Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf

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Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf
Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Article original
Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf
vestibuloacoustique : l’étude cas-témoins INTERPHONE en France
Cell Phones and Risk of brain and acoustic nerve tumours:
the French INTERPHONE case-control study
M. Hoursa,*, M. Bernarda, L. Montestrucqa, M. Arslana, A. Bergereta, I. Deltourb, E. Cardisb
a
Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement (INRETS/UCBL/InVS), faculté de médecine, domaine Rockefeller,
8, avenue Rockefeller, 69373 Lyon cedex 08, France
b
Centre international de recherche sur le cancer, Radiation Unit, 145, cours Albert-Thomas, 69008 Lyon, France
Reçu le 12 juillet 2006 ; accepté le 12 juin 2007
Disponible sur internet le 11 septembre 2007
Abstract
Background. – Use of cell phones has increased dramatically since 1992 when they were first introduced in France. Certain electromagnetic
fields (at extremely low frequency) have been recognized as possibly carcinogenic by the International Agency for Research on Cancer. Given
the use of radiofrequency technology in cell phones, the rapid increase in the number of cell phones has generated concerns about the existence
of a potential health hazard. To evaluate the relationship between the use of cell phones and the development of tumors of the head, a multicentric international study (INTERPHONE), coordinated by the International Agency for Research on Cancer, was carried out in 13 countries.
This publication reports the results of the French part of the INTERPHONE study.
Methods. – INTERPHONE is a case-control study focused on tumors of the brain and central nervous system: gliomas, meningiomas and
neuromas of cranial nerves. Eligible cases were men and women, residents of Paris or Lyon, aged 30–59, newly diagnosed with a first primary
tumor between February 2001 and August 2003. The diagnoses were all either histologically confirmed or based upon unequivocal radiological
images. Controls were matched for gender, age (± 5 years) and place of residence. They were randomly drawn from electoral rolls. Detailed
information was collected for all subjects during a computer-assisted face-to-face interview. Conditional logistic regression was used to estimate
the odds ratio (OR) for an association between the use of cell phones and risk of each type of cancer.
Results. – Regular cell phone use was not associated with an increased risk of neuroma (OR = 0,92; 95% confidence interval = [0.53–1.59]),
meningioma (OR = 0,74; 95% confidence interval = [0.43–1.28]) or glioma (OR = 1.15; 95% confidence interval = [0.65–2.05]). Although these
results are not statistically significant, a general tendency was observed for an increased risk of glioma among the heaviest users: long-term users,
heavy users, users with the largest numbers of telephones.
Conclusion. – No significant increased risk for glioma, meningioma or neuroma was observed among cell phone users participating in Interphone. The statistical power of the study is limited, however. Our results, suggesting the possibility of an increased risk among the heaviest users,
therefore need to be verified in the international INTERPHONE analyses.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Résumé
Position du problème. – La téléphonie mobile a connu un véritable essor en France à partir de 1992. Sa technologie repose sur les champs
électromagnétiques. Or certains champs électromagnétiques (à fréquence extrêmement basse) ont été reconnus comme cancérogènes possibles par
le Centre international de recherche sur le cancer. Compte tenu de la rapide progression du nombre d’usagers de téléphones mobiles qui émettent
dans la gamme des radiofréquences, il convient de rechercher l’existence d’un éventuel impact des téléphones mobiles sur la santé des utilisateurs. L’étude internationale multicentrique INTERPHONE, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer, a été mise en place
en 1999. Cette publication concerne les résultats de la partie française.
* Auteur
correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (M. Hours).
0398-7620/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.respe.2007.06.002
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M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Méthodes. – Il s’agit d’une étude cas-témoins portant sur les tumeurs du système nerveux central : gliomes, méningiomes et neurinomes des
nerfs crâniens survenus entre février 2001 et août 2003. Les cas n’ont été inclus qu’après confirmation histologique ou par imagerie. Chaque cas
a été apparié à un témoin (deux pour les neurinomes) sur les critères de sexe, âge (± 5 ans) et commune de résidence. Les témoins ont été tirés au
sort sur les listes électorales. Les sujets, âgés de 30 à 59 ans, domiciliés dans la région de Lyon ou en Île-de-France, ont été interviewés en face-àface par un enquêteur. La mesure de l’association a été estimée par des odds ratio (OR) obtenus par régression logistique conditionnelle.
Résultats. – L’usage régulier du téléphone mobile n’est pas lié à une augmentation du risque de neurinomes (OR = 0,92 ; intervalle de
confiance 95 % = [0,53–1,59]), de méningiomes (OR =0,74 ; [0,43–1,28]) ou de gliomes (OR = 1,15 ; [0,65–2,05]). Bien que ces résultats ne
soient pas significatifs, il semble toutefois exister une tendance générale à une augmentation du risque de gliome chez les plus « gros
consommateurs » de téléphonie mobile : utilisateurs de longue durée, au temps de communication élevé et ayant utilisé un plus grand nombre
de téléphones.
Conclusion. – Nous n’avons pas montré l’existence d’un excès de risque significatif associé à la consommation téléphonique portable pour les
trois types de tumeurs étudiés. Cependant, la puissance de l’étude est limitée. Nos résultats, suggérant la possibilité d’une augmentation du risque
de gliome pour les forts utilisateurs, devront être vérifiés dans les analyses internationales de l’étude INTERPHONE.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Keywords: Cell Phones; Brain tumors; Gliomas; Meningiomas; Neurinomas; France; INTERPHONE
Mots clés : Téléphone mobile ; Tumeurs cérébrales ; Gliomes. Méningiomes ; Neurinomes ; France ; Interphone
1. Introduction
Les téléphones mobiles, apparus en France pour le réseau
cellulaire en 1992, ont connu en quelques années un véritable
essor. Dès 1999, 28 % des ménages possèdent au moins un
téléphone mobile [1] ; en 2004, les opérateurs français ne
recensent pas moins de 44,5 millions d’utilisateurs [2]. Les
téléphones mobiles font aujourd’hui partie intégrante du quotidien des Français et on compte, selon la catégorie socioprofessionnelle, entre 73 et 86 % d’utilisateurs.
Compte tenu de la progression rapide de l’usage des téléphones mobiles, plusieurs questions ont émergé au sujet de
leur éventuel impact sur la santé. La technologie des téléphones mobiles repose, en effet, sur l’émission de champs électromagnétiques, spécifiquement des radiofréquences entre
400 Mhz et 2100 MHz. La majeure partie des ondes reçues
est absorbée par les cellules des organes situées à proximité
immédiate du récepteur, au niveau de l’oreille. La partie la
plus importante de cette énergie est absorbée par la peau, la
glande parotide et l’oreille ; 20 à 30 % de la dose sont absorbées par le cerveau [3]. Les tumeurs les plus susceptibles de se
développer en lien avec l’usage du téléphone mobile sont donc
les gliomes et les méningiomes, les neurinomes des nerfs crâniens et les tumeurs des glandes salivaires, en particulier, la
glande parotide. La quantité d’énergie provenant des radiofréquences, émis par le téléphone et absorbée par les tissus
humains, est généralement mesurée par le débit d’absorption
spécifique (DAS), c’est-à-dire le débit d’énergie absorbée par
unité de masse. Au niveau de la tête, le DAS ne doit pas dépasser la valeur recommandée par l’OMS (2 W/kg moyennés sur
six minutes et 1 cm3 de tissu). Aujourd’hui, tous les appareils
téléphoniques mobiles doivent respecter ce DAS mesuré à
puissance de crête maximale, ce qui n’était pas le cas dans
les premières années de la téléphonie mobile.
