Rapport sur le Burkina Faso pour le PLA (5
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Rapport sur le Burkina Faso pour le PLA (5
Rapport sur le Burkina Faso pour le PLA Augustin Loada 1. Abrégé du pays Depuis son indépendance en 1960, le Burkina Faso a connu six régimes d’exception et quatre régimes constitutionnels, dont le dernier est en cours depuis l’adoption le 2 juin 1991 d’une nouvelle Constitution, qui consacre les piliers du processus démocratique. Des élections présidentielles (1991, 1998, 2005, 2010), législatives (1992, 1997, 2002, 2007) et municipales (1995, 2000, 2006) sont organisées par la suite à un rythme soutenu. La Constitution prévoit un régime semi-présidentiel sur le modèle de la Constitution française de la 5e république. Mais ce régime reste marqué par un certain déséquilibre des pouvoirs en raison du présidentialisme qui le caractérise et qui confère à l’exécutif une nette primauté sur les autres pôles du pouvoir d’Etat que sont le parlement et la justice. Ce présidentialisme est aggravé par la nature du système de partis qui se structure autour d’un parti ultradominant, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). 2. Historique de la législature (de l’Assemblée) Le parlement burkinabè respire au rythme du processus démocratique. Dissous ou inexistant sous les régimes d’exception, il réapparaît sous les régimes constitutionnels. Depuis la chute de la 3e République en 1980, le Burkina Faso n’a plus connu de vie parlementaire jusqu’au retour à une vie constitutionnelle normale en 1991. L’actuelle quatrième législature, qui a démarré après les élections législatives du 6 mai 2007, succède à trois législatures consécutives (1992-1997 ; 1997-2002 ; 2002-2007). Après avoir fait l’expérience du bicamérisme entre 1995 et 2002, le parlement burkinabè est devenu monocaméral avec la suppression de la Chambre des représentants dont les membres étaient nommés. L’Assemblée nationale comporte actuellement 111 membres, élus au suffrage universel direct à la représentation proportionnelle avec répartition complémentaire au plus fort reste, à raison de 96 députés élus dans 45 provinces, les 15 députés restants étant élus sur le territoire national en tant que circonscription électorale. Selon la Constitution, l’Assemblée nationale a pour mission fondamentale de voter la loi, de consentir l’impôt, et de contrôler l’action gouvernementale. Elle se réunit de plein droit chaque année en deux sessions ordinaires de 90 jours maximum chacune. La première session commence le premier mercredi du mois de mars. La deuxième, le dernier mercredi du mois de septembre. L'Assemblée nationale peut se réunir en session extraordinaire sur convocation de son président, à la demande du premier ministre ou de la majorité absolue des députés, sur un ordre du jour déterminé. Sous les trois premières législatures, l’Assemblée nationale s'est réunie sept fois en session extraordinaire (Le Pays du 15 juin 2007). Au cours de la présente 4e législature, elle s’est réunie une fois en session extraordinaire au cours de l’année 2009 du 2 au 16 juin pour examiner et adopter des propositions de lois relatives à des réformes législatives et constitutionnelles. 3. Situation actuelle de la Législature (l’Assemblée) Sous l’actuelle législature, treize (13) partis ou formations politiques sont représentés à l’Assemblée nationale, suite aux législatives de 2007. 1 Partis politiques Suffrages obtenus 1. Congrès pour la Démocratie et le Progrès 1.373.078 (CDP) 2. Alliance pour Démocratie et la 249.766 Fédération/Rassemblement Démocratique Africain (ADF/RDA) 3. Union Pour la République (UPR) 100.392 4. Union pour la Renaissance/Parti Sankariste 90.705 (UNIR/PS) 5. Parti pour la Démocratie et le Socialisme 76.525 (PDS) 6. Parti pour la Démocratie et le Progrès/Parti 58.455 Socialiste (PDP/PS) 7. Convention des Forces 54.621 Démocratiques du Burkina (CFD/B) 8. Rassemblement pour le Développement du 48.865 Burkina (RDB) 9. Union des Partis Sankaristes (UPS) 40.608 10. Parti de la Renaissance nationale PAREN 30.030 11. Rassemblement Populaire des Citoyens 26.758 (RPC) 12. Union des Démocrates pour le Progrès 23.918 Social (UDPS) 13. Parti Africain de l’Indépendance (PAI) 19.267 Taux 58.85% Nombre sièges 73 10.70% 14 