pack 6 français preparation au concours orthophonie
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PACK 6 FRANÇAIS PREPARATION AU CONCOURS ORTHOPHONIE Ce pack est composé de 07 sujets : SUJET 1 : EPREUVE DE DICTEE DU CONCOURS ORTHOPHONIE DE LILLE EN 2004 SUJET 2 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE LILLE EN 2009 SUJET 3 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE LYON EN 2008 SUJET 4 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE NANCY EN 2005 SUJET 5 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE NANCY EN 2008 SUJET 6 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE NANCY EN 2009 SUJET 7 : EPREUVE DE CORRECTION DE TEXTE CONCOURS ORTHOPHONIE DE STRASBOURG EN 2011 SUJET LILLE 2004 DICTEE A CORRIGER Les trois courbes Vu d'assez haut, l'évolution de l' humanité depuis la préhistoire laisse apparaître trois courbes particulièrement remarquables. Nous les appellerons pour choisir les termes les plus simples — courbe de la nature humaine ; courbe des institutions ; courbe de la technique. La nature humaine, c'est la nature humaine individuelle ; c'est l'homme moyen, avec ses tendances, ses aptitudes, le mécanisme de ses réactions innées, Certes, en fait, à cette nature que I 'homme apporte en naissant se superpose toujours une seconde nature, qui est le fruit du dressage et de l'éducation ; ainsi qu'une mentalité, c'est-à-dire un ensemble d'idées, de partis pris, de préjugés, qui peut modifier beaucoup les réactions instinctives et les dictées du caractère premier. Mais l'on sait aujourd'hui que ni l'éducation ni la mentalité ne sont héréditaires donc qu'elles ne s'incorporent point à la nature de l'homme individuel. L'une et l'autre, en réalité, relève plutôt du domaine des institutions. Le mot d'institution doit être pris en un sens très large. Il s'agit en somme de ce que tous les hommes en société inventent pour organiser et perpétuer leur vie collective, pour y adapter l'individu ; et de tout ce climat moral et intellectuel que la société crée autour de l'homme et qui s'appelle culture. Dans les institutions, nous faisons donc rentrer non seulement les lois, les structures politiques, les arrangements divers, juridiques ou économiques, qui règlent les rapports des hommes entre eux et ceux des peuples ; mais aussi les moeurs, et dominant le tout, les religions et les créations supérieures de l'esprit, comme la philosophie, la littérature, l'art et la science, dans la mesure où la science ne se tourne pas vers les applications pratiques. Il est aisé de voir que l'éducation et la mentalité sont un produit direct des institutions ainsi entendu. Enfin la technique n'a guère besoin d'étre définie. C'est tout ce que I' homme en société a inventé au cours des âges pour améliorer les conditions matérielles de sa vie et augmenter son pouvoir sur la nature extérieure, depuis les silex éclatés de l'homme des cavernes jusqu'à l'avion actuel et aux dispositifs de commande mécanique à distance. La courbe de la technique serait même mieux appelée courbe du pouvoir (de l'homme sur la nature). Car philosophiquement il est facile de contester que, dans le passé, un progrès de la technique est chaque fois comporté une amélioration réelle de la condition humaine, et un accroissement du bonheur. Mais chaque fois, et sans doute aucun, il a entraîné une augmentation du pouvoir. Or depuis les âges les plus lointains que peut atteindre l'histoire et reconstituer la préhistoire, jusque vers le milieu du XVIII siècle, ces trois courbes avaient cheminé d'un pas analogue, et sans s'écarter beaucoup l'une de l'autre. A vrai dire, la courbe de la nature humaine - au sens strict du mot : nature humaine - s'est presque réduite à une ligne droite horizontale, à un pallier indéfini. Du moins depuis quarante ou cinquante milliers d'années, c'est-à-dire depuis l'époque où une comparaison avec les deux autres courbes prend une ébauche de signification. Il est hautement probable que l'homme de Cro-Magnon nous ressemblait comme un frère, même au point de vue psychologique. Il avait les mêmes aptitudes cérébrales, les mêmes mécanismes de réactions émotionnelles, les mêmes possibilités de freinage volontaire. Placé dés sa naissance dans un milieu social identique au nôtre, l'homme de Cro-Magnon donnerait à vingt ans un adulte indicernable du contemporain