012. Les réponses ont mis en évidence que les coordonnateurs avaient besoin d’apport de connaissances et de réflexions aussi bien sur la conduite de projet que sur les questions techniques ou sociales. 38 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU F Exclusion sociale et accès aux droits ■ FEMMES ET PRÉCARITÉ – Cycle de qualification double mouvement: une situation d’instabilité ou de discontinuité imposée ou choisie sous contrainte, due au développement du temps partiel depuis les années 1990 pour lutter contre le chômage, avec son corollaire, une stabilité dans le sous-emploi et les emplois non qualifiés. En effet, 82 % des emplois à temps partiel sont dévolus aux femmes et 31 % des femmes travaillent à temps partiel (contre 6 % pour les hommes). Si on observe l’emploi des femmes, on constate qu’il a cessé de progresser depuis les années 1990 en équivalent temps plein. À cela, on peut ajouter que les écarts de salaires entre les hommes et les femmes résistent (25 % en moyenne), que près de 80 % des bas salaires sont attribués à des femmes et que 26,8 % des femmes ont un bas salaire (10,4 % des hommes). L’évolution des structures familiales n’est pas non plus sans conséquences. Le congé parental de trois ans est à 99 % pris par des femmes et, après six années, la réinsertion pose des difficultés; les femmes sont alors dépendantes de leur mari. Dans les cas de rupture familiale, elles basculent vers la pauvreté. Quant à l’étape de la retraite, il est évident que plus les revenus sont bas, plus la retraite est faible. 18, 25 novembre et 2 décembre – 22 participants AVEC : Philippe Avez, directeur, C2di, Sylviane Le Clerc, chargée de mission droits des femmes et égalité, direction départementale de la cohésion sociale, Patricia Léger, directrice, Amicale du nid, Seine-Saint-Denis, Françoise Milewski, chercheure, Ofce (Observatoire français des conjonctures économiques, Sciences Po), Caroline Portes, directrice, Tissons la solidarité, Dominique SaintMacary, responsable études et statistiques, Secours catholique. Sexisme, inégalité, emploi morcelé, retraite… la liste des inégalités que subissent les femmes est longue. Dans un rapport intitulé Les Inégalités entre les femmes et les hommes : les facteurs de la précarité, publié en 2005 à la Documentation française, Françoise Milewski s’intéresse à la dimension sexuée de la précarité et rappelle le lien entre celle-ci et la structure familiale : c’est en effet encore sur les femmes que repose l’essentiel des tâches familiales. Le rapport de 2008 du Secours catholique pointe également le développement spectaculaire de la précarité au féminin, dont témoignent les situations des 80 000 femmes accueillies par le Secours catholique. Dominique Saint-Macary a décrit les femmes les plus touchées par la pauvreté : ce sont des très jeunes filles à la rue, des jeunes mères, des travailleuses pauvres, des mères chefs de famille monoparentale, les retrai- Même si la précarité n’est pas spécifique aux femmes, elle les concerne davantage du fait de leur situation de fragilité particulière sur le marché du travail. Les analyses traditionnelles de la précarité négligent trop souvent cette relation des femmes au marché du travail caractérisée par un 39 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 tées dont les pensions de retraite sont bien souvent très faibles, les femmes isolées… La présence d’enfants peut également être un facteur de précarité (ils sont une limite aux possibilités et aux conditions d’emploi), mais, en même temps, ils peuvent être vecteur d’intégration et de socialisation, et les solidarités familiales s’exercent plus facilement vis-à-vis des femmes avec enfants. méthode s’adresse principalement aux demandeurs d’emploi les plus éloignés du marché du travail, notamment les bénéficiaires du Rmi. Elle s’appuie sur les compétences qu’a toute personne désireuse de travailler, même si elle est non qualifiée et non diplômée, l’objectif étant un contrat à durée indéterminée à temps complet. Caroline Portes a présenté pour conclure le réseau Tissons la solidarité, qu’elle dirige. Ce réseau fédère et anime 70 structures d’insertion par l’activité économique investies dans le recyclage du vêtement de seconde main et accueille dans ses structures majoritairement des femmes, salariées sous la forme de contrats aidés. Dominique Saint-Macary a présenté un tableau des dépenses d’une femme seule avec enfant qui a un revenu mensuel de 650 euros hors aide au logement. Les dépenses contraintes (loyer, gaz, eau, électricité, assurances, transport, téléphone…) sont estimées à 425 euros. Il lui reste donc 225 euros pour des dépenses dites souples (habillement et alimentation) qui ne sont pas couvertes en totalité. N’entrent pas dans le calcul la santé hors remboursements, les imprévus, les loisirs… L’endettement est inéluctable. Les travaux issus de ce cycle seront publiés en 2012 dans la collection Les Cahiers. ■ LES ATELIERS SANTÉ VILLE – Groupe de travail Aujourd’hui, l’égalité entre les hommes et les femmes est inscrite dans toutes les politiques publiques. Elle est également une priorité clairement affirmée par la Communauté européenne et par l’Organisation des Nations unies. Sylviane Le Clerc a retracé les évolutions législatives en la matière. Elle a également rappelé l’importance d’avoir des statistiques genrées qui seules peuvent révéler les problèmes spécifiques des femmes. Mais, encore aujourd’hui, l’approche intégrée n’est pas entrée dans les mœurs. Elle bute sur les stéréotypes. Il faut une volonté particulière des services pour avancer. C’est le rôle des chargées de mission aux droits des femmes et à l’égalité de promouvoir l’égalité professionnelle, le respect du droit des femmes et la représentation de la femme dans la société. ANIMATION : Chantal Mannoni, médecin de santé publique et de médecine sociale. L’accompagnement des coordonnateurs des ateliers santé ville (Asv), mis en place depuis la création de la démarche en lien avec les différents partenaires du département, se poursuit. En 2011, le souhait était de continuer à approfondir la réflexion sur le métier de coordonnateur Asv (son rôle, l’évolution des partenariats, la place des élus) afin de renforcer sa place dans les enjeux posés par les inégalités sociales et territoriales de santé tout en tenant compte du contexte des politiques de santé publique avec la mise en place des contrats locaux de santé (Cls). À rebours de ce sombre tableau, nombre d’acteurs investis auprès des femmes pointent leur grande capacité à se mobiliser quand on leur propose une intervention éducative ou un accompagnement social qui leur permettent d’imaginer d’autres futurs possibles. C’est le cas de C2di, à Aulnay-sous-Bois, dont le directeur, Philippe Avez, a développé des outils de retour à l’emploi et notamment la méthode Iod (Intervention sur l’offre et la demande), qui agit sur les pratiques de recrutement des employeurs. La Lors de la première réunion, Luc Ginot, conseiller médical du pôle santé publique à la délégation territoriale départementale (Dt 93) de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France (Ars) a fait un point général d’information sur les Cls et la place de la démarche Asv Dans ce cadre, il a alors été décidé d’organiser ultérieurement une réunion spécifique avec les élus et les directions des villes autour des Cls. 40 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU La question des droits – accès aux droits, accès aux soins – a été abordée dans la séance d’avril. Les échanges se sont construits à partir de plusieurs présentations d’actions : la question de la domiciliation des personnes sans domicile fixe ou sans papiers avec l’Asv de Saint-Denis ; l’accompagnement des personnes bénéficiaires des Restos du cœur (informations collectives, accès aux bilans de santé…) avec l’Asv de Bondy ; l’action mise en place par l’Asv du Blanc-Mesnil pour faciliter l’accès aux droits (mutuelle) et aux soins des publics en situation de précarité. gique et des conseils administratifs et/ou financiers adaptés aux besoins de chaque coordonnateur. Cet appui a été animé conjointement par Chantal Mannoni, médecin de santé publique, Martine Dalet, chargée de mission promotion de la santé et politique de la ville à la Dt 93 de l’Ars et Profession Banlieue. Les coordonnateurs peuvent assister à ces réunions, accompagnés des partenaires de leur choix. Onze villes différentes ont participé à ces journées. Début mai, une quarantaine de personnes – élus, directions des villes, coordonnateurs Asv et chefs de projet Cucs – étaient réunies en présence de Laurent El Ghozi, de l’association Élus, santé publique et territoire, et Luc Ginot, de la Dt 93 de l’Ars d’Île-de-France, pour débattre des articulations entre la démarche Asv, les plans locaux de santé, les contrats locaux de santé (Cls), la place des coordonnateurs et les dynamiques en œuvre au sein des collectivités locales. À la suite de cette réunion, le groupe de travail a décidé de rédiger un document synthétique destiné aux professionnels et aux décideurs : le « Mémo démarche atelier santé ville et programmation locale de santé - Plan local de santé et contrat local de santé » a été mis en ligne en septembre 2011. • LA PARTICIPATION AUX COMITÉS DE PILOTAGE DES CONTRATS LOCAUX DE SANTÉ (CLS) Profession Banlieue a participé aux comités de pilotage de collectivités de la Seine Saint Denis qui élaborent des Cls, notamment à Aubervilliers, Aulnay-sous-Bois, Bondy, Épinay-sur-Seine, La Courneuve et Saint-Denis. Y sont associés des professionnels du territoire (acteurs de terrain notamment, en lien direct avec les populations), leurs partenaires et l’Ars. Les quatre premiers Cls du département (Aulnay-sous-Bois, Épinay-surSeine, Saint-Denis et Stains) ont officiellement été signés le 2 décembre 2011. ■ LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS – Formation - action Au fil des réunions, la nécessité de renforcer les interfaces avec le Cucs et les passerelles entre la démarche Asv et les autres volets du Cucs est apparue. La séance d’octobre, qui a réuni chefs de projet et coordonnateurs Asv, a permis de faciliter les échanges entre ces professionnels, mais aussi de faire progresser la réflexion sur l’intégration des Asv au sein des Cucs. • 8 novembre – Épinay-sur-Seine – 11 participants • 15 novembre – Aubervilliers – 11 participants • 22 novembre – Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis – 25 participantes • 17 janvier 2012 – La Courneuve – 17 participants • LE SOUTIEN AUX COORDONNATEURS AVEC : Claude Ruche, directeur de l’Afic (Accueil et formation pour l’intégration et la citoyenneté), Véronique Dessen Torres, consultante associée du cabinet Geste. Des journées de soutien individuel aux nouveaux coordonnateurs et aux coordonnateurs rencontrant ponctuellement des difficultés ont été organisées de mars à octobre 2011 à la Dt 93 de l’Ars d’Île-de-France. Cette initiative, proposée depuis 2005, comprend un soutien méthodolo- Profession Banlieue s’est engagé depuis 2005 dans un programme de formation à la lutte contre les discriminations. Initialement destinées 41 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 aux intermédiaires de l’emploi et aux travailleurs sociaux, ces journées de sensibilisation se sont ouvertes depuis 2010 à l’ensemble des professionnels d’une ville travaillant auprès de publics potentiellement discriminables. Cette année, les femmes-relais médiatrices des associations de la Seine-Saint-Denis ont bénéficié de cette formation, outre les agents d’accueil, les animateurs des services jeunesse, les assistantes sociales et les cadres de trois villes du département : Épinaysur-Seine, Aubervilliers et La Courneuve. d’un administré) ou lorsqu’ils font eux-mêmes l’objet de discrimination. Sont alors discutés les moyens d’agir pénalement contre ces discriminations. À l’issue de cette formation, les participants sont partis avec davantage de questions qu’à leur arrivée, mais, selon leurs dires, mieux armés pour lutter contre les discriminations, notamment par les actions préventives qu’ils peuvent initier à leur échelle. Au-delà d’une transmission théorique de savoirs sur la discrimination, ces journées inscrivent les professionnels dans une dynamique d’échanges, leur permettant de sortir de leur isolement. En 2011, ces journées prenaient un caractère un peu exceptionnel puisque c’était le dixième anniversaire de la loi du 16 novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations. Une raison supplémentaire pour Profession Banlieue de poursuivre son action de sensibilisation afin de renforcer le réseau de professionnels mobilisés sur ces questions. ■ LES EFFETS DU LIEU DE RÉSIDENCE SUR L’ACCÈS À L’EMPLOI. UNE APPROCHE EXPÉRIMENTALE DE LA DISCRIMINATION TERRITORIALE – Après-midi Ces journées ont été animées soit par Claude Ruche soit par Véronique Dessen Torres. 13 janvier – 24 participants La sensibilisation des participants s’est déroulée sur une journée : la matinée a été dédiée à la compréhension des notions sous-jacentes à la discrimination (racisme, xénophobie, injustice, préjugés) et à la découverte de ses bases législatives. Quelques exercices présentant des situations concrètes ont permis aux participants de réfléchir collectivement à l’existence ou non d’une discrimination. Cet outil ludique d’étude de cas a amorcé de vives discussions notamment sur le sentiment de discrimination ou d’injustice et permis de prendre conscience que nous sommes tous porteurs de préjugés. AVEC : Pascale Petit, maître de conférences à l’université d’Évry-Val d’Essonne et chercheure associée au Centre d’études de l’emploi (Cee). Depuis plus d’une dizaine d’années, une quinzaine d’universitaires, français et étrangers, travaillent sur le sujet de l’évaluation des discriminations à l’embauche. L’étude présentée ici sur la discrimination à l’embauche en Île-deFrance à l’encontre des jeunes a été réalisée avec cinq universitaires membres de la fédération de recherche Territoires, emploi et politiques publiques (Tepp, Cnrs) dirigée par Yannick L’Horty, dont l’un des cinq programmes structurants est l’évaluation des origines de ces discriminations. Au cours de l’après-midi, les participants ont été amenés à exposer des situations de discrimination auxquelles ils ont été confrontés, dans le cadre professionnel ou personnel. Ces moments sont l’occasion d’interroger les représentations de chacun et de comprendre à quel moment elles peuvent être source de discrimination. Ils permettent également aux participants d’exprimer leurs difficultés et la souffrance ressentie quotidiennement, lorsqu’ils sont accusés dans leur quotidien d’être discriminants (quand ils ne peuvent répondre positivement à une requête L’objectif de l’étude était d’analyser s’il existait une discrimination à l’embauche réelle liée au lieu de résidence et, le cas échéant, d’examiner quel(s) public(s) cette discrimination affectait. L’hypothèse de départ était que la discrimination territoriale, si elle existe, n’était peut-être pas comparable selon que l’on est un homme ou une femme ou selon que l’on est d’origine fran- 42 1. DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE ET MISE EN RÉSEAU çaise ou étrangère. La méthode mobilisée a été celle du testing scientifique en utilisant le test d’accès aux entretiens d’embauche. Trois lieux de résidence ont été choisis, dans le Val-d’Oise, proches géographiquement (pour contrôler l’éloignement domicile-travail), à partir d’indicateurs économiques et de leur réputation : Enghien-les-Bains (réputée favorisée), Sarcelles (réputée défavorisée) et Villiers-le-Bel (réputée défavorisée et ayant de surcroît connu les émeutes urbaines, très médiatisées, de 2007), en examinant ce qui se passait pour un homme ou une femme français d’origine française ou français d’origine étrangère. le développement général de l’emploi en articulant le développement de l’emploi et la croissance économique pour dynamiser le marché du travail ; lutter contre la sélectivité du marché du travail en facilitant l’accès à l’emploi de ceux qui ont des difficultés. Cette politique se traduit par des actions diverses : des incitations en direction des employeurs pour qu’ils augmentent leurs effectifs ou recrutent certaines catégories d’actifs ; des incitations pour que les personnes travaillent sur des emplois même très précaires ; des mesures en direction des publics en difficulté sur le marché de l’emploi pour mieux les insérer dans l’emploi par des actions de formation. Comment se décomposent les résultats ? Pour un sexe et un lieu de résidence donnés, l’origine seule n’est généralement pas discriminante, mais la discrimination liée à l’origine existe bien. La discrimination liée au sexe existe et s’exerce selon des modalités complexes. La discrimination liée au lieu de résidence affecte exclusivement les femmes. Ainsi, les effets liés à l’origine et au lieu de résidence ne semblent pas se cumuler, hormis