Ecole Centrale de Nantes Université de Nantes Thèse de
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Ecole Centrale de Nantes Université de Nantes ÉCOLE DOCTORALE MECANIQUE, THERMIQUE ET GENIE CIVIL Année 2007 Thèse de DOCTORAT Diplôme délivré conjointement par L'École Centrale de Nantes et l'Université de Nantes Spécialité : GENIE CIVIL Présentée et soutenue publiquement par : FRANÇOIS PETAVY le 14 septembre 2007 au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées à Bouguenais, Loire Atlantique TITRE TRAITEMENT ET VALORISATION DES SEDIMENTS DE L’ASSAINISSEMENT PLUVIAL JURY Président : Rapporteurs : Examinateurs : M. Jack LEGRAND Mme Sylvie BARRAUD M. Régis MOILLERON M. Michel LEGRET Mme Emmanuelle LUCAS Mme Véronique RUBAN M. Jean-Yves VIAU Directeur de thèse : Laboratoire : Professeur, Ecole des mines de Nantes Maître de Conférences (HDR), Institut National des Sciences Appliquées de Lyon Professeur, CEREVE, Université Paris XII-Val de Marne Directeur de recherche, Laboratoire central des ponts et chaussées Ingénieur, Lyonnaise des Eaux, Montgeron Directeur de recherche, Laboratoire central des ponts et chaussées Directeur technique, Saint Dizier Environnement, Gondecourt Véronique RUBAN Division Eau et Environnement Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, route de Bouaye, BP 4129, Bouguenais CEDEX N° ED 0367-289 Remerciements Avant de vous exposer les travaux qui ont abouti à la rédaction de ce manuscrit, je tiens tout d’abord à remercier le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, l’Agence de l’Eau Seine Normandie, le Service d’Etude Technique des Routes et Autoroutes et le Ministère de la Recherche pour le financement de cette étude. Mes remerciements s’adressent également à l’ensemble des personnes qui ont permis sa réalisation : Monsieur Hervé Andrieu, Chef de la division Eau et Environnement, pour m’avoir accueilli au sein de son unité et fait partager quelques anecdotes de notre pays d’origine : la HauteLoire. Madame Sylvie Barraud, Professeur à l’INSA de Lyon et Monsieur Régis Moilleron, Professeur au CEREVE et à l’Université Paris 12, pour avoir accepté de juger et de commenter ce travail de thèse. Madame Emmanuelle Lucas, Ingénieur à la Lyonnaise des Eaux et Monsieur Jack Legrand, Professeur à l’Université de Nantes, pour leurs participations au sein du jury de thèse. Monsieur Michel Legret, directeur de recherche au LCPC et Chef de la section Caractérisation et Transfert des Polluants, pour avoir mis à ma disposition les moyens nécessaires à la réalisation de ce travail. Je le remercie également pour le suivi de ces travaux et pour sa participation au jury. Je tiens à remercier très chaleureusement Madame Véronique Ruban, directeur de recherche au LCPC, pour la direction de ces travaux de thèse. Je la remercie plus particulièrement pour la confiance qu’elle m’a accordée durant ces 3 années, pour sa disponibilité face à mes interrogations et pour son soutien de tous les jours. Je te souhaite une excellente continuation et un prompt rétablissement pour retourner gambader dans les montagnes jurassiennes et alpines. i Remerciements Je souhaite également remercier deux acteurs incontournables dans la réalisation de ces travaux de thèse, Messieurs Jean Yves Viau, de la société Saint Dizier Environnement et Pierre Conil, du BRGM de Nantes. Qu’ils trouvent ici le témoignage de ma sincère reconnaissance. Je remercie également Madame Nadine Aires et Monsieur Pierrick Esnault pour leurs participations aux différents comités de suivi de thèse ainsi que Monsieur Philippe Branchu et toute son équipe du Laboratoire Régional de l’Ouest Parisien, pour les caractérisations d’hydrocarbures totaux et de HAP. Je profite des analyses chimiques pour remercier toute l’équipe du laboratoire sous la houlette de Dominique Demarre. Un grand merci à Sophie Ricordel, Valérie Mondon, Gilles Dormal, Lionel Martinet et Alice Biczysko pour l’ensemble des travaux effectués, indispensables à la réalisation de cette étude. Mes remerciements s’adressent très chaleureusement aux agents du service général pour leurs aides, conseils et dévouements lors de l’installation et du fonctionnement de l’unité de traitement. Un grand merci à Messieurs Gilbert Marais, Jean-Luc Cassard, Alain Touzeau, André Rome et Alain Beilvert. Je tiens également à remercier Messieurs Jean-François Ringot et Hugues Delahousse pour les diverses prises de vue et la super production primée au festival des sédiments du bassin de Cheviré. Merci à Dominique Renoux et Sonia Salaun pour leur gentillesse et leur précieuse aide pour résoudre les tâches administratives. Comment ne pas remercier Monsieur Jean Marc Rouaud, prêt à déployer ses talents d’Homme à tout faire en toutes circonstances, pour les nombreux coups de main qu’il a su m’apporter lors de ces trois années ainsi que son compère et partenaire de baby foot, Monsieur Claude Joannis, pour les agréables moments de détente passés en sa compagnie. ii Remerciements Je remercie très sincèrement Monsieur Gwen Ruban pour ses éclairages de fin statisticien et sa relecture du manuscrit. Un grand merci maintenant à tous ceux qui m’ont permis de passer trois années très agréables au sein de la division Eau et Environnement. Merci à Marie-Laure, Fabrice, Sophie, Laëtitia, Lolo, Pich-pich et Katia la petite dernière, pour vos moments de détente en salle café, vos apéros et autres soirées…. Sans oublier mes camarades intermittents du spectacle de la science avec Kalilou le showman, Beber le barbu, Hossein d’MCFX, Olivier d’SFR, PEK l’obélix, Amélie Laure la géologue et Katerine l’amoureuse de la langue anglaise. Une note spéciale pour Madame Edvina Lamy, ma co-turne, pour avoir supporté mes humeurs et offert une formidable ambiance de travail. Ce fût un réel plaisir !!! Merci et bonne route. L’heure a sonné d’adresser une mention particulière au p’tit breton et au corse avec qui j’ai vécu de véritables moments de poésie française dans notre caverne fétiche de la rue du Château. Un grand merci pour l’ensemble de votre œuvre. Je remercie enfin mes parents des divers efforts consentis pour nous permettre à Claire, Marie et moi même de réaliser nos études comme bon nous semble. Je tiens également à les rassurer en leur annonçant que ce manuscrit devrait en principe, traduire la fin de ma vie étudiante. Pour finir, je tiens à remercier tout particulièrement Nathalie qui a quitté son environnement altiligérien pour venir me rejoindre en pays nantais. Merci encore pour ton soutien et tes encouragements tout au long de ce travail. iii Remerciements iv Production scientifique Conférences internationales Pétavy, F., Ruban, V., Viau, J.Y., Conil, P. et Clozel, B. 2006. Gestion et valorisation des sédiments issus de l’assainissement pluvial en domaine routier. In 2nd conf. Environment & Transport, incl. 15th conf. Transport and Air Pollution, proceedings n°107, vol.1, 15 – 22, Reims, France Pétavy, F., Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2007. Conception of a pilot plant for the treatment of runoff water sediment. Dans 6ième conférence internationale de Novatech, proceedings vol.3, 1277 – 1284, Lyon, France. Pétavy, F., Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2007. Reduction of sediment micro-pollution by means of a pilot plant. In 5th International Conference on Sewer Process Networks, proceedings 297 – 306, Delft, The Netherlands. Pétavy, F., Ruban, V. Viau, J.Y., Conil, P. et Auriol, J.C. 2007. Treatment of runoff water sediments with a view to their re-use. Dans 11ième congrès de la Société Française de Génie des Procédés, proceedings sur CDROM, Saint Etienne, France. v Production scientifique Séminaires Pétavy, F. 2005. Valorization and management of sediments from retention / infiltration ponds and from roadside ditches In Fourth World Wide Workshop for Young Environmental Scientists, 155 – 163, Val- deMarne, France, Cereve. Pétavy, F. et Ruban, V. 2005 Estimation des gisements de sédiments. Dans Caractérisation et Valorisation des Sédiments et autres sous-produits de l’assainissement des chaussées , Nantes, France, LCPC. Pétavy, F., Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2006. Traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial. Dans 4ième Journée Technique Nationale, INSA, Toulouse. Pétavy, F. et Ruban, V. 2006 Mise en place d’une unité pilote de traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial. Dans JDHU 2006, 69 – 77, Nantes, France, LCPC. Pétavy, F., Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2006. Devenir des sédiments de bassins : traitement pour une réutilisation en technique routière. Dans GFHN 2006, Toulouse, France. vi Production scientifique Revues à comité de lecture Pétavy, F., Ruban, V., Viau, J.Y., Conil, P. et Clozel, B. Management and recovery of runoff water sediments Atmospheric Environment, Soumis Pétavy, F. et Ruban, V. 2006 Mise en place d’une unité pilote de traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial. La Houille Blanche, Accepté Pétavy, F., Ruban, V. et Conil, P. Efficiency of attrition for the decontamination of storm-water sediments. Applied Geochemistry, Soumis. Pétavy, F. et Ruban, V. Treatment of storm-water sediments : Efficiency of an attrition scrubber. Laboratory and pilot scale studies. Chemical Engineering Journal, Soumis. Pétavy, F., Ruban, V., Viau, J.Y. et Conil, P. Valorization of treated stormwater sediments : chemical, geotechnical and cost assessments. Waste management, Soumis Pétavy, F., Ruban, V., Viau, J.Y. , Conil, P. et Auriol, J.C. Treatment of runoff water sediments with a view to their re-use. International Journal of Chemical Reactor Engineering, Soumis vii Production scientifique Revues techniques Pétavy, F. Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2007. Une unité pilote de traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial. L’ Eau, L’ Industrie, Les Nuisances, n° 300, p 79-82. Pétavy, F. Ruban, V. Viau, J.Y. et Conil, P. 2007. Traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial Déchets, Sciences et techniques, n°46, Avril-Mai-Juin 2007. viii Table des matières Production scientifique v Table des matières ix Liste des tableaux xv Liste des figures xxiii Introduction 1 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques : Origines, quantification et caractérisation des polluants, Normes en vigueur, Traitements et valorisation des sédiments. 1.1 Origines et transfert de la pollution 8 1.1.1 Origines des polluants 8 1.1.1.1 Pollution chronique 9 1.1.1.2 Pollution saisonnière 15 1.1.1.3 Conclusion 19 1.1.2 Transfert des polluants par les eaux pluviales 20 1.1.2.1 Apports atmosphériques 20 1.1.2.2 Apports par ruissellement sur les chaussées routières 23 1.1.3 Collecte des eaux pluviales 25 ix Tables des matières 1.2 1.3 1.4 1.1.3.1 Les réseaux unitaires 25 1.1.3.2 Les réseaux séparatifs 25 1.1.3.3 Les bassins de retenue 26 Quantification et caractérisation des sédiments issus des fossés et bassins 27 1.2.1 Estimation des gisements 27 1.2.2 Caractérisation des sédiments 29 1.2.2.1 Fond géochimique et sédiment non pollué 29 1.2.2.2 Caractérisation physique 30 1.2.3 Conclusion 40 Normes et législation 41 1.3.1 La responsabilité du producteur de déchets 41 1.3.1.1 Le contexte législatif et réglementaire 41 1.3.1.2 Les obligations du maître d’ouvrage 43 1.3.1.3 Conclusion 43 1.3.2 Normes et problématique 45 1.3.2.1 Les textes de référence 45 1.3.2.2 Conclusion 48 Traitements : 49 1.4.1 Traitement physique 49 1.4.1.1 Traitement par voie humide 49 1.4.1.2 Traitement par voie sèche 58 1.4.1.3 Conclusion 59 1.4.2 Traitement biologique 59 1.4.2.1 Principe 60 1.4.2.2 Dégradations biotiques et abiotiques des hydrocarbures et HAP dans les sols 1.4.2.3 Conclusion 1.5 x 61 63 Valorisation 64 1.5.1 Etat des lieux des filières d’élimination des sédiments 64 1.5.1.1 Les boues de curage des bassins routiers et autoroutiers 64 1.5.1.2 Les boues de curage des fossés 65 1.5.1.3 Conclusion 65 Tables des matières 1.5.2 Valorisation des sédiments 67 1.5.2.1 La fabrication de béton 67 1.5.2.2 Les différents remblais et couches de forme 68 1.5.3 Les risques sanitaires Chapitre 2 : 70 Matériels et méthodes Sites expérimentaux Caractérisation des sédiments 2.1 Méthodes d’analyse et de caractérisation 76 2.1.1 Matière minérale 76 2.1.1.1 Protocoles analytiques 2.1.2 Matière organique 81 2.1.2.1 Matière organique et carbone organique total 81 2.1.2.2 Hydrocarbures totaux 81 2.1.2.3 Hydrocarbures aromatiques polycycliques 81 2.1.3 Caractérisation géotechnique 2.2 76 82 2.1.3.1 Paramètres de nature 83 2.1.3.2 Paramètres d’état 85 2.1.3.3 Autres caractéristiques géotechniques 86 Les sites expérimentaux 87 2.2.1 Les sites routiers 87 2.2.1.1 Bassin d’infiltration de Cheviré 87 2.2.1.2 Bassin de rétention de Flavigny (Nancy) 90 2.2.1.3 Bassin d’infiltration de Lyon 91 2.2.2 Les sites urbains 94 2.2.2.1 Bassin de décantation de Wissous 94 2.2.2.2 Bassin de rétention AhAh 95 2.2.2.3 Bassin de rétention Citroën 97 2.2.3 Prélèvements des sédiments 98 2.2.4 Les balayures de voiries 99 xi Tables des matières 2.3 Caractérisation des sédiments 100 2.3.1 Etude granulométrique 101 2.3.2 Caractérisation de la matière minérale 102 2.3.3 Caractérisation de la matière organique 105 2.3.4 Conclusion 109 Chapitre 3 : 3.1 3.2 3.3 Etude de traitabilité des sédiments Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques 113 3.1.1 Protocole expérimental 113 3.1.2 Première étape : Séparation granulométrique 114 3.1.3 Seconde étape : Traitement par attrition 116 3.1.4 Bilan massique 118 3.1.5 Conclusion 119 Optimisation de la méthode de traitement 121 3.2.1 Caractérisation du sédiment et protocole opératoire 121 3.2.2 Optimisation du seuil de coupure 123 3.2.2.1 Seuil de coupure supérieur S 1 123 3.2.2.2 Seuil de coupure inférieur S 2 124 3.2.3 Optimisation de la teneur en eau de la pulpe 127 3.2.4 Optimisation de la durée d’attrition 131 3.2.5 Traitement du sédiment de Cheviré dans les conditions optimales 136 Modélisation de la méthode 143 3.3.1 Détermination d’une équation modèle 143 3.3.2 Application du modèle sur l’évolution de la teneur en matière organique 146 3.4 xii 3.3.3 Application du modèle sur l’évolution de la teneur en éléments traces 147 3.3.4 Conclusion 149 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments 150 3.4.1 Sédiments du bassin AhAh 150 3.4.2 Sédiments du bassin de Lyon B 6 154 3.4.3 Conclusion 157 Tables des matières Chapitre 4 : Conception d’une unité pilote Traitement physique 4.1 4.2 Conception de l’unité pilote 160 4.1.1 Problématiques, objectifs et contraintes 160 4.1.2 Principe de traitement 162 4.1.3 Description des différents équipements 163 Le traitement des sédiments 171 4.2.1 Pourcentages massiques des différentes fractions 171 4.2.2 Caractérisation chimique 173 4.2.2.1 Eléments traces 173 4.2.2.2 Matière organique et hydrocarbures totaux 178 4.2.2.3 Hydrocarbures aromatiques polycycliques 182 4.2.3 Bilans de traitement 185 4.2.3.1 Incertitudes liées à l’analyse et à l’hétérogénéité des sédiments 186 4.2.3.2 Incertitudes liées au bilan de traitement 188 4.2.4 Caractérisation chimique des eaux de process Chapitre 5 : 190 Traitement biologique : Landfarming 5.1 Mise en place des essais 194 5.2 Résultats 197 5.2.1 Première série : Landfarming 1 197 5.2.2 Deuxième série : Landfarming 2 206 Chapitre 6 : 6.1 Valorisation et approche économique Valorisation des sédiments 212 6.1.1 Classification des différentes fractions 212 6.1.1.1 Teneurs en matière organique 212 6.1.1.2 Classification des sols de classes A, B, C ou D 213 xiii Tables des matières 6.1.1.3 Classification des sols de classe F 6.2 219 6.1.2 Filières de valorisation 220 6.1.2.1 Remblai routier 221 6.1.2.2 Couche de forme 222 6.1.2.3 Remblai de tranchées 223 6.1.2.4 Remblai de surface 223 6.1.3 Conclusion 224 Approche économique 226 6.2.1. Landfarming 226 6.2.2 Unité mobile de traitement 227 Conclusion et perspectives 237 Bibliographie 243 Annexes xiv Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments 257 Annexe B : Unité pilote – Quantités de HAP identifiés dans les sédiments 271 Annexe C : Unité pilote – Tests de répétabilité 279 Liste des tableaux I1 Matières premières utilisées en construction automobile. 12 I2 Teneurs en métaux traces dans les pneumatiques en µg g-1 (Pagotto, 1999). 12 -1 I3 Teneurs en métaux des sels de deverglaçage, en mg kg . 16 I4 Concentrations en atrazine et alachlore sur les eaux de pluie en Bretagne en 17 1996 et 2000. I5 Teneurs en pesticides en µg kg-1 de matière sèche dans 4 sédiments de bassins. 18 I6 Estimation des émissions polluantes en (g km-1 an-1) (Pagotto et al., 2001). 20 I7 Qualité des eaux de pluies. 21 -1 -1 I8 Retombées atmosphériques sèches en g ha an . 22 I9 Retombées atmosphériques totales en g ha-1 an-1. 22 I 10 Concentrations en polluants des eaux de ruissellement sur chaussée 23 autoroutière. I 11 Estimations des dépôts sur la voirie routière nationale (Fournier, 2000). 27 I 12 Estimations grossières des quantités de sédiments curés à l’échelle du territoire. 28 I 13 Estimations des quantités de sédiments issus des réseaux urbains et périurbains. 28 I 14 Gamme de valeurs « ordinaires » et d’anomalies naturelles (Baize, 2000). 29 I 15 Concentrations en éléments traces métalliques dans un sol non pollué 30 (en mg kg-1). I 16 Distribution granulométrique des sédiments de bassins. 31 I 17 Distribution granulométrique des sédiments de bassins en fonction du lieu de 31 prélèvement. I 18 Pourcentages des différents minéraux par classes granulométriques (Roger et 33 al., 1998). xv Liste des tableaux I 19 Teneurs en matière organique dans deux sols 5 et 7 en fonction des seuils 34 granulométriques (Roger et al., 1998). I 20 Pourcentages des différentes fractions organiques (pourcentage massique de la 34 M.O totale) (Durand et al., 2004a). I 21 Quantités d’HAP identifiés en µg kg-1 de boue sèche dans 3 échantillons et 35 comparées à la norme hollandaise. I 22 Concentrations en éléments traces dans les sédiments des différents bassins 37 (mg kg-1 de MS) et comparaison avec les normes en vigueur. I 23 Concentrations en plomb, zinc et cadmium dans les différentes fractions 38 granulométriques (Lee et al., 1997). I 24 Concentrations en cuivre, zinc et plomb dans les différentes fractions 38 granulométriques (Zanders, 2005). I 25 Concentrations en mg kg-1 des éléments traces présents dans les différentes 39 fractions granulométriques (Durand, 2003). I 26 Concentrations en métaux traces (mg kg-1 de MS) dans les fractions organiques 39 extraites par le protocole IHSS (Durand, 2003). I 27 Textes législatifs et réglementaires concernant les déchets. 44 I 28 Synthèse des textes réglementaires adaptables aux sédiments de curage. 47 I 29 Proposition de seuils d’investigation pour la recherche d’éléments traces dans le 48 sol (Baize, 2000). I 30 Valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. 48 I 31 Quantités relatives des fractions séparées selon leurs classes granulométriques 50 (AGHTM, 1996). I 32 Caractéristiques générales et composition en éléments traces des échantillons 50 traités par ERMAC (AGHTM, 1996). I 33 Composition générale du valori’sable® (Domas et al., 2000). 53 I 34 Propriétés géotechniques du valori’sable® (Domas et al., 2000). 53 I 35 Caractéristiques environnementales du valori’sable® (Domas et al., 2000). 54 I 36 Pourcentages de fines générées en fonction de l’énergie délivrée au système 56 (Shigley et Mischke ;1993). I 37 xvi Matrice test proposée par Freeman (1993). 57 Liste des tableaux I 38 Demi-vie des HAP dans les sols. 62 I 39 Potentiel lixiviable du sable traité par le procédé ECOSABLE et comparaison 71 avec les teneurs pour mâchefers « V » (Helaine, 2000). II 1 Méthodes et normes utilisées pour la caractérisation des sédiments. 77 II 2 Incertitudes relatives sur l’échantillon de référence du CRM 320. 79 II 3 Tolérances en pourcentage par rapport à l’échantillon référence des 82 hydrocarbures totaux et HAP . II 4 Les différentes valeurs seuils lors de l’analyse granulométrique. 83 II 5 Valeurs seuils retenues pour l'évaluation de l'argilosité. 84 II 6 Surface collectée au niveau du bassin B6 de l’autoroute A 47. 92 II 7 Dates et lieux des prélèvements réalisés. 100 II 8 Distribution granulométrique des sédiments bruts. 101 II 9 Teneurs en éléments traces, en titane et en phosphore dans les sédiments à 103 traiter. II 10 Pourcentages de matière organique et teneurs en hydrocarbures totaux des 106 sédiments à traiter. II 11 Teneurs en HAP des sédiments étudiés (exprimé en µg kg-1). 108 III 1 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 114 trois fractions granulométriques du sédiment de Cheviré et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. III 2 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 116 deux fractions granulométriques issues de l’attrition de la fraction 250 µm – 1250 µm. III 3 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 117 deux fractions granulométriques issues de l’attrition de la fraction > 1250 µm. III 4 Caractéristiques chimiques du sédiment de Cheviré et comparaison des teneurs 121 en éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. III 5 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 137 trois fractions granulométriques du sédiment de Cheviré et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. xvii Liste des tableaux III 6 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 138 deux fractions granulométriques générées par attrition – Sédiment de Cheviré. III 7 Pourcentages massiques de récupération des éléments traces après traitement 141 sur le sédiment de Cheviré. III 8 Caractéristiques chimiques du sédiment AhAh et comparaison des teneurs en 150 éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. III 9 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 151 trois fractions granulométriques des sédiments AhAh. III 10 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 152 deux fractions granulométriques générées par attrition. III 11 Caractéristiques chimiques du sédiment Lyon B6 et comparaison des teneurs en 154 éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. IV 1 Comparatif des conditions opératoires des traitements pilote et laboratoire. 168 IV 2 Pourcentages massiques des différentes fractions issues du traitement physique 171 (exprimés en matière sèche). IV 3 Pourcentages de particules résiduelles au sein des fractions 2 mm – 30 mm et 172 60 µm – 2 mm (exprimé en matière sèche). IV 4 Teneurs en éléments traces, en titane et en phosphore des différentes fractions 174 issues du traitement physique (exprimé en mg kg-1). IV 5 Pourcentages de matière organique et teneurs en hydrocarbures totaux des 179 différentes fractions issues du traitement physique. IV 6 Quantités de phénanthrène en µg kg-1 de matière sèche au sein des fractions des 183 différents sédiments traités. IV 7 Quantités de HAP en µg kg-1 de matière sèche au sein des fractions des 184 sédiments de Cheviré, Nancy, Lyon et Lille. AV : avant Attrition ; AP : Après Attrition. IV 8 Bilan de traitement des polluants organiques et métalliques exprimés en pourcentages massiques. xviii 185 Liste des tableaux IV 9 Incertitudes relatives d’analyse (test 1) et d’homogénéité (test 2) au seuil de 187 95 %. IV 10 Incertitudes de mesure au seuil de 95 % des bilans de traitement. 189 IV 11 Concentrations en éléments traces dans les eaux de process en fin de traitement. 190 V1 Composition de l’engrais commercial utilisé. 195 V2 Composition des 5 cases de l’essai de Landfarming 1. 195 V3 Carbone organique total et carbone organique dissous dans les eaux de 203 percolation. V4 Concentrations en hydrocarbures totaux et en HAP dans les eaux de 204 percolation. V5 Teneurs en éléments traces dans les eaux de percolation des cases de 205 Landfarming. V6 Comparaison des teneurs en hydrocarbures totaux avant et après traitement par 206 Landfarming et avec la fraction 60 µm-2 mm issue du pilote. V7 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1). VI 1 Pourcentages de matière organique et classification préliminaire des différentes 213 208 fractions. VI 2 Pourcentages de passant à 2 mm et 80 µm des fractions 60 µm – 2 mm des 215 différents sédiments. VI 3 Valeurs au bleu de méthylène pour les fractions 60 µm – 2 mm des différents 216 sédiments. VI 4 Classements en sous classes en fonction de l’état hydrique du matériau. 217 VI 5 Pourcentages de passant à 2 mm et 80 µm des fractions 2 mm – 30 mm des 218 sédiments de Nancy et Lille. VI 6 Valeur au bleu de méthylène pour la fraction 2 mm – 30 mm du sédiment de 219 Nancy. VI 7 Classification des différentes fractions au sein de la classe F. 220 VI 8 Classification et filières de valorisation des différentes fractions issues du 224 traitement des sédiments de l’assainissement pluvial. VI 9 Coût d’un traitement biologique par Landfarming. 226 VI 10 Estimation économique d’une unité mobile de traitement. 229 xix Liste des tableaux A1 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin AhAh. 258 A2 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 258 trois fractions granulométriques du sédiment AhAh. A3 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 258 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment AhAh. A4 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 258 trois fractions granulométriques du sédiment AhAh après traitement physique. A5 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B6. 260 A6 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 260 trois fractions granulométriques du sédiment B6. A7 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 260 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 6. A8 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 260 trois fractions granulométriques du sédiment B6 après traitement physique. A9 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 10. 262 A 10 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 262 trois fractions granulométriques du sédiment B 10. A 11 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et éléments traces des 262 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 10. A 12 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 262 trois fractions granulométriques du sédiment B10 après traitement physique. A 13 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 12. 264 A 14 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et éléments traces des 264 trois fractions granulométriques du sédiment B 12. A 15 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 264 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 12 A 16 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 264 trois fractions granulométriques du sédiment B12 après traitement physique. A 17 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 4 – A 47. 266 A 18 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 266 trois fractions granulométriques du sédiment B 4. xx Liste des tableaux A 19 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 266 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 4. A 20 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 266 trois fractions granulométriques du sédiment B 4 après traitement physique. A 21 Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 5. 268 A 22 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 268 trois fractions granulométriques du sédiment B 5. A 23 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 268 deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 5. A 24 Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des 268 trois fractions granulométriques du sédiment B 5. après traitement physique. B1 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Cheviré. 272 B2 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Nancy. 273 B3 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de AhAh1. 274 B4 -1 275 -1 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg ) – sédiment de AhAh2. B5 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg ) – sédiment de Lyon. 276 B6 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Lille. 277 B7 Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Bordeaux. 278 C1 Pourcentages de matière organique et teneurs en éléments traces et phosphore 280 du sédiment brut AhAh 1. C2 Pourcentages de matière organique et teneurs en éléments traces et phosphore 281 du sédiment brut AhAh 1. xxi Liste des tableaux xxii Liste des figures I1 Constitution du réseau routier français au 1er janvier 2004 (Ministère de 11 l’équipement, 2004). I2 Principales sources de pollution identifiées dans la littérature. 19 I3 Principe de séparation des sédiments d’assainissement avec recyclage 52 d’eau. Procédé ECOSABLE. I4 Répartition des fractions sortant de l’unité ECOSABLE rapportée à la 53 matière sèche totale des déchets bruts (Helaine, 2000). I5 Principe de l’attrition et comparaison avec un broyage ou un concassage. 55 I6 Pales d’agitation en opposition de phase d’une cellule d’attrition. 55 I7 Evolution de la granulométrie des sédiments de canaux après traitement 57 par attrition. I8 Mise en place de la surface. 60 I9 Mise en place du sol. 60 I 10 Inoculation du sol. 60 I 11 Labourage du sol. 60 I 12 Devenir des produits de curage de bassins des autoroutes concédées de la 64 SANEF. (ONR, 2001). I 13 Devenir des produits de curage de bassins des routes nationales et des 64 autoroutes non concédées. (ONR, 2001). I 14 Devenir des produits de curage des fossés des autoroutes concédées de la 65 SANEF. (ONR, 2001). I 15 Devenir des produits de curage des fossés des autoroutes non concédées. 65 (ONR, 2001). xxiii Liste des figures II 1 Classements qualitatifs des résultats d’AGLAE. 80 II 2 Ensemble du matériel d’essai (A). Auréole bleue à la périphérie de la tâche 84 indiquant la fin de l’adsorption du bleu sur le sol (B). II 3 Schématisation d’une courbe Proctor réalisée à partir de 5 points. 85 II 4 Situation géographique du bassin de Cheviré. 88 II 5 Schéma du bassin de Cheviré. 89 II 6 Situation générale des bassins de Flavigny. 90 II 7 Bassin amont de Flavigny. 91 II 8 Localisation du Bassin B6 de l’autoroute A47. 92 II 9 Schéma du bassin n°6 de l’autoroute A47. 93 II 10 Schéma du bassin de rétention de Wissous. 94 II 11 Plan du bassin AhAh et des réseaux d’assainissement. 96 II 12 Vue aérienne du bassin de Citroën. 97 II 13 Schéma de fonctionnement du bassin de Citroën. 97 II 14 Sédiments de Citroën après curage du bassin. 98 II 15 Prélèvements des sédiments de Cheviré par tractopelle. 99 III 1 Machine d’attrition cylab 1. 112 III 2 Cellule d’attrition. 112 III 3 Pales d’agitation. 112 III 4 Protocole de traitabilité des sédiments. 113 III 5 Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces des trois 115 fractions granulométriques du sédiment de Cheviré. III 6 Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces au sein des 118 trois fractions granulométriques avant et après attrition. III 7 Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces des trois 119 fractions granulométriques après attrition et tamisage. III 8 Schéma du protocole d’optimisation de la méthode de traitement. 122 III 9 Pourcentages de particules fines en fonction des seuils de coupure – 124 Sédiment de Cheviré. xxiv Liste des figures III 10 Pourcentages de matière organique dans les fractions intermédiaires avant 125 et après traitement en fonction des seuils de coupure – Sédiment de Cheviré. III 11 Concentrations en cuivre dans les fractions intermédiaires avant et après 126 attrition – Sédiment de Cheviré. III 12 Concentrations en zinc dans les fractions intermédiaires avant et après 126 attrition – Sédiment de Cheviré. III 13 Pourcentages de particules fines générées par attrition en fonction de la 128 teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. III 14 Pourcentages de matière organique dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et 129 après attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. III 15 Concentrations en zinc dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après 129 attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. III 16 Concentrations en cuivre dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après 130 attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. III 17 Pourcentages de particules fines générées en fonction de la durée 131 d’attrition – Sédiment de Cheviré. III 18 Evolution de la granulométrie au sein de la fraction 80 µm – 2 mm en 132 fonction des durées de traitement par attrition – Sédiment de Cheviré. III 19 Pourcentages de matière organique résiduelle dans la fraction 80 µm – 133 2 mm avant et après attrition en fonction de la durée de traitement – Sédiment de Cheviré. III 20 Concentrations en cuivre dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après 134 attrition en fonction de la durée de traitement et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise – Sédiment de Cheviré. III 21 Concentrations en zinc dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après 135 attrition en fonction de la durée de traitement et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise – Sédiment de Cheviré. xxv Liste des figures III 22 Photographie au MEB d’une particule de la fraction 80 µm – 2 mm avant 139 attrition – Sédiment de Cheviré. III 23 Photographie au MEB d’une particule de la fraction 80 µm – 2 mm après 139 attrition – Sédiment de Cheviré. III 24 Photographie au MEB d’une particule présentant une aspérité de la 140 fraction 80 µm – 2 mm après attrition – Sédiment de Cheviré. III 25 Pourcentages massiques et pourcentages des différents éléments traces 141 avant et après attrition – Sédiment de Cheviré. III 26 Détermination de la constante k de l’équation modèle. III 27 Comparaison des pourcentages de particules 145 fines obtenus 145 Comparaison des pourcentages de matière organique résiduelle obtenus 147 expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. III 28 expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. III 29 Comparaison des concentrations résiduelles en cuivre obtenues 148 obtenues 149 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 155 expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. III 30 Comparaison des concentrations résiduelles en zinc expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. III 31 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition. III 32 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 156 d’éléments traces des deux fractions granulométriques issus de l’attrition. III 33 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 157 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après traitement. IV 1 Principe de traitement de l’unité pilote. 162 IV 2 Trémie de maillage 30 mm. 164 IV 3 Tamis vibrant de maillage 2 mm équipé d’un système d’aspersion d’eau. 164 IV 4 Séparateur primaire. 165 IV 5 Hydrocyclone. 