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RAPPORT MORAL Le mot du président Parmi les anciens Ma'ohi, certains craignaient que leur survie dépende de la bonne santé des lagons, de l'océan et de leurs habitants. Ils établirent donc des « tabu » et des « rahui », gérant de leur mieux leur pression sur le monde sauvage. D'autres pensaient différemment : la fn tragique et fameuse de la civilisation de l'île de Pâques nous en informe de manière opportune. Le nouveau Ma'ohi, lui, a généralement plutôt peur de manquer... d'argent. En effet, la société dans laquelle il vit le considère comme performant par sa solvabilité : à condition d'être solvable, son accès à la consommation est immédiat et le manque reporté à un avenir par essence vague et incertain. Plus besoin de gérer quoi que ce soit, si ce n'est la quête de liquidités. La solvabilité, c'est donc ce qu'hypothèque un individu ou un pays pour disposer d'un crédit. Fondamentalement, la solvabilité de la Polynésie en tant qu'économie, son crédit, repose sur ses paysages et sa biodiversité. Qui doivent, eux, leur l'existence à celle d'un organisme minuscule et fragile, le corail, lui-même dépendant d'un organisme gigantesque : l'océan. Eux-mêmes partie de l'énorme machinerie planétaire qui nous a donné naissance et qui nous maintient en vie, nous et plusieurs millions d'autres espèces vivantes. Ces acrobatiques constructions biologiques, minérales ou climatiques, non seulement ne paraissent pas fonctionner au proft exclusif d'une espèce, d'une nation ou d'une catégorie sociale, mais semblent « ad nauseam » souffrir d'une vision anthropocentrique et utilitaire de la nature. Ce qui n'arrange pas beaucoup le consommateur ou le ploutocrate mais qui prouve au moins qu'il faut un « Groupe d'Étude des Mammifères Marins » pour participer, de manière vivante, foisonnante, bourgeonnante, polymorphe, éclectique, vigilante et païenne à une meilleure écoute, connaissance et reconnaissance de nos voisins nomades des océans. Ne serait-ce que pour l'exemple d'intelligence adaptative qu'ils nous suggèrent ou pour l'exigence d'un océan de qualité qu'ils nous apportent. Ou peut-être tout simplement pour éviter que l'utile empêche défnitivement le vrai. Pour autant, les vérités qui ont marquées depuis 2009 notre veille des cétacés des archipels de la Société et des Tuamotu sont inquiétantes : – – – – – – Conflits réguliers entre dauphins et pêcheurs sur les dispositifs fxes (DCPs) et mobiles (palangres) de pêche professionnelle. Malgré nos objections, le parc de DCPs polynésien fait plus que doubler annuellement (458 % en 4 ans !). Collisions régulières entre baleines et ferries à Tahiti-Moorea. Dérangement important de dauphins et baleines, confrontés à la vague d'un tourisme d'« aventure ». Non-respect ou interprétation intéressée de la réglementation concernant la sauvegarde de la faune sauvage. Absence d'un réseau d'intervention sur les échouages et de surveillance de l'état des populations ou groupes de mammifères marins locaux et de passage, indicateurs des pollutions littorales et transnationales. Manque d'organisation et de cohérence dans les politiques locales d'observation et de conservation des mammifères marins. Pérenniser et intensifer notre présence sur le terrain (Sentinelles de l'Océan, Bureau des Guides Naturalistes), témoigner de nos observations, améliorer leurs dimensions scientifque et mutualiste, animer activement le débat sur les enjeux de la sauvegarde et du respect de la vie sauvage (le GEMM est Coup de Cœur 2013 de la Fondation Nicolas Hulot et a publié un classement du comportement des « clubs » de plongée visà-vis des cétacés sauvages) seront des prolongements naturels de ce travail. Merci donc à tous ceux qui, avec patience, imagination, passion et