Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf
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Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf
Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Article original Téléphone mobile, risque de tumeurs cérébrales et du nerf vestibuloacoustique : l’étude cas-témoins INTERPHONE en France Cell Phones and Risk of brain and acoustic nerve tumours: the French INTERPHONE case-control study M. Hoursa,*, M. Bernarda, L. Montestrucqa, M. Arslana, A. Bergereta, I. Deltourb, E. Cardisb a Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement (INRETS/UCBL/InVS), faculté de médecine, domaine Rockefeller, 8, avenue Rockefeller, 69373 Lyon cedex 08, France b Centre international de recherche sur le cancer, Radiation Unit, 145, cours Albert-Thomas, 69008 Lyon, France Reçu le 12 juillet 2006 ; accepté le 12 juin 2007 Disponible sur internet le 11 septembre 2007 Abstract Background. – Use of cell phones has increased dramatically since 1992 when they were first introduced in France. Certain electromagnetic fields (at extremely low frequency) have been recognized as possibly carcinogenic by the International Agency for Research on Cancer. Given the use of radiofrequency technology in cell phones, the rapid increase in the number of cell phones has generated concerns about the existence of a potential health hazard. To evaluate the relationship between the use of cell phones and the development of tumors of the head, a multicentric international study (INTERPHONE), coordinated by the International Agency for Research on Cancer, was carried out in 13 countries. This publication reports the results of the French part of the INTERPHONE study. Methods. – INTERPHONE is a case-control study focused on tumors of the brain and central nervous system: gliomas, meningiomas and neuromas of cranial nerves. Eligible cases were men and women, residents of Paris or Lyon, aged 30–59, newly diagnosed with a first primary tumor between February 2001 and August 2003. The diagnoses were all either histologically confirmed or based upon unequivocal radiological images. Controls were matched for gender, age (± 5 years) and place of residence. They were randomly drawn from electoral rolls. Detailed information was collected for all subjects during a computer-assisted face-to-face interview. Conditional logistic regression was used to estimate the odds ratio (OR) for an association between the use of cell phones and risk of each type of cancer. Results. – Regular cell phone use was not associated with an increased risk of neuroma (OR = 0,92; 95% confidence interval = [0.53–1.59]), meningioma (OR = 0,74; 95% confidence interval = [0.43–1.28]) or glioma (OR = 1.15; 95% confidence interval = [0.65–2.05]). Although these results are not statistically significant, a general tendency was observed for an increased risk of glioma among the heaviest users: long-term users, heavy users, users with the largest numbers of telephones. Conclusion. – No significant increased risk for glioma, meningioma or neuroma was observed among cell phone users participating in Interphone. The statistical power of the study is limited, however. Our results, suggesting the possibility of an increased risk among the heaviest users, therefore need to be verified in the international INTERPHONE analyses. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Résumé Position du problème. – La téléphonie mobile a connu un véritable essor en France à partir de 1992. Sa technologie repose sur les champs électromagnétiques. Or certains champs électromagnétiques (à fréquence extrêmement basse) ont été reconnus comme cancérogènes possibles par le Centre international de recherche sur le cancer. Compte tenu de la rapide progression du nombre d’usagers de téléphones mobiles qui émettent dans la gamme des radiofréquences, il convient de rechercher l’existence d’un éventuel impact des téléphones mobiles sur la santé des utilisateurs. L’étude internationale multicentrique INTERPHONE, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer, a été mise en place en 1999. Cette publication concerne les résultats de la partie française. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Hours). 0398-7620/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.respe.2007.06.002 322 M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Méthodes. – Il s’agit d’une étude cas-témoins portant sur les tumeurs du système nerveux central : gliomes, méningiomes et neurinomes des nerfs crâniens survenus entre février 2001 et août 2003. Les cas n’ont été inclus qu’après confirmation histologique ou par imagerie. Chaque cas a été apparié à un témoin (deux pour les neurinomes) sur les critères de sexe, âge (± 5 ans) et commune de résidence. Les témoins ont été tirés au sort sur les listes électorales. Les sujets, âgés de 30 à 59 ans, domiciliés dans la région de Lyon ou en Île-de-France, ont été interviewés en face-àface par un enquêteur. La mesure de l’association a été estimée par des odds ratio (OR) obtenus par régression logistique conditionnelle. Résultats. – L’usage régulier du téléphone mobile n’est pas lié à une augmentation du risque de neurinomes (OR = 0,92 ; intervalle de confiance 95 % = [0,53–1,59]), de méningiomes (OR =0,74 ; [0,43–1,28]) ou de gliomes (OR = 1,15 ; [0,65–2,05]). Bien que ces résultats ne soient pas significatifs, il semble toutefois exister une tendance générale à une augmentation du risque de gliome chez les plus « gros consommateurs » de téléphonie mobile : utilisateurs de longue durée, au temps de communication élevé et ayant utilisé un plus grand nombre de téléphones. Conclusion. – Nous n’avons pas montré l’existence d’un excès de risque significatif associé à la consommation téléphonique portable pour les trois types de tumeurs étudiés. Cependant, la puissance de l’étude est limitée. Nos résultats, suggérant la possibilité d’une augmentation du risque de gliome pour les forts utilisateurs, devront être vérifiés dans les analyses internationales de l’étude INTERPHONE. