Le Romantisme
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Le Romantisme
Le Romantisme Le Romantisme, c'est un art, un état d'âme; une pensée, qui est propre aux années 1820 - 1848. Même si on dit que le Romantisme est disparu aux environs de l'année 1848, il n'a pas cessé d'influencer les autres courants littéraires qui ont pris la relève après lui. Voyageur contemplant une mer de nuages (1818) Auteur: Caspar David Friedrich (1774 1840) - chef de file de la peinture romantique allemande Faust de Goethe (1827) Auteur: Eugène Delacroix http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A 8ne_Delacroix http://freuch.unblog.fr/lart-allemand/ Origine du courant • Jean-Jacques Rousseau, qui • Ce courant est né en ouvre le pré-Romantisme Angleterre et en français puisqu'il a été le Allemagne aux environs premier à écrire sur soi, de 1795. • Madame de Staël, qui • Le Romantisme est introduit les idées du introduit en France avec Romantisme allemand en les précurseurs de ce France, courant. Parmi eux, on • Chateaubriand, qui crée le retrouve: premier personnage romantique de la littérature française. Origine du courant • Cependant, ce courant littéraire s'impose pour de bon en 1820 avec • Hugo, • Lamartine, • Musset, • Vigny • et Nerval • et devient l'influence dominante de la vie artistique et intellectuelle dès 1827. Caractéristiques des œuvres du Romantisme • Le Romantisme explore des thèmes qui étaient autrefois négligés tels la nature et le fantastique. • Les auteurs romantiques font communion avec la nature dans leurs textes ce qui leur permet de mieux percevoir leurs états d'âmes. • Une importante caractéristique de ce courant est la recherche de l'originalité et de l'expressivité. Caractéristiques des œuvres du Romantisme • On remarque aussi une grande expression des sentiments de l'individu, de ses sensations et de son imagination. • Le Romantisme propose de jouer sur les contrastes, sur l'opposition du beau et du laid, du sublime et du grotesque. Les thèmes romantiques souvent évoqués: • Le « moi » : Les textes romantiques s'expriment toujours à la première personne. C'est l'apparition du journal intime et le développement de l'autobiographie. • L’amour malheureux : Les auteurs romantiques se réfugient dans l'amour, qui devient leur idéal dans cette société désillusionnée. Les histoires d'amour romantiques se terminent rarement bien et les couples ne peuvent s'unir que dans la mort. Les thèmes romantiques souvent évoqués: • L'exotisme : Les gens sont très curieux à cette époque. On utilise beaucoup de mots propres à des langues étrangères, des descriptions d'endroits méconnus. Les auteurs romantiques utilisent l'étrangeté pour rehausser le mystère dans leurs textes. • La rêverie, le mystère et le fantastique : Le fantastique connaît un grand succès puisque les romantiques aiment le mystère et le surnaturel. Les genres littéraires de ce courant • Le Romantisme s'épanouit dans plusieurs genres littéraires: • du côté poétique, on retrouve la poésie lyrique qui exprime avec une certaine passion les sentiments personnels de l'auteur, on voit apparaître les poèmes en prose qui sont libérés des règles trop strictes de rythme et de musicalité propres à la poésie en vers; Les genres littéraires de ce courant • du côté théâtral, c'est à cette époque que le drame romantique, qui est complètement à l'opposé de la tragédie classique, est créé. Les règles comme l'unité de lieu et l'unité de temps sont trop rigides pour bien représenter la société en évolution; • du point de vue narratif, le roman a acquis beaucoup d'importance avec les auteurs romantiques. On retrouve deux sortes de romans romantiques : le roman personnel et le roman historique. Les auteurs du Romantisme et leurs œuvres les plus connues • Le Romantisme n'apparaît officiellement qu'avec la publication des Méditations de Lamartine, suivi des premiers poèmes de Vigny et Hugo, puis de Musset et Gauthier. • Un des romans typiques du Romantisme et de l'expression des sentiments est Atala-René, écrit par le prédécesseur du courant, Chateaubriand. • Un bon exemple de poésie romantique est L'Expiation de Victor Hugo. En 1829, il écrit Hermani, une pièce de théâtre qui est un scandale. • De son côté, de Musset a écrit Lorenzaccio, qui est une pièce sur l'histoire du Mal du siècle. Il a aussi rédigé le roman La confession d'un enfant du siècle, qui est un très bon exemple