Distinguer les troubles bénins de la mémoire liés à l`âge des

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Distinguer les troubles bénins de la mémoire liés à l`âge des
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Distinguer les troubles bénins de la
mémoire liés à l'âge des premiers signes
de la maladie d'Alzheimer
Jean-Raoul Monties
6 Mai 2010
A la naissance, le petit être a tout à apprendre; il existe,
il lui faut se constituer une mémoire qui lui permettra
d'avoir une identité, une personnalité, qui le fera
reconnaître comme un « humain » et qui lui assurera son
positionnement dans son environnement, par le développement de
ses sens, et dans la communauté, par l'intégration des normes
de la vie en société.
Son apprentissage va commencer dès sa vie intra-utérine ;
apprendre à bouger, à se placer, et probablement, à prendre
conscience de son environnement, par un début d'éducation de
son cerveau à traiter les signaux envoyés par ses sens.
Le nombre de neurones est de l'ordre de 100 milliards. Chacun
d'entre eux peut être stimulé par d'autres neurones par les
"synapses" qui sont des liens qui s'activent par la sécrétion
et des échanges de substances diverses sécrétées à leur
niveau. Les neurones ne s'activent pas sur un mode binaire,
mais transmission d'intensité variable par neuromédiateurs.
Chaque cellule peut avoir plus de 10 000 Synapses. sa
stimulation se transmet par l'axone, qui peut avoir, pour des
commandes motrices, une longueur de près d'un mètre.
On a peine à imaginer qu'ainsi 1015 liens sont possibles au
sein de notre cerveau! L'apprentissage va constituer des
réseaux de neurones qui peuvent être disposés dans de
nombreuses parties du cerveau, selon une spécificité
particulière. (centres moteurs, de la vision, de l'audition,
etc. mais aussi commandes).
Les connections sont susceptibles de se réactiver après des
périodes très longues. Chaque neurone est impliqué dans un
grand nombre de réseaux; sa mort se répercute sur chaque
réseau dont il fait partie, ce qui peut entraîner son
dysfonctionnement, voire sa disparition.
Le cerveau ne fonctionne donc pas comme un ordinateur, pas par
arborescence ou algorithme mais par associations d'idées, par
associations de réseaux pré-établis. On en crée toujours, on
peut en réveiller d'anciens, quiescents, mais qui existent
toujours (langue étrangère parlée dans l'enfance...).
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De façon très schématique, notre cerveau a trois niveaux;
 le cerveau profond, primitif, dit "reptilien" (des
crocodiles) , qui assure la survie et ses éléments
basiques; la peur, la faim, la soif, la sexualité,
etc.
 le cerveau moyen, dit "mammalien" (des petits
mammifères), siège de l'affectif, du relationnel .
 le cerveau supérieur, du contrôle, de la raison, de
la parole, de l'abstraction, (homo sapiens).
Dès les premières heures de la vie, notre cerveau va donc
apprendre à traiter les signaux que lui envoient les organes
des sens et les multiples autres capteurs que compte notre
corps. Ce ne sont pas les yeux qui voient, c'est le cerveau
qui traite les signaux envoyés par la rétine et reconstitue
l'image d'après ce qu'il a appris, en tenant compte de la
position de la tête et du corps (si vous inclinez un appareil
photo, l'image enregistrée sera inclinée, alors que, si vous
inclinez la tête, vous verrez l'image verticale comme si vous
avez la tête droite. De même la provenance d'un son vous
paraîtra toujours la même, quelle que soit votre position dans
l'espace qui modifie la capture stéréophonique de vos
oreilles...
La mémoire est une machinerie complexe, de multiples réseaux
qui intervient dans plusieurs domaines
 notre identité et notre continuité
 La construction de nos propres souvenirs
 Notre imagination, raisonnement et l'acquisition de tous
nos« savoir faire »
 Nos émotions
 L'intégration de l'individu au social
Deux types de mémoire:
 mémoire à Court Terme:
o Mémoire immédiate et Mémoire de travail
 Mémoire à Long Terme:
o Mémoire collective (mémoire sémantique)
o Mémoire personnelle (mémoire épisodique)
o Mémoire des savoir-faire (mémoire procédurale)
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LA MÉMOIRE ET LES RESEAUX
 Des réseaux à liens multiples, à entrées multiples,
réunissant des neurones ou groupes de neurones localisés
dans de multiples zones du cerveau selon leur
spécificité.
 Le cerveau traite des « signaux» et reconstitue, des
« hologrammes ». Il «construit».
 Ce sont des montages, basés sur l'apprentissage.
 Le cerveau travaille par associations d'idées, de
stimulations, d'identifications affectives...