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Keywords: Cell Phones; Brain tumors; Gliomas; Meningiomas; Neurinomas; France; INTERPHONE Mots clés : Téléphone mobile ; Tumeurs cérébrales ; Gliomes. Méningiomes ; Neurinomes ; France ; Interphone 1. Introduction Les téléphones mobiles, apparus en France pour le réseau cellulaire en 1992, ont connu en quelques années un véritable essor. Dès 1999, 28 % des ménages possèdent au moins un téléphone mobile [1] ; en 2004, les opérateurs français ne recensent pas moins de 44,5 millions d’utilisateurs [2]. Les téléphones mobiles font aujourd’hui partie intégrante du quotidien des Français et on compte, selon la catégorie socioprofessionnelle, entre 73 et 86 % d’utilisateurs. Compte tenu de la progression rapide de l’usage des téléphones mobiles, plusieurs questions ont émergé au sujet de leur éventuel impact sur la santé. La technologie des téléphones mobiles repose, en effet, sur l’émission de champs électromagnétiques, spécifiquement des radiofréquences entre 400 Mhz et 2100 MHz. La majeure partie des ondes reçues est absorbée par les cellules des organes situées à proximité immédiate du récepteur, au niveau de l’oreille. La partie la plus importante de cette énergie est absorbée par la peau, la glande parotide et l’oreille ; 20 à 30 % de la dose sont absorbées par le cerveau [3]. Les tumeurs les plus susceptibles de se développer en lien avec l’usage du téléphone mobile sont donc les gliomes et les méningiomes, les neurinomes des nerfs crâniens et les tumeurs des glandes salivaires, en particulier, la glande parotide. La quantité d’énergie provenant des radiofréquences, émis par le téléphone et absorbée par les tissus humains, est généralement mesurée par le débit d’absorption spécifique (DAS), c’est-à-dire le débit d’énergie absorbée par unité de masse. Au niveau de la tête, le DAS ne doit pas dépasser la valeur recommandée par l’OMS (2 W/kg moyennés sur six minutes et 1 cm3 de tissu). Aujourd’hui, tous les appareils téléphoniques mobiles doivent respecter ce DAS mesuré à puissance de crête maximale, ce qui n’était pas le cas dans les premières années de la téléphonie mobile. Plusieurs études expérimentales sur l’animal n’ont pas montré d’augmentation de tumeurs chez les animaux exposés aux radiofréquences, seules [4] ou en association avec un cancérogène connu [5,6] alors que Repacholi a montré un effet chez les souris PIM [7]. Les effets génotoxiques, trouvés par Lai et Singh [8] et par Diem et al. [9], ne sont pas retrouvés dans d’autres expérimentations [4,10–13]. À ce jour, l’hypothèse de génotoxicité concernant les radiofréquences n’est pas la plus plausible ; il semble plus probable, si un lien existe entre radiofréquences et cancers, qu’il s’agisse d’une action de promotion ou de stimulation de progression de la tumeur. Plus récemment, l’existence potentielle d’une perméabilité accrue de la barrière hématoencéphalique [14,15] n’a pas été retrouvée [16]. Les premières études épidémiologiques [17–21] ont été entachées d’insuffisances méthodologiques liées à des effectifs insuffisants pour mettre en évidence un risque faible, une mesure de l’exposition inadéquate, uniquement basée sur la durée, la non prise en compte des facteurs de confusion et, essentiellement, un net manque de recul face au développement de cette technologie récente. Afin d’apporter de nouveaux éléments de réponse sur le lien potentiel entre les radiofréquences émises par les téléphones mobiles et les tumeurs de la tête, l’étude internationale multicentrique INTERPHONE, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a été mise en place en 1999. Il s’agit d’une étude cas témoins dont le but est de rechercher dans quelle mesure l’utilisation des téléphones mobiles influence le risque de tumeurs de la tête. En dépit des effectifs faibles de la participation française concernant les gliomes, les méningiomes et les neurinomes des nerfs crâniens, il a paru intéressant d’en présenter les résultats, sachant que l’étude INTERPHONE dans sa globalité apportera la puissance nécessaire à la recherche de risques faibles. 2. Matériel et méthodes 2.1. Population Les sujets recrutés étaient domiciliés soit dans la zone urbaine de Lyon, soit dans la région d’Île-de-France, ces deux régions correspondant aux zones les plus précocement couvertes par les réseaux de téléphonie mobile. La population d’étude comprend exclusivement les personnes âgées de 30 à 59 ans ; cette tranche d’âge correspond à la population utilisatrice du téléphone mobile dans les années précédant le début de l’étude ; bien que ce ne soit pas la classe d’âge qui présente M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 le plus grand risque de développer ces tumeurs, l’étude de faisabilité avait montré que le fait de se restreindre à ces catégories assurait un meilleur rapport coût–efficacité [22]. 323 téléphone ni de ceux pour lesquels les lettres sont revenues pour adresse inconnue (environ 15 % des sujets). 2.4. Recueil des données 2.2. Recrutement des cas Le début de la période de recrutement des cas est différent selon le type de tumeur : le 1er juin 2000 pour les neurinomes, le 1er septembre 2000 pour les méningiomes, et le 1er décembre 2000 pour les gliomes. L’ensemble du recrutement s’est achevé le 31 août 2003. Les services hospitaliers lyonnais et parisiens participant à l’étude devaient signaler tous les nouveaux cas diagnostiqués pendant cette période ; il s’agit essentiellement de services de neurologie, neurochirurgie et ORL. Un service de radiothérapie marseillais, spécialisé dans le traitement des tumeurs de la tête par rayonnements, a également intégré l’étude. En effet, ce traitement alternatif à la chirurgie peut attirer des malades résidant sur Paris et Lyon. Tous les services lyonnais concernés ont été contactés et ont participé au recueil de données ; pour la région parisienne, seuls quelques services ont participé de façon exhaustive, certains n’ont participé que partiellement sur la période, d’autres pas du tout. Un contrôle d’exhaustivité du recrutement a été réalisé dans tous les services impliqués, pour leur période de participation, grâce aux données des départements d’information médicale (DIM). Ce contrôle a permis d’inclure des cas a posteriori. Certains cas repérés grâce aux DIM n’ont pas pu être contactés faute d’autorisation médicale. Ils ont cependant été pris en compte lors du calcul du taux de participation. Les cas incidents ont été inclus dans l’étude après vérification des critères d’inclusion (âge, lieu d’habitat, tumeur primitive) et pour la majorité des cas, du diagnostic confirmé histologiquement. Pour certains, par exemple les tumeurs traitées par radiothérapie ou inaccessibles chirurgicalement, seules les investigations radiologiques étaient disponibles ; le diagnostic des cas a alors été médicalement validé avant inclusion. 2.3. Recrutement des témoins Chaque cas a été apparié à un témoin pour les gliomes et les méningiomes, et à deux témoins pour les neurinomes. L’appariement a été réalisé sur le sexe, l’âge (± 5 ans) et la commune de résidence à la date du diagnostic du cas. Dix témoins par cas ont été tirés au sort à partir des listes électorales. Une lettre, jointe à un formulaire de consentement et une enveloppe retour, a été adressée au premier témoin de la liste ; elle expliquait qu’il s’agissait d’une étude médicale sur l’exposition aux rayonnements dans l’environnement, sans qu’il soit fait mention de façon spécifique du téléphone mobile. Un courrier de relance a été adressé un mois plus tard, puis trois essais de contact téléphonique, sur des plages horaires variées, notamment en début de soirée, ont été réalisés. En cas de nonréponse, refus ou adresse inexistante, la recherche a porté sur le témoin suivant de la liste, et ainsi de suite. La démarche a été identique quelle que soit la pathologie du cas correspondant. Le calcul du taux de participation ne tient pas compte des sujets pour lesquels nous ne disposions pas d’un numéro de Les entretiens avec les cas et les témoins ont eu lieu au sein des hôpitaux, au domicile des sujets ou dans tout autre lieu à la convenance du sujet et, exceptionnellement, par téléphone. Les premiers entretiens ont eu lieu en février 2001 pour les sujets lyonnais et en mai 2001 pour les sujets d’Île-de-France. Les entretiens ont été réalisés par dix enquêteurs formés au préalable à la passation du questionnaire. Dans la mesure du possible, un même enquêteur réalisait l’entretien à la fois pour le cas et pour son(ses) témoin(s). 