Plusieurs études expérimentales sur l’animal n’ont pas montré d’augmentation de tumeurs chez les animaux exposés aux
radiofréquences, seules [4] ou en association avec un cancérogène connu [5,6] alors que Repacholi a montré un effet chez
les souris PIM [7]. Les effets génotoxiques, trouvés par Lai et
Singh [8] et par Diem et al. [9], ne sont pas retrouvés dans
d’autres expérimentations [4,10–13]. À ce jour, l’hypothèse
de génotoxicité concernant les radiofréquences n’est pas la plus
plausible ; il semble plus probable, si un lien existe entre radiofréquences et cancers, qu’il s’agisse d’une action de promotion
ou de stimulation de progression de la tumeur. Plus récemment, l’existence potentielle d’une perméabilité accrue de la
barrière hématoencéphalique [14,15] n’a pas été retrouvée [16].
Les premières études épidémiologiques [17–21] ont été
entachées d’insuffisances méthodologiques liées à des effectifs
insuffisants pour mettre en évidence un risque faible, une
mesure de l’exposition inadéquate, uniquement basée sur la
durée, la non prise en compte des facteurs de confusion et,
essentiellement, un net manque de recul face au développement
de cette technologie récente.
Afin d’apporter de nouveaux éléments de réponse sur le lien
potentiel entre les radiofréquences émises par les téléphones
mobiles et les tumeurs de la tête, l’étude internationale multicentrique INTERPHONE, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a été mise en place en
1999. Il s’agit d’une étude cas témoins dont le but est de
rechercher dans quelle mesure l’utilisation des téléphones
mobiles influence le risque de tumeurs de la tête. En dépit
des effectifs faibles de la participation française concernant
les gliomes, les méningiomes et les neurinomes des nerfs crâniens, il a paru intéressant d’en présenter les résultats, sachant
que l’étude INTERPHONE dans sa globalité apportera la puissance nécessaire à la recherche de risques faibles.
2. Matériel et méthodes
2.1. Population
Les sujets recrutés étaient domiciliés soit dans la zone
urbaine de Lyon, soit dans la région d’Île-de-France, ces deux
régions correspondant aux zones les plus précocement couvertes par les réseaux de téléphonie mobile. La population d’étude
comprend exclusivement les personnes âgées de 30 à 59 ans ;
cette tranche d’âge correspond à la population utilisatrice du
téléphone mobile dans les années précédant le début de
l’étude ; bien que ce ne soit pas la classe d’âge qui présente
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le plus grand risque de développer ces tumeurs, l’étude de faisabilité avait montré que le fait de se restreindre à ces catégories assurait un meilleur rapport coût–efficacité [22].
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téléphone ni de ceux pour lesquels les lettres sont revenues
pour adresse inconnue (environ 15 % des sujets).
2.4. Recueil des données
2.2. Recrutement des cas
Le début de la période de recrutement des cas est différent
selon le type de tumeur : le 1er juin 2000 pour les neurinomes,
le 1er septembre 2000 pour les méningiomes, et le 1er décembre
2000 pour les gliomes. L’ensemble du recrutement s’est achevé
le 31 août 2003. Les services hospitaliers lyonnais et parisiens
participant à l’étude devaient signaler tous les nouveaux cas
diagnostiqués pendant cette période ; il s’agit essentiellement
de services de neurologie, neurochirurgie et ORL. Un service
de radiothérapie marseillais, spécialisé dans le traitement des
tumeurs de la tête par rayonnements, a également intégré
l’étude. En effet, ce traitement alternatif à la chirurgie peut
attirer des malades résidant sur Paris et Lyon. Tous les services
lyonnais concernés ont été contactés et ont participé au recueil
de données ; pour la région parisienne, seuls quelques services
ont participé de façon exhaustive, certains n’ont participé que
partiellement sur la période, d’autres pas du tout. Un contrôle
d’exhaustivité du recrutement a été réalisé dans tous les services impliqués, pour leur période de participation, grâce aux
données des départements d’information médicale (DIM). Ce
contrôle a permis d’inclure des cas a posteriori. Certains cas
repérés grâce aux DIM n’ont pas pu être contactés faute
d’autorisation médicale. Ils ont cependant été pris en compte
lors du calcul du taux de participation. Les cas incidents ont
été inclus dans l’étude après vérification des critères d’inclusion (âge, lieu d’habitat, tumeur primitive) et pour la majorité
des cas, du diagnostic confirmé histologiquement. Pour certains, par exemple les tumeurs traitées par radiothérapie ou
inaccessibles chirurgicalement, seules les investigations radiologiques étaient disponibles ; le diagnostic des cas a alors été
médicalement validé avant inclusion.
2.3. Recrutement des témoins
Chaque cas a été apparié à un témoin pour les gliomes et les
méningiomes, et à deux témoins pour les neurinomes. L’appariement a été réalisé sur le sexe, l’âge (± 5 ans) et la commune
de résidence à la date du diagnostic du cas. Dix témoins par cas
ont été tirés au sort à partir des listes électorales. Une lettre,
jointe à un formulaire de consentement et une enveloppe
retour, a été adressée au premier témoin de la liste ; elle expliquait qu’il s’agissait d’une étude médicale sur l’exposition aux
rayonnements dans l’environnement, sans qu’il soit fait mention de façon spécifique du téléphone mobile. Un courrier de
relance a été adressé un mois plus tard, puis trois essais de
contact téléphonique, sur des plages horaires variées, notamment en début de soirée, ont été réalisés. En cas de nonréponse, refus ou adresse inexistante, la recherche a porté sur
le témoin suivant de la liste, et ainsi de suite. La démarche a été
identique quelle que soit la pathologie du cas correspondant.
Le calcul du taux de participation ne tient pas compte des
sujets pour lesquels nous ne disposions pas d’un numéro de
Les entretiens avec les cas et les témoins ont eu lieu au sein
des hôpitaux, au domicile des sujets ou dans tout autre lieu à la
convenance du sujet et, exceptionnellement, par téléphone. Les
premiers entretiens ont eu lieu en février 2001 pour les sujets
lyonnais et en mai 2001 pour les sujets d’Île-de-France. Les
entretiens ont été réalisés par dix enquêteurs formés au préalable à la passation du questionnaire. Dans la mesure du possible, un même enquêteur réalisait l’entretien à la fois pour le
cas et pour son(ses) témoin(s).
2.5. Questionnaire
Le questionnaire, assisté par ordinateur (logiciel CAPI,
Computer Assisted Personal Interviewing programmé en Blaise
[23]), a permis la saisie directe des informations au cours de
l’entretien. Plusieurs parties composent le questionnaire : informations sociodémographiques, consommation de tabac, antécédents médicaux du sujet et de sa famille, usage de la téléphonie
mobile et autres systèmes de radiocommunication, expositions
à des rayonnements dans un contexte médical et professionnel,
et historique professionnel. Pour les neurinomes et leurs
témoins, le questionnaire comporte une section supplémentaire
sur l’exposition au bruit.