165 IV 6 Schéma de principe d’un hydrocyclone. 166 IV 7 Machine d’attrition. 166 IV 8 Séparateur secondaire. 168 xxvi Liste des figures IV 9 Eaux de process. 169 IV 10 Décanteur lamellaire. 169 IV 11 Eaux de surverse du décanteur. 170 IV 12 Gâteau de boues formé au niveau du filtre presse. 170 IV 13 Photographie zoomée sous loupe binoculaire d’une scorie. 176 IV 14 Analyse globale des plages claires d’une scorie (Spectre EDS). 176 IV 15 Photographie à loupe binoculaire du sédiment de Nancy. 177 IV 16 Photographie au MEB (électrons rétrodiffusés) du sédiment de Nancy. 177 V1 Schématisation d’une case utilisée pour le traitement biologique. 194 V2 Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein du sédiment de 197 Cheviré avec paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. V3 Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein des sédiments de 198 Cheviré dopés avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. V4 Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein des sédiments de 199 Wissous avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. V5 Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Cheviré en 200 fonction de la durée de traitement par Landfarming. V6 Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Cheviré dopé avec 201 et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. V7 Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Wissous avec et 202 sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. V8 Eaux de percolation des cases de Landfarming. 203 VI 1 Tableau synoptique de classification des matériaux selon leur nature 214 (d’après le GTR, 2000). VI 2 Distributions granulométriques des fractions 60 µm – 2 mm des différents 215 sédiments. VI 3 Courbe Proctor obtenue à partir d’un essai Proctor normal sur moule CBR 217 (NF P 94-093). VI 4 Schéma de principe de l’unité mobile. 228 xxvii Liste des figures VI 5 Unité pilote de traitement vue de dessus. 231 VI 6 Unité mobile de traitement montée sur remorque. 231 A1 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 259 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment AhAh. A2 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 259 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment AhAh. A3 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 261 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition– sédiment B 6. A4 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 261 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 6. A5 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 263 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 10. A6 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 263 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 10. A7 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 265 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 12. A8 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 265 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 12. A9 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 4. xxviii 267 Liste des figures A 10 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 267 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 4. A 11 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 269 d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 5. A 12 Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et 269 d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 5. xxix Liste des figures xxx Introduction Contexte de l’étude Le développement croissant des villes et des réseaux routiers et autoroutiers au cours des dernières décennies a généré une quantité très importante de polluants qui se retrouve en partie dans les sédiments de bassins d’infiltration et de retenue, et dans les balayures de voiries. La maîtrise du ruissellement, du fait de l’augmentation de l’imperméabilisation, est devenue l’une des priorités de l’aménagement urbain et routier. En effet, les eaux pluviales peuvent d’une part engendrer des débits et volumes importants susceptibles de provoquer des inondations, et d’autre part véhiculer des quantités élevées de polluants organiques (hydrocarbures, pesticides) et inorganiques (métaux lourds) (Chebbo, 1992 ; Gosse, 1997 ; Gromaire-Mertz, 1998). Pour gérer les effluents provenant du ruissellement sur les surfaces aménagées, des bassins de retenue des eaux pluviales sont fréquemment mis en place depuis plusieurs décennies (Nightingale, 1987 ; Yousef et al., 1990, 1994). En site routier et autoroutier, ils offrent une gestion quantitative et qualitative des eaux de ruissellement alors qu’en site urbain, ils complètent le système d’assainissement traditionnel (réseaux unitaires ou séparatifs et station de traitement) et assurent une protection des agglomérations contre les inondations. Ces bassins jouent un rôle à la fois sur les débits (écrêtement des pics) et sur la qualité des effluents (sédimentation des matières en suspension) ; de plus, ils ont parfois aussi une vocation récréative. Les sédiments qui s’accumulent par décantation au fond des bassins doivent être curés pour maintenir ou restaurer le bon fonctionnement de ces ouvrages. Cependant, les matériaux collectés lors de ces opérations d’entretien peuvent être contaminés (métaux lourds, hydrocarbures, pesticides…) et présentent un risque pour l’environnement et la santé humaine. Plusieurs travaux (Petterson, 1999 ; Bäckström, 2001 ; Färm, 2001 ; 1 Introduction Durand, 2003) constituent une base de données intéressante sur les degrés de pollution liés à ces matériaux. Bien qu’une estimation des volumes soit difficile à obtenir, les quantités déposées ou curées apparaissent très importantes avec près de 5 millions de tonnes de matière sèche à l’échelle du territoire français (Ruban et al., 2003). Par ailleurs, la croissance des villes et de leurs agglomérations a engendré une augmentation importante des volumes de produits de balayages issus du nettoyage des chaussées. Ces produits présentent, de par leurs origines, de fortes similitudes avec les sédiments issus des bassins routiers, et par conséquent de fortes teneurs en polluants organiques et inorganiques. La quantité de ces résidus est également importante et a été estimée en France et pour une année courante à 1 million de tonnes de matière sèche (Kempf, 2001). Les communautés urbaines de Bordeaux et Nantes collectent respectivement chaque année 18000 (Sermanson, 1998) et 13000 (Heudier, 2005) tonnes de résidus issus du balayage de leurs voiries. Les évolutions de la réglementation dans le domaine de l’eau et des déchets ont poussé les collectivités locales et les gestionnaires de bassins à revoir leurs politiques environnementales face aux déchets issus de l’assainissement pluvial. Compte tenu des volumes importants de matériaux, l’enjeu environnemental et économique est important. Il convient donc de revoir les modes d’élimination jusqu’ici largement utilisés (mise en décharge, épandage) et de disposer de filières adaptées à la gestion des sous produits de l’assainissement pluvial. De plus, les solutions apportées devront respecter les contraintes économiques du moment. Etat de l’art L’étude de la pollution des eaux pluviales routières a déjà fait l’objet de nombreux travaux qui ont permis d’acquérir de précieuses informations sur les origines et le transfert des différents polluants (Legret et al., 1996 ; Legret et Colandini, 1999 ; Legret et Pagotto, 1999 ; Pagotto, 1999). Plusieurs études expérimentales ont été menées depuis les années 1990 sur les matériaux de bassins de retenue, avec notamment des résultats contradictoires sur la répartition des éléments traces en fonction de la distribution granulométrique. Colandini (1997), Lee et al. (1997) et Zanders (2005) notent une accumulation des polluants au sein des éléments fins, 2 Introduction alors que Durand (2003) et Durin (2006), lors de leurs travaux sur les sédiments du bassin d’infiltration de Cheviré, observent une répartition homogène des polluants en fonction des différentes classes granulométriques. Durand (2003) a également réalisé une caractérisation fine des résidus issus de l’assainissement pluvial ; il a notamment proposé une étude structurale de la matière organique ainsi qu’une évaluation de la biodisponibilité des métaux lourds en fonction de leurs affinités pour les différentes fractions organiques (acides humiques, humine, acides fulviques). Si l’ensemble de ces études a permis l’élaboration de données importantes concernant la caractérisation des sédiments de l’assainissement pluvial, aucune d’entre elles ne s’est réellement intéressée aux traitements et à la valorisation de ces résidus. Il est donc indispensable, notamment au vu de l’évolution du contexte réglementaire actuel, de développer des techniques de traitement permettant une gestion saine de ces matériaux. Les objectifs et l’organisation générale de l’étude Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une étude pluriannuelle engagée par le LCPC1, le BRGM2, Saint Dizier environnement, l’Université de Poitiers3, le LSE4 et les LRPC5 avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Seine Normandie et du SETRA6. L’objectif de ce travail est de proposer des solutions de gestion et de valorisation des résidus issus de l’assainissement pluvial : sédiments de bassins de retenue des eaux pluviales et balayures de voiries. Les contraintes économiques liées à la viabilité du projet ont orienté notre étude vers la mise au point de traitements physique et biologique. Les possibilités de traitabilité des résidus ont été déterminées en laboratoire et constituent un préalable indispensable pour estimer les rendements de dépollution et de valorisation, ainsi que les possibilités d’extension du traitement à une échelle industrielle. La mise en place de traitements physique et biologique, à travers la conception et la réalisation d’essais pilote, permettra de proposer aux gestionnaires d’éventuelles filières de traitement pour une gestion de leurs sous-produits. 1 Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Nantes Bureau de Recherche Géologique et Minière, Orléans 3 UMR-CNRS 6514, « Synthèse et Réactivité des Substances Naturelles » 4 Laboratoire des Sciences de l’Environnement, Lyon 5 Laboratoires Régionaux des Ponts et Chaussées 6 Service d’Etudes Techniques des Routes et Autoroutes 2 3 Introduction Ce document s’articule autour de six chapitres. La réalisation d’une synthèse bibliographique sur l’origine des polluants et sur la caractérisation physique et chimique des sédiments de l’assainissement pluvial constitue le Chapitre 1. Les différentes normes en vigueur ainsi que les techniques de traitement et les filières potentielles de valorisation sont également présentées. Le Chapitre 2 est consacré à la présentation des matériels et méthodes utilisés pour la caractérisation physique et chimique des résidus étudiés. Les incertitudes liées aux différentes analyses sont spécifiées afin de préciser la portée de nos résultats. La description des sites expérimentaux retenus ainsi que la caractérisation des sédiments curés complètent ce chapitre. Le Chapitre 3 présente l’étude de traitabilité des résidus issus de l’assainissement pluvial et propose un protocole expérimental de traitement. Les caractérisations physiques (granulométrie, observation microscopique) et chimiques (matière organique, éléments traces) des différentes fractions granulométriques permettent de quantifier et d’optimiser l’efficacité du traitement mis en œuvre. Le Chapitre 4 correspond à la conception d’une unité pilote et à son utilisation pour le traitement physique de différents sédiments de bassins et balayures de voiries. Les contraintes liées à l’économie, l’environnement ou au contexte de l’étude ont été prises en compte pour la réalisation de cette unité. Le suivi des teneurs en matière organique, hydrocarbures totaux, HAP et éléments traces a permis d’évaluer l’efficacité d’une installation semi-industrielle de traitement des sédiments. Le Chapitre 5 présente une alternative au traitement physique : le traitement biologique (landfarming). Les rendements d’élimination des polluants organiques sont déterminés à partir d’un suivi régulier des teneurs en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et en hydrocarbures totaux présents au sein des sédiments étudiés. Une simulation d’accident, traduite par un fort déversement d’hydrocarbures au niveau des sédiments, est également 4 Introduction réalisée. De plus, les eaux de percolation sont caractérisées afin de déterminer leur gestion lors du traitement. Le Chapitre 6 a comme double objectif d’une part, de définir les filières de valorisation retenues et d’autre part de réaliser une estimation économique des techniques de traitement mises en place. Les choix de valorisation sont déterminés par une caractérisation géotechnique des fractions issues du traitement, tandis que l’estimation économique basée sur la conception et les services proposés autour de l’unité pilote, sont réalisés en collaboration avec des industriels développeurs du projet. Enfin, ce mémoire se termine par une conclusion et présente des perspectives pour l’utilisation et le développement des travaux réalisés au cours de cette thèse. 5 Introduction 6 Chapitre 1 I. Rappels bibliographiques : Origines, Origines, Quantification et Caractérisation des polluants, polluants, Normes en vigueur, vigueur, Traitements et Valorisa Valorisation alorisation des Sédiments. Sédiments. Ce chapitre est une synthèse bibliographique qui se découpe en cinq parties : • La première partie recense les différentes sources de polluants ; • La seconde partie quantifie et caractérise les sédiments issus des bassins et fossés ; • La troisième partie s’intéresse aux différentes normes en vigueur concernant le devenir de ces produits ; • La quatrième partie aborde les techniques de traitement et de dépollution des sédiments ; • La dernière partie évalue les différentes filières qui nous sont offertes pour valoriser le produit traité. 7 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques 1.1 Origines et transfert de la pollution : Cette partie présente l’étude des émissions polluantes en milieu routier. Elle recense des informations sur les origines et la quantité de polluants émis sous forme minérale (métaux traces) et organique (hydrocarbures). 1.1.1 Origines des polluants: La pollution provient d’émissions variées liées à l’homme et à ses activités. Elle se présente sous forme de poussières atmosphériques précipitées par les pluies ou sous forme de rejet direct au sol. Quatre grandes catégories de pollution ont été déterminées (Léger, 1994 ; SETRA, 1995a) : les pollutions temporaire, chronique, saisonnière ou bien accidentelle. • La pollution temporaire est liée aux travaux de construction de la route (poussières, rejets d’huiles d’engins…). Cette pollution issue principalement des eaux de ruissellement chargées en matières en suspension d’origine minérale (SETRA, 1993) ne sera pas évoquée du fait de son caractère ponctuel et antérieur à la mise en circulation de la route. • La pollution chronique a lieu de manière continue et a un lien direct avec l’utilisation de la route. L’abrasion et la corrosion des matériaux constitutifs des véhicules (pneumatiques, freins, carrosserie), la combustion du carburant, les fuites de divers liquides (huile moteur, antigel), l’usure de la chaussée et la corrosion des glissières de sécurité participent à cette pollution. De ce fait, la nature des polluants est très variable et les sédiments peuvent être pollués aussi bien par des métaux lourds, que des hydrocarbures ou des huiles…. • La pollution saisonnière est liée à la maintenance des infrastructures routières (deverglaçage, désherbage). Ces opérations sont nécessaires au maintien de bonnes conditions de circulation et nécessitent l’emploi de produits qui peuvent présenter des risques pour l’environnement (sels, herbicides). Il est intéressant de considérer la pollution hivernale car les sels peuvent apporter des petites quantités de métaux, augmenter la corrosion des surfaces métalliques (véhicules et glissières…) et favoriser 8 Origines et transfert de la pollution la mobilité des métaux traces dans les sols. Ils interagissent directement avec les polluants étudiés. Les produits de désherbages sont aussi à prendre en compte car de nombreux polluants organiques sont déposés dans les fossés et se retrouvent ensuite dans les eaux de ruissellement. • La pollution accidentelle est consécutive à un accident de la circulation au cours duquel des matières dangereuses sont déversées avec des conséquences plus ou moins graves, selon la quantité et la nature du produit mis en jeu et la sensibilité du milieu récepteur. Du fait du caractère aléatoire et peu probable de ce type de pollution, il est difficile de la prendre en compte au cours de l’étude des émissions. 1.1.1.1 Pollution chronique : La pollution chronique est directement liée à l’usage et aux conditions d’utilisation de la route. La pollution en métaux lourds, en hydrocarbures linéaires et polycycliques et en HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) couramment cités dans la littérature, est due : • à l’usure des pneumatiques : HAP et divers additifs du caoutchouc comme Ca, S, Zn, Cd,… (Adachi et Tainosho, 2004 ; Environment Agency, 1998 ; Legret et Pagotto, 1999 ; Muschack, 1990 ; Pagotto, 1999), • aux garnitures de frein : Cd, Zn, (Adachi et Tainosho, 2004 ; Davis et al., 2001 ; Legret et Pagotto, 1999), • à la carrosserie : Al, Cu, Zn, (Roberge et al., 2002), • aux émissions de gaz d’échappement : hydrocarbures, HAP (naphtalène), métaux lourds, MES, (Joumard et Lambert, 1991; Thibaut et Donati, 1990), • à la combustion des carburants (Bertrand, 1997), • aux pots catalytiques (Degobert, 1992), • aux fuites d’huiles et autres liquides (Degobert, 1992). Les évolutions du parc automobile, des carburants, des infrastructures routières et de la circulation influencent considérablement la pollution. Il importe donc de préciser ces diverses évolutions pour connaître le contexte général dans lequel on se situe à l’heure actuelle. 9 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Evolutions générales du secteur transport en France : - Le parc automobile français : Au 1er janvier 2006, le parc automobile français (CCFA, 2006a) comptait 36,3 millions de véhicules : véhicules particuliers (VP) et véhicules utilitaires (VU) comprenant les voitures, les poids lourds, les tracteurs… Il n’y en avait que 20,9 millions en 1980 et 30,0 millions en 1995. Le parc automobile a considérablement évolué en 25 ans tant par le nombre que par la nature des véhicules qui le constituent. Au cours des vingt dernières années, les constructeurs d’automobiles ont réalisé des progrès considérables : les émissions de polluants (oxydes d’azote, monoxyde de carbone, particules et hydrocarbures imbrûlés) ont été en moyenne divisées par quatre (CCFA, 2006b). Un parc vieux et mal dépollué est le principal responsable de la pollution automobile. La répercussion des évolutions technologiques et réglementaires sur le niveau global des émissions polluantes est lente car elle se fait au fur et à mesure du renouvellement du parc automobile. L’âge du parc prend toute son importance lorsque l’on sait qu’une voiture vieille de vingt ans pollue aujourd’hui autant qu’une trentaine de voitures neuves (CCFA, 2006b). - Les carburants : L’évolution des différents carburants joue un rôle primordial dans la pollution routière. La composition des polluants issus des véhicules dépend en partie du carburant utilisé. Il est intéressant de mentionner les évolutions actuelles sur l’utilisation de ces derniers. La diésélisation du parc de véhicules se poursuit chaque année (CCFA, 2006 b). Au premier janvier 2006, la moitié des véhicules du parc automobile français possède une motorisation diesel alors qu’il n’y en avait que 8 % en 1980. Ce chiffre est en perpétuelle augmentation avec trois voitures neuves sur quatre qui sont vendues avec une motorisation diesel en 2006 (CCFA, 2006b). L’utilisation quasi généralisée de l’essence sans plomb depuis plusieurs années a permis une nette diminution de la teneur en plomb dans les sédiments. Yousef et al. (1990) et Nightingale (1987) mentionnaient des teneurs allant jusqu’à 1400 mg kg-1 de sédiment (matière sèche). Pagotto (1999) présente des résultats similaires alors que Durand (2003) obtient des concentrations ne dépassant pas 650 mg kg-1. Les faibles concentrations en plomb mesurées 10 Origines et transfert de la pollution par Durand (2003) coïncident avec la diminution de l’essence plombée entre 1984 et 2001 (3276/281 mg kg-1). La mise sur le marché des nouveaux carburants sans soufre est l’occasion de rappeler les efforts conjoints de l’Industrie Pétrolière et de l’Industrie Automobile pour améliorer l’environnement et l’efficacité énergétique. Le programme « carburants sans soufre » (CCFA, 2004) prévoit la distribution progressive de carburants sans soufre (inférieurs à 10 ppm) d’ici le 1er janvier 2009 alors que la teneur en soufre était d’environ 150 et 350 ppm pour l’essence et le gazole avant le 1er janvier 2005. - Le réseau routier : Au 1er janvier 2004, le réseau routier est constitué de la façon suivante (Figure I-1). Réseau routier français au 1er janvier 2004 Autoroutes Routes nationales Voiries départementales Voiries communales 10 383 km 26 625 km 359 644 km 604 308 km Autoroutes concédées Autoroutes non concédées 7 840 km 2 543 km Figure I-1: Constitution du réseau routier français au 1er janvier 2004 (Ministère de l’équipement, 2004). L’évolution du parc autoroutier français est importante, il y avait 1000 km d’autoroute en 1970, 5000 km en 1985 et plus de 10 000 km en 2004. L’augmentation de la superficie imperméabilisée en France entraîne une augmentation du ruissellement et de la pollution des eaux pluviales. 11 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Pollution chronique liée aux véhicules : Les matières premières nécessaires à la construction des véhicules sont variées (Tableau I-1). Tableau I-1 : Matières premières utilisées en construction automobile. Matières premières Quillet, 1983 L’état de la planète, 2005 Métaux ferreux (acier, fer, fonte) 75 % 55 % 5% 6% Lubrifiants et liquides divers 5% 6% Caoutchouc 5% 4% Plastiques et divers 2,5 % 7% Verre 2,5 % - 5% - - 10 % Métaux ou alliages non ferreux (Aluminium, zinc cuivre, plomb, bronze) Garnissages et isolants Divers Ces matières premières peuvent se retrouver dans l’environnement et constituer une source de pollution sur les routes et autoroutes. Les organes du véhicule couramment cités dans la littérature comme à l’origine d’une pollution chronique du milieu en métaux traces et en hydrocarbures sont les pneumatiques, les garnitures de frein, la carrosserie et les autres pièces métalliques. - Les pneumatiques : L’usure des pneumatiques peut entraîner le relargage de métaux lourds dans l’environnement. Pagotto (1999) a réalisé une étude sur les gommes de pneumatiques afin de déterminer les teneurs en éléments traces (Tableau I-2). Tableau I-2: Teneurs en métaux traces dans les pneumatiques en µg g-1(Pagotto, 1999). Cadmium Chrome Cuivre Nickel Plomb Zinc µg g-1 2,5 0,4 1,9 0,9 7,2 10 645 L’apport en métaux traces provenant de l’usure des pneumatiques sera principalement dû au zinc, seul élément trace à présenter des teneurs élevées avec 10 645 ppm. Les autres métaux se trouvent dans des concentrations inférieures à la dizaine de ppm. 12 Origines et transfert de la pollution Legret et Pagotto (1999) estiment à 857 g soit 17 mg km-1 la quantité de gomme provenant de l’usure complète d’un pneu d’une voiture particulière après 50 000 km. Pour un poids lourd, cette quantité peut être doublée. D’autres études ont été menées sur la production de métaux lourds issus des pneumatiques. L’émission annuelle de poussières de pneumatiques a été estimée à 5,3 x 107 kg en 1996 au Royaume Uni (Environment Agency, 1998) et à 2,1 x 108 kg au Japon en 2001 (Adachi et Tainosho, 2004). La poussière de pneu issue de l’abrasion sur les routes en Allemagne a été estimée entre 55 et 657 kg km-1 an-1 (Muschack, 1990). Le zinc issu de la poussière de pneu est un polluant significatif des sols (Smolders et Degryse, 2002), de l’air (Rogge et al., 1993) et des eaux de ruissellement (Davis et al., 2001). Des travaux sur les poussières déposées dans les rues de Kobe au Japon ont démontré la présence de zinc issu des pneumatiques à une concentration de 1,6 g de zinc pour 100 g de poussières (Adachi et Tainosho, 2004). - Les garnitures de frein : Les garnitures de frein utilisées sont constituées de métaux qui se dégradent lors du parcours de l’automobile. Les principaux métaux traces présents dans la structure des garnitures (Pagotto, 1999) sont le cuivre (140 mg g-1), le zinc (21 mg g-1) et le plomb (4 mg g-1). L’usure des plaquettes et garnitures de freins dépend du système employé (disque ou tambour) et de la position des freins sur la roue avant ou arrière du véhicule. On peut néanmoins estimer les quantités de matières émises à environ 20 mg véhicule-1 kilomètre-1 pour les voitures particulières, 29 mg véhicule-1 kilomètre-1 pour les voitures utilitaires et 47 mg véhicule-1 kilomètre-1 pour les poids lourds (Legret et Pagotto, 1999). Le cuivre issu des plaquettes de frein correspondrait à 47 % de la quantité totale de ce métal dans les eaux de ruissellement urbaines (Davis et al., 2001). Le pourcentage de zinc issu des plaquettes correspondrait à 1,2 % de la masse totale des poussières (Adachi et Tainosho, 2004). - La carrosserie et autres pièces métalliques : De nombreuses parties métalliques de véhicules sont susceptibles de se corroder et de générer une pollution métallique. En milieu routier, l’atmosphère ambiante est un milieu corrosif ; on parle de corrosion atmosphérique. Les métaux, alliages et revêtements métalliques peuvent 13 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques être corrodés et parmi ceux susceptibles d’accéder de cette façon au milieu routier, il y a certains métaux traces comme le cuivre, le zinc et le nickel. Afin de limiter les phénomènes de corrosion, certains produits sont utilisés (peinture et enduit). Ils peuvent également être à l’origine d’une pollution métallique car ils contiennent de nombreux pigments riches en métaux traces tels que le plomb ou le cadmium. Cependant, aucun élément de bibliographie ne permet d’estimer les quantités de polluants entraînés dans le milieu à partir de ces sources potentielles. - Emissions liées à l’utilisation de fluides : Les fluides utilisés dans un véhicule peuvent occasionner des émissions polluantes par le biais d’émissions à l’échappement, d’émissions évaporatives et de fuites. Les émissions à l’échappement résultent de la combustion du carburant et sont influencées par de nombreux facteurs, regroupant des variables propres aux véhicules et à leurs usages (Pagotto, 1999). Les progrès technologiques réalisés sur le carburant (disparition du plomb et du soufre) et sur les véhicules permettent de réduire les émissions des voitures. L’arrivée des pots catalytiques a permis une diminution des émissions de monoxyde de carbone, monoxyde d’azote et hydrocarbures imbrûlés (Barefoot, 1997). En contre partie, les pots catalytiques apportent des émissions de platine et palladium lorsque la durée de vie du véhicule atteint 80 000 km. Des fuites de fluides peuvent apparaître avec l’usure des véhicules. Ces déversements de carburant, de liquide de refroidissement, d’huile moteur, de liquide de freinage peuvent contenir des quantités importantes de métaux traces. Pagotto (1999) a montré que 1060 mg kg-1 de zinc sont présents dans les huiles moteurs. Pollution chronique liée aux infrastructures routières : Les infrastructures routières participent également à la pollution chronique d’un milieu routier, notamment la chaussée et les barrières de sécurité. - La chaussée : Pagotto (1999) a réalisé une synthèse sur les émissions de métaux traces et d’hydrocarbures résultant de l’abrasion de la chaussée. Les gammes de flux sont très larges avec des teneurs comprises entre 0,2 et 8,6 µg veh-1 km-1 pour le chrome ; 0,008 et 1,9 µg veh-1 km-1 pour le cuivre ; 0,06 et 28,8 µg veh-1 km-1 pour le nickel ; 0,01 et 2,4 µg veh-1 km-1 pour le plomb ; 14 Origines et transfert de la pollution 0,1 et 4,3 µg veh-1 km-1 pour le zinc et 190 et 1200 µg veh-1 km-1 pour les hydrocarbures. Les peintures de marquage au sol sont également une source potentielle de métaux, en particulier de plomb et de titane (Chocat, 1997). - Les glissières de sécurité : Les glissières de sécurité aux bords des routes et des autoroutes sont couramment réalisées en acier galvanisé. Ces glissières sont soumises à l’action de l’air, de l’eau, des traitements saisonniers et se corrodent. Les eaux de pluie qui ruissellent sur ces glissières entraînent des polluants métalliques, en particulier du zinc. Balades et al. (1984) ont mesuré au cours de différents épisodes pluvieux les teneurs en zinc d’eaux de ruissellement recueillies à la base d’une glissière sur l’autoroute A 61. Ils ont déterminé des charges en zinc comprises entre 66 et 98 g km-1 de glissière en fonction de la hauteur d’eau précipitée (5 à 30 mm). Pagotto (1999) a réalisé un dispositif expérimental pour suivre la qualité des eaux qui ont ruisselé sur une portion de glissière au cours d’une année. La charge en zinc obtenue (1050 mg m-1 an-1) est inférieure à celle déterminée par Balades sur site autoroutier. Cette différence souligne la variabilité due à la pluviométrie, la corrosion et aux conditions expérimentales. 1.1.1.2 Pollution saisonnière : Le sel : La pollution saisonnière est due principalement à la maintenance hivernale. Chaque année, il est consommé entre 300 000 tonnes (hiver doux) et 1,5 millions de tonnes (hivers rigoureux) de fondants routiers sur le réseau national. Cependant, des conditions d’ordre économique, technique et écologique encouragent de plus en plus à une limitation de l’emploi de ces produits (CETE de L'Est, 1989). Les sels de déneigement couramment utilisés sont le chlorure de sodium et le chlorure de calcium. Du fait de leur nature, des différents adjuvants antimottants, des traces de métaux (plomb, cuivre, zinc…) qu’ils contiennent en faibles quantités, les sels sont une source de pollution vis à vis des eaux de l’assainissement pluvial. La composition des sels utilisés a évolué avec le temps. Il y a une nette diminution des éléments traces métalliques (plomb et zinc) présents dans les sels de deverglaçage entre 1975 15 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques et 1999. Pagotto (1999) a déterminé les teneurs en métaux traces des sels de deverglaçage (chlorure de sodium) et les a comparées avec des études antérieures (Tableau I-3). Tableau I-3: Teneurs en métaux des sels de deverglaçage, en mg kg-1. Métal (Hedley et Lockley, 1975) (Stotz et Krauth, 1994) Cadmium (Pagotto, 1999) - 0,2 0,1 Chrome 4,7 2,0 - Cuivre - 2,0 0,6 Nickel 12,0 - - Plomb 8,7 4,0 1,6 Zinc 8,7 < 10 < 0,3 D’autres éléments sont incorporés dans le sel comme le ferrocyanure ferrique ou sodique pour empêcher la prise en masse du sel et du chlorate ou hexamétaphosphate de sodium pour limiter la corrosion. Tous ces produits solubles se retrouvent dans les eaux de ruissellement drainées par les chaussées. Les quantités de sels épandues prennent alors trois destinations : les voitures et les installations métalliques par projection, aggravant la corrosion, le bas côté, contaminant sols et végétaux et les fossés d’évacuation des eaux. Les pesticides : Les pesticides utilisés en agriculture, pour l’entretien des espaces verts, des jardins, des réseaux de voiries routières ou ferrées et de leurs accotements sont les principaux biocides susceptibles d’être retrouvés dans les sédiments de l’assainissement pluvial. Les pesticides et polluants organiques sont transportés par les eaux de ruissellement du sol jusqu’aux sédiments des bassins (Gao et al., 1998a), (Gao et al., 1998b). Pour les sols, il existe des valeurs guides pour la gestion des sites contaminés (Gourdon et al., 1994). - Entretien des voiries et accotements Les herbicides pulvérisés pour l’entretien des routes et des dépendances routières sont les plus susceptibles d’être présents dans les ouvrages de rétention et d’infiltration des eaux de ruissellement. Pour l’entretien des voiries et des accotements, les collectivités, les gestionnaires d’autoroutes et les services de l’Equipement ont recours à des pesticides dans des proportions diverses. Les herbicides totaux (diuron, glyphosphate…) peuvent être utilisés 16 Origines et transfert de la pollution au niveau des glissières de sécurité, des panneaux de signalisation et aux abords immédiats de la chaussée pour éliminer les obstacles à la visibilité (SETRA, 1994). Dans les secteurs à trafic important, les fauches peuvent être remplacées par une utilisation massive des produits phytosanitaires afin de préserver la sécurité des agents. - Entretien des espaces verts En milieu urbain, l’entretien des espaces verts (parcs et jardins, terrains de sports, cimetières…) par les communes et les particuliers se traduit par la consommation de différents herbicides susceptibles d’être retrouvés dans les sédiments de l’assainissement pluvial. Selon Miquel (2003), l’épandage moyen de tous les produits confondus serait de 13,4 kg ha-1 an-1 de pesticides sur les surfaces traitées. - Concentrations de pesticides dans les eaux de pluies et dans les eaux de ruissellement Des traces de pesticides dans les pluies sont constatées sur l’ensemble du territoire français. Les résultats sont très variables selon les régions et les années. Miquel (2002) a mesuré les eaux de pluie en Bretagne lors de deux campagnes en 1996 et 2000 (Tableau I-4). Tableau I-4: Concentrations en atrazine et en alachlore sur les eaux de pluie en Bretagne en 1996 et 2000. Atrazine Alachlore 1996 2000 1996 2000 Concentration moyenne sur 12 relevés en µg l-1 1,5 0,1 3,8 0,25 Concentration maximale en µg l-1 4,6 0,6 24 2,4 La forte baisse constatée en 2000, année de pluviométrie importante, révèle l'importance des conditions climatiques. Les concentrations pour l'atrazine et l'alachlore, qui sont les deux principaux pesticides du maïs, peuvent atteindre 10, 20, voire plus de 200 fois les normes tolérées pour l'eau potable. Des teneurs en pesticides ont également été constatées dans les eaux de ruissellement par Crabtree et al. (2005) avec notamment la présence de simazine, glyphosate, diuron ou atrazine. 