2.5. Questionnaire Le questionnaire, assisté par ordinateur (logiciel CAPI, Computer Assisted Personal Interviewing programmé en Blaise [23]), a permis la saisie directe des informations au cours de l’entretien. Plusieurs parties composent le questionnaire : informations sociodémographiques, consommation de tabac, antécédents médicaux du sujet et de sa famille, usage de la téléphonie mobile et autres systèmes de radiocommunication, expositions à des rayonnements dans un contexte médical et professionnel, et historique professionnel. Pour les neurinomes et leurs témoins, le questionnaire comporte une section supplémentaire sur l’exposition au bruit. La partie du questionnaire concernant les téléphones mobiles a permis d’obtenir les informations sur : ● les téléphones utilisés par le sujet : nombre, marques et modèles (si ces informations n’étaient pas connues, la recherche de la facture d’achat était demandée et à défaut, la consultation d’un catalogue des téléphones disponibles en France et des questions portant sur les caractéristiques de l’appareil telles que l’antenne, la couleur ou encore la taille étaient proposées afin de l’identifier), les opérateurs, la période d’utilisation ; ● le niveau de consommation pour chaque téléphone, estimé par le nombre d’appels émis et reçus (donné par jour, par semaine ou par mois) et par le temps de communication (donné en minutes ou en heures, par appel, par jour, par semaine ou par mois) ; ● les détails de l’utilisation : fréquence, mode d’utilisation (usage de kit piéton ou main libre, en zone rurale ou urbaine, dans un véhicule en mouvement). 2.6. Analyse des données Afin que chaque cas et son(ses) témoin(s) aient des estimations de leurs expositions aux téléphones mobiles comparables, la date du diagnostic du cas a été considérée comme date de référence pour chaque paire ou triplette. L’usage du téléphone pendant l’année précédant cette date, ou au-delà de cette date, n’a pas été pris en compte. Plusieurs variables ont été calculées : nombre d’appels moyens par mois, nombre d’appels cumulés, avec ou sans uti- 324 M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 lisation d’un kit piéton ou main libre, temps de communication moyen par appel, temps de communication moyen par mois, temps de communication cumulé avec ou sans utilisation d’un kit piéton ou main libre, durée de la période d’utilisation. Ces variables ont été considérées d’une part comme des variables catégorielles (classes délimitées selon les premier, deuxième et troisième quartiles observés dans le groupe des témoins), et d’autre part comme des variables continues. Lorsqu’une donnée de consommation d’un sujet était caractérisée par un intervalle de durée ou de nombre d’appels, c’est la médiane qui a été choisie pour estimer la consommation. Pour quelques sujets, certaines périodes de téléphonie étaient non renseignées : lorsque cette période était encadrée par deux périodes pour lesquelles l’information était disponible, la moyenne des deux périodes était attribuée à la période manquante ; s’il s’agissait du premier ou du dernier téléphone utilisé, la consommation de la période adjacente était attribuée ; deux sujets n’ont donné aucune information concernant leur consommation : ils ont été considérés comme consommateurs non réguliers. La mesure de l’association entre exposition aux téléphones mobiles et tumeurs de la tête a été estimée par des odds ratio (OR) obtenus par régression logistique conditionnelle tenant compte de l’appariement. Dans un premier temps, la distinction entre les trois types de tumeurs n’a pas été faite, puis chacune des trois tumeurs a été analysée séparément. Pour sélectionner les variables d’ajustement, chaque variable liée aux informations sociodémographiques, aux antécédents médicaux du sujet et de sa famille, à l’utilisation d’autres systèmes de radiocommunication, aux expositions à des rayonnements dans un contexte médical et à l’exposition au bruit pour l’étude portant sur les neurinomes a été testée en univarié. Les variables significatives à un seuil de 20 % ont été retenues pour la suite de l’analyse. Il a été décidé de conserver certaines variables quel que soit leur niveau de significativité en univarié ; il s’agit du statut tabagique, du fait du haut pouvoir cancérogène du tabac et de la catégorie socioprofessionnelle en raison du risque de biais de sélection lié à cette variable. Un premier modèle multivarié a été construit par procédure descendante à partir des variables forcées et des variables retenues à l’étape antérieure. Le modèle final a comporté pour tous les types de tumeurs la catégorie socioprofessionnelle (selon le premier digit de la codification INSEE) et le statut tabagique, le statut matrimonial pour les gliomes et l’exposition au bruit pour les neurinomes. Les variables liées à la consommation téléphonique ont été introduites séparément dans ce modèle. Une analyse des tumeurs ipsilatérales et controlatérales a également été réalisée. Une tumeur était classée ipsilatérale lorsqu’elle se situait du côté d’usage du téléphone mobile et controlatérale lorsqu’elle était du côté opposé. Les tumeurs centrales ont été considérées comme controlatérales (car situées dans une zone non ou peu exposée quel que soit le côté d’usage du téléphone mobile). Les utilisateurs téléphonant indifféremment des deux côtés étaient classés dans le groupe ipsilatéral. Pour les témoins, le côté de la tumeur du cas auquel il était apparié a été utilisé pour la décision d’ipsi- ou de controlatéralité. Les paires ayant au moins un sujet pour lequel nous n’avons pas pu conclure au caractère ipsilatéral–controlatéral ont été exclues de cette analyse. Les deux modalités ont été testées dans le même modèle en comparaison avec les utilisateurs non réguliers et les non-utilisateurs. Pour les variables traduisant l’exposition aux téléphones mobiles, la catégorie de référence correspondait aux sujets ayant déclaré ne jamais avoir utilisé un téléphone mobile ou n’en ayant pas fait une utilisation régulière (soit moins d’une fois par semaine pendant six mois). Les analyses ont été menées sous SAS (Version 8.2). 