L`Auvergne au Zénith - Centre d`information et de documentation sur

Transcription

L`Auvergne au Zénith - Centre d`information et de documentation sur
n° 105 03.2004
g
le magazine de l’environnement sonore
Bâtiment
L’Auvergne au Zénith
Jusqu’à aujourd’hui l’Auvergne ne disposait d’aucune
structure conçue pour accueillir de grands événements
culturels, sportifs, artistiques ou économiques. C’est
chose faite puisque le Conseil régional d’Auvergne
a décidé de construire à cet effet la Grande Halle
d’Auvergne, terme générique qui désigne l’ensemble
des composants construits sur la plaine de Sarliève :
Zénith, parc d’expositions, centre de conférences,
salons d’Auvergne et bâtiments annexes.
L
e site de la Grande Halle
d’Auvergne s’organise autour
d’une «Grande place» ouverte
sur le Plateau de Gergovie et
dont la forme symbolise un cratère. Elle
distribue l’espace vers les différents
bâtiments. Un mail piétonnier conduit
à un parvis desservant, d’une part, le
Parc des expositions et, d’autre part,
le Zénith.
L’architecture du projet, aussi bien en ce
qui concerne la forme que les couleurs,
se veut un rappel des paysages
caractéristiques de l’Auvergne. Le Zénith
pourrait être le plus jeune des volcans
d’Auvergne et le hall d’exposition n’est
pas sans rappeler une coulée volcanique
Echo Bruit
Richard Van Le, Architecte
barrant la plaine de Sarliève. La maîtrise
d’œuvre a été confiée à Serge et André
Grésy, associés aux architectes Michel
Bertherat et Richard Van Le.
Une salle entièrement modulable
La région d’Auvergne était jusqu’à
présent écartée des grands spectacles
culturels et musicaux par l’absence
d’un lieu adapté aux plans technique,
acoustique et de la sécurité. Le Zénith
répond donc à un souci d’aménagement
du territoire et apparaît comme un
élément décisif dans le futur réseau
auvergnat de lieux scéniques. Il est
conçu pour accueillir des spectacles
de variétés, de la musique rock, de la
musique classique, du théâtre, de la
danse ou encore des manifestations
sportives ou d’entreprises.
Afin d’obtenir le label Zénith, la
conception répond aux prescriptions
du cahier des charges spécifique,
établi par le Ministère de la culture et
de la communication (voir page 25).
Le coût du projet est évalué à environ
26 millions d’Euros.
Tandis que le hall des expositions, le
centre des conférences et les salons
d’Auvergne ont fait l’objet d’un
traitement acoustique standard, la
salle du Zénith, quant à elle, bénéficie
des meilleures technologies du
spectacle et de qualités acoustiques
exceptionnelles. Les concepteurs ont
en effet mis en place tout un système
pour accueillir tous types de concerts.
33
n° 105 03.2004
le magazine de l’environnement sonore
g
Echo Bruit
Bâtiment
Le Parc d’exposition
Les salons d’Auvergne
Ils ont pour cela travaillé en étroite
collaboration avec des acousticiens afin
de créer un lieu pensé pour le son.
La conception du Zénith permet une
programmation très éclectique. La
salle, de taille modulable, peut recevoir
les concerts de la musique sonorisée,
symphonique et lyrique. La géométrie
de la salle, qui évite les parois parallèles
ou courbes néfastes à l’acoustique,
s’adapte à tous types de spectacle.
L’amphithéâtre présente une forme de
coquille en pente douce. La scène (20 m
x 30 m) est mobile et peut être placée, le
cas échéant, au milieu de la salle. Huit
configurations sont ainsi possibles, ce
qui répond à l’exigence des jauges et
du parterre.
Grâce à la partition de la salle à l’aide
d’un système de rideaux, le Zénith
peut ainsi accueillir de 1600 à 8500
personnes dans des conditions
optimales.
d’obtenir une acoustique adaptée à
chaque type de musique, un temps de
réverbération faible et un son uniforme
sur tous les gradins.
Pour cela, ils ont imaginé une disposition
des murs spécifiques, volumes basstrap qui consistent à la mise en œuvre
de piège à basse alternance, de vide et
de plans non parallèles.
