Nicolas Sarkozy veut un droit du sol sous conditions

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Nicolas Sarkozy veut un droit du sol sous conditions
Nicolas Sarkozy veut un droit du sol
sous conditions
LE SCAN POLITIQUE – Dans un entretien accordé à Valeurs Actuelles à quelques
jours de sa probable déclaration de candidature à la primaire de la droite,
l’ancien président propose d’en finir avec l’automaticité du droit du sol.
Dernier tour de chauffe avant d’entrer dans l’arène. Nicolas Sarkozy, qui
devrait bientôt annoncer sa candidature à la primaire de son parti, revient
sur ses propositions «fer de lance» dans une interview estivale accordée ce
jeudi au magazine Valeurs Actuelles.
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Il en profite pour évoquer la question du droit du sol, qui permet à un
enfant né en France de parents étrangers d’obtenir la nationalité à sa
majorité: «Je suis contre sa suppression mais pour sa modification assez
substantielle», déclare t-il. Le potentiel candidat à l’Élysée évoque une
«présomption de nationalité» qui permettrait «de ne pas attribuer la
nationalité à quelqu’un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou
dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au
moment de la naissance». «Je veux qu’on le garde mais pas de manière
automatique», déclare l’ancien président.
Il s’agit d’un débat que Nicolas Sarkozy avait déjà lancé au début de l’été
2015, lors d’une réunion avec ses nouveaux adhérents lors de laquelle il
déclarait: «Faut-il remettre en cause le droit du sol? Cette question
incontestablement peut se poser». Sur ce sujet sensible, ses détracteurs
l’accusent pourtant de se contredire. En effet dans son ouvrage La France
pour la vie paru en janvier 2016, le président des Républicains affirmait
qu’il était «plus que réservé sur la remise en question généralisée du droit
du sol». C’est ce que rappelle ce journaliste sur Twitter:
«L’assimilation n’est pas un gros mot»
Guillaume Larrivé, député LR de l’Yonne
Guillaume Larrivé, inconditionnel soutien du président LR, n’a pas manqué de
partager son enthousiasme concernant cette prise de position. Invité ce jeudi
au micro de France info, il affirme qu’il s’agit d’une «proposition forte».
«Le droit du sol ne doit plus être automatique en France», affirme-il, avant
de renchérir: «Quand on naît en France, on a vocation à devenir Français à
condition de respecter le contrat avec la France, il y a des droits mais
aussi des devoirs». Pour le député de l’Yonne, «un délinquant condamné à une
peine de prison ne doit plus bénéficier demain du droit du sol». Il conclut:
«l’assimilation à la communauté nationale ce n’est pas un gros mot».
«C’est une demi-mesure»
Hervé Mariton, candidat LR à la primaire de la droite
Les propos de Nicolas Sarkozy ne sont cependant pas du goût de tous les
Républicains. Hervé Mariton, autre candidat à la primaire de novembre,
n’entend pas se laisser doubler sur sa droite par l’ancien président. Il
réagit ce jeudi sur RTL aux propos de Nicolas Sarkozy et s’agace de l’annonce
d’une «demi-mesure qui ne va pas au bout des choses». «J’ai pris position
très clairement pour le droit du sang comme régime principal», assure-t-il.
«On est Français parce que l’un des parents est Français. On peut le devenir
si on démontre son assimilation» dit-il, avant d’asséner un dernier coup à
son adversaire: «Nicolas Sarkozy s’est contredit sur le droit du sol. On a
besoin d’un contrat clair pour 2017».
POUR RAPPEL…
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, aujourd’hui en droit Français
les notions de droit du sol et de droit du sang cohabitent: lorsqu’un enfant
naît de parents français, il obtient la nationalité française par filiation,
c’est le droit du sang. Si un enfant naît de parents étrangers sur le sol
français, c’est alors le droit du sol qui s’applique: l’enfant obtient la
citoyenneté française à 18 ans, à condition de résider en France et d’y avoir
vécu durant au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. Il peut aussi l’obtenir
avant sous conditions et si une demande est formulée. En France, le caractère
automatique de l’acquisition de nationalité pour un enfant né en France de
parents étrangers a été abrogé en 1993 sous le gouvernement Balladur, avant
d’être rétabli cinq ans plus tard par le gouvernement de Lionel Jospin.
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Laura Prat de Seabra
Journaliste
Source :© Le Figaro Premium – Nicolas Sarkozy veut un droit du sol sous
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