moyen. Tout au plus s'en distinguerait-il en se classant probablement un peu au-dessus de la moyenne ; car pour produire nos souches actuelles il s'est certainement mélangé à des types humains moins doués. Bref, de sa nature à la nôtre, il n'y a pas eu de changement appréciable... C'est une courbe du même aspect qui correspond aux institutions. Plus nettement ascendante, à coût sûr. Si septique que l'on se flatte d'être à l'égard des progrès de la société, l'on est bien obligé de reconnaître — sauf si l'on est de mauvaise foi — qu'au total, et avec toutes sortes de régressions locales ou temporaires (le lieu était parfois très vaste, et le temps très long ) il s'est produit au cours des millénaires une amélioration des systèmes politiques, des lois, des moeurs, mère des relations entre peuples, en même temps qu'un enrichissement et approfondissement de la culture, C'est même par ce détour que la nature humaine individuelle a été atteinte, est entraînée tant soit peu dans le sens d'un progrès. Jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, la courbe de la technique a été, elle aussi, très lentement ascendante, avec de larges paliers, et des descentes, qui correspondait en général à un recul des institutions, provoqué par quelque catastrophe historique. Mais à partir de cette date elle prend une allure entièrement différente. Elle s'écarte de plus en plus des deux autres. Elle commence une ascension qui est tout de suite rapide, mais qui,chaque quart de siècle, acquiere une accélération plus grande. Tant que le pouvoir conféré par la technique â l'homme ne grandissait pas plus vite que la force des institutions civilisatrices et que leur contrôle sur les impulsions violentes de l'individu et des masses — cet accroissement restant d'ailleurs très lent des deux côtés — les catastrophes, tout en variant de gravité et d'ampleur suivant les circonstances, se tenaient autour d'une certaine valeur moyenne, et n'avaient jamais franchi certaines limites. Ainsi la guerre de Trente Ans n'avait pas été plus désastreuse que la guerre de Cent Ans ; ni celle-ci plus que la crise qui avait liquidé l'empire carrolingien. Et cette crise elle-même avait moins détruit que n'avait fait la chute de l'empire romain d'Occident. Mais au moment où la courbe du pouvoir commençait son ascension vertigineuse, il eut fallu que les autres courbes connussent une ascension analogue ; c'est-à-dire que le perfectionnement de la nature humaine et celui de l'organisation politique de l'humanité marchassent aussi vite. Il n'en a rien été. L'humanité s'est trouvé dans la situation d'un enfant qui à l'âge de cinq ans et un mois recevrait soudain, avec entière liberté d'en disposer suivant ses caprices, des revolvers, des bombes, un baril de poudre, un tonneau d'acide sulfurique, sans oublier une collection de poignard, et toute la variété possible d'allumettes, de briquets, et d'instruments à perforer. [...] Si le mouvement des trois courbes reste de même allure, c'est-à-dire si leur écart continue à croître de la même façon vertigineuse, il me paraît impossible d'échapper aux conclusions suivantes ; 1) Le même jeu de forces qui jusqu'ici a provoqué les catastrophes n'a aucune raison de n'en pas produire de nouvelles (par des combinaisons peut-être imprévisibles, donc impossibles à déjouer d'avance. Autrement dit, éliminer par exemple l'impérialisme, éliminer le socialisme totalitaire, ne nous garantit nullement qu'un nouveau fléaux quelconque ne surgira pas), Et il n'y a aucune raison pour que le retour de ce phénomène tarde longtemps. 2) Une nouvelle catastrophe sera nécessairement beaucoup plus grave que la dernière. Elle présentera le pouvoir de destruction de celle-ci plusieurs fois multiplié — d'autant plus de fois multiplié que l'intervalle entre les deux catastrophes aura été plus long (donc, en fin de compte, rallongement du délai sera sans profit pour l'humanité). 