La partie du questionnaire concernant les téléphones mobiles a permis d’obtenir les informations sur :
● les téléphones utilisés par le sujet : nombre, marques et
modèles (si ces informations n’étaient pas connues, la
recherche de la facture d’achat était demandée et à défaut,
la consultation d’un catalogue des téléphones disponibles en
France et des questions portant sur les caractéristiques de
l’appareil telles que l’antenne, la couleur ou encore la taille
étaient proposées afin de l’identifier), les opérateurs, la
période d’utilisation ;
● le niveau de consommation pour chaque téléphone, estimé
par le nombre d’appels émis et reçus (donné par jour, par
semaine ou par mois) et par le temps de communication
(donné en minutes ou en heures, par appel, par jour, par
semaine ou par mois) ;
● les détails de l’utilisation : fréquence, mode d’utilisation
(usage de kit piéton ou main libre, en zone rurale ou
urbaine, dans un véhicule en mouvement).
2.6. Analyse des données
Afin que chaque cas et son(ses) témoin(s) aient des estimations de leurs expositions aux téléphones mobiles comparables,
la date du diagnostic du cas a été considérée comme date de
référence pour chaque paire ou triplette. L’usage du téléphone
pendant l’année précédant cette date, ou au-delà de cette date,
n’a pas été pris en compte.
Plusieurs variables ont été calculées : nombre d’appels
moyens par mois, nombre d’appels cumulés, avec ou sans uti-
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lisation d’un kit piéton ou main libre, temps de communication
moyen par appel, temps de communication moyen par mois,
temps de communication cumulé avec ou sans utilisation
d’un kit piéton ou main libre, durée de la période d’utilisation.
Ces variables ont été considérées d’une part comme des variables catégorielles (classes délimitées selon les premier,
deuxième et troisième quartiles observés dans le groupe des
témoins), et d’autre part comme des variables continues.
Lorsqu’une donnée de consommation d’un sujet était caractérisée par un intervalle de durée ou de nombre d’appels, c’est la
médiane qui a été choisie pour estimer la consommation. Pour
quelques sujets, certaines périodes de téléphonie étaient non
renseignées : lorsque cette période était encadrée par deux
périodes pour lesquelles l’information était disponible, la
moyenne des deux périodes était attribuée à la période
manquante ; s’il s’agissait du premier ou du dernier téléphone
utilisé, la consommation de la période adjacente était attribuée ;
deux sujets n’ont donné aucune information concernant leur
consommation : ils ont été considérés comme consommateurs
non réguliers.
La mesure de l’association entre exposition aux téléphones
mobiles et tumeurs de la tête a été estimée par des odds ratio
(OR) obtenus par régression logistique conditionnelle tenant
compte de l’appariement. Dans un premier temps, la distinction
entre les trois types de tumeurs n’a pas été faite, puis chacune
des trois tumeurs a été analysée séparément. Pour sélectionner
les variables d’ajustement, chaque variable liée aux informations sociodémographiques, aux antécédents médicaux du
sujet et de sa famille, à l’utilisation d’autres systèmes de radiocommunication, aux expositions à des rayonnements dans un
contexte médical et à l’exposition au bruit pour l’étude portant
sur les neurinomes a été testée en univarié. Les variables significatives à un seuil de 20 % ont été retenues pour la suite de
l’analyse. Il a été décidé de conserver certaines variables quel
que soit leur niveau de significativité en univarié ; il s’agit du
statut tabagique, du fait du haut pouvoir cancérogène du tabac
et de la catégorie socioprofessionnelle en raison du risque de
biais de sélection lié à cette variable. Un premier modèle multivarié a été construit par procédure descendante à partir des
variables forcées et des variables retenues à l’étape antérieure.
Le modèle final a comporté pour tous les types de tumeurs la
catégorie socioprofessionnelle (selon le premier digit de la
codification INSEE) et le statut tabagique, le statut matrimonial
pour les gliomes et l’exposition au bruit pour les neurinomes.
Les variables liées à la consommation téléphonique ont été
introduites séparément dans ce modèle.
Une analyse des tumeurs ipsilatérales et controlatérales a
également été réalisée. Une tumeur était classée ipsilatérale
lorsqu’elle se situait du côté d’usage du téléphone mobile et
controlatérale lorsqu’elle était du côté opposé. Les tumeurs
centrales ont été considérées comme controlatérales (car situées
dans une zone non ou peu exposée quel que soit le côté
d’usage du téléphone mobile). Les utilisateurs téléphonant
indifféremment des deux côtés étaient classés dans le groupe
ipsilatéral. Pour les témoins, le côté de la tumeur du cas auquel
il était apparié a été utilisé pour la décision d’ipsi- ou de
controlatéralité. Les paires ayant au moins un sujet pour lequel
nous n’avons pas pu conclure au caractère ipsilatéral–controlatéral ont été exclues de cette analyse. Les deux modalités ont
été testées dans le même modèle en comparaison avec les utilisateurs non réguliers et les non-utilisateurs.
Pour les variables traduisant l’exposition aux téléphones
mobiles, la catégorie de référence correspondait aux sujets
ayant déclaré ne jamais avoir utilisé un téléphone mobile ou
n’en ayant pas fait une utilisation régulière (soit moins d’une
fois par semaine pendant six mois).
Les analyses ont été menées sous SAS (Version 8.2).
3. Résultats
3.1. Participation à l’étude et description de la population
Au total, 490 cas (160 gliomes, 190 méningiomes, 140 neurinomes) et 639 témoins ont été enregistrés sur Paris et Lyon.
Les cas de neurinomes ont été signalés de manière exhaustive
dans tous les services participants, ce qui n’a pas été possible
pour les autres tumeurs. Dix patients parisiens (neuf neurinomes et un méningiome) ont été signalés par le service de radiothérapie de Marseille. Les taux de participation s’élèvent à
60,0 % pour les cas de gliomes, 78,4 % pour les cas de méningiomes et 80,7 % pour les cas de neurinomes (Tableau 1).
Cette différence s’explique par le haut niveau de gravité des
gliomes ; en effet, 6,8 % de ces malades n’ont pu être inclus
pour cause de décès ou de maladie trop avancée et sans
qu’aucun proche ne puisse répondre, 19,4 % ont refusé et
5,0 % n’ont pu être contactés. Le taux de participation des
témoins s’élève à 74,7 %. Il n’a pas été possible de trouver
certains témoins, ce qui nous a fait exclure de l’analyse cinq
cas (quatre neurinomes, un méningiome) ; quatre cas de neurinomes n’ont été appariés qu’à un seul témoin. L’analyse finale
a donc porté sur 350 cas et 455 témoins répartis en 96 gliomes
(96 témoins), 145 méningiomes (145 témoins) et 109 neurinomes (214 témoins).
Seulement 4 % des questionnaires de cas ont été renseignés
par un proche du malade (12 sujets sur 96 dans le groupe des
gliomes et deux dans le groupe des méningiomes), alors que
tous les témoins ont répondu directement aux enquêteurs. La
plupart des enquêtes (55,4 % pour les cas et 52,1 % pour les
témoins) ont eu lieu au domicile des sujets. Pour 24,0 % des
cas, l’enquête a été réalisée au sein de l’hôpital ; pour 15,2 %
des témoins, elle a été faite sur leur lieu de travail. Enfin, les
enquêtes au téléphone représentaient pour les cas et les témoins
respectivement 4,9 % et 11,2 %. Le délai médian entre la date
de diagnostic et l’interview s’est étalé de deux mois pour les
gliomes à cinq mois pour les neurinomes.