courage, nous ont accompagnés en 2013, et qui, nous l'espérons, continuerons à le faire, ainsi qu'à tous ceux que nous ne connaissons pas encore et que nous serons heureux d'accueillir en 2014. L'Océan a besoin de nous ! RAPPORT D'ACTIVITÉ ÉTUDE ET ACTIONS SUR LES GRANDS DAUPHINS DE RANGIROA PROJET 'OU'A NUI Le bilan de notre campagne 2013 à Rangiroa est disponible : cliquer ici pour le visualiser. Un petit montage vidéo est également disponible à ce lien. CONNAISSANCE • • • 2013 : un projet de recherche a été rédigé en collaboration avec le Dr. Olivier Adam (laboratoire Neurosciences, université Paris Sud) et le Dr. Jean-Luc Jung (laboratoire BioGeMME, université de Bretagne Occidentale). Sa soumission pour l'obtention d'aides fnancières a pour le moment été rejetée par IFRECOR, la Fondation Hermès et Te Me Um. Nous n'avons pour le moment reçu aucun retour de la part de la Direction de L'Environnement polynésienne. 2014-2016 : préparation à l'accueil d'une équipe scientifque. 2014 : développement du concept de « plongée participative » avec des centres de plongée de Rangiroa et l'association Planète Urgence : lien sur le site. MÉDIATION • 22 classes représentant 511 enfants, adolescents et jeunes adultes des établissements scolaire et de formation d'Avatoru et de Tiputa ont été sensibilisés à la reconnaissance et la protection des grands dauphins grâce aux outils du GEMM et de notre partenaire Mon École, Ma Baleine. COMMUNICATION • • • • 2013 : l'affche « Les dauphins de Rangiroa » a été distribuée dans des clubs de plongées, pensions et snacks de l'île. Un panneau fxe « Bienvenue chez les grands dauphins » a été mis en place par la mairie d'Avatoru sur le site « La Cité des Dauphins » surplombant la passe de Tiputa. 2013 : notre chef de mission, Pamela Carzon, a participé au documentaire « Dessine-moi un dauphin » produit et réalisé par Dominique Martial. Le documentaire traite de la problématique liée à une approche abusive des grands dauphins. Acheté par France 2, il a été présenté au Festival Mondial de l'Image Sous-Marine. Classement GEMM 2013 du comportement des centres de plongée de Rangiroa avec la faune sauvage emblématique de Polynésie : lien. Un débat a été mis en place avec l'association Longitude 181 qui édite une Charte du Plongeur Responsable dont une grande partie des centres de plongée de Rangiroa sont ambassadeurs. Ci-dessous, extrait de la réponse du GEMM au C.A. de Longitude 181 : - En quoi est-il responsable de familiariser volontairement des animaux sauvages ? Il ne s'agit pas d'observation ponctuelle exceptionnelle mais d'une situation mise en place progressivement depuis de nombreuses années avec des animaux côtiers et résidents qui, aux débuts de la plongée à Rangiroa, n'étaient visibles que par chance. Nous en sommes à l'heure actuelle à l'habituation voulue d'une jeune femelle née sur zone en février 2013 et qui, dès l'âge de 3 mois, était observée dans les bras de plongeurs. Il ne s'agit pas non plus de quelques rares observateurs mais de plus de 30 000 plongeurs chaque année. Pour exemple, le comportement de ces animaux n'a rien à voir avec celui observé chez les grands dauphins sauvages des îles Sous-le-Vent, qui conservent systématiquement une distance naturelle avec les nageurs lorsque ces derniers ont la chance de les apercevoir. - En quoi est-ce légal dans le cadre du Sanctuaire des Mammifères Marins polynésien dont la réglementation prohibe toute modifcation du comportement des espèces protégées dont le grand dauphin fait partie ? - En quoi espérez-vous que votre action ait un rôle éducatif pour le public et les professionnels de la plongée ? Puisque vous êtes contre, qu'avez-vous l'intention de mettre en place pour expliquer qu'il est « mal » d'habituer et de toucher les animaux ? ÉTUDE ET