3) Le seul motif de croire que cette série de catastrophe en progression géométrique ne durera pas très longtemps est qu'il suffira probablement d'une, ou au plus de deux encore, pour que la civilisation disparaisse (et que les trois courbes reviennent à leurs positions de la préhistoire). Jules ROMAINS, Le problème numéro 1 , Éditions PLON, NB : Ni la ponctuation, ni l'orthographe des noms propres ne sont à corriger. SUJET LILLE 2009 Texte à corriger. Ne corrigez ni la ponctuation, ni l'orthographe des noms propres. Seule l'orthographe est à prendre en compte. "Autour de Madame Swann" Ma mère, quand il fût question d'avoir pour la première fois M. de Norpois à dîner, ayant exprimé le regret que le professeur Cottard fût en voyage et qu'elle-même eût entièrement cessé de fréquenter Swann, car l'un et l'autre eussent sans doute intéressés l'ancien ambassadeur, mon père répondit qu'un convive éminent, un savant illustre, comme Cottard, ne pouvait jamais mal faire dans un dîner, mais que Swann, avec son hostentation, avec sa manière de crier sur les toits ses moindres relations, était un vulgaire esbrouffeur que le marquis de Norpois eût sans doute trouvé, selon son expression, "puant". Or cette réponse de mon père demande quelques mots d'explication, certaines personnes se souvenant peut-être d'un Cottard bien médiocre et d'un Swann poussant jusqu'à la plus extrême délicatesse, en matière mondaine, la modestie et la discrétion. Mais pour ce qui regarde celui-ci, il était arrivé qu'au "fils Swann" et aussi au Swann du Jockey, l'ancien ami de mes parents avait ajouté une personnalité nouvelle (et qui ne devait pas être la dernière), celle de mari d'Odette . Adaptant aux humbles ambitions de cette femme, l'instinct, le désir, l'industrie, qu'il avait toujours eu, il s'était ingénié à se bâtir, fort au-dessous de l'ancienne, une position nouvelle et appropriée à la compagne qui l'occuperait avec lui. Or il s'y montrait un autre homme. Puisque (tout en continuant à fréquenter seul ses amis personnels, à qui il ne voulait pas imposer Odette quand ils ne lui demandaient pas spontanément à la connaître) c'était une seconde vie qu'il commençait, en commun avec sa femme, au milieu d'êtres nouveaux, on eut encore compris que pour mesurer le rang de ceuxci, et par conséquent le plaisir d'amour-propre qu'il pouvait éprouver à les recevoir, il se fût servi, comme point de comparaison, non pas des gens les plus brillants qui formaient sa société avant son mariage, mais des relations antérieures d'Odette . Mais, même quand on savait que c'était avec d'inélégants fonctionnaires, avec des femmes tarées, parure des bals de ministère, qu'il désirait de se lier, on était étonné de l'entendre, lui qui autrefois et même encore aujourd'hui dissimulait si grâcieusement une invitation de Twickenham ou de Buckingham Palace, faire sonner bien haut que la femme d'un sous-chef de cabinet était venue rendre sa visite à Mme Swann . On dira peut-être que cela tenait à ce que la simplicité du Swann élégant n'avait été chez lui qu'une forme plus raffinée de la vanité et que, comme certains israélites, l'ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passés ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naïf et la plus grossière goujatterie jusqu'à la plus fine politesse. Mais la principale raison, et celle-là applicable à l'humanité en général, était que nos vertus elles-même, ne sont pas quelque chose de libre, de flottant, de quoi nous gardions la disponibilité permanente ; elles finissent par s'associer si étroitement dans notre esprit avec les actions à l'occasion desquelles nous nous sommes faits un devoir de les exercer, que si surgit pour nous une activité d'un autre ordre, elle nous prend au dépourvu et sans que nous ayions seulement l'idée qu'elle pourrait comporter la mise en oeuvre de ces mêmes vertus. Swann empressé avec ces nouvelles relations et les citant avec fierté, était comme ces grands artistes modestes ou généreux qui, s'ils se mettent à la fin de leur vie à se mêler de cuisine ou de jardinage, étalent une satisfaction naïve des louanges qu'on donne à leurs plats ou à leurs platebandes pour lesquels ils n'admettent pas la critique qu'ils acceptent aisément s'il s'agit de leurs chefsd'oeuvre ; ou bien qui, donnant une de leurs toiles pour rien, ne peuvent en revanche sans mauvaise humeur perdre quarante sous aux dominos. Marcel PROUST ; A l'ombre des jeunes filles en fleurs. SUJET LYON 2008 Texte à corriger. Réécrire les mots mal orthographiés et eux seuls. Meaulnes, caché derrière les sapins, de crainte qu'on ne l'aperçut, examinait le désordre du lieu, lorsqu'il avisa, de l'autre côté de la cour, juste au dessus du siège d'un haut char à banc, une fenêtre des annexes à demi ouverte. Deux