de roman personnel. • François-René de Chateaubriand (1768-1848) www.culture.gouv.fr/.../img/09.jpg François-René de Chateaubriand • Dans ses Mémoires d’Outre-Tombe Chateaubriand revit ses mélancoliques séjours auprès d’un père taciturne, d’une mère maladive et sa sœur tendre et exaltée au château de Combourg. • Il hésite longtemps sur sa vocation, finalement il s’engage dans l’infanterie, il fréquente à la fois la société littéraire. • Chateabriand s’enthousiasme pour Rousseau. • Sa carrière politique le déçoit, il tombe quelquefois en disgrâce: • au début il assiste avec sympathie aux débuts de la Révolution, puis il se met au service de Napoléon, mais les exécutions révoltent sa conscience et réveillent ses sentiments monarchistes, • il se met donc au service de la Restauration, finalement il passe à l’opposition libérale, il est pour la monarchie modérée. François-René de Chateaubriand • Frappé par la mort de sa mère, puis de sa sœur Julie, Chateaubriand revient à la religion, il résolut dès lors de consacrer son talent littéraire à la défense et à la restauration des croyances religieuses que la Révolution avait combattues. • Toute sa vie il voyage beaucoup, il s’embarque pour le Nouveau Monde – il parcours la forêt vierge, lie connaissance avec des Indiens, puis il s’embarque pour l’Orient, visite la Grèce et les Lieux Saints, revient par l’Egipte, la Tunisie et l’Espagne, • Sa situation financière est difficile, Chateaubriand consacre sa vieillesse à la littérature. Ses ouvrages principaux : • Essai historique, politique et moral sur les Révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française de nos jours (L’Essai sur la Révolution), (1797), texte politique - où il résume les angoisses et les déceptions de sa jeunesse car il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et qu’on retrouve dans les révolutions anciennes et modernes • Atala (1801), récit • René (1802), récit • Génie du Christianisme (1802), • • • • essai Il paraît quelques jours avant la proclamation du Concordat. Chateaubriand veut riposter aux philosophes qui ont taxé la religion chrétienne d’absurdité, de grossièreté, de petitesse. Selon lui, « il n’y a point de honte à croire avec Newton et Bossuet, Pascal et Racine ». Il s’attache moins à établir la vérité du christianisme qu’à définir son rayonnement, son influence. Ses ouvrages principaux : • Les Martyres (1809), roman • L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), récit de voyage • Voyage en Amérique (1827), récit de voyage • Vie de Rancé (1844), biographie • Mémoires d’Outre-Tombe (1848-1850) – autobiographie « René » • Ce récit qui fait suite à Atala est, à l’origine, un épisode de Nathez. • Chateaubriand, disciple de Rousseau, voulait peindre « l’homme civilisé qui s’est fait sauvage ». • Comme Atala, René était englobé dans le Génie du Christianisme pour illustrer le chapitre intitulé « Du vague des passions ». • L’oeuvre paraît séparément (avec Atala) en 1805. « René » • René porte sur la passion-torture, liée à l'interdit de l'inceste. • Le roman se concentre sur l'évocation du drame intérieur du personnage et montre bien l'opposition entre les désirs du héros et les obstacles à leur réalisation dressés par la société. • On n'a pas à faire aux aventures du héros ni même au récit de sa vie, mais à l'analyse et au miroir de son âme, qui s'épanche dans la nature. • C'est la conscience du héros qui s'exprime. • René est le premier personnage romantique de la littérature française. L’intention de « René » : • Pourtant, Chateaubriand prétend donner à son récit une signification morale, • il décrit le sentiment de lassitude et d’impuissance à vivre qu’il dénonce dans le Génie du Christianisme comme le mal des temps modernes. • L’auteur condamne son personnage par la bouche du missionnaire. Père Souël dit: • « Rien (...) rien ne mérite, dans cette histoire, la pitié qu’on vous montre ici. Je vois un jeune homme entêté de chimères, à qui tout déplaît et qui s’est soustrait aux charges de la société pour se livrer à d’inutiles rêveries. On n’est point, monsieur, un homme supérieur parce qu’un aperçoit le monde sous un jour odieux. On ne hait les hommes et la vie, que faute de voir assez loin. Entendez un peu plus votre regard, et vous serez bientôt convaincu que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants » Père Souël dit: • ou encore : • « Jeune présomptueux qui