ACTIONS SUR LES BALEINES À BOSSE DE HUAHINE PROJET MATAREVA Le bilan de notre campagne 2013 à Huahine est disponible : cliquer ici pour le visualiser. Un petit montage vidéo est également disponible à ce lien. CONNAISSANCE • 2014-2016 : préparation à l'accueil d'une étude scientifque dans le cadre d'un diplôme de l'École Pratique des Hautes Études. MÉDIATION • 22 classes représentant 407 enfants et adolescents des établissements scolaire de Maeva, Fare et Fiti'i ont été sensibilisés à la reconnaissance et la protection des baleines à bosse grâce aux outils du GEMM et de notre partenaire Mon École, Ma Baleine. • Le projet d'accompagnement d'une activité responsable de whale-watching à Huahine est reporté à 2014. Le prestataire concerné n'a en effet pas obtenu d'autorisation d'approche pour la saison 2013. Le GEMM a envoyé une lettre préalable à une convention avec l'hôtel Lapita, comportant les points suivants : 1. L'objectif du GEMM n'est pas de développer le whale-watching à Huahine mais d'accompagner une éventuelle activité d'approche touristique. Le GEMM n'ayant aucun moyen d'agir sur le prestataire, il nous paraît opportun que l'hôtel s'en charge. 2. Le GEMM accepte d'associer son nom et ses capacités à un tel projet, à condition de ne pas voir se renouveler à Huahine les excès observés à Tahiti et Moorea. 3. Dans un premier temps, les conditions de réalisation des rencontres avec les baleines et autres cétacés devront être élaborées dans un partenariat limité au GEMM et à l'hôtel Lapita, sur la base temporelle d'une journée. 4. Un parrainage fnancier devra être mis en place entre l'hôtel et le GEMM. Ce parrainage reste à négocier. C'est l'hôtel également qui devra régler ses relations avec le ou les prestataires retenus. 5. Une convention devra être établie entre le GEMM et l'hôtel Lapita, qui défnira les conditions de déroulement de l'activité. COMMUNICATION • 2013 : notre chef de mission, Pamela Carzon, a participé au documentaire « Odyssée Pacifque » produit et réalisé pour Planète Thalassa. Ce dernier traite de l'observation et du suivi visuel et acoustique des baleines à bosse de l'archipel de la Société. ÉTUDE ET ACTIONS SUR LES CÉTACÉS DU SANCTUAIRE POLYNÉSIEN PROJET RÉS'OCÉAN Le bilan 2009-2013 de notre réseau d'observation des cétacés polynésiens est disponible : cliquer ici pour le visualiser. COMMUNICATION • • • 2013 : création d'une carte interactive résumant les espèces observées par île, échouages et menaces. À consulter sur le lien suivant. 2014 : fabrication et diffusion d'un « Carnet de Veille » aux membres du réseau. 2014 : création et réalisation d'un badge brodé thermocollant « Sentinelle de l'Océan ». ÉTUDE ET ACTIONS SUR LES PROBLÈMES DE DÉPRÉDATION PROJET HAU MOANA CONNAISSANCE • • 2013 : rédaction d'un bilan sur les problèmes de déprédation connus dans les eaux polynésiennes et les techniques de lutte développées dans le monde. Ce document, envoyé aux autorités responsables de la gestion et de la protection des l'environnement polynésien, n'a reçu aucun retour pour le moment. 2013 : création d'une affche destinée à informer les pêcheurs hauturiers. En dépit de nos objections et des soupçons concernant le fait que les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCPs) sont responsables de situations confictuelles entre pêcheurs et mammifères marins, la politique d'expansion du programme DCP continue sans études préalables ou précautions particulières. Ainsi, 55 DCPs étaient opérationnels fn 2013 contre 12 en 2009 (chiffres : Direction des Ressources Marines), soit un doublement annuel (115 % par an et 458 % en 4 ans). Enfn, malgré notre participation début 2013 à deux réunions avec la Direction des Ressources Marines impliquant une tentative conjointe de mise en place d'un projet de