17 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques - Concentrations de pesticides dans les sédiments de l’assainissement pluvial Peu de mesures ont été effectuées sur les concentrations en pesticides dans les sédiments d’assainissement pluvial. Les études de Durand (2003) sur les sédiments des bassins de Wissous, Ronchin, Cheviré et Saint Joseph ont montré la présence d’organochlorés dans les sédiments issus de l’assainissement pluvial à des concentrations comprises entre 0,2 et 10 µg kg-1 de matière sèche (Tableau I-5). Tableau I-5: Teneurs en pesticides en µg kg-1 de matière sèche dans 4 sédiments de bassins. Composés Wissous Ronchin Cheviré Saint Joseph µg kg-1 de MS Alfa HCH 0,2 0,2 < l.d < l.d Lindane 0,2 1,7 2,2 2,0 Heptachlore 0,5 < l.d 0,2 < l.d Aldrine 0,3 0,2 < l.d < l.d Alfa endosulfan < l.d < l.d 0,4 1,1 1,1 1,8 1,2 9,8 Dieldrine 4,8 0,7 < l.d < l.d Endreine 6,2 5,2 < l.d 2,9 DDD2 < l.d 1,6 1,5 10,0 Beta endosulfan < l.d 0,2 < l.d < l.d 0,8 1,5 0,7 2,0 DDE DDT 1 3 Les sédiments de Saint Joseph présentent les teneurs en pesticides les plus élevées avec 9,8 µg kg-1 de DDE et 10 µg kg-1 de DDD. Les sédiments de Wissous et Ronchin ont des teneurs importantes en endreine avec 6,2 µg kg1 et 5,2 µg kg-1. La concentration en dieldrine est également élevée dans les sédiments de Wissous. 1 DDE : Dichlorodiphényldichloroéthylène 2 DDD : Dichlorodiphényldichlorométhane 3 DDT : Dichlorodiphényltrichloroéthane 18 Origines et transfert de la pollution Les sédiments de Cheviré présentent des teneurs faibles en pesticides ; ceci s’explique par l’absence de végétation sur la surface drainante du pont. 1.1.1.3 Conclusion : L’étude de la littérature a permis d’identifier les principales sources d’éléments traces métalliques, d’hydrocarbures et de pesticides en milieu routier (Figure I-2). Echappement : Pneumatiques : Hydrocarbures Plomb H.A.P Zinc Carrosserie : Garnitures de frein : Zinc Cuivre Nickel SOURCES Zinc Plomb DE METAUX LOURDS ET Nickel D’HYDROCARBURES DANS L’ENVIRONNEMENT Glissières de sécurité : Chaussées : Sels : Pesticides : Zinc Hydrocarbures Cuivre Atrazine Chrome Plomb Diuron Zinc Glyphosphate Figure I-2: Principales sources de pollution identifiées dans la littérature. Les différentes unités utilisées pour quantifier l’importance des diverses sources rendent la comparaison des origines de polluants relativement compliquée. Pour avoir une vision plus globale, de leurs importances relatives, Pagotto et al. (2001) ont travaillé sur un seul site et sur une période de temps définie pour évaluer les quantités de polluants rejetés sur un kilomètre de route (trafic journalier de 12 000 véhicules, chaussée à 2 voies) et pendant une durée d’une année (Tableau I-6). 19 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Tableau I-6: Estimation des émissions polluantes en (g km-1 an-1) (Pagotto et al., 2001). Véhicules Infrastructures Entretien Total Pneumatiques Plomb Garnitures de freins Echappement Chaussée Glissières Sel 2,6 438 7 227 0,01 2,0 8,5 7678 3798 2462 48,6 1,5 978 1,3 7289 Cuivre 0,7 16 080 19,9 1,4 0,2 3,4 16106 Cadmium 0,9 0,3 0,04 0,002 0,2 0,6 2,0 Chrome 0,2 18,4 1,5 4,3 - - 24,4 Zinc Les quantités de métaux lourds sont relativement importantes avec 16 kg km-1 an-1 de cuivre, 7,6 kg km-1 an-1 de plomb, 7,3 kg km-1 an-1 de zinc apportées principalement par les garnitures de frein, les pneumatiques, les échappements et les glissières. Les quantités de chrome et de cadmium sont beaucoup moins importantes. 1.1.2 Transfert des polluants par les eaux pluviales : Les charges polluantes à l’origine de la contamination des eaux de ruissellement sur la chaussée sont constituées par : • les apports atmosphériques liés à la pollution de fond, • les apports dus aux ruissellements des chaussées, • les apports dus aux ruissellements des toitures et des voiries. Les eaux de ruissellement des toitures et voiries ne feront l’objet d’aucune étude lors de cette thèse. Le contexte choisi est celui des eaux de ruissellement sur routes et autoroutes pouvant se déverser dans les fossés et bassins. 1.1.2.1 Apports atmosphériques : Ces apports se présentent sous forme de particules fines qui retombent sur le sol en période de temps sec ou sous forme de retombées humides. Le retour au sol des éléments émis ne se limite pas aux zones urbaines et industrielles. Les vents propagent et diluent ce type de pollution sur des zones vastes et parfois très éloignées. Il convient d’ajouter les particules lourdes séjournant peu de temps dans l’air et qui se déposent sur le sol au voisinage de leur lieu d’émission (scories lourdes, fumées et certaines particules des gaz d’échappement). 20 Origines et transfert de la pollution Retombées atmosphériques humides : Ces retombées correspondent aux lessivages de l’atmosphère par les eaux météoriques. Mottier et Boller (1992), Pagotto (1999) et Ruban et al. (2005) ont réalisé des analyses d’eau de pluie. Les résultats sont répertoriés dans le Tableau I-7. Les teneurs en polluants déterminées par Pagotto sur le site du LCPC sont plus faibles que celles répertoriées par Mottier et Boller. Les différences observées, d’un site à l’autre, sont dues aux sources locales de pollution atmosphérique, à la topographie du site, aux conditions météorologiques et aux techniques d’échantillonnage et d’analyse (Gromaire-Mertz, 1998). Le caractère très acide de certaines pluies (pH<4,5) est susceptible d’augmenter leur agressivité chimique vis à vis des matériaux sur lesquels elles ruissellent (glissières, véhicules…). Tableau I-7: Qualité des eaux de pluies. : moyenne sur quatre analyses (deux pluies en été et deux pluies en hiver). (2) : synthèse de valeurs moyennes provenant de différentes études mondiales. (3) : moyenne de 4 pluies sur une année en région nantaise. Paramètres (Pagotto, 1999) (1) (Mottier et Boller, 1992) (2) Ruban et al. (2005)(3) (1) pH 5,5 4,9 – 5,9 5-7 3,0 17,0 - - 5 – 25,6 - - 86 – 520 - 0,13 0,5 – 5 < 0,1 Chrome (µg L-1) - 0,97 – 2 2 Cuivre (µg L-1) 2,6 1,5 – 14 2 Nickel (µg L-1) - - 2 Plomb (µg L-1) 3,6 5 – 200 <1 Zinc (µg L-1) 43,4 5 - 200 < 10 M.E.S (mg L-1) -1 D.C.O (mg L ) -1 H.A.P (ng L ) Cadmium (µg L-1) Les polluants métalliques sont majoritairement sous forme dissoute dans les eaux de pluie, à plus de 70 % pour le plomb, le cuivre, le cadmium et le zinc (Garnaud et al., 1998). Retombées atmosphériques sèches : Il s’agit de dépôts qui ont lieu en l’absence de précipitation. Ces retombées ont été évaluées par différents auteurs, en milieu urbain ou péri-urbain (Tableau I-8). 21 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Tableau I-8: Retombées atmosphériques sèches en g ha-1 an-1. Références Cadmium Chrome Cuivre Nickel Plomb Zinc g ha-1 an-1 (Revitt et al., 1990) 3,3 - 17 - 66 61 (Golomb et al., 1997)– site 1 1,2 13 19 10 18 54 (Golomb et al., 1997)– site 2 1,4 12 21 8 8 48 Des écarts importants, liés notamment au type d’occupation des sols (zone commerciale, résidentielle ou industrielle) sont observés. Retombées totales : Pagotto (1999) a réalisé une estimation des apports cumulés des retombées sèches et humides sur le site du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (15 km du site de l’A11) et les résultats sont comparés aux valeurs relevées dans diverses publications (Tableau I-9) Tableau I-9: Retombées atmosphériques totales en g ha-1 an-1. (1) : cité par (Revitt et al., 1990) ; (2) : cité par (Johnston et Harrison., 1984) Références Cadmium Cuivre Plomb Zinc - 77 - 530 182 - 680 350 - 2 100 (Revitt et al., 1990) 2,8 - 14 8,4 - 66,1 93 - 566 94,5 - 680,5 (Golomb et al., 1997) 2,6 - 2,7 24 - 26 14 - 23 76 - 80 (Johnston et Harrison, 1984) 5,2 20,8 93,6 - (Alloway et al., 1999) 1,83 55,9 42,4 220 (Pagotto, 1999) 0,8 13,5 12,5 180 Cawse (1974) (1) Les dépôts atmosphériques contiennent des métaux en proportion notable, en particulier du zinc. On notera, par comparaison des Tableau I-8 et Tableau I-9, que la contribution de la pluie à ces apports atmosphériques n’est pas négligeable. Les faibles retombées totales mesurées par Pagotto s’expliquent par le milieu rural où se situe la zone étudiée. De plus, les valeurs se rapprochent de celles de Alloway et al. (1999) mesurées elles aussi en milieu rural. Les autres mesures ont été effectuées dans des zones urbaines ou péri-urbaines. 22 Origines et transfert de la pollution 1.1.2.2 Apports par ruissellement sur les chaussées routières : Les substances polluantes présentes dans les eaux de ruissellement ont pour principales origines : • les émissions gazeuses provenant de la combustion des carburants (dioxyde de soufre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone, HAP, plomb,…), • l’usure des revêtements (bitume, sable,…), des véhicules (peintures, métaux lourds dont le cuivre, chrome, cadmium,…) et des glissières de sécurité (Zinc,…), • les pertes de carburants et de lubrifiants (hydrocarbures), • les apports en fondants chimiques (NaCl, CaCl2, KCl et leur additif : phosphates, nitrates, ferrocyanures, chrome) et en produits phytosanitaires (herbicides). Durand (2003) a recensé les niveaux de contamination des eaux de ruissellement (Tableau I-10). Tableau I-10: Concentrations en polluants des eaux de ruissellement sur chaussée autoroutière. Cd Cu Pb Zn Description des HC Références Sites -1 sites (mg L ) (µg L-1) (µg L-1) (µg L-1) (µg L-1) (Stotz, 1987) Allemagne 41 000 veh j-1 2x2 voies enrobé classique (Stotz, 1987) Allemagne 47 000 veh j-1 2x2 voies enrobé classique (Stotz et Allemagne 35 000 veh j-1 7,0 5,9 97 202 360 5,5 5,9 117 245 620 0,3 1,7 70 96 596 Krauth, 1994) 2x2 voies enrobé drainant (Grange et France enrobé classique 3,2 < 0,1 16 <2 190 al., 1995) 2x2 voies enrobé drainant 1,7 < 0,1 6 <1 63 USA 58 100 veh j-1 4,2 - 37 53 222 1,4 - 7 15 44 4,4 2,5 24,2 21 - (Barrett et al., 1998) 2x3 voies enrobé classique (Barrett et al., Convict 1998) Hill road (Wu et al., 1998) USA 8 880 veh j-1 25 000 veh j-1 2x3 voies enrobé classique 23 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Malgré une dispersion importante des niveaux de contamination, ces études témoignent de l’existence d’une pollution notable des eaux de ruissellement sur la chaussée autoroutière. De nombreux paramètres sont liés à la contamination des eaux de ruissellement : • la densité du trafic : si Barrett et al . (1998) ont démontré que la pollution évolue avec le trafic, d’autres auteurs affirment néanmoins le contraire et n’observent aucune relation entre les concentrations en polluants et le trafic (Crabtree et al., 2004, 2006), • la diminution des niveaux d’émissions du fait des progrès technologiques et réglementaires : un changement au cours du temps de la qualité des eaux de ruissellement est observé. Cette tendance est particulièrement nette dans le cas du plomb (Barrett et al., 1998), • le type de chaussée : une réduction significative des niveaux de contamination a été notée avec un enrobé de type drainant par comparaison à un enrobé de type classique pour des revêtements récents (Grange et al., 1995; Stotz et Krauth, 1994), • la rigueur de l’hiver qui va déterminer les quantités de sels épandues. Ces salages peuvent augmenter les teneurs en chlorures et sulfates (Stotz et Krauth, 1994) des eaux mais aussi la quantité des matières en suspension et des métaux, • les précipitations qui vont en fonction de leurs caractéristiques physiques et chimiques influencer la mobilisation et le transport des polluants, • la direction et la force des vents. La pollution est transportée par les eaux de ruissellement, soit sous forme dissoute, soit sous forme particulaire, fine ou grossière (Chebbo, 1992; Gosse, 1997; Gromaire-Mertz, 1998). Yousef et al. (1984) ont réalisé une étude sur la répartition entre les formes dissoutes et particulaires des polluants dans les eaux de ruissellement sur chaussées. Ils ont montré que le plomb, le chrome et le cadmium sont à plus de 80 % associés aux particules ; le zinc et le nickel sont majoritairement sous forme dissoute à 67,5 et 92,5 % et que le cuivre se répartit entre les deux formes de façon à peu près équivalente (48 % particulaire et 52 % dissous). Hewitt et Rashed (1992) ont trouvé une répartition analogue pour le plomb, mais une proportion de cuivre et de cadmium associés aux particules plus élevée (respectivement 75 % et 57 % sous forme particulaire). Berbee et al. (1999) ont observé une fraction supérieure à 75 % de tous les métaux (Pb, Cu, Cd, Zn, Ni, Cr) associés aux particules. Ils ont noté aussi 24 Origines et transfert de la pollution que le type d’enrobé affecte la répartition de certains métaux (Cu, Zn, Ni). Les hydrocarbures sont quant à eux principalement associés aux particules (à plus de 90%) (Walker et al., 1999). 1.1.3 Collecte des eaux pluviales : La collecte des eaux pluviales comme des eaux usées repose sur trois principes fondamentaux de l’assainissement urbain considérés depuis le XIXème siècle : • évacuer rapidement et sans stagnation, loin des habitations, tous les déchets d’origine humaine ou animale susceptibles de provoquer des odeurs ou des putréfactions nuisibles pour la santé des habitants ; • éviter que les produits évacués puissent, par leur destination finale, dégrader le milieu naturel en créant des conditions dangereuses ; • évacuer rapidement vers le milieu naturel les eaux de ruissellement pour éviter des inondations des voies publiques. Ces principes ont été modifiés avec l’introduction des techniques alternatives de l’assainissement 1.1.3.1 Les réseaux unitaires : Pendant plusieurs décennies, ces trois principes ont été respectés par la création des réseaux de collecte dits « unitaires », où les eaux usées provenant des ménages et les eaux de pluie étaient mélangées. C’est le principe « du tout à l’égout » qui est officialisé par le décret de 1894. A partir du XXème siècle, des problèmes ont commencé à apparaître avec ce type de réseaux. Une dégradation très importante des milieux récepteurs des eaux urbaines a été constatée et le coût des réseaux est devenu de plus en plus inabordable pour des agglomérations en expansion. Une solution différente et moins chère s’est imposée pour continuer à respecter les principes de l’assainissement urbain : les réseaux séparatifs. 1.1.3.2 Les réseaux séparatifs : Ils collectent d’une part les eaux usées qui sont envoyées vers des stations de traitement en aval des villes et en amont des exutoires vers le milieu naturel, tandis que d’autres réseaux drainent directement les eaux de pluies vers le milieu récepteur naturel. Ce nouveau concept 25 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques considérait que les eaux de ruissellement n’étaient pas polluées et pouvaient ainsi être déversées directement dans le milieu naturel. 1.1.3.3 Les bassins de retenue : A partir des années cinquante, de nouveaux problèmes sont apparus ; la croissance exponentielle de la population urbaine a entraîné l’imperméabilisation de surfaces de sols très importante, ce qui a eu comme conséquence une augmentation considérable du débit de ruissellement. Les communes n’avaient souvent pas les moyens de construire de nouveaux réseaux d’évacuation d’eaux pluviales, ceci a provoqué des retards importants en termes d’assainissement. Des bassins de retenue d’eaux de pluie ont été créés. Ces bassins vont permettre de stocker les eaux de pluie pendant les événements pluvieux pour les acheminer ensuite à faible débit vers les exutoires naturels, évitant ainsi le risque d’inondation et la construction importante de canalisations. Ces bassins présentent des intérêts multiples ; leur évolutivité vis à vis du développement urbain, la facilité d’agrandissement du volume retenu en fonction de la croissance urbaine (Chocat, 1997), la sécurité hydraulique et l’intégration dans le paysage urbain. On peut trouver différents types de bassins : bassins à ciel ouvert sec ou en eau et bassins enterrés. Le choix entre les différents types dépendra de la surface disponible et du contexte urbain mais surtout de la nature du sous sol, ainsi que de la présence d’une nappe et de son niveau (Chocat, 1997). Ces bassins possèdent néanmoins des désavantages car ils ne garantissent pas de résoudre le problème de la pollution des eaux pluviales. Les effluents de ruissellement fortement chargés sont rejetés dans le milieu naturel sans aucun traitement préalable. Cette préoccupation a abouti à la conception d’un autre type de bassin fondé sur des techniques de décantation et d’infiltration des eaux pluviales avant rejet. Ces bassins ont été conçus pour capter la majeure partie des matières solides entraînées par les eaux pluviales afin de réduire la charge polluante des eaux évacuées vers le milieu naturel. Cette décantation des particules en suspension va entraîner l’accumulation de sédiments au fond des bassins. Les sédiments accumulés au fond de ces bassins doivent être curés pour maintenir ou restituer les fonctions de ces ouvrages. Le volume important de ces résidus constitue un réel enjeu économique et environnemental. La quantification et la caractérisation de ces sédiments constituera la seconde partie de cette étude bibliographique. 26 Quantification et caractérisation 1.2 Quantification et caractérisation des sédiments issus des fossés et bassins 1.2.1 Estimation des gisements : Une quantification précise des quantités de sédiments présents dans les fossés et bassins demeure très difficile à obtenir. Plusieurs explications peuvent être données ; parmi celles ci, la diversité des gestionnaires (directions départementales de l’équipement, collectivités, sociétés d’autoroutes…) n’aide pas à une évaluation globale ; par ailleurs, l’estimation volumique est parfois difficile (bassin en eau). Une extrapolation grossière, issue d’estimation ou de diverses enquêtes, à l’ensemble du territoire français, permet d’obtenir des tonnages en sédiments provenant des réseaux routiers et autoroutiers. Deux procédures d’évaluation ont été répertoriées : Estimations Fournier (2000) a réalisé une estimation de la masse de sédiments déposés par unité de surface et a extrapolé au linéaire routier et autoroutier français afin d’obtenir des estimations des dépôts à l’échelle du territoire (Tableau I-11). Tableau I-11: Estimations des dépôts sur la voirie routière nationale (Fournier, 2000). Linéaire Largeur Estimation du Quantité de sédiments (km) (m) dépôt (g m-2 j-1) (million de tonnes an-1) Autoroutes 7 500 25 à 30 2,5 à 4 0,17 à 0,33 Routes nationales 26 000 8à9 2,5 à 4 0,18 à 0,34 Routes départementales 300 000 6à7 - - La quantité de sédiments déposés sur les routes nationales et autoroutes serait comprise entre 0,35 et 0,67 million de tonnes par an. Enquêtes Des enquêtes menées auprès des directions de l’équipement et des sociétés autoroutières (ONR, 2001; SETRA, 1995b) permettent d’estimer la quantité globale de sédiments au niveau 27 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques du territoire français (Tableau I-12) en prenant pour les boues une densité de 1,2, une teneur en eau moyenne de 50 % les bassins et 20 % pour les fossés (Ruban et al., 2003). Tableau I-12: Estimations grossières des quantités de sédiments curés à l’échelle du territoire. * : Tonnes de matière sèche de sédiments curés en une année. Ouvrages de curage Tonnes de MS par an* (SETRA, Bassins 52 000 1995b) Fossés 4 145 454 Bassins autoroutiers 3 135 000 Références (ONR, 2001) Sociétés autoroutières Bassins routes Bilan (million de tonnes) 4,2 2 280 000 nationales Fossés 304 320 AREA 18 000 Paris Rhin Rhône 7 500 ASF 270 000<<1 350 000 5,7 - Bien que les différentes estimations donnent des résultats très hétérogènes, les quantités évaluées restent très importantes. A titre de comparaison, la production annuelle française de boues des stations d’épuration des eaux résiduaires urbaines (matière sèche) était estimée à 850 000 tonnes en 1999 et à 1 000 000 tonnes en 2006 (IFEN, 2006). A ces volumes et coûts, viennent s’ajouter ceux des produits issus des réseaux urbains et périurbains qui sont évalués par les différentes communautés urbaines des grandes villes françaises (Tableau I-13). Toutes les opérations ne sont pas réalisées en régie ; il faut donc ajouter à ces volumes les déchets collectés par les sociétés de sous-traitance. Tableau I-13: Estimations des quantités de sédiments issus des réseaux urbains et périurbains. Nature du produit Tonnage par an Références CUBordeaux Balayage de chaussées 18 000 (Sermanson, 1998) CUNantes Balayage de chaussées 13 000 (Heudier, 2005) National Balayage de chaussées 1 000 000 (Kempf, 2001) National Curage des réseaux 800 000 (Domas et al. 2000) 28 Quantification et caractérisation Des agglomérations comme Nantes et Bordeaux affichent des quantités de produits de balayage comprises entre 13 et 18 mille tonnes par an alors qu’à l’échelle nationale, un million de tonnes de produits de balayage et huit cent mille tonnes de produits issus du curage des réseaux sont collectées chaque année. 1.2.2 Caractérisation des sédiments : La caractérisation fine des polluants des sédiments et la connaissance des associations polluants-sédiments, nécessite la mise en œuvre de différentes techniques d’analyse, tant physiques que chimiques. La plupart de ces techniques : microscopie électronique à balayage, séparations granulométriques, minéralisation, dosage par absorption ou émission atomique, extractions séquentielles,… ont souvent été utilisées pour caractériser des sédiments de l’assainissement pluvial. Toutefois, l’emploi simultané de plusieurs techniques complémentaires a récemment permis d’offrir un avantage indéniable dans la compréhension des différentes interactions entre les polluants et les sédiments (Durand, 2003). 1.2.2.1 Fond géochimique et sédiment non pollué : Avant d’évaluer la teneur en éléments polluants des sédiments issus de l’assainissement pluvial, il est indispensable de tenir compte du fond géochimique du sol français (Tableau I-14). Tableau I-14: Gamme de valeurs « ordinaires » et d’anomalies naturelles (Baize, 2000). Gammes de valeurs observées en mg kg-1 Dans les sols ordinaires de Dans le cas d’anomalies Dans le cas de fortes toutes granulométries naturelles modérées anomalies naturelles Cd 0,05 à 0,45 0,70 à 2,0 2,0 à 16,0 Cu 2 à 20 20 à 62 65 à 102 Pb 9 à 50 60 à 90 100 à 3000 Zn 10 à 100 100 à 250 250 à 3800 Bien qu’il s’agisse de processus naturel, le sol peut être fortement pollué dans le cas de fortes anomalies. De plus, des études de caractérisation ont été réalisées par Kadlec et Knight (1996) pour déterminer les concentrations en éléments traces métalliques dans un sol non pollué (Tableau I-15). 29 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Tableau I-15: Concentrations en éléments traces métalliques dans un sol non pollué (en mg kg-1). Cr Zn Cd Pb Ni Cu (Lee et al., 1997) (Scholes et al., 1998) / 50 0,5 30 / / 7 – 71 23 – 50 0,1 – 2,0 4 – 40 2 – 23 4 – 20 Les résultats de caractérisation des éléments traces métalliques devront être comparés aussi bien au fond géochimique naturel français moyen, aux sédiments de bassins non pollués, qu’aux différentes normes utilisées comme référentiel. 1.2.2.2 Caractérisation physique : Etude comparative granulométrique : La taille des particules est souvent considérée comme un facteur important car la surface spécifique des petites particules est supérieure et par conséquent le nombre de sites d’adsorption pour les différents métaux est plus élevé (Jenne, 1968). Vignoles (1991) a montré que 70 à 80 % des particules présentes dans les sédiments étaient inférieures à 50 µm. Roger et al. (1998) présentent des résultats similaires avec plus de 86 % de particules inférieures à 100 µm et environ 78 % inférieures à 50 µm. La dimension des particules peut être évaluée par les différents indices granulométriques notamment les d10, d50 et d90 qui correspondent à la dimension des particules à 10, 50 et 90 % de la répartition massique ainsi que par le pourcentage massique de particules inférieures à 100 µm (Tableau I-16). Les résultats issus des sources bibliographiques montrent une grande hétérogénéité dans la répartition granulométrique des particules présentes dans les sédiments de l’assainissement pluvial. A l’exception du bassin de Montsouris, Durand (2003) et Jacopin (1999) présentent des résultats similaires à ceux de Vignoles (1991) et Roger et al. (1998) avec des sédiments relativement fins. Les d50 varient de 20 à 40 µm et les pourcentages de particules inférieures à 100 µm de 74 à 89 %. Vaze et Chiew (2002), Zanders (2005), Adachi et Tainosho (2005) et Durand (2003) avec le bassin de Montsouris présentent des sédiments beaucoup plus grossiers avec seulement 10 à 36 % de particules inférieures à 100 µm. 30 Quantification et caractérisation Tableau I-16: Distribution granulométrique des sédiments de bassins. Auteurs Localisation d (0,1) d (0,5) d (0,9) < 100 µm µm µm µm % Wissous 5 29 267 83 Ronchin 3 20 138 89 Cheviré 5 29 601 81 Saint Joseph 5 28 137 86 Montsouris 107 444 3005 10 Bourgail (1996) 6 34 226 76 Bourgail (1997) 5 40 281 74 Nouvelle Zélande - - - (Adachi et Tainosho, 2005) Kobe, Japon (2003) - 190/210 - 22 (Vaze et Chiew, 2002) Melbourne (1999) - - - 10 (Durand, 2003) (Jacopin, 1999) (Zanders, 2005) 18 36 De plus, la granulométrie peut varier à l’intérieur d’un même bassin ; les particules grossières sédimentant beaucoup plus rapidement que les particules fines. Lee et al. (1997) obtiennent des différences de granulométrie entre les sédiments prélevés en amont ou en aval du bassin ; on note aussi de telles différences dans les travaux de Durand (2003) (Tableau I-17). Tableau I-17: Distribution granulométrique des sédiments de bassins en fonction du lieu de prélèvement. Bassins Prélèvement d (0,1) d (0,5) Cheviré Saint Joseph µm µm Amont 7,4 37,4 Milieu 5,0 27,2 Aval 3,9 24,0 Chambre à sable 7,6 75,0 Amont 7,5 49 ,1 Milieu 4,2 23,0 Aval 3,1 12,6 31 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques On observe une diminution granulométrique d’amont en aval dans les bassins avec des d50 variant de 37,4 µm à 24,0 µm pour Cheviré et de 49,1 µm à 12,6 µm pour Saint Joseph. Etude minéralogique : Les analyses minéralogiques conduites sur les boues de curage de fossés et bassins sont pratiquement inexistantes. Les seules informations trouvées dans la littérature concernent la caractérisation minéralogique de boues de bassins de décantation (Durand, 2003; Lee, 1996; Roger et al., 1998). L’identification minéralogique est effectuée par diffractométrie des rayons X. Une simple observation à la loupe binoculaire permet néanmoins d’identifier rapidement les principaux minéraux qui constituent la matrice de la boue, tels que le quartz, les feldspaths, les carbonates. Une caractérisation spécifique sur lame orientée permet de déterminer les argiles (kaolinite, l’illite et smectites). La fraction organique se présente sous des formes très variées : débris végétaux, micro-organismes, colloïdes etc. L’étude de Lee (1996) montre logiquement que la composition minéralogique varie en fonction de la nature des bassins versants. Les minéraux les plus fréquemment rencontrés dans les sédiments de bassins sont le quartz, la kaolinite, la montmorillonite, l’illite, les feldspaths et la calcite. L’abondance relative des minéraux varie d’un bassin à un autre. Durand (2003) a montré par diffractométrie des rayons X que le quartz et la calcite sont les structures les plus importantes dans les fractions inférieures à 40 µm. Les plagioclases, chlorites et illites sont présents en plus grande quantité que les kaolinites, microclines et amphiboles qui sont à l’état de traces. Tous ses résultats sont confirmés par microscopie électronique à balayage (MEB). Les analyses au MEB de la fraction ferromagnétique (40 – 80 µm) ont montré la présence de nombreux oxydes de fer ainsi que de nombreux alliages à base de Ni, Cr, Cu, Mo, Zn, et Pb dans les différents sédiments. Roger et al. (1998) ont étudié par diffractométrie des rayons X la répartition des minéraux contenus dans les sédiments (Tableau I-18). 32 Quantification et caractérisation Tableau I-18: Pourcentages des différents minéraux par classes granulométriques (Roger et al., 1998). Orthoclase Gypse Quartz Calcite Dolomite Siderite Classes Albite µm % 500-1000 5 8 0 30 24 1 0 200-500 4 8 0 37 19 1 0 100-200 5 9 2 34 14 3 0 50-100 7 0 3 29 11 4 0 < 50 4 0 2 14 12 2 0 Ces résultats montrent un enrichissement minéral dans les fractions les plus grossières avec 30 % de quartz et 24 % de calcite dans la fraction supérieure à 500 µm alors qu’il n’y a que 14 % de quartz et 12 % de calcite dans la fraction inférieure à 50 µm. De plus, les pourcentages en quartz et calcite sont largement majoritaires par rapport aux autres éléments. Les travaux de (Durand, 2003; Lee, 1996; Roger et al., 1998) identifient les principaux minéraux qui constituent la matrice des sédiments, tels que le quartz, les feldspaths et les carbonates. Caractérisation chimique : La nature physico-chimique des sédiments est susceptible d’influencer la fixation des polluants. Les principales caractéristiques étudiées sont le pH, la teneur en matière sèche et en matière organique, la teneur en carbone organique total et la teneur en éléments traces. - Le pH : Il joue un rôle essentiel sur la rétention des métaux. Plus le pH est élevé, plus la remobilisation des métaux est faible. La valeur du pH peut être attribuée à la minéralurgie des sédiments ; il sera basique en présence de calcium (Durand, 2003). De plus, le pH peut varier entre la surface (0 à 5 cm) et la profondeur (5 à 20 cm) d’un bassin (Bedell et al., 2004) ainsi qu’entre l’amont et l’aval (Durand, 2003). - Matière sèche : Les teneurs en matière sèche des sédiments varient beaucoup entre les bassins à sec ou en eau avec des pourcentages compris entre 20 et 80 %. De plus, des variations peuvent apparaître 33 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques entre l’amont et l’aval du bassin et entre les différentes saisons. Les résultats sont toujours exprimés en pourcentage de matière sèche pour s’affranchir de toutes ces variations. - Matière organique : Les références concernant les concentrations en matière organique dans les sédiments de l’assainissement pluvial sont nombreuses. On citera les résultats de Durand (2003) qui obtient des teneurs en matière organique dans les bassins variant en moyenne de 4 % à 22 %. Les teneurs en matière organique diminuent avec la profondeur et varient de 13 à 18 % en surface et de 2 à 5 % en profondeur (>3 cm) (Yousef et al., 1990). Bedell et al. (2004) présentent des résultats similaires avec des teneurs de 18 à 26 % dans la couche supérieure (0 à 5 cm) et de 1 à 4 % de 5 à 20 cm de profondeur. Les teneurs en matière organique (Tableau I-19) sont plus importantes dans les particules fines que dans les particules grossières (Roger et al., 1998). Tableau I-19: Teneurs en matière organique dans deux sols 5 et 7 en fonction des seuils granulométriques (Roger et al., 1998). Seuils granulométriques Sol 5 en mg kg-1 Sol 7 en mg kg-1 500-1000 µm 1,5 5,4 200-500 µm 1,2 2,7 100-200 µm 1,3 3,7 50-100 µm 2,6 6,1 < 50 µm 7,8 11,5 D’après les références bibliographiques, les concentrations en matière organique ne sont pas négligeables et sont supérieures aux normes admissibles fixées pour l’utilisation de ces matériaux en structure routière (SETRA-LCPC, 2000). Durand et al. (2004a) ont réalisé une caractérisation fine de la matière organique (M.O) présente dans les sédiments de différents bassins (Tableau I-20). Tableau I-20 : Pourcentages des différentes fractions organiques (pourcentage massique de la M.O totale) (Durand et al., 2004a). Lipides Echantillons Humine Acides humiques Acides fulviques Wissous 46,6 13,3 4,7 35,4 Ronchin 75,7 2,6 10,3 11,4 Cheviré 57,6 18 4,5 19,9 34 Quantification et caractérisation Les structures des substances humiques identifiées sont proches des résultats sur la MO naturelle issus de la bibliographie (Deport, 2002; Grasset, 1997; Guignard, 2001). Les lipides des trois échantillons ont été fractionnés. Après identification par GC/MS, des différences quantitatives apparaissent nettement entre les échantillons. Cheviré et Ronchin contiennent approximativement la même quantité d’hydrocarbures (4192 mg kg-1 et 3872 mg kg-1) et de HAP (4676 mg kg-1 et 5924 mg kg-1), tandis que Wissous contient essentiellement des hydrocarbures (31778 mg kg-1). Les valeurs obtenues sont nettement supérieures à la valeur limite donnée par l’IFP (1000 mg kg-1 de boue sèche). De plus, Durand (2004a) a réalisé une identification des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) de la liste US EPA (Tableau I-21). Tableau I-21: Quantités d’HAP identifiés en µg kg-1 de boue sèche dans 3 échantillons et comparées à la norme hollandaise. Echantillons Wissous Ronchin Cheviré Norme hollandaise4 µg kg-1 Phénanthrène 5006 1120 313 45 Fluoranthène 1374 2290 670 15 Pyrène 11510 2154 1223 - Benzo[a] anthracène 8060 2155 - 20 Chrysène 16240 4200 - 20 Benzo[b] fluoranthène 19740 9450 - - Benzo[k] fluoranthène 11480 2350 - 25 Benzo[a] pyrène 12930 6500 - 20 Benzo[b] pyrène 8400 2990 - - Pérylène 2780 767 - - Indo (1,2,3-cd) pyrène 8900 5920 - 25 Benzo [g,h,I] pérylène 9790 7930 - 20 Anthracène 5720 - - - Coronène 7570 5425 - - - 2336 - - 1,2,3,4 dibenzanthracène 4 Norme standard hollandaise s’appliquant à un sol contenant 25 % d’argile et 10 % de matière organique. 35 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques De nombreux HAP ont été identifiés comme des produits pyrolytiques (naphtalène, chrysène) issus de différentes combustions (charbon, échappements de véhicules diesels ou bois). Ces HAP se retrouvent ensuite dans la nature sous forme de poussières aériennes et se déposent au sol par temps de pluie. - Eléments traces : Les éléments traces sont présents à des concentrations élevées dans les sédiments de bassins. Le Tableau I-22 répertorie les différentes données issues de la bibliographie ainsi que les normes en vigueur. La norme concernant les boues de STEP a longtemps été utilisée car les seuils très élevés permettaient une mise en décharge dans la majorité des cas. Les sédiments de l’assainissement pluvial ne semblent pas correspondre à ce type de déchets et nous utiliserons dans nos travaux la norme hollandaise, norme fréquemment citée en France. Même si ces seuils n’ont pas de valeurs légales en France, ils sont néanmoins fréquemment utilisés comme valeur de référence lorsqu’il s’agit d’interpréter la présence de certains composés chimiques dans les sols. Une présentation des normes et législations en vigueur, susceptibles de s’appliquer aux résidus de l’assainissement pluvial, sera réalisée dans la troisième partie de cette revue bibliographique. Les teneurs en éléments traces peuvent être au sein des sédiments de l’assainissement pluvial très élevées. A titre d’exemple, des concentrations de 22 mg kg-1 de cadmium, 348 mg kg-1 de chrome, 351 mg kg-1 de cuivre, 499 mg kg-1 de nickel, 806 mg kg-1 de plomb et 2120 mg kg-1 de zinc sont répertoriées dans les différentes études réalisées et présentées dans le Tableau I-22. De ce fait, la gestion et le devenir des résidus de l’assainissement pluvial sont très importants et la mise en décharge sans précaution préalable est à proscrire. 