avez cru que l’homme se peut suffire à lui-même ! La solitude est mauvaise à celui qui n’y vit pas avec Dieu ; elle redouble les puissances de l’âme, en même temps qu’elle leur ôte tout sujet pour s’exercer ». La réception de « René » • Les contemporains de Chateaubriand ne voient pas cette leçon. • Ils sont sensibles au charme du héros. • Ils admirent aussi le style du texte avec les finesses de l’analyse psychologique et l’élan du lyrisme. • Toute la génération se reconnaît en René et l’admire ce personnage qui contemple sa tristesse, il l’aime, il la chérit, il est à la fois accablé et soulevé par un désir infini, il rêve à l’amour avant d’aimer vraiment. Il se console de son ennui en songeant à la singularité de son destin. Le drame romantique français Les influences • A la fin du XVIII siècle, un genre nouveau – le mélodrame s’impose sur les boulevards. • Le maître et le théoricien du genre est Guillebert de Pixérécourt qui entre 1797 et 1835 produit plus de cent mélodrames (ex : Coelina ou l’Enfant du Mystère 1800). Le mélodrame possède : Des côtés positifs : • il y a la vérité historique, des costumes historiques, • la couleur locale apparaît. Des côtés négatifs : • le recors aux moyens simples qui procurent des émotions fortes, • le manque de psychologie, la première place accordée à l’intrigue, les caractères se ramènent à quelques types élémentaires : un traître odieux, une victime vertueuse, un personnage grotesque, naïf, un poltron, un amoureux. Les influences • Les émigrés reviennent en France et ils font connaître le théâtre de Shakespeare et des dramaturges allemands. • Les acteurs anglais viennent en France pour jouer Shakespeare. • On traduit et adopte des drames étrangers : - en 1808 Constant adopte du Wallenstein de Schiller, - en 1821 Guizot traduit Shakespeare. • On diffuse aussi des œuvres théoriques: • Cours de Littérature dramatique de Schlegel, • La Lettre sur les Unités de l’italien Manzoni, • les articles de Rémusat dans le journal libéral « Globe ». L’élaboration des théories du drame romantique français : • Les principaux textes théoriques qui définissent la théorie du drame romantique : • Stendhal – Racine et Shakespeare (1823-1825), • Hugo – Préface de Cromwell (1827), • Vigny – Lettre à Lord sur le système dramatique (1829), Préface d’Otello (adaptation). Les postulats de Stendhal – Racine et Shakespeare (1823-1825): • la nécessité de « paire au public », rajeunir le théâtre, • le romantisme c’est l’art de présenter aux peuples les oeuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible, Les postulats de Stendhal: • le classicisme donnait le plus grand plaisir à leurs arrière-grands-pères (selon Sthendal, Racine et Shakespeare étaient l’un et l’autre romantiques en leur temps), • Racine n’intéresse plus les hommes au XIXe siècle tandis que Shakespeare offre un exemple d’un théâtre qui n’est pas prisonnier des conventions classiques, il constitue le modèle pour le drame romantique, Les postulats de Stendhal: • le romantisme appliqué au genre tragique, c’est une tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe en divers lieux, c’est une tragédie nationale, • comme exemple il propose le théâtre de Mérimée, ou Henri III et sa Cour d’Alexandre Dumas. Les postulats de Hugo – Préface de Cromwell (1827): • c’est un manifeste agressif, • il définit le romantisme comme le libéralisme en littérature: • La liberté dans l’art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d’un même pas tous les esprits conséquents et logiques (...) La liberté littéraire est fille de la liberté politique. Ce principe est celui du siècle... A peuple nouveau, art nouveau. Les postulats de Hugo: • un mélange des genres • à l’origine du drame il y a l’idée de l’homme double, divisé (la partie corporelle, terrestre et la partie immortelle, l’âme céleste), • selon lui le monde est double aussi, le laid existe à côté du beau, • isoler la tragédie est la comédie c’est, selon lui, produire des abstractions et trahir le réel, • le drame romantique doit pouvoir embrasser tous les genres : • le drame tient de la tragédie par la peinture des passions et de la comédie par la peinture des caractères. Les postulats de Hugo: • le refus des règles classiques • selon Hugo, l’art ne connaît d’autres règles que les lois de la nature ; Tout ce qui est dans la nature est dans l’art, • Hugo est contre les unités de temps et de lieu