4.30% 3.89% 5 4 3.28% 2 2.51% 2 2.34% 3 2.09% 2 1.74% 1.29% 1.15% 2 1 1 1.03% 1 0.83% 1 de D’une manière générale, les rapports entre députés issus de partis et de groupes parlementaires sont cordiaux, contrastant le plus souvent avec le climat d’acrimonie qui prévaut souvent entre majorité et opposition en dehors de l’hémicycle. Toutefois, il arrive que sur des sujets précis les rapports entre députés de la majorité et ceux de l’opposition se crispent au sein de l’Assemblée. Les rapports entre exécutif et parlement reposent davantage sur la coopération, au point où l’on a l’impression d’une collusion entre les deux pouvoirs. Il est vrai que l’exécutif bénéficie de l’appui d’une majorité parlementaire à la fois hégémonique et disciplinée, qui a tendance à se montrer très compréhensive à l’égard du gouvernement S’agissant des rapports députés/ électeurs, on note une certaine incompréhension de part et d’autre. Les électeurs ont tendance à réclamer de leurs députés qu’ils s’investissent dans les questions de développement local et jouent des fonctions d’assistance sociale ; ce qui est assez éloigné des missions constitutionnelles dévolues aux députés. Au niveau des relations avec la société civile, les rapports sont cordiaux mais sans reposer sur une coopération approfondie. En effet, certains députés, convaincus d’être les seuls représentants légitimes du peuple, dénient à la société civile le droit de les interpeller ou de s’inviter dans le processus parlementaire. Aussi, les possibilités d’audition des organisations de la société civile et de formulation de pétitions par exemple pourtant prévues par le règlement intérieur de l’Assemblée ne sont pas souvent exploitées. 4. Fonction législative L’une des fonctions principales de l’Assemblée nationale est de légiférer. Dans cette optique, cinq commissions parlementaires ont été mises en place, regroupant plusieurs domaines correspondant à différents secteurs ministériels, à l’intérieur desquelles se prépare le travail législatif. Dans la pratique, les travaux en commission sur 2 les projets de loi débutent par l’audition d’un ou plusieurs membres du gouvernement assistés de leurs techniciens et experts, sur le sens, le bien-fondé ou la portée de leurs textes. Après le débat général, la commission procède à l’examen du texte article par article, et au besoin à des amendements. Puis, pour finir, elle dresse un procès-verbal de la séance qui, plus généralement, prend la dénomination de rapport. Certaines commissions bénéficient d’un faible renouvellement par souci de capitalisation d’expérience. C’est le cas de la Commission des Affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH) et de la Commission des Finances et du budget (COMFIB). Quant à la présidence des commissions, on note une alternance avec des mandats plus ou moins courts (1 à 3 ans) mais aussi une tendance à la mainmise du parti au pouvoir et des autres partis de la mouvance présidentielle. Les présidents font l’effort d’être ouverts et consultatifs mais beaucoup ont un comportement partisan. Certains présidents ainsi que la plupart des membres de commissions n’ont pas la qualification ni l’expérience requises, ce qui entache la qualité des travaux en commission. Celle-ci est aussi entravée par l’absentéisme de certains membres et la faible consultation des acteurs non étatiques tels que la société civile. Le travail en commission est beaucoup plus un travail de certification, dans la mesure où les projets et propositions de loi sont rarement rejetés. La plupart des amendements portent sur la forme et rarement sur le fond. La prise de décision dans les commissions se fait par consensus et non par vote, ce qui permet au parti majoritaire de faire certaines concessions aux partis de l’opposition. Les commissions éprouvent des difficultés pour le financement de leurs activités. Il leur arrive de renoncer à certaines missions faute de moyens. En termes logistique, le personnel administratif soutenant les commissions manque de façon criarde de bureaux et de matériels indispensables à leurs fonctions. En outre, on constate que les députés s’autocensurent dans leur expression du fait de la discipline qui règne au sein du groupe parlementaire. A la différence de ce qui se passe pour les