pour les candidats d’origine française et qualifiés s’ils résident dans un territoire défavorisé. Ces différentes mesures s’inscrivent toutes dans le budget 2011 de la politique de l’emploi de l’État, tantôt au titre de la réduction, pour les employeurs, des coûts de l’emploi, tantôt au titre des aides directes sur l’emploi des personnes en difficulté, notamment sur l’emploi public. La présentation du budget « Travail et emploi » 2011 est en ligne sur le site de Profession Banlieue, rubrique Publications à télécharger. La publication est téléchargeable sur le site de Profession Banlieue, rubrique Les Après-midi. ■ LES POLITIQUES DE L’EMPLOI AUJOURD’HUI – Après-midi 8 février – 42 participants AVEC : Bernard Simonin, directeur de recherche au Cnrs, responsable des études, de l’évaluation et des statistiques à la Drtefp d’Île-de-France. En introduction, Bernard Simonin a rappelé que la politique publique de l’emploi existait depuis l’après-guerre mais s’était véritablement développée au milieu des années 1970 avec la montée du chômage. Cette politique a toujours oscillé entre deux objectifs principaux : favoriser 43 2 MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT A L’animation des réseaux ■ RÉSEAUX D’ÉCOUTE, D’APPUI ET D’ACCOMPAGNEMENT DES PARENTS L’animation du Réaap de la Seine-Saint-Denis passe par la mise en place de différents outils et instances de travail : À la demande de la Ddass de Seine-Saint-Denis, devenue aujourd’hui direction départementale de la cohésion sociale (Ddcs), Profession Banlieue anime, depuis mars 2000, le réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents qui s’est mis en place sur le département dans le cadre de la circulaire du 9 mars 1999 du ministère de l’Emploi et de la Solidarité et de la Délégation interministérielle à la famille. Il s’agit pour Profession Banlieue de créer une dynamique de réseau pour favoriser la réflexion et l’échange d’expériences autour du soutien aux parents dans leur fonction éducative, sur la place et le rôle respectifs des parents et des professionnels. • LA LETTRE TRI-ANNUELLE, « PARENTALITÉS » (26 numéros depuis novembre 2001), diffusée à plus de 3 000 exemplaires et mise en ligne sur les sites Internet du Réaap 93 (http://reapp93.free.fr) et de Profession Banlieue. Parentalités est à la disposition de tous les acteurs intervenant auprès des enfants et de leurs parents afin d’informer sur les multiples actions menées, soutenues par le Réaap dans le département. Le comité de pilotage du Réaap est composé de la Ddcs, de la Caisse d’allocations familiales, du Conseil général, de l’Éducation nationale, de la direction départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse, de la Fédération des centres sociaux, de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques, de chefs de projet des contrats urbains de cohésion sociale et de Profession Banlieue. Ce réseau est piloté par la Ddcs et animé par Profession Banlieue. Il se réunit tous les deux mois. C’est au cours de ces réunions que sont décidées les actions du Réaap en référence aux circulaires de la Délégation interministérielle à la famille. En 2011, le comité de pilotage s’est réuni quatre fois. • LES RENCONTRES LOCALES ENTRE LES ACTEURS DE TERRAIN (ASSOCIATIONS, INSTITUTIONS ET ORGANISMES PORTEURS DE PROJET). La onzième soirée rencontre s’est déroulée le 13 décembre 2011 à la Maison de quartier La Plaine à Saint-Denis en fin de journée, afin de permettre aux parents d’être présents. Dix villes étaient concernées : Aubervilliers, La Courneuve, L’Île-Saint-Denis, Épinay-surSeine, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, SaintOuen, Stains et Villetaneuse. 45 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Deux réunions avaient préparé cette rencontre qui a réuni 105 personnes, dont 35 parents accompagnés de 17 enfants. Un système de garde d’enfants avait été organisé au sein du centre social, permettant aux parents d’enfants en bas âge d’assister à la soirée et l’association Déchets d’art avait prévu une animation pour les plus grands. L’horaire de 18 heures s’est avéré une initiative positive. Les participants se sont répartis dans les quatre ateliers proposés : – Accompagner les transitions ; – Cuisiner en famille ; – Je ne suis pas qu’un parent ; – Parents d’enfants handicapés. venir l’expérimenter sur scène en remplaçant ou en ajoutant le personnage de son choix. • LA JOURNÉE DES PORTEURS DE PROJET 27 juin – 55 participants AVEC : Salem Belkessam, inspecteur de l’action sanitaire et sociale, et Blandine Georjon, directrice adjointe, direction départementale de la cohésion sociale, Fabienne Brugel, compagnie Nous n’abandonnerons jamais l’espoir (Naje), MarieLaure Guettaï, responsable et Catherine Mayen, attachée, bureau prévention de l’Aide sociale à l’enfance, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Dominique Levet, coordonnateur pédagogique, Inspection académique, Monique Pham Van, conseillère d’éducation populaire et de jeunesse, Mission d’accueil et d’information des associations (Maia), Stéphane Rouvé, préfet délégué pour l’égalité des chances, Jean-Pierre Tourbin, président, et Gaëlle Choquer-Marchand, directrice des prestations et du service de l’allocataire, Caf de la Seine-Saint-Denis. Autant de thèmes qui ont permis aux parents et aux professionnels de se retrouver, de mieux se connaître et d’échanger. Comme chaque année, le pot de l’amitié reste un moment festif où se prolongent les débats. • LE JOURNAL « LES SOIRÉES DU RÉAAP » Un huit pages, tiré à plus de 3 000 exemplaires et mis en ligne sur les sites Internet du Réaap 93 (http://reapp93.free.fr) et de Profession Banlieue. L’objectif de cette rencontre était de rappeler les origines et le contexte de la création des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, d’évoquer leurs objectifs et les évolutions depuis leur création, leurs liens avec les Pre et les Cucs. Pour celui de la Seine-Saint-Denis, il s’agissait également de pointer l’articulation et la complémentarité qui existent entre les membres du comité de pilotage lors du dépôt et de l’instruction des demandes de subvention. À cet effet, les membres du comité de pilotage ont pris tour à tour la parole pour expliquer leurs attentes, leurs modes de fonctionnement et d’instruction des dossiers. Les Soirées du Réaap reprennent les synthèses des différentes expériences présentées lors de la soirée rencontre, pour être largement diffusées auprès des acteurs et des villes concernés. • LES INTERVENTIONS DE THÉÂTRE-FORUM Durant l’année scolaire 2010/2011, le comité de pilotage du Réaap de Seine-Saint-Denis a soutenu les projets d’intervention du théâtre-forum « Entrée de jeu » sur la question des relations école/famille dans huit collèges du département en lien avec des associations de proximité. Entrée de jeu propose un spectacle interactif : une courte pièce de 15 minutes présente différentes situations problématiques sur un thème donné. Les situations sont alors jouées une deuxième fois et le spectateur peut interrompre le jeu à tout moment pour proposer une solution et Après un large temps d’échange entre les porteurs de projet et le comité de pilotage, Fabienne Brugel, en s’appuyant sur des méthodes interactives conviviales, a pris en charge l’animation pour les amener à réfléchir sur ce qui fait réseau et pour échanger des réflexions à partir de leurs actions. 46 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT ■ LA MÉDIATION SOCIALE filière de formation des métiers de la médiation sociale, allant du niveau V au niveau II, pour faciliter les possibilités de mobilité et de promotion, ou la création d’un tableau de concordance des diplômes auprès des commissions compétentes, pour favoriser les équivalences de diplômes permettant de se présenter aux concours de la fonction publique territoriale. Enfin, une préconisation concerne l’inscription des métiers de la médiation sociale dans les conventions collectives des secteurs employant des médiateurs. • COMITÉ DE PILOTAGE POUR LA RECONNAISSANCE DE LA MÉDIATION SOCIALE Profession Banlieue a participé au groupe de travail interministériel sur la reconnaissance de la médiation sociale. Ce groupe rassemblait le secrétariat général du Comité interministériel des villes (Sg-Civ), la Direction générale de l’action sociale, la Direction générale des collectivités locales, l’Acsé, l’Afpa, le Centre national de la fonction publique territoriale (Cnfpt), Profession Banlieue, la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis et France Médiation. Les travaux du groupe ont montré que la médiation sociale constituait un secteur en plein développement, pouvant générer un nombre important d’emplois de médiation dans les domaines du logement, du transport, de l’économie sociale, de l’éducation, de la gestion de l’espace public, de la santé… Le rapport reprend les conclusions du groupe de travail : sur la définition du métier et les conditions de son exercice, sur les secteurs d’activité, la formation et la professionnalisation des médiateurs, mais aussi sur le portage des emplois et leur financement. Il formule dix propositions dont la mise en œuvre peut être rapide, propositions validées par le Comité interministériel des villes du 18 février 2011. Le rapport s’intéresse enfin à l’organisation de la médiation sociale et propose de « favoriser le développement de portages mutualisés des emplois de médiation sociale dans le cadre d’une démarche territoriale incluant les sites politique de la ville et permettant de garantir leur solvabilisation et leur pérennisation ». Depuis septembre, le groupe de travail se réunit sous l’autorité du Sg-Civ pour suivre la mise en œuvre opérationnelle de ces propositions. Le rapport a été publié par le Sg-Civ : « Médiation sociale : pour la reconnaissance d’un métier » et est en ligne sur le site de Profession Banlieue, rubrique À propos des femmes-relais. • FRANCE MÉDIATION France Médiation, réseau national des médiateurs sociaux, a été créé le 19 mai 2008. Profession Banlieue et la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis ont été associés à cette création, afin que la médiation sociale et culturelle y ait toute sa place. Bénédicte Madelin, directrice de Profession Banlieue, en est viceprésidente. Les objectifs de France Médiation rejoignent ceux de la Fédération, notamment sur la reconnaissance du métier de médiateur social et la volonté de professionnaliser ces emplois. Parmi ces propositions, il faut retenir deux priorités : la mise en place d’un « outil d’observation et de suivi permanent de l’évolution des emplois de médiation sociale, associant notamment le ministère chargé de la Ville, le ministère chargé de l’Emploi, le ministère chargé des Affaires sociales et le Cnfpt » ; « l’adhésion systématique des employeurs à la charte de la médiation sociale ». Plusieurs propositions portent sur la mise en place d’une formation initiale et continue des médiateurs. Il est prévu de mobiliser les financements de la formation professionnelle et les organismes paritaires collecteurs agréés (Opca), en vue de construire une offre complète et diversifiée proposant notamment des parcours de professionnalisation. Sont également prévues la création d’une Ce réseau a plusieurs objectifs : • fédérer et représenter l’ensemble des dispositifs de médiation sociale, publics, parapublics et privés, qui souhaitent promouvoir la médiation sociale sur leur territoire ; 47 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 • favoriser le développement et la reconnaissance de la médiation sociale en développant les échanges de savoirs et de pratiques entre les adhérents ; • faciliter l’accès à toutes les formes de connaissance et de savoir-faire sur les différents domaines touchant la médiation sociale, par des publications, des recherches, des formations professionnelles et des démarches d’évaluation. leur origine, n’accèdent pas aux mêmes droits, les participants à l’atelier se sont interrogés pour savoir si cette condition était suffisante pour développer la démocratie locale. Il est apparu que, en apportant des éléments de connaissance et de compréhension des fonctionnements sociaux et institutionnels, la médiation sociale permet aux usagers d’accéder à une forme d’autonomie et que cet accès à la connaissance est un préalable puisqu’il autorise chacun à se situer librement. Mais la médiation sociale favorise-t-elle pour autant le passage des droits individuels à l’expression collective? Cela semble moins évident. Les participants se sont néanmoins accordés pour dire que, a minima, la médiation redonne confiance aux personnes les plus en difficulté dans les valeurs d’égalité et de justice sociale. Les Assises nationales de la médiation sociale Ces Assises, organisées par France Médiation les 12 et 13 décembre, avec le soutien de la ville de Lyon, ont réuni près de 300 participants dans l’objectif de conforter « l’approche innovante de la médiation sociale dans les évolutions sociétales, [d’]échanger les expériences et [d’]aboutir à la remise de propositions concrètes aux pouvoirs publics ». Les propositions issues de ces Assises seront remises à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2012. Elles étaient notamment organisées autour d’ateliers qui devaient élaborer les propositions : • Comment la médiation peut-elle participer à l’attractivité des territoires ? • LA FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS DE FEMMES-RELAIS DE SEINE-SAINT-DENIS • Quels sont les cadres et conditions de coopération des médiateurs sociaux avec les autres acteurs sur les territoires ? Profession Banlieue assure l’animation de la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis dans la poursuite des actions de formation et dans la mise en place de ses orientations de travail. À ce titre, le centre de ressources a pris en charge l’animation du groupe de travail sur l’évaluation de l’utilité sociale de leur intervention (voir p. 18). • Comment la médiation sociale peut-elle aider les habitants à être acteurs de la cité ? • Comment la médiation sociale peut-elle apaiser les tensions, former la population à une citoyenneté, et améliorer la relation école/ famille ? Par ailleurs, Profession Banlieue, avec la Fédération des associations de femmes-relais de SeineSaint-Denis, a repris ses interpellations pour la reconnaissance des médiatrices sociales et culturelles au-delà du dispositif des adultes-relais. Un courrier a été adressé en ce sens au secrétaire général du Conseil interministériel des villes. Il souligne tout d’abord les difficultés des associations qui portent les emplois de médiation et « la diminution dramatique du nombre de médiatrices qui bénéficient de postes d’adultes-relais en Seine-SaintDenis. Elles étaient une quarantaine en 2001-2002, elles sont aujourd’hui une petite trentaine. Cette di- • Quel partenariat établir entre les différents acteurs locaux autour d’un projet de médiation sociale sur un territoire ? Quels moyens pour pérenniser la médiation sociale ? Profession Banlieue avait en charge le troisième atelier, qui portait sur la participation des habitants et la démocratie locale. Partant du constat qu’il ne peut y avoir de démocratie réelle si tous les habitants d’un même territoire, quels que soient leur niveau de richesse ou d’instruction et 48 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT minution n’est pas le résultat d’une transformation des postes adultes-relais en emplois de droit commun, ce n’est que le reflet des difficultés financières de ces associations. Cela entraîne un moindre service auprès des populations dans les quartiers ». participation très concrète à la vie de l’association permet de prendre toute la mesure des difficultés que rencontrent les associations de médiation sociale, et plus généralement toutes les associations de proximité, pour faire face aux évolutions des politiques publiques, notamment en termes de procédures et de dispositifs. Ce courrier se poursuit sur l’échéance de la fin 2012, date à laquelle prennent fin de nombreuses conventions. Il insiste sur l’effort de formation qui avait été fait pour les médiatrices et sur la qualité du service rendu : « Chaque fois que tel ou tel décideur découvre leur travail, il applaudit. Il sait que nombre de projets n’auraient pu aboutir sans une intervention des médiateurs et médiatrices. Qui mesurera le gâchis entraîné par la nonreconnaissance et la précarité des médiatrices sociales et culturelles qui exercent leur activité depuis douze ans, qui ont bénéficié de formations spécialement adaptées, savent gérer les problèmes des quartiers, et sont reconnues des partenaires administratifs et institutionnels et aussi de la population? ». Aussi ce courrier se termine-t-il en demandant « que soient renouvelées les conventions des médiatrices en poste, même depuis douze ans, tant qu’une solution ne sera pas trouvée concernant un financement de droit commun sur ces missions dont tous les