Le Tableau 1 présente les caractéristiques cliniques des cas
interviewés : la plupart des gliomes étaient des tumeurs de
grade II. Les glioblastomes (grade IV) représentaient le type
morphologique le plus fréquent (28 sujets) puis venaient les
oligodendrogliomes (22 sujets), les tumeurs anaplasiques
(astrocytomes ou oligodendrogliomes : 15 sujets) et les
tumeurs mixtes (dix sujets). En ce qui concerne les méningiomes, 22,1 % étaient situés sur la ligne médiane (il s’agit pour la
plupart de méningiomes de la faux du cerveau). Pour les trois
types de tumeurs, 38 à 56 % des cas utilisateurs de téléphone
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Tableau 1
Caractéristiques des cas selon le type de tumeur
Gliomes
(n = 96)
n%
74 (77,1)
94 (97,9)
Méningiomes
(n = 145)
n%
142 (97,9)
142 (97,9)
Neurinomes
(n = 109)
n%
86 (78,9)
86 (78,9)
Chirurgie (oui)
Confirmation histologique
Code morphologique
Grades I
1 (1,1)
133 (93,7)
86 (100)a
Grades II
50 (59,5)
9 (6,3)
Grades III
15 (17,9)
Grades IV
28 (33,3)
Côté de la tumeur
Gauche
42 (43,8)
45 (31,0)
61 (56,0)
Droit
45 (46,9)
59 (40,7)
47 (43,1)
Médiane
2 (2,1)
32 (22,1)
–
Indéterminé ou
7 (7,3)
9 (6,2)
1 (0,9)
multicentrique
Localisation de la tumeur
Hémisphère cérébral sans
10 (10,4)
11 (7,6)
–
autre précision
Lobe frontal
46 (47,9)
79 (54,5)
–
Lobe temporal
29 (30,2)
33 (22,8)
–
Lobe pariétal
31 (32,3)
15 (10,3)
–
Lobe occipital
9 (9,4)
5 (3,4)
–
Ventricule
4 (4,2)
–
–
Cervelet
0
14 (9,7)
–
Tronc cérébral
1(1,0)
8 (5,5)
–
Lieu de résidence
Paris
67 (70)
103 (70,8)
89 (81,7)
Taux de participation
57,8
75,0
75,6
Lyon
29 (30)
42 (29,2)
20 (18,3)
Taux de participation
64,4
77,8
87,0
a
Sur les 109 sujets souffrant de neurinomes, 108 souffraient d’un neurinome du nerf acoustique et 1 du nerf trijumeau.
325
mobile téléphonaient du côté où la tumeur s’est développée
(cas ipsilatéraux) ; les autres tumeurs se sont développées
dans l’hémisphère cérébral opposé ou au centre du cerveau
c’est-à-dire dans des zones peu ou pas exposées aux champs
émis par le téléphone mobile. Si les neurinomes étaient également répartis entre les deux sexes (48,6 % d’hommes), ce
n’était pas le cas pour les deux autres types de tumeurs : les
hommes représentaient la majorité des gliomes (61,5 %) et seulement 17,9 % des méningiomes (Tableau 2). Les patients
atteints de méningiome représentaient le groupe le plus âgé
(50,4 ans en moyenne). Parmi les cas de neurinome, 41,3 %
appartenaient aux catégories des cadres ou des professions
intermédiaires (versus 61,2 % des témoins ; p < 0,01). Parmi
les gliomes, 14,6 % des cas étaient séparés, divorcés ou veufs
(4,2 % des témoins ; p < 0,10). L’exposition au bruit a permis
de distinguer significativement les neurinomes et leurs témoins
(p < 0,05), notamment au niveau de l’exposition professionnelle, avec 34,9 % des cas contre 23,9 % des témoins.
3.2. Utilisation des téléphones mobiles
Les utilisateurs réguliers de téléphones mobiles comptaient
globalement pour 53,7 % des cas (tous types confondus) et
56,5 % des témoins (Tableau 3). Soixante pour cent des cas
utilisateurs réguliers et 62,0 % des témoins utilisaient leur téléphone à droite ou indifféremment des deux côtés. La prévalence de l’usage du kit main libre ou piéton était de 12,8 %
chez les cas utilisateurs réguliers et de 16,7 % chez les témoins
utilisateurs réguliers.
Tableau 2
Caractéristiques sociodémographiques et habitudes selon le type de tumeur
Âge : moyenne
(± écart-type)
Hommes (%)
Catégorie socioprofessionnelle
Cadres (%)
Artisans (%)
Professions intermédiaires (%)
Employés (%)
Ouvriers (%)
Sans emploi (%)
Statut marital
Célibataire (%)
En couple (%)
Séparé, divorcé, veuf (%)
Statut tabagique
N'a jamais fumé (%)
A fumé (%)
Fume (%)
Exposition au bruit
Jamais exposé (%)
Uniquement dans les loisirs (%)
Uniquement au travail (%)
Au travail et dans les loisirs (%)
Ensemble
Cas
Témoins
(n = 350)
(n = 455)
48,7 (± 7,6)
48,9 (± 7,3)
Gliomes
Cas
Témoins
(n = 96)
(n = 96)
47,0 (± 8,4)
46,9 (± 8,2)
Méningiomes
Cas
Témoins
(n = 145)
(n = 145)
50,4 (± 6,7) 50,8 (± 6,4)
Neurinomes
Cas
Témoins
(n = 109)
(n = 214)
48,1 (± 7,6)
48,6 (± 7,3)
138 (39,4 %)
187 (41,1 %)
59 (61,5 %)
59 (61,5 %)
26 (17,9 %)
26 (17,9 %)
53 (48,6 %)
102 (47,7 %)
83 (23,7 %)
22 (6,3 %)
80 (22,9 %)
113 (32,3 %)
46 (13,1 %)
6 (1,7 %)
144 (31,6 %)
12 (2,6 %)
134 (29,5 %)
127 (27,9 %)
36 (7,9 %)
2
28 (29,1 %)
6 (6,3 %)
20 (20,8 %)
23 (24,0 %)
19 (19,8 %)
–
32
2
33
16
13
–
33 (22,8 %)
9 (6,2 %)
37 (25,5 %)
48 (33,1 %)
12 (8,3 %)
6 (4,1 %)
33 (22,8 %)
5 (3,4 %)
49 (33,8 %)
52 (35,9 %)
5 (3,4 %)
1
22 (20,2 %)
7 (6,4 %)
23 (21,1 %)
42 (38,5 %)
15 (13,8 %)
–
79 (36,9 %)
5 (2,3 %)
52 (24,3 %)
59 (27,6 %)
18 (8,4 %)
1
38 (10,9 %)
263 (75,1 %)
48 (10,6 %)
350 (76,9 %)
12 (12,5 %)
70 (72,9 %)
10 (10,4 %)
82 (85,4 %)
15 (10,3 %)
107 (73,8 %)
11 (10,1 %)
84 (77,1 %)
23 (10,8 %)
161 (75,2 %)
49 (14,0 %)
57 (12,5 %)
14 (14,6 %)
4
15 (10,3 %)
109
(75,2 %)
21 (14,5 %)
23 (15,9 %)
14 (12,8 %)
30 (14,0 %)
171 (48,8 %)
108 (30,9 %)
71 (20,3 %)
228 (50,1 %)
117 (25,7 %)
110 (24,2 %)
46 (47,9 %)
28 (29,2 %)
22 (22,9 %)
46 (48,0 %)
25 (26,0 %)
25 (26,0 %)
67 (46,2 %)
49 (33,8 %)
29 (20,0 %)
83 (57,2 %)
33 (22,8 %)
29 (20,0 %)
58 (53,2 %)
31 (28,4 %)
20 (18,4 %)
99 (46,2 %)
59 (27,6 %)
56 (26,2 %)
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
63 (57,8 %)
8 (7,3 %)
28 (25,7 %)
10 (9,2 %)
156 (72,8 %)
7 (3,3 %)
38 (17,8 %)
13 (6,1 %)
(33,3 %)
(34,4 %)
(16,7 %)
(13,5 %)
326
Cas
(n = 350)
Ensemble
Témoins
OR
(n = 455)
aj.a
IC 95 %
Cas
(n = 96)
Gliomes
Témoins
OR
(n = 96)
aj.a
IC 95 %
Cas
(n = 145)
Méningiomes
Témoins
OR
(n = 145) aj.a
IC 95 %
Cas
(n = 109)
Type d'utilisateur
57
17
12
36
22
18
Non-utilisateurb 71
Utilisateur non
91
141
20
30
38
43
33
1,0
–
1,0
–
1,0
–
régulierb
Utilisateur
188
257
0,93
0,69–1,27 59
54
1,15
0,65–2,05 71
80
0,74
0,43–1,28 58
régulier
Côté d'utilisation
Droite
102
129
1,04
0,73–1,48 36
27
1,46
0,73–2,92 34
40
0,79
0,42–1,47 32
Gauche
74
97
0,92
0,62–1,37 19
20
1,02
0,46–2,26 31
31
0,75
0,38–1,50 24
Les 2 côtés,
12,
31
0,45* 0,21–0,97 4
7
0,32
0,06–1,82 6
9
0,44
0,13–1,52 2
indéterminé
Ipsilatéralitéc
Non156
191
1,0
–
33
38
1,0
–
72
64
1,0
–
51
utilisateurs–
utilisateurs non
réguliers
Controlatéral
93
116
0,95
0,64–1,39 24
20
1,17
0,52–2,65 34
43
0,65
0,33–1,27 35
Ipsilatéral
83
128
0,87
0,59–1,26 31
30
1,15
0,55–2,43 30
29
0,87
0,44–1,75 22
* p < 0,05.