commissions, l’ensemble des députés est appelé à siéger en plénière et les séances plénières de l’Assemblée nationale sont publiques. La discussion en plénière s’engage par l’audition du gouvernement ou du député auteur de la proposition de loi, suivie de la présentation du rapport de la commission saisie au fond et s’il y a lieu, du rapport de la ou des commissions saisies pour avis. Lorsque des interventions résultent des questions, la commission saisie quant au fond, et le gouvernement y apportent des réponses. A cette étape, il peut être mis en discussion et aux voix, une exception d’irrecevabilité soulevée par un ou plusieurs députés tendant à faire reconnaître que le texte proposé est contraire à une ou plusieurs dispositions constitutionnelles. L’étape de la discussion générale donne lieu à des commentaires qui laissent parfois entrevoir des prises de positions sur le texte dans son ensemble ou sur certaines de ces dispositions. A quelques rares exceptions, les projets/propositions de loi déposés sont tous examinés et votés. Le nombre de textes adoptés varie d’une année à l’autre (pratiquement du simple au double, par exemple de 34 en 2006 à 66 en 2009). Année 2005 2006 2007 2008 2009 Nombre des projets/ propositions de loi déposés 49 34 40 62 66 Nombre de lois votées Pourcentage 49 33 38 61 66 100 % 97.05% 95% 98.38% 100 % 3 Les députés étant tous affiliés à des partis politiques, il n’y a pas d’indépendants à l’Assemblée nationale. Seul un député s’est porté « non-inscrit », se réclamant de l’opposition tout en étant critique vis-à-vis d’elle. Les partis représentés à l’Assemblée peuvent former, seul ou en coalition, un groupe parlementaire s’ils atteignent le nombre de dix députés. Toutefois, il est interdit de constituer des groupes ayant pour objectifs la défense d’intérêts particuliers, régionalistes, ethniques, professionnels ou religieux. Il existe trois groupes parlementaires représentant la majorité présidentielle contre un seul groupe parlementaire de l’opposition. Il existe aussi un chef de file de l’opposition qui est le leader du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre de députés. Mais il n’est pas tenu d’être un député. Le Président de l’Assemblée est élu au scrutin secret pour la durée du mandat législatif (5 ans). Compte tenu de l’hégémonie du parti au pouvoir, les postes les plus stratégiques de l’Assemblée sont dominés par le parti au pouvoir, à commencer par le poste de président de l’Assemblée. Ce dernier a la haute main sur l’administration parlementaire dont il nomme les principaux responsables. Le parti au pouvoir a néanmoins concédé quelques postes dans le bureau de l’Assemblée à d’autres partis, notamment ceux membres de la majorité présidentielle et à l’opposition parlementaire. Malgré la séparation des pouvoirs, l’agenda parlementaire reste dominé par l’exécutif, même si l’ordre du jour de l’Assemblée est établi par la conférence des présidents et adopté en séance plénière par les députés de la prochaine séance après information au gouvernement et publication par voie d’affichage. Le Président de l’Assemblée est du même parti que le Président du Faso, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Ils sont plutôt coopérants. Le groupe parlementaire de ce parti est discipliné, et la loyauté y prime sur tout. Entre majorité et opposition, les relations oscillent entre coopération et rivalités. En théorie, les responsables de l’Assemblée agissent en fonction des règles et procédures formelles. Mais en pratique, quand les intérêts partisans sont en jeu, ces règles et procédures sont généralement interprétées en fonction de considérations partisanes. Dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, les députés sont protégés par des immunités parlementaires. Le parlement n’a aucun rôle dans la nomination aux postes stratégiques de l’appareil d’Etat et n’est pas consulté par l’exécutif sur ce point. 