pouvoirs publics reconnaissent l’utilité ». Ce courrier a été suivi d’un rendez-vous avec Hervé Masurel (secrétaire général à la ville) et Stéphane Rouvé (préfet délégué pour l’Égalité des chances de Seine-Saint-Denis) afin de rechercher des réponses adaptées et sur le long terme. En effet, pour la Fédération, au-delà du renouvellement des conventions, c’est la reconnaissance effective des métiers de la médiation sociale qui est en jeu. • LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ARIFA Profession Banlieue est membre du conseil d’administration de l’Arifa, association des femmesrelais de Clichy-sous-Bois et Montfermeil. Cette 49 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 B Les autres missions d’accompagnement ■ AU NIVEAU DÉPARTEMENTAL 100 participants – chefs de projet Cucs, coordonnateurs Asv ou Pre, des délégués du préfet et quelques services déconcentrés de l’État – a été organisée autour de trois ateliers : • la connaissance du territoire : indicateurs, évaluation, besoins, diagnostic, • la conduite des projets de territoire par les différents acteurs, • les porteurs de projet : comment les positionner, les qualifier, les identifier et simplifier leur travail ? • LA CO-ANIMATION DES TERRITOIRES La mise en place du groupe de travail sur la coanimation des territoires a été une réponse du préfet délégué pour l’Égalité des chances à une demande des chefs de projet qui s’interrogeaient sur la place de l’État dans la politique de la ville, en particulier celle des délégués du préfet. Compte-tenu des objectifs et priorités qui peuvent être différents entre les services de l’État et ceux de la municipalité, comment élaborer une stratégie d’intervention commune ? Selon leur proximité ou leur spécialisation, quelle est la légitimité des acteurs à établir un diagnostic territorial ? Comment l’État peut-il intervenir pour faire valoir également ses priorités ? Chaque atelier avait pour consigne de faire trois, voire quatre propositions. Sur la question de la connaissance du territoire, les membres de l’atelier ont souligné la difficulté de la collecte des données du fait d’informations très évolutives mais aussi en raison du niveau territorial sollicité. Ils ont souligné la multiplication des évaluations mais constaté que celles-ci n’étaient pas partagées par les différents partenaires. Comment dans ces conditions améliorer une connaissance partagée des territoires ? Composé de huit chefs de projet, de six délégués du préfet, des délégués territoriaux et de quelques services déconcentrés de l’État, ce groupe de travail était animé par la direction départementale de la cohésion sociale (Ddcs) et Profession Banlieue. Il avait pour objectif de clarifier le rôle de chacun et de proposer des méthodes de travail communes à présenter en juillet lors d’un séminaire associant le préfet et les élus. Il était ainsi amené à formuler des propositions sur la façon dont les relations entre les différents partenaires de la politique de la ville pourraient être organisées. L’atelier sur la conduite des projets de territoires a réaffirmé la nécessité d’avoir une définition commune de ce qu’est un projet de territoire, rappelant les difficultés qui se posent autour des hiérarchies professionnelles, de la gouvernance, des missions des différents acteurs et des cadres professionnels (déontologie). Il a appelé à construire des équipes de projet pluridisciplinaires et à redonner du sens aux différents dispositifs de la politique de la ville, notamment Le séminaire de juillet a été un point d’étape. Présidé par le préfet délégué pour l’Égalité des chances, cette journée qui a regroupé plus de 50 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT par un appel à projets commun (Cucs, Asv, programme Ville-Vie-Vacances) ou par le rattachement du volet urbain. Il a enfin préconisé un référentiel partagé pour l’évaluation sur le territoire. Autant de propositions qui n’auront du sens « que si [elles] sont inscrites dans un avenant qui prenne en considération l’évolution du territoire, l’arrivée de nouveaux acteurs et le nouveau mode de partenariat ». • LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL DE LA JEUNESSE Animation recherche-action La direction de la jeunesse du Conseil général a décidé d’engager une dynamique de diagnostic territorial pour améliorer sa connaissance de la jeunesse du département à travers les représentations qu’ont les jeunes d’eux-mêmes et de leurs conditions de vie et celles qu’en ont les professionnels. Ce travail « résulte du double constat d’un déficit de coordination et de concertation entre les structures de jeunesse sur le département et d’un réel manque d’information pour les jeunes séquano-dionysiens. S’inscrivant sur trois années, [ce diagnostic territorial] permet d’engager un véritable travail de fond partagé avec le plus grand nombre d’acteurs. Il s’agit donc d’identifier et de permettre la coordination des acteurs et des dispositifs et d’analyser le regard porté sur la jeunesse afin de proposer des solutions innovantes et cohérentes pour les acteurs de terrain et pour la jeunesse. » Enfin, le troisième atelier, qui portait sur l’identification des porteurs de projet, a proposé que l’appel à projets soit présenté dans le cadre d’une réunion co-animée par la ville et l’État. Il s’est également interrogé sur la complexité croissante des documents administratifs, sur la formation des associations et le nécessaire accompagnement des porteurs de projet, ou encore sur l’intérêt des commissions locales interpartenariales. Les différentes propositions allaient toutes dans le sens d’une « RGPP des dispositifs ». En conclusion de ces trois ateliers, il ressortait que, pour donner du sens à ces projets contractuels, il était nécessaire d’aller au-delà du partage de l’information. La conduite du projet, l’évaluation, le portage du contrat sont autant d’éléments qu’il serait intéressant et utile d’élargir aux autres pouvoirs publics : conseil général, conseil régional, Caf, bailleurs… Un premier état des lieux des dispositifs existants et un questionnaire envoyé à de très nombreux acteurs ont permis de définir les axes de 4 groupes de travail en direction des professionnels des politiques jeunesse du département (services municipaux et départementaux, associations, missions locales…) afin de répondre aux objectifs du diagnostic et de définir collectivement les éléments d’une politique jeunesse prenant mieux en compte les aspirations des jeunes. Pour la poursuite de ces réflexions, il a été décidé d'ouvrir le groupe de travail à deux coordonnateurs Pre et deux coordonnateurs Asv, ces derniers s’inquiétant de la possible fusion de leur appel à projets dans le Cucs, dans un contexte où les questions de santé ne sont pas suffisamment prises en compte. 1. Quel sens donner à une politique jeunesse ? Trop souvent, une logique d’intervention par tranche d’âge domine dans l’organisation des services et des dispositifs. Quelle cohérence existe-t-il dans cette organisation segmentée ? Quelles articulations peuvent être pensées ? En conclusion de la journée, le préfet délégué annonçait qu’il ferait remonter certaines propositions au niveau national, en particulier celle d’un appel à projets commun à tous les dispositifs, tout en estimant que d’autres propositions pouvaient être mises en œuvre localement. À ses yeux, « les collectivités ont chacune leur logique, leur façon de travailler, leur histoire, un réseau propre. Aussi, l’État se garde bien d’arriver avec un dispositif clé en main et de l’imposer à l’ensemble du territoire ». 2. Accompagner les jeunes à prendre leur place dans la société Quel est le but d’une politique jeunesse si ce n’est amener les jeunes vers l’autonomie ? Comment se traduit cette prise d’autonomie ? De quelle manière l’encourager ? 51 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 3. La politique jeunesse : entre trop-pleins et vides Que ce soit sur les temps scolaires, lors de la pause méridienne, les soirs ou les week-ends, on constate une volonté forte de proposer des activités qui laissent peu de temps libre à l’enfant. Paradoxalement, la logique du « trou noir », pour les 12-16 ans, semble dominer… • LE COMITÉ DE SUIVI DE LA MAISON DE SANTÉ DE PROXIMITÉ FRANC-MOISIN – ACSBE Profession Banlieue participe depuis 2010 au suivi du projet de la Maison de santé de proximité (Msp) porté par l’Association communautaire Santé Bien-Être dans le quartier du Franc-Moisin à Saint-Denis. La Place Santé, centre de santé communautaire inauguré en novembre 2011, a pour objectif d’améliorer la santé des habitants du Franc-Moisin/Bel Air à travers une coproduction de l’acte de santé. 4. Jeunes et professionnels, une collaboration nécessaire dans l’élaboration des politiques jeunesse Les jeunes sont-ils une catégorie de population en difficulté, posant problèmes ? ou un potentiel de développement individuel et collectif ? Les groupes de travail se dérouleront de janvier à juin 2012. • LA MIEL (MAISON DE L’INITIATIVE ÉCONOMIQUE LOCALE) Profession Banlieue est administrateur de la Miel dont l’objet est de favoriser le développement des très petites entreprises (Tpe) et leur pérennisation sur Plaine Commune et Saint-Ouen. La restructuration de l’association en 2009 et 2010 a permis une stabilisation de l’équipe. L’année 2011 a vu le développement de rencontres professionnelles, qui permettent de professionnaliser les Tpe, de les faire entrer dans des réseaux, de les inscrire sur le territoire. • LE CODES 93 (COMITÉ DÉPARTEMENTAL D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ EN SEINE-SAINT-DENIS) Le dispositif du « Pôle régional de compétence » est inscrit dans les textes évoquant le schéma régional d’éducation pour la santé et correspond à la mise en commun des compétences régionales en éducation pour la santé, par la mise en synergie des opérateurs régionaux dans ce domaine. En Île-de-France, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) a retenu le réseau francilien des comités d’éducation pour la santé. Le Codes 93 a été chargé de constituer et de coordonner un comité de pilotage, regroupant des services de l’État, des collectivités territoriales, la Caisse primaire d’assurance maladie, ainsi que des associations comme Profession Banlieue, afin de définir et d’animer une culture commune de l’éducation pour la santé dans le département. • LE CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE PLAINE COMMUNE Profession Banlieue est représenté au Conseil de développement de Plaine Commune et a participé en 2011 à la commission « Budget », qui a travaillé sur le bilan de la première année de la réforme de la taxe professionnelle et sur les éléments de prospectives à partir des travaux du cabinet Klopfer. L’avis sur le budget a été reporté aux premiers mois de l’année 2012, le budget de Plaine Commune devant être voté au premier trimestre de cette même année. Cet avis prendra en compte les effets liés à la réforme de la taxe professionnelle. > www.codes93.org 52 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT • LE GROUPE DE TRAVAIL SUR L’ACCOMPAGNEMENT DES ASSOCIATIONS Profession Banlieue a également rappelé l’importance de tenir compte de la « capacité d’agir » des collectivités territoriales, mesurée par leur pouvoir d’achat. Compte tenu du mode de financement des collectivités locales et des dotations de péréquation, les collectivités ne sont en effet pas à égalité et cela a nécessairement des incidences notamment sur le volume de personnel en capacité de produire des projets. Ce groupe de travail, initié par la direction départementale de la cohésion sociale, est parti du constat que les différentes structures d’accompagnement (services municipaux, fédérations, Crib [Centre de ressources et d’information des bénévoles], Maia [Mission d’accueil et d’information aux associations]…) interviennent chacune en fonction de leurs spécificités. Leurs interventions peuvent aller de l’information à la formation, en passant par des conseils, du diagnostic, etc. Mais il semble que cette multiplication des lieux soit préjudiciable à l’accompagnement des associations. Enfin, Profession Banlieue a souligné l’intérêt des études qualitatives sur des sujets particuliers ; ainsi de l’exclusion scolaire, qui peut être très variable d’un territoire à un autre. Le schéma régional de prévention est un des trois schémas régionaux constitutifs du Projet régional de santé qui a été validé en décembre 2011. Aussi ce groupe a-t-il décidé de recenser l’ensemble des structures et leurs modalités d’intervention, en vue de rendre plus lisible et visible l’offre de services existants. • LE PROGRAMME RÉGIONAL D’INTÉGRATION DES POPULATIONS IMMIGRÉES (PRIPI) ET LE PLAN DÉPARTEMENTAL D’INTÉGRATION ■ AU NIVEAU RÉGIONAL Compte tenu de leur expertise du territoire, Profession Banlieue et les deux autres centres de ressources d’Île-de-France ont été sollicités pour être membres du comité de pilotage du Pripi. • LE GROUPE DE TRAVAIL DE L’ARS SUR LES PRIORITÉS TERRITORIALES DU SCHÉMA RÉGIONAL DE PRÉVENTION L’Agence régionale de santé (Ars) Île-de-France a sollicité Profession Banlieue pour participer au groupe de travail sur les priorités territoriales du schéma régional de prévention. Il s’agissait d’affiner la question des territoires pertinents pour la prévention. Quel territoire construit-on ? Pour quoi faire ? Mais c’est surtout au niveau départemental que Profession Banlieue a été le plus sollicité, par la participation à deux groupes de travail, l’un sur les formations linguistiques, l’autre sur l’insertion sociale et professionnelle des femmes issues de l’immigration. Ces deux groupes ont élaboré un certain nombre de fiches-actions, dont : « Renforcer l’articulation des offres de formation linguistique » ; « Mieux connaître les besoins d’accompagnement vers l’emploi des femmes signataires d’un contrat d’accueil et d’intégration » ; « Proposer des parcours d’accompagnement des femmes vers l’emploi » ; « Renforcer l’information des familles immigrées sur les modes de garde ». Profession Banlieue a surtout été appelé à intervenir sur la place des indicateurs qualitatifs et sur la nécessité de croiser certaines données quantitatives pour construire des indicateurs composites et créer de nouveaux indicateurs qui aient du sens : par exemple le « reste à vivre », un indicateur qui prendrait en compte les charges fixes incontournables (loyer, Edf, Gdf, eau) et les deplacements obligatoires, en fonction de la specificite des territoires (agglomeration parisienne, regions). Les trois autres axes du Plan départemental d’intégration portaient sur l’accès aux droits, l’édu- 53 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 cation et les migrants âgés dépendants en perte d’autonomie. • LES GROUPES DE TRAVAIL DU COMITÉ INTERMINISTÉRIEL DES VILLES En termes de pilotage de ce Plan, Profession Banlieue est associé au comité de pilotage départemental, chaque groupe de travail étant par ailleurs chargé du suivi de la mise en œuvre des actions qu’il a préconisées. Le secrétariat général du Comité interministériel des villes (Sg-Civ) a mis en place différents groupes de travail avec les centres de ressources afin de mobiliser leur expertise sur les questions traitées, mais aussi pour les inciter à investir ces sujets. Les groupes ont porté essentiellement sur l’accompagnement des expérimentations nationales : ■ AU NIVEAU NATIONAL • LA FORMATION DES DÉLÉGUÉS DU PRÉFET • Sur l’accompagnement post-relogement des ménages dans les opérations de rénovation urbaine. L’objectif de cette expérimentation était de « susciter des pratiques innovantes sur quelques sites, [de] procéder à leur évaluation et, si celle-ci s’avère positive, [de] les valoriser en vue de les développer ailleurs ». Les thèmes de cette expérimentation pouvaient concerner la veille sociale – en s’appuyant sur la mobilisation des acteurs du travail social (Ccas, services sociaux des conseils généraux, Caf) – ou la sensibilisation au « bien habiter ». L’expérimentation est actuellement en cours à Stains (au Moulin neuf). Profession Banlieue a été sollicité pour intervenir dans trois formations des délégués du préfet, dans la séquence portant sur le système d’acteurs dans la politique de la ville. Cette formation, portée par le Secrétariat général à la ville, se déroule sur quatre jours : une journée sur l’historique et les fondamentaux de la politique de la ville ; une journée en situation – trois ou quatre délégués du préfet accompagnent sur le terrain un de leurs collègues plus expérimenté – ; une journée d’analyse des situations vécues, où intervient Profession Banlieue ; une journée sur les relations avec les services de l’État et avec le corps préfectoral, les missions d’information, d’observation et d’évaluation. • Sur l’accompagnement des sorties de programme de rénovation urbaine. Le Civ de février 2011 a décidé, dans sa fiche action « Réussir l’accompagnement des quartiers rénovés », que la sortie du Pru s’appuyait sur deux phases : une phase de diagnostic, par l’élaboration d’un « plan stratégique local » (Psl) identifiant les enjeux urbains, sociaux, économiques et d’aménagement auxquels se trouve confronté le quartier au sortir de la rénovation urbaine ; une phase de détermination d’un programme d’actions, qui fera l’objet d’une « convention quartier rénové », autour de la gestion urbaine de proximité et de la tranquillité publique, de l’insertion par l’économique, de la diversification de l’offre de logements et de l’accompagnement des ménages post-relogement. Le groupe de travail, avec les centres de ressources, a élaboré un guide méthodologique d’élaboration des plans stratégiques locaux qui sera publié par le Sg-Civ début 2012. Le temps de travail animé par Profession Banlieue a pour objectif de permettre aux délégués de repérer le rôle, les logiques d’action et les contraintes des différents acteurs (services de l’État, collectivités locales, chefs de projet, associations, bailleurs…) ainsi que leur place dans le système d’acteurs. À l’issue de cette formation, les délégués devaient être en capacité de développer une compétence d’analyse du système d’acteurs, de comprendre leur place dans ce système et de déterminer les plus-values qu’ils peuvent apporter au sein de l’animation interministérielle et partenariale de la politique de la ville. 