36 Quantification et caractérisation Tableau I-22: Concentrations en éléments traces dans les sédiments des différents bassins (mg kg-1 de MS) et comparaison avec les normes en vigueur. Références Descriptif Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 (Färm, 2001) Bassin de rétention 0,85 36 78 53 45 269 8,7 50 12 147 350 675 9,6 167 178 187 332 830 Wissous 4,5 348 325 499 323 1575 Ronchin 7,8 88 254 59 633 1417 Cheviré 1,8 88 275 38 419 1847 St Joseph 2,6 85 111 52 191 890 Lyon (0-5 cm) 10,3 80 192 101 130 2120 Lyon (5-20 cm) 1,1 19 21 22 15 53 249 962 Suède Brentwood (Scholes et al., 1998) Angleterre Dagenham Angleterre (Durand et al., 2004b) (Bedell et al., 2004) (Zanders, 2005) Nouvelle Zélande - - 124 - (Sriyaraj et Shutes, Londres (entrée) 0,009 - 0,042 - 0,073 0,240 2001) Londres (sortie) 0,044 - 0,017 - 0,095 0,104 (Datry et al., 2003) Lyon 22 96 351 66 806 2000 (Marsalek et Marsalek, Kingston (entrée) - - 20 - 39 112 1997) Kingston (sortie) - - 80 - 149 406 Lyon (surface) 3,1 49 102 25 155 1099 Lyon (30-40 cm) 0,7 19,5 14 10 25 145 Boues de STEP 15 1000 1000 200 800 3000 Arrêté du 08/01/98, sols (français) 2 150 100 50 100 300 0,8 100 36 35 85 140 12 380 190 210 530 720 Dechesne (2002) Normes Hollandaises Des études antérieures se sont intéressées à la localisation des éléments traces dans les sédiments. Colandini (1997) affirme qu’il existe une accumulation de métaux dans la fraction 37 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques fine car les sites de fixation sont plus nombreux que sur les sables grossiers. Les travaux de Lee et al. (1997) et de Zanders (2005) confirment cette accumulation de métaux lourds (plomb, zinc, cadmium) dans les fractions fines (Tableau I-23 et Tableau I-24). Tableau I-23: Concentrations en plomb, zinc et cadmium dans les différentes fractions granulométriques (Lee et al., 1997). Seuils Masse Pb Zn Cd granulométriques (%) (mg kg-1) % (mg kg-1) % (mg kg-1) % 400-1600 µm 45,5 5 7,1 71 2,9 0,1 3,0 200-400 µm 21,1 110 11,3 114 4,7 0,2 7,7 100-200 µm 11,2 175 14,2 175 7,2 0,4 12,0 40-100 µm 4,8 220 14,7 265 10,9 0,6 21,3 20-40 µm 3,5 227 14,6 473 19,5 0,7 22,0 < 20 µm 13,9 226 37,7 1330 54,8 1,0 34,0 On observe une importante accumulation des polluants dans les éléments fins. Les particules inférieures à 100 µm représentent 22 % de la masse totale et renferment 67 % du plomb, 85 % du zinc et 77 % du cadmium. Les particules supérieures à 100 µm sont beaucoup moins polluées. Tableau I-24: Concentrations en cuivre, zinc et plomb dans les différentes fractions granulométriques (Zanders, 2005). Taille des particules Concentrations en mg kg-1 en µm Cu Zn Pb 0–32 181 2080 316 32-63 197 1965 322 63-125 212 1628 334 125-250 184 1073 251 250-500 85 507 193 500-1000 26 268 323 1000-2000 21 226 36 Zanders (2005) confirme les données bibliographiques avec des concentrations en cuivre, zinc et plomb dans la fraction fine près de dix fois supérieures à celles des fractions grossières. 38 Quantification et caractérisation Contrairement aux autres auteurs, Durand (2003) observe peu de différences de concentration entre les particules fines et les particules plus grossières (Tableau I-25). Ces résultats sont confirmés par Durin (2006) et Deruelle (2004) qui observent même des concentrations plus importantes dans les fractions supérieures à 200 µm et 1 mm que dans celles inférieures à 200 µm. Tableau I-25: Concentrations en mg kg-1 des éléments traces présents dans les différentes fractions (Durand, 2003). Cd Ni Cr Cu Pb Zn mg kg-1 < 40 µm 2 40 133 417 406 1933 40-315 µm 2 37 116 393 447 2094 > 315 µm 2 28 88 402 385 1882 Des études sur les associations entre les métaux lourds et la matière organique ont permis de suivre la localisation de la pollution métallique au sein de la matière organique (Durand et al., 2004c) . Les résultats sur la mobilité des métaux lourds dans les différentes fractions des substances humiques sont répertoriés dans le Tableau I-26 . Tableau I-26: Concentrations en métaux traces (mg kg-1 de MS) dans les fractions organiques extraites par le protocole IHSS (Durand, 2003). MO extraites Bassins Cd Ni Cr Cu Pb Zn mg kg-1 Humine Acides humiques Acides fulviques Wissous 0,4 760 410 79 67 317 Ronchin 1,4 52 113 74 130 500 Cheviré 0,2 21 63 31 57 253 Wissous 0,2 197 134 247 14 71 Ronchin 0,3 27 76 228 16 129 Cheviré 0,2 21 81 162 33 173 Wissous 3,5 40 27 181 194 891 Ronchin 4,4 14 6 78 328 366 Cheviré 1,4 12 18 154 290 1224 39 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Les résultats obtenus sur la mobilité des métaux dans les différentes fractions organiques, montrent que le Cd, le Zn et le Pb sont principalement concentrés dans les acides fulviques et ils sont par conséquent à priori mobiles. Le nickel et le chrome sont essentiellement concentrés dans l’humine, fraction insoluble dans tout solvant organique, ce qui confirme leur faible mobilité (Juste et al., 1995). Le cuivre est quand à lui en grande partie dans les acides humiques et les acides fluviques. Les extractions de type BCR (Bureau Communautaire de Référence) effectuées par Durand permettent de rajouter que le cadmium et le zinc ont un comportement géochimique semblable avec une proportion importante de la pollution métallique relargable car non associée à la phase « résiduelle », que le chrome et le nickel sont fortement associés à la phase « résiduelle », insoluble et que le cuivre a une forte affinité pour la matière organique ; elle résulte de la formation de complexes organiques stables, notamment avec les matières humiques (Phillips et Chapple, 1995). D’après ces résultats, le comportement géochimique des métaux lourds particulaires a été classé par ordre croissant de mobilité, relargage dans l’environnement, de la manière suivante : Cr ≤ Ni < Pb ≤ Cu < Zn ≤ Cd. 1.2.3 Conclusion : Une extrapolation grossière, issue d’estimation ou de diverses enquêtes, à l’ensemble du territoire français, permet d’obtenir des tonnages en sédiments provenant des réseaux routiers, autoroutiers et urbains. L’hétérogénéité des résultats montre bien la non maîtrise de ces résidus. Face aux tonnages élevés, l’évacuation et le devenir des résidus constituent un enjeu important pour les collectivités. De plus, cette investigation bibliographique a montré que les sédiments de l’assainissement pluvial peuvent être très pollués avec des concentrations en hydrocarbures et en éléments traces souvent supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Face à cette pollution, une étude précise de la législation est nécessaire pour orienter le devenir de ces produits. 40 Normes et législation 1.3 Normes et législation : 1.3.1 La responsabilité du producteur de déchets : 1.3.1.1 Le contexte législatif et réglementaire : Il n’existe pas de réglementation particulière pour les déchets routiers, c’est la réglementation générale qui s’applique. Deux lois majeures successives consacrées à la gestion des déchets ont défini la politique dans ce domaine : • La loi n° 75-633 du 15 juillet 1975 (loi déchets) sur l’élimination des déchets et la récupération des matériaux, fixe les grands principes de la réglementation relative aux déchets. Elle donne une définition du terme déchet, responsabilise les détenteurs ou producteurs de déchets du devenir de leurs déchets et les collectivités locales pour la collecte et le traitement des ordures ménagères de leurs habitants. • La loi du 19 juillet 1976, sur les installations classées pour la protection de l’environnement complète la précédente en réglementant le fonctionnement des installations de stockage, traitement et élimination des déchets (décharges, usines d’incinération, etc.). • La loi du 3 janvier 1992 (loi sur l’eau), instaure l’obligation de prévention pour éviter la pollution des eaux superficielles ou souterraines. • La loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 relative à l’élimination des déchets, modifie et complète la loi du 15 juillet 1975 et met l’accent sur les aspects traitement des déchets. Elle fixe quatre grands principes concernant les déchets : - prévenir ou réduire la production et la nocivité des déchets, - organiser le transport des déchets et le limiter en distance et en volume, - valoriser les déchets par réemploi et recyclage dans le respect des exigences technologiques, environnementales et de santé publique, - assurer l’information au public. 41 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Elle introduit la notion de déchet ultime5 et demande dès le 1er juillet 2002, que seuls ces déchets ultimes soient mis en décharges. • Depuis, plusieurs textes ont modifié la loi du 15 juillet 1975 et en particulier la loi du 2 janvier 1995, dite loi « BARNIER » relative au renforcement de la protection de l’environnement pour ce qui concerne les documents de planification. Cette dernière a d’ailleurs instauré le principe de précaution. Ces lois ont été codifiées dans la partie législative du code de l’environnement. De nombreux décrets et arrêtés (Tableau I-27), pris en application de ces lois, ont précisé le cadre réglementaire dans lequel s’exercent les activités de collecte, gestion et traitement des déchets en fonction de leur catégorie : déchets industriels spéciaux, déchets ménagers… • Deux circulaires permettant de traiter la particularité des déchets routiers, sont venues entre autre compléter ce dispositif : - La circulaire conjointe du MATE6/MELT du 15 février 2000 (circulaire déchets du BTP) relative à la planification de la gestion des déchets de chantier du bâtiment et des travaux publics (BTP) impose aux départements français d’élaborer des plans de gestion départementaux des déchets du BTP. - La circulaire conjointe n° 2001-39 du MATE/MELT du 18 juin 2001 relative à la gestion des déchets dans le cadre du réseau routier national, précise les conditions de prise en compte des déchets résultant de la construction, de l’exploitation et de l’entretien de la route. Elle donne les principes relatifs au traitement, à la valorisation et au recyclage des déchets routiers. Elle demande aux gestionnaires du réseau routier 5 « Est ultime un déchet qui n’est pas susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux ». 6 « Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, actuellement le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable ». 42 Normes et législation national d’établir un inventaire des déchets, comportant un état des lieux ainsi qu’une analyse qualitative et quantitative des déchets produits et de leurs réutilisations possibles et de proposer une politique de gestion de ces déchets conforme à la loi, en tenant compte de l’ensemble des productions et des besoins en matériaux recyclés. 1.3.1.2 Les obligations du maître d’ouvrage : • La loi déchet de 1975 ainsi que l’article L.541-2 du Code de l’environnement stipulent que « toute personne qui produit ou détient des déchets (…) est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer l’élimination » dans le respect de la réglementation en vigueur. Selon ce principe du pollueur-payeur, le maître d’ouvrage, en tant que responsable du chantier, est responsable des déchets qui y sont produits mais aussi des conditions dans lesquelles ils sont collectés, transportés, traités ou valorisés. Ainsi, il doit définir de manière contractuelle le rôle de chaque acteur et s’assurer du bon respect des missions de chacun en ce qui concerne la gestion des déchets. La responsabilité du détenteur des déchets est par ailleurs renforcée par la loi sur l’eau. • La loi du 13 juillet 1992 donne au maître d’ouvrage une responsabilité en matière de développement durable : il doit valoriser au maximum les déchets produits sur son chantier, après vérification de la cohérence environnementale et économique. 1.3.1.3 Conclusion L’ensemble des lois, arrêtés, décrets, notes, circulaires et autres directives s’appliquant à la gestion des déchets est répertorié dans le Tableau I-27 . 43 Dates Intitulé ou descriptif 15-juil-75 Loi relative à l’élimination et à la récupération des matériaux modifiés notamment par la loi du 13 juillet 1992. http://aida.ineris.fr/textes/lois/text0266.htm Loi 19-juil-76 Loi relative au installation classée http://aida.ineris.fr/textes/lois/text0269.htm Décret d’application 21-sept-77 Décret 77-133 pris pour l’application de la loi du 19 juillet 1976 http://aida.ineris.fr/textes/decrets/text0220.htm Arrêté 04-janv-85 Arrêté relatif au contrôle des circuits d’élimination de déchets générateurs de nuisances http://aida.ineris.fr/textes/arretes/text0314.htm Décret 1er avril 1992 Décret 92-337 relatif à l’élimination des emballages dont les détenteurs finaux sont les ménages http://aida.ineris.fr/textes/decrets/text0215.htm Décret 15-juil-94 Décret 94-609 relatif à l’élimination des déchets d’emballages autres que ceux produits par les ménages http://aida.ineris.fr/textes/decrets/text0200.htm Décret 28-nov-96 Décret 96-1008 relatif aux plans d’élimination des déchets ménagers et assimilés Avis 11-nov-97 Avis relatif à la nomenclature des déchets http://aida.ineris.fr/textes/avis/text8002.htm Décret 15-mai-97 Décret 95-517 relatif à la classification des déchets dangereux http://www.mines.inpl-nancy.fr/wwwenv/legislation/texte de loi/decret 15 mai 97.htm Circulaire 28-avr-98 Circulaire relative à la mise en œuvre de l’évolutuion des plans départementaux d’élimination des déchets ménagers et assimilés http://aida.ineris.fr/textes/circulaires/text0639.htm Arrêté 28-janv-99 Relatif aux conditions d’élimination et de ramassage des huiles usagées. Contrôle d’admission des huiles usagées chez les éliminateurs http://aida.ineris.fr/textes/arretes/text0355.htm Directive européenne 26-avr-99 Concernant la mise en décharge des déchets Circulaire 15-févr-00 « Déchets du BTP » Planification de la gestion des déchets de chantier du bâtiment et des travaux publics http://aida.ineris.fr/textes/circulaires/text4128.htm Recommandation 22-juin-00 Relative à la gestion des déchets de chantier du bâtiment Note 03-oct-00 Note sur la gestion des agrégats dans le cadre du réseau routier national (direction des Routes) Circulaire 18-juin-01 Relative à la gestion des déchets du réseau routier national http://aida.ineris.fr/textes/circulaires/text4152.htm pour la protection de l’environnement Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Loi cadre modifiée Tableau I-27:Textes législatifs et réglementaires concernant les déchets. 44 Type Normes et législation 1.3.2 Normes et problématique : La gestion des sédiments de curage s’inscrit dans un contexte réglementaire national, sur lequel est venu se greffer la circulaire du 18 juin 2001, relative à la gestion des déchets du réseau routier national. Les gestionnaires de réseaux doivent se mettre en conformité avec les textes réglementaires, en réalisant un diagnostic des produits issus du curage, mais la circulaire ne leur dit pas comment. Même s’ils peuvent s’inspirer d’autres pratiques telles que celles pour la gestion des sites et sols pollués ou des sols à usage agricole, ils ne disposent d’aucun outil ou guide spécifique pour les aider à mener à bien ce diagnostic. En règle générale, on considère qu’un produit est contaminé lorsque ses teneurs, en certains éléments, sont supérieures à celles décrites dans les référentiels existants. Cependant, aucune norme ou autre document réglementaire ne fixe les seuils de pollution des sols et encore moins ceux des sédiments de curage. Il faut donc se référer à d’autres valeurs qui ne sont pas toujours adaptées à ce genre de produits. 1.3.2.1 Les textes de référence Les textes les plus souvent cités lors de l’étude des déchets de l’assainissement sont les suivants : • L’arrêté du 8 janvier 1998, fixant les prescriptions techniques applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles pris en application du décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997 relatif à l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées, est le seul texte de référence français sur lequel s’appuyer pour vérifier s’il existe ou non un dépassement des valeurs limites de concentration de métaux lourds dans les sols. Ces seuils ont été repris de la norme NF U 44-041, juillet 1985, Matières fertilisantes – Boues des ouvrages de traitement des eaux usées urbaines – Dénominations et spécifications. • La directive européenne n° 86-278 du 12 juin 1986 relative à la protection de l’environnement, et notamment des sols, lors de l’utilisation des boues d’épuration en agriculture, modifiée par la directive n° 91/692/CEE du 23 décembre 1991. Elle fixe les valeurs limites de concentrations en métaux lourds pour les boues destinées à l’épandage et les sols supports. 45 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques • Les guides du ministère de l’Ecologie, mis à jour par le BRGM sur la gestion des sites et des sols (potentiellement) pollués, comporte une annexe qui décrit les valeurs guides en matière de gestion des eaux et des sols (potentiellement) pollués. Ce texte distingue deux types de valeurs pour le milieu sol : les valeurs de définition de source – sol (VDSS) permettant de définir la source de pollution constituée par un sol, et les valeurs de constat d’impact (VCI) permettant de constater, dans le cas où le sol est un milieu d’exposition, l’impact de la pollution en ce même sol, selon la sensibilité de l’usage de celui-ci. Une évolution de ces guides est prévue dans les mois à venir avec une suppression des VDSS et VCI. • La grille des voies navigables de France (VNF). Il s’agit d’une aide à la décision qui propose une démarche à suivre dans la conduite d’un projet de dragage incluant la prise en compte des risques environnementaux. Les sédiments sont classés en trois catégories qui déterminent leur devenir. • La liste hollandaise (Spierenburg et Demanze, 1995) pour la qualité des sols appartenant à la circulaire de décembre 1994 du ministère VROM ; elles indiquent des valeurs cibles, des valeurs limites et d’intervention. Selon cette liste, un site est considéré comme pollué si la concentration moyenne d’une certaine substance, pour au moins 25 m3 de sol, dépasse la valeur d’intervention. Cette norme est la plus citée en France : « si ces seuils n’ont pas de valeurs légales en France, ils sont néanmoins fréquemment utilisés comme valeurs de référence lors des discussions entre les différentes parties (notamment DRIRE, les services d’inspection des installations classées des préfectures, etc.) lorsqu’il s’agit d’interpréter la présence de certains composés chimiques dans les sols ». • En suisse, l’ordonnance sur les atteintes portées au sol (O.sol) adoptée le 1er juillet 1998 fixe des valeurs indicatives, des seuils d’investigation et des valeurs d’assainissement qui, lorsqu’ils sont dépassés entraînent différentes mesures qui peuvent aller de l’interdiction de l’usage à une dépollution du site. • D’autres pays (Canada, Danemark) ont retenu des valeurs seuils susceptibles de restreindre l’usage du sol (http://fasp.info). Le Tableau I-28 synthétise les différentes réglementations adaptables aux sédiments de curage. 46 Normes et législation Tableau I-28: Synthèse des textes réglementaires adaptables aux sédiments de curage. Cd Cu Pb Zn HcT -1 mg kg Directive Pour les boues 20 – 40 1000 – 1750 750 – 1200 2500 – 4000 - Pour les sols 1–3 50 – 140 50 – 300 150 – 300 - Boues : valeurs de référence 20 1000 800 3000 - Boues : valeurs d’intervention 40 2000 1600 6000 2 100 100 300 - VDSS 10 95 200 4500 - VCI sol – Usage sensible 20 190 400 9000 - VCI sol – Usage non sensible 60 950 2000 - - Seul I si [c] < I : pas de restriction 2 100 100 300 1000 6,4 300 367,5 500 2500 Valeur cible 0,8 35 85 140 50 Valeur limite 2 35 530 480 - Valeur d’intervention 12 190 530 720 5000 0,8 40 50 150 - 2 – 10 200 – 300 - - - 20 – 30 1000 – 2000 1000 - < 0,5 - < 40 < 500 - <1 - < 120 < 500 - <5 - < 400 < 1500 - >5 - > 400 > 1500 - Zone résidentielle 5 - 300 500 - Zone industrielle 20 - 600 1500 - européenne n°86-278 Arrêté du 8 janvier 1998 Norme NF U 44041 Sols : Teneurs limite des sols pour épandage Gestion des sites pollués BRGM Grilles des voies navigables de France (VNF) Seuil II si I<[c]<II : sauf usage agricole Si seuil > II : étude spécifique Liste hollandaise des sols Valeurs indicatives Ordonnance suisse Osol du 1er juillet 1998 Teneurs totales Valeurs d’assainissement Classe I Classe II Danemark Classe III Classe IV Canada Valeurs d’investigation Sol propre Sol légèrement pollué Sol pollué Sol très pollué (province du Quebec) 47 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques 1.3.2.2 Conclusion : A partir du tableau, plusieurs remarques peuvent être établies : • Pour un même élément contaminant, ces textes indiquent des valeurs relativement différentes : la norme hollandaise est la plus restrictive, suivie de près par l’ordonnance suisse Osol. • Peu de valeurs sont données pour les hydrocarbures totaux, mise à part la grille VNF qui ne correspond pas à notre provenance de sédiment et la norme hollandaise. Actuellement, l’IFP (Institut Français du Pétrole) considère qu’un sol est pollué en hydrocarbures s’il contient plus de 1000 mg kg-1 (SETRA, 1995b). Baize (2000) considère que les seuils sont souvent placés trop haut pour signaler des anomalies, qu’elles soient naturelles ou anthropiques. Baize propose des seuils d’investigation au-dessus desquels une investigation plus détaillée est nécessaire (Tableau I-29). Tableau I-29: Proposition de seuils d’investigation pour la recherche d’éléments traces dans le sol (Baize, 2000). Eléments Seuil d’investigation (mg kg-1) Cd 0,7 Cu 35 Pb 60 Zn 150 Aucune de toutes les normes citées dans ce chapitre bibliographique ne correspond aux sédiments de l’assainissement pluvial ; nous utiliserons donc la norme hollandaise (Spierenburg et Demanze, 1995) avec les valeurs cibles et d’intervention pour l’ensemble de nos travaux (Tableau I-30). Tableau I-30: Valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Cd Cr Cu Ni Pb Zn HcT 140 50 mg kg-1 Norme Hollandaise des Sols 48 Valeur cible Valeur d’intervention 0,8 100 12 36 35 85 380 190 210 530 720 5000 Traitements 1.4 Traitements : Pour atteindre les objectifs de qualité requis pour la valorisation, les sous produits issus de l’assainissement pluvial devront subir des traitements adaptés en fonction de la pollution initialement contenue dans les sédiments d’une part, et de l’usage présumé des sables lavés d’autre part. Deux types de traitements vont être étudiés ; les traitements physiques et les traitements biologiques. 1.4.1 Traitement physique Le lavage à l’eau des sables d’assainissement est un procédé qui se pratique dans un grand nombre de villes françaises. En 1996, une dizaine d’unités de lavage de sable s’installaient sur les sites de station d’épuration des eaux résiduaires (Delattre et Bertrand-Krajewski, 1996) afin d’utiliser l’eau traitée en sortie de clarificateur pour les différentes opérations de lavage. De plus, les eaux usées sont directement rejetées en tête de station. 1.4.1.1 Traitement par voie humide Les exemples de traitement étudiés dans cette note bibliographique s’intéressent aux sédiments issus de balayage de voiries et d’hydrocurage de réseaux mais aucun ne traite les résidus de bassins. Nous avons retenu deux exemples pour illustrer les différents traitements possibles bien que d’autres unités existent avec des principes relativement proches. Après cela, nous nous attarderons sur une technique minéralurgique utilisée dans ces travaux de thèse : l’attrition. Procédé ERMAC - Principe et description : Ce procédé correspond à un traitement des boues de curage par un dispositif récupérateur essoreur de sables (RES). Le nettoyage des particules est réalisé par des brassages et rinçages dans la vis d’alimentation et sur un crible vibrant. Les sables sont ensuite concentrés au niveau de l’essoreur alors que les particules fines sont évacuées. L’installation est posée sur une dalle bétonnée et comprend un certain nombre d’éléments dont : • un poste de dépotage surélevé au moyen d’une rampe d’accès, • une trémie d’alimentation équipée d’une grille vibrante de maillage 100 mm, 49 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques • une vis d’archimède et un crible vibrant avec une toile de maille de 5 mm, • un récupérateur essoreur de sable et un essoreur. - Résultats : A partir de cette unité, 4 échantillons ont été testés ; 2 issus de résidus d’avaloirs et 2 issus de collecteurs. Le Tableau I-31 présente les quantités de boues traitées, de refus supérieurs à 5 mm et de sable traité. Tableau I-31: Quantités relatives des fractions séparées selon leurs classes granulométriques (AGHTM, 1996). Sables Refus > 5 mm Echantillons Boues brutes m3 (tonnes/m3 de boues brutes) (tonnes/m3 de boues brutes) A (avaloir) 4 0,14 0,56 B (avaloir) 5 0,02 0,27 C (collecteur) 3 0,13 0,77 D (collecteur) 8 0,04 0,44 Les données montrent le caractère disparate des produits collectés avec des refus à 5 mm variant de 20 à 140 kg par m3 dépoté et des quantités de sable traités de 270 à 770 kg par m3. Les caractéristiques chimiques des différents échantillons après traitement sont présentées dans le Tableau I-32. Tableau I-32: Caractéristiques générales et composition en éléments traces des échantillons traités par ERMAC (AGHTM, 1996). Echantillons MS MV Cd Cr Cu Hg Ni Pb Zn Fe % % MS mg/kg de MS g/kg Brut 75,0 2,5 2,8 40,3 62,3 0,3 25,5 88,0 226 14,8 Sable 82,9 3,6 2,0 17,0 40,7 <0,2 8,3 63,0 304 8,0 Brut 8,1 21,0 9,6 48,2 77,2 0,4 28,3 207 448 21,5 Sable 75,7 5,0 6,4 22,3 64,6 <0,2 24,7 255 114 11,2 C (collecteur) Brut 70,1 5,4 3,1 54,6 85,7 2,3 33,8 138 574 7,5 Sable 74,8 4,6 2,8 128 73,3 1,8 101 155 715 7,6 D (collecteur) Brut 57,4 6,7 2,0 17,2 182 1,1 11,6 324 348 7,1 Sable 82,4 3,4 4,7 39,5 285 0,6 23,7 158 436 8,3 A (avaloir) B (avaloir) 50 Traitements - Conclusion : Les sables obtenus après traitement ont une teneur résiduelle en matière volatile comprise entre 3,4 et 5,0 % de matière sèche. Le taux d’élimination de la matière organique ne semble pas excéder 54 %, ce qui reste relativement faible. La teneur en matière organique ne devrait pas compromettre la valorisation du sable sans toutefois permettre de lui conférer des propriétés exceptionnelles. En s’abstenant de quelques valeurs aberrantes, nous constatons que le rendement d’élimination des polluants métalliques est souvent nul dans le cas du cadmium et plomb, alors qu’il est faiblement significatif pour le mercure, le chrome, le cuivre, le fer , le nickel et le zinc. Le procédé de lavage ne permet pas une bonne séparation des particules fines avec des pourcentages de particules inférieures à 125 µm présents dans le sable extrait compris entre 13,0 et 29,7 %. Plusieurs études (Lee et al., 1997; Zanders, 2005) montrent une accumulation des éléments traces dans les fractions fines. De plus, l’accumulation de particules fines présente un désavantage pour les propriétés géotechniques de l’échantillon. Les eaux de surverse, faiblement biodégradables avec un rapport DCO/DBO5 compris entre 4 et 12, sont reversées en tête de station. Procédé ECOSABLE - Description : Exploitant une unité de déshydratation des boues de curage en provenance d’Ile de France, ECOPUR SA a mis au point une technologie de séparation et de lavage de la fraction minérale des boues de curage. Le procédé Ecosable accueillait entre 55 à 60 000 tonnes de résidus par an (Helaine, 2000). Basé sur le principe de séparation dynamique des matières selon leur densité, leur granulométrie et leur coefficient de chute dans l’eau, l’installation sépare la matière minérale débarrassée des pollutions organiques qui l’accompagnent. Les eaux résiduaires issues du procédé sont chargées (MES, DCO, MEH, hydrocarbures) et subissent un traitement physicochimique par floculation et décantation lamellaire. L’eau industrielle ainsi pourvoit à l’intégralité des besoins de l’installation. La Figure I-3 présente le schéma de principe du procédé ECOSABLE. 51 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Trémie de dépotage (capacité comprise entre 2 et 3 fois le débit journalier moyen) Extraction par grappin Criblage primaire par trommel maille de 11 mm Hydocyclone 1 coupure 80 µm Elimination Hydocyclone 2 coupure 80 µm Essoreur Floculation Décantation Stockage Déshydration des boues Valorisation Figure I-3: Principe de séparation des sédiments d’assainissement avec recyclage d’eau. Procédé ECOSABLE. Le bilan matière entrée /sortie exprimé en pourcentage du déchet sec entrant est représenté sur la Figure I-4 (Helaine, 2000). Le sable représente 69% de la matière sèche des boues de curage traité. Les fractions de refus et de boues résultant du traitement sont soit grossières (> 11 mm), soit très fines (< 80 µm). 52 Traitements Refus 17% Sables 69% Boues 14% Figure I-4: Répartition des fractions sortant de l’unité ECOSABLE rapportée à la matière sèche totale des déchets bruts (Helaine, 2000). Ce bilan confirme l’intérêt, sur les plans économique et environnemental, de traiter ces déchets par extraction de leur fraction minérale. La composition chimique et les propriétés géotechniques du sable devront répondre aux exigences des filières de valorisation pour que celui-ci puisse être réutilisé. - Résultats : Le valori’sable® est un granulat artificiel, essentiellement constitué de silice, avec un spectre de distribution de taille des particules reproductible et assimilable à un sable alluvionnaire propre (Tableau I-33, Tableau I-34 et Tableau I-35). Tableau I-33: Composition générale du valori’sable® (Domas et al., 2000). Teneur en eau 16-22 % Matières organiques (550°C) Teneur en quartz + calcite + feldspath 5% > 90 % Tableau I-34: Propriétés géotechniques du valori’sable® (Domas et al., 2000). Tamisât à 80 µm <6% Tamisât à 2 mm < 70 % Essai au bleu - VBS < 0,2 % Equivalent sable 75-85 % Friabilité du sable < 20 % Optimum proctor normal Classement assimilable Densité sèche : 1,53 Teneur en eau : 21 % B1 – D1 53 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Tableau I-35: Caractéristiques environnementales du valori’sable® (Domas et al., 2000). Polluants mg kg-1 Hg < 0,03 Pb < 1,55 Cd < 0,3 As < 0,05 Cr (VI) < 0,3 Sulfates 2145 COT 217 Phénols < 1,9 Hydrocarbures totaux < 26 - Conclusion : Le sable traité présente un pourcentage de matière organique compris entre 3 et 10 %. Le pourcentage de particules fines est faible (6 %) ce qui traduit l’efficacité des séparations granulométriques par hydrocyclone. Le procédé Ecosable présente des résultats très encourageants dans le traitement des résidus de l’assainissement pluvial. Face à des résultats assimilant le valori’sable® à un sable alluvionnaire propre, les données restent difficilement interprétables car aucune caractéristique du produit brut n’est transmise. De ce fait, il est impossible de connaître l’efficacité réelle du traitement. Attrition L’attrition est une technique minéralurgique utilisée généralement pour conditionner les matériaux à traiter. Ainsi, lorsque les polluants ne sont pas exclusivement localisés dans la fraction fine (Durand, 2003 ; Deruelle, 2004 et Durin, 2006), cela peut être dû à un enrobage des grosses particules minérales par des fines polluées (Marot, 1997). C’est souvent le cas des matériaux argileux et par conséquent des sédiments. Dans ce cas précis, la séparation granulométrique par tamisage ou cyclonage ne peut pas conduire à des résultats satisfaisants. Il est alors nécessaire d’introduire en amont du circuit de traitement une étape supplémentaire de nettoyage de surface. Le principe de l’attrition consiste à engendrer des forces de frottement entre les grains au moyen d’une agitation vigoureuse. Une attrition efficace des produits contaminés conduit à la formation de particules fines par désagrégation de la gangue 54 Traitements externe d’une part, et au nettoyage des surfaces minérales sans concassage excessif des composants minéraux d’autre part (Figure I-5). Particule Gangue ou Encroûtement Attrition D Tamisage Encroûtement B Particule Grain ou A Broyage + E Tamisage Particule Encroûtement C Figure I-5 : Principe de l’attrition et comparaison avec un broyage ou un concassage. Pour cela, il existe des cellules d’attrition équipées de pales inversées favorisant le frottement entre les grains. L'attrition consiste à brasser très énergiquement une suspension de particules solides et d'eau dans des cellules équipées d'un rotor d'agitation particulier. Ce rotor comporte plusieurs hélices montées en opposition, dont la rotation crée des zones de turbulence très actives (Figure I-6). Figure I-6 : Pales d’agitation en opposition de phase d’une cellule d’attrition. 55 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques Les performances de l’étape d’attrition sont dépendantes de plusieurs paramètres incluant, la vitesse de rotation des pales, la densité de la pulpe à traiter, la durée de traitement et l’ajout éventuel de surfactant. Shigley et Mischke (1989) ont établi une relation entre l’énergie délivrée par unité de masse en fonction des différents paramètres de la cellule utilisée. E= (T × n × t ) 1,008 × 106 × M Équation I-1 Avec E l’ énergie de frottement en HP min lb-1 ; T la torsion en oz.in ; n la vitesse de rotation des pales en rpm, t la durée d’attrition et M la masse de sédiment. Shigley et Mischke (1993) ont démontré l’étroite relation entre la production de fines lors du traitement d’attrition et l’énergie de frottement délivrée dans la cellule. Pour cela, ils ont étudié la quantité de particules fines formées (< 0,25 mm) après attrition sur une fraction comprise entre 0,25 et 2 mm en fonction de l’énergie de frottement (Tableau I-36). Tableau I-36:Pourcentages de fines générées en fonction de l’énergie délivrée au système (Shigley et Mischke, 1993). Essais Energie en HP min lb-1 % de fines 1 2 0,984 5,7 1,427 7,3 1,510 14,5 1,578 6,9 1,736 4,2 1,960 6,0 En faisant varier les paramètres de traitement et par conséquent l’énergie délivrée au système, la production de particules fines peut varier de 5,7 % à 14,5 % (essai 1). Freeman et al. (1993) ont présenté un exemple de matrice test permettant de déterminer les conditions optimales de traitement pour une cellule d’attrition donnée (Tableau I-37). 56 Traitements Tableau I-37: Matrice test proposée par Freeman (1993). 