5. Fonction de contrôle L’une des fonctions importantes de l’Assemblée nationale est la fonction de contrôle de l’action du gouvernement. Le contrôle de l’action gouvernementale peut prendre la forme d’un contrôle informatif, permettant aux députés de demander et d’obtenir des informations concernant l’activité du gouvernement ou le fonctionnement de l’Administration publique, des services publics et entreprises publiques placés sous l’autorité du gouvernement. L’article 113 alinéa 1 de la Constitution dispose que le gouvernement est tenu de fournir à l’Assemblée nationale toutes explications qui lui sont demandées sur sa gestion et sur ses actes. Il existe plusieurs procédures informatives parmi lesquelles : les déclarations du gouvernement, les questions des parlementaires et les commissions d’enquête. S’agissant en particulier de ces dernières, leur constitution résulte du vote d’une proposition de résolution déposée, examinée et discutée dans les conditions fixées par le Règlement de l’Assemblée. La proposition de résolution doit déterminer avec précision, soit les faits donnant lieu à enquête, soit les services publics ou les entreprises nationales dont la Commission doit examiner la gestion. La Commission d’enquête parlementaire dispose d’un délai de 3 mois pour déposer son rapport. Si à l’expiration de ce délai le rapport n’est pas déposé, le Président de la 4 Commission remet au Président de l’Assemblée les documents en sa possession qui ne peuvent donner lieu à aucune publication ni débat. La publication de tout ou partie du rapport d’une Commission d’enquête parlementaire peut être décidée par l’Assemblée. Mais, en pratique, les commissions d’enquêtes sont rarement créées. Le contrôle informatif peut aussi se greffer sur l’activité législative des commissions permanentes. Ainsi, pour recueillir des informations, les commissions procèdent à l’audition des membres du gouvernement, qui peuvent se faire assister par des conseillers ou experts, soit dans le cadre de la procédure législative, soit dans un but purement informatif. Elles peuvent aussi entendre les représentants de la société civile. Elles peuvent enfin effectuer des sorties sur le terrain. Les termes de référence de ces contrôles sont fixés par résolution du bureau de l’Assemblée nationale. La commission des Finances et du Budget (COMFIB) est compétente pour les questions relatives aux finances publiques, au budget, à la monnaie, au crédit et aux domaines. Elle est en particulier responsable de l’examen des projets de lois de finances initiales, rectificatives ou de règlement. Dans le cadre de l’examen du projet de loi de règlement, la COMFIB est assistée par la Cour des comptes qu’elle charge de toute enquête et étude se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques, ou à la gestion de la trésorerie nationale, des collectivités territoriales, des administrations et institutions relevant de l’Etat ou soumises à son contrôle. En raison de son importance, la COMFIB a le privilège de disposer d’un rapport général à la différence des autres commissions. Par ailleurs, comme la commission des affaires générales, institutionnelles et des droits de l’homme, elle dispose d’un 2e vice-président. Les membres de la COMFIB sont généralement des députés disposant d’une certaine expérience dans le domaine des finances. En outre, le renouvellement annuel qui touche en principe toutes les commissions affecte peu la COMFIB d’une année à l’autre, la tradition étant d’assurer une certaine continuité dans la composition de la COMFIB afin de mieux défendre le point de vue de l’Assemblée par rapport aux techniciens du ministère des Finances. 6. Fonction représentative Sur les 111 députés, 96 d’entre eux sont élus dans les 45 provinces du pays, le reste étant élu sur la base du territoire national comme circonscription électorale. Quelle que soit leur circonscription électorale, tous les députés s’efforcent de représenter les intérêts de leurs électeurs et de promouvoir le développement local de leur circonscription d’origine, même s’ils sont censés représenter l’ensemble de la Nation. Leur préoccupation première, c’est la réélection aux prochaines élections législatives. C’est pourquoi beaucoup de députés consacrent la majeure partie de leur temps au travail sur le terrain. Ils s’activent beaucoup plus à trouver des financements pour leur circonscription et à participer aux évènements sociaux (funérailles, mariages, enterrements etc.) pour témoigner de leur proximité vis-à-vis de leurs électeurs. Mais pour les députés de la majorité, surtout du parti au pouvoir, il s’agit aussi de faire montre de loyauté