54 2. MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT • Sur la mise en place des avenants expérimentaux des Cucs. La mission des centres de ressources poursuit plusieurs objectifs, parmi lesquels : la diffusion des enseignements de l’expérimentation vers d’autres sites ainsi que le repérage des expériences d’autres sites pouvant alimenter la réflexion sur la mobilisation du droit commun ; l’animation des acteurs locaux ; la capitalisation et l’appui à la capitalisation via un site dédié « I-ville expé ». Cependant, les freins au développement durable sont nombreux : la capacité financière des collectivités locales, notamment pour faire « l’avance sur investissement » des surcoûts liés aux normes environnementales ; la faisabilité technique et la capacité des entreprises à construire en pensant la transformation d’usage des bâtiments ; l’irrigation voire l’investissement de l’ensemble des politiques publiques des principes du développement durable en matière de réduction des inégalités sociales et territoriales. • Sur l’observation et évaluation locales. Quatre centres de ressources, dont Profession Banlieue, ont été sollicités pour revisiter les indicateurs de la politique de la ville listés dans le « Guide de l’observation locale » 2008 et définir les indicateurs les plus pertinents au regard des besoins des acteurs des territoires, pour le suivi de l’évolution de la situation locale et le pilotage des actions. Ce travail est en cours. • LA PLATEFORME NATIONALE DE RESSOURCES DES ATELIERS SANTÉ VILLE À l’initiative du Sg-Civ, une étude avait été commanditée au Cresse (Collectif de recherches et d’études sanitaires, sociales et économiques) en 2010 pour recenser les besoins et enjeux des coordonnateurs Asv et définir ce que pourrait être une plateforme nationale de ressources. Trois centres de ressources, le Cr Dsu, Profession Banlieue et Villes au carré, ont été associés au comité de pilotage de cette étude et à la création de l’association qui en est issue. • LA PLATEFORME D’ÉCHANGES DÉVELOPPEMENT DURABLE ET REQUALIFICATION URBAINE Profession Banlieue a été associé à cette plateforme pilotée par le Commissariat général au développement durable (ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement) et animée par le Cstb (Conseil scientifique et technique du bâtiment). Les objectifs de l’association sont de : 1) contribuer à la réflexion sur la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé : – en diffusant les acquis des ateliers santé ville (Asv) en termes de démarche et de connaissance de la situation sanitaire et sociale des territoires ; – en menant un travail de capitalisation des dynamiques territoriales, des outils, méthodes et actions développés ; – en favorisant les échanges de pratiques et d’analyses sur les approches territoriales et thématiques des Asv ; L’objectif de cette plateforme est de faire un certain nombre de préconisations en termes d’orientations et de méthodes à partir des sites étudiés par le Cstb. Profession Banlieue a apporté sa contribution autour des questions d’inégalités sociales et territoriales, rappelant que le développement durable, par la revalorisation foncière qu’il permet, peut aggraver les ségrégations spatiales. Il est donc nécessaire de réaffirmer qu’« il n’y aura pas de développement durable sans réduction des inégalités sociales et territoriales » mais aussi que « le développement durable, en particulier dans les projets de renouvellement urbain, est une opportunité de réduire les inégalités : réduction des coûts de fonctionnement du logement par exemple ». 2) constituer un réseau national référent pour les acteurs locaux, régionaux et nationaux (politique de la ville, santé, social, urbanisme) ; 3) faciliter l’accès à l’information et aux ressources nécessaires au fonctionnement des Asv (textes 55 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 de référence, actualités, données, expériences, formations, bonnes pratiques…) ; La plateforme a donc initié deux opérations complémentaires : 4) être force de propositions et de ressources pour la recherche, l’innovation et l’expérimentation dans le cadre des dynamiques territoriales de santé. • Une réflexion prospective sur les transformations du champ du développement territorial et sur l’impact de celles-ci sur les métiers et les compétences ; L’assemblée générale constitutive s’est tenue en octobre. Profession Banlieue a occupé dans le bureau provisoire le poste du secrétariat général et a été reconduit dans cette fonction lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 janvier 2012 qui a validé les statuts de l’association. • Une recherche action portant sur les relations entre la formation et les milieux professionnels du développement territorial et, à travers l’examen de ces relations, sur les interactions entre emploi et formation. Les résultats sont prévus pour 2012. • LA PLATEFORME NATIONALE DES MÉTIERS DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL La plateforme nationale des métiers du développement territorial constate la difficulté de prendre la mesure d’une transformation rapide du champ du développement territorial et a fortiori d’anticiper ses conséquences à moyen terme sur les métiers et les compétences. Elle souhaite contribuer à travers ses travaux à une meilleure lisibilité des mouvements à l’œuvre, et notamment à éclairer les interactions entre la dynamique de développement de l’offre de formation et les transformations du champ du développement territorial. Il s’agit d’apporter des réponses concrètes aux questions des différents acteurs du développement territorial : • Les transformations/recompositions du champ du développement territorial remettent-elles en cause les métiers reconnus ? • Font-elles évoluer les compétences requises pour l’exercice de ces métiers ? • Comment assurer en continu une adaptation des compétences des professionnels aux évolutions des enjeux ? 56 2. LES MISSIONS D’ACCOMPAGNEMENT 3 CONTRIBUTION À DES INSTANCES NATIONALES PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 A Le Conseil national des villes Depuis 2006, Profession Banlieue est membre du Conseil national des villes, dans le collège des personnalités qualifiées. Cette participation représente une charge de travail, mais elle est aussi source de véritables apports dans les réflexions conduites par le centre. gents préfectoraux aux collectivités doit s’inscrire « dans une politique de solidarité intercommunale et dans un ensemble plus large de dispositions en faveur du logement, qui contribue à lutter contre les processus de ségrégation tout en proposant des solutions aux plus démunis » et devrait conduire à « se doter de critères unifiés d’attribution, harmonisés entre les acteurs d’un même territoire ». Le Cnv « rappelle que le développement dans la durée d’une politique du logement à vocation sociale passe aussi par des avancées significatives en matière de maîtrise foncière et aussi de régulation des loyers ». En 2011, outre sa participation au bureau du Cnv, Profession Banlieue a contribué à l’élaboration de cinq avis ou motions, téléchargeables sur le site de Profession Banlieue. ■ SUR LA QUESTION DU LOGEMENT ■ SUR LE PNRU 2 Suite à son appel de décembre 2010 « pour une politique du logement socialement et territorialement équitable », le Cnv a été saisi par le ministre de la Ville et du Grand Paris pour lui donner un avis sur la « gestion des différents contingents de réservation du logement social dans les quartiers prioritaires ». Dans la perspective d’un nouvelle contractualisation et d’un Pnru 2, la saisine du ministre s’attachait à la « conjugaison des approches sociales et urbaines », en particulier par la « bonne mobilisation des services sociaux de droit commun ». Dans sa lettre de saisine, le ministre souhaitait également que le Cnv « formule des recommandations sur la diversification sociale des quartiers par le biais de politiques d’attribution qui intègrent le relogement des ménages disposant d’un droit au logement opposable ». Cette saisine visait donc le point de vue du Cnv sur la mise en œuvre d’une politique prenant en compte à la fois le droit au logement des plus démunis et la diversification sociale dans les quartiers. Dans son avis du 4 octobre 2011, le Cnv préconise : de « changer d’échelle et ‘décloisonner’, promouvoir des modes de gouvernance et de contractualisation qui favorisent les projets intégrés » ; d’infléchir les méthodes de l’Anru pour introduire du « cousu main » ; d’engager une mobilisation exemplaire de tous les acteurs pour développer l’accès à l’emploi à l’occasion des prochains travaux du réseau de transport du Grand Paris et du Pnru 2 ; de « donner une plus grande place à la participation et à l’expression des habitants ». Dans son avis du 30 septembre 2011, le Cnv affirme qu’une éventuelle délégation des contin- 58 3. CONTRIBUTION À DES INSTANCES NATIONALES Sur cette dernière préconisation, le Cnv formule quelques propositions, en particulier : de développer les formations, notamment aux méthodes de dialogue participatif ; d’encourager des démarches ascendantes d’initiative citoyenne, inspirées des pratiques anglo-saxonnes ; de prévoir l’ingénierie d’accompagnement nécessaire au développement de la participation. Plan national pour la prévention de la délinquance et l’aide aux victimes (Pndav) lancé en octobre 2009. À cette fin, un questionnaire a été adressé à l’ensemble des villes signataires d’un Clspd. 53 collectivités territoriales y ont répondu. Si ces réponses ne sont pas scientifiquement représentatives, elles sont néanmoins intéressantes, concernant des villes de taille et de tendance politique différentes, issues de toutes les régions, Dom compris. ■ SUR LES AVENANTS EXPÉRIMENTAUX AUX CUCS Le groupe de travail a poursuivi l’approfondissement de ses analyses par l’audition de personnalités ou de responsables institutionnels, en vue d’organiser début décembre 2011 un séminaire pour mettre en débat ses analyses sur la gouvernance locale et l’impact du plan national, le recentrage sur les questions de sécurité et la dichotomie entre prévention et sécurité, ou encore la fin de la coproduction de la sécurité par les collectivités territoriales et l’État. De nombreuses remarques concernaient la priorité donnée par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (Fipd) à la vidéo-protection et l’abandon d’une véritable politique de prévention de la délinquance. Dès l’annonce des avenants expérimentaux aux Cucs, le Cnv a souhaité se mobiliser aux côtés des collectivités. Il s’était déjà exprimé en 2010 sur la mise en place de ce dispositif. Une motion a été adoptée lors de l’assemblée plénière de mai 2011, dans laquelle le Cnv estime que cette expérimentation est « bienvenue », en ce sens que l’objectif stratégique de ces avenants est de « vérifier que les crédits de droit commun sont réellement ciblés sur les quartiers les plus en difficulté au bénéfice de la population ». Par ailleurs, le Cnv soulève des questions sur les contenus de l’expérimentation, le choix des périmètres, les risques de substitution et de désengagement… et élabore des « propositions de gouvernance du dispositif d’expérimentation propres à garantir efficience et transparence ». Le séminaire a rassemblé près de 150 participants. Les interventions de Claire Thieffry, responsable de la sécurité à l’Union sociale pour l’habitat (Ush), de Renée Zauberman, chercheure au Centre d’études sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip-Cnrs), et d’Éric Debarbieux, directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école (Oive), ont enrichi les travaux du groupe de travail. La motion formule enfin des préconisations, parmi lesquelles la nécessité que les expérimentations viennent en complément des Cucs prorogés, ou l’obligation de vigilance « concernant les actions conduites par les associations dans les quartiers qui concourent au vivre ensemble, à la vie sociale et à l’expression des habitants ». L’ensemble de ces réflexions et débats sera publié par le Cnv. Ils constitueront également la trame d’une alerte adressée au Premier ministre sur les évolutions politiques de la prévention de la délinquance en 2011. ■ VIOLENCES CONTEMPORAINES, PRÉVENTION ET TRAITEMENT DE LA DÉLINQUANCE ■ DÉMOCRATIE LOCALE ET PARTICIPATION DES HABITANTS Dans le cadre de son groupe permanent sur la prévention de la délinquance, le Cnv a souhaité dresser un premier bilan de l’impact local du Dans le cadre de la réflexion sur la participation des habitants dans les quartiers de la politique de la ville, le Cnv et le Sg-Civ ont organisé trois 59 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ateliers de travail portant successivement sur la participation électorale, sur le rôle, la diversité et l’impact du tissu associatif, enfin sur la démocratie locale instituée. À l’issue de ces trois ateliers, et en s’appuyant également sur deux manifestations organisées par le Cnv sur la démocratie locale (un séminaire à Sarcelles en mai et le Kiosque co-organisé avec le Conseil d’analyse stratégique en juin), le Cnv a publié un avis qui a été validé par la première réunion du bureau de janvier 2012. Après un état des lieux assez inquiétant sur la dynamique démocratique et participative dans les quartiers de la politique de la ville et sur le manque de reconnaissance de l’expression citoyenne, le Cnv a émis douze propositions regroupées en cinq chapitres : • redynamiser la démocratie participative, en s’appuyant notamment sur la diversité et une meilleure diffusion des expériences locales, mais aussi sur une ingénierie professionnelle compétente et des formations spécifiques, et en s’ouvrant aux outils numériques ; • être plus attentif aux absents du débat public, en développant des partenariats avec les grandes associations citées par le Conseil national de lutte contre les exclusions : Atd QuartMonde, la Fondation Armée du salut, Voisins et citoyens de la Méditerranée, collectif Paroles de femmes en Rhône-Alpes, les Ccas de certaines communes… ; • favoriser la participation électorale et lutter contre l’abstention. Le Cnv s’interroge notamment sur le droit de vote des résidents étrangers non européens aux élections locales ou sur les modes d’inscription sur les listes électorales ; • reconnaître la légitimité et donner plus de place aux démarches ascendantes et à la capacité d’agir des citoyens ; • mettre la participation au cœur des nouvelles politiques contractuelles et impulser une dynamique de mise en réseau au niveau national. 60 3. CONTRIBUTION À DES INSTANCES NATIONALES B Le Conseil d’orientation de l’Onzus L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus), créé par la loi du 1er août 2003, a vu ses missions évoluer par l’ajout d’une mission complémentaire d’évaluation. Cette évolution prévoit également une refonte des structures institutionnelles de l’Observatoire et la mise en place de deux instances : un conseil scientifique, qui a en charge de juger de la pertinence technique des études statistiques et d’évaluation menées au titre du programme des études annuel ; un conseil d’orientation, où siègent les acteurs nationaux et locaux de la politique de la ville, ainsi que des personnalités qualifiées. Ce conseil d’orientation valide le programme annuel de travail de l’Onzus, ainsi que le contenu de son rapport annuel et de diverses publications. Profession Banlieue a été sollicité pour participer au conseil d’orientation. À ce titre, et dans le cadre des avis sollicités sur les textes du rapport 2011, il a plaidé pour une territorialisation beaucoup plus fine des données d’observation afin d’en faire de véritables instruments de travail. 