3. Résultats 3.1. Participation à l’étude et description de la population Au total, 490 cas (160 gliomes, 190 méningiomes, 140 neurinomes) et 639 témoins ont été enregistrés sur Paris et Lyon. Les cas de neurinomes ont été signalés de manière exhaustive dans tous les services participants, ce qui n’a pas été possible pour les autres tumeurs. Dix patients parisiens (neuf neurinomes et un méningiome) ont été signalés par le service de radiothérapie de Marseille. Les taux de participation s’élèvent à 60,0 % pour les cas de gliomes, 78,4 % pour les cas de méningiomes et 80,7 % pour les cas de neurinomes (Tableau 1). Cette différence s’explique par le haut niveau de gravité des gliomes ; en effet, 6,8 % de ces malades n’ont pu être inclus pour cause de décès ou de maladie trop avancée et sans qu’aucun proche ne puisse répondre, 19,4 % ont refusé et 5,0 % n’ont pu être contactés. Le taux de participation des témoins s’élève à 74,7 %. Il n’a pas été possible de trouver certains témoins, ce qui nous a fait exclure de l’analyse cinq cas (quatre neurinomes, un méningiome) ; quatre cas de neurinomes n’ont été appariés qu’à un seul témoin. L’analyse finale a donc porté sur 350 cas et 455 témoins répartis en 96 gliomes (96 témoins), 145 méningiomes (145 témoins) et 109 neurinomes (214 témoins). Seulement 4 % des questionnaires de cas ont été renseignés par un proche du malade (12 sujets sur 96 dans le groupe des gliomes et deux dans le groupe des méningiomes), alors que tous les témoins ont répondu directement aux enquêteurs. La plupart des enquêtes (55,4 % pour les cas et 52,1 % pour les témoins) ont eu lieu au domicile des sujets. Pour 24,0 % des cas, l’enquête a été réalisée au sein de l’hôpital ; pour 15,2 % des témoins, elle a été faite sur leur lieu de travail. Enfin, les enquêtes au téléphone représentaient pour les cas et les témoins respectivement 4,9 % et 11,2 %. Le délai médian entre la date de diagnostic et l’interview s’est étalé de deux mois pour les gliomes à cinq mois pour les neurinomes. Le Tableau 1 présente les caractéristiques cliniques des cas interviewés : la plupart des gliomes étaient des tumeurs de grade II. Les glioblastomes (grade IV) représentaient le type morphologique le plus fréquent (28 sujets) puis venaient les oligodendrogliomes (22 sujets), les tumeurs anaplasiques (astrocytomes ou oligodendrogliomes : 15 sujets) et les tumeurs mixtes (dix sujets). En ce qui concerne les méningiomes, 22,1 % étaient situés sur la ligne médiane (il s’agit pour la plupart de méningiomes de la faux du cerveau). Pour les trois types de tumeurs, 38 à 56 % des cas utilisateurs de téléphone M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Tableau 1 Caractéristiques des cas selon le type de tumeur Gliomes (n = 96) n% 74 (77,1) 94 (97,9) Méningiomes (n = 145) n% 142 (97,9) 142 (97,9) Neurinomes (n = 109) n% 86 (78,9) 86 (78,9) Chirurgie (oui) Confirmation histologique Code morphologique Grades I 1 (1,1) 133 (93,7) 86 (100)a Grades II 50 (59,5) 9 (6,3) Grades III 15 (17,9) Grades IV 28 (33,3) Côté de la tumeur Gauche 42 (43,8) 45 (31,0) 61 (56,0) Droit 45 (46,9) 59 (40,7) 47 (43,1) Médiane 2 (2,1) 32 (22,1) – Indéterminé ou 7 (7,3) 9 (6,2) 1 (0,9) multicentrique Localisation de la tumeur Hémisphère cérébral sans 10 (10,4) 11 (7,6) – autre précision Lobe frontal 46 (47,9) 79 (54,5) – Lobe temporal 29 (30,2) 33 (22,8) – Lobe pariétal 31 (32,3) 15 (10,3) – Lobe occipital 9 (9,4) 5 (3,4) – Ventricule 4 (4,2) – – Cervelet 0 14 (9,7) – Tronc cérébral 1(1,0) 8 (5,5) – Lieu de résidence Paris 67 (70) 103 (70,8) 89 (81,7) Taux de participation 57,8 75,0 75,6 Lyon 29 (30) 42 (29,2) 20 (18,3) Taux de participation 64,4 77,8 87,0 a Sur les 109 sujets souffrant de neurinomes, 108 souffraient d’un neurinome du nerf acoustique et 1 du nerf trijumeau. 325 mobile téléphonaient du côté où la tumeur s’est développée (cas ipsilatéraux) ; les autres tumeurs se sont développées dans l’hémisphère cérébral opposé ou au centre du cerveau c’est-à-dire dans des zones peu ou pas exposées aux champs émis par le téléphone mobile. Si les neurinomes étaient également répartis entre les deux sexes (48,6 % d’hommes), ce n’était pas le cas pour les deux autres types de tumeurs : les hommes représentaient la majorité des gliomes (61,5 %) et seulement 17,9 % des méningiomes (Tableau 2). Les patients atteints de méningiome représentaient le groupe le plus âgé (50,4 ans en moyenne). Parmi les cas de neurinome, 41,3 % appartenaient aux catégories des cadres ou des professions intermédiaires (versus 61,2 % des témoins ; p < 0,01). Parmi les gliomes, 14,6 % des cas étaient séparés, divorcés ou veufs (4,2 % des témoins ; p < 0,10). L’exposition au bruit a permis de distinguer significativement les neurinomes et leurs témoins (p < 0,05), notamment au niveau de l’exposition professionnelle, avec 34,9 % des cas contre 23,9 % des témoins. 3.2. Utilisation des téléphones mobiles Les utilisateurs réguliers de téléphones mobiles comptaient globalement pour 53,7 % des cas (tous types confondus) et 56,5 % des témoins (Tableau 3). Soixante pour cent des cas utilisateurs réguliers et 62,0 % des témoins utilisaient leur téléphone à droite ou indifféremment des deux côtés. La prévalence de l’usage du kit main libre ou piéton était de 12,8 % chez les cas utilisateurs réguliers et de 16,7 % chez les témoins utilisateurs réguliers. Tableau 2 Caractéristiques sociodémographiques et habitudes selon le type de tumeur Âge : moyenne (± écart-type) Hommes (%) Catégorie socioprofessionnelle Cadres (%) Artisans (%) Professions intermédiaires (%) Employés (%) Ouvriers (%) Sans emploi (%) Statut marital Célibataire (%) En couple (%) Séparé, divorcé, veuf (%) Statut tabagique N'a jamais fumé (%) A fumé (%) Fume (%) Exposition au bruit Jamais exposé (%) Uniquement dans les loisirs (%) Uniquement au travail (%) Au travail et dans les loisirs (%) Ensemble Cas Témoins (n = 350) (n = 455) 48,7 (± 7,6) 48,9 (± 7,3) Gliomes Cas Témoins (n = 96) (n = 96) 47,0 (± 8,4) 46,9 (± 8,2) Méningiomes Cas Témoins (n = 145) (n = 145) 50,4 (± 6,7) 50,8 (± 6,4) Neurinomes Cas Témoins (n = 109) (n = 214) 48,1 (± 7,6) 48,6 (± 7,3) 138 (39,4 %) 187 (41,1 %) 59 (61,5 %) 59 (61,5 %) 26 (17,9 %) 26 (17,9 %) 53 (48,6 %) 102 (47,7 %) 83 (23,7 %) 22 (6,3 %) 80 (22,9 %) 113 (32,3 %) 46 (13,1 %) 6 (1,7 %) 144 (31,6 %) 12 (2,6 %) 134 (29,5 %) 127 (27,9 %) 36 (7,9 %) 2 28 (29,1 %) 6 (6,3 %) 20 (20,8 %) 23 (24,0 %) 19 (19,8 %) – 32 2 33 16 13 – 33 (22,8 %) 9 (6,2 %) 37 (25,5 %) 48 (33,1 %) 12 (8,3 %) 6 (4,1 %) 33 (22,8 %) 5 (3,4 %) 49 (33,8 %) 52 (35,9 %) 5 (3,4 %) 1 22 (20,2 %) 7 (6,4 %) 23 (21,1 %) 42 (38,5 %) 15 (13,8 %) – 79 (36,9 %) 5 (2,3 %) 52 (24,3 %) 59 (27,6 %) 18 (8,4 %) 1 38 (10,9 %) 263 (75,1 %) 48 (10,6 %) 350 (76,9 %) 12 (12,5 %) 70 (72,9 %) 10 (10,4 %) 82 (85,4 %) 15 (10,3 %) 107 (73,8 %) 11 (10,1 %) 84 (77,1 %) 23 (10,8 %) 161 (75,2 %) 49 (14,0 %) 57 (12,5 %) 14 (14,6 %) 4 15 (10,3 %) 109 (75,2 %) 21 (14,5 %) 23 (15,9 %) 14 (12,8 %) 30 (14,0 %) 171 (48,8 %) 108 (30,9 %) 71 (20,3 %) 228 (50,1 %) 117 (25,7 %) 110 (24,2 %) 46 (47,9 %) 28 (29,2 %) 22 (22,9 %) 46 (48,0 %) 25 (26,0 %) 25 (26,0 %) 67 (46,2 %) 49 (33,8 %) 29 (20,0 %) 83 (57,2 %) 33 (22,8 %) 29 (20,0 %) 58 (53,2 %) 31 (28,4 %) 20 (18,4 %) 99 (46,2 %) 59 (27,6 %) 56 (26,2 %) – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – 63 (57,8 %) 8 (7,3 %) 28 (25,7 %) 10 (9,2 %) 156 (72,8 %) 7 (3,3 %) 38 (17,8 %) 13 (6,1 %) (33,3 %) (34,4 %) (16,7 %) (13,5 %) 326 Cas (n = 350) Ensemble Témoins OR (n = 455) aj.a IC 95 % Cas (n = 96) Gliomes Témoins OR (n = 96) aj.a IC 95 % Cas (n = 145) Méningiomes Témoins OR (n = 145) aj.a IC 95 % Cas (n = 109) Type d'utilisateur 57 17 12 36 22 18 Non-utilisateurb 71 Utilisateur non 91 141 20 30 38 43 33 1,0 – 1,0 – 1,0 – régulierb Utilisateur 188 257 0,93 0,69–1,27 59 54 1,15 0,65–2,05 71 80 0,74 0,43–1,28 58 régulier Côté d'utilisation Droite 102 129 1,04 0,73–1,48 36 27 1,46 0,73–2,92 34 40 0,79 0,42–1,47 32 Gauche 74 97 0,92 0,62–1,37 19 20 1,02 0,46–2,26 31 31 0,75 0,38–1,50 24 Les 2 côtés, 12, 31 0,45* 0,21–0,97 4 7 0,32 0,06–1,82 6 9 0,44 0,13–1,52 2 indéterminé Ipsilatéralitéc Non156 191 1,0 – 33 38 1,0 – 72 64 1,0 – 51 utilisateurs– utilisateurs non réguliers Controlatéral 93 116 0,95 0,64–1,39 24 20 1,17 0,52–2,65 34 43 0,65 0,33–1,27 35 Ipsilatéral 83 128 0,87 0,59–1,26 31 30 1,15 0,55–2,43 30 29 0,87 0,44–1,75 22 * p < 0,05. a OR ajusté sur la catégorie socioprofessionnelle et le statut tabagique pour chaque type de tumeur, ainsi que sur le statut matrimonial pour les gliomes et sur l’exposition au b ces deux catégories regroupées constituent dans les analyses suivantes la catégorie de référence. c les paires ayant au moins un sujet pour lequel nous ne pouvions pas conclure au caractère ipsilatéral–controlatéral ont été exclues de cette analyse. Neurinomes Témoins OR (n = 214) aj.a IC 95 % 23 68 1,0 – 123 0,92 0,53–1,59 62 46 15 1,13 0,85 0,20 0,59–2,19 0,43–1,68 0,04–1,02 89 1,0 – 53 69 1,23 0,62 0,64–2,38 0,32–1,20 bruit pour les neurinomes. M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Tableau 3 Caractéristiques de l’utilisation des téléphones mobiles selon le type de tumeur (modélisation en régression logistique conditionnelle) M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 L’analyse des gliomes montre une proportion plus importante d’utilisateurs réguliers chez les cas (61,5 %) que chez les témoins (56,3 %) [OR = 1,15 ; IC 95 % : 0,65–2,05]. Le fait d’avoir été un utilisateur régulier du téléphone mobile n’augmente pas le risque des deux autres types de tumeurs. Il n’y a pas de différence significative pour les différentes tumeurs en fonction de la localisation, bien qu’un OR plus élevé à droite qu’à gauche soit observé pour les neurinomes. Il n’y a pas de différence de risque entre les utilisateurs réguliers présentant une tumeur ipsilatérale et ceux avec une tumeur controlatérale (Tableau 3). 3.3. Consommation téléphonique Les sujets atteints de gliome ont un risque brut significativement plus élevé d’avoir utilisé au moins deux téléphones mobiles (OR = 2,06 ; IC 95 % : 1,02–4,18). L’analyse continue est également significative avec un OR par téléphone supplémentaire de 1,27 (IC 95 % : 1,02–1,59). L’ajustement du modèle sur les variables de confusion supprime la signification statistique de ces résultats. Bien qu’aucune augmentation significative ne soit observée, quel que soit le type de la tumeur, en fonction du niveau de consommation téléphonique (Tableau 4), des OR élevés sont observés pour les gliomes, liés à une consommation téléphonique importante (exprimée sous la forme de temps de communication, de nombre d’appels moyens ou cumulés, ou encore de durée de la période d’utilisation). En général, les cas étaient plus nombreux que les témoins à passer des appels longs de plus de 5,5 minutes en moyenne (respectivement 19,4 % et 13,4 %). Cet excès, observé pour les gliomes et méningiomes, n’est pas significatif. Il est cependant particulièrement visible pour les gliomes : 21,9 % des cas et 13,5 % des témoins ; OR = 1,72 ; IC 95 % : 0,75–3,96. En ce qui concerne l’analyse des durées cumulées de communication, aucun excès de risque n’est observé pour les méningiomes ou les neurinomes, alors qu’un OR de 1,79 (non significatif ; basé sur 24 cas) est observé pour les gliomes pour un temps de communication de plus de 260 heures. La prise en compte de l’usage d’un kit main libre a peu d’influence sur les résultats (OR pour plus de 260 heures de communication sans kit mains libres = 1,71 ; IC 95 % : 0,71–4,10). Lorsque l’on analyse de manière continue la durée cumulée de communication chez les gliomes, pour 80 heures supplémentaires, l’association est à la limite de la significativité statistique (OR = 1,02 ; IC 95 % : 1,00–1,04). De même, si aucun excès de risque n’est mis en évidence pour les méningiomes et neurinomes en fonction de la durée d’utilisation, un OR non significatif de 1,96 (basé sur 21 cas) est observé pour les gliomes pour une utilisation supérieure ou égale à 46 mois. Le faible nombre de sujets dans chaque catégorie de durée ou de nombre d’appels lorsque les sujets ont été répartis suivant leur catégorie d’utilisateurs (ipsilatéralité ou controlatéralité) ne nous a pas permis de réaliser des analyses plus détaillées. 327 4. Discussion Nous n’observons pas d’augmentation du risque d’avoir un neurinome ou un méningiome en relation avec l’usage du téléphone mobile. L’OR inférieur à un observé pour les neurinomes ipsilatéraux peut s’expliquer par le fait que le neurinome est une tumeur d’évolution lente qui se révèle par une surdité progressive ; dans ce contexte, les sujets, atteints de neurinome, utilisent leur téléphone du côté de leur meilleure oreille et donc à l’opposé de la tumeur. En ce qui concerne les gliomes, et bien que ces résultats ne soient pas significatifs, il semble exister une tendance générale à une augmentation du risque de gliome chez les plus « gros consommateurs » de téléphonie mobile : utilisateurs de longue durée, au temps de communication élevé et ayant utilisé un plus grand nombre de téléphones (ce nombre étant en fait significativement corrélé avec la consommation téléphonique, tant en nombre d’appels qu’en durée). Tous les cas ont fait l’objet d’une vérification systématique des dossiers médicaux et des comptes rendus anatomopathologiques afin de contrôler les critères d’inclusion et les diagnostics. Les scanners et IRM ont tous été vus par un neuroradiologue qui a validé le diagnostic et la localisation de la tumeur. La même vérification a été réalisée pour tous les cas non inclus dans l’étude. Pour les neurinomes et méningiomes, tous les cas recensés dans les services au cours de la période de participation ont fait l’objet d’un essai