900 tours minute-1 60 % solides 1 5 10 15 450 tours minute-1 75 % solides 1 5 10 15 60 % solides 1 5 10 15 75 % solides 1 5 10 15 Masse de sédiment Avec surfactant Sans surfactant De plus, Marot (1997) a montré l’influence de l’attrition sur la granulométrie de sédiments de canaux avant et après traitement (Figure I-7). Figure I-7 : Evolution de la granulométrie des sédiments de canaux après traitement par attrition. Cette opération a généré une forte proportion de particules fines. La proportion de particules inférieures à 20 µm a en effet augmenté de 25 à 60 %. De plus, le d80, initialement égal à 90 µm, présente après le traitement une valeur de 40 µm. L’attrition a permis de concentrer au sein des 12 % de particules fines générées inférieures à 10 µm une quantité de polluants correspondant à 23 % de la masse totale. Bayley et Biggs (2005) ont mené plusieurs essais d’attrition sur des échantillons de sols contrôlés avec notamment une étude sur la remobilisation des polluants en fonction de la vitesse d’agitation des pales. Si l’efficacité augmente entre 600 et 1800 rpm avec une intensité 57 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques de collision entre les particules plus élevée, elle diminue après 2400 rpm en raison d’un mouvement des particules en masse et donc d’une réduction de forces de collision. Strazisar et Seselj (1999) ont mené une série d’expérimentations sur des sols contaminés par du plomb afin d’étudier l’effet de la durée d’attrition sur la remobilisation du polluant au sein des éléments fins. Leurs travaux ont montré un lien direct entre la durée d’attrition et l’efficacité du traitement en vue d’une remobilisation du plomb. De plus, ils ont noté que l’efficacité du traitement augmente avec la granulométrie de l’échantillon étudié. L’étude de Strazisar et Seselj (1999) est limitée par le fait qu’un seul polluant soit étudié (plomb) et qu’il n’existe aucune autre publication à ce sujet. Feng et al. (2001) et Gül et al. (2005) ont étudié l’efficacité de l’étape d’attrition en fonction du ratio solide/liquide de la pulpe injectée sur des échantillons de sable contaminés par du diesel (environ 5 % en masse). Les ratios permettant d’obtenir les meilleurs rendements sont compris entre 65 % et 75 % et Feng et al (2001) ont également observé une diminution de l’efficacité à partir d’un ratio de 80 % avec une réduction du pourcentage de particules fines formées. D’ autres paramètres ont également été étudiés avec notamment l’effet de la température et du type de polluants. Thorvaldsen et Wakefield (1999) ont obtenu une diminution importante de la teneur en hydrocarbures (20 mg kg-1 contre 260 mg kg-1) en faisant varier la température de 55 °C à une température ambiante. Williford Jr. et al. (1999) ont montré un enrichissement important en plomb dans la fraction inférieure à 63 µm alors qu’il était peu significatif pour le chrome. 1.4.1.2 Traitement par voie sèche Ayant toujours à l’esprit la volonté d’optimiser le traitement des sous produits de l’assainissement en fonction de leur origine et de leurs éventuelles filières de valorisation, l’alternative du criblage à sec des sous-produits de l’assainissement est présentée face à la méthode dite classique du lavage à l’eau (Sermanson, 1998). Contrairement au traitement par voie humide, l’unique objectif est d’effectuer un tri sélectif permettant de séparer la partie 58 Traitements minérale sableuse de la partie non minérale constituant les encombrants (feuilles, carton, plastique…). Des essais sur trommel rotatif (Sermanson, 1998) ont été pratiqués sur des produits de balayage de voiries, d’hydrocurage de réseaux et de chambre à sable. Avec un seuil de coupure de 200 mm, Sermanson a noté une baisse importante de la teneur en matière organique avec une réduction de 26,36 mg kg-1 de MS à 7,11 mg kg-1 de MS. Le criblage à sec par trommel rotatif a également une action de dépollution vis-à-vis des sous produits de l’assainissement. Cette technique peut s’avérer être un bon procédé pour les produits dont la charge polluante est peu importante. La fraction sableuse contient à priori les teneurs en micropolluants de départ ce qui ne permet pas de l’envoyer en remblai technique. Des voies de valorisation telles que le remblai dépôt pourraient être une solution adaptée. 1.4.1.3 Conclusion D’un point de vue environnemental et économique, deux procédés de traitement des sédiments issus de l’assainissement pluvial sont utilisés : le lavage à l’eau et le criblage à sec. Ces deux filières distinctes peuvent être complémentaires en fonction des sédiments à traiter. Le lavage à l’eau, beaucoup plus performant pour une dépollution efficace, permet de traiter des échantillons relativement pollués alors que le criblage à sec, moins contraignant et plus économique, servira à la dépollution de sédiments légèrement pollués. Néanmoins, pour les sédiments largement pollués, l’apport d’une nouvelle technique comme l’attrition, apparaît être indispensable pour répondre aux exigences des filières de valorisation. Le choix de la filière de traitement dépend aussi des voies de valorisation souhaitées (remblais routiers, de surface…). 1.4.2 Traitement biologique Les procédés biologiques permettent de dégrader les polluants par l'action de microorganismes (bactéries, champignons…) et peuvent être utilisés seuls ou en complément d'une autre technique. La décontamination par voie biologique consiste donc à stimuler un phénomène naturel pour en augmenter le rendement afin de détruire le polluant organique qui sera utilisé comme source de carbone. Les traitements biologiques sont réalisés in situ en introduisant dans le sol les éléments nécessaires au développement de la biomasse (oxygène sous forme gazeuse ou liquide et 59 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques nutriments) ou bien ex situ en traitant le sol excavé. Nous allons nous intéresser au Landfarming, technique de dégradation ex-situ des hydrocarbures. 1.4.2.1 Principe La technique de Landfarming est présentée sur les figures ci-dessous. Une bâche est étendue sur une surface plane pour imperméabiliser la zone de traitement (Figure I-8). Le sol excavé est ensuite étalé sur une grande surface imperméable, d’une épaisseur de quelques dizaines de centimètres (Figure I-9). Figure I-8 : Mise en place de la surface imperméabilisée. Figure I-9: Mise en place du sol ou sédiment à traité. Les ajouts d’eau et d’éléments nutritifs dans le sol sont présentés sur la Figure I-10. Un retournement régulier est nécessaire pour apporter de l’oxygène au sol (Figure I-11). Figure I-10: Inoculation du sol. Figure I-11: Labourage du sol Lorsque la dégradation des hydrocarbures et des HAP n'est pas suffisamment élevée, des ajouts de nutriments spécifiques ou de bactéries adaptées à la pollution peuvent être effectués. Une réelle amélioration des taux de dégradation des HAP après avoir ajouté de l'azote a été constatée avec une augmentation de 10 % du taux de biodégradation (Straube et al., 2003). De même, la bioaugmentation (ajout de bactéries spécifiques) est une solution pour favoriser la 60 Traitements dégradation des HAP lourds (benzo[a]pyrène) ou le traitement des sols fortement contaminés (Juhasz et Naidu, 2000). La durée de traitement est de 12 à 24 mois pour un taux moyen (le rendement varie selon la molécule) de dégradation de 80 % (Gabet, 2004). 1.4.2.2 Dégradations biotique et abiotique des hydrocarbures et HAP dans les sols Les hydrocarbures et HAP une fois sorbés au sol peuvent subir des dégradations abiotiques (volatilisation, hydrolyse ou réactions photochimiques) et des transformations biotiques liées aux micro-organismes des sols. L'hydrolyse et les réactions photochimiques sont négligeables devant le processus de volatilisation. La volatilisation La volatilisation peut être un important phénomène de perte des hydrocarbures et HAP, particulièrement pour ceux de faibles masses. Ce phénomène est surtout élevé lors des premiers jours de traitement (Wilcke, 2000). Différents paramètres influent sur la volatilisation. L'humidité du sol a une influence indirecte sur les taux de volatilisation du fluoranthène via l'évaporation de l'eau du sol (Ophoff et al., 1996). Ces auteurs ont de plus observé une fluctuation diurne de la volatilisation et ont conclu que la température de l'air avait une influence sur le taux de volatilisation. Le taux de volatilisation dépend également des hydrocarbures (linéaires, ramifiés, polycycliques) sorbés au sol. En effet, des taux de volatilisation peuvent atteindre 30 % pour du naphtalène fraîchement introduit dans deux sols relativement humides (60 %) en 2 jours (Wilcke, 2000). Les HAP à trois cycles (anthracène et phénanthrène) ne se volatilisent quasiment pas (moins de 0,1 %). Les quelques expériences de volatilisation réalisées jusqu'ici sont effectuées peu de jours après la contamination artificielle. La volatilisation est également influencée par le potentiel redox des sols ; en conditions dénitrifiantes les pertes d'acénaphtène, acénaphthylène, fluorène et anthracène sont beaucoup plus faibles qu’en conditions aérobies (Wilcke, 2000). La biodégradation Le métabolisme microbien est le processus majeur de dégradation des hydrocarbures et HAP dans les sols (Gabet, 2004). Le fluorène est utilisé comme structure modèle pour étudier la biodégradation des HAP. Cette dernière se fait le plus souvent en conditions aérobies (Kanaly et Harayama, 2000; Samanta et al., 2002). L'attaque se fait au niveau d'un anneau, en général 61 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques terminal, grâce à une enzyme, la dioxygénase, donnant une structure de type catéchol. Ensuite, par action d'une seconde dioxygénase, il y a rupture de la structure formée (en ortho ou méta des groupes hydroxyles), suivie par d'autres ruptures. Les sous-produits formés sont généralement plus solubles, plus mobiles et peuvent présenter une toxicité. De plus, les bactéries capables de dégrader le pyrène sont Gram (+) alors que celles dégradant le fluoranthène sont Gram (-) (Ho et al., 2000). Le Tableau I-38 récapitule les demi-vies de plusieurs HAP dans les sols. Les valeurs varient suivant les auteurs, mais dans tous les cas, les demi-vies de biodégradation des HAP de plus de quatre cycles augmentent considérablement (> 20 jours à des centaines de jours). Tableau I-38 : Demi-vie des HAP dans les sols (Gabet, 2004). Fluorène Phénanthrène Anthracène Fluoranthène Pyrène Benzo[a]pyrène 32 à 60 jours 2,5 à 210 jours 170 jours à 8 ans 268 jours à 377 jours 199 à 260 jours 0,3 à 58 ans Le processus de biodégradation est un phénomène complexe et largement dépendant des conditions influant sur l'activité bactérienne, à savoir la toxicité des polluants, les conditions environnementales ou la biodisponibilité des éléments nutritifs. Généralement, les sites industriels pollués par les HAP sont dits multi-polluants. Par exemple, les sites de traitement du bois (créosote) sont également contaminés par des composés phénoliques. La présence de contaminants type métaux ou cyanures et/ou de fortes concentrations en solution peuvent ralentir, voire inhiber les processus métaboliques des bactéries (Hurst et al., 1996), le degré et le mécanisme de toxicité variant avec les micro-organismes exposés. Dans les sols, le taux de biodégradation est influencé par le contenu en oxygène, le pH, la température (Nam et Alexander, 2001), l'humidité et le contenu en nutriment (Hurst et al., 1996). Le pH optimal de dégradation se situe entre 7 et 7,8 ; la température optimale est de 20-30°C et l'humidité du sol doit également être suffisante (25 à 90 %). Les nutriments essentiels, N et P, doivent être sous forme disponible et être à des concentrations et des 62 Traitements rapports appropriés. En effet, en théorie, le rapport molaire optimal entre C, N et P est de 120/10/1. La structure du sol joue un rôle important sur le transport de l'oxygène dans les sols (Erikson et al., 2000). Cet auteur indique que plus un sol est dense, moins les nutriments et l'O2 sont transportés vers la flore indigène du milieu, responsable de la biodégradation. De même, les agrégats de sols réduisent la biodégradation des hydrocarbures (Nam et al., 2003). Sous certaines conditions, la dégradation anaérobie peut se produire. En effet, certains HAP (naphtalène, fluorène, phénanthrène, anthracène, fluoranthène et pyrène) sont dégradés en conditions anaérobie lorsque des nitrates ou des sulfates assuraient le rôle de réducteur (Chang et al., 2002; Mcnally et al., 1998; Rockne et Strand, 1998). Le taux de biodégradation est plus lent en conditions anaérobies car les HAP ont tendance à être extrêmement stables (Rockne et Strand, 1998). 1.4.2.3 Conclusion Les techniques biologiques semblent être prometteuses, mais elles nécessitent des durées de traitement élevées et des surfaces disponibles relativement importantes. De plus, les phénomènes de volatilisation et biodégradation semblent relativement complexes. Les coûts de ces traitements fluctuent entre 45 et 80 euros la tonne en fonction des adjuvants ajoutés et de la fréquence des labours (Gabet, 2004). 63 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques 1.5 Valorisation : 1.5.1 Etats des lieux des filières d’élimination des sédiments 1.5.1.1 Les boues de curage des bassins routiers et autoroutiers L’enquête déchets réalisée par l’Observatoire National de la Route (ONR) en 2001 a permis d’identifier le devenir des boues issues du curage des bassins de retenue et d’infiltration présents à proximité des principaux axes routiers et autoroutiers. Autoroutes concédées (SANEF) Epandage 39% Lits de séchage 44% Autres 17% Figure I-12 : Devenir des produits de curage de bassins des autoroutes concédées de la SANEF. (ONR, 2001). RN et autoroutes non concédées Décharge 29% Mise en dépôt 13% Epandage 13% Non précisé 29% Autres 16% Figure I-13: Devenir des produits de curage de bassins des routes nationales et des autoroutes non concédées. (ONR, 2001). Le terme « autres » désigne le dépôt en terre maraîchère, l’incinération, la remise à l’entreprise, l’utilisation en calage d’accotement…. 64 Valorisation 1.5.1.2 Les boues de curage des fossés Autoroutes concédées (SANEF) Décharges 14% Epandage 86% Figure I-14: Devenir des produits de curage des fossés des autoroutes concédées de la SANEF. (ONR, 2001). RN et autoroutes non concédées (DDE) Lits de Décharge séchage 25% 3% Mise en dépôt 20% Autres 40% Epandage 12% Figure I-15: Devenir des produits de curage des fossés des autoroutes non concédées. (ONR, 2001). 1.5.1.3 Conclusion Les pratiques d’élimination diffèrent selon les gestionnaires des équipements. Elles sont multiples mais la plupart d’entre elles ne sont pas pérennes au regard de l’évolution du contexte réglementaire et des connaissances scientifiques, notamment en termes d’impact sur l’environnement et de santé publique. C’est le cas de la mise en décharge, de l’épandage ou de la mise en dépôt. 65 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques La réglementation française, par la loi 75-633 du 15 juillet 1975 relative à l’élimination et à la récupération des matériaux, modifiée le 13 juillet 1992, renforce cette volonté en stipulant que seuls les déchets ultimes, à savoir les déchets résultant ou non du traitement d’un déchet, qui ne sont pas susceptibles d’être traités dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux, seront admis en décharge à compter du 1er juillet 2002. Certes, les réalités du terrain ont conduit à repousser cette échéance mais ceci n’est qu’une période transitoire ; de nouvelles solutions devront donc être proposées. L’utilisation des boues issues du traitement d’eaux pluviales sur les terrains agricoles ou leur mise à disposition des agriculteurs sont des pratiques à proscrire systématiquement au titre de l’article 6 du Décret n°97-1133 du 8 décembre 1997 (relatif à l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées) et ce pour deux raisons : • « l’épandage des boues ne peut-être pratiqué que si celles-ci présentent un intérêt pour les sols ou pour la nutrition des cultures et des plantations. Il est interdit de pratiquer des épandages à titre de simple décharge ». Or, les boues issues de l’assainissement pluvial présentent une faible valeur agronomique en raison d’une faible teneur en matières organiques, d’un faible contenu en azote, phosphore et soufre. La granulométrie de ces matériaux ne peut, de plus, correspondre à un apport structurant aux sols. • « La nature, les caractéristiques et les quantités de boues épandues ainsi que leur utilisation doivent être telles que leur usage et leur manipulation ne portent pas atteinte, directe ou indirecte, à la santé de l'homme et des animaux, à l'état phytosanitaire des cultures, à la qualité des sols et des milieux aquatiques ». Le contenu de ces boues en éléments-traces métalliques (cadmium, plomb et zinc) et en hydrocarbures totaux peut ainsi être problématique. De ce fait les boues ne pourront être mises en dépôt que sur des emprises sous responsabilité du gestionnaire en garantissant leur non-culture/pâture. Deux modalités de dépôt pourront être ainsi définies : 66 Valorisation • un dépôt réalisé ponctuellement (dans le temps) et sur une faible épaisseur (épandage). La restriction à cette pratique sera la classification en DIS (Déchets Industriels Spéciaux) des matériaux. • un dépôt régulier ou alors en une fois, qui implique dans les deux cas des épaisseurs de boues importantes correspondant à la reconstitution d’un sol (création d’un néosol). On vérifiera alors que les concentrations en éléments-traces de ce néo-sol ne le classent pas comme sol pollué. Dans le cas contraire ce mode de dépôt est à proscrire. Ces matériaux pourraient, pour certains usages, remplacer les ressources naturelles. La valorisation en remblai semble être aujourd’hui envisageable. En effet cette solution ne nécessite pas de matériaux nobles et pourrait donc être bien adaptée aux sous-produits solides de l’assainissement pluvial. 1.5.2 Valorisation des sédiments : Le devenir des sous produits issus de l’assainissement avec, le dépôt en Centre d’Enfouissement Technique de classe 2 (CET 2), les épandages en agriculture, les recharges d’accotements routiers ou encore les dépôts en décharge non contrôlée, révèle l’urgence de trouver de nouvelles filières de valorisation pour ces sous produits. Dans cette optique, plusieurs solutions émergent, et demandent à être évaluées, à la fois en matière de compatibilité mécanique, de risque sanitaire et environnemental, et de rentabilité économique. 1.5.2.1 La fabrication de béton : Les matériaux utilisés pour la fabrication de béton doivent répondre à des caractéristiques très précises, tant sur le plan granulométrique que chimique. Ces spécifications sont récapitulées dans la norme XP P 18-540. Deux familles de paramètres sont prises en compte : • Les caractéristiques intrinsèques liées à la qualité du matériau utilisé (capacité d’absorption d’eau, friabilité des sables, essai Los Angeles). Ce sont des paramètres qui permettent d’apprécier le comportement et la résistance des matériaux aux contraintes mécaniques qu’ils seront susceptibles de rencontrer. 67 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques • Les caractéristiques de fabrication étudiées sont les suivantes : granularité, module de finesse, propreté des sables, impuretés, teneurs en sulfates, en matières organiques, en soufre total, en chlorures. Globalement, les spécifications qui entrent en compte pour la fabrication de béton sont nombreuses et contraignantes. La réutilisation des sous produits ne pourra se faire que si un système de traçabilité très exigent est mis en place. 1.5.2.2 Les différents remblais et couches de forme : Classification des matériaux Les différents systèmes de classifications géotechniques des matériaux proposés ont souvent été établis avec le souci de servir l’ingénieur dans l’ensemble des différents domaines du génie civil où ces matériaux sont concernés (ouvrage en terre, fondations, stabilité de pentes, assises de chaussées ou élaboration des granulats…). Cette recherche d’universalité s’est avérée trop ambitieuse car la complexité des comportements des matériaux fait que les propriétés qui sont significatives pour un certain usage ne sont souvent plus les mêmes dès que l’on s’intéresse à un autre usage. Ceci a conduit alors à chercher des classifications spécifiques à chaque grand domaine d’utilisation de ces matériaux. Ainsi, pour la réalisation des remblais et des couches de forme, les différentes classifications en usage au niveau international se sont montrées mal adaptées soit parce qu’elles étaient établies sur la base de paramètres n’ayant pas, ou peu, de signification vis à vis des problèmes rencontrés, soit surtout parce qu’elles occultaient certains aspects capitaux (l’état hydrique des sols sensibles à l’eau, les caractères évolutifs de certains matériaux rocheux, ou encore la dimension maximale des plus gros éléments présents dans le sol). En 1976, un progrès notable a été apporté par la première édition de la Recommandation pour les Terrassements Routiers (RTR) (SETRA et LCPC, 1976) qui proposait une classification des matériaux établie précisément en fonction des problèmes posés par leur utilisation dans la construction des remblais et des couches de forme, et s’appuyant sur les paramètres d’identification et de comportement jugés les plus représentatifs à cet égard. La classification des matériaux a subi de nombreuses améliorations avec notamment les guides techniques du LCPC et du SETRA concernant la réalisation des remblais et des 68 Valorisation couches de formes (GTR). Deux éditions sont parues en 1992 puis en 2000 (SETRA et LCPC, 2000) et ont fait l’objet d’une norme française AFNOR (NF P 11-300). Cette norme établit donc une « classification des matériaux utilisables dans la construction des remblais et couches de forme d’infrastructures routières ». Les sols y sont définis comme des matériaux naturels, constitués de grains pouvant se séparer aisément par simple trituration ou éventuellement sous l’action d’un courant d’eau. La dernière version du GTR décrit les matériaux comme suit : « Tout sol ou matériau peut être rangé selon ce système de classification dès lors que les valeurs des différents paramètres sont connues et que les essais permettant de les déterminer sont reconnus significatifs sur le sol ou le matériau considéré ». Cette classification reste cependant axée sur les conditions de réutilisation et, en particulier, ne rend pas compte des problèmes liés aux difficultés d’extraction. Les matériaux ayant une teneur en matière organique supérieure à 3 % sont répertoriés dans la classe F. Les sous produits de l’assainissement pluvial issus des bassins ou fossés appartiennent, en grande majorité, à cette classe de matériaux. Ils pourront néanmoins être valorisés en remblai de surface si leurs teneurs en matière organique n’excède pas 10 %. Pour les matériaux traités (MO < 3%), une caractérisation géotechnique permettra de définir leur classe d’appartenance (A, B, C ou D). Les paramètres retenus pour la classification des matériaux se rangent en trois catégories : - paramètres de nature qui se rapportent à des caractéristiques intrinsèques, c’est-à-dire qui ne varient pas ou peu, ni dans le temps ni au cours des différentes manipulations que subit le sol au cours de sa mise en œuvre. Les paramètres concernés sont la granulométrie et l’argilosité. - paramètres de comportement mécanique qui prennent en considération les risques de fragmentation des matériaux afin d’évaluer leur résistance vis à vis de contraintes telles que le trafic. - paramètres d’état qui ne sont pas propres au sol mais fonction de l’environnement dans lequel il se trouve. Pour les matériaux meubles, sensibles à l’eau, le seul paramètre d’état sera l’état hydrique. 69 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques En fonction des différents paramètres obtenus, le GTR propose une classification des résidus ainsi que les différentes filières de valorisation et leurs conditions d’utilisation et de mise en œuvre. En fonction des différents types de remblais, les exigences ne seront pas les mêmes (Ducommun, 2004). De plus, un autre guide traitant du remblayage des tranchées et de la réfection des chaussées a été publié en 1994 par le LCPC et le SETRA. Ce guide technique utilise la classification présente dans le GTR et adapte les conditions d’utilisation des sous-produits au remblai de tranchée et à la réfection de chaussées. Filières de valorisation En fonction de la classification des matériaux, différentes filières de valorisation pourront être envisagées pour les sous produits issus de l’assainissement pluvial : - remblai routier - couches de forme - remblai de tranchée - remblai de surface Les remblais de surface correspondent à la filière de valorisation la moins exigeante (matériaux de classe F). Les résidus traités pourront en fonction de leurs caractéristiques physiques, chimiques et géotechnique être orientés vers une filière de valorisation plus noble comme les remblais routiers ou de tranchées et les couches de formes. Dans tous les cas, les matériaux ne doivent pas présenter de danger pour l’environnement. Ils ne doivent pas être pollués (on prendra comme références les mêmes normes que celles utilisées lors de la synthèse bibliographique : les valeurs d’intervention hollandaises et les indications de l’Institut Français du Pétrole pour les hydrocarbures totaux), ni potentiellement polluants. 1.5.3 Les risques sanitaires Bien que ces matériaux lavés soient classés valorisables, ils ne sont souvent pas totalement exempts de pollution après traitement. Les risques inhérents à la valorisation en remblai sont 70 Valorisation la pollution des nappes phréatiques sous jacentes, l’exportation de la pollution via le ruissellement et l’exposition par inhalation des travailleurs du BTP. Dans l’état actuel des connaissances et de la réglementation française, les seules références disponibles en matière de remobilisation des polluants sont les seuils établis pour la valorisation des mâchefers à partir des tests de lixiviations (circulaire DPPR/SEI/BPSIED n° 94-IV-1 du 9 mai 1994 relative à l'élimination des mâchefers d'incinération des résidus urbains). Les résultats obtenus sur les sables lavés par l’installation ECOSABLE (Helaine, 2000) sont comparés aux teneurs utilisées pour les mâchefers (Tableau I-39). Tableau I-39 : Potentiel lixiviable du sable traité par le procédé ECOSABLE et comparaison avec les teneurs pour mâchefers « V » (Helaine, 2000). Paramètres étudiés Caractéristiques du sable lavé Valeurs seuils mâchefers en mg kg-1) (Helaine, 2000) «V» Hg <0,03 <0,2 Pb <1,55 <10 Cd <0,3 <1 As <0,05 <2 Cr <0,3 <1,5 Sulfates 2145 <10000 COT 214 <1500 Hydrocarbures totaux <26 <1000 (Source IFP) En l’absence d’autres données, la comparaison avec la circulaire ci-dessus peut constituer une première approche mais elle ne garantit en rien l’innocuité des produits et l’absence de risque sanitaire. En effet, la circulaire environnementale sur les mâchefers n’a pas été établie suite à une démarche d’évaluation des risques. Lissalde (2002) a réalisé des calculs de contamination de nappes phréatiques par les lixiviats en utilisant le cadmium comme indicateur de pollution. Le quotient de danger obtenu est égal à 0,256 soit 4 fois inférieur au seuil de 1. Mais au vu des incertitudes liées à l’évaluation des 71 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques risques, Lissalde ne peut conclure sur une absence de risque sanitaire lié à une exposition au cadmium. De plus, les conditions de lixiviation de la norme X 31-210 sont totalement différentes de celles rencontrées dans la nature : - La solution de lixiviation est de l’eau distillée dont le pH est différent des eaux de pluie ; or, le pH est l’un des principaux facteurs de remobilisation des métaux. - Le test consiste en une agitation des matériaux avec un large excès d’eau alors que dans les conditions naturelles, ce rapport est inversé et l’eau de pluie percole naturellement à travers les matériaux. Le risque inhérent aux métaux lourds est souvent le seul à être évalué alors que d’autres molécules telles que les HAP et PCB sont elles aussi très toxiques et extrêmement mobiles. Un principe de précaution est donc a adopté et il faut éviter d’utiliser ces matériaux en zone sensible (Lissalde, 2002). 72 L’ Essentiel L’essentiel : De cette revue bibliographique, nous pourrons retenir les points suivants : De nombreux travaux sur l’origine des polluants et sur la caractérisation des sédiments issus de l’assainissement pluvial ont fourni des éléments sur les sources de polluants et ont montré que ces sous-produits de l’assainissement doivent être considérés comme de réels déchets potentiellement dangereux pour l’Homme et l’environnement. Malgré une prise de conscience des gestionnaires et des autorités, l’absence de normes françaises ou européennes sur les sédiments de l’assainissement pluvial constitue un problème de taille pour appréhender la gestion de ces résidus. Actuellement, plusieurs groupes de travail abordent ce sujet afin de définir des solutions adaptées à la problématique. Face aux coûts d’élimination de leurs déchets et aux quantités importantes de résidus, les gestionnaires sont à la recherche de solutions pour valoriser tout ou partie de leurs gisements de déchets pollués. La mise en place de traitements physique (attrition , cyclonage, tamis vibrants …) ou biologique (Landfarming, phyto-remédiation…) pourrait permettre une valorisation de ces produits comme sable à béton ou remblai routier. 73 Chapitre 1 : Rappels bibliographiques 74 Chapitre 2 II Matériels et méthodes Sites expérimentaux Caractérisation des sédiments Ce chapitre présente d’une part, les matériels et méthodes relatifs à la caractérisation des sédiments et d’autre part, les différents sites expérimentaux étudiés ainsi que la caractérisation des sédiments prélevés. Il se décompose en trois parties. La première partie est dédiée à la description du matériel et à la méthodologie employée pour caractériser les sous produits de l’assainissement pluvial. La seconde partie est consacrée à la description du contexte, avec notamment la situation géographique, les points de prélèvement, des différents bassins et voiries étudiés. La troisième partie s’illustre par une caractérisation détaillée des sédiments bruts utilisés lors de ces travaux de recherche. La granulométrie ainsi que les teneurs en matière organique, éléments traces, hydrocarbures totaux et HAP sont les principaux paramètres étudiés. 75 Chapitre 2 : Matériels et méthodes 2.1 Méthodes d’analyse et de caractérisation L’ensemble des analyses réalisées sur les eaux et sur les sédiments intègrent le système qualité mis en place au LCPC. Le laboratoire affirme ainsi son souci de garantir la qualité des essais réalisés (ISO 9001 depuis janvier 2003). L'établissement du plan qualité est à l'origine de la création du recueil des procédures d'essais inhérent à la section Caractérisation et Transfert des Polluants, qui répertorie l'ensemble des essais couramment réalisés, leurs modes opératoires ainsi que les précautions opératoires mises en œuvre afin de garantir la validité des résultats. Par exemple, au cours de la quantification des différents éléments en phase liquide, des solutions de contrôle qualité interne, aux teneurs en éléments connues et certifiées, sont insérées dans les séries de dosages. Si un écart, supérieur à 5 % pour les dosages en ICP ou supérieur à 10 % pour les autres spectrométries d'absorption atomique, est observé entre les valeurs certifiées et les teneurs estimées par la mesure, l'étalonnage de l'appareil est réitéré et les quantifications sont renouvelées. De plus, tous les produits chimiques utilisés sont de qualité analytique reconnue (Merck, Suprapur ou Pro Analysis). L'eau ultra pure (de résistivité 18,2 M Ω/cm) est obtenue grâce à un système de production combiné (résines, UV, ultrafiltration) Maxima Elga. La verrerie et les équipements en contact avec les échantillons, comme les postes de filtration par exemple, sont nettoyés avec des solutions d'acide nitrique à 10 % puis rincés à l'eau pure. 2.1.1 Matière minérale : 2.1.1.1 Protocoles analytiques : Les différentes méthodes d’analyses utilisées pour caractériser la matière minérale présente au sein des sédiments sont résumées dans le Tableau II-1. Les analyses sont effectuées soit sur les échantillons bruts, soit sur les prélèvements tamisés à 2 mm. 76 Méthodes d’analyse et de caractérisation Tableau II-1 : Méthodes et normes utilisées pour la caractérisation des sédiments. Nature de l’analyse Méthodes utilisées Détermination du pH Analyses granulométriques (tamis et laser) NF EN 12176, mai 1998 NF X 11-666, septembre 1984 et Méthode LCPC Détermination de la matière volatile à 550 °C NF EN 12879, mai 1997 Détermination de la matière sèche et de la teneur en eau NF EN 12880, mai 1997 Mise en solution par attaque acide (HF, HClO4) Dosage de Al, Fe, Mn, Si, Cr, Cu, Ni, Pb, Zn, P, Mg par spectrométrie d’émission atomique avec plasma couplé par NF X 31-147, septembre 1996 NF ISO 11885, novembre 1997 induction (I.C.P-AES) Dosage du Pb, Cd, Ni par spectrométrie d’absorption NF T 90-119 atomique, avec atomisation électrothermique (S.A.A) Lyophilisation NF ISO 11464, décembre 1994 Les analyses physiques Les mesures physiques sont réalisées sur les échantillons bruts (granulométrie, observations microscopiques). La granulométrie des échantillons est déterminée par tamisage pour les particules de taille supérieure à 500 µm, et par granulométrie à diffraction laser pour les particules de taille inférieure à 500 µm (Malvern Master Sizer MS 1005). La mesure par diffraction laser repose sur la théorie de Fraunhofer qui nécessite des hypothèses assez fortes : - particules sphériques, non poreuses et opaques, - diamètre des particules supérieur à la longueur d’onde (d > 5 λ), - particules suffisamment éloignées les unes des autres (conditions vérifiées par le taux d’opacité), - mouvement aléatoire des particules, - toutes les particules diffractent la lumière avec la même efficacité. Par la suite, un logiciel relie les résultats partiels de la granulométrie par tamisage aux résultats de l'analyse par diffraction en une seule courbe de répartition entre 1 et 2000 µm. Ce 77 Chapitre 2 : Matériels et méthodes logiciel fournit les différents indices granulométriques notamment les d10, d50, d90 qui correspondent à la dimension des particules à 10, 50 et 90 % de la répartition. L’étude au microscope électronique nécessite une préparation des échantillons : la métallisation consiste en un dépôt de palladium et d’or (Pd/Au) afin de donner à l’échantillon des propriétés conductrices. Le matériel utilisé est un microscope électronique à balayage (MEB) Hitachi S-570 associé à un dispositif de microanalyse par spectrométrie de rayons X dispersive d’énergie (EDS). Les analyses chimiques Les analyses chimiques sont réalisées sur des échantillons préalablement tamisés sur tamis en nylon, selon l'analyse à réaliser afin d'éviter une éventuelle contamination. L'échantillon peut être broyé et lyophilisé selon la norme NF ISO 11464, décembre 1994 en fonction des analyses souhaitées. Les matières volatiles sont mesurées par perte de poids de l'échantillon après calcination pendant 2 heures à 550°C, selon la norme NF EN 12879, mai 1997 (≈MO)1. La matière sèche ainsi que la teneur en eau des sédiments sont mesurées par séchage jusqu'à une masse constante dans une étuve à 105°C, selon la norme NF EN 12880, mai 1997. La détermination du pH est effectuée à l'aide d'un pH mètre suivant la norme NF EN 12176, mai 1998. Avant analyse des échantillons, un étalonnage est réalisé à l'aide des solutions pH encadrant la valeur à déterminer ainsi qu'un contrôle qualité interne (CQI). La détermination des teneurs totales en éléments traces (Pb, Cu, Cd, Zn, Ni, Cr) et en éléments majeurs (Al, Fe, Mn, Si, Ca, K, Mg, Na, P) nécessite une mise en solution. Elle se fait par attaque acide des phases solides, selon la norme NF X 31-147, juillet 1996 (AFNOR, 1999), après calcination à 450°C pendant 3 heures, à l'aide d'un mélange d'acide fluorhydrique concentré et d'acide perchlorique. L'analyse des éléments majeurs et traces se fait par I.C.PAES sauf pour le Cd où les analyses se font en S.A.A. Chaque série de mise en solution comporte systématiquement deux essais à blanc pour détecter une contamination éventuelle des réactifs ou de la verrerie, et un à trois échantillon(s) de référence (CRM 320) qui permettent de contrôler la qualité des analyses d'éléments traces et majeurs. 