61 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 C Le réseau des centres de ressources Amiens en septembre et Paris en décembre. Outre les débats sur l’actualité de la politique de la ville et les échanges d’informations nationales ou régionales, chaque réunion a fait l’objet d’un travail sur un thème spécifique (place des associations, emploi et développement économique, jeunesse, relations avec les collectivités locales). Le dernier regroupement en décembre a été consacré au débat autour du rapport de Serge Brunet. Depuis plusieurs années, les directeurs des centres de ressources pour la politique de la ville se réunissent régulièrement. L’objectif de ces rencontres est multiple : – échanger sur les questions d’actualité de la politique de la ville, – partager sur les outils de qualification mis en œuvre par les différents centres de ressources, – affirmer le rôle et la place des centres de ressources dans la conduite de la politique de la ville. Dans le cadre de ces regroupements, Question de Ville, association des directeurs des centres de ressources politique de la ville, a porté l’animation des réunions à la demande du Sg-Civ. Au cours de l’année 2011, Question de Ville a été accompagné par Serge Brunet, directeur d’études au cabinet Tétra. ■ LES PRATIQUES DES CENTRES DE RESSOURCES EN DIRECTION DES ASSOCIATIONS ET ACTEURS DE PROXIMITÉ Les acteurs de proximité et les associations sont autant de professionnels et de bénévoles qui œuvrent au quotidien, expérimentent, innovent sur les territoires de la politique de la ville… mais sont mis en difficulté par la dégradation des contextes sociaux et les impacts liés aux réformes administratives (création de l’Acsé en 2006, Rgpp en 2008, création des Drjscs en 2010, etc.). L’objectif de cette animation était d’élaborer progressivement un référentiel de ce qui fonde la fonction ressource dans le cadre de la politique de la ville et de la valoriser dans un contexte de restriction budgétaire. Quels sont la place et le sens de la fonction ressource compte tenu de l’évolution des enjeux de qualification des publics concernés par la politique de la ville ? Quelle expertise des thématiques de la politique de la ville cette fonction requière-t-elle vis-à-vis des évolutions de cette politique ? Quels sont les modes spécifiques d’intervention développés par les centres de ressources ? Dans ce contexte, comment conforter l’utilité et renforcer la légitimité de l’intervention associative dans les territoires en difficulté ? Comment apporter l’appui et l’accompagnement dont les acteurs ont besoin ? Sur quelles problématiques et quels domaines ? Comment venir en appui au projet associatif alors que la reconnaissance des acteurs est souvent mise à mal par le En 2011, les directeurs se sont réunis cinq fois : à Dijon en février, Lille en mars, Nantes en juin, 62 3. CONTRIBUTION À DES INSTANCES NATIONALES niveau d’exigence (performance) que pose ce contexte ? contributions inégales des départements et des régions. Les pratiques des centres de ressources se sont avérées assez hétérogènes, entre les centres qui viennent en appui direct aux associations, d’autres qui passent par des relais (Maia, Dla [dispositif local d’accompagnement], maisons des associations), d’autres enfin qui disent leur difficulté à être dans une relation de proximité. Cette diversité tient également à la nature des associations, à leur objet, et il est apparu qu’il fallait exclure l’idée d’une posture commune à l’ensemble des associations sur chacun des sujets, à la fois pour des raisons de gouvernance du centre de ressources et de caractéristiques des territoires. Chaque centre de ressources a ainsi pu situer son action sur ces trois dispositifs, mais également en fonction de ses relations avec la région et ses politiques de formation professionnelle. Il est apparu nécessaire que les centres de ressources investissent davantage ce champ qui pose des difficultés de coordination avec les services dédiés à ces questions dans les collectivités locales. ■ JEUNES DE QUARTIERS POPULAIRES ET POLITIQUES DE JEUNESSE En conclusion, les directeurs se sont mis d’accord sur le devoir d’alerte des centres de ressources pour rappeler l’importance du rôle singulier des associations face au danger de municipalisation de l’action de proximité mais plus encore de disparition des associations de quartier, et sur la nécessité de travailler à faire reconnaitre le rôle qu’elles jouent dans la politique de la ville, indépendamment d’un aspect financier ou de professionnalisation, rôle dans le lien social, dans le dynamisme du territoire. La réunion s’est structurée autour de l’expérience menée par RésO Villes lors d’une recherche-action portant sur une approche ethnographique des jeunes des quartiers populaires. L’objectif était de comprendre les enjeux d’une politique jeunesse : en quoi les questions de citoyenneté, d’insertion sociale et professionnelle et d’espaces publics sont-elles des enjeux centraux d’une politique jeunesse, en particulier en direction des jeunes des quartiers populaires ? Après la présentation de la recherche-action, la réunion s’est poursuivie dans les locaux de l’association d’insertion professionnelle par la culture Les Badauds associés, dont le nom traduit le projet : relier l’individu au collectif, s’exercer au maillage et travailler à associer pour faire cause commune, avec pour valeurs : le bien commun, comme occasion de réunir ceux qui n’auraient a priori pas l’occasion de se connaître ; la fonction des imaginaires et le partage d’un langage symbolique commun pour agir ensemble ; la notion de service : que puis-je apporter à la cause commune ? qu’est-ce que le commun m’apporte ? quelle vision de la communauté partageons-nous ? ■ EMPLOI ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les débats ont porté sur les dispositifs pour le développement de l’emploi et de l’activité économique mis en place dans les quartiers prioritaires : le volet du Cucs plutôt centré sur l’emploi, les programmes de rénovation urbaine avec les clauses d’insertion, enfin les Zfu. Ces trois dispositifs contribuent à structurer l’intervention des acteurs (publics, privés, associatifs) du développement économique et de l’accès à l’emploi dans les quartiers de la politique de la ville. Il est apparu que d’autres éléments de cadrage de l’action des centres de ressources pouvaient venir des politiques locales mises en œuvre par les communes et surtout par les intercommunalités, avec des La présentation de l’action des Badauds associés s’est poursuivie par une balade urbaine dans le quartier Malakoff de Nantes, actuellement en rénovation urbaine. 63 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ■ CENTRE DE RESSOURCES ET COLLECTIVITÉS : MODES DE COOPÉRATION, EFFETS LEVIERS ET LIMITES DU PARTENARIAT ■ LES PLUS-VALUES DE LA FONCTION RESSOURCES DES CENTRES DE RESSOURCES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE Ce regroupement s’est appuyé sur un questionnaire très précis permettant de mieux cerner les postures et places des centres de ressources par rapport aux collectivités territoriales : Ce dernier regroupement de l’année 2011 était consacré à la remise du rapport de Serge Brunet sur les plus-values de la fonction ressources. De ce rapport, il ressort trois repères pour des fonctions partagées de la fonction ressources : • Avec quelles collectivités le centre de ressources a-t-il développé des partenariats et depuis combien de temps ? Comment ont-ils évolué ? Quelle est la nature des relations avec les collectivités ? • Le centre et le cercle, ou l’articulation entre la fonction ressources exercée au plan local et la contribution collective des centres de ressources au niveau national… les relations entre centres de ressources dans le réseau, les relations entre centres de ressources et Sg-Civ ; • Comment sont prises en compte les préoccupations des collectivités dans l’élaboration du programme de travail du centre de ressources ? Le contexte actuel (réforme des collectivités, réforme annoncée de la géographie prioritaire, Rgpp, réforme de la taxe professionnelle, construction européenne, etc.) influence-t-il les orientations du programme de travail ? Comment les collectivités locales trouvent-elles leur place dans l’élaboration de ce programme de travail ? • La ressource et la plus-value. Les centres de ressources sont des lieux de débat et des espaces de collecte et de diffusion de connaissances ; • La légitimité et l’ouverture. La capacité à s’emparer de toutes les thématiques et à accompagner des territoires qui ne sont pas en géographie prioritaire est un des atouts des centres de ressources. • La relation avec les collectivités, à la fois partenaires financiers et/ou usagers, a-t-elle des incidences sur les espaces de travail ? Comment le centre de ressources amène-t-il de nouvelles collectivités à devenir partenaires financiers tout en sachant que l’idée est de les faire participer à des espaces de travail où elles seront questionnées sur leurs pratiques ? Le débat qui a suivi la présentation du rapport a validé les trois repères établis par Serge Brunet. Mais il a tenu à souligner que cette fonction ressources souffrait des difficultés que rencontre la politique de la ville dans son ensemble : comment réinventer une politique de développement social et urbain alors qu’il semble impossible aujourd’hui de mettre en œuvre les fondamentaux de la politique de la ville, à savoir une politique transversale, territorialisée et contractuelle ? Au-delà d’une addition de dispositifs, comment accompagner les professionnels de la politique de la ville dans le sens d’une approche intégrée, dans l’interdépendance entre les domaines (développement social et développement économique, par exemple) ? • Comment le centre de ressources arrive-t-il à faire travailler ensemble professionnels des collectivités, acteurs associatifs et agents de l’État ? Les débats de ce regroupement ont permis de mesurer les différences de positionnement des centres de ressources, le statut associatif apparaissant comme particulièrement intéressant dès lors que le centre a acquis une certaine notoriété qui lui permet de se positionner en véritable interlocuteur des collectivités. 64 4 GESTION DE L’INFORMATION PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 A La documentation – ouvrages, rapports, mémoires universitaires, documents officiels, atlas… – journaux municipaux des communes de la Seine-Saint-Denis, – périodiques : revues ou magazines généralistes et spécialisés, revues de presse d’organismes, – cassettes vidéo, Dvd. Depuis sa création, Profession Banlieue possède un fonds documentaire sélectif sur la politique de la ville, en particulier en SeineSaint-Denis. Ce fonds s’est enrichi au fil des années et correspond à la volonté du centre de ressources d’accompagner la réflexion des professionnels par un apport de données de différentes natures. Sans être exhaustif, il se révèle précieux dans certains domaines trop spécialisés pour les bibliothèques ou centres de documentation généralistes. Le fonds compte près de 7 500 références. L’indexation des documents dans la base de données documentaire (via Alexandrie, version 6) se fait à l’aide du thésaurus politique de la ville initié par le centre de ressources de Rhône-Alpes (CR DSU) et conçu avec la participation des autres centres. Ce dernier a évolué depuis sa création et sa dernière mise à jour date de 2010. Les documents du fonds sont organisés selon un plan de classement regroupant les différentes thématiques de la politique de la ville : – Action sociale/Parentalité, – Aménagement du territoire/Habitat - Logement/Urbanisme/Renouvellement urbain, – Culture, – Économie/Emploi/Insertion, – Éducation, – Immigration - Intégration/Lutte contre les discriminations, – Participation des habitants, – Politique de la ville, – Population, – Prévention de la délinquance/Justice/Police, – Santé. Le centre de documentation est ouvert du lundi au vendredi, sur rendez-vous. Sur place, il est possible de consulter librement tous les documents. Il est également possible d’emprunter certains ouvrages, au nombre de trois, pour une durée de trois semaines. Un poste multimédia, destiné à permettre l’accès à Internet aux utilisateurs de Profession Banlieue, est également mis à disposition. Différents types de documents sont disponibles dans le centre : – articles de presse classés par thématique ou par ville, – documents contractuels classés par ville (contrat urbain de cohésion sociale, contrat local de sécurité, contrat local de santé…), 66 4. GESTION DE L’INFORMATION ■ QUELQUES INFORMATIONS STATISTIQUES • 101 personnes ont sollicité la documentation en 2011 dont plus de la moitié par téléphone ou par e-mail, les autres personnes sont venues consulter sur place. • Les questions ont prioritairement porté sur quatre thèmes : – les dispositifs et métiers de la politique de la ville et du développement social urbain, – l’aménagement, l’habitat, l’urbanisme et le renouvellement urbain, – la médiation et les femmes-relais, – les jeunes. • Les personnes en recherche d’information sont majoritairement des étudiants et des professionnels de villes ou d’associations. 39 % des personnes qui ont sollicité la documentation travaillent ou vivent en Seine-Saint-Denis et 44 % dans la région Île-de-France. • 180 documents différents ont été empruntés au cours de l’année. 67 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 B Le site Internet www.professionbanlieue.org Centre, la documentation, la communication, l’animation et les archives. Le site de Profession Banlieue existe depuis mars 2002. Il a été conçu pour accroître la visibilité de la politique de la ville en SeineSaint-Denis. Il a pour mission de favoriser la circulation d’informations, la mise en réseau des professionnels et des expériences sur le département. L’internaute peut y trouver de nombreuses ressources documentaires. • Agenda : annonce de colloques, rencontres, soirées-débat… • Politique de la ville en Seine-Saint-Denis : les lois, les rapports, les nouveautés concernant l’évolution de la politique de la ville ; une carte interactive du département permettant d’accéder, pour chaque commune en contrat urbain de cohésion sociale, à la présentation générale de la commune, à l’historique de la politique de la ville, aux coordonnées des chefs de projet et à divers documents contractuels. Véritable source d’informations, le site propose un annuaire des professionnels de la politique de la ville en Seine-Saint-Denis, des fiches d’expériences, des offres d’emploi, des publications à télécharger, des dossiers thématiques, un historique de la politique de la ville en Seine-SaintDenis et des données statistiques par communes. • Textes officiels et rapports : documents contractuels, textes officiels, rapports incontournables de la politique de la ville, avis du Conseil national des villes, en téléchargement ou en lien. Pour être informé régulièrement, l’internaute peut s’abonner aux fils RSS (Publications, Agenda, Offres d’emploi). Le site s’organise autour de douze rubriques : • Offres d’emploi : mise en ligne des offres d’emploi de la politique de la ville. En 2011, le site a proposé 120 offres d’emploi. • Accueil : dernières parutions des ouvrages de Profession Banlieue, actualités du site et du centre de ressources. • À propos de… : fiches réalisées autour des thèmes de travail de Profession Banlieue. • L’association : missions de Profession Banlieue et thèmes de travail, présentation de l’équipe, du conseil d’administration et du Réseau des centres de ressources. • Fiches d’expériences : mise en ligne des fiches d’expériences réalisées par Profession Banlieue. • Activités : présentation des modes de qualification et types des rencontres organisées par le • Publications : présentation de toutes les publications de Profession Banlieue avec possibilité 68 4. GESTION DE L’INFORMATION de consulter leur sommaire. Mise à disposition en téléchargement de 30 publications. • Une page « Contact » permet aux internautes d’effectuer leurs demandes d’information en ligne. 42 demandes ont été traitées en 2011. • Annuaire : répertoire des services et des institutions partenaires de la politique de la ville en Seine-Saint-Denis, recensant près de 500 élus, professionnels et responsables des services de l’État. Après sa refonte en 2009, le site Internet a su depuis trouver sa vitesse de croisière avec 144 135 visites annuelles en 2010 et 187 089 en 2011. En moyenne, près de 16 000 visiteurs parcourent le site Internet chaque mois. Les pages les plus vues sont les actualités, les offres d’emploi, l’agenda, les publications et les fiches d’expériences. • Liens utiles : accès à 260 sites Internet en lien avec la politique de la ville (classement par ordre alphabétique ou selon une recherche thématique). 