a
OR ajusté sur la catégorie socioprofessionnelle et le statut tabagique pour chaque type de tumeur, ainsi que sur le statut matrimonial pour les gliomes et sur l’exposition au
b
ces deux catégories regroupées constituent dans les analyses suivantes la catégorie de référence.
c
les paires ayant au moins un sujet pour lequel nous ne pouvions pas conclure au caractère ipsilatéral–controlatéral ont été exclues de cette analyse.
Neurinomes
Témoins
OR
(n = 214)
aj.a
IC 95 %
23
68
1,0
–
123
0,92
0,53–1,59
62
46
15
1,13
0,85
0,20
0,59–2,19
0,43–1,68
0,04–1,02
89
1,0
–
53
69
1,23
0,62
0,64–2,38
0,32–1,20
bruit pour les neurinomes.
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Tableau 3
Caractéristiques de l’utilisation des téléphones mobiles selon le type de tumeur (modélisation en régression logistique conditionnelle)
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
L’analyse des gliomes montre une proportion plus importante d’utilisateurs réguliers chez les cas (61,5 %) que chez
les témoins (56,3 %) [OR = 1,15 ; IC 95 % : 0,65–2,05]. Le
fait d’avoir été un utilisateur régulier du téléphone mobile
n’augmente pas le risque des deux autres types de tumeurs. Il
n’y a pas de différence significative pour les différentes
tumeurs en fonction de la localisation, bien qu’un OR plus
élevé à droite qu’à gauche soit observé pour les neurinomes.
Il n’y a pas de différence de risque entre les utilisateurs réguliers présentant une tumeur ipsilatérale et ceux avec une tumeur
controlatérale (Tableau 3).
3.3. Consommation téléphonique
Les sujets atteints de gliome ont un risque brut significativement plus élevé d’avoir utilisé au moins deux téléphones
mobiles (OR = 2,06 ; IC 95 % : 1,02–4,18). L’analyse continue
est également significative avec un OR par téléphone supplémentaire de 1,27 (IC 95 % : 1,02–1,59). L’ajustement du
modèle sur les variables de confusion supprime la signification
statistique de ces résultats.
Bien qu’aucune augmentation significative ne soit observée,
quel que soit le type de la tumeur, en fonction du niveau de
consommation téléphonique (Tableau 4), des OR élevés sont
observés pour les gliomes, liés à une consommation téléphonique importante (exprimée sous la forme de temps de communication, de nombre d’appels moyens ou cumulés, ou encore de
durée de la période d’utilisation).
En général, les cas étaient plus nombreux que les témoins à
passer des appels longs de plus de 5,5 minutes en moyenne
(respectivement 19,4 % et 13,4 %). Cet excès, observé pour
les gliomes et méningiomes, n’est pas significatif. Il est cependant particulièrement visible pour les gliomes : 21,9 % des cas
et 13,5 % des témoins ; OR = 1,72 ; IC 95 % : 0,75–3,96.
En ce qui concerne l’analyse des durées cumulées de communication, aucun excès de risque n’est observé pour les
méningiomes ou les neurinomes, alors qu’un OR de 1,79 (non
significatif ; basé sur 24 cas) est observé pour les gliomes pour
un temps de communication de plus de 260 heures. La prise en
compte de l’usage d’un kit main libre a peu d’influence sur les
résultats (OR pour plus de 260 heures de communication sans
kit mains libres = 1,71 ; IC 95 % : 0,71–4,10). Lorsque l’on
analyse de manière continue la durée cumulée de communication chez les gliomes, pour 80 heures supplémentaires, l’association est à la limite de la significativité statistique
(OR = 1,02 ; IC 95 % : 1,00–1,04).
De même, si aucun excès de risque n’est mis en évidence
pour les méningiomes et neurinomes en fonction de la durée
d’utilisation, un OR non significatif de 1,96 (basé sur 21 cas)
est observé pour les gliomes pour une utilisation supérieure ou
égale à 46 mois.
Le faible nombre de sujets dans chaque catégorie de durée
ou de nombre d’appels lorsque les sujets ont été répartis suivant leur catégorie d’utilisateurs (ipsilatéralité ou controlatéralité) ne nous a pas permis de réaliser des analyses plus détaillées.
327
4. Discussion
Nous n’observons pas d’augmentation du risque d’avoir un
neurinome ou un méningiome en relation avec l’usage du téléphone mobile. L’OR inférieur à un observé pour les neurinomes ipsilatéraux peut s’expliquer par le fait que le neurinome
est une tumeur d’évolution lente qui se révèle par une surdité
progressive ; dans ce contexte, les sujets, atteints de neurinome, utilisent leur téléphone du côté de leur meilleure oreille
et donc à l’opposé de la tumeur.
En ce qui concerne les gliomes, et bien que ces résultats ne
soient pas significatifs, il semble exister une tendance générale
à une augmentation du risque de gliome chez les plus « gros
consommateurs » de téléphonie mobile : utilisateurs de longue
durée, au temps de communication élevé et ayant utilisé un
plus grand nombre de téléphones (ce nombre étant en fait
significativement corrélé avec la consommation téléphonique,
tant en nombre d’appels qu’en durée).