de rencontre : les refus représentent moins de 14 % des cas (les autres causes de non-participation sont un contact impossible ou un problème de langue). En revanche, en ce qui concerne les cas de gliome, le taux de nonparticipation est plus important : les sujets non participants sont en moyenne un peu plus âgés (50 ans contre 46 ans pour les inclus), ils ont un peu moins souvent subi un geste chirurgical, et le gliome est un peu plus souvent de haut grade (55,2 % des inclus contre 60,0 % des cas non inclus) ; il n’y a, en revanche, pas de différence en fonction du sexe. Les OR ne varient pas si l’on restreint l’analyse au seul groupe des gliomes de haut grade. Il est évident que nous ne sommes pas exhaustifs pour les sujets de l’Île-de-France, en particulier pour les méningiomes et les gliomes pour lesquels nous pensons avoir recensé environ 20 % des cas (pour les neurinomes, les principaux services ont participé mais pas sur la totalité de la période suivant les hôpitaux et le taux de recensement est aux alentours de 50 %). Dans la mesure où sur la région Îlede-France d’importants services de neurochirurgie n’ont pas participé ou seulement partiellement, il est nécessaire de se poser la question d’un possible biais de sélection, Ce pourrait être le cas si le recrutement des services est lié à l’exposition au téléphone mobile, et si suivant le type cellulaire les malades vont dans un hôpital plutôt qu’un autre, ce qui paraît peu vraisemblable. Il se peut également que des cas de neurinomes ou de méningiomes, pour lesquels une simple surveillance a été décidée, aient échappé au signalement, malgré notre contrôle a posteriori dans les fichiers des DIM. Cette non-exhaustivité sur la région Île-de-France a fait perdre beaucoup de puissance à l’analyse. 328 Tableau 4 Relation entre la consommation téléphonique et les différents types de tumeurs cérébrales (modélisation en régression logistique conditionnelle) Gliomes OR aj.a IC 95 % Cas (n = 145) 74 Méningiomes Témoins OR aj.a IC 95 % (n = 145) 65 Cas (n = 109) 51 Neurinomes Témoins OR aj.a IC 95 % (n = 214) 91 0,33–1,41 0,98–4,83 0,99–1,63 42 29 44 36 0,75 0,73 0,81 0,40–1,38 0,35–1,53 0,62–1,07 29 29 55 68 1,03 0,82 0,99 0,55–1,93 0,43–1,55 0,80–1,22 0,68 0,98 1,04 1,96 1,11 0,23–2,04 0,38–2,49 0,35–3,11 0,74–5,20 0,96–1,29 17 25 14 15 20 22 20 18 0,60 1,06 0,50 0,73 0,95 0,27–1,36 0,52–2,14 0,21–1,17 0,28–1,91 0,82–1,10 19 17 8 14 31 29 30 33 1,21 1,33 0,63 0,66 0,96 0,55–2,69 0,58–3,03 0,26–1,53 0,28–1,57 0,84–1,10 12 11 16 15 1,17 0,75 0,87 1,79 1,02 0,45–3,03 0,23–2,45 0,35–2,17 0,74–4,34 1,00–1,04 16 27 13 15 23 23 16 18 0,57 1,28 0,59 0,78 1,00 0,26–1,27 0,55–2,95 0,25–1,42 0,29–2,07 0,97–1,04 14 15 13 16 29 31 32 31 1,06 0,87 0,85 0,92 1,00 0,48–2,36 0,40–1,91 0,38–1,88 0,41–2,07 0,96–1,03 5 17 16 21 10 19 12 13 0,52 0,89 1,37 1,72 1,03 0,14–1,89 0,38–2,07 0,51–3,68 0,75–3,96 0,97–1,10 12 15 16 28 13 13 32 22 0,77 0,86 0,36* 1,21 1,01 0,28–2,14 0,35–2,13 0,15–0,86 0,54–2,68 0,97–1,05 8 10 21 19 24 31 42 26 0,53 0,68 1,05 1,35 1,04 0,20–1,41 0,28–1,63 0,49–2,23 0,63–2,92 0,98–1,11 13 10 16 20 12 10 17 15 1,48 0,74 0,91 1,53 1,03 0,52–4,21 0,26–2,13 0,36–2,25 0,62–3,77 0,99–1,08 25 16 20 10 26 20 19 15 0,83 0,68 0,84 0,50 0,94 0,40–1,73 0,30–1,53 0,37–1,93 0,18–1,38 0,87–1,02 21 13 11 13 27 33 28 35 1,77 0,69 0,82 0,68 0,99 0,82–3,82 0,31–1,57 0,36–1,85 0,29–1,58 0,95–1,02 IC 95 % Cas Témoins (n = 96) (n = 96) 37 42 0,60–1,22 0,71–1,53 0,91–1,17 20 39 30 24 0,69 2,18 1,27 0,59–1,52 0,69–1,65 0,41–1,15 0,60–1,61 0,94–1,09 11 13 14 21 13 11 16 14 0,52–1,30 0,63–1,63 0, 53–1,34 0,72–1,85 0,99–1,02 12 10 13 24 0,32–1,02 0,52–1,34 0,51–1,28 0,96–2,30 0,99–1,05 0,78–1,91 0,46–1,19 0,57–1,45 0,52–1,39 0,98–1,02 le statut tabagique pour chaque type de tumeur, ainsi que sur le statut matrimonial pour les gliomes et sur l’exposition au bruit pour les neurinomes. M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Ensemble Cas Témoins OR aj.a (n = 350) (n = 455) Référence 162 198 Nombre de téléphones Un seul 91 129 0,86 Au moins deux 97 128 1,04 Pour un téléphone supplémentaire 1,03 Durée de la période d'utilisation < 16 mois 47 64 0,95 [16–27[ mois 55 62 1,07 [27–46[ mois 36 66 0,69 ≥ 46 mois 50 65 0,98 Pour 1 an supplémentaire 1,02 Temps de communication cumulé < 20 heures 42 64 0,82 [20–80[ heures 52 65 1,01 [80–260[ heures 39 64 0,84 ≥ 260 heures 55 64 1,15 Pour 80 heures supplémentaires 1,01 Temps de communication moyen par appel < 1,5 minute 25 47 0,57 [1,5–2,5[ minutes 42 63 0,83 [2,5–5,5[ minutes 53 86 0,81 ≥ 5,5 minutes 68 61 1,48 Pour 1 minute supplémentaire par appel 1,02 Nombre cumulé d'appels <490 appels 59 65 1,22 [490–1600[ appels 39 63 0,74 [1600–5100[ appels 47 64 0,91 ≥ 5100 appels 43 65 0,85 Pour 1000 appels supplémentaires 1,00 * p < 0,05. a OR ajusté sur la catégorie socioprofessionnelle et M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 La répartition par sexe pour les différents types de tumeurs est conforme à ce qui était attendu. Il en est de même pour la répartition de la localisation des gliomes dans les différents lobes cérébraux, compte tenu des types cellulaires observés. En ce qui concerne les témoins, la question de la nonexhaustivité des listes électorales concerne essentiellement les jeunes ; or, les témoins devaient être âgés au minimum de 30 ans âge auquel les sujets sont en général inscrits. En revanche, de très nombreux sujets tirés au sort n’ont pas pu être contactés du fait de changements d’adresse récents. Cela pourrait introduire un biais dans la mesure où les sujets qui déménagent auraient un comportement différent en matière d’usage du téléphone. Le taux de refus des témoins est plutôt inférieur à celui observé dans les autres études déjà publiées [24,25], mais n’ont été comptabilisés que les témoins pour lesquels une prise de contact était possible. La répartition significativement différente des catégories socioprofessionnelles entre les cas de neurinomes et leurs témoins, et entre les trois groupes de témoins eux-mêmes pourrait faire suspecter un biais de sélection chez ces témoins. Les enquêteurs chargés de rechercher les témoins à partir des listes électorales étaient des étudiants en sociologie, méconnaissant la différence entre les trois types de tumeur et qui ont suivi la procédure mise en place : il est peu probable que leur mode de recherche des témoins, au vu des informations dont ils disposaient, ait introduit un biais spécifique pour les neurinomes. De plus, quand on tient compte du sexe et de l’âge, la catégorie socioprofessionnelle n’est plus une information discriminante des trois groupes de témoins. La différence observée en ce qui concerne l’usage du téléphone mobile et chacun des trois types de tumeurs ne peut donc pas être expliquée par un biais de sélection associé à la catégorie socioprofessionnelle. En ce qui concerne les gliomes, il se peut que l’on ait eu plus