69 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 C La diffusion de l’information ■ LA « LETTRE » DE PROFESSION BANLIEUE ■ LES PUBLICATIONS (COLLECTIONS) La Lettre de Profession Banlieue est bimestrielle. Elle existe depuis 1995 et est envoyée aux élus, aux services de l’État, aux professionnels de la politique de la ville de la Seine-Saint-Denis ainsi qu’à leurs partenaires et aux adhérents. • LES ACTES DES RENCONTRES Précarisation et grande exclusion mai 2010, édité en septembre 2011 Christine Bellavoine, Dominique Darce, Jean Furtos, Christine Jacquemoire, Patricia Léger, Olivier Legros, Livia Otal, Christophe Robert, Jeanine Rochefort Les situations de précarisation, de précarité et de grande exclusion que connaît le département de la Seine-Saint-Denis exigent la mobilisation d’un grand nombre de professionnels. Que mettre sous le terme « grande exclusion »? Peut-on ou doiton parler d’un effet aigu de la crise économique ou de choix de modes de vie? Comment prendre en charge les personnes en situation de grande exclusion? Quelles actions mettre en œuvre? Le lectorat de La Lettre s’élargit régulièrement et, en 2011, chaque numéro a été diffusé à près de 2 200 exemplaires. L’objectif de cette lettre d’information est d’être un outil de travail. Son contenu est précis, bref, et comprend plusieurs rubriques : • Quartiers : mouvement des professionnels, • Mouvements : nominations officielles dans le département, • Rendez-vous : annonces de colloques, séminaires, rencontres, formations… • Nouveautés : sélection de publications reçues et disponibles au centre de documentation. La ville, lieu d’accueil et d’hospitalité ? Le partage de l’espace en Île-de-France novembre 2010, édité en décembre 2011 De plus, chaque numéro dresse un état de l’avancée des travaux de Profession Banlieue en reprenant un sujet particulier, l’état d’avancement d’un groupe de travail, par exemple, avec éventuellement des éléments bibliographiques ou des actions concrètes. Laurent Bony, Anne Gotman, Brigitte Guigou, Pascale Pichon, Marie-Odile Terrenoire La question de la ville comme lieu d’accueil interroge de nombreuses politiques publiques, dont la politique de la ville. La ville peut-elle être encore passante et solidaire ? L’espace public estil encore un espace partagé et partageable ? La ville et l’espace francilien pourront-ils être encore, dans un contexte de recentralisation des politiques publiques, les lieux d’une hospitalité partagée ? Depuis 2003, les adhérents ou les professionnels de Seine-Saint-Denis qui le souhaitent peuvent recevoir La Lettre par e-mail. 70 4. GESTION DE L’INFORMATION ■ LES PUBLICATIONS EN LIGNE 20 ans de médiation sociale et culturelle – 20 ans d’intervention auprès des habitants Les politiques de l’emploi, aujourd’hui octobre 2010, édité en décembre 2011 Marc Bablet, Claude Bartolone, Olivier Bouchaud, Thérèse Bouvier, Laurent Chambaud, Pierre Chauvin, Jean-Pierre Duport, Joël Dutertre, Samuel Galanth, Dominique Glasman, Françoise Héritier, Hervé Le Clésiau, Bénédicte Madelin, Sarah Mas-Miangu, Hervé Masurel, Élisabeth Maurel, Claude Morel, Lydie Rappaport, Marc Ratsimba, Aïssa Sago, Ayla Yuksel Les femmes-relais réalisent une médiation de proximité qui permet aux habitants d’accéder à leurs droits et qui favorise aussi l’intervention des pouvoirs publics dans les quartiers politique de la ville. Que ce soit à l’école ou dans le domaine de la santé, leur utilité est démontrée. Elles souhaitent donc que leurs compétences soient reconnues à travers la création d’un véritable métier de la médiation sociale. février 2011 Bernard Simonin Diaporama, issu d’une intervention en février 2011 dans le cadre des « Après-midi » de Profession Banlieue, de Bernard Simonin, directeur de recherche au Cnrs, sur les politiques de l’emploi et le budget 2011, et plus généralement sur le poids des politiques publiques dans l’évolution de l’emploi. Politique de la ville et développement durable. Cucs et agenda 21: une cohérence à construire juin 2011 Julie Dumont et Martin Rault Ce document issu d’un groupe de travail de Profession Banlieue, animé par Auxilia, s’adresse à la fois aux acteurs du développement durable qui voudraient mieux intégrer la lutte contre les inégalités et la pauvreté dans leur projet d’agenda 21 et aux acteurs de la politique de la ville qui désireraient davantage prendre en compte les problématiques inhérentes au développement durable dans leur projet Cucs. • LES CAHIERS La gestion urbaine de proximité. Un facteur de réussite pour les Pru juin 2010, édité en juin 2011 Mémo démarche Atelier santé ville et programmation locale de santé - Plan local de santé et contrat local de santé Damien Bertrand, Djamel Femmami, Brigitte Guigou, Cécile Hagmann, Ingrid Meunier, Célia Montagne Où en est-on aujourd’hui de la Gup ? Comment mobiliser les acteurs publics et privés impliqués dans la gestion du quartier ? Quels sont les facteurs de réussite et comment assurer la pérennité de la démarche ? septembre 2011 Ce document a été réalisé dans le cadre d’un groupe de travail de Profession Banlieue qui a rassemblé les coordonnateurs des ateliers santé ville de la Seine-Saint-Denis et leurs principaux partenaires (Conseil général, Cpam, délégation territoriale 93 de l’Ars Île-de-France). Ce groupe s’est saisi du contexte de la réorganisation des politiques de santé publique et des réformes engagées en 2011 - avec notamment la mise en place des contrats locaux de santé - pour rédiger ce Mémo. L’accompagnement social dans l’habitat privé dégradé décembre 2010, édité en décembre 2011 Amel Boumaza, Hélène Malengana, Pascal Malléjac, Nathalie Malou, Cédric Sébille, Muriel Tareau, Sylvie Vesic Qui s’occupe de bébé pendant ma formation linguisitique ? Absentéisme et abandon des femmes aux formations linguistiques : le rôle des modes de garde d’enfants Quelle est la place de l’accompagnement social dans les projets de redressement et de requalification des copropriétés ? Quelles actions mettre en place pour éviter que les situations ne se dégradent pour les propriétaires occupants ? novembre 2011 Stéphanie Silvestre et Christelle Robiteau Cette étude, réalisée par le Cesod, avait pour objectif de déterminer les freins que rencontrent 71 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 certaines femmes lors de leur formation et de mesurer parmi eux le poids des modes de garde de leurs enfants. Trois associations proposant des formations linguistiques ont été ciblées : l’Association des femmes du Franc-Moisin (Affm) à Saint-Denis, Solidarité formation mobilisation-accueil et développement (Sfm-Ad) à Stains et l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (Asti) à Clichy-sous-Bois. Familles populaires, quelle mobilisation pour l’école ? mars 2011 – n° 7 Séverine Kakpo Le genre scolaire. Un effet aveugle de l’acculturation à l’école maternelle ? mai 2011 – n° 8 Corinne de Boissieu ■ HORS COLLECTION • LES APRÈS-MIDI DE LA COHÉSION SOCIALE • LES ATELIERS De la taxe professionnelle à la contribution économique territoriale. La réforme des finances locales Construire le volet économie/emploi des démarches territoriales de développement durable juin 2010 – n° 18 Christine Brémond, Jean-Pierre Chauvel 2010, édité en mai 2011 Guillermo Martin Ce document de synthèse qui invite à « se poser les bonnes questions » s’adresse aux responsables locaux chargés du développement économique et de l’emploi engagés, directement ou pas, dans une démarche de développement durable. Discrimination au logement et ségrégation ethno-raciale en France mars 2011 – n° 19 Jean-Louis Pan Ké Shon Les effets du lieu de résidence sur l’accès à l’emploi. Une approche expérimentale de la discrimination territoriale Prendre en compte la dimension sociale du logement. Les enjeux pour les acteurs de la Seine-Saint-Denis janvier 2011 – n° 20 Pascale Petit 2010, édité en juin 2011 Juliette Baronnet, Julien Leplaideur, Didier Vanoni Ce document présente la synthèse d’ateliers qui ont mis l’accent, d’une part, sur ce qui fait la spécificité de la Seine-Saint-Denis par rapport à la thématique de l’action sociale liée au logement et aux besoins ressentis en termes d’accompagnement social, et, d’autre part, sur des éléments de méthode qui permettent la reproduction d’initiatives dynamiques ou innovantes. Le revenu de solidarité active (Rsa). L’évaluation de son expérimentation avant sa généralisation novembre 2010 – n° 21 Yannick L’Horty La réforme des collectivités territoriales mars 2011 – n° 22 Christine Brémond L’ÉCOLE ET LA VILLE Agressivité et violences à l’école. Faire place à la parole de chacun novembre 2010 – n° 6 Sylvain Berdah, témoignages de Nicolas Niscemi et Sophia Lamri 72 4. GESTION DE L’INFORMATION D Les fiches d’expériences Depuis 2001, 103 expériences ont été capitalisées. Leur diffusion est assurée grâce à quatre supports : – elles sont consultables au centre de documentation ; – elles sont accessibles sur le site Internet de Profession Banlieue ; – elles peuvent être intégrées à une publication de Profession Banlieue, notamment dans la rubrique « Initiatives » des Cahiers ; – elles sont mises en lien dans la base documentaire I.ville du Secrétariat général à la ville. Repérer les expériences locales de développement social, économique et urbain et les faire connaître fait partie des missions du centre de ressources. Les fiches d’expériences participent à la capitalisation, à la qualification et à la mise en réseau des professionnels. Elles sont le reflet du foisonnement de la vie associative et de la créativité des acteurs sur les territoires. Sans rechercher la modélisation, elles ont pour but de donner des références, de susciter des projets et des idées. Elles nourrissent la réflexion des professionnels et de nombreux autres acteurs tels que les habitants, les élus, les chercheurs ou les étudiants. En 2011, 4 fiches d’expériences ont été rédigées autour des thèmes suivants : Les expériences choisies sont liées aux thèmes de travail de Profession Banlieue. La chargée de mission effectue ensuite des recherches sur chaque expérience (consultation dans la presse, sur Internet, demande de rapport d’activité), avant de rencontrer le porteur de projet, souvent très intéressé par la démarche qui contribue à faire connaître les actions qu’il a initiées. À l’issue de l’interview, la fiche est rédigée puis transmise au porteur pour validation. • La gestion urbaine de proximité, un facteur de réussite pour les Pru – Grenoble, quartier Teisseire. Des locataires s’impliquent dans la gestion de leur quartier. • L’accompagnement social dans l’habitat privé dégradé – Saint-Denis. Association Relais Habitat. Syndic de redressement et assistance aux syndics bénévoles. – Lille Métropole. Une gouvernance locale au service du relogement. – Les Mureaux. « Des murs aux toits » : L’autoréhabilitation accompagnée dans l’habitat privé dégradé. 73 5 LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE 5. LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE A Les demandes d’information Les demandes d’information s’élèvent à 228 en 2011 pour 253 objets d’information. Motifs des demandes 6% Focus sur les demandes des étudiants 9% Documentation : 88 7% 35 % Analyse, conseil, montage projet : 66 Documentation : 27 10 % Recherche de stage : 7 Mise en relation 65 26 % Demandes générales : 19 17 % 64 % Mise en relation : 5 Conseils et orientations : 4 Recherche d’emploi ou de stage : 15 26 % ■ LES DEMANDEURS D’INFORMATION Origine géographique des demandeurs Origine professionnelle des demandeurs 3% Collectivités territoriales : 58 7% 8% Île-de-France : 72 10 % Associations : 35 33 % 8% 33 % Seine-Saint-Denis : 69 État : 23 21 % Nationale : 46 Divers : 19 11 % Autres régions : 21 Centres de documentation : 15 13 % 20 % Chercheurs et consultants : 15 32 % Étranger : 7 Presse : 13 66 % des demandeurs sont des femmes – dont 16 % des étudiantes – et 34 % sont des hommes – dont 14 % des étudiants. 75 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 oc ial e de co hé sio ns ur ba ins Co nt rat s s nt n, sé loi ita ab sh de tio t emp n io at ip tic en Alphabétisation Culture tion e Inser r Pa Pré v Dévelop pement é conomiq ue ■ LES THÈMES DES DEMANDES cu rité 12 % lutte co ntre les Immigration, discrim ination s tion dia é M 10 % 9% 7% 11 % Santé n atio c u Éd femme s 12 % ve Di isme, rénov ation urb et log aine emen t rs Nombre de demandes Urban n tio c A le cia o s té ali t en ar p , 12 % Jeunes, Contrats urbains de cohésion sociale ................ 31 Médiation......................................................... 26 Jeunes, femmes ................................................ 28 Divers ............................................................... 33 Urbanisme, rénovation urbaine et logement ..... 33 Action sociale, parentalité ................................. 14 Éducation ........................................................... 7 Santé ................................................................ 19 Immigration, lutte contre les discriminations .... 24 Prévention, sécurité .......................................... 11 Participation des habitants................................ 16 Insertion et emploi.............................................. 8 Culture ............................................................... 2 Alphabétisation................................................... 6 Développement économique.............................. 7 76 5. LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE ■ ÉVOLUTION DES THÈMES DES DEMANDES D’INFORMATION 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 2009 2010 Développement économique Alphabétisation Culture Insertion et emploi Participation des habitants Prévention, sécurité Immigration, lutte contre les discriminations Santé Éducation Action sociale, parentalité Urbanisme, rénovation urbaine et logement Divers Jeunes, femmes Médiation Contrats urbains de cohésion sociale 0 2011 Les données montrent un désintérêt relatif pour les questions d’insertion, d’emploi et de développement économique, ainsi qu’un recul important sur l’éducation, tandis que les demandes sur l’immigration et la lutte contre les discriminations augmentent significativement. Il faut toutefois prendre garde à une interprétation trop rapide de ces données, une même demande sur l’insertion des jeunes et leur difficulté à accéder à un emploi pouvant être catégorisée dans les rubriques insertion/emploi ou lutte contre les discriminations. 77 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 DES INTERVENTIONS PLUS FRÉQUENTES AUPRÈS DE PROFESSIONNELS OU D’ÉTUDIANTS • Sur la politique de la ville, ses évolutions et ses métiers, son évaluation – 100 auditeurs du Cnam du bachelor « Conduite de projet de développement urbain » ; – 10 volontaires et salariés de l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) ; – 60 étudiants du master « Conduites d’intervention en terrain sensible » de l’université de Paris X – Nanterre (deux interventions en janvier et septembre) ; – étudiants du master de sociologie et anthropologie « Politique, culture et migrations » de l’université Paris VII – Diderot ; – 30 étudiants de l’Institut d’urbanisme de Paris, université de Paris Est – Créteil, sur la politique de la ville et ses évolutions notamment au regard de la rénovation urbaine ; – 12 responsables associatifs, dans le cadre de Dla, à Mazamet et à Toulouse ; – 30 professionnels, dans le cadre de la formation continue de la Pjj, sur les nouvelles perspectives de la politique de la ville, en particulier en direction des jeunes, sur la question de la réussite éducative, de la santé et de l’insertion ; – 60 professionnels de Seine-et-Marne – chefs de projet, délégués du préfet, services déconcentrés de l’État – sur l’évaluation des Cucs, lors d’une journée organisée par le sous-préfet en charge de la politique de la ville. • Sur la médiation sociale – 80 participants lors de la manifestation « Étoiles des quartiers » organisée par le Conseil régional d’Île-de-France : « La médiation, une démarche à développer en Île-de-France » ; – 150 participants lors du colloque organisé à Saint-Denis par le Réseau des villes et correspondants de nuit : « Dans un espace public confronté à l’augmentation des violences et des fragilités, la diversité culturelle est un atout pour un lien social renouvelé » ; – 15 étudiants du master de sociologie et anthropologie « Politique, culture et migrations » de l’université Paris VII – Diderot, sur « Médiation interculturelle, médiation communautaire ? Rôle et statut des médiatrices dans les politiques de la ville » ; – 10 auditeurs étrangers du master de droit et d’anthropologie de l’université de Paris I sur la médiation juridique et interculturelle ; – 150 participants lors de la journée régionale « La médiation sociale : nouvel enjeu de société pour les villes - De l’émergence d’une fonction à la reconnaissance d’un métier », organisée par France Médiation à partir de la restitution de l’étude conduite en région Nord – Pas-de-Calais sur les besoins en médiation sociale ; – 100 participants aux journées sur les « Médiations sociales en Franche-Comté » organisées à Besançon par Trajectoires Ressources, centre de ressources politique de la ville, l’Irts et le Cafoc de Franche-Comté ; – 120 participants au colloque « Femmes, filles et… garçons » organisé par Vei – Diversité à l’occasion de la sortie de deux numéros de la revue : « Nouveaux enjeux de la mixité » (Diversité, n° 165) et « Femmes dans l’immigration » (Diversité, hors-série n° 13). • Sur les inégalités sociales et territoriales – 26 étudiants dans un module portant sur « Fractures et disparités territoriales », organisé dans le cadre du premier cycle des Hautes Études régionales mis en œuvre conjointement par l’Iep de Lille et le Conseil régional du Nord – Pas-de-Calais ; – 100 participants aux journées techniques de l’Association nationale des directeurs d’action sociale et de santé des départements (Andass) : « Pour une refondation du partenariat entre les acteurs de l’action sociale », dans une table ronde portant sur les contrats locaux de territoire. 