Tous les cas ont fait l’objet d’une vérification systématique
des dossiers médicaux et des comptes rendus anatomopathologiques afin de contrôler les critères d’inclusion et les diagnostics. Les scanners et IRM ont tous été vus par un neuroradiologue qui a validé le diagnostic et la localisation de la tumeur.
La même vérification a été réalisée pour tous les cas non inclus
dans l’étude.
Pour les neurinomes et méningiomes, tous les cas recensés
dans les services au cours de la période de participation ont fait
l’objet d’un essai de rencontre : les refus représentent moins de
14 % des cas (les autres causes de non-participation sont un
contact impossible ou un problème de langue). En revanche,
en ce qui concerne les cas de gliome, le taux de nonparticipation est plus important : les sujets non participants
sont en moyenne un peu plus âgés (50 ans contre 46 ans
pour les inclus), ils ont un peu moins souvent subi un geste
chirurgical, et le gliome est un peu plus souvent de haut grade
(55,2 % des inclus contre 60,0 % des cas non inclus) ; il n’y a,
en revanche, pas de différence en fonction du sexe. Les OR ne
varient pas si l’on restreint l’analyse au seul groupe des gliomes de haut grade. Il est évident que nous ne sommes pas
exhaustifs pour les sujets de l’Île-de-France, en particulier
pour les méningiomes et les gliomes pour lesquels nous pensons avoir recensé environ 20 % des cas (pour les neurinomes,
les principaux services ont participé mais pas sur la totalité de
la période suivant les hôpitaux et le taux de recensement est
aux alentours de 50 %). Dans la mesure où sur la région Îlede-France d’importants services de neurochirurgie n’ont pas
participé ou seulement partiellement, il est nécessaire de se
poser la question d’un possible biais de sélection, Ce pourrait
être le cas si le recrutement des services est lié à l’exposition au
téléphone mobile, et si suivant le type cellulaire les malades
vont dans un hôpital plutôt qu’un autre, ce qui paraît peu vraisemblable. Il se peut également que des cas de neurinomes ou
de méningiomes, pour lesquels une simple surveillance a été
décidée, aient échappé au signalement, malgré notre contrôle
a posteriori dans les fichiers des DIM. Cette non-exhaustivité
sur la région Île-de-France a fait perdre beaucoup de puissance
à l’analyse.
328
Tableau 4
Relation entre la consommation téléphonique et les différents types de tumeurs cérébrales (modélisation en régression logistique conditionnelle)
Gliomes
OR aj.a IC 95 %
Cas
(n = 145)
74
Méningiomes
Témoins OR aj.a IC 95 %
(n = 145)
65
Cas
(n = 109)
51
Neurinomes
Témoins OR aj.a IC 95 %
(n = 214)
91
0,33–1,41
0,98–4,83
0,99–1,63
42
29
44
36
0,75
0,73
0,81
0,40–1,38
0,35–1,53
0,62–1,07
29
29
55
68
1,03
0,82
0,99
0,55–1,93
0,43–1,55
0,80–1,22
0,68
0,98
1,04
1,96
1,11
0,23–2,04
0,38–2,49
0,35–3,11
0,74–5,20
0,96–1,29
17
25
14
15
20
22
20
18
0,60
1,06
0,50
0,73
0,95
0,27–1,36
0,52–2,14
0,21–1,17
0,28–1,91
0,82–1,10
19
17
8
14
31
29
30
33
1,21
1,33
0,63
0,66
0,96
0,55–2,69
0,58–3,03
0,26–1,53
0,28–1,57
0,84–1,10
12
11
16
15
1,17
0,75
0,87
1,79
1,02
0,45–3,03
0,23–2,45
0,35–2,17
0,74–4,34
1,00–1,04
16
27
13
15
23
23
16
18
0,57
1,28
0,59
0,78
1,00
0,26–1,27
0,55–2,95
0,25–1,42
0,29–2,07
0,97–1,04
14
15
13
16
29
31
32
31
1,06
0,87
0,85
0,92
1,00
0,48–2,36
0,40–1,91
0,38–1,88
0,41–2,07
0,96–1,03
5
17
16
21
10
19
12
13
0,52
0,89
1,37
1,72
1,03
0,14–1,89
0,38–2,07
0,51–3,68
0,75–3,96
0,97–1,10
12
15
16
28
13
13
32
22
0,77
0,86
0,36*
1,21
1,01
0,28–2,14
0,35–2,13
0,15–0,86
0,54–2,68
0,97–1,05
8
10
21
19
24
31
42
26
0,53
0,68
1,05
1,35
1,04
0,20–1,41
0,28–1,63
0,49–2,23
0,63–2,92
0,98–1,11
13
10
16
20
12
10
17
15
1,48
0,74
0,91
1,53
1,03
0,52–4,21
0,26–2,13
0,36–2,25
0,62–3,77
0,99–1,08
25
16
20
10
26
20
19
15
0,83
0,68
0,84
0,50
0,94
0,40–1,73
0,30–1,53
0,37–1,93
0,18–1,38
0,87–1,02
21
13
11
13
27
33
28
35
1,77
0,69
0,82
0,68
0,99
0,82–3,82
0,31–1,57
0,36–1,85
0,29–1,58
0,95–1,02
IC 95 %
Cas
Témoins
(n = 96) (n = 96)
37
42
0,60–1,22
0,71–1,53
0,91–1,17
20
39
30
24
0,69
2,18
1,27
0,59–1,52
0,69–1,65
0,41–1,15
0,60–1,61
0,94–1,09
11
13
14
21
13
11
16
14
0,52–1,30
0,63–1,63
0, 53–1,34
0,72–1,85
0,99–1,02
12
10
13
24
0,32–1,02
0,52–1,34
0,51–1,28
0,96–2,30
0,99–1,05
0,78–1,91
0,46–1,19
0,57–1,45
0,52–1,39
0,98–1,02
le statut tabagique pour chaque type de tumeur, ainsi que sur le statut matrimonial pour les gliomes et sur l’exposition au bruit pour les neurinomes.
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Ensemble
Cas
Témoins OR aj.a
(n = 350) (n = 455)
Référence
162
198
Nombre de téléphones
Un seul
91
129
0,86
Au moins deux
97
128
1,04
Pour un téléphone supplémentaire
1,03
Durée de la période d'utilisation
< 16 mois
47
64
0,95
[16–27[ mois
55
62
1,07
[27–46[ mois
36
66
0,69
≥ 46 mois
50
65
0,98
Pour 1 an supplémentaire
1,02
Temps de communication cumulé
< 20 heures
42
64
0,82
[20–80[ heures
52
65
1,01
[80–260[ heures
39
64
0,84
≥ 260 heures
55
64
1,15
Pour 80 heures supplémentaires
1,01
Temps de communication moyen par appel
< 1,5 minute
25
47
0,57
[1,5–2,5[ minutes
42
63
0,83
[2,5–5,5[ minutes
53
86
0,81
≥ 5,5 minutes
68
61
1,48
Pour 1 minute supplémentaire par appel
1,02
Nombre cumulé d'appels
<490 appels
59
65
1,22
[490–1600[ appels 39
63
0,74
[1600–5100[ appels 47
64
0,91
≥ 5100 appels
43
65
0,85
Pour 1000 appels supplémentaires
1,00
* p < 0,05.
a
OR ajusté sur la catégorie socioprofessionnelle et
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
La répartition par sexe pour les différents types de tumeurs
est conforme à ce qui était attendu. Il en est de même pour la
répartition de la localisation des gliomes dans les différents
lobes cérébraux, compte tenu des types cellulaires observés.