qui constituent des conventions absurdes : • Quoi de plus invraisemblable et de plus absurde en effet que ce vestibule ; Au lieu des scènes, nous avons des récits, au lieu des tableaux, des descriptions (contre l’idée de la bienséance); • L’action encadrée de force dans les 24 heures et aussi ridicule qu’encadrée dans ce vestibule ; • Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier, • au XIX siècle la localité exacte est un des premiers éléments de la réalité, le lieu où telle catastrophe s’est passée en devient en témoin terrible et inséparable. Les postulats de Hugo: • Seule l’unité d’action est conservée car l’oeil, ni l’esprit humain ne sauraient saisir plus d’un ensemble à la fois, • contrairement à la doctrine classique, les personnages appartiennent à toutes les conditions sociales (leur langage change, illustre la faiblesse et la grandeur de l’homme, il est à la fois tragique, comique, soutenu et grotesque), • Hugo se déclare en faveur du drame en vers (la plupart des théoriciens romantiques étaient au contraire partisans du drame en prose). Les postulats de Hugo: • une nouvelle conception de l’art dramatique conforme aux goûts, un théâtre de la totalité: • il s’agit d’un art plus libre, capable de prendre pour sujets les grands événements historiques (surtout l’histoire contemporaine ou récente), un art moins intellectuel, frappant directement les sens par le spectacle directe des événements (Hugo rejette des récits et des descriptions), • la couleur locale évoque l’époque où l’action est censée se dérouler, le drame romantique se veut un miroir de contemporain, • la vocation du drame romantique - il véhicule un enseignement philosophique, il donne une matière à réflexion, et il remplit même une fonction politique. Hernani – le drame romantique: • drame en cinq actes et en vers de Victor Hugo, • représenté pour la première fois en 1830 à Paris à la Comédie-Française. • L'histoire : Dans l'Espagne du XVIème siècle, trois hommes sont amoureux de la même femme, Dona Sol. L'un est un vieillard Don Ruy Gomez, l'autre est un proscrit Hernani, le troisième est le roi Don Carlos. La célèbre « bataille d'Hernani »: • Avant même la représentation, des passages en sont colportés, déformés et ridiculisés par les adversaires d'Hugo, partisans du théâtre classique. • Lors de la première de la pièce, Hugo et les siens (Théophile Gautier, Gérard de Nerval), ont organisé la claque (des applaudissements). • Pourtant, à la fin du spectacle, Hugo compte les vers qui n'ont pas été sifflés : impossible, aucune tirade n‘y a échappé. • Hernani est donc le symbole de la querelle entre anciens et nouveaux. • C'est le premier grand tumulte provocateur du Romantisme. La célèbre « bataille d'Hernani »: img.over-blog.com/499x411/1/22/65/75//Hernani.jpg La célèbre « bataille d'Hernani »: • Le violent affrontement des Romantiques et des néo-classiques. www.bm-st-etienne.fr/.../images/hernani.jpg La célèbre « bataille d'Hernani »: • Les classiques voient d'un très mauvais œil l'entrée du romantisme à la Comédie-Française. • Aujourd'hui on a du mal à s'imaginer en quoi la pièce peut choquer : • elle est sifflée dès le deuxième vers, tant elle bouscule les canons classiques. • l'alexandrin surprend par sa souplesse, ses interruptions d'une réplique à l'autre, sa simplicité syntaxique, l'usage fréquent de l'enjambement et du rejet. • on voit un roi se réfugier dans une armoire, un manteau dégoulinant d'eau, des suicides en série. • « le roi s'exprime souvent comme un bandit, le bandit traite le roi comme un brigand. La fille d'un grand d'Espagne n'est qu'une dévergondée, sans dignité ni pudeur ». La célèbre « bataille d'Hernani »: • La pièce a pourtant été autorisée, car le censeur a eu peur du ridicule s'il avait interdit Hernani après Marion Delorme . • Finalement, la première est un triomphe, le public est conquis par la poésie, la fraîcheur, l'audace et la liberté de ton de la pièce . • Bibliographie: • Castex Pierre, Surer Paul, Manuel des études littéraires françaises. XIXe siècle, Paris, Hachette, 1950. • Décote Georges, Dubosclard Joël (dir.), XIXe siècle. Itinéraires littéraires, Paris, Hatier, 1988. • Lagarde André, Michard Laurent, XIX siècle. Les grands auteurs français du programme, Paris, Bordas, 1969. • Sitographie: • http://fr.ca.encarta.msn.com • http://www.clioetcalliope.com/ cont/romantisme/roman.htm • http://agora.qc.ca/ejj.nsf/