78 5. LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE B Les participants aux instances de travail Les différentes actions de qualification du centre de ressources ont réuni 1 209 personnes différentes sur 88 journées de travail pour un total de 2 178 journées de présence cumulées. La présence moyenne par journée de travail s’élève à 25 personnes. ■ UNE PARTICIPATION TRÈS LARGEMENT ISSUE DU DÉPARTEMENT ; AVEC UNE AUGMENTATION SIGNIFICATIVE DES PROFESSIONNELS D’ÎLE-DE-FRANCE Origine géographique des participants 1% 4% Seine-Saint-Denis Île-de-France 19 % Autres régions National 77 % Nombre de journées de travail selon l’origine géographique des participants 1% 3% Seine-Saint-Denis 12 % Île-de-France Autres régions National 84 % 79 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ■ PART DES FEMMES ET DES HOMMES DANS LES JOURNÉES DE QUALIFICATION 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 Femmes Hommes Nombre de journées....................................1 684 ....................................494 Nombre de personnes différentes ...................909 ....................................300 ■ ENTRE OBJECTIFS ET RÉALISATION : NOMBRE DE PERSONNES PAR ACTION DE QUALIFICATION SELON LA FORME DE TRAVAIL ET SELON L’ORIGINE PROFESSIONNELLE Objectifs de participation selon la forme de travail 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Groupes de travail et ateliers Cycles de qualification Après-midi & École et la ville Rencontres Prévu 15 18 40 60 Réalisé 16 16 40 81 Objectifs de participation selon l’origine professionnelle (%) 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% Collectivités territoriales État Associations & centres sociaux Bailleurs sociaux Prévu 50 % 15 % 20 % 5% 10 % Réalisé 52 % 18 % 18 % 5% 7% 80 Autres Nombre de personnes différentes Nombre moyen de personnes par séance Équipe projet Ville (services / DG / élus) Conseil général État Associations Bailleurs sociaux Centres sociaux Autres 7 19 61 9 0 1 0 1 13 0 3 1 1 42 42 42 16 9 1 5 6 1 3 1 8 30 25 163 141 402 18 13 25 58 36% 0 45 28% 0 4 2% 0 21 13% 0 26 16% 0 1 1% 0 6 4% 0 2 1% Les commerces de proximité dans les quartiers Femmes et précarité TOTAL 3 3 6 17 22 39 39 58 97 13 19 16 5 2 7 18% 6 6 12 31% 0 1 1 3% 3 2 5 13% 0 6 6 15% 3 2 5 13% 0 3 3 8% 0 0 0 0% Réformes des collectivités territoriales : quel paysage institutionnel pour demain ? Comprendre la Seine-Saint-Denis TOTAL 1 2 3 79 30 109 79 40 119 79 20 40 8 9 17 16% 21 2 23 21% 18 2 20 18% 10 2 12 11% 8 1 9 8% 1 2 3 3% 8 1 9 8% 5 11 16 15% 1 32 32 32 9 5 2 8 5 0 0 3 1 1 1 4 46 63 183 324 46 63 183 324 46 63 183 81 6 10 18 43 13% 9 18 60 92 28% 12 6 16 36 11% 3 8 11 30 9% 9 10 30 54 17% 1 8 24 33 10% 0 2 5 7 2% 6 1 19 29 9% 6 51 109 18 24 6 9 12 0 0 0 0 5 11 90 141 150 259 30 24 9 33 23% 22 28 20% 6 15 11% 7 19 13% 14 14 10% 21 21 15% 4 4 3% 7 7 5% Les participants aux instances de travail en 2011 Groupes de travail Cycles de qualification Séminaires Rencontres Ateliers thématiques Après-midi Visite sur site Séminaires PRU La qualification des femmes-relais : l’évaluation de leur utilité sociale Interroger de nouvelles voies pour la participation des habitants Référents de parcours : quelles pratiques professionnelles ? TOTAL Excellence et politiques éducatives Médias, communications et quartiers : quelles incidences sur la citoyenneté ? Migrations et politiques d’intégration Se loger, une question régionale TOTAL Décrochage et absentéisme scolaire : comment agir ? Politique de peuplement, lutte contre la ségrégation et mixité sociale TOTAL Rénovation urbaine : les quartiers en mouvement Une France de propriétaires ? Les effets du lieu de résidence sur l’accès à l’emploi Les politiques de l’emploi aujourd’hui Discrimination au logement et ségrégation ethno-raciale en France TOTAL 1 1 1 1 58 10 24 42 58 10 24 42 58 10 24 42 15 1 1 4 9 4 6 9 7 3 5 0 10 0 4 3 4 1 0 13 4 0 1 3 2 0 0 2 7 1 7 8 1 5 28 162 28 162 28 32 1 22 14% 5 33 20% 8 23 14% 3 20 12% 2 20 12% 3 11 7% 2 6 4% 4 27 17% Athis-Mons TOTAL 1 1 18 18 18 18 18 18 13 13 72% 2 2 11% 0 0 0% 0 0 0% 0 0 0% 3 3 17% 0 0 0% 0 0 0% Rénovation urbaine et offre de mobilité Rénovation urbaine et qualité urbaine TOTAL 1 1 2 19 23 42 19 23 42 19 23 21 3 4 7 17% 4 4 8 19% 0 1 1 2% 2 3 5 12% 0 1 1 2% 1 6 7 17% 0 0 0 0% 9 4 13 31% Aubervilliers TOTAL 1 1 1 1 4 11 11 17 25 64 11 11 17 25 64 11 11 17 25 16 0 1 0 0 1 2% 11 10 17 1 39 61% 0 0 0 0 0 0% 0 0 0 0 0 0% 0 0 0 24 24 38% 0 0 0 0 0 0% 0 0 0 0 0 0% 0 0 0 0 0 0% Les équipes politique de la ville Coordonnateurs PRE TOTAL 5 1 6 47 11 58 100 11 111 20 11 19 39 10 49 84% 2 1 3 5% 6 0 6 10% 0 0 0 0% 0 0 0 0% 0 0 0 0% 0 0 0 0% 0 0 0 0% L’école et la ville TOTAL 3 3 141 141 161 161 54 54 20 20 14% 7 7 5% 6 6 4% 105 105 74% 1 1 1% 0 0 0% 0 0 0% 2 2 1% Groupe de travail Séminaire TOTAL 7 1 8 33 102 135 98 102 200 14 102 25 11 47 58 43% 1 14 15 11% 0 0 0 0% 21 41 62 46% 0 0 0 0% 0 0 0 0% 0 0 0 0% 0 0 0 0% Journée du réseau Préparation soirée rencontre Soirée rencontre Maison des parents (groupe de travail) TOTAL 1 2 1 1 5 55 36 105 8 204 55 51 105 8 219 55 26 105 8 44 6 3 3 0 12 6% 5 14 22 7 48 24% 7 7 16 0 30 15% 5 2 9 0 16 8% 24 5 33 1 63 31% 0 0 0 0 0 0% 8 5 8 0 21 10% 0 0 14 0 14 7% 25 340 21% 355 22% 142 9% 295 18% 218 14% 84 5% 56 4% 110 7% Épinay-sur-Seine Formations La Courneuve « Lutte contre les discriminations » Fédération des associations de femmes-relais Réunions dédiées L’école et la ville Co-animation des territoires Réaap Présences cumulées Nombre de séances dans l’année 5. LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE TOTAL TOUTES ACTIONS 88 1 600 2 178 Immigration, altérité Habitat, cadre de vie et rénovation urbaine Politiques éducatives Citoyenneté Exclusion sociale et accès aux droits Migrations et politiques d’intégration Discrimination au logement et ségrégation ethno-raciale en France La qualification des femmes-relais : l’évaluation de leur utilité sociale Questions d’alphabétisation TOTAL Politique de peuplement, lutte contre la ségrégation et mixité sociale Athis-Mons Rénovation urbaine et offre de mobilité Rénovation urbaine et qualité urbaine Bâtir le volet économique et emploi du développement durable Rénovation urbaine : les quartiers en mouvement Les commerces de proximité dans les quartiers Une France de propriétaires ? TOTAL Décrochage et absentéisme scolaire : comment agir ? Référents de parcours : quelles pratiques professionnelles ? L’école et la ville Excellence et politiques éducatives Coordonnateurs PRE Réaap TOTAL Médias, communications et quartiers : quelles incidences sur la citoyenneté ? Les coordonnateurs des CLSPD TOTAL Femmes et précarité Les ateliers santé ville Lutte contre les discriminations : Aubervilliers Lutte contre les discriminations : Épinay-sur-Seine Lutte contre les discriminations : La Courneuve Lutte contre les discriminations : Fédération des associations de femmes-relais Les effets du lieu de résidence sur l’accès à l’emploi Les politiques de l’emploi aujourd’hui TOTAL TOTAL TOUTES THÉMATIQUES Ville (services / DG / élus) Conseil général État Associations Bailleurs sociaux Centres sociaux Autres 1 42 42 16 9 1 5 6 1 3 1 1 1 5 2 7 1 18 79 183 47 30 33 102 516 79 183 100 40 98 102 644 8 18 39 9 11 47 148 21 60 2 2 1 14 109 18 16 6 2 0 0 43 10 11 0 2 21 41 90 8 30 0 1 0 0 45 1 24 0 2 0 0 28 8 5 0 1 0 0 17 5 19 0 11 0 0 36 29% 21% 8% 17% 9% 5% 3% 7% Présences cumulées Équipe projet Interroger de nouvelles voies pour la participation des habitants Réformes des collectivités territoriales : quel paysage institutionnel pour demain ? Politique de la ville, Se loger, une question régionale enjeux de territoires Les équipes politique de la ville et expérimentation Comprendre la Seine-Saint-Denis Groupe de travail Co-animation des territoires Séminaire Co-animation des territoires TOTAL Nombre de personnes différentes Les participants aux instances de travail selon les thématiques, en 2011 Nombre de séances dans l’année PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 1 63 63 10 18 6 8 10 8 2 1 1 28 28 1 5 8 3 2 3 2 4 7 5 14 19 11 121 61 28 180 0 2 13 1 2 26 0 0 14 1 1 13 13 6 31 0 0 11 3 0 7 1 0 6 11% 21% 12% 11% 26% 9% 6% 5% 5 1 1 1 90 18 19 23 150 18 19 23 9 13 3 4 22 2 4 4 6 0 0 1 7 0 2 3 14 0 0 1 21 3 1 6 4 0 0 0 7 0 9 4 2 1 3 1 15 10 58 17 10 245 14 58 39 10 331 0 15 5 1 50 7 9 6 4 58 1 7 0 3 18 2 10 3 0 27 0 4 0 1 20 0 4 3 0 38 0 2 0 0 6 0 7 0 1 28 20% 24% 7% 11% 8% 16% 2% 11% 6 51 109 24 6 9 12 0 0 0 0 8 3 1 1 5 24 25 141 32 11 204 464 141 161 32 11 219 673 25 20 9 10 12 100 0 7 5 1 48 67 0 6 2 0 30 47 0 105 8 0 16 141 0 1 5 0 63 69 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 21 21 0 2 3 0 14 19 22% 14% 10% 30% 15% 0% 5% 4% 6 3 9 9 3 12 12 0 12 3 1 4 9 0 9 1 0 1 0 0 0 6 0 6 17% 23% 23% 8% 17% 2% 0% 11% 1 1 2 46 7 53 46 7 53 3 6 1 1 1 22 49 11 11 17 58 109 11 11 17 2 12 0 1 0 6 23 11 10 17 1 2 0 0 0 2 11 0 0 0 6 1 0 0 0 2 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 15 25 24 42 201 25 24 42 297 0 1 4 20 1 6 9 83 0 5 0 8 0 4 3 20 24 0 13 44 0 1 3 6 0 0 2 5 0 7 8 15 10% 41% 4% 10% 22% 3% 2% 7% 340 355 142 295 218 84 56 110 21% 22% 9% 18% 14% 5% 4% 7% 88 1 600 82 2 178 5. LES UTILISATEURS DE PROFESSION BANLIEUE ■ LA PARTICIPATION DES DIFFÉRENTES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES DE LA SEINE-SAINT-DENIS Nombre de personnes différentes Nombre de présences cumulées Conseil général Saint-Denis Aubervilliers Montreuil Stains Aulnay-sous-Bois Pantin Plaine Commune Épinay-sur-Seine Bondy Bagnolet Tremblay-en-France Sevran CA Clichy-Montfermeil Bobigny La Courneuve Saint-Ouen Noisy-le-Sec Neuilly-sur-Marne Rosny-sous-Bois Pierrefitte-sur-Seine Drancy Clichy-sous-Bois Le Blanc-Mesnil L'île-Saint-Denis Romainville Noisy-le-Grand Villepinte Le Pré-Saint-Gervais Villetaneuse Montfermeil Gagny Les Pavillons-sous-Bois Dugny Les Lilas Villemomble Livry-Gargan Le Raincy Le Bourget 0 20 40 60 80 100 • Pour le Conseil général, sont prises en compte toutes les personnes employées par le Département. • Pour les villes, sont prises en compte toutes les personnes qui travaillent sur la ville, quel que soit leur employeur. Le Bourget 1 Le Raincy 1 Livry-Gargan 1 Villemomble 1 Les Lilas 2 Dugny 5 Les Pavillons-sous-Bois 6 Gagny 7 Montfermeil 7 Villetaneuse 10 Le Pré-Saint-Gervais 12 Villepinte 18 Noisy-le-Grand 23 Romainville 23 L'île-Saint-Denis 26 Le Blanc-Mesnil 26 Clichy-sous-Bois 27 Drancy 29 Pierrefitte-sur-Seine 36 Rosny-sous-Bois 40 41180 120 Neuilly-sur-Marne 140 160 Noisy-le-Sec 44 Saint-Ouen 45 La Courneuve 46 Bobigny 47 CA Clichy-Montfermeil 48 Sevran 50 Tremblay-en-France 52 Bagnolet 54 Bondy 59 Épinay-sur-Seine 64 Plaine Commune 67 Pantin 73 Aulnay-sous-Bois 76 Stains 83 Montreuil 93 Aubervilliers 128 Saint-Denis 168 Conseil général 83 119 1 1 1 1 2 5 5 6 4 6 4 11 12 5 8 15 14 16 27 20 12 12 23 40 19 21 29 25 24 25 34 35 27 41 26 51 62 88 80 6 LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DU CENTRE DE RESSOURCES 6. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DU CENTRE DE RESSOURCES leur appel en adressant un courrier à tous les responsables des pouvoirs publics du département (État et collectivités territoriales) pour attirer leur attention sur la situation préoccupante de certaines associations, de proximité en particulier, et ses conséquences négatives en matière de cohésion sociale : « les associations doivent faire face à une complexité croissante pour trouver les moyens de leur action […]. Toutes ces évolutions ont des incidences sur le fonctionnement des associations. Comment peuvent-elles y faire face sans que cela ne soit au détriment de leur action au plus près des habitants de la Seine-Saint-Denis ? Comment peuvent-elles maintenir leurs interventions qui représentent parfois une des seules formes de l’action publique dans certains quartiers ? » Le conseil d’administration s’est réuni six fois, avec une participation moyenne de 60 % des administrateurs. Outre les travaux statutaires d’un conseil d’administration (définition des orientations de travail, suivi de la gestion financière et de la mise en œuvre des orientations, validation des comptes), les travaux ont porté sur la stabilisation des ressources du centre. Plusieurs éléments ont été débattus : • le cadre de référence de l’État. Les propositions ont fait l’objet d’un rendez-vous avec Hervé Masurel, secrétaire général à la ville, pour demander une meilleure adaptation du document à la réalité de chaque centre de ressources et éviter ainsi « une interprétation contraignante qui ne tiendrait pas compte des spécificités locales » ; Les débats du conseil d’administration ont également porté sur les « inconnues » de la politique de la ville, sur les réformes annoncées mais non suivies de décisions, et sur ce que cela signifie pour les territoires prioritaires, au-delà des dispositifs et des financements. C’est notamment le cas des avenants expérimentaux, qui concernent sept villes du département. Ils ont fait l’objet de discussions sur la difficulté d’obtenir des indicateurs fiables, que ce soit de l’Éducation nationale ou de Pôle Emploi ; ou sur la nécessité que les conseils général et régional soient également signataires de ces avenants expérimentaux ; ou, enfin, sur le risque d’un glissement des trois orientations prioritaires des avenants expérimentaux (emploi, éducation, sécurité) sur les Cucs eux-mêmes, les autres thématiques, comme la santé, n’étant plus dès lors prioritaires. • la finalisation des propositions faites par le « groupe finances » du conseil d’administration, en particulier la décision de développer le e.mailing et un tarif préférentiel pour les adhérents ; • la mise en place d’un groupe de travail sur le fundraising (la collecte de fonds privés et le mécénat). Mais cette démarche suscite des interrogations que le conseil devra explorer avant d’engager l’association dans une voix qui nécessitera, par ailleurs, que le centre de ressources soit reconnu « association d’intérêt général ». Par ailleurs, le conseil d’administration a été interpellé par le collectif des associations en danger de la Seine-Saint-Denis. Il a souhaité soutenir 85 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 ■ LE SÉMINAIRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DE L’ÉQUIPE SALARIÉE Le conseil d’administration a porté une attention plus particulière à deux questions qui lui semblent essentielles. D’une part, il s’est interrogé sur les voies et moyens pour retrouver une ambition en matière de soutien à la vie associative et aux démarches participatives, levier essentiel pour un véritable développement social local, et d’autre part, il a réfléchi à la manière d’appréhender la question culturelle et cultuelle, en s’inquiétant de la manière dont les débats actuels tendaient à mettre ces sujets en avant au détriment de la question sociale. Pour dépassionner ce débat, les administrateurs ont tenu à réaffirmer la nécessité de développer la connaissance et la qualification des professionnels sur les pratiques cultuelles et l’état du droit en la matière. Afin de disposer d’un temps de réflexion et d’échanges approfondis, le conseil d’administration s’est réuni en séminaire le dimanche 8 janvier 2012, avec l’appui de toute l’équipe du centre de ressources. Les débats ont souligné l’importance de se réinterroger sur le sens et les objectifs de la politique de la ville au regard de l’histoire de cette politique et de ses enjeux et questionnements actuels. L’approche globale, en s’appuyant sur le projet de territoire et le développement de la transversalité, a été réaffirmée, de même que la nécessité de retrouver les moyens d’innover et de se réapproprier le travail de terrain et de développement local, en dépassant la complexité des dispositifs et le temps consacré au suivi administratif. Les attentes ont été fortement exprimées autour du rôle de l’État, garant de la solidarité entre les territoires et d’un soutien à tous les porteurs de projet, mais aussi des collectivités locales et des élus qui doivent réaffirmer leur vision de la politique de la ville et se donner les moyens de la mettre en œuvre sur leurs territoires. 