barreaux de fer, comme on en voit derrière les domaines aux volets toujours fermés des écuries, avaient dû clore cette ouverture. Mais le temps les avait toujours décelés. Meaulnes reste un moment éblouï et titubant dans ce coridor noir. Il craint maintenant d'être surpris. Son allure hésitante et gauche le ferait, sans doute, prendre pour un voleur. Il va s'en retourner délibérément vers la sortie, lorsque de nouveau il entend dans le fond du corridor un bruit de pas et des voix d'enfants. Ce sont deux petits garçons qui s'approchent en parlant. "Est-ce qu'on va bientôt diner ? leur demande Meaulnes avec aplomd. - Viens avec nous, répond le plus grand, on va t'y conduire." Avant que le jeune homme ai rien pu dire, ils sont tous les trois arrivés à la porte d'une grande salle où flambe un beau feu. Des planches, en guise de table, ont été posées sur des trétaux ; on n'a étendu des nappes blanches, et des gens de toute sorte dînent avec cérémonie. C'était, dans une grande salle au plafond bas, un repas comme ceux que l'on offre, la veille des noces de campagne, aux parents qui sont venus de très loin. La discussion continua. Meaulnes n'en perdait pas une parole. Grâce à cette paisible prise de becs, la situation s'éclairait faiblement : Frantz de Galais, le fils du château, était allé à Bourges pour y chercher une jeune fille et l'épouser. Chose étrange, ce garçon, qui devait être très jeune et très fantasque, réglait tout à sa guise dans le Domaine. Il avait voulu que la maison où sa fiancée entrerait ressemblat à un palais en fête. Et pour célébrer la venue de la jeune fille, il avait invité lui-même ces enfants et ces vieilles gens débonnaires. Tel était les points que la discussion des deux femmes précisaient. Elles laissaient tout le reste dans le mystère, et reprenaient sans cesse la question du retour des fiancés. L'une tenait pour le matin du lendemain. L'autre pour l'après-midi. Et elles continuaient ainsi à se tenir tête sans la moindre humeur. Meaulnes intervînt dans l'espoir d'en apprendre davantage : "Est-elle aussi jolie qu'on le dit, la fiancée de Frantz ? " Elles le regardèrent, interloquées. Personne d'autre que Frantz n'avait vu la jeune fille. Lui-même, en revenant de Toulon, l'avait rencontré un soir, désolé, dans un de ces jardins de Bourges qu'on appelle les Marais . Son père, un tisseran, l'avait chassé de chez lui. Elle était fort jolie et Frantz avait décidé aussitôt de l'épouser. Meaulnes, avec précaution, allait poser d'autres questions, lorsque parut à la porte un couple charmant : une enfant de seize ans avec corsage de velours et jupe à grands volants ; un jeune personnage en habit à haut cole et pantalon à élastiques. Ils traversèrent la salle, esquissant un pas de deux ; d'autres les suivirent, puis d'autres passèrent en courrant, poussant des cris, poursuivis par un grand pierrot blaffard, aux manches trop longues, coiffé d'un bonnet noir et riant d'une bouche édentée. Il courait à grande enjambée maladroite, comme si, à chaque pas, il eu dû faire un saut, et il agitait ses longues manches vides. Lui aussi, gagné par le plaisir, il se mit à poursuivre le grand pierrot à travers les couloirs du Domaine, comme dans les coulisses d'un théâtre ou la pantomyme, de la scène, se fut partout répandu. Il se trouva ainsi mêlé jusqu'à la fin de la nuit à une foule joyeuse aux costumes extravagants. Un peu angoissé à la longue par tout ce plaisir qui s'offrait à lui, craignant à chaque instant que son manteau entre ouvert ne laissa voir sa blousse de collégien, il alla se réfugier un instant dans la partie la plus paisible et la plus obscure de la demeure. On y entendait que le bruit étouffé d'un piano. Alain FOURNIER ; Le grand Meaulnes. SUJET NANTES 2005 Exercice 3 : Réécrire les mots mal orthographiés et eux-seuls. De quelques traits du diagnostique psychologique du style balsacien. Les parures saugrenues - rubans, farts, décorations en papier, fleurs - sont affectionnés par ce grand auteur. Sans doute s'il s'incline aux pommades et parfum, le personnage ne va pas dans son extravagance, jusqu'à s'attifer de papiers ou de fleurs. Voulant jouer les élégants à la mode, il retourne au burlesque par la voix d'un dandisme ostentatoir. Il a l'air dans sa toilette ébouriffante, forte mal portée, d'un riche marchand de bœufs de poissy. Un peu