1 Le taux de matière volatile peut être assimilé à la teneur en matière organique 78 Méthodes d’analyse et de caractérisation Incertitudes des résultats Sur chaque analyse effectuée au sein de la section Caractérisation et Transfert des polluants, des contrôles de qualités internes (CQI) sont utilisés pour valider les résultats proposés au cours des différentes études. Pour l’étude des concentrations en éléments traces et majeurs, un échantillon de référence connu est utilisé pour valider les résultats obtenus (CRM 320-sédiments). Le laboratoire propose depuis 2001 un suivi des différents résultats obtenus à partir du CRM 320. Les incertitudes relatives à 95 % pour les différents éléments analysés sont présentées dans le Tableau II-2. Ces résultats sont tirés des cartes de contrôle de qualité interne où l’on tient compte de la répétabilité et de la reproductibilité. Tableau II-2 : Incertitudes relatives sur l’échantillon de référence du CRM 320. Nombre Moyenne Incertitude Eléments -1 d’échantillon en mg kg relative (95 %) Dosage Cd 18 0,41 9,6 % SAA Cr 96 114,2 7,1 % ICP Cu 98 39,5 11,6 % ICP Ni 90 68,2 10,4 % ICP 103 39,8 36,2 % ICP 49 38,0 14,4 % SAA Zn 95 132,9 9,1 % ICP Al 75 80010 7,8 % ICP Fe 81 44380 8,6 % ICP Mn 79 698 5,7 % ICP P 48 1,0 4,0 % ICP Pb De plus, le laboratoire intervient dans un programme de validation sur la qualité des résultats (AGLAE). Les résultats obtenus depuis 1999 pour les analyses effectuées sur les sédiments (2 séries par an) sont présentés sur la Figure II-1. Si les résultats sont supérieurs à 2 écarts types, ils sont mis sous surveillance ; au-delà de 3 écarts types, il y a une anomalie. 79 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Cr 3 3 2 2 Ecart type Ecart type Cd 1 0 -1 -2 1 0 -1 -2 -3 -3 0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 Essai 3 3 2 2 1 0 -1 -2 14 10 12 14 10 12 14 10 12 14 1 0 -1 -3 0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 Essai 8 Essai Pb Zn 3 3 2 2 Ecart type Ecart type 12 -2 -3 1 0 -1 -2 1 0 -1 -2 -3 -3 0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 Essai 8 Essai Al P 3 3 2 2 Ecart type Ecart type 10 Ni Ecart type Ecart type Cu 1 0 -1 1 0 -1 -2 -2 -3 -3 0 2 4 6 8 10 12 14 0 Essai Figure II-1: Classements qualitatifs des résultats d’AGLAE. 80 8 Essai 2 4 6 8 Essai Méthodes d’analyse et de caractérisation Les résultats obtenus sont très satisfaisants et se situent pour la plupart d’entre eux à plus ou moins 1 écart type. On peut également signaler l’existence d’un léger biais avec une tendance à majorer les résultats, notamment pour le chrome, le plomb, le zinc, le phosphore et l’aluminium. 2.1.2 Matière organique : Différentes techniques ont été utilisées pour l’étude de la matière organique : perte au feu, chromatographie et infra rouge. 2.1.2.1 Matière organique et carbone organique total Le taux de matière organique, exprimé en pourcentage de matière sèche, est mesuré par perte au feu de l’échantillon après calcination au four à 550°C selon la norme NF EN 12879. La teneur en carbone organique total est mesurée par dosage du carbone organique par oxydation sulfochromique selon la norme NF ISO 14235 de septembre 1998. 2.1.2.2 Hydrocarbures totaux Les hydrocarbures totaux ont été analysés au Laboratoire régional de l’Ouest Parisien (LROP) ; ils sont déterminés selon la norme X31-410. Le solvant d’extraction utilisé est le fréon et le dosage du percolat est effectué sur un spectromètre infra rouge Perkin Elmer Paragon 1000. 2.1.2.3 Hydrocarbures aromatiques polycycliques La détermination des teneurs en HAP est réalisée selon la norme XP X33-012 de mars 2000 au LROP. La première étape consiste en l’extraction solide liquide par soxhlet avec comme solvant d’extraction le mélange hexane, acétone (v/v). Le solvant est ensuite évaporé sous jet d’air comprimé et le résidu est repris par de l’hexane avant d’être purifié sur colonne de sulfate de sodium (Na2SO4) et sulfate d’alumine (Al2O3SO4). Le résidu purifié est injecté dans le système chromatographique composé d’une pompe binaire qui permet de réaliser le gradient d’élution acétonitrile-eau, d’une précolonne et d’une colonne chromatographique pour permettre la séparation des HAP, et d’un détecteur fluorométrique pour leur détection. L’enregistrement du signal est réalisé à partir du logiciel Breeze. 81 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Incertitudes des résultats Le LROP réalise des essais croisés BIPËA sur la détermination des hydrocarbures et des HAP dans les sédiments marins dopés et les boues de STEP dopées. Les écarts obtenus entre les laboratoires sont très importants et confirment les incertitudes élevées liées à ces analyses. Le Tableau II-3 présente les écarts obtenus pour les hydrocarbures totaux et pour les HAP. Tableau II-3 : Tolérances en pourcentage par rapport à l’échantillon référence des hydrocarbures totaux et HAP. Sédiments marins Boues de STEP dopés dopées en % en % 88 58 Benzo(a)anthracène 105 64 Benzo(a)pyrène 97 71 Benzo(b)fluoranthène 103 77 Benzo(k)fluoranthène 113 72 Benzo(ghi)pérylène 97 75 Dibenzo(ah)anthracène 127 69 Fluoranthène 98 71 Indéno(123 cd)pyrène 115 80 Anthracène 107 71 Hydrocarbures totaux HAP Les tolérances obtenues pour la détermination des concentrations en HAP et hydrocarbures totaux entre les laboratoires sont très élevées. Les résultats attendus devront donc être interprétés avec prudence. 2.1.3 Caractérisation géotechnique Les caractérisations géotechniques sont réalisées afin de déterminer, selon le guide de réalisation des remblais et des couches de forme (GTR), les différentes classes d’appartenance des résidus traités. Les paramètres retenus pour la classification des matériaux se rangent en trois catégories. 82 Méthodes d’analyse et de caractérisation 2.1.3.1 Paramètres de nature Granulométrie Le matériel et les méthodes utilisées sont présentés dans la partie « 2.1.1 Matière minérale ». Les critères importants pour la caractérisation géotechnique sont présentés dans le Tableau II-4 : Tableau II-4: Les différentes valeurs seuils lors de l’analyse granulométrique. Valeurs Paramètres Interprétation seuils dmax ≤ 50 mm : sol fin, sableux, ou graveleux (classes A, dmax 50 mm B, D1 ou D2) dmax ≥ 50 mm : sol blocailleux (classes C et D3) Tamisat à 2 mm 70 % ≤ 70 % : sol à tendance graveleuse ≥ 70 % : sol à tendance sableuse ≤ 12 % : sol pauvre en fines (particules inférieures à 80 µm) Tamisat à 80 µm 35 % et 12 % ≥ 12 % : sol riche en fines ≥ 35 % : le comportement du sol à considérer est celui de la fraction fine (< 80 µm) - Le dmax correspond à la dimension maximale des plus gros éléments contenus dans les matériaux. Le seuil retenu est de 50 mm. - Le tamisât à 2 mm permet d’établir une distinction entre les matériaux à tendance sableuse et les matériaux à tendance graveleuse. Le seuil retenu est de 70 %. - Le tamisât à 80 µm permet de distinguer les sols riches en particules fines et, dans une large mesure, d’évaluer leur sensibilité à l’eau. Deux seuils sont retenus, 35 % et 12 %. Valeur au bleu de méthylène La valeur au bleu de méthylène par l’essai à la tache notée Vbs (NF P 94 068) consiste à injecter dans une solution contenant le sol une quantité croissante de bleu de méthylène, et à déterminer la quantité de bleu permettant de saturer le sol (Figure II-2). Les résultats obtenus s’expriment donc en grammes de bleu pour 100 grammes de matériau. 83 Chapitre 2 : Matériels et méthodes A B Figure II-2: Ensemble du matériel d’essai (A). Auréole bleue à la périphérie de la tache indiquant la fin de l’adsorption du bleu sur le sol (B). Le mécanisme physique mis en jeu dans cet essai est l’adsorption des molécules de bleu de méthylène, chargées positivement, à la surface des particules argileuses. Lorsque toute la surface des particules est recouverte de molécules de bleu de méthylène, celui-ci reste libre dans la solution, ce qu’indique l’auréole bleu clair autour de la tache. La réalisation de l’essai met en jeu l’appréciation de l’opérateur ce qui explique que l’incertitude de mesure en reproductibilité puisse atteindre 5 % (Beaulieu, 1979). Enfin, les résultats de l’essai peuvent être influencés par la nature des cations échangeables, dans la mesure où les ions de faible valence sont plus facilement échangés avec le bleu de méthylène que les ions de plus fortes valences. Comme pour la granulométrie, différentes valeurs seuils sont définies dans le GTR pour caractériser les matériaux (Tableau II-5). Tableau II-5 : Valeurs seuils retenues pour l'évaluation de l'argilosité. 1 : ce critère doit être complété par la vérification du tamisât à 80 µm qui doit être ≤ 12%. 84 Valeurs seuils Interprétation VBS ≤ 0,1 sols insensibles à l'eau1 VBS ≥ 0,2 sols sensibles à l'eau1 1,5 ≤ VBS ≤ 2,5 sols sablo-argileux 2,5 ≤ VBS ≤ 6 sols limoneux de plasticité moyenne 6 ≤ VBS ≤ 8 sols argileux VBS ≥ 8 sols très argileux Méthodes d’analyse et de caractérisation 2.1.3.2 Paramètres d’état Pour caractériser l’état hydrique d’un sol, la teneur en eau naturelle (Wn) est comparée à l’optimum proctor normal (WOPN). Dans le cadre de cette étude, le compactage dynamique a été effectué selon le principe de l’essai Proctor normal (NF P 94-093). Optimum Proctor Normal (OPN) Le principe de ces essais consiste à humidifier un matériau à plusieurs teneurs en eau (généralement en cinq points) et à le compacter, pour chacune des teneurs en eau, selon un procédé et une énergie conventionnels. Cette énergie est donnée par l’équation : N × H ×m× g ≈ 593 kN m m − 3 Équation II-1 V Avec N le nombre total de coup, H la hauteur de chute de la dame, m la masse de la dame, g EV = l’accélération de la pesanteur et V le volume de matériau compacté. Pour chacune des valeurs des teneurs en eau considérées, on détermine la masse volumique sèche du matériau et on trace la courbe des variations de cette masse volumique en fonction de la teneur en eau. D’une manière générale cette courbe (Figure II-3), appelée courbe Proctor, présente une valeur maximale de la masse volumique du matériau sec (ρdOPN) qui est obtenue pour une valeur particulière de la teneur en eau (WOPN). Ce sont ces deux valeurs qui Masse volumique sèche (t m-3) sont appelées caractéristiques optimales de compactage Proctor. ρdOPN WOPN Teneur en eau Figure II-3 : Schématisation d’une courbe Proctor réalisée à partir de 5 points. 85 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Le rapport Wn est un paramètre pour caractériser les 5 états hydriques du matériau : très WOPN humide (th), humide (h), moyen (m), sec (s) et très sec (ts). 2.1.3.3 Autres caractéristiques géotechniques La masse volumique apparente est un paramètre couramment déterminé lors de la caractérisation géotechnique d’un matériau. Masse volumique apparente La masse volumique des particules solides notée ρS, est déterminée par la méthode du pycnomètre (NF P 94 054). Quand le sol reste homogène, le volume des particules est déduit par pesée à l’aide d’un pycnomètre en substituant de l’eau de masse volumique connue aux particules solides. 86 Les sites expérimentaux 2.2 Les sites expérimentaux Plusieurs sites ont été retenus en fonction de leur capacité à satisfaire au mieux les objectifs définis pour cette thèse. Les matériaux retenus sont des sédiments de bassins de rétention et d’infiltration ainsi que des balayures de voiries. L’étude porte sur quatre sites routiers, Cheviré à Nantes, Flavigny près de Nancy, Citroën en région parisienne et un bassin de l’A 47 entre Lyon et St Etienne. De plus, deux sites urbains ont été retenus, Wissous (zone industrielle de Villemilan) au sud de Paris et AhAh situé dans le département de l’Essonne et plus précisément dans la commune de Crosne. Enfin, les villes de Bordeaux et Lille ont été choisies pour leurs balayures de voiries. 2.2.1 Les sites routiers 2.2.1.1 Bassin d’infiltration de Cheviré Ce bassin est localisé au sud ouest de Nantes (Figure II-4). Il est de type routier, draine la partie sud du pont de Cheviré qui permet le franchissement de la Loire par la rocade ouest. Sa longueur est de 1562 mètres avec deux rampes à 6 % qui élèvent le tracé à 50 mètres audessus du fleuve. Le pont, ouvert en mai 1991, est constitué de 2 chaussées à 3 voies avec un séparateur central en béton. Le profil transversal a une largeur de 24,60 mètres. La surface de drainage des eaux est de 38 425 m2. Le trafic est en perpétuelle augmentation et atteint actuellement 80 000 véhicules par jour. Les eaux de ruissellement sont collectées par des avaloirs et recueillies dans des gouttières en aluminium de chaque côté du pont. Pour la partie sud de l’ouvrage, les eaux sont ensuite dirigées vers le bassin d’infiltration situé à proximité du pont sur la rive gauche de la Loire. La surface du bassin est de 780 m2 et sa profondeur d’environ 1,50 mètre. Les eaux de ruissellement provenant des deux gouttières latérales sont rejetées à l’extrémité du bassin par un collecteur de 800 mm de diamètre et un deuxième collecteur de 300 mm de diamètre qui rejette les eaux de l’extrémité sud du pont. Un trop plein muni d’un siphon permet l’évacuation des eaux vers le milieu récepteur à l’autre extrémité du bassin. Le fond du bassin n’étant pas imperméabilisé, une partie importante peut s’évacuer par infiltration dans le sol. 87 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Bassin de Cheviré Figure II-4 : Situation géographique du bassin de Cheviré. 88 Les sites expérimentaux 3 campagnes de prélèvement ont été réalisées et localisées (Figure II-5) : • Le 21 janvier 2005 pour la caractérisation en laboratoire et les essais de mise en place d’une méthode de traitement des sédiments (Chapitre 3). Les échantillons ont été prélevés à l’aide d’une pelle en acier inoxydable (P1). • Le 10 juillet 2005, 300 kg de sédiments ont été prélevés pour la première série des essais de Landfarming (P2) • Le 4 mai 2006, le bassin a été curé sur la zone P3 pour recueillir environ 2,5 tonnes de sédiments afin de réaliser les essais de traitement physique à l’échelle pilote et la seconde série de traitement biologique par Landfarming. Figure II-5: Schéma du bassin de Cheviré. A l’exception des travaux menés au LCPC, aucune opération de curage n’a été réalisée depuis la création du bassin en 1991. 89 Chapitre 2 : Matériels et méthodes 2.2.1.2 Bassin de rétention de Flavigny (Nancy) Le site de Flavigny se trouve à 8 km au sud de Nancy dans la vallée de la Moselle, sur la voie rapide RN 57 entre Nancy et Epinal (Figure II-6). Le trafic est de 3740 véhicules par jour dont 13 % de poids lourds ; il est en augmentation de 1,5 % depuis 2004. Ces bassins recueillent les eaux de ruissellement d'un bassin routier long de 1800 m à 2x2 voies (7,5 hectares) et présentant une pente moyenne de 4 %. Bassin Aval Bassin Amont Figure II-6:Situation générale des bassins de Flavigny. Le dispositif de traitement est composé de deux bassins en série reliés entre eux par un déshuileur préfabriqué. Le séparateur est muni d'un avaloir à flotteur régulant le débit de sortie du bassin amont. Le bassin amont dans lequel les prélèvements ont été réalisés présente un volume de stockage de 3000 m3 pour une surface de 2500 m2. Il est partiellement en eau (hauteur d'eau permanente de 0,8 m et hauteur de marnage de 1,6 m) et assure une fonction de décantation (Figure II-7). 90 Les sites expérimentaux Figure II-7 : Bassin amont de Flavigny. Le bassin aval d'une capacité de stockage de 1500 m3 a pour objectif principal d'autoriser un temps d'intervention supplémentaire de plusieurs heures en cas de déversement accidentel d'un polluant miscible à l'eau . Le bassin comporte un seul émissaire d’entrée constitué par un tuyau béton de 800 mm de diamètre provenant d’un by-pass. Celui-ci permet de dériver les eaux de la section routière vers l’exutoire et d’isoler le bassin en cas de pollution accidentelle. Les deux bassins sont étanchéifiés par une géomembrane en PEHD (polyéthylène haute densité). Les sédiments déposés dans le bassin amont proviennent donc exclusivement du bassin versant routier. Les bassins n'ont jamais été curés depuis leur mise en service. La campagne de prélèvement a eu lieu entre le 02 et le 06 mai 2006. 2.2.1.3 Bassin d’infiltration de Lyon Ce bassin a une fonction d’épuration et de régulation de l’eau de ruissellement sur les chaussées et l’aire de service de l’autoroute A47, mais aussi de régulation du débit pour le bassin versant naturel intercepté par le remblai de l’autoroute (Figure II-8). Les habitations situées dans le bassin versant naturel sont raccordées au réseau d’assainissement d’eaux usées. 91 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Figure II-8 : Localisation du bassin B6 de l’autoroute A47. L’ensemble des surfaces collectées est répertorié dans le Tableau II-6. Tableau II-6 : Surface collectée au niveau du bassin B6 de l’autoroute A 47. Superficie en hectare Bassin versant naturel 32,6 Station service et parking poids lourds 1,0 Zone hôtelière et parking véhicules légers 0,5 Voies autoroutières 0,8 Bretelle d’accès 0,26 Giratoire 0,05 Voies de desserte 0,23 Surface imperméabilisée 2,8 La pente de la voie autoroutière est de 1 à 2 % alors que celle des bretelles d’accès est plus forte et estimée entre 3 et 4 %. Le trafic, en 2005, est de 72200 véhicules par jour dont 11,5 % de poids lourds. 92 Les sites expérimentaux Les eaux de ruissellement peuvent être récupérées au niveau de deux bassins : • Le bassin A revêtu d’une géomembrane PVC, • Le bassin B en terre végétale (substratum : grès houiller du stéphanien). En fonctionnement normal, le bassin A est court – circuité et reste sec (une vanne ouverte en permanence permet l’évacuation de l’eau de pluie vers le bassin B) et l’eau collectée traverse le bassin B qui est équipé en sortie d’un seuil (hauteur 30 à 40 cm) et d’un régulateur de débit (Figure II-9). L’arrivée de l’eau dans B se fait par un coursier de 1,5 m de hauteur. Le bassin B a une longueur de 25 à 40 mètres, une largeur de 10 à 25 mètres et une profondeur d’environ 4 mètres. En cas d’accident la fermeture des deux vannes dirige et contient le flux contaminé dans le bassin A où il est stocké. Figure II-9 : Schéma du bassin n°6 de l’autoroute A47. 93 Chapitre 2 : Matériels et méthodes En mars 2006, un échantillon moyen constitué de 3 prélèvements unitaires localisés sur la figure (E1,E2,E3) a été réalisé. L’épaisseur de matériau à dominante vasarde est de 0, 75 m en E3, de 0,65 m en E2 et de 0,50 m en E1. Le prélèvement suivant (2 m3 en juillet 2006) a été réalisé, pour des raisons d’accès, à la pelle mécanique entre E3 et les deux buses d’arrivée. Il correspond donc à des matériaux déposés près de l’entrée du bassin. 2.2.2 Les sites urbains 2.2.2.1 Bassin de décantation de Wissous Ce bassin a été créé en 1999 pour pallier les inondations. Il est de type urbain et se situe dans la zone industrielle de Villemilan à l’est de l’autoroute A 6, en région parisienne. Le site de Wissous a été mis en place pour remédier aux débordements du ru des Glaises ; il est composé d’une vanne, d’un bassin enterré, d’un bassin à ciel ouvert et d’un décanteur lamellaire (Figure II-10). Figure II-10 : Schéma du bassin de rétention de Wissous. 94 Les sites expérimentaux En cas de forte pluie, la vanne est fermée, l’eau est dirigée dans un bassin enterré d’une capacité 10 000 m3. Une fois le bassin enterré rempli, les pompes à eau sont actionnées pour le vider progressivement rejetant l’eau décantée dans le milieu naturel. Les boues issues de la décantation sont pompées et acheminées vers trois silos ainsi que vers le décanteur particulaire enterré. Lorsque les précipitations sont très importantes, le trop-plein du bassin enterré se déverse dans le bassin à ciel ouvert enherbé (environ 1 fois tous les 50 ans). Les prélèvements ont été réalisés le 11 juillet 2005 pour la première série de traitement biologique par Landfarming à l’intérieur du bassin enterré. 2.2.2.2 Bassin de rétention de AhAh Le bassin de rétention AhAh est situé dans le département de l’Essonne. Il récupère les eaux pluviales des rues des Entrepreneurs et des industries, rues traversant une zone industrielle dans la commune de Crosne (Figure II-11). Plusieurs entreprises sont susceptibles de par leurs activités, traitement de surface, imprimerie, garage, couverture (Zn et Cu), fabrique de caoutchouc, d’entraîner une pollution organique et métallique des eaux pluviales. Le réseau d’assainissement est de type séparatif. Les eaux pluviales arrivent dans le bassin par un collecteur de 1000 mm de diamètre et viennent se jeter dans la partie inférieure du bassin constituée d’un caniveau imperméable d’une surface de 593 m2. Lorsque les pluies sont trop importantes, le bassin se remplit au niveau de la pelouse du fond de bassin (62 m2) puis de la pelouse du talus (3220 m2). En sortie de bassin, les eaux sont rejetées à travers un collecteur de 300 mm et réintègrent un réseau d’eaux pluviales situé au niveau de l’avenue Léon Jouhaux. Le prélèvement des sédiments (2 m3) a été réalisé dans le caniveau bétonné du bassin le 29 juin 2006 après une période de temps sec. 95 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Figure II-11 : Plan du bassin AhAh et des réseaux d’assainissement. 96 Les sites expérimentaux 2.2.2.3 Bassin de rétention de Citroën Le bassin de rétention Citroën est situé en bordure du parking de l’entreprise PSA à Aulnay sous bois en région parisienne (Figure II-12). Crée en 1975, pour faire face au problème d’inondation, il est entièrement bétonné et a une capacité de 68 000 m3. Il récupère les eaux de ruissellement des surfaces imperméabilisées de l’entreprise Citroën et des routes limitrophes. Figure II-12 : Vue aérienne du bassin de Citroën. Le schéma de fonctionnement du bassin de Citroën est présenté ci dessous (Figure II-13). Figure II-13 : Schéma de fonctionnement du bassin de Citroën. 97 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Le bassin Citroën est équipé en entrée d’une chambre de dessablement et d’un déversoir d’alimentation. En sortie, la vidange du bassin est réalisée à travers un collecteur de 1200 mm de diamètre. Un déversoir de sécurité de diamètre 1200 mm est également installé en sortie de bassin. Les prélèvements ont été réalisés le 21 juin 2006 ; ils correspondent à un échantillonnage de l’ensemble du bassin. Les sédiments issus du curage du bassin ont été amassés à une extrémité avant d’être prélevés (Figure II-14). Figure II-14 : Sédiments de Citroën après curage du bassin. 2.2.3 Prélèvements des sédiments Les échantillonnages ont été réalisés à l’aide d’une pelle en acier inoxydable pour les prélèvements de quelques kilos destinés aux essais en laboratoire et avec un tractopelle pour les prélèvements de 2 à 3 tonnes nécessaires pour les traitements à l’échelle de l’unité pilote (Figure II-15). Les sédiments prélevés sont transportés à l’aide de caisses palettes en plastique d’une contenance de 1 m3 environ. Les prélèvements ont été effectués sur une épaisseur de 10 cm afin de représenter un curage de bassin. 98 Les sites expérimentaux Figure II-15 : Prélèvements des sédiments de Cheviré par tractopelle. 2.2.4 Les balayures de voiries Les produits de balayage des voiries proviennent des agglomérations de Lille et Bordeaux. A Lille, le balayage a lieu tous les jours dans l’hyper centre de la ville. Les prélèvements ont été réalisés par l’intermédiaire de balayeuses aspiratrices. A Bordeaux, les balayures sont issues des quartiers de la Victoire, de la place St Michel et de l’hôpital St André. Ces secteurs sont entretenus une fois par jour par les balayeuses aspiratrices de la ville de Bordeaux d’une capacité de 4 m3. Les balayeuses effectuent leur dépotage à Bordeaux Bastide où les résidus sont stockés. Pour les deux sites, 2 m3 de balayures sont prélevés et acheminés pour être traités au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées. 99 Chapitre 2 : Matériels et méthodes 2.3 Caractérisation des sédiments Cette troisième partie présente les divers résultats relatifs à la caractérisation des sédiments étudiés lors de ces travaux de thèse : résidus de bassins et produits de balayures de voiries. Plusieurs campagnes de prélèvement ont été réalisées entre janvier 2005 et juillet 2006. Les quantités prélevées ont varié de quelques kilogrammes à plus de 2 tonnes de résidus. Face à une hétérogénéité importante, les caractéristiques des sédiments évoluent fortement en fonction des campagnes de prélèvement. Cette observation a entraîné une caractérisation physique et chimique des sédiments propres à chaque campagne de prélèvement. Le Tableau II-7 récapitule la provenance des sédiments, leurs dates de prélèvement ainsi que les travaux menés sur ces résidus. Tableau II-7 : Dates et lieux des prélèvements réalisés. Provenance Dénomination Dates de prélèvement Travaux effectués Cheviré CheviréLABO Janvier 2005 Etude de traitabilité Cheviré CheviréLANDF Juillet 2005 Landfarming 1 Cheviré CheviréPILOTE Mai 2006 Unité pilote + Landfarming 2 Wissous Wissous Juillet 2005 Landfarming 1 Lyon LyonLABO Février 2006 Etude de traitabilité Lyon LyonPILOTE Mai 2006 Unité pilote + Landfarming 2 AhAh AhAhLABO Janvier 2006 Etude de traitabilité AhAh AhAhPILOTE_1 Mai 2006 Unité pilote + Landfarming 2 AhAh AhAhPILOTE_2 Mai 2006 Unité pilote + Landfarming 2 Flavigny Nancy Mai 2006 Unité pilote Bordeaux Bordeaux Juin 2006 Unité pilote Lille Lille Juin 2006 Unité pilote Citroën Citroën Juin 2006 Landfarming 2 100 Caractérisation des sédiments 2.3.1 Etude granulométrique Les résultats obtenus par granulométrie classique et laser sur les différents sédiments de l’assainissement pluvial sont présentés dans le Tableau II-8. Les trois indices granulométriques (d10, d50 et d90) ainsi que le pourcentage de particules inférieures à 63 µm ont également été déterminés (Tableau II-8). Tableau II-8: Distribution granulométrique des sédiments bruts. d10 µm d50 µm d90 µm < 63 µm % CheviréLABO - - - - CheviréLANDF 5 92 1044 42 CheviréPILOTE 8 109 1890 41 Wissous 4 27 146 69 LyonLABO 11 85 2000 38 LyonPILOTE 5 47 1970 56 AhAhLABO 14 148 1750 20 AhAhPILOTE_1 3 25 210 71 AhAhPILOTE_2 24 797 2933 13 Nancy 55 1101 4112 10 Bordeaux 74 900 3995 9 Lille 7 231 3612 35 Citroën 14 83 610 45 Les distributions granulométriques des différents sédiments issus de bassins ou de balayures de voiries présentent des caractéristiques très hétérogènes. Cette hétérogénéité est très importante entre les résidus de différents bassins mais également à l’intérieur d’un même bassin. Hétérogénéité liée à la provenance Les sédiments AhAhPILOTE_1, Wissous et Lyon présentent une granulométrie très fine avec des d50 de 25, 27 et 47 µm. De plus, 56 à 71 % des particules issues de ces résidus sont inférieures à 63 µm. 101 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Les sédiments de Citroën et Cheviré sont plus grossiers avec un d50 de 83 µm et 109 µm, respectivement. Le pourcentage de particules fines inférieures à 63 µm est d’environ 40 % pour le sédiment de Cheviré et de 45 % pour celui de Citroën. Les sédiments des bassins AhAhPILOTE_2 et Nancy ainsi que les balayures de voiries de Lille et Bordeaux présentent une granulométrie beaucoup plus grossière que les autres résidus. Contrairement aux sédiments fins avec 50 % des particules inférieurs à 25 µm, les valeurs de d50 varient de 231 µm pour Lille à 1101 µm pour Nancy. De plus, le pourcentage de particules fines inférieures à 63 µm est, à l’exception de Lille, inférieur à 10 %. Hétérogénéité liée au prélèvement Les études comparatives granulométriques évoquent clairement une hétérogénéité liée au prélèvement pour certains bassins. Durand (2003) a déjà montré l’évolution de la granulométrie entre l’amont et l’aval d’un bassin d’infiltration ou de rétention des eaux pluviales. Si les sédiments de Cheviré prélevés lors de différentes campagnes sont assez homogènes (d10 et d50 similaires), ce n’est pas cas pour ceux de Lyon et encore moins pour le bassin AhAh. Les sédiments de Lyon présentent des différences significatives de d50 avec 85 et 47 µm et de particules inférieures à 63 µm (38 à 56 %) ; les écarts obtenus sont néanmoins beaucoup plus faibles que ceux que l’on peut avoir pour les sédiments AhAh. Les caractéristiques granulométriques des trois prélèvements réalisés à des périodes et à des localisations différentes présentent des indices granulométriques très éloignés avec notamment des valeurs de d50 de 25 µm pour AhAhPILOTE_1, de 148 µm pour AhAhLABO et de 797 µm pour AhAhPILOTE_2. 2.3.2 Caractérisation de la matière minérale Etude des concentrations en éléments traces et phosphore Les concentrations en éléments traces et en phosphore ont été déterminées pour l’ensemble des résidus étudiés et comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise (Tableau II-9). Si ces seuils n’ont pas de valeur légale en France, ils sont néanmoins fréquemment utilisés comme valeurs de référence pour interpréter la présence de certains composés chimiques. 102 Caractérisation des sédiments Tableau II-9: Teneurs en éléments traces, en titane et en phosphore dans les sédiments à traiter. Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 Zn Ti P CheviréLABO 1,1 74 281 31 305 1526 - - CheviréLANDF 0,90 58 296 24 134 1320 - - CheviréPILOTE 1,33 69 306 29 138 1180 2,4 1911 Wissous 1,44 312 66 158 206 1154 - - LyonLABO 0,60 81 199 38 156 585 - - LyonPILOTE 0,70 74 104 35 148 405 2,6 813 AhAhLABO 2,60 226 247 107 357 1949 - - AhAhPILOTE_1 4,26 68 139 61 244 931 - - AhAhPILOTE_2 0,80 29 72 50 69 268 0,9 591 Nancy 0,35 2979 111 28 59 315 2,1 1611 Bordeaux 0,30 58 65 16 122 281 1,8 633 Lille 0,90 202 97 45 106 356 2,3 675 Citroën 1,80 83 220 38 265 1379 - - Cible 0,80 100 36 35 85 140 - - intervention 12 380 190 210 530 720 - - Norme hollandaise Comme le montre le tableau, les concentrations en métaux lourds sont élevées pour les résidus de Cheviré, Wissous, AhAhLABO, AhAhPILOTE_1, Nancy et Citroën. Elles sont plus faibles dans les sédiments de AhAhPILOTE_2 et Lyon ainsi que dans les balayures de voiries. Le zinc est un élément trace caractéristique et parfaitement connu de la pollution liée aux eaux de ruissellement des routes et autoroutes (Chapitre 1 - Figure I-2). Il se retrouve en concentration relativement importante dans les sédiments de Cheviré (de 1180 mg kg-1 à 1526 mg kg-1), de Wissous (1154 mg kg-1), de AhAh (jusqu’à 1949 mg kg-1) et de Citroën (1379 mg kg-1). Ces résidus présentent des teneurs en zinc largement supérieures (2 à 3 fois) à la valeur d’intervention de la norme hollandaise (720 mg kg-1). Bien que beaucoup plus faibles, les teneurs en zinc présentes dans les sédiments de Lyon, Nancy, Bordeaux et Lille 103 Chapitre 2 : Matériels et méthodes sont néanmoins supérieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. Les sédiments de l’assainissement pluvial sont tous plus ou moins contaminés par le zinc. Des concentrations élevées en chrome et nickel traduisent généralement une pollution chronique liée à une activité professionnelle polluante. Les sédiments de Wissous et AhAhLABO présentent des concentrations élevées en chrome avec respectivement 312 et 226 mg kg-1 mais également en nickel avec 158 et 107 mg kg-1. Le contexte de ces deux bassins, avec notamment la présence d’entreprises de traitement de surface, confirment la relation entre le couple chrome – nickel et une pollution liée à une activité professionnelle. Bien qu’il ne présente pas de fortes teneurs en nickel (28 mg kg-1), le sédiment de Nancy est très largement contaminé par le chrome avec des teneurs d’environ 3 g kg-1. Avec des concentrations plus de 8 fois supérieures à la valeur d’intervention de la norme hollandaise, cet élément ne se trouve plus sous forme de traces mais plutôt comme un élément majeur. Une enquête locale est menée en parallèle afin de déterminer l’origine exacte de cette pollution chromique (remblayage de mâchefers…). Tous les sédiments étudiés présentent des pollutions en cuivre importantes avec des concentrations supérieures aux valeurs cibles ; les résidus de Cheviré, LyonLABO, AhAhLABO et Lille présentent quant à eux des teneurs supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise (190 mg kg-1). A l’exception des sédiments de AhAhPILOTE_2 et de Nancy, les autres résidus ont tous des teneurs en plomb comprises entre les valeurs cibles et les valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Les concentrations en titane au sein des sédiments étudiés varient de 0,9 mg kg-1 pour le bassin AhAh 2 à 2,6 mg kg-1 pour le bassin de Lyon. Actuellement, il y a peu de références bibliographiques et de valeurs seuils sur la contamination des sédiments par le titane. Les teneurs en phosphore total sont très élevées pour les sédiments de Cheviré (1911 mg kg-1) et de Nancy (1611 mg kg-1) et restent conséquentes pour les autres résidus avec des concentrations variant de 591 mg kg-1 à 813 mg kg-1. Bien que ces fortes teneurs n’aient pas d’incidence directe connue, le phosphore a la capacité de se lier facilement aux particules du 104 Caractérisation des sédiments sol et peut donc être entraîné par ruissellement avec les eaux de surface ou par érosion. Ce point fait l’objet de suivis réguliers en raison du rôle important du phosphore dans l’eutrophisation des eaux douces. Les sédiments étudiés présentent tous plusieurs éléments traces dont la concentration est supérieure aux valeurs cibles correspondantes. De plus, les balayures de voiries et les sédiments de LyonPILOTE et AhAhPILOTE_2 sont les seuls résidus à ne pas présenter au moins une teneur en élément trace supérieure à la valeur d’intervention de la norme hollandaise. Etude de l’hétérogénéité Comme pour l’étude granulométrique, les teneurs en éléments traces sont très hétérogènes entre deux campagnes de prélèvement à l’intérieur d’un même bassin. Les différences les plus importantes sont comme précédemment observées pour le bassin AhAh entre l’échantillon de quelques kilos (AhAhLABO) et le prélèvement de plusieurs centaines de kilogrammes (AhAhPILOTE_1 et AhAhPILOTE_2). Entre les trois échantillons, les concentrations varient de 0,8 à 4,3 mg kg-1 pour le Cd, de 29 à 226 mg kg-1 pour le Cr, de 72 à 247 mg kg-1 pour le Cu, de 50 à 107 mg kg-1 pour le Ni, de 69 à 357 mg kg-1 pour le Pb, et de 268 à 1949 mg kg-1 pour le Zn. Les sédiments de Lyon et Cheviré présentent également mais dans une moindre mesure, des variations de concentrations entre les campagnes de prélèvement. Les teneurs en cuivre varient de 104 à 199 mg kg-1 pour le bassin de Lyon alors que les concentrations en zinc sont comprises entre 1180 et 1526 mg kg-1pour celui de Cheviré. 