86 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 Conclusion mandaté Maurice Leroy pour qu’il conduise une mission de réflexion sur « les besoins, les modes d’intervention et les financements nécessaires en vue de formuler des propositions relatives à une deuxième phase du programme national de rénovation urbaine » (discours du Premier ministre lors du Civ du 18 février 2011). Mais les conditions de mise en œuvre et de financements de ce Pnru 2 sont toujours inconnues. L’année 2011 a été une année d’action mais aussi d’interrogations, en particulier du fait de l’incertitude des évolutions de la politique de la ville. Incertitude concernant l’avenir des contrats urbains de cohésion sociale : « Comment sera conduite la prolongation des Cucs jusqu’en 2014 ? S’agira-t-il d’une reconduction des programmes d’action ? Y aura-t-il de nouveaux avenants ? Comment seront prises en compte les évaluations ? Les associations pourront-elles bénéficier de conventions pluriannuelles d’objectifs ? Plus généralement, quel sera le budget de la politique de la ville dont on annonce une baisse de 12 % au niveau national ? Sera-t-il effectivement, comme cela a pu s’entendre, reconduit à la même hauteur en Seine-Saint-Denis ? » (La Lettre de Profession Banlieue, n° 93, janvier 2011). Certes, dans son discours de politique générale, en novembre 2010, le Premier ministre avait rappelé sa volonté de « renforcer la politique de la ville ». Mais le Comité interministériel des villes (Cnv) du 18 février a surtout reconduit les mesures existantes, comme le renforcement des contrats d’autonomie, le développement des internats d’excellence et la pérennisation du programme de réussite éducative ou encore le développement des ateliers santé ville. Incertitude concernant également les avenants expérimentaux annoncés dès mai 2010 mais dont les professionnels ne connaîtront les conditions de mise en œuvre et les sites retenus qu’en avril 2011. D’autres mesures importantes, sans doute moins « médiatisées », sont venues conforter les réflexions et le travail de Profession Banlieue. Citons la reconnaissance des métiers de la médiation sociale, ou l’annonce de la saisine du Cnv et de la consultation des associations nationales d’élus locaux sur « certaines questions insuffisamment approfondies concernant les quartiers en difficultés » dans la « perspective de la préparation de la nouvelle contractualisation ». Citons également la fiche action n° 25 concernant le désenclavement des quartiers de la politique de la ville d’Île-de-France en s’appuyant sur la dynamique du Grand Paris. Autant de su- Incertitude encore sur l’avenir des zones franches urbaines (Zfu), dispositif pour lequel Éric Raoult, député-maire du Raincy, a remis à Maurice Leroy, ministre de la Ville et du Grand Paris, un rapport dans lequel il recommande la prorogation du dispositif, avec quelques aménagements nécessaires à son efficacité. Incertitude enfin sur l’avenir du Pnru qui arrive à échéance en 2013. Le Premier ministre avait 87 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 jets qui sont au programme de travail du centre de ressources en 2012. la médiation sociale et la nécessaire prolongation des emplois d’adultes-relais dans l’attente d’un financement de droit commun, ou la prise en compte de la santé dans la politique de la ville avec l’accompagnement des coordonnateurs Asv, la mise en place des contrats locaux de santé ou la création de la Plateforme nationale de ressources des ateliers santé ville. La fiche action n° 40 concernant la consolidation du réseau des centres de ressources et de leur mission de qualification, de mise en réseau, de capitalisation des expériences et de diffusion des informations utiles aux acteurs de terrain doit également être soulignée : « Ils facilitent la mise en œuvre des politiques nationales et leur adaptation aux contextes locaux, ainsi que le rapprochement des cultures professionnelles, en vue notamment d’une meilleure articulation entre le volet urbain et le volet social de la politique de la ville ». Aussi, pour vérifier l’adéquation de l’offre de travail de Profession Banlieue et la qualité des actions réalisées, le centre mesure la satisfaction de ses partenaires au moyen d’états de présences et de fiches qualitatives d’évaluation. Concernant ces dernières, en moyenne, 35 % des participants nous retournent les fiches bilan remises en fin d’action, sauf dans les journées de sensibilisation à la lutte contre les discriminations, où le taux de réponse atteint 95 %. Ces fiches montrent un taux de satisfaction particulièrement élevé : plus de 90 % des participants se disent satisfaits ou très satisfaits de la journée ou du cycle auquel ils ont participé, de sa cohérence globale, de la qualité des intervenants. Il est, par ailleurs, intéressant de noter que près de la moitié des participants viennent pour la première fois à Profession Banlieue, chiffre plus élevé encore sur la question de la lutte contre les discriminations. Une année donc d’incertitudes mais qui n’ont pas été un frein pour l’action. En témoigne tout d’abord l’important investissement de l’équipe de Profession Banlieue pour mettre en place le e.mailing décidé par le conseil d’administration, et la nécessaire récupération de plus de 2 000 adresses mails à jour. En témoigne également ce rapport d’activité riche et diversifié par les thématiques abordées mais aussi par des réflexions plus générales qui concernent la réforme des collectivités territoriales et ses incidences sur les territoires de la politique de la ville ou encore la participation des habitants ou les évolutions du département de la Seine-Saint-Denis. Au total, les journées de qualification et de reflexion portant sur la thématique « politique de la ville, enjeux de territoires et expérimentation » ont été celles qui ont rassemblé le plus de professionnels en 2011. Quant au nombre global de participants aux journées de qualification de Profession Banlieue, il accuse une légère baisse qui est imputable au départ de la chef de projet qui accompagnait notamment les questions de prévention de la délinquance et de sécurité, d’une part, et de la participation des habitants, d’autre part. De fait, ces deux thématiques ont été tout juste abordées en 2011, les groupes de travail prévus ayant été reportés sur 2012. Au-delà de cette légère baisse, les objectifs en nombre de participants par formes de travail ou par origine professionnelle ont été atteints, témoignant ainsi de la place importante de Profession Banlieue pour soutenir et qualifier l’action des professionnels dans un contexte d’incertitude pour la politique de la ville, pour la cohésion sociale, pour la réduction des inégalités sociales et territoriales. Un travail important a également été engagé sur les politiques éducatives, thème qui a rassemblé plus de 450 personnes différentes dans l’année. Notons notamment, sur cette thématique, le groupe de travail des référents de parcours de réussite éducative qui élaborent, séance après séance, les contours de leur métier et mettent en avant ce qui en fait sa richesse et sa spécificité pour le rendre plus lisible auprès des partenaires. Profession Banlieue a poursuivi l’approfondissement d’autres sujets qui lui semblent particulièrement importants, comme la reconnaissance de 88 Table des matières Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Les actions inscrites dans le programme de 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les actions non programmées réalisées en 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Les formes de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1. Développement des savoir-faire et mise en réseau . . . . . . . . . . . 8 A. Politique de la ville, enjeux de territoire et expérimentation . . . . . . . . . . . . . . . 9 Comprendre la Seine-Saint-Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Interroger de nouvelles voies pour la participation des habitants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Réformes institutionnelles, réforme des collectivités territoriales : quel paysage institutionnel pour demain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Pour une approche urbaine et sociale intégrée : les projets urbains intégrés . . . . . . . . . . . 12 Se loger, une question régionale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Les réunions des équipes de la politique de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 B. Immigration, altérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Migrations et politiques d’intégration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Discrimination au logement et ségrégation ethno-raciale en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 La qualification des femmes-relais : l’évaluation de leur utilité sociale. . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Questions d’alphabétisation : « Qui s’occupe de bébé pendant ma formation linguistique ? ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 C. Habitat, cadre de vie et rénovation urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Politique de peuplement, lutte contre la ségrégation et mixité sociale : les logiques, les enjeux et les risques pour la Seine-Saint-Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Athis-Mons : Une gestion urbaine de proximité au service du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Rénovation urbaine et offre de mobilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Rénovation urbaine et qualité urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Bâtir le volet économique et emploi du développement durable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Rénovation urbaine : les quartiers en mouvement. Quels enseignements pour un acte 2 de la rénovation urbaine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les commerces de proximité dans les quartiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Une France de propriétaires ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 D. Politiques éducatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Décrochage et absentéisme scolaire : comment agir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Référents de parcours : quelles pratiques professionnelles ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 L’École et la Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Excellence et politiques éducatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 E. Citoyenneté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Médias, communications et quartiers : quelles incidences sur la citoyenneté ? . . . . . . . . . . 36 Les coordonnateurs des contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 F. Exclusion sociale et accès aux droits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Femmes et précarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les ateliers santé ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La lutte contre les discriminations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les effets du lieu de résidence sur l’accès à l’emploi. Une approche expérimentale de la discrimination territoriale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les politiques de l’emploi aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 39 40 41 42 43 PROFESSION BANLIEUE – RAPPORT D’ACTIVITÉ 2011 2. Missions d’accompagnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 A. L’animation des réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 La médiation sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 B. Les autres missions d’accompagnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Au niveau départemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Au niveau régional . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Au niveau national . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 3. Contribution à des instances nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 A. Le Conseil national des villes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Sur la question du logement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sur le Pnru 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sur les avenants expérimentaux aux Cucs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Violences contemporaines, prévention et traitement de la délinquance. . . . . . . . . . . . . . . Démocratie locale et participation des habitants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 58 59 59 59 B. Le Conseil d’orientation de l’Onzus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 C. Le réseau des centres de ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Les pratiques des centres de ressources en direction des associations et acteurs de proximité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Emploi et développement économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jeunes de quartiers populaires et politiques de jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Centre de ressources et collectivités : modes de coopération, effets leviers et limites du partenariat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les plus-values de la fonction ressources des centres de ressources de la politique de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 63 63 64 64 4. Gestion de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 A. La documentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Quelques informations statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 B. Le site www.professionbanlieue.org . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 C. La diffusion de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 La « Lettre » de Profession Banlieue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Les publications (collections) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Les publications en ligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Hors collection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 D. Les fiches d’expériences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 5. Les utilisateurs de Profession Banlieue . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 A. Les demandes d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Les demandeurs d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Les thèmes des demandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Évolution des thèmes des demandes d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 B. Les participants aux instances de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Une participation très largement issue du département ; avec une augmentation significative des professionnels d’Île-de-France . . . . . . . . . . . . . Part des femmes et des hommes dans les journées de qualification. . . . . . . . . . . . . . . . . . Entre objectifs et réalisation : nombre de personnes par action de qualification selon la forme de travail et selon l’origine professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La participation des différentes collectivités territoriales de la Seine-Saint-Denis. . . . . . . . . 79 80 80 83 6. Le conseil d’administration du centre de ressources . . . . . . . . . 84 Le séminaire du conseil d’administration et de l’équipe salariée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 ■ LES PARTENAIRES FINANCIERS DE PROFESSION BANLIEUE L’État • La Préfecture de la région Île-de-France • La Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale d’Île-de-France • • La Préfecture de la Seine-Saint-Denis La Direction départementale de la cohésion sociale de la Seine-Saint-Denis • La Direction de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté • La Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France • La Caisse d’allocations familiales de la Seine-Saint-Denis L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances L’Agence régionale de santé d’Île-de-France Les collectivités locales • Le Conseil régional d’Île-de-France • Le Conseil général de la Seine-Saint-Denis • Les villes : Aubervilliers, Bagnolet, Bobigny, Bondy, Clichy-sous-Bois, Épinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, La Courneuve, Le Blanc-Mesnil, Le Pré-Saint-Gervais, Montfermeil, Montreuil, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Grand, Noisy-le-Sec, Pantin, Pierrefitte-sur-Seine, Romainville, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis, Sevran, Stains, Tremblay-en-France, Villepinte, Villetaneuse • Plaine Commune La Caisse des dépôts Tél. : 01 48 09 26 36 Fax : 01 48 20 73 88 [email protected] Maquette Claire Péraro • Impression Buroprim, mars 2012 15, rue Catulienne – 93200 Saint-Denis