La plasticité cérébrale est la capacité que possède le cerveau
à réorganiser ses réseaux de neurones en fonction des stimuli
extérieurs et des expériences vécues par l'individu ou
d'adapter son fonctionnement suite à un traumatisme ou à une
maladie. On a mis en évidence la remarquable capacité du
cerveau, jeune comme âgé, à s'adapter et se transformer en
fonction de l'environnement, à remodeler les connexions entre
ses neurones de façon à aménager des chemins privilégiés pour
faire circuler des informations importantes. Le nombre de
connexions est ainsi augmenté, d'autres neurones sont recrutés
et une plus grande quantité de neuromédiateurs est libérée.
Une relation étroite entre mémoire et humeur: Les situations
suivantes altèrent notre mémoire: un état dépressif, un choc
émotionnel, le stress, l'émotivité, les situations de rupture,
les troubles du sommeil, les maladies.
La mémoire est différente à 20 ans, 40 ans ou 80 ans
Des changements interviennent avec l'âge: diminution de
l'attention, sensibilité plus grande aux interférences,
fatigabilité plus grande et plus rapide, apprentissage nouveau
plus difficile, simultanéité des tâches plus difficile.
le cerveau est l'organe le plus précieux et celui qui vieillit
le mieux: Il y a plainte mémoire à 50 ans: chez 50 % des
individus, à 75 ans : chez 75 % des individus Cette plainte ne
traduit pas systématiquement une maladie cérébrale.
Les oublis bénins sont normalement liés au vieillissement
 Oublis portant sur des faits récents: qu'est ce que je
venais faire ici, oubli d'un RDV, perte d'objets (clefs,
lunettes..)
 Manque de mots, de noms propres,
 Ces oublis sont bénins, car momentanés, accessibles à
d'autres
moments,
reconnus
et
n'ont
pas
de
retentissement sur la vie sociale.
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QU'EST CE QUE LA MALADIE D'ALZHEIMER?
.
La plus fréquente des démences liées à l'âge (55% des cas),
découverte en 1907 et dont les causes sont encore inconnues.
Elle détruit lentement et progressivement les cellules
cérébrales entraînant peu à peu le patient vers une démence.
Les premières zones du cerveau atteintes sont celles qui sont
impliquées dans la mémorisation : l'atteinte porte d'abord sur
la mémoire des faits récents: oublis de plus en plus
fréquents, altération de la capacité à apprendre des
informations nouvelles ou à se rappeler les informations
apprises antérieurement. Puis la maladie progresse vers
d'autres zones du cerveau qui contrôlent le langage, le
comportement, le jugement, etc. ainsi que sur la mémoire
ancienne: tous les « savoir-faire» vont peu à peu être
oubliés.
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en France: 900 000 déments dont 600 000 Alzheimer
dans les B-du-R: 18 000 déments dont 12000 Alzheimer
à Marseille: 10 000 déments dont 7000 Alzheimer
5% des plus de 65 ans
17% des plus de 80 ans
25% des plus de 85 ans
Oublis pathologiques
Ils sont plus graves, se répètent et finissent par gêner
réellement la vie quotidienne. Par exemple:
 oublis importants des dates et des lieux .
 oublis importants de fragments entiers du passé récent .
 Impossibilité de remplir un chèque, d'honorer une
facture, de prendre ses médicaments, etc.
Le patient du fait de l'atteinte sa mémoire, de ses capacités
d'expression et de compréhension est rapidement exclu du
dialogue que ce soit au sein du système familial, du système
soignant famille ou encore de la société. il est de notre rôle
de lui donner les moyens d'exister et d'être acteur de son
existence.
COMMENT CONSERVER UNE BONNE MÉMOIRE ?
 Maintenir la santé par une bonne hygiène de vie et la
prise en charge des handicaps (vision et audition) .
 Faire travailler sa mémoire = continuer à découvrir,
apprendre, vivre en société .
 Optimiser et renouveler ses stratégies mnésiques .
Stimuler sa mémoire:
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 ne pas la faire travailler comme un muscle, c'est toutes
les zones du cerveau qui doivent être sollicitées et
travailler: apprendre encore et toujours!
 solliciter sa mémoire très tôt et l'entretenir le plus
longtemps possible en pratiquant avec plaisir des
activités régulières, nouvelles et variées: Eviter la
routine!
L'imprévu, la nouveauté et l'initiative sont les ingrédients
préférés du cerveau.
En conclusion:
Perte de la mémoire = perte d'identité
Perte d'autonomie = perte de liberté
Alzheimer ≠ perte de dignité
Le coeur ne fait pas d'Alzheimer
Mais on reste humain jusqu'à la fin...
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