de mal à joindre les témoins célibataires, veufs ou divorcés, et qu’il s’agisse justement de plus « gros utilisateurs » de téléphone mobile. Le fait d’ajuster sur le statut matrimonial permet de prendre en compte cet élément. L’entretien auprès des sujets a été fait de la même façon s’agissant des cas et des témoins ; toutefois, l’enquêteur connaissait le statut de la personne rencontrée. C’est une des deux raisons (l’autre étant la reproductibilité entre les pays) qui avaient fait choisir un entretien à questions fermées de façon à éviter le plus possible une présentation variable des questions aux sujets interrogés. Une étude de validation a été mise en place en parallèle pour tester la capacité du questionnaire à recueillir la meilleure information possible sur la consommation téléphonique des sujets [26]. Pour cela, les estimations déclarées par 76 volontaires ont été comparées aux données enregistrées par les opérateurs de téléphonie mobile : le nombre d’appels était rapporté de façon plus fiable que le temps de communication, qui était surestimé de manière significative, ce qui peut entraîner des erreurs de classement. Ce phénomène pourrait particulièrement jouer lors de l’analyse des durées de consommation si les cas avaient un comportement de déclaration différent des témoins. Cette possibilité est à évoquer, en particulier pour les sujets 329 atteints de gliomes, dans la mesure où certains d’entre eux souffrent de troubles mnésiques. Toutefois, nos résultats sont très cohérents entre les différents types d’indicateurs de consommation utilisés et ne corroborent pas cette possibilité. La mesure de l’exposition utilisée permet de qualifier l’utilisation des téléphones mobiles, mais ne traduit pas l’exposition réelle aux radiofréquences émises par les téléphones portables. Nous avons pris en compte dans les analyses la proportion de temps estimée par les sujets pendant lequel ils utilisent un kit main libre ou piéton. Cependant, il s’agit encore une fois d’une estimation faite à partir de la déclaration de la consommation des sujets et non sur de réelles mesures de l’exposition aux radiofréquences elles-mêmes. Compte tenu des effectifs, de la fréquence de l’exposition, du nombre de témoins appariés à chaque cas et en se plaçant à un risque de première espèce de 5 %, nous pouvons conclure que les trois études portant sur les gliomes, les méningiomes et les neurinomes se heurtent à un réel problème de puissance (20 %) si l’on considère que le risque recherché se situe aux alentours de 1,5. Les effectifs observés permettaient, en effet, de mettre en évidence un risque entre 2 (pour les méningiomes) et 2,4 (pour les gliomes) avec une puissance de 80 % pour un utilisateur régulier. Vu le faible nombre de « gros utilisateurs », la puissance statistique, pour mesurer un risque de l’ordre de deux lié à une longue durée ou à une forte consommation, est également faible. Nous pouvons regretter de ne pas disposer d’un nombre plus important de sujets ayant utilisé plus de dix ans un téléphone mobile compte tenu du développement plutôt lent de tumeurs comme les neurinomes. En effet, nous n’avons recensé que quatre sujets dans cette situation : deux cas de gliomes, un cas de neurinome et un témoin de neurinome, ce qui ne nous permet pas de prendre en compte ce temps de latence et limite les comparaisons possibles avec les résultats publiés des autres pays de l’étude INTERPHONE. Pour l’analyse des gliomes, les OR observés pour la catégorie des plus « gros consommateurs » de téléphones mobiles, notamment pour les sujets réalisant des appels de longue durée et pour les utilisateurs de longue durée, sont supérieurs à un. Malgré le manque de puissance, il existe un excès de gliomes à la limite de la significativité lié au nombre de téléphones mobiles. Compte tenu de l’implantation assez récente dans notre pays de la téléphonie mobile (en 1995, soit cinq ans avant l’étude, seulement 12 % de la population était utilisatrice), il paraît légitime de considérer les utilisateurs de plus d’un téléphone comme des consommateurs plus anciens, et peut-être même comme de forts consommateurs. Pour la plupart des études recensées dans la littérature scientifique existante, les limites, comme le manque de puissance, la difficulté à quantifier l’exposition aux téléphones mobiles sur la simple déclaration des sujets ou le manque de recul dans le temps, ont été soulignées de façon récurrente. Cependant, la plupart des études publiées avaient suffisamment de puissance pour rechercher des risques supérieurs à deux liés à l’utilisation d’un téléphone de manière régulière. En revanche, quand on restreint l’analyse aux seuls sujets ayant un niveau de consom- 330 M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 mation élevé, toutes les études publiées manquent dès lors de puissance [26]. Par ailleurs, les simulations [27] montrent que des erreurs de mesure telles que celles rencontrées dans cette étude auraient pour effet de diminuer de façon conséquente le niveau de l’association. Nos résultats sont cohérents avec les résultats antérieurs. Grâce aux premiers résultats parus sur l’étude INTERPHONE, nous disposons d’une base de comparaison très intéressante puisque les études ont été mises en place à partir du même protocole et surtout à partir du même questionnaire standardisé. Cependant, des différences sont à noter, notamment au niveau méthodologique. En Suède [28], l’appariement n’a pas été réalisé de manière individuelle, mais sur un mode de stratification par tranche d’âge. Certaines discordances apparaissent concernant les neurinomes pour lesquels les études danoise [24] et japonaise [29] ne montrent pas de surrisque significatif alors que l’étude suédoise [28] et l’analyse combinée des données de cinq pays du nord de l’Europe [25] mettent en évidence une augmentation du risque chez les utilisateurs les plus anciens (dix ans et plus). Ceux-ci ont développé une tumeur du côté où ils utilisaient le téléphone ; cette apparente discordance peut toutefois s’expliquer dans un contexte de risque faible et de puissance insuffisante, dans la mesure où les études danoise et japonaise comptent, comme nous, peu d’utilisateurs de longue durée. En France, pour les gliomes, des résultats contradictoires sont observés en Suède où Lönn, suivant le protocole INTERPHONE [30], n’a pas trouvé de relation entre l’usage du téléphone mobile et les gliomes globalement (bien qu’un OR élevé mais non significatif ait été trouvé chez les utilisateurs les plus anciens qui ont développé une tumeur du côté d’utilisation du téléphone mobile). Hardell et al. [31], suivant un autre protocole d’étude cas témoin, ont en revanche trouvé un risque de gliome associé à l’usage ancien et important des téléphones mobiles de type analogique. Un léger excès de risque a également été retrouvé par Auvinen et al. en Finlande [32]. L’étude INTERPHONE