France-Gabon: faux et usage de faux

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France-Gabon: faux et usage de faux
France-Gabon: faux et usage de faux
LE 7 SEPTEMBRE 2012 11H18 | PAR
VINCENT HUGEUX
C’est, sur le front franco-gabonais, le feuilleton de la rentrée. A mi-chemin entre « Usual Suspects » et
« Les Branquignols ». Peut-être avez-vous lu lundi, sur lexpress.fr, le récit de la piteuse équipée de
cette simili-délégation du PDG qui, munie d’une pseudo-invitation grossièrement bricolée et envoyée
depuis le fax de Roland Dumas, avait joué les coucous fin août à La Rochelle, lors de l’Université d’Eté
du Parti socialiste. Clap de fin ? Point du tout. La journée d’hier nous aura fourni un nouvel épisode
qui mérite le détour. Un officiel gabonais de haut rang m’a certifié que les lettres adressées à
l’Association Survie et à Marc Ona Essangui, coordinateur du mouvement citoyen « ça suffit comme ça
», par Jean-Christophe Cambadélis, Secrétaire national à l’Europe et aux relations internationales du
PS, en réponse à des courriers dénonçant l’imposture, étaient elles aussi des « faux ». Au prétexte
qu’elles ne portent pas la signature manuscrite de leur auteur. Mauvaise pioche : en fin d’après-midi,
un proche collaborateur de « Camba » confirmait l’authenticité des missives, datées du 30 août et qui
dénoncent « l’opération politique » des squatteurs librevillois. « Elles ont été dûment validées par
l’intéressé, absent de Paris le jour dit puisqu’il participait en Afrique du Sud à la réunion de
l’Internationale socialiste », précisait-il.
On devine le ressort de ce procès hasardeux : un faux partout, la balle au centre et fin du coup. Las ! il
faudra trouver autre chose. D’autant que le raid rochelais, admet un initié, a déchaîné l’ire du
président Ali Bongo Ondimba. Courroux justifié : la fameuse délégation, conduite par le député Ernest
Mpouho Epigat, cousin germain du chef de l’Etat, comptait notamment dans ses rangs le porte-parole
de la présidence, Alain-Claude Bilié Bi Nzé. Mais l’affaire ne s’arrête pas là : selon une source
gabonaise fiable, Maixent Accrombessi, directeur de cabinet d’ « Ali », a lui-même donné son feu vert
au financement de l’expédition. Et ce à la demande d’une de ses parentes, patronne d’une agence de
communication oeuvrant pour le Palais du Bord de mer. Voici en quels termes un fidèle de Bongo fils
résume
l’aventure : « Une bande de copains réussit à vendre en haut lieu, mais à l’insu du président, sa
prétendue aptitude à assainir le ciel franco-gabonais, passablement orageux, et s’offre une virée dans
l’Hexagone aux frais de la République. On navigue entre l’excès de zèle et l’arnaque. Quand les singes
jouent au sommet de l’arbre, dit un proverbe de chez nous, les branches tombent toujours sur le dos de
l’éléphant. » Et ledit pachyderme, eût-il le cuir tanné, ne décolère pas…

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