LE DOLLAR CANADIEN : DÉTERMINANTS DU TAUX DE CHANGE
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LE DOLLAR CANADIEN : DÉTERMINANTS DU TAUX DE CHANGE
LE DOLLAR CANADIEN : DÉTERMINANTS DU TAUX DE CHANGE Bibliothèque du Parlement Capsule d’information pour les parlementaires TIPS-117F Le 20 décembre 2004 Le dollar canadien son cours s’élève par rapport à une monnaie et tombe par rapport à une autre. Le dollar canadien évolue selon un régime de taux de change flottants, c’est-à-dire que sa valeur par rapport à d’autres devises – soit son taux de change – est déterminée, comme la valeur de toute marchandise ou tout service librement échangé, par l’offre et la demande. Cela n’a pas toutefois toujours été le cas. Du début de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1950, puis de 1962 à Un bref historique du dollar 1970, son cours était fixe par canadien se rapport à la monnaie américaine. trouve sur le site À ces époques, il incombait à la Web de la Banque Banque du Canada d’intervenir sur du Canada. le marché pour maintenir le cours fixé pour la devise. Aujourd’hui, la Banque du Canada n’intervient pas sur les marchés des changes à cette fin. Lorsqu’elle le fait, c’est pour maintenir l’ordre sur le marché et défendre la monnaie canadienne contre des ventes massives. Elle a agi de la sorte pour la dernière fois pendant la Crise asiatique de 1997-1998. Lorsqu’il est question de la valeur du dollar canadien, c’est presque toujours par rapport à son pendant américain; il y a à cela des raisons graphique 1 évidentes. Les États-Unis ont Le illustre l’évolution l’économie la plus importante et la du taux de plus riche au monde, et la monnaie change Canadade ce pays joue un rôle de jalon États-Unis depuis sur les marchés internationaux. 1951. Les États-Unis sont aussi le plus important marché d’exportation du Canada, et les liens économiques entre les deux pays se renforcent depuis des décennies. Toutefois, le dollar canadien n’en est pas moins échangé contre la plupart des autres monnaies du monde. Il n’évolue pas toujours dans la même direction selon les monnaies. Il arrive souvent que Le dollar canadien étant échangé librement sur le marché libre, son cours est touché par les facteurs qui influent sur l’offre et la demande de dollars canadiens par rapport à d’autres monnaies. Les facteurs qui augmentent (ou diminuent) la demande de dollars canadiens, ou qui diminuent (ou augmentent) la demande de monnaies étrangères exercent des pressions à la hausse (ou à la baisse) sur le taux de change. De même, les facteurs qui augmentent (diminuent) l’offre relative de dollars canadiens exercent des pressions à la baisse (ou à la hausse) sur le taux de change. La théorie économique et les données empiriques ont permis de cerner un certain nombre de facteurs déterminants pour le taux de change qui, pris isolément les uns des autres, ont des effets prévisibles sur les taux de change. Toutefois, parce que les facteurs entrant en ligne de compte en même temps sont très nombreux, il est manifestement difficile de prédire l’évolution des taux de change. Ce n’est souvent qu’avec le recul que l’on peut expliquer l’évolution récente des monnaies. Facteurs influant sur la valeur du dollar canadien Voici quelques-uns des facteurs les plus importants dont on sait qu’ils influencent le cours du dollar canadien. Les taux d’intérêt : Une hausse relative des taux d’intérêt au Canada accroît la demande étrangère de dollars canadiens, car les investisseurs achètent alors des titres canadiens, qui ont un meilleur rendement. Toutefois, le taux de rendement pour les investisseurs étrangers dépend de la tenue attendue du dollar. Si les investisseurs étrangers prévoient que le dollar canadien tombera, ils exigeront un taux d’intérêt plus élevé sur les titres libellés dans cette monnaie. Ce document est la version papier d’une capsule d’information Web consultable en ligne à http://lpintrabp.parl.gc.ca/apps/tips/index-f.asp LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 2 Les cours des produits de base : La valeur du dollar canadien est liée à la fermeté des cours mondiaux des produits de base, ces derniers représentant une portion plus importante des exportations canadiennes que de celles des ÉtatsUnis et de nombreux autres pays. Donc, lorsque les cours des produits de base se raffermissent, les termes de l’échange du Canada s’améliorent, puisque ces marchandises sont