et de discipline envers la direction du parti, pour espérer occuper une position éligible dans les listes de candidature qui seront dressées pour les prochaines législatives. Tout se passe comme si pour la grande majorité des députés, les fonctions constitutionnelles venaient en seconde position, même s’ils n’osent pas le dire ouvertement. Par ailleurs, les députés de l’Assemblée nationale sont loin de représenter la diversité sociologique du Burkina Faso, qui est un pays à majorité rurale et analphabète, jeune et composé de femmes. En effet, plus des 2/3 des députés (69%) sont âgés d’au moins 50 ans. Les députés sont issus en majorité de l'administration générale (37,83 %). 5 22,52 % exercent dans l'enseignement, tandis que 18,91 % exercent des professions libérales. Ces données montrent que les députés burkinabè disposent dans l’ensemble d’assez de compétences pour exercer efficacement leurs fonctions, en comparaison d’autres parlements de pays africains où on compte un nombre non négligeable de députés analphabètes. Les femmes quant à elles sont sous-représentées à l’Assemblée. On compte sous la présente 4e législature 17 femmes députés, soit 15.31% de l’Assemblée contre 13 sous la précédente législature. On comprend dès lors pourquoi des initiatives ont été prises, en particulier avec le vote de la loi sur les quotas de 30% en vue de remédier à la sous-représentation des femmes aux postes électifs. 7. Gestion et administration de l’Assemblée L’Assemblée nationale dispose d’un bâtiment central comprenant l’hémicycle et de bâtiments annexes où sont logés les bureaux de l’administration parlementaire et ceux des députés. Il n’existe pas encore d’hôtel du député mais celui-ci est en construction. Les députés bénéficient de ressources et mesures diverses censées leur permettre d’accomplir leurs missions dans des conditions qui préservent leur indépendance et qui reflètent le prestige de leur charge. Ainsi, les députés bénéficient d’une indemnité permanente, d’une indemnité de session et d’une dotation mensuelle de carburant. A cela s’ajoutent un véhicule que le député peut acheter neuf en hors taxes- hors douane par le biais d’un prêt octroyé par l’Etat, ainsi que des frais médicaux et de secrétariat, une assurance accident et une assurance maladie. L’Assemblée nationale dispose d’un budget de 9 milliards F.CFA (2010) alloué par l’Etat sur 953,84 milliards FCFA (janvier 2010). Elle dispose des moyens matériels et humains non négligeables pour effectuer un travail correct, au nombre desquels plus d’une centaine d’ordinateurs. Elle a accès à Internet et dispose d’un centre de documentation assez riche. Mais les députés et le personnel se plaignent parfois de ne pas disposer davantage de moyens. Aussi l’Assemblée bénéficie-t-elle de l’appui technique et financier de plusieurs partenaires qui œuvrent au renforcement des capacités du parlement. L’administration parlementaire a pour mission d'assurer un support à l’exercice de leur mandat par les élus. Les personnels de cette administration sont placés sous l’autorité exclusive du Président et du Bureau de l'Assemblée nationale, qui ont toutes compétences pour déterminer par des résolutions son organisation et son fonctionnement. Les 300 agents environ de l’Assemblée nationale sont répartis entre les services du Cabinet, du secrétariat général et de la Questure. Les services législatifs et les services administratifs sont sous l’autorité administrative du Secrétaire général tandis que les services financiers relèvent de la Questure. Le Président de l'Assemblée nationale est le chef de l’administration ; il nomme à ce titre, après accord du Bureau, le Secrétaire général qui coordonne l’ensemble des services. Le Bureau de l'Assemblée nationale comprend 16 membres : i) le Président de l’Assemblée nationale ; ii) 05 Vice-présidents ; iii) 08 Secrétaires parlementaires ; iv) 02 Questeurs. Ces membres sont élus après chaque renouvellement de l'Assemblée nationale ; le Président pour la durée de la législature, les autres membres pour un an renouvelable. Le Bureau détermine l’organisation et le fonctionnement des services et intervient dans le travail législatif. Individuellement, les vice-présidents remplacent le président dans ses fonctions. Les questeurs exercent des pouvoirs en matière financière, comptable et administrative. La Conférence des Présidents est l'organe compétent pour préparer l'organisation du travail de l'Assemblée nationale en séance publique. La Conférence des Présidents est l'organe qui fixe l’ordre du jour des sessions de l’Assemblée. En effet, aucun texte de loi ne peut être adopté s’il n’a été préalablement programmé par la Conférence des Présidents. Elle a également compétence pour programmer et organiser les séances de questions au gouvernement. 