En ce qui concerne les témoins, la question de la nonexhaustivité des listes électorales concerne essentiellement les
jeunes ; or, les témoins devaient être âgés au minimum de
30 ans âge auquel les sujets sont en général inscrits. En revanche, de très nombreux sujets tirés au sort n’ont pas pu être
contactés du fait de changements d’adresse récents. Cela pourrait introduire un biais dans la mesure où les sujets qui déménagent auraient un comportement différent en matière d’usage
du téléphone.
Le taux de refus des témoins est plutôt inférieur à celui
observé dans les autres études déjà publiées [24,25], mais
n’ont été comptabilisés que les témoins pour lesquels une
prise de contact était possible. La répartition significativement
différente des catégories socioprofessionnelles entre les cas de
neurinomes et leurs témoins, et entre les trois groupes de
témoins eux-mêmes pourrait faire suspecter un biais de sélection chez ces témoins. Les enquêteurs chargés de rechercher les
témoins à partir des listes électorales étaient des étudiants en
sociologie, méconnaissant la différence entre les trois types de
tumeur et qui ont suivi la procédure mise en place : il est peu
probable que leur mode de recherche des témoins, au vu des
informations dont ils disposaient, ait introduit un biais spécifique pour les neurinomes. De plus, quand on tient compte du
sexe et de l’âge, la catégorie socioprofessionnelle n’est plus
une information discriminante des trois groupes de témoins.
La différence observée en ce qui concerne l’usage du téléphone
mobile et chacun des trois types de tumeurs ne peut donc pas
être expliquée par un biais de sélection associé à la catégorie
socioprofessionnelle. En ce qui concerne les gliomes, il se peut
que l’on ait eu plus de mal à joindre les témoins célibataires,
veufs ou divorcés, et qu’il s’agisse justement de plus « gros
utilisateurs » de téléphone mobile. Le fait d’ajuster sur le statut
matrimonial permet de prendre en compte cet élément.
L’entretien auprès des sujets a été fait de la même façon
s’agissant des cas et des témoins ; toutefois, l’enquêteur
connaissait le statut de la personne rencontrée. C’est une des
deux raisons (l’autre étant la reproductibilité entre les pays) qui
avaient fait choisir un entretien à questions fermées de façon à
éviter le plus possible une présentation variable des questions
aux sujets interrogés.
Une étude de validation a été mise en place en parallèle
pour tester la capacité du questionnaire à recueillir la meilleure
information possible sur la consommation téléphonique des
sujets [26]. Pour cela, les estimations déclarées par 76 volontaires ont été comparées aux données enregistrées par les opérateurs de téléphonie mobile : le nombre d’appels était rapporté
de façon plus fiable que le temps de communication, qui était
surestimé de manière significative, ce qui peut entraîner des
erreurs de classement. Ce phénomène pourrait particulièrement
jouer lors de l’analyse des durées de consommation si les cas
avaient un comportement de déclaration différent des témoins.
Cette possibilité est à évoquer, en particulier pour les sujets
329
atteints de gliomes, dans la mesure où certains d’entre eux
souffrent de troubles mnésiques. Toutefois, nos résultats sont
très cohérents entre les différents types d’indicateurs de
consommation utilisés et ne corroborent pas cette possibilité.
La mesure de l’exposition utilisée permet de qualifier l’utilisation des téléphones mobiles, mais ne traduit pas l’exposition
réelle aux radiofréquences émises par les téléphones portables.
Nous avons pris en compte dans les analyses la proportion de
temps estimée par les sujets pendant lequel ils utilisent un kit
main libre ou piéton. Cependant, il s’agit encore une fois d’une
estimation faite à partir de la déclaration de la consommation
des sujets et non sur de réelles mesures de l’exposition aux
radiofréquences elles-mêmes.
Compte tenu des effectifs, de la fréquence de l’exposition,
du nombre de témoins appariés à chaque cas et en se plaçant à
un risque de première espèce de 5 %, nous pouvons conclure
que les trois études portant sur les gliomes, les méningiomes et
les neurinomes se heurtent à un réel problème de puissance
(20 %) si l’on considère que le risque recherché se situe aux
alentours de 1,5. Les effectifs observés permettaient, en effet,
de mettre en évidence un risque entre 2 (pour les méningiomes)
et 2,4 (pour les gliomes) avec une puissance de 80 % pour un
utilisateur régulier. Vu le faible nombre de « gros utilisateurs »,
la puissance statistique, pour mesurer un risque de l’ordre de
deux lié à une longue durée ou à une forte consommation, est
également faible.
Nous pouvons regretter de ne pas disposer d’un nombre
plus important de sujets ayant utilisé plus de dix ans un téléphone mobile compte tenu du développement plutôt lent de
tumeurs comme les neurinomes. En effet, nous n’avons recensé
que quatre sujets dans cette situation : deux cas de gliomes, un
cas de neurinome et un témoin de neurinome, ce qui ne nous
permet pas de prendre en compte ce temps de latence et limite
les comparaisons possibles avec les résultats publiés des autres
pays de l’étude INTERPHONE.
Pour l’analyse des gliomes, les OR observés pour la catégorie des plus « gros consommateurs » de téléphones mobiles,
notamment pour les sujets réalisant des appels de longue
durée et pour les utilisateurs de longue durée, sont supérieurs
à un. Malgré le manque de puissance, il existe un excès de
gliomes à la limite de la significativité lié au nombre de téléphones mobiles. Compte tenu de l’implantation assez récente
dans notre pays de la téléphonie mobile (en 1995, soit cinq ans
avant l’étude, seulement 12 % de la population était utilisatrice), il paraît légitime de considérer les utilisateurs de plus
d’un téléphone comme des consommateurs plus anciens, et
peut-être même comme de forts consommateurs.
Pour la plupart des études recensées dans la littérature scientifique existante, les limites, comme le manque de puissance, la
difficulté à quantifier l’exposition aux téléphones mobiles sur
la simple déclaration des sujets ou le manque de recul dans le
temps, ont été soulignées de façon récurrente. Cependant, la
plupart des études publiées avaient suffisamment de puissance
pour rechercher des risques supérieurs à deux liés à l’utilisation
d’un téléphone de manière régulière. En revanche, quand on
restreint l’analyse aux seuls sujets ayant un niveau de consom-
330
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
mation élevé, toutes les études publiées manquent dès lors de
puissance [26]. Par ailleurs, les simulations [27] montrent que
des erreurs de mesure telles que celles rencontrées dans cette
étude auraient pour effet de diminuer de façon conséquente le
niveau de l’association.
Nos résultats sont cohérents avec les résultats antérieurs.
Grâce aux premiers résultats parus sur l’étude INTERPHONE,
nous disposons d’une base de comparaison très intéressante
puisque les études ont été mises en place à partir du même
protocole et surtout à partir du même questionnaire standardisé.
Cependant, des différences sont à noter, notamment au niveau
méthodologique. En Suède [28], l’appariement n’a pas été réalisé de manière individuelle, mais sur un mode de stratification
par tranche d’âge.
Certaines discordances apparaissent concernant les neurinomes pour lesquels les études danoise [24] et japonaise [29] ne
montrent pas de surrisque significatif alors que l’étude suédoise
[28] et l’analyse combinée des données de cinq pays du nord
de l’Europe [25] mettent en évidence une augmentation du
risque chez les utilisateurs les plus anciens (dix ans et plus).