fatiguant de parole, son incapacité notoire à élaborer personnellement quelque bon et authentique jeu de mot, en dépit de longs efforts consciencieux et de son goût passionnés pour les calembours, blessaient son amour propre. SUJET NANTES 2008 Exercice 3 : Réécrire le mots mal orthographiés et eux seuls. Aucune traduction n'est jamais innocente. Toute traduction implique une lecture, le refus ou la mise à l'écart d'autres textes, une redéfinition dans les termes imposé par le traducteur qui, à cette occasion, usurpe le titre d'auteur. Parce qu'une traduction ne serait être impartiale, pas plus qu'une lecture ne peut échapper aux préjugés, le fait de traduire comporte une responsabilité qui dépasse de loin les limites de la page imprimée, non seulement d'un language à l'autre mais souvent à l'intérieur d'un même language, d'un genre à l'autre, où des rayonnages d'une littérature à ceux d'un autre. Si traduire n'était qu'un simple échange, la traduction n'offrirait pas plus de possibilité de distorsion et de censure que la photocopie ou, au mieux, les transcriptions des manuscrits réalisés par les moines copistes. L'affaire du traducteur n'est pas d'améliorer ni de commenter l'original mais de donner au lecteur ignorant d'une langue un texte recomposé dans tous les mots équivalant d'une autre sans qu'est lieu une création nouvelle. Mais la vérité, c'est que le phénix imaginé dans une langue n'est qu'un poulet de basse cour dans une autre, et que pour investir ce volatile particulier de la majesté de l'oiseau relevée de ces cendres, une autre langue pourrait avoir besoin de la présence d'une autre créature, choisi dans un bestiaire possédant ces propres critères d'étrangeté. Alberto Manguel ; Dans la forêt du miroir. ; Actes Sud ; 1998 SUJET NANTES 2009 Exercice 3 : Réécrire les mots mal orthographiés et eux seuls. Chez nous, on ne causait guère . Les enfants hurlaient et les adultes vaquaient à leurs tâches comme ils l'auraient fait dans la solitude. Nous mangions à notre faim, quoi que frugalement, nous ne souffrions pas du froid mais nous ne parlions pas. La révélation eut lieu lorsque à cinq ans, me rendant à l'école pour la première fois, j'eus la surprise et l'effroi d'entendre une voix qui s'adressait à moi et disait mon prénom. Je regardais autour de moi un monde qui, subitement, s'était paré de couleur. Alors mes mornes yeux rivés aux siens, je m'agrippai à la femme qui venait de me faire naître . On croit à tort que l'éveil de la conscience coïncide avec l'heure de notre première naissance, peutêtre parce que nous ne savons pas imaginer d'autre état vivant que celui-là. Fort de cette croyance, nous identifions dans la venue au monde l'instant décisif ou naît la conscience. Que, pendant cinq années, une petite fille prénommée René, mécanisme perceptif opérationnel douée de vison, d'audition, d'olfaction, de goût et de tact, est pu vivre dans la parfaite inconscience d'elle-même, est un démenti à cette théorie hâtive. Car pour que la conscience advienne, il faut un non. Je me mis à trembler et cherchais dans les siens la complicité qu'engendre toute joie partagée mais, dans son regard doux et bienveillant, je ne lus que de la compassion. J'étais possédé. Puisque ma faim ne pouvait être apaisée dans les jeux d'interaction sociale que ma condition rendait inconcevable, elle le saurait dans les livres. J'appris à lire à l'insu de tous. Personne ne sut. Je lus comme une forcenée en prenant soin de dissimuler le plaisir et l'intérêt que j'en retirais. L'enfant débile était devenu une âme affamée. BARBERY; L'élégance du hérisson ; Gallimard ; 2006 SUJET STRASBOURG 2011 La partie la plus considérable des habitants de la province d'Alsace est composé d'allemands. Tout le petit peuple des villes et le plus grand nombre des habitans de la campagne, ignore parfaitement l'usage de la langue française. La situation topographique de l'Alsace est telle, ses rapports de commerce avec l'Allemagne sont si habituels et si urgents que la langue allemande y est constamment entretenue ; que la province et surtout les grandes villes sont continuellement recrutées d'Allemands qui viennent s'y fixer de toutes les contrées de l'Empire. Ces circonstances retarderont même toujours le progrès de la langue française, telles mesures que prennent le gouvernement pour en favoriser l'introduction. Il