6 Outre le Président de l’Assemblée, qui la préside, la Conférence des Présidents est composée des vice-présidents, des présidents des commissions générales, des présidents des groupes parlementaires, du rapporteur général de la commission des finances et du budget, et des présidents des commissions spéciales intéressées. Le secrétaire général de l’Assemblée nationale est chargé de coordonner l’ensemble des services de l’administration parlementaire. C’est en principe un technicien mais dans les faits c’est un militant du parti au pouvoir. 8. Réformes et des programmes des partenaires au développement Pour permettre à l’Assemblée nationale de remplir efficacement ses missions constitutionnelles, un Plan stratégique de développement du Parlement (PSDP) couvrant une période de 10 ans (2004-2014) est en cours d’exécution. Ce plan vise à renforcer les capacités de dialogue du Parlement sur les politiques et stratégies de développement et est soutenu par le PNUD. Plus particulièrement, le Plan vise à : i) renforcer l'efficacité des capacités de l'Assemblée nationale à légiférer ; ii) améliorer la qualité du contrôle de l'action gouvernementale ; iii) renforcer les relations entre les élus et la population ; iv) instaurer une culture parlementaire favorisant la paix, la tolérance et les débats constructifs ; v) renforcer les capacités de l'administration parlementaire ; vi) prendre en compte la dimension genre. En plus du PSDP, l’Assemblée nationale bénéficie de l’appui de trois autres projets, à savoir : i) le Projet de renforcement des capacités de l’Assemblée nationale du Burkina Faso (PRECAN-BF) signé le 23 mars 2007 pour une période de quatre ans la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) pour un montant de 2 millions de dollars US ; ii) le projet d’appui au Parlement financé par la Banque africaine de développement à hauteur de 133 millions de FCFA opérationnel depuis 2007; iii) le projet d’équipement du Parlement en matériel informatique et audio visuel soutenu par la Coopération chinoise en 2007, sous forme de dons d’une valeur de 300 millions de FCFA. Tous ces projets s’inscrivent dans le cadre des priorités du PSDP et du Plan d’actions prioritaire (PAP), en coordination avec le PNUD. Au cours de ces dernières années, l’Assemblée nationale a exécuté quelques réformes institutionnelles au nombre desquelles l’adoption de la loi portant statut de la fonction publique parlementaire en mai 2009. Cette loi constitue une sécurité pour le personnel de l’Assemblée. L’Assemblée a aussi adopté la même année une loi instituant un quota de 30% des femmes au moins sur les listes de candidature aux élections municipales et législatives, dont la mise en œuvre est censé améliorer la représentation des femmes dans les conseils des collectivités territoriales mais aussi au Parlement. 9. Conclusion et recommandations Depuis le retour du Burkina Faso à une vie parlementaire normale en 1992, le parlementarisme burkinabè n’a cessé de se consolider au fil des législatures. Il reste cependant de nombreux problèmes à adresser pour permettre à l’Assemblée nationale d’exercer la plénitude de ses attributions. Aussi convient-il de renforcer les initiatives en cours visant au renforcement des capacités générales de l’Assemblée nationale à exercer en particulier avec plus d’efficacité sa fonction de production législative et de contrôle de l’action gouvernementale. De même, il convient de renforcer ses capacités à interagir avec les forces vives de la Nation (société civile, secteur privé, médias, élus locaux, etc.). Mais ces initiatives n’auront véritablement d’impact que si elles s’inscrivent dans un contexte général de consolidation de la démocratie burkinabè dont le parlement est aussi le reflet. 7