2.3.3 Caractérisation de la matière organique Matière organique et hydrocarbures totaux : Les teneurs en matière organique et en hydrocarbures totaux sont deux paramètres importants pour caractériser les sédiments de l’assainissement pluvial tant sur le plan de la valorisation avec des seuils de matière organique de 3 et 10 % que sur celui de l’élimination avec une teneur en hydrocarbures totaux qui définit souvent la classe à retenir pour l’enfouissement technique. 105 Chapitre 2 : Matériels et méthodes De plus le sédiment CheviréLANDF a été en partie dopé (Chapitre 5) afin de simuler un accident et un déversement d’hydrocarbures dans un bassin de rétention. Le nouvel échantillon est nommé CheviréDOPE. Les teneurs en matière organique et en hydrocarbures totaux des différents sédiments sont présentées dans le Tableau II-10. Tableau II-10: Pourcentages de matière organique et teneurs en hydrocarbures totaux des sédiments à traiter. Matière organique Hydrocarbures totaux % mg kg-1 CheviréLABO 11,6 - CheviréLANDF 12,2 7 674 CheviréDOPE 14,8 38570 CheviréPILOTE 15,6 3 540 Wissous 24,1 16 423 LyonLABO 8,5 - LyonPILOTE 10,8 794 AhAhLABO 13,5 - AhAhPILOTE_1 12,0 4 955 AhAhPILOTE_2 5,2 2 533 Nancy 4,1 1 688 Bordeaux 6,1 1 297 Lille 5,9 823 Citroën 13,4 520 Valeur cible - 50 Valeur d’intervention - 5000 Norme hollandaise Les teneurs en matière organique des résidus étudiés sont très élevées pour des produits issus de l’assainissement pluvial et ne permettent pas pour beaucoup d’entre eux (MO > 10 %) une réutilisation en technique routière sans un traitement préalable. 106 Caractérisation des sédiments Les sédiments de Wissous (24,1 %), Cheviré (11,6 à 15,6 %), AhAhLABO (13,5 %), Citroën (13,4 %), AhAhPILOTE_1 (12,0 %) et Lyon (10,8 %) présentent des pourcentages de matière organique très élevés. Les balayures de voiries (Bordeaux et Lille) et les sédiments des bassins de Nancy et AhAhPILOTE_2 ont des pourcentages de matière organique plus faibles et compris entre 4,1 et 6,2 %. Les filières de valorisation intéressantes (remblai routier ou de tranchées, couches de forme) sont accessibles uniquement pour les résidus dont la teneur en matière organique est inférieure à 3 %. Les sédiments étudiés devront donc tous subir un traitement pour prétendre à une réutilisation noble. Les sédiments de CheviréLANDF et Wissous présentent des teneurs très élevées en hydrocarbures totaux avec respectivement 7674 et 16423 mg kg-1. Ces concentrations, supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise (5000 mg kg-1), qualifient ces matériaux comme des produits très pollués qui doivent être isolés de l’environnement. Le sédiment de Cheviré dopé présente également de très fortes teneurs en hydrocarbures totaux avec 35570 mg kg-1. Les autres sédiments présentent également des teneurs importantes en hydrocarbures totaux et très largement supérieures à la valeur cible de la norme hollandaise (50 mg kg-1) avec comme concentration par ordre décroissant 4955 mg kg-1 pour AhAhPILOTE_1, 3540 mg kg-1 pour CheviréPILOTE, 2533 mg kg-1 pour AhAhPILOTE_2, 1688 mg kg-1 pour Nancy, 1297 mg kg-1 pour Bordeaux, 823 mg kg-1 pour Lille, 794 mg kg-1 pour Lyon et 520 mg kg-1 pour Citroën. Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) En ce qui concerne les HAP, ils ont également été identifiés pour les différents sédiments étudiés (Tableau II-11). 107 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Tableau II-11: Teneurs en HAP des sédiments étudiés (exprimées en µg kg-1). 108 Caractérisation des sédiments Le sédiment de CheviréDOPE présente des concentrations très importantes en HAP avec plus de 250 mg kg-1 pour la somme des 15 HAP identifiés. Les concentrations en HAP sont très hétérogènes en fonction des sites étudiés ; la somme des HAP identifiés varie de 268 µg kg-1 pour le sédiment de AhAhPILOTE_2 à 28100 µg kg-1 pour celui de Wissous. Les concentrations en pyrène, fluoranthène et benzo (b) fluoranthène sont les plus importantes pour le bassin de Wissous avec 8297 µg kg-1, 3535 µg kg-1 et 3035 µg kg-1. Pour de nombreux sédiments, seul un ou deux HAP sont présents en concentrations élevées avec par exemples, 2690 et 1116 µg kg-1 de phénanthrène pour Nancy et Citroën, 742 et 733 µg kg-1 de pyrène pour AhAhPILOTE_1 et Cheviré et 335 µg kg-1 de benzo (g,h,i) perylène pour Lille. Les concentrations rencontrées dans les sédiments étudiés sont largement supérieures aux normes hollandaises des sols pollués avec des valeurs comprises entre 15 et 45 µg kg-1 en fonction des HAP étudiés. Malgré les étapes d’extraction et de purification, plusieurs impuretés ont empêché la détermination de certains HAP présents dans les sédiments. 2.3.4 Conclusion Les sédiments issus de l’assainissement pluvial ont des caractéristiques physiques et chimiques très hétérogènes. Le contexte des bassins (fossés en amont, trafic, pente de la route…) ainsi que le mode de balayage des voiries jouent un rôle prépondérant sur la composition des sédiments. Les distributions granulométriques fluctuent entre 3 et 210 µm (d10 et d90) pour les sédiments les plus fins (AhAh 1) et entre 55 et 4112 µm pour les plus grossiers (Nancy). Les études de traitabilité et les rendements associés seront dépendants de cette hétérogénéité entre les échantillons. Les pollutions organiques et métalliques sont très élevées et variables entre les sédiments de différents sites mais également à l’intérieur d’un même bassin (AhAh, Cheviré, Lyon). 109 Chapitre 2 : Matériels et méthodes Les concentrations en éléments traces varient de 0,3 à 4,3 mg kg-1 pour le cadmium, de 29 à 2979 mg kg-1 pour le chrome, de 65 à 306 mg kg-1 pour le cuivre, de 43 à 244 mg kg-1 pour le plomb et de 268 à 1180 mg kg-1 pour le zinc. Les teneurs en phosphore total sont également élevées et très hétérogènes avec 591 mg kg-1 pour le bassin de AhAh 2 et 1911 mg kg-1 pour le bassin de Cheviré. La maîtrise du phosphore est un enjeu important face à l’eutrophisation des eaux douces. Les teneurs en matière organique sont comprises entre 4,1 % pour le bassin de Nancy et 15,6 % pour celui de Cheviré. Les balayures de voiries présentent quant à elles des pourcentages de matière organique d’environ 6 %. Les concentrations en hydrocarbures totaux et en HAP sont également très élevées et ne permettent pas une réutilisation dans l’état, des résidus curés. 110 Chapitre 3 IIIEtude de traitabilité des sédiments L’objet de ce chapitre est d’étudier les possibilités de traitement physique des sédiments issus de l’assainissement pluvial. Le principe de traitement consiste à isoler la pollution organique et métallique au sein d’une fraction la plus réduite possible afin de permettre la valorisation des fractions « propres ». Ce chapitre se divise en quatre parties : • La première partie présente, à travers des essais de tamisage et d’attrition, la caractérisation des polluants au sein des différentes fractions granulométriques du sédiment de Cheviré. L’objectif est de localiser les fractions polluées et de mettre en place une méthode de traitement physique des sédiments. • La seconde partie consiste à optimiser la méthode précédente à partir du sédiment de Cheviré afin de concentrer les polluants dans une fraction la plus réduite possible et d’augmenter ainsi le pourcentage de la fraction valorisable. • La troisième partie vise à modéliser les résultats obtenus lors de l’optimisation de la méthode de traitement afin d’étudier la cinétique de formation des particules fines et les éventuelles relations avec les cinétiques de réduction des polluants organiques et métalliques au sein des fractions traitées. • La dernière partie de ce chapitre tend à vérifier l’efficacité de notre méthode de traitement sur d’autres sédiments. Pour cela, les conditions optimales définies à partir du sédiment de Cheviré sont appliquées lors du traitement d’autres résidus issus de l’assainissement pluvial. 111 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Afin de répondre aux 4 objectifs fixés pour l’étude de traitabilité des sédiments, une technique minéralurgique, l’attrition, est utilisée. Les traitements sont réalisés en batch dans une machine d’attrition composée d’une cellule appelée commercialement Cylab 1 (Figure III-1). Figure III-1: Machine d’attrition cylab 1. La cellule d’attrition est hexagonale afin de favoriser les frottements et présente une capacité de 1 litre (Figure III-2). Les pales d’agitation sont placées sur trois niveaux et en opposition de phase. Figure III-2 : Cellule d’attrition. 112 Figure III-3: Pales d’agitation. Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques 3.1 Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques L’étude de la répartition des polluants organiques et métalliques en fonction de différentes classes granulométriques fait l’objet de cette première partie. Dans le cas d’une répartition hétérogène de la pollution, l’objectif est d’isoler les fractions polluées afin de valoriser les fractions « propres ». 3.1.1 Protocole expérimental Les essais de localisation de la pollution sont réalisés suivant le protocole décrit sur la Figure III-4. SEDIMENTS BRUTS Tamisage à 1250 et 250 µm % massique > 1250 µm 250 µm - 1250 µm < 250 µm 180 secondes Attrition Attrition % M.O [Métaux] 68 % solides 2125 tours minute-1 Tamisage à 250 µm Tamisage à 250 µm % massique < 250 µm ATT > 250 µm ATT < 250 µm ATT 250 - 1250 µm ATT % M.O [Métaux] Figure III-4 : Protocole de traitabilité des sédiments. 113 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Le protocole expérimental défini pour localiser les polluants se divise en deux parties : - Dans un premier temps, les sédiments bruts sont tamisés à 1250 µm et à 250 µm pour former 3 fractions granulométriques sur lesquelles sont déterminés le pourcentage massique de chacune d’entres elles ainsi que les pourcentages de matière organique et d’éléments traces (Cd, Cu, Cr, Pb, Zn) qu’elles renferment. - Puis, dans un second temps, les fractions supérieures à 1250 µm et comprises entre 250 et 1250 µm subissent une étape d’attrition et une coupure granulométrique à 250 µm. Le pourcentage massique des 4 nouvelles fractions ainsi que les teneurs en matière organique et en éléments traces sont également déterminés. 3.1.2 Première étape : Séparation granulométrique La première étape réalisée est la double séparation granulométrique à 1250 et 250 µm afin d’étudier la répartition des éléments traces et de la matière organique au sein de 3 fractions : supérieure à 1250 µm, 250 – 1250 µm et inférieure à 250 µm. Les teneurs en polluants organiques et métalliques ainsi que le pourcentage massique de chaque fraction sont présentés dans le Tableau III-1 et comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Tableau III-1 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment de Cheviré et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P.M mg kg-1 % > 1250 µm 20 6,2 0,6 36 122 16 183 699 250 < < 1250 µm 45 6,4 0,5 40 155 18 200 729 < 250 µm 35 17,1 0,8 113 334 45 434 2 079 Cible 0,8 100 36 35 85 140 Intervention 12 380 190 210 530 720 Norme hollandaise Les éléments fins représentent 35 % de la masse totale de l’échantillon de Cheviré. Ils sont très fortement pollués par la matière organique (17,1 %) et les éléments traces avec des teneurs toutes supérieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. Les concentrations en 114 Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques cuivre (334 mg kg-1) et en zinc (2079 mg kg-1) atteignent des valeurs 2 à 3 fois supérieures aux valeurs d’intervention de la norme. Les deux fractions supérieures à 250 µm présentent des teneurs en matière organique et en éléments traces relativement similaires. La teneur en matière organique est légèrement supérieure à 6 % et les teneurs en éléments traces sont supérieures aux valeurs cibles pour le cuivre (155 et 122 mg kg-1), le plomb (200 et 183 mg kg-1) et le zinc (699 mg kg-1) et supérieure à la valeur d’intervention pour le zinc (729 mg kg-1) dans la fraction comprise entre 250 et 1250 µm. Les résultats présentés dans le tableau sont significatifs d’une accumulation de la matière organique et des éléments traces au sein de la fraction fine inférieure à 250 µm. Les concentrations en éléments traces sont converties en pourcentages massiques (Figure III-5) afin d’étudier la quantité de chaque élément au sein des différentes fractions. > 1250 µm Pourcentages 80 250 < < 1250 µm < 250 µm 60 40 20 0 % Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure III-5 : Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment de Cheviré. La fraction fine inférieure à 250 µm représente 35 % de l’échantillon et renferme, à l’exception du cadmium (45 %), entre 55 et 60 % de la quantité totale d’éléments traces % massique d ' éléments traces présents initialement dans le sédiment. Les rapports R = % massique total sont calculés pour déterminer la répartition des éléments traces en fonction des classes 115 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments granulométriques. Ils varient de 1,30 pour le cadmium à 1,70 pour le zinc. Supérieurs à 1, ces rapports traduisent un réel enrichissement en polluants métallique et organique au sein de cette fraction fine. Les fractions grossières représentent 20 % (> 1250 µm) et 45 % (250 à 1250 µm) de % massique d ' éléments traces l’échantillon brut. Les rapports des deux fractions sont % massique total inférieurs à 1 et varient de 0,60 (cuivre) à 0,82 (cadmium) pour la fraction intermédiaire et de 0,56 (chrome) à 0,83 (cadmium) pour la fraction grossière supérieure à 1250 µm. Ces deux fractions apparaissent comme appauvries en polluants métalliques. Bien que moins polluées, les fractions intermédiaires et grossières renferment des quantités importantes de polluants métalliques. 26 % (zinc) à 37 % (cadmium) de la masse totale d’éléments traces initialement présents dans le sédiment sont localisés dans la fraction intermédiaire alors que 12 à 18 % se situent au sein de la fraction grossière. 3.1.3 Seconde étape : Traitement par attrition La seconde étape effectuée consiste à caractériser la pollution résiduelle présente au niveau des fractions intermédiaires et grossières. Pour cela, les deux fractions vont subir séparément une étape d’attrition (Figure III-4) afin d’étudier la présence éventuelle d’agglomérats d’éléments fins porteurs de polluants organiques et métalliques. La quantité de particules fines générées par attrition est déterminée par un tamisage à 250 µm. Les pourcentages massiques et les caractéristiques chimiques des fractions issues de l’étape d’attrition sont présentés dans les Tableau III-2 et Tableau III-3. Tableau III-2 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques issues de l’attrition de la fraction 250 µm – 1250 µm. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 250 < < 1250 µm 74 0,8 0,1 17 16 9 69 111 < 250 µm 26 20,0 1,1 166 387 67 549 2331 116 Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques Tableau III-3: Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques issues de l’attrition de la fraction > 1250 µm. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P.M mg kg-1 % > 250 µm 73 1,0 0,1 14 10 8 < 250 µm 27 18,6 1,7 340 372 166 43 92 442 2008 La technique minéralurgique d’attrition a entraîné une formation importante de particules fines avec 26 % pour la fraction intermédiaire et 27 % pour la fraction grossière. Malgré une surface spécifique plus élevée pour la fraction intermédiaire, les pourcentages de particules fines générées sont identiques dans les deux fractions. Les particules fines formées lors de l’étape d’attrition renferment une grande majorité des polluants initialement présents au sein des deux fractions grossières. Les compositions chimiques des deux fractions fines sont similaires. Les pourcentages de matière organique sont très élevés : 20,0 % et 18,6 %. Les teneurs en éléments traces sont également importantes avec des concentrations dans les particules fines issues de la fraction intermédiaire supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise des sols pollués : cuivre (387 et 372 mg kg-1), zinc (2331 et 2008 mg kg-1), plomb (549 mg kg-1). Les autres concentrations en éléments traces sont toutes supérieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. Les fractions grossières, dépourvues des agglomérats de particules fines, présentent des teneurs en polluants qui se situent dans les gammes des sols ordinaires données par Baize (2000). Les teneurs en matière organique sont égales ou inférieures au pourcent avec 1,0 % pour la fraction grossière et 0,8 % pour la fraction intermédiaire. Les teneurs en éléments traces sont toutes inférieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise pour les deux fractions grossières. L’efficacité de l’étape d’attrition dans la méthode de traitement physique est visualisée en comparant la distribution des pourcentages massiques en éléments traces au sein des trois fractions granulométriques avant et après traitement (Figure III-6). Pour chaque élément ainsi que pour le pourcentage massique total, deux histogrammes sont présentés. Le premier 117 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments représente les différents pourcentages après tamisage à 1250 et 250 µm et le second les différents pourcentages des fractions cumulées après attrition et tamisage à 250 µm. > 1250 µm 250 < < 1250 µm < 250 µm Pourcentages 100 80 60 40 20 0 % Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure III-6 : Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces des trois fractions granulométriques avant et après attrition. Le pourcentage de particules fines inférieures à 250 µm générées par attrition représente 17 % de la masse totale de l’échantillon brut. Cette fraction de particules fines est très enrichie en éléments traces. Elle véhicule 31 % de chrome, 32 % de nickel, 35 % de plomb et de zinc, 41 % de cuivre et 47 % de cadmium. Pour la fraction fine, les teneurs en matière organique % massique d ' éléments traces (20 et 18,6 %) et les rapports R = compris entre 1,82 pour % massique total le chrome à 2,76 pour le cadmium traduisent une forte accumulation des polluants au sein des particules fines initialement agglomérées. 3.1.4 Bilan massique La distribution des pourcentages massiques des éléments traces au sein des trois fractions granulométriques obtenues après traitement, par tri granulométrique et attrition, est présentée sur la Figure III-7 . 118 Répartition des polluants au sein des fractions granulométriques > 1250 µm 250 < < 1250 µm < 250 µm Pourcentages 100 80 60 40 20 0 % Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure III-7: Pourcentages massiques et pourcentages en éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition et tamisage. Les particules inférieures à 250 µm représentent 52 % de l’échantillon et renferment 89 % de plomb, 90 % de nickel, 92 % de chrome, 96 % de zinc et 97 % de cuivre. Les rapports % massique d ' éléments traces R= de la fraction fine varient donc de 1,73 à 1,87 et % massique total traduisent un enrichissement important en éléments traces. A cette pollution métallique, s’ajoutent des fortes teneurs en matière organique (20,0 % et 18,6 %), significatives d’une accumulation des polluants au sein des éléments fins avec un rapport % massique de matière organique R= de 1,85. % massique total Les deux fractions grossières renferment entre 3 et 11 % de la masse totale d’éléments traces pour un pourcentage massique de 48 %. Les teneurs en matière organique sont égales à 0,8 et 1,0 %. Après traitement, les deux fractions sont chimiquement dépolluées et compatibles avec les filières de valorisation envisagées : remblais et sables à béton. 3.1.5 Conclusion Les étapes d’attrition et de tamisage ont permis de localiser la pollution organique et métallique au sein des éléments fins. Ces derniers se trouvent sous deux formes, « libres » et facilement séparables par tri granulométrique, ou « agglomérés » et ils nécessitent alors une 119 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments étape d’attrition pour être séparés par tamisage. De plus, les éléments fins porteurs de la pollution ont pu être isolés permettant ainsi une éventuelle valorisation des fractions grossières dépolluées. Dans les conditions expérimentales retenues, les éléments fins isolés représentent 52 % de la masse totale de l’échantillon. La fraction potentiellement valorisable est donc égale à 48 %. La seconde partie va consister à optimiser les conditions expérimentales afin de valoriser une quantité supérieure de résidus tout en respectant les critères environnementaux. 120 Optimisation de la méthode de traitement 3.2 Optimisation de la méthode de traitement Après avoir défini la localisation de la pollution au sein des différentes fractions granulométriques, des essais d’optimisation de la méthode de traitement sont réalisés afin d’augmenter le pourcentage de particules valorisables. L’objectif est d’optimiser la méthode de traitement en laboratoire tout en se projetant vers la faisabilité de ce traitement à l’échelle d’une unité pilote. Les critères économiques s’ajoutent donc aux exigences environnementales pour déterminer le choix des différents paramètres. 3.2.1 Caractérisation du sédiment et protocole opératoire Les essais d’optimisation sont réalisés à partir du sédiment brut de Cheviré dont les caractéristiques chimiques sont présentées dans le Tableau III-4 et comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Tableau III-4 : Caractéristiques chimiques du sédiment de Cheviré et comparaison des teneurs en éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % Sédiment brut de Cheviré Norme hollandaise 11,9 1,1 74 281 31 305 1526 Cible - 0,8 100 36 35 85 140 Intervention - 12 380 190 210 530 720 Le sédiment brut de Cheviré présente des teneurs élevées en matière organique (11,9 %) et en éléments traces, avec des concentrations supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour le cuivre (281 mg kg-1) et le zinc (1526 mg kg-1) et supérieures aux valeurs cibles pour les autres éléments avec notamment une teneur en plomb relativement élevée (305 mg kg-1). Les paramètres physiques et chimiques étudiés dans le but de définir les conditions optimales de traitement sont le pourcentage de particules fines pour déterminer le rendement de la méthode et les teneurs en matière organique et en éléments traces pour caractériser la pollution résiduelle présente au sein des fractions valorisables. Les deux éléments traces 121 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments retenus pour déterminer la pollution résiduelle sont le cuivre et le zinc car ils présentent des concentrations 2,0 et 2,2 fois supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. L’optimisation de la méthode de traitement est réalisée en ajustant trois des quatre paramètres influant sur l’efficacité du traitement physique. Les seuils de coupure, la teneur en eau de la pulpe à attriter et la durée d’attrition sont testés pour déterminer les conditions optimales de traitement. Le quatrième paramètre influant est la vitesse de rotation des pales dans la cellule d’attrition. Il ne sera pas étudié dans ce travail et la vitesse est fixe et égale à 2125 tours par minute. Le protocole d’optimisation de la méthode de traitement est décrit sur la Figure III-8 : SEDIMENTS BRUTS S1: Tamisage S 1 et S 2 2 mm S2: 80 µm, 125 µm, 160 µm, 200 µm % massique >S1 S2–S1 <S2 % M.O [Métaux] Teneur en eau : Attrition 26 %, 44 %, 53 %, 61% Durée : 30’, 60’, 90’, 180’, 360’ Tamisage S 2 % massique < S2 ATT S 2 – S 1 ATT Figure III-8 : Schéma du protocole d’optimisation de la méthode de traitement. 122 % M.O [Métaux] Optimisation de la méthode de traitement L’optimisation du traitement physique se déroule en trois étapes : - La première étape consiste à faire varier les seuils de coupure pour déterminer leurs optimums. La durée d’attrition et la teneur en eau de la pulpe sont fixées et définies respectivement à 180 secondes et 60 % de solides. - La seconde étape consiste à déterminer la teneur en eau optimale de la pulpe en fixant la durée d’attrition à 180 secondes et les seuils de coupure à leurs optimums précédemment définis. - La dernière étape permettra d’optimiser la durée de traitement à partir des valeurs optimales de seuils de coupure et de teneur en eau de la pulpe à traiter. La détermination du pourcentage massique des fractions obtenues avant et après attrition et de la pollution qu’elles renferment (matière organique et éléments traces) permettra de définir les conditions optimales de traitement. 3.2.2 Optimisation du seuil de coupure Les seuils de coupure sont déterminés en rapport avec les exigences rencontrées dans l’élaboration d’une unité pilote. Pour des raisons économiques et pratiques, il est préférable de réaliser l’attrition uniquement sur la fraction intermédiaire et non sur les deux fractions grossières comme lors des essais de caractérisation. Le seuil de coupure supérieur (S 1) va définir le pourcentage massique de sédiments à traiter par attrition (fraction < S 1) et par conséquent le pourcentage de sédiments non attrités (> S1) et directement valorisable si les caractéristiques chimiques et géotechniques sont acceptables. Le seuil de coupure inférieur (S2) va directement influer sur la production de particules fines et par conséquent sur le pourcentage de la fraction valorisable. 3.2.2.1 Seuil de coupure supérieur S 1 : Le choix du seuil de coupure S 1 est très important car le traitement de la fraction supérieure à S1 se limite à une simple séparation granulométrique. Pour réduire le pourcentage massique de cette fraction et la pollution qu’elle renferme à travers les agglomérats de particules fines, le seuil de coupure doit être le plus élevé possible. Le seuil de coupure est également défini en rapport avec les exigences techniques des différents équipements. Pour des raisons d’usure des appareils (pales d’agitation des cellules 123 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments d’attrition) et d’efficacité du process, la granulométrie supérieure du produit à traiter par attrition est fréquemment fixée à 2 mm lors des études minéralurgiques. Pour les essais d’optimisation, le seuil de coupure supérieur S 1 retenu est donc de 2 mm. 3.2.2.2 Seuil de coupure inférieur S 2 : Le choix du seuil de coupure inférieur S2 va directement influer sur la production de particules fines. Les 4 seuils de coupure inférieurs S2 testés sont 80, 125, 160 et 200 µm. L’optimum est défini en fonction de la quantité de particules fines formées et de la pollution organique et métallique résiduelle présente au sein de la fraction intermédiaire. Pourcentage de particules fines Les pourcentages de particules obtenus avant et après attrition en fonction des seuils de Pourcentages de particules fines coupures sont représentés sur la Figure III-9 pour le sédiment de Cheviré. Avant attrition Après attrition 70 60 y = 0,0983x + 38,362 50 40 30 y = 0,1188x + 17,472 20 10 0 < 80 µm < 125 µm < 160 µm < 200 µm Seuils de coupure Figure III-9: Pourcentages de particules fines en fonction des seuils de coupure – Sédiment de Cheviré. Après la séparation granulométrique, le pourcentage de particules fines présent dans l’échantillon de Cheviré varie de 27 % pour les particules inférieures à 80 µm à 41 % pour les particules inférieures à 200 µm. La quantité de particules fines éliminée par simple tri granulométrique varie de 14 % en fonction des seuils de coupure retenus. Les droites de régression linéaire représentent les pourcentages de particules fines en fonction des seuils de coupure. Leurs coefficients directeurs sont relativement similaires avant (0,119) et après attrition (0,098). Les deux droites étant pratiquement parallèles, le pourcentage de 124 Optimisation de la méthode de traitement particules fines générées lors de l’étape d’attrition est identique entre les essais et indépendant du seuil de coupure retenu. Ces résultats peuvent s’expliquer en partie par la somme de deux effets antagonistes. Le premier effet correspond aux forces de frottement ; celles ci diminuent avec la granulométrie de la pulpe. Le pourcentage de particules fines générées sera donc plus important au sein des fractions grossières (> 160 µm et > 200 µm). L’effet contraire est lié aux agglomérats d’éléments fins qui sont plus importants dans les fractions fines (> 80 et > 125 µm) et facilement désagrégeables par l’action de frottement induits par l’étape d’attrition. Le pourcentage cumulé des éléments fins sur l’ensemble de la méthode de traitement fluctue de 46 % pour les particules inférieures à 80 µm à 56 et 57 % pour les particules inférieures à 160 et 200 µm. Avec un seuil de coupure de 80 µm, le traitement physique mis en place enregistre une production de particules fines environ 10 % inférieure à celle obtenue avec des coupures de 160 et 200 µm. Teneur résiduelle en polluants organiques et métalliques Les teneurs en matière organique et en éléments traces (cuivre et zinc) présentes au sein des fractions intermédiaires sont déterminées avant et après traitement et représentées sur les Figure III-10, Figure III-11 et Figure III-12. Pourcentages de matière organique Avant attrition Après attrition 12 10 8 6 4 2 0 80 µm - 2 mm 125 µm - 2 mm 160 µm - 2 mm 200 µm - 2 mm Seuils de coupure Figure III-10 : Pourcentages de matière organique dans les fractions intermédiaires avant et après traitement en fonction des seuils de coupure – Sédiment de Cheviré. Après tamisage, les différentes fractions intermédiaires présentent des teneurs en matière organique similaires, d’environ 10 %. L’effet de l’attrition sur l’abattement de la matière 125 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments organique est important avec une diminution de 60 % environ pour 30 % de particules fines générées. Cet effet est indépendant des seuils de coupure retenus ; les teneurs en matière organique varient de 3,7 % pour la fraction 200 µm – 2 mm à 4,8 % pour la fraction 160 µm – 2 mm. La fraction 80 µm – 2 mm présente une teneur en matière organique de 4,0 %. La tendance générale est identique pour les deux éléments traces (Figure III-11 et Figure Concentrations en cuivre en mg kg-1 III-12 ). Avant traitement Valeur cible Après traitement Valeur d'intervention 300 250 200 150 100 50 0 80 µm - 2 mm 125 µm - 2 mm 160 µm - 2 mm 200 µm - 2 mm Seuils de coupure Concentrations en zinc en mg kg-1 Figure III-11 : Concentrations en cuivre dans les fractions intermédiaires avant et après attrition – Sédiment de Cheviré. Avant attrition Valeur cible Après attrition Valeur d'intervention 1600 1200 800 400 0 80 µm - 2 mm 125 µm - 2 mm 160 µm - 2 mm 200 µm - 2 mm Seuils de coupure Figure III-12 : Teneurs en zinc dans les fractions intermédiaires avant et après attrition – Sédiment de Cheviré. 126 Optimisation de la méthode de traitement Avant attrition, les teneurs en cuivre (207 à 244 mg kg-1) et en zinc (1059 à 1217 mg kg-1) sont supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Comme pour les teneurs en matière organique, les concentrations en cuivre et en zinc dans les fractions 80 µm - 2 mm, 125 µm - 2 mm, 160 µm - 2 mm et 200 µm - 2 mm sont relativement similaires. Le traitement par attrition sur les 4 fractions granulométriques est très efficace puisque les teneurs en cuivre et en zinc sont réduites de 65 à 75 %. Les concentrations finales en éléments traces sont semblables dans les différentes fractions granulométriques et se situent entre les valeurs cibles et les valeurs d’intervention pour le cuivre et le zinc et sont inférieures aux valeurs cibles pour le cadmium, le nickel, le plomb et le chrome. Conclusion Dans les conditions expérimentales retenues (pourcentage de matière sèche de 60 % et durée d’attrition de 180 secondes), les résultats les plus intéressants sont obtenus avec des seuils de coupure de 2 mm et 80 µm. Ils permettent de générer une quantité réduite de particules fines (environ 10 %) et ont une influence limitée ou nulle sur les concentrations résiduelles en matière organique et en éléments traces des fractions traitées. 3.2.3 Optimisation de la teneur en eau de la pulpe Dans la cellule d’attrition, les forces de frottement entre les particules dépendent de la vitesse de rotation des pales, de la géométrie de l’équipement mais également de la teneur en eau de la pulpe. Les forces de frottement augmentent avec la viscosité et par conséquent avec la siccité du produit. L’optimisation de la teneur en eau de la pulpe est un paramètre important car il va définir le débit d’alimentation en matière solide d’une installation pilote ou industrielle alimentée en continu. Afin d’optimiser la méthode de traitement, un compromis entre les critères économiques avec les pourcentages de particules fines formées, le débit d’alimentation d’une unité pilote et les 127 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments critères environnementaux avec le degré de dépollution des fractions valorisables devra donc être établi. Pourcentages de particules fines formées Les pourcentages de particules fines inférieures à 80 µm obtenus après attrition en fonction de Pourcentages de particules fines générées la teneur en eau de la pulpe à traiter sont présentés sur la Figure III-13. Après attrition 35 30 25 20 15 10 5 0 20 30 40 50 60 70 Teneur en eau (% ) Figure III-13: Pourcentages de particules fines générées par attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. Les pourcentages de particules fines formées varient de 22 % à 31 % pour des teneurs en eau de la pulpe comprises entre 61 % et 26 %. L’optimisation de la teneur en eau de la pulpe fera intervenir un compromis entre le débit d’alimentation (du simple au double) et la production de particules fines (plus ou moins 10 %). Les teneurs en polluants organiques et métalliques mesurées au sein des fractions valorisables vont permettre de déterminer la pollution résiduelle et d’orienter l’optimisation de la teneur en eau de la pulpe en fonction des critères environnementaux. Teneurs résiduelles en polluants organiques et métalliques Les teneurs en matière organique et en éléments traces présentes au sein des fractions intermédiaires sont déterminées avant et après traitement et représentées sur les Figure III-14, Figure III-15 et Figure III-16. 