devient dès lors indispensable que les actes publics du plus grand nombre des citoyens soit couché dans la langue du pays qui est l'allemande et que les officiers publics chargés de les rédiger soient imbus de cette langue. Tout citoyen attaqué dans son honneur, dans sa propriété, dans sa vie, a le droit de se défendre dans la langue qui lui est familière. Que ce soit la française ou l'allemande, il faut qu'il est la faculté de s'expliquer dans l'une ou dans l'autre et qu'il ne soit pas réduit à s'adresser à ses juges par interprètes. Les juges par conséquent de toute espèce qui seront établis en Alsace, en vertue du nouvelle ordre judicière , devront nécessairement savoir les deux langues, afin qu'ils puissent comprendre et les citoyens qu'ils seront dans le cas de juger et les jurés qui constateront le fait, et les titres et pièces qui seront présentées aux juges dans ses langues. (...) M'objecterat-on peut être que se seraient blessés les droits d'un citoyen actif que de lui donner l'exclusion des emplois judicières sur le motif seul qu'il n'est pas au fait de l'une ou l'autre langue ? Eh bien, Messieurs, serait-ce donc faire tort à un citoyen qui se vout à un état quelconque que d'exiger qu'il soit doué des qualités indispensables pour en remplir les fonctionsau plus grand avantage de la société ? Mais le peuple serait-il fondé à se plaindre d'un choix sur lequel il aurait peut-être influé lui-même, et lui interdiraton de donner sa confiance à un concitoyen qui ignorrait l'une ou l'autre langue? Oui, messieurs, il est d'un sage législation d'éclairer le choix du peuple ; elle doit l'empêcher de se nuire à luimême en prévenant les funestes effets de l'intrigues et de la caballe qui n'infecte que trop souvent les élections populaires. Et en admettant même qu'un citoyen eût concourru à les lections de son juge, ne conserverat-il pas toujours le droit imprescriptible de récuser ce juge au cas qu'il ignorât sa langue? Il est impossible, messieurs, je le répète, par la position topographique de l'Alsace que la langue allemande puisse en être proscrite. Mais un moyen sûr et légitime d'y répandre la langue française est celui de prescrire la connaissance des deux langues comme une qualité nécessaire à tout ce qui aspireront au place de judicature. Je n'hésiterai pas même d'avancer qu'il importe à la nation que la langue allemande , qui est la langue mère, une des plus riches, et j'ose dire, une des plus répandue et des plus annoblie de l'Europe, soit conservée dans son seing, et que les nationaux puissent continuer à venir puiser en Alsace la littérature germanique et étrangère, plutôt que de l'aller chercher à Göttingue et ailleurs dans l'intérieur de l'Allemagne. Et comment donc, messieurs, pendant que la nouvelle constitution que vous préparez si glorieusement inviterat les étrangers de toutes les nations à venir se fixer en France, vous fermeriez aux Allemands la porte de l'Alsace ? Et certes vous la leur fermeriez si vous pouviez jamais concevoir l'idée de leurs ôter la faculté de défendre leurs intérêts les plus chers dans la langue qui leurs est familière. Et comment le Peuple Alsacien pourrat-il se faire à un nouvel ordre des choses qui tendraient à le priver d'un droit aussi sacré, aussi incontestable, et dont il a constamment joui jusqu'à présent dans tous les tribunaux inférieurs de la province. Une constitution qui relève tant la dignité de l'homme et qui doit servir de modèle à toutes les nations de la terre, serait donc pour lui une source de calamités et ne lui offrirait plus que l'affligeante perspective d'un vil et rude esclavage ? (...) Je conclue donc, Messieurs, à ce que la connaissance des deux langues soient une qualité requise dans les officiers de justice et les greffiers qui seront établis dans la province d'Alsace, en vertu du nouvel ordre judicière ou qu'au moins tout citoyen soit autorisé à récuser librement le juge qui, ignorant la langue du justiciable, se présenterait pour le juger. Adresse de la Municipalité de Strasbourg à l'Assemblée Nationale en 1790 (Document annexé aux réponses fournies à l'enquête linguistique de l'abbé Grégoire ) Question : En prenant comme référence les Rectifications orthographiques de 1990, corrigez toutes les erreurs orthographiques introduites dans ce texte, sans modifier ni le texte ni la ponctuation.