sensibilisation des pêcheurs et de suivi des relations entre pêcheurs et mammifères marins, rien n'a été suivi d'effet à l'heure actuelle. COMMUNICATION • Un communiqué de presse et un article dédié ont été diffusés en août sur Tahiti Infos afn d'alerter le grand public. DIVERS • • • • • Contribution au documentaire « L'île aux baleines du Dr. Poole », produit et réalisé par Dominique Martial. Tentative de déblocage administratif de notre projet « 'Ou'a Nui » via l'envoi d'une lettre recommandée à la DIREN avec copie à la Délégation à la Recherche. Aucune nouvelle depuis octobre 2013. Participation au prix Raymond Duguy pour le développement d'un réseau échouage effcace sur le territoire polynésien, via notamment l'amélioration de nos moyens de collaboration avec le centre opérationnel de la Gendarmerie Nationale. Obtention d'un soutien « coup de cœur du jury » de la Fondation Nicolas Hulot pour des actions de sensibilisation en milieu scolaire. Organisation, en commun avec l'association Te Mana O Te Moana, de la première réunion d'un « collectif d'observateurs de cétacés » au CRIOBE de Moorea, destinée à améliorer la mutualisation • des données et à coordonner du travail des observateurs. Organisation d'un Bureau des guides de faune océanique (wildlife biologists) par des professionnels du Rés'Océan autour d'un besoin d'améliorer l'éthique et la qualité du tourisme « vert » en Polynésie. SITE INTERNET • • • • Réorganisation et sécurisation du site. Création d'un espace de vote en ligne : lien Création d'une carte interactive : lien Aménagement d'un bureau des guides : lien PRESSE • • • • • 09 août 2013 / Tahiti Infos : « En Polynésie, la cohabitation entre pêcheurs et mammifères marins est parfois délicate ». 13 novembre 2013 / Dom-Tom News : « Une association polynésienne lauréate du dispositif de soutien de la Fondation Nicolas Hulot. » 13 novembre 2013 / Polynésie Première : « Une association polynésienne d'étude des mammifères marins lauréate de la Fondation Nicolas Hulot. » 14 novembre 2013 / Tahiti Infos : « Une association polynésienne lauréate du dispositif de soutien de la Fondation Nicolas Hulot ». Décembre 2013 / Scuba People, le magazine plongée n°60 : « Dauphins de Rangiroa : touche à ton pote ? ». BILAN FINANCIER QUE FAISONS-NOUS DE VOTRE ARGENT ? TABLEAU DES AFFECTATIONS 2013 (Francs Pacifiques) 1. CAMPAGNES 69,5 % 825 212 XPF 2. SENSIBILISATION 18,2 % 216 181 XPF 3. FONCTIONNEMENT ASSOCIATION 12,3 % 145 447 XPF TOTAL AFFECTATIONS 1 187 240 XPF TABLEAU DES RESSOURCES 2013 (Francs Pacifiques) 1. COTISATIONS 7,2% 86 662 XPF 2. AIDES INSTITUTIONNELLES Europe - État - Pays - Communes - Fondation Nicolas Hulot 9,4 % 113 365 XPF 3. PARRAINAGES 15,4 % 186 797 XPF 4. VOLONTARIAT 17 % 207 995 XPF 5. MANIFESTATIONS - 6. ACTIVITÉS COMMERCIALES - 7. RELIQUAT ANNÉE PRÉCÉDENTE 51 % 619 984 XPF TOTAL RECETTES 1 214 803 XPF DÉPENSES 1 187 240 XPF RELIQUAT au 1ER Janvier 2014 27 563 XPF COMMENTAIRES Le volet sensibilisation baisse succinctement mais se maintient de par une aide de la Fondation Nicolas Hulot, qui ne manque pas de courage en saluant à sa façon notre travail. Merci également à l'association Mon École, Ma Baleine pour son soutien. Le volet « sciences participatives », incluant l'accueil d'écovolontaires, nous a surpris. Nous passons en effet de 15 volontaires en 2012 à 1 cette année, recruté et envoyé à l'agence par le GEMM... Comme toujours, il semble que les études et actions de terrain n'aient pas le vent en poupe chez les administrations. Heureusement, nos membres et parrains ne sont pas du même avis. La dotation au fonctionnement est en augmentation par rapport à l'année dernière car le matériel s'use, se brise, se remplace ou se répare (de préférence) ! Bonne continuation à tous et à bientôt sur le terrain !