anglaise [33] portant sur plus de 900 cas de gliomes n’a pas mis en évidence de relation entre usage du téléphone mobile et gliomes, mais cette étude regroupe des données sur des sujets dont la répartition des âges est beaucoup plus étendue ; or, les classes d’âge plus jeunes ou plus âgées étaient, pour les années couvertes par l’étude INTERPHONE, de faibles utilisatrices du téléphone mobile, ce qui tendrait à diminuer la puissance de l’étude anglaise. Pour sa part, l’étude INTERPHONE allemande [34] a trouvé une augmentation du risque de gliome chez les utilisateurs de plus de dix ans (OR = 2,20 ; IC 95 % : 0,94–5,11). Une récente mise à jour de l’étude de cohorte des souscripteurs danois [35] apporte peu d’informations sur un éventuel risque : en effet, aucune information n’est disponible sur l’importance de l’utilisation du téléphone (hormis la date de premier abonnement) ou sur l’identité de l’utilisateur (qui n’est pas toujours le souscripteur) ; de plus, le nombre de cancers du cerveau chez les souscripteurs les plus anciens est faible. Enfin, l’exclusion des utilisateurs ayant des abonnements professionnels (alors qu’ils sont inclus dans la population générale à laquelle la cohorte est comparée) et l’observation d’un risque de cancers (toutes localisations confondues y compris les cancers du poumon) significativement plus faible que celui de la population générale rend difficile l’interprétation des résultats de cette étude. En ce qui concerne les méningiomes, seuls Hardell et al. [36] trouvent à ce jour une relation significative. Cependant, le seul facteur de risque connu pour les méningiomes, à savoir les radiations ionisantes, n’apparaît que pour des expositions antérieures de plus de 20 ans ; il s’agit donc de rester vigilant pour ce type de tumeur également. 5. Conclusion Le débat sur la relation existant entre l’usage du téléphone mobile et les tumeurs du cerveau n’est toujours pas tranché : le risque, s’il existe, semble être dans le domaine des risques faibles pour un usage régulier, tant en ce qui concerne les tumeurs du nerf vestibuloacoustique que les gliomes. Les études précédemment publiées n’ont jamais pris en compte les erreurs de mesure qui pourraient avoir masqué le risque. Enfin, le recul nécessaire pour voir apparaître des tumeurs à croissance très lente est encore insuffisant. Certains de nos résultats semblent cependant suggérer la possibilité d’un risque, non significatif il est vrai, de gliomes pour les forts utilisateurs. Il est donc primordial d’avoir les résultats de l’étude INTERPHONE dans sa globalité pour avancer dans la connaissance du risque, compte tenu de la puissance statistique associée à la participation de 13 pays et du travail spécifique entrepris pour permettre une évaluation de l’exposition au niveau des tissus cérébraux euxmêmes en fonction des caractéristiques des appareils utilisés et de la localisation précise des tumeurs. Remerciements Nous remercions Mary-Pierre Herrscher, Fatima Lamri, Agnès Boidart, Hélène Gire, Juliette Krassilchik, Judith Lenti, Delphine Maillac, Frédérique Sonnet, Flore Taguiev pour la collecte des données ; Julie Frantz, France Castay, Florian Gay pour la recherche des témoins, le Pr Doyon (Paris) et le Dr Hermier (Lyon) qui ont participé activement à la localisation radiologique des tumeurs ; les services hospitaliers qui ont participé au signalement des cas : à Lyon, centre hospitalier Lyon–Sud (Pr Dubreuil), Hôpital neurologique PierreWertheimer (Prs Trouillas, Confavreux, Fisher, Vallée, Bret, Sindou et Deruty ; Drs Honnorat, Farsi, Mahla, Ricci, Achiti), hôpital d’instruction des armées Desgenettes (Dr Felten), centre Léon-Bérard (Dr Frappaz), clinique du Tonkin (Dr de Garassus, Dr Brudon) ; à Paris, hôpital de la Pitié-Salpétrière (Prs Fohanno, Cornu, Delattre, Hauw et Poirier, Drs Lopes, Bloch, Capelle, Duffau, Sanson, Marsault), hôpital Foch (Prs Visot et Chabolle, Drs Gaillard et Dupuy), hôpital Beaujon (Prs Sterkers, Dr Bouccara), Hôpital Lariboisière (Prs Georges et Tran Ba Huy, Drs Blanquet et Koot), hôpital Sainte-Anne (Pr Roux, Dr Turak), fondation Rothschild (Drs Mouder, Daguet, et Piekarski), hôpital d’instruction des armées du M. Hours et al. / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 321–332 Val-de-Grâce (Prs Bequet, Renard et Desgeorges), hôpital Saint-Joseph (Dr Gauthier), centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain en Laye (Dr Cambon), centre hospitalier Sud-Francilien (Dr Serre), centre hospitalier de Meaux (Dr Améri) ; à Marseille, hôpital de La Timone (Pr Peragut, Dr Regis), ainsi que tous les responsables des départements d’information médicale et tous les membres du personnel des hôpitaux qui nous ont aidés et accueillis, en particulier les surveillantes et les secrétaires de tous les services hospitaliers et l’ensemble des personnels des archives hospitalières, ainsi que Lesley Richardson (CIRC) pour son travail d’animation de l’étude internationale et de relecture. Au niveau international, l’étude INTERPHONE a été approuvée par le Comité d’éthique du CIRC. En France, le Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) et la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) ont également émis un avis favorable. L’étude INTERPHONE a été financée par le cinquième PCRD de l’Union européenne (contrat QLK4-CT-199901563), l’Union internationale contre le cancer (UICC) et des fonds nationaux. L’UICC a reçu des fonds pour cette étude du Forum des constructeurs et de l’association GSM. La redistribution de ces fonds par l’UICC aux chercheurs a été régie par une convention garantissant la totale indépendance des chercheurs d’INTERPHONE. Les fonds nationaux reçus par les chercheurs français proviennent de l’Association pour la recherche sur le cancer (ARC : contrat no 5142) et des trois opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Télécom). Les fonds versés par les opérateurs représentent 5 % du total du coût de l’étude française et sont régis par des conventions qui garantissent l’indépendance des chercheurs. Les auteurs n’ont pas de conflit d’intérêt à déclarer. Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] INSEE. Enquête permanente sur les conditions de vie. Consommation des ménages–équipement des ménages en multimédia par catégories socioprofessionnelles 2004 [cited; http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATSOS05118&tab_id=431]. Teinturier B, Mangin AH, Petit G. Observatoire sociétal du téléphone mobile. Stratégies d’opinion [Association française des opérateurs mobiles/TNS SOFRES] 3 novembre 2005 [cited; www.tns-sofres.com/etudes/ pol/031105_telmobiles.pdf]. Rothman KJ, Chou C-K, Morgan R, Balzano Q, Guy AW, Funch DP, et al. Assessment of cellular telephone and other radio frequency exposure for epidemiologic research. Epidemiology Resources Inc 1996;7(3): 291–7. 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