Une acoustique de pointe…
Les architectes ont travaillé en étroite
collaboration avec les acousticiens
afin de créer un lieu aux performances
acoustiques très variées. Il s’agissait
Le centre des conférences
34
124 pyramides mobiles
n° 105 03.2004
g
le magazine de l’environnement sonore
Le concept Zénith
Depuis maintenant près de vingt ans, le Ministère de la
Culture a engagé une politique de soutien à la construction
de salles de diffusion musicale de grande capacité (plus de
3 000 places). Le premier Zénith est construit à Paris en 1984
et très vite, d’autres villes feront réaliser des équipements
qui reprennent l’essentiel des caractéristiques de ce type de
salles. Le ministère structure alors son intervention et lance
le programme Zénith en 1988.
Il s’agit d’aider les collectivités locales qui souhaitent doter
leur ville de tels équipements : la demande en matière d’accès
aux concerts et autres formes de spectacles populaires va
croissant, quand dans le même temps, les professionnels de
la production et de la diffusion musicales se plaignent de ne
pas trouver de salles permettant aux artistes de se présenter
au public dans de bonnes conditions.
Le Ministère de la Culture décide, en accord avec les
professionnels du secteur, de mettre en place un cahier des
charges qui définit les conditions de faisabilité économiques,
techniques et d’exploitation des salles, dont le respect
permet l’octroi du label national Zénith, condition principale
à l’attribution de l’aide, qui se limite à l’investissement.
Ce cahier des charges définit trois conditions essentielles :
Echo Bruit
Bâtiment
• L’aménagement du territoire : tout projet de construction
est soumis à l’obligation d’une étude préalable d’opportunité
(niveau de structuration des équipements existants, zone
de chalandise, niveau de fréquentation de spectacles de
la population concernée, choix de la zone d’implantation,
capacité.) ;
• Le respect de certaines normes techniques spécifiques ;
• Les conditions d’exploitation du futur équipement :
neutralité et libre accès pour l’ensemble des promoteurs
de spectacle et équilibre de gestion (le zénith ne doit pas
se transformer en lieu banalisé ni souffrir d’une gestion
déséquilibrée qui nuirait à son indépendance).
Le Ministère de la Culture a chargé, par convention, le Centre
National des Variétés (CNV) de faire respecter, pour son
compte, ce cahier des charges par les collectivités publiques,
maîtres d’ouvrage.
Une première phase du programme a amené le Ministère de
la Culture à soutenir l’initiative des collectivités ayant abouti
à la construction des zéniths de Paris, Montpellier, Toulon,
Toulouse, Orléans, Pau, Nancy, Lille, Rouen, Caen et tout
dernièrement Clermont-Ferrand.
Entre 2004 et 2006 huit nouveaux zéniths verront le jour :
Amiens, Saint-Etienne, Strasbourg, Nantes, Limoges, Dijon,
Saint Denis de la Réunion, Nouvelle Calédonie avec le soutien
de l’État.
Un système acoustique variable est
par ailleurs disposé sur les deux tiers
de la surface du plafond de la salle. Ce
système est constitué de 124 pyramides
mobiles, qui selon qu’elles sont
fermées ou ouvertes, sont absorbantes
ou réverbérantes. Elles sont disposées
sur 11 lignes, on peut ainsi choisir d’en
n’ouvrir qu’un certain nombre selon les
désirs de l’ingénieur du son.
Bien que la salle soit dévolue en
priorité aux spectacles de grande
variété, elle peut également accueillir
des concerts symphoniques. Il a été
nécessaire d’implanter un élément
acoustique complémentaire au
traitement acoustique de base et au
système acoustique variable constitué
par l’ensemble de pyramides. Il s’agit
d’une conque modulaire réverbérante
démontable qui peut être disposée audessus de la scène. C’est un équipement
unique en France.
35
Les panneaux Rockfon :
une réponse adaptée aux
spécificités du chantier
Rockfon, spécialiste des plafonds suspendus en laine
de roche, a su adapter ses produits aux exigences
acoustiques, esthétiques et aux contraintes «feu»
du Zénith.