devenues plus précieuses en termes relatifs. Comme le pouvoir d’achat effectif au pays s’en trouve bonifié, cela se traduit d’habitude par une hausse du taux de change. L’inverse est également vrai : un tassement des cours des produits de base se traduit par une diminution du taux de change du dollar canadien. Les taux d’inflation : L’inflation est le taux auquel le niveau général des prix s’élève au fil du temps. Si l’inflation devait être plus forte au Canada qu’à l’étranger, le pouvoir d’achat du dollar canadien déclinerait par rapport à celui des autres monnaies. Cette érosion se refléterait par un recul du cours du dollar canadien. L’inverse est aussi vrai. Des taux d’inflation qui se maintiennent à un niveau relativement bas ont un effet positif sur le taux de change. Les échanges internationaux de biens et services : Lorsqu’un pays affiche un excédent commercial, c’est que la valeur globale de ses exportations dépasse celle de ses importations, ce qui exerce des pressions à la hausse sur le cours de sa monnaie (la demande de cette monnaie ou les recettes libellées dans cette monnaie dépassent l’offre ou les paiements en cette monnaie). Lorsqu’un pays accuse un déficit commercial, la valeur globale de ses importations dépasse celle de ses exportations, ce qui exerce des pressions à la baisse sur le cours de sa monnaie (l’offre de monnaie ou les paiements dans cette monnaie dépassent la demande ou les recettes en cette même monnaie). Les investissements à l’étranger et les paiements au titre de la dette : Les entrées d’investissements étrangers au Canada (achat d’obligations et d’actions par des étrangers, par exemple) augmentent la demande étrangère de dollars canadiens et poussent le cours à la hausse. Les investissements directs effectués par des Canadiens à l’étranger ont l’effet opposé. Les paiements au titre de la dette effectués auprès d’étrangers exercent également des pressions à la baisse sur le taux de change. Productivité : Comme les cours des produits de base, la productivité, soit en gros la production pouvant être réalisée avec un niveau donné La question de savoir d’intrants, peut influer si le dollar canadien influe sur la producsur la détermination du tivité nationale fait niveau du taux de l’objet d’un débat. Voir change, par l’effet la publication de la qu’elle a sur les prix Bibliothèque du relatifs et la compétiti- Parlement intitulée La huasse du dollar vité sur le plan inter- canadien et la national. Par exemple, productivité au Canada si la productivité devait s’améliorer plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis, les prix des marchandises produites au Canada deviendraient plus concurrentiels et, avec le temps, la production et les exportations du Canada s’accroîtraient, ce qui mènerait à une poussée de la demande de dollars canadiens. Comment expliquer la tenue récente du dollar canadien? À la fin des années 1980 et au début des années 1990, le dollar canadien était relativement vigoureux, essentiellement parce que les taux d’intérêt étaient beaucoup plus élevés au Canada qu’aux États-Unis, du fait de la politique de faible inflation adoptée à l’époque par le gouvernement canadien. Par la suite, lorsque ces taux ont commencé à chuter, la conjugaison des facteurs qu’étaient des rendements plus faibles au Canada, l’économie plus vigoureuse des États-Unis et la perception croissante du Canada comme investissement risqué (en raison d’une lourde dette publique et d’une cote de crédit en baisse) a contribué à un net recul du cours de la monnaie au début des années 1990. Au milieu de cette décennie, la situation budgétaire du Canada s’est améliorée et les taux d’inflation étaient bas; mais ces facteurs positifs ont été compensés par le recul des cours des produits de base pendant la deuxième moitié de la décennie et par des taux LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 3 d’intérêt demeurés, pour la plupart, inférieurs à leurs pendants américains. Le dollar s’est stabilisé temporairement légèrement au-dessus des 70 cents. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, les attentes d’un raffermissement de la monnaie canadienne se sont intensifiées. En effet, non seulement les finances publiques du Canada avaient été assainies, mais le solde commercial et le compte courant du pays étaient excédentaires, ses investissements nets par rapport au monde s’amélioraient, les cours des produits de base s’étaient stabilisés et sa croissance économique était robuste. Toutefois, le dollar canadien n’a commencé à grimper qu’à la fin de 2002. L’incertitude économique dans le monde, suscitée par la Crise asiatique de 1997-1998, l’éclatement de la bulle de la haute technologie en 2000 et les attentats terroristes aux États-Unis un an plus tard, ont poussé les investisseurs nerveux à se réfugier dans les actifs libellés en dollars américains. Le billet vert s’est donc maintenu à un niveau élevé, bien que les signes d’un affaiblissement des facteurs fondamentaux de l’économie américaine devenaient manifestes. Le dollar américain a fini par se déprécier par rapport à la plupart des grandes monnaies du monde, notamment le dollar canadien. En outre, au début des années 2000, les économies du Canada et des ÉtatsUnis ont commencé à afficher des profils de croissance divergents. Si l’économie américaine s’est essoufflée, celle du Canada est demeurée vigoureuse. Par conséquent, les États-Unis ont commencé à abaisser leurs taux d’intérêt afin de stimuler la croissance économique. Au Canada, un tel stimulus n’était pas nécessaire et les taux d’intérêt sont demeurés élevés. C’est ainsi que le dollar canadien est passé de 63,6 cents américains en janvier 2003 à 77,1 cents américains à la fin de l’année. Au début de 2004, toutefois, le dollar canadien a reculé quelque peu, pour reprendre son élan par la suite, notamment grâce à des exportations plus fortes que prévu. La force du dollar canadien avait laissé présager un ralentissement des exportations aux États-Unis, mais la reprise de l’économie américaine, entre autres, leur a au contraire permis d’enregistrer de solides gains. Toutefois, c’est la conjoncture morose aux États-Unis – surtout la persistance du déficit commercial (et budgétaire) malgré la faiblesse de la devise – qui a le plus contribué à la croissance du dollar canadien en 2004. La devise américaine a donc continué de perdre du terrain par rapport aux autres devises, y compris le dollar canadien. préparé par Michael Holden Service d’information et de recherche parlementaires Pour en savoir plus… Voir la bibliographie ainsi que les hyperliens internes et externes de la version Web du présent document à : http://lpintrabp.parl.gc.ca/apps/tips/index-f.asp ou composer le (613) 996-3942 Graphique 1 – Le taux de change Canada–États-Unis 1951-2004 $ 1,1 $US par $CAN – Taux de fin de mois 1,05 1 0,95 0,9 0,85 0,8 0,75 0,7 0,65 0,6 1951 1958 1965 1972 1979 1986 1993 2000 Nota : Les données de 2004 vont de janvier à juillet. Source : Banque du Canada Graphique 2 – Cours des produits de base réel et dollar canadien $US par $ CAN Indice 1990 = 1 1,6 0,9 1,4 0,85 1,2 0,8 0,75 1 0,8 0,7 0,6 0,65 0,4 1988 0,6 1991 1994 1997 2000 2003 Cours des produits de base non énergétiques réel (axe de gauche) Prix réel de l'énergie (axe de gauche) Taux de change (axe de droite) Source : Banque du Canada; Bibliothèque du Parlement. Graphique 3 – Compte courant et solde de la balance commerciale des États-Unis 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 100 Milliards de $ 0 -100 -200 Commerce de marchandises -300 Compte courant -400 -500 -600 Source : OCDE; Bibliothèque du Parlement. Graphique 4 – Appréciation des grandes devises par rapport au dollar américain 150 Indice du taux de change, janvier 2001 = 100 Euro Yen Livre britannique Dollar canadien Dollar australien 140 130 120 110 100 90 80 avr01 août01 déc01 avr02 août02 déc02 avr03 août03 déc03 avr04 Source : U.S. Federal Reserve Board; Bibliothèque du Parlement. Graphique 5 – Cours du dollar américain 1988-2004 120 Indice du taux de change pondéré en fonction des échanges Mars 1973 = 100 115 110 105 100 95 90 85 80 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Nota : Les données de 2004 vont de janvier à juillet. Source : U.S. Federal Reserve. Graphique 6 – Écarts de taux d’intérêt et dollar canadien, 1993-2004 5 Taux au Canada moins taux aux États-Unis (en %) $US Écart de taux d'intérêt (axe de gauche) Taux de change (axe de droite) 4 3 2 0,85 0,8 0,75 1 0 -11993 0,7 1995 1997 1999 2001 2003 0,65 -2 -3 Nota : 0,6 1) Les données pour 2004 vont de janvier à juillet. 2) L’écart de taux d’intérêt représente la différence entre la cible fixée par la Banque du Canada pour le taux à un jour et la cible fixée aux États-Unis pour le taux des fonds fédéraux. Source : Banque du Canada; Bibliothèque du Parlement.