Ceux-ci ont développé une tumeur du côté où ils utilisaient le
téléphone ; cette apparente discordance peut toutefois s’expliquer dans un contexte de risque faible et de puissance insuffisante, dans la mesure où les études danoise et japonaise
comptent, comme nous, peu d’utilisateurs de longue durée.
En France, pour les gliomes, des résultats contradictoires
sont observés en Suède où Lönn, suivant le protocole INTERPHONE [30], n’a pas trouvé de relation entre l’usage du téléphone mobile et les gliomes globalement (bien qu’un OR élevé
mais non significatif ait été trouvé chez les utilisateurs les plus
anciens qui ont développé une tumeur du côté d’utilisation du
téléphone mobile). Hardell et al. [31], suivant un autre protocole d’étude cas témoin, ont en revanche trouvé un risque de
gliome associé à l’usage ancien et important des téléphones
mobiles de type analogique. Un léger excès de risque a également été retrouvé par Auvinen et al. en Finlande [32]. L’étude
INTERPHONE anglaise [33] portant sur plus de 900 cas de
gliomes n’a pas mis en évidence de relation entre usage du
téléphone mobile et gliomes, mais cette étude regroupe des
données sur des sujets dont la répartition des âges est beaucoup
plus étendue ; or, les classes d’âge plus jeunes ou plus âgées
étaient, pour les années couvertes par l’étude INTERPHONE,
de faibles utilisatrices du téléphone mobile, ce qui tendrait à
diminuer la puissance de l’étude anglaise. Pour sa part, l’étude
INTERPHONE allemande [34] a trouvé une augmentation du
risque de gliome chez les utilisateurs de plus de dix ans
(OR = 2,20 ; IC 95 % : 0,94–5,11). Une récente mise à jour
de l’étude de cohorte des souscripteurs danois [35] apporte
peu d’informations sur un éventuel risque : en effet, aucune
information n’est disponible sur l’importance de l’utilisation
du téléphone (hormis la date de premier abonnement) ou sur
l’identité de l’utilisateur (qui n’est pas toujours le
souscripteur) ; de plus, le nombre de cancers du cerveau chez
les souscripteurs les plus anciens est faible. Enfin, l’exclusion
des utilisateurs ayant des abonnements professionnels (alors
qu’ils sont inclus dans la population générale à laquelle la
cohorte est comparée) et l’observation d’un risque de cancers
(toutes localisations confondues y compris les cancers du poumon) significativement plus faible que celui de la population
générale rend difficile l’interprétation des résultats de cette
étude.
En ce qui concerne les méningiomes, seuls Hardell et al.
[36] trouvent à ce jour une relation significative. Cependant,
le seul facteur de risque connu pour les méningiomes, à savoir
les radiations ionisantes, n’apparaît que pour des expositions
antérieures de plus de 20 ans ; il s’agit donc de rester vigilant
pour ce type de tumeur également.
5. Conclusion
Le débat sur la relation existant entre l’usage du téléphone
mobile et les tumeurs du cerveau n’est toujours pas tranché : le
risque, s’il existe, semble être dans le domaine des risques faibles pour un usage régulier, tant en ce qui concerne les tumeurs
du nerf vestibuloacoustique que les gliomes. Les études précédemment publiées n’ont jamais pris en compte les erreurs de
mesure qui pourraient avoir masqué le risque. Enfin, le recul
nécessaire pour voir apparaître des tumeurs à croissance très
lente est encore insuffisant. Certains de nos résultats semblent
cependant suggérer la possibilité d’un risque, non significatif il
est vrai, de gliomes pour les forts utilisateurs. Il est donc primordial d’avoir les résultats de l’étude INTERPHONE dans sa
globalité pour avancer dans la connaissance du risque, compte
tenu de la puissance statistique associée à la participation de 13
pays et du travail spécifique entrepris pour permettre une évaluation de l’exposition au niveau des tissus cérébraux euxmêmes en fonction des caractéristiques des appareils utilisés
et de la localisation précise des tumeurs.
Remerciements
Nous remercions Mary-Pierre Herrscher, Fatima Lamri,
Agnès Boidart, Hélène Gire, Juliette Krassilchik, Judith Lenti,
Delphine Maillac, Frédérique Sonnet, Flore Taguiev pour la
collecte des données ; Julie Frantz, France Castay, Florian
Gay pour la recherche des témoins, le Pr Doyon (Paris) et le
Dr Hermier (Lyon) qui ont participé activement à la localisation radiologique des tumeurs ; les services hospitaliers qui ont
participé au signalement des cas : à Lyon, centre hospitalier
Lyon–Sud (Pr Dubreuil), Hôpital neurologique PierreWertheimer (Prs Trouillas, Confavreux, Fisher, Vallée, Bret,
Sindou et Deruty ; Drs Honnorat, Farsi, Mahla, Ricci, Achiti),
hôpital d’instruction des armées Desgenettes (Dr Felten), centre Léon-Bérard (Dr Frappaz), clinique du Tonkin (Dr de
Garassus, Dr Brudon) ; à Paris, hôpital de la Pitié-Salpétrière
(Prs Fohanno, Cornu, Delattre, Hauw et Poirier, Drs Lopes,
Bloch, Capelle, Duffau, Sanson, Marsault), hôpital Foch (Prs
Visot et Chabolle, Drs Gaillard et Dupuy), hôpital Beaujon
(Prs Sterkers, Dr Bouccara), Hôpital Lariboisière (Prs Georges
et Tran Ba Huy, Drs Blanquet et Koot), hôpital Sainte-Anne
(Pr Roux, Dr Turak), fondation Rothschild (Drs Mouder,
Daguet, et Piekarski), hôpital d’instruction des armées du
M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332
Val-de-Grâce (Prs Bequet, Renard et Desgeorges), hôpital
Saint-Joseph (Dr Gauthier), centre hospitalier intercommunal
de Poissy-Saint-Germain en Laye (Dr Cambon), centre hospitalier Sud-Francilien (Dr Serre), centre hospitalier de Meaux
(Dr Améri) ; à Marseille, hôpital de La Timone (Pr Peragut,
Dr Regis), ainsi que tous les responsables des départements
d’information médicale et tous les membres du personnel des
hôpitaux qui nous ont aidés et accueillis, en particulier les surveillantes et les secrétaires de tous les services hospitaliers et
l’ensemble des personnels des archives hospitalières, ainsi que
Lesley Richardson (CIRC) pour son travail d’animation de
l’étude internationale et de relecture.
Au niveau international, l’étude INTERPHONE a été
approuvée par le Comité d’éthique du CIRC. En France, le
Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière
de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) et la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) ont également émis un avis favorable.
L’étude INTERPHONE a été financée par le cinquième
PCRD de l’Union européenne (contrat QLK4-CT-199901563), l’Union internationale contre le cancer (UICC) et des
fonds nationaux. L’UICC a reçu des fonds pour cette étude du
Forum des constructeurs et de l’association GSM. La redistribution de ces fonds par l’UICC aux chercheurs a été régie par
une convention garantissant la totale indépendance des chercheurs d’INTERPHONE. Les fonds nationaux reçus par les
chercheurs français proviennent de l’Association pour la
recherche sur le cancer (ARC : contrat no 5142) et des trois
opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Télécom). Les fonds versés par les opérateurs représentent 5 % du total du coût de
l’étude française et sont régis par des conventions qui garantissent l’indépendance des chercheurs.
Les auteurs n’ont pas de conflit d’intérêt à déclarer.
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