• 2 000 m de panneaux Rockindus (80 kg/m ) ont
été choisis pour leurs qualités d’absorption et se
retrouvent en plafond ; ils ont été recouverts sur les
deux faces d’un voile noir qui permet une pose dans
les deux sens,
• 1 000 m 2 de panneaux Sportfon noirs qui
présentent une excellente tenue mécanique ont été
préférés pour les parois situées en parties basses
de la salle. Leur coefficient d’absorption acoustique
(αW = 0,90)
2
3
La société Rockfon a adapté ses produits à la
spécificité du chantier notamment en ce qui concerne
les dimensions et les spécificités acoustiques. Par
ailleurs, les panneaux Rockindus ont été livrés
conditionnés dans des cartons afin de faciliter
la manutention et éviter les chutes importantes
dues à la fragilité du produit. Ils sont, en effet,
habituellement livré sur une palette filmée, ce qui
entraîne une manutention en hauteur compliquée.
L’entreprise générale a été documentée sur tous les
aspects des produits. Pour aider les entreprises de
pose, Rockfon a par ailleurs fourni des maquettes
in situ.
Renseignements :
Rockfon sas - Dominique Roy
Tél. : 01 40 77 82 82
Bâtiment
La diffusion des messages sonores en
absence de système de sonorisation
nécessite, en effet, une configuration
acoustique différente de celle de base
du Zénith.
Les objectifs acoustiques recherchés
sont :
- De fortes premières réflexions
favorisant la localisation des sources,
- Un niveau sonore élevé sur l’ensemble
des gradins de la jauge symphonique
(1600 places)
- Un champ réverbéré tardif favorisant
l’ampleur de la diffusion.
Conçue comme une enveloppe
réfléchissante, la conque acoustique
en aluminium permet l’écoute entre
les musiciens et le chef d’orchestre
tout en optimisant la diffusion du son
vers les spectateurs. Elle est constituée
par des pyramides accrochées à l’aide
d’une structure tubulaire à des ponts
motorisés suspendus au-dessus de la
scène et de l’espace de l’avant scène.
Elle couvre une surface d’environ
500 m2. Au centre de ce « cocon »,
les musiciens peuvent ainsi offrir au
public le meilleur de leur art, sans
l’apport d’aucun équipement électroacoustique.
L’ensemble des moteurs et des surfaces
motorisées, entièrement piloté par
informatique, permet de régler la
conque en hauteur, en profondeur et
selon un angle vertical.
La conque peut être entièrement
démontée, en éléments de 2,76 m x
2,76 m, et rangée dans les locaux de
stockage.
Le montage complet nécessite alors
environ 4 heures. Sinon, on peut choisir
de la déplacer et de la stocker en fond
de parterre. On peut alors intervenir
pendant le déroulement du spectacle,
avec cette deuxième possibilité,
l’installation de cet élément acoustique
ne demande en effet que 15 minutes.
Grâce à l’ensemble de ces dispositifs,
les ingénieurs du son peuvent adapter
l’acoustique de la salle à leurs
Conque acoustique démontée
36
n° 105 03.2004
le magazine de l’environnement sonore
g
Echo Bruit
habitudes de travail. Pour la musique
sonorisée, ils vont préférer une très forte
absorption, tandis que pour la musique
classique, ils feront appel à la conque
réfléchissante. À titre d’indication, dans
la version la plus absorbante, le temps
de réverbération dans la salle vide est
de 1,6 à 1,8 seconde.
Afin d’éviter les nuisances acoustiques
générées par les activités du Zénith,
toutes les fonctions, administration,
loges, tournées, équipements
techniques sont situés dans des
volumes distincts de la salle.
Le 5 décembre dernier, ont résonné les
premières notes du concert inaugural
de Johnny Hallyday à la satisfaction de
tous les spectateurs.
www.grandehalle-auvergne.com
Descriptif :
• Un Parc d’Expositions, livré au premier
trimestre 2004.
Il comprend :
- Un hall de 19 000 m2
- Un centre de conférences composé d’une
salle pouvant accueillir 600 personnes et
de 7 salles de réunion
- Un espace modulable en 4 unités
indépendantes, les «Salons d’Auvergne»,
de 2 400 m2
• Un Zénith pouvant accueillir jusqu’à
8 500 personnes,
• Un vaste parking de 6000 places
Livraison : premier trimestre 2004
Intervenants :
Maître d’ouvrage :
Conseil général d’Auvergne
Maître d’œuvre :
Cabinet Serge et André Gresy
SCP Michel Bertherat - Richard Van Le
Acousticien : Cabinet APIA,
Christian Malcurt - Tél. : 01 40 02 04 91
Conception des pyramides : SAHEX,
Alain Graf - Tél. : 04 67 40 44 46
Entreprise de pose : Aquitaine Isol
■