128 Optimisation de la méthode de traitement Pourcentages de matière organique Avant attrition Après attrition 12 10 8 6 4 2 0 0 20 40 60 80 Teneur en eau (% ) Figure III-14 : Pourcentages de matière organique dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. Avant attrition Valeurs cibles Concentrations en zinc en mg kg-1 1600 Après attrition Valeurs d'intervention 1200 800 400 0 0 20 40 60 80 Teneur en eau (% ) Figure III-15 : Concentrations en zinc dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. 129 Concentrations en cuivre en mg kg-1 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Avant attrition Valeurs cibles 250 Après attrition Valeurs d'intervention 200 150 100 50 0 0 20 40 60 80 Teneur en eau (% ) Figure III-16 : Concentrations en cuivre dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la teneur en eau de la pulpe à traiter – Sédiment de Cheviré. Avant traitement par attrition, la fraction comprise entre 80 µm et 2 mm présente un pourcentage de matière organique de 10,3 % et des teneurs en zinc et en cuivre de 1200 et 200 mg kg-1. Les teneurs résiduelles en polluants au sein de la fraction 80 µm – 2 mm fluctuent de manière importante en fonction de la teneur en eau de la pulpe. Le pourcentage de matière organique varie de 3,4 % lorsque la pulpe à traiter contient 26 % d’eau à 6,1 % si elle en contient 61%. Les teneurs en éléments traces fluctuent quant à elles entre 517 et 298 mg kg-1 pour le zinc et entre 102 et 58 mg kg-1 pour le cuivre. Une certaine linéarité est à noter entre les pourcentages de fines générées (Figure III-13), les teneurs en polluants organiques (Figure III-14) et métalliques (Figure III-15 et Figure III-16) et la teneur en eau de la pulpe. Conclusions Dans les conditions expérimentales retenues (seuils de coupure de 2 mm et 80 µm et durée d’attrition de 180 secondes), les résultats les plus intéressants sont obtenus avec une siccité de la pulpe à traiter d’environ 74 %. Malgré une formation de particules fines de 5, 7 et 9 % supérieure à celle obtenue avec des siccités de pulpe de 56, 46 et 39 %, ce paramètre de traitement permet d’alimenter la cellule en continu avec des débits supérieurs de 1,3 à 1,9 fois à ceux obtenus pour des teneurs en eau 130 Optimisation de la méthode de traitement plus importantes. De plus, la pollution résiduelle en matière organique et en éléments traces varie du simple au double entre un produit de faible teneur en eau (26 %) et un produit très humide (61 %). Dans ces conditions, la siccité retenue pour optimiser le traitement de la fraction 80 µm – 2 mm par attrition est de 74 %. 3.2.4 Optimisation de la durée d’attrition La durée d’attrition est un paramètre important à optimiser pour réduire la quantité de particules fines générées. La durée optimale doit être déterminée afin de désagglomérer la majeure partie des particules fines polluées sans générer une abrasion des particules grenues. Au niveau d’une unité pilote alimentée en continu, la durée d’attrition va définir le débit de traitement des sédiments et par conséquent ses conditions de fonctionnement (tarifs, usure et mobilisation des équipements…). La durée optimale de traitement sera définie en établissant un compromis entre les aspects économiques et environnementaux générés par un tel traitement. Pourcentages de particules fines Les pourcentages de particules fines formées en fonction des différentes durées d’attrition (30, Pourcentages de particules fines générées 60, 90, 180 et 360 secondes) sont présentés sur la Figure III-17. Avant attrition 40 35 Après attrition 30 25 20 15 10 5 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-17 : Pourcentages de particules fines générées en fonction de la durée d’attrition – Sédiment de Cheviré. 131 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments La quantité de particules fines évolue en fonction des différentes durées d’attrition. La vitesse de formation des particules fines est très importante de 30 à 180 secondes puis il y a un ralentissement entre 180 et 360 secondes qui se traduit par un palier. Après 30 secondes de traitement, 17 % de particules fines ont été générés et sont séparables par un tri granulométrique à 80 µm. Ce pourcentage passe à 19 % après 60 secondes, 22 % après 90 secondes et 31 % après 180 secondes de traitement. Lorsque le palier est atteint après 180 secondes de traitement, le pourcentage de particules fines générées augmente très peu avec seulement 3 % supplémentaires en 180 secondes. Evolution de la granulométrie Après avoir étudié le pourcentage de particules fines formées en fonction de la durée d’attrition, un suivi de l’évolution du profil granulométrique au sein de la fraction valorisable Pourcentages 80 µm – 2 mm est réalisé (Figure III-18). 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 AVT 80/125 30 sec 125/250 60 sec 90 sec 250/500 180 sec 500/1000 360 sec 1000/2000 Fractions granulométriques en µm Figure III-18 : Evolution de la granulométrie au sein de la fraction 80 µm – 2 mm en fonction de la durée de traitement – Sédiment de Cheviré. La fraction 80 µm – 2 mm est découpée en 5 fractions granulométriques : 80 – 125 µm, 125 – 250 µm, 250 – 500 µm, 500 – 1000 µm, 1000 – 2000 µm afin d’étudier l’évolution du profil granulométrique en fonction de la durée d’attrition. 132 Optimisation de la méthode de traitement Avant traitement, les fractions supérieures, 500 – 1000 µm et 1000 µm – 2000 µm sont majoritaires et représentent 39 % et 30 % de l’échantillon. Les fractions 250 – 500 µm, 125 – 250 µm et 80 – 125 µm sont plus réduites et représentent respectivement 18 %, 7 % et 2 %. Le profil granulométrique en fonction de la durée d’attrition a une évolution en effet de toit représentée par une augmentation du pourcentage des fractions inférieures comprises entre 80 µm et 500 µm et une diminution du pourcentage des fractions comprises entre 500 et 2000 µm. Pour les fractions 80 µm – 500 µm, l’apport des particules issues des fractions grossières est supérieur à la perte engendrée par l’effet de l’attrition. L’évolution la plus importante se situe, comme pour la formation de particules fines, entre 90 et 180 secondes de traitement : 5 % d’augmentation pour la fraction comprise entre 125 et 250 µm et une diminution de 5 et 3 % pour les fractions 500 à 1000 µm et 1000 à 2000 µm. Teneurs résiduelles en polluants organiques et métalliques Les teneurs en matière organique (Figure III-19) et en éléments traces (Figure III-20 et Figure III-21) sont déterminées sur la fraction comprise entre 80 µm et 2 mm avant et après Pourcentages de matière organique résiduelle traitement avec différentes durées d’attrition. 12 Avant attrition Après attrition 10 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-19 : Pourcentages de matière organique résiduelle dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la durée de traitement – Sédiment de Cheviré. Le pourcentage de matière organique avant attrition au sein de la fraction 80 µm – 2 mm s’élève à 9,9 %. Le traitement par attrition entraîne une diminution de la teneur en matière 133 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments organique avec des concentrations résiduelles de 8,0 % après 30 secondes, 6,9 % après 60 secondes, 6,0 % après 90 secondes, 4,0 % après 180 secondes et 3,6 % après 360 secondes. Avant attrition, les teneurs en cuivre et en zinc sont supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Les évolutions des teneurs en cuivre (Figure III-20) et en zinc (Figure III-21) sont comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise et vont permettre de définir la durée de traitement par attrition la plus Concentrations en cuivre en mg kg-1 adaptée pour obtenir une fraction intermédiaire relativement bien dépolluée. Avant attrition Valeur cible 250 Après attrition Valeur d'intervention 200 150 100 50 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-20 : Concentrations en cuivre dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la durée de traitement et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise – Sédiment de Cheviré. L’évolution des teneurs en éléments traces est similaire avec tout d’abord une dépollution importante après 30 secondes de traitement avec 130 mg kg-1 de cuivre contre 226 mg kg-1 et 659 mg kg-1 de zinc contre 1217 mg kg-1. En corrélation avec le pourcentage de particules fines générées, la dépollution de la fraction intermédiaire est moins importante entre 30 secondes et 90 secondes de traitement par attrition. Une seconde phase de dépollution apparaît entre 90 et 180 secondes avec des réductions importantes d’éléments traces : 396 contre 589 mg kg-1 pour le zinc et 128 contre 83 mg kg-1 pour le cuivre. 134 Concentrations en zinc en mg kg-1 Optimisation de la méthode de traitement Avant attrition Valeur cible Après attrition Valeur d'intervention 1600 1200 800 400 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-21 : Concentrations en zinc dans la fraction 80 µm – 2 mm avant et après attrition en fonction de la durée de traitement et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise – Sédiment de Cheviré. En doublant la durée d’attrition (360 secondes au lieu de 180 secondes), l’effet du traitement sur la dépollution métallique est faible avec des teneurs en cuivre passant de 83 à 68 mg kg-1 et des teneurs en zinc de 396 à 289 mg kg-1. Le gain de dépollution enregistré entre 180 secondes et 360 secondes de traitement est trop faible par rapport aux coûts économiques engendrés par une durée de traitement deux fois plus importante. Conclusion La durée optimale de traitement par attrition est de 180 secondes dans les conditions expérimentales retenues : seuils de coupure de 2 mm et 80 µm, siccité de la pulpe à traiter d’environ 70 %. Cette durée de traitement permet une réduction des polluants organiques et métalliques compatible avec les filières de valorisation envisagées (remblais et béton). 135 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments 3.2.5 Traitement du sédiment de Cheviré dans les conditions optimales A partir des paramètres techniques, économiques et environnementaux, les conditions optimales retenues pour favoriser la dépollution du sédiment de Cheviré sont donc : - une vitesse de rotation des pales de 2125 tours par minute (paramètre fixe), - des seuils de coupure de 2 mm et 80 µm, - un pourcentage de solide aux alentours de 70 %, - une durée d’attrition de 180 secondes. Une description détaillée des résultats obtenus dans les conditions optimales de traitement est présentée ci-dessous. Sédiment brut Les caractéristiques du sédiment brut de Cheviré ont été présentées dans le Tableau III-4 . Les teneurs en matière organique sont élevées (11,9 %) et les concentrations en éléments traces sont supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour le cuivre (281 mg kg-1) et le zinc (1526 mg kg-1) ; elles dépassent les valeurs cibles pour les autres éléments avec notamment une teneur en plomb relativement élevée (305 mg kg-1). Première étape : séparation granulométrique La première étape de traitement correspond aux séparations granulométriques à 2 mm et 80 µm. Les caractéristiques des trois fractions granulométriques sont présentées dans le Tableau III-5. Cette première étape a permis de diviser l’échantillon de Cheviré en trois fractions granulométriques et de caractériser chimiquement chacune d’entre elles. 136 Optimisation de la méthode de traitement Tableau III-5 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment de Cheviré et comparaison aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 13 7,1 0,5 45 154 20 165 853 80 < < 2000 µm 60 9,9 0,8 52 197 22 230 1036 < 80 µm 27 16,8 1,2 107 382 43 379 2119 Cible 0,8 100 36 35 85 140 Intervention 12 380 190 210 530 720 Norme hollandaise Les particules supérieures à 2 mm représentent 13 % de l’échantillon avec un pourcentage de matière organique de 7,1 %. Si les teneurs en cadmium (0,5 mg kg-1), chrome (45 mg kg-1) et nickel (20 mg kg-1) sont faibles, elles sont en revanche plus élevées pour le cuivre (154 mg kg-1), le plomb (165 mg kg-1) et le zinc (853 mg kg-1) avec notamment une concentration en zinc légèrement supérieure à la valeur d’intervention de la norme hollandaise. Cependant, les concentrations en éléments traces et en matière organique restent compatibles avec des filières de valorisation dont le cahier des charges est peu contraignant (remblais de surface). Les particules fines inférieures à 80 µm représentent 27 % de l’échantillon. Cette fraction est très polluée avec 16,8 % de matière organique et des teneurs en éléments traces supérieures aux valeurs cibles pour le cadmium (1,2 mg kg-1), le chrome (107 mg kg-1), le plomb (379 mg kg-1) et le nickel (43 mg kg-1) et deux à trois fois supérieures aux valeurs d’intervention pour le cuivre (382 mg kg-1) et le zinc (2119 mg kg-1). Cette fraction, composée d’éléments fins très pollués, est considérée comme un déchet ultime et sera éliminée. La fraction intermédiaire comprise entre 80 et 2000 µm est très largement majoritaire pour le sédiment de Cheviré puisqu’elle représente 60 % du pourcentage massique de l’échantillon. Cette fraction présente une pollution trop élevée pour prétendre à une éventuelle valorisation. La teneur en matière organique s’élève à 9,9 %, les teneurs en cuivre (197 mg kg-1) et en zinc (1036 mg kg-1) sont supérieures aux valeurs d’intervention tandis que les teneurs en cadmium 137 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments (0,8 mg kg-1) et en plomb (230 mg kg-1) sont égales ou supérieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. Seconde étape : Traitement par attrition Le traitement se poursuit pour cette fraction intermédiaire à 70 % de solides, par 180 secondes d’attrition sous une vitesse d’agitation des pales de 2125 tours par minute. La pulpe ainsi traitée est ensuite tamisée à 80 µm pour séparer les particules fines générées. - Caractérisation chimique La composition des deux fractions formées est présentée dans le Tableau III-6 et comparée aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Tableau III-6 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – Sédiment de Cheviré. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P.M mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 69 4,0 0,4 26 83 12 135 396 < 80 µm après attrition 31 18,5 1,3 121 391 49 442 2369 Le traitement par attrition a engendré la formation de 31 % de particules fines inférieures à 80 µm. Cette fraction fine, fortement polluée, présente des teneurs en matière organique de 18,5 % et des teneurs en éléments traces largement supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour le cuivre (391 mg kg-1) et le zinc (2369 mg kg-1). La fraction supérieure à 80 µm est largement dépolluée ; les concentrations en éléments traces ont fortement diminué : 0,4 contre 0,8 mg kg-1 pour le cadmium, 26 contre 45 mg kg-1 pour le chrome, 83 contre 197 mg kg-1 pour le cuivre, 12 contre 22 mg kg-1 pour le nickel, 135 contre 230 mg kg-1 pour le plomb et 396 contre 1036 mg kg-1 pour le zinc. Le pourcentage de matière organique a lui aussi fortement diminué avec une réduction de 9,9 % à 4,0 %. - Caractérisation physique Une étude au microscope électronique à balayage (MEB) de la fraction 80 µm – 2 mm avant et après traitement par attrition a été réalisée pour visualiser l’effet de l’attrition sur les particules constituant cette fraction. Les clichés sont présentés sur les Figure III-22, Figure III-23 et Figure III-24. 138 Optimisation de la méthode de traitement Figure III-22 : Photographie au MEB d’une particule de la fraction 80 µm – 2 mm avant attrition – Sédiment de Cheviré. Figure III-23 : Photographie au MEB d’une particule de la fraction 80 µm – 2 mm après attrition – Sédiment de Cheviré. Les analyses au MEB ont montré l’effet des frottements générés par attrition sur les particules de la fraction traitée. Sur le cliché de la Figure III-22, la particule est entourée d’une gangue volumineuse et cotonneuse correspondant aux agrégats de particules fines riches en matière organique et en éléments métalliques. Après attrition, le cliché présenté sur la Figure III-23 139 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments montre une particule dépourvue de la gangue organique et traduit parfaitement l’effet de l’attrition sur les grains constituant les sédiments de l’assainissement pluvial. La technique minéralurgique d’attrition présente certaines limites lorsque le grain n’a pas une forme parfaitement ronde et possède de nombreuses aspérités (Figure III-24). Figure III-24 : Photographie au MEB d’une particule présentant une aspérité de la fraction 80 µm – 2 mm après attrition – Sédiment de Cheviré. La Figure III-24 montre une particule de la fraction 80 µm – 2 mm avec une cavité importante. Les frottements entre les grains n’ont pu atteindre cette zone de la particule qui présente toujours après traitement une gangue organique polluée. - Bilan massique Afin d’étudier l’influence de l’étape d’attrition sur le pourcentage de dépollution de l’échantillon de Cheviré, le pourcentage massique de chaque fraction avant et après attrition, et le pourcentage massique des éléments traces qu’elles renferment, sont présentés sur la Figure III-25. Pour le pourcentage massique total ainsi que pour le pourcentage massique de chaque élément, deux histogrammes sont représentés. Le premier correspond aux différents pourcentages des trois fractions obtenues après tamisage à 2 mm et 80 µm et le second aux différents pourcentages des fractions cumulées après attrition puis tamisage à 80 µm. 140 Optimisation de la méthode de traitement > 2000 µm 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 100 80 60 40 20 0 %% Cd Cd CrCr Cu Cu NiNi Pb Pb ZnZn Figure III-25 : Pourcentages massiques et pourcentages des différents éléments traces avant et après attrition – Sédiment de Cheviré. La fraction fine inférieure à 80 µm représente en fin de traitement 45 % de l’échantillon brut et renferme 69 % de cadmium, 71 % de plomb, 72 % de nickel, 74 % de chrome et de cuivre et 77 % de zinc. Il y a une forte accumulation des éléments traces au sein de cette fraction. Les histogrammes avant et après attrition montrent très clairement l’effet bénéfique de l’attrition sur l’accumulation des éléments traces au sein des particules fines. Les 18 % de particules fines supplémentaires, issues de l’étape d’attrition, renferment entre 32 % (plomb) et 35 % (cadmium) de la masse totale d’éléments traces. Cette fraction fine, considérée comme déchet ultime dans les conditions techniques et économiques actuelles, sera éliminée. Avant de conclure sur l’efficacité de la méthode de traitement, les pourcentages massiques de récupération (Tableau III-7) des métaux lourds sont déterminés afin de vérifier le bilan de matière obtenu précédemment Tableau III-7: Pourcentages massiques de récupération des éléments traces après traitement sur le sédiment de Cheviré. Cd Cr Cu Ni Pb Zn Pourcentages de récupération 85 106 91 106 98 97 Les pourcentages de récupération des éléments traces après traitement varient de 85 % pour le cadmium à 106 % pour le chrome et le nickel. 141 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Malgré un pourcentage massique un peu faible pour le cadmium, les taux de récupération des éléments traces sont acceptables pour valider la méthode de traitement mise en place. Dans les conditions expérimentales retenues, 55 % du sédiment brut de Cheviré est valorisable. La fraction intermédiaire comprise entre 80 µm et 2 mm correspond à 42 % de l’échantillon total et présente un degré de pollution chimique faible qui permet d’envisager une valorisation dans les filières les plus exigeantes (remblais routiers, couches de formes…). La fraction grossière supérieure à 2 mm est plus polluée et devra être orientée vers des filières de valorisation au cahier des charges moins contraignant (remblais de surface, …). 142 Modélisation de la méthode 3.3 Modélisation de la méthode A travers les essais d’optimisation de la méthode de traitement, une étroite relation a été mise en évidence entre le pourcentage de particules fines formées et les teneurs résiduelles en matière organique et en éléments traces. L’objectif de cette partie est d’approfondir cette relation en étudiant le comportement de la matière organique et des éléments traces en fonction des particules fines générées par attrition. Pour cela, les résultats obtenus lors de l’étude sur l’optimisation de la durée de traitement vont être réutilisés afin d’étudier la relation entre les différents paramètres. Les équations de modélisation vont être établies à partir de l’équation générale d’une cinétique d’ordre 1 (Equation III-1) Vt = (V0 − V∞ )× e − kt + V∞ Vt : Variable au temps t V0 : Variable à t = 0 V∞ : Variable à t = ∞ t: Durée d’attrition en secondes k: Constante cinétique Équation III-1 La première étape consiste à déterminer une équation modélisant la production de particules fines en fonction de la durée d’attrition. La seconde étape consistera à appliquer cette équation modèle sur l’évolution des teneurs en matière organique, en cuivre et en zinc afin d’étudier la relation entre la pollution organique et métallique et la formation de particules fines. 3.3.1 Détermination d’une équation modèle L’équation modèle est déterminée à partir de la Figure III-17 présentée dans la partie optimisation de la méthode sur l’évolution du pourcentage de particules fines en fonction de la durée d’attrition. 143 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments La quantité de particules fines (F) générées à un instant t lors de l’étape d’attrition peut être exprimée en fonction des quantités initiale (F0) et finale (F∞) de particules fines sous forme d’une équation d’ordre 1 (Equation III-2). Ft = (F0 − F∞ ) × e − kt + F∞ Équation III-2 Ft : Pourcentage de particules fines au temps t F0 : Pourcentage de particules fines en pour à t = 0 F∞ : Pourcentage de particules fines à t = ∞ t: Durée d’attrition en secondes k: Constante cinétique L’équation III-2 est linéarisée pour déterminer à partir d’une équation du type y = f ( x ) la constante cinétique k. F − F∞ ln t F0 − F∞ = − kt Équation III-3 Les paramètres F0 et F∞ sont fixés en fonction des résultats expérimentaux. Avant attrition, une quantité résiduelle de particules fines inférieures à 80 µm est présente dans l’échantillon 80 µm – 2 mm. Ce pourcentage d’éléments fins correspondant au refus de tamisage s’élève à environ 4 % (granulométrie laser). La constante F0 est donc fixée à 4 %. Le pourcentage de particules fines évolue très peu entre 180 et 360 secondes (31 % et 34 %). La vitesse de formation des particules fines est pratiquement nulle avec seulement 1 % d’éléments fins par minute d’attrition. La constante F∞ est donc fixé à 35 %. F − F∞ = −kt est représentée sur la (Figure III-26). Le coefficient La droite d’équation ln t F0 − F∞ de la pente de la droite permet de déterminer la constante k de l’équation. 144 Modélisation de la méthode Durée d'attrition en secondes 0 -0,5 0 100 200 300 400 -1 -1,5 y = -0,01x -2 R = 0,988 2 -2,5 -3 -3,5 -4 Figure III-26 : Détermination de la constante k de l’équation modèle. L’équation III-4 représentant la cinétique d’ordre 1 de formation des particules fines en fonction de la durée d’attrition est : Ft = (F0 − F∞ ) × e −0, 01t + F∞ Équation III-4 Les pourcentages expérimentaux et modélisés des particules générées par attrition sont Pourcentages de particules fines générées représentés sur la Figure III-27 afin de les comparer et de valider l’équation modèle. expérimental 40 modélisé 30 20 10 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-27 : Comparaison des pourcentages de particules fines obtenus expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. 145 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Les pourcentages de particules fines obtenus expérimentalement ou après modélisation par une équation d’ordre 1 sont relativement proches. A l’exception des pourcentages obtenus après 30 secondes de traitement, les autres valeurs sont très proches et les écarts relatifs sont compris entre 0,3 et 1,7 %. L’équation représentant une cinétique d’ordre 1 modélise convenablement la formation des particules fines issues de l’attrition. 3.3.2 Application du modèle sur l’évolution de la teneur en matière organique L’objectif est ici de comparer les teneurs en matière organique expérimentales et les teneurs déterminées à partir de l’équation modèle établie en fonction du pourcentage de particules fines générées par attrition (constante cinétique égale à 0,01). Les paramètres aux temps t = 0 et t = ∞ de l’équation modèle doivent être réajustés en fonction des teneurs initiales et finales de matière organique totale. M .Ot = (M .O0 − M .O∞ )× e −0, 01t + M .O∞ Équation III-5 M.Ot : Pourcentage de matière organique au temps t M.O0 : Pourcentage de matière organique à t = 0 M.O∞ : Pourcentage de matière organique à t = ∞ t: Durée d’attrition en secondes La teneur initiale (MO0) correspond à la teneur en matière organique avant traitement de la fraction 80 µm – 2 mm soit 9,9 %. La teneur finale (MO∞) correspond à une extrapolation des teneurs en matière organique obtenue après les différentes durées de traitement. La vitesse de décroissance du pourcentage de matière organique est élevée entre 0 et 180 secondes (4,0 % contre 9,9 %) puis diminue pour devenir très faible entre 180 et 360 secondes (Figure III-19) pour atteindre la valeur de 3,6 %. La vitesse est pratiquement nulle après 360 secondes de traitement ; la teneur en matière organique à t = ∞ est extrapolée à 3,5 %. Les pourcentages expérimentaux et modélisés des teneurs en matière organique résiduelle au sein de la fraction 80 µm – 2 mm en fonction des durées de traitement sont représentés sur la Figure III-28. 146 Modélisation de la méthode Pourcentages de matière organique expérimental modélisé 12 10 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-28 : Comparaison des pourcentages de matière organique résiduelle obtenus expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. La différence entre les pourcentages résiduels de matière organique obtenus expérimentalement et après modélisation varient de 0,1 à 0,3 % en fonction des durées de traitement. La corrélation entre les pourcentages expérimentaux et modélisés est très satisfaisante. La dépollution de la matière organique au sein de la fraction intermédiaire suit une cinétique d’ordre 1, similaire à celle caractérisant le pourcentage de particules fines formées. La corrélation entre la cinétique de dépollution en matière organique de la fraction 80 µm – 2 mm et le pourcentage de particules fines formées traduit parfaitement l’intérêt et l’efficacité de l’étape d’attrition dans la dépollution des sédiments issus de l’assainissement pluvial. 3.3.3 Application du modèle sur l’évolution de la teneur en éléments traces Il s’agit à présent d’étudier comme précédemment avec la matière organique, la cinétique de dépollution du zinc et du cuivre et son éventuelle corrélation avec le pourcentage de particules fines formées. Pour cela, les équations sont utilisées pour modéliser les teneurs en éléments traces aux différentes durées de traitement. Znt = (Zn0 − Zn∞ )× e −0, 01t + Zn∞ Znt : Équation III-6 Teneur en zinc en mg kg-1 au temps t Zn0 : Teneur en zinc en mg kg-1 à t = 0 147 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments Zn∞ : Teneur en zinc en mg kg-1 à t = ∞ t: Durée d’attrition en secondes Cu t = (Cu 0 − Cu ∞ )× e −0, 01t + Cu ∞ Cut : Équation III-7 Teneur en cuivre en mg kg-1 au temps t Cu0 : Teneur en cuivre en mg kg-1 à t = 0 Cu∞ : Teneur en cuivre en mg kg-1 à t = ∞ t: Durée d’attrition en secondes Les paramètres aux temps t = 0 et t = ∞ de l’équation modèle sont réajustés en fonction des teneurs initiales et finales en cuivre et en zinc présentes au sein des fractions 80 µm – 2 mm. Les teneurs initiales en cuivre (Cu0) et en zinc (Zn0) correspondent aux teneurs de la fraction 80 µm – 2 mm avant traitement soit 226 mg kg-1 pour le cuivre et 1217 mg kg-1 pour le zinc. Les teneurs à t = ∞ sont extrapolées par rapport aux teneurs après 360 secondes de traitement et aux vitesses de décroissance des deux éléments. Les valeurs de zinc et de cuivre à t = ∞ sont approximativement de 270 mg kg-1 pour le zinc (Zn∞=270) et de 60 mg kg-1 pour le cuivre (Cu∞=60). Les pourcentages expérimentaux et modélisés des teneurs résiduelles en cuivre et en zinc en fonction de la durée de traitement sont représentés sur les Figure III-29 et Concentrations en cuivre en mg kg-1 Figure III-30. expérimental 250 modélisé 200 150 100 50 0 0 100 200 300 400 Durée d'attrition en secondes Figure III-29 : Comparaison des concentrations résiduelles expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. 148 en cuivre obtenues Concentartions en zinc en mg kg-1 Modélisation de la méthode 1600 expérimental modélisé 1200 800 400 0 0 100 200 300 Durée d'attrition en secondes Figure III-30 : Comparaison des concentrations résiduelles expérimentalement ou après modélisation – Sédiment de Cheviré. 400 en zinc obtenues La corrélation entre les pourcentages résiduels de zinc et de cuivre obtenus expérimentalement et après modélisation varie en fonction des durées de traitement. Les pourcentages expérimentaux après 30 secondes de traitement ne correspondent pas aux résultats obtenus par la modélisation réalisée à partir de la cinétique d’ordre 1 définie précédemment. Les pourcentages d’éléments expérimentaux obtenus après 60 secondes de traitement se rapprochent de la cinétique d’ordre 1 avec un écart de 10 % pour le cuivre et de 18 % pour le zinc. A partir de 90 secondes de traitement, la dépollution de la fraction 80 µm – 2 mm suit la cinétique d’ordre 1 définie avec la formation de particules fines. Les écarts entre les pourcentages expérimentaux et modélisés sont inférieurs à 5%. Les résultats obtenus pour les autres métaux (Cd, Ni, Cr, Pb) sont similaires à ceux présentés pour le cuivre et le zinc. 3.3.4 Conclusion Les différents paramètres étudiés, pourcentages de particules fines, teneurs résiduelles en matière organique, en cuivre et en plomb, pour déterminer l’efficacité de l’étape d’attrition, suivent tous après 30 secondes de traitement une cinétique d’ordre 1. Cette modélisation confirme l’intérêt d’éliminer les particules fines car elles entraînent suivant une cinétique d’ordre 1 les polluants organiques et métalliques initialement présents dans l’échantillon. 149 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments 3.4 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments Les conditions de traitement optimales définies à partir du sédiment de Cheviré vont être appliquées à 6 autres sédiments de bassins de rétention et d’infiltration afin de confirmer l’efficacité du traitement sur différents résidus. Les essais mis en place respectent le protocole opératoire défini lors de l’étape d’optimisation de la méthode avec des seuils de coupure définis à 80 µm et 2 mm, une teneur en eau de la pulpe à traiter d’environ 30 % et une durée d’attrition de 180 secondes. Pour éviter une redondance trop importante, seuls les traitements menés sur les sédiments des bassins AhAh et Lyon B6 illustreront cette partie. Les bilans complets de traitement des sédiments AhAh et Lyon B6 seront répertoriés en annexes avec ceux des autres bassins étudiés : Lyon B 10 et Lyon B12 de la RN 88 et Lyon B 4 et Lyon B 5 de l’autoroute A 47. 3.4.1 Sédiments du bassin AhAh Caractérisation du sédiment brut Les caractéristiques chimiques du sédiment provenant du bassin AhAh sont présentées dans le Tableau III-8 et comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Tableau III-8 : Caractéristiques chimiques du sédiment AhAh et comparaison des teneurs en éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Cr Cu Ni Pb Zn M.O Cd mg kg-1 % Sédiment brut AhAh Norme hollandaise 13,5 2,6 226 247 107 357 1949 Cible - 0,8 100 36 35 85 140 Intervention - 12 380 190 210 530 720 Le sédiment brut du bassin AhAh présente des teneurs importantes en matière organique (13,5 %) et en éléments traces, avec des concentrations supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour le cuivre (247 mg kg-1) et le zinc (1949 mg kg-1) et supérieures 150 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments aux valeurs cibles pour les autres éléments avec notamment des teneurs en plomb et en chrome relativement élevées (357 mg kg-1 et 226 mg kg-1). Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm : Les caractéristiques chimiques (matière organique et teneur en éléments traces) des trois fractions granulométriques issues du tri granulométrique à 2 mm et 80 µm sont présentées dans le Tableau III-9. Tableau III-9 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment AhAh. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 12 6,6 0,7 98 45 62 126 627 80 < < 2000 µm 68 14,9 3,0 226 259 134 383 2012 < 80 µm 20 29,4 5,2 382 423 154 644 3267 La fraction supérieure à 2 mm représente une masse de 12 % de l’échantillon brut. La teneur en matière organique s’élève à 6,6 % alors que les teneurs en éléments traces sont toutes inférieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Elles sont comprises pour le cuivre (45 mg kg-1), le nickel (62 mg kg-1), le plomb (126 mg kg-1) et le zinc (627 mg kg-1) entre les valeurs cibles et les valeurs d’intervention de la norme. Les fractions fines inférieures à 80 µm correspondent à 20 % de l’échantillon et renferment des concentrations très élevées en polluants organiques et métalliques. La teneur en matière organique s’élève à plus de 29 % ; l’enrichissement en matière organique au sein des éléments % massique de matière organique fins se traduit par un rapport R = de 1,8. Les teneurs en % massique total éléments traces sont également très élevées avec des concentrations en chrome (382 mg kg-1), en cuivre (423 mg kg-1), en plomb (644 mg kg-1) et en zinc (3267 mg kg-1) supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Cette fraction fine accumule, dans 20 % de la masse totale de l’échantillon brut, entre 28 % de % massique d ' éléments traces nickel et 40 % de cadmium. Les rapports R = varient donc % massique total 151 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments de 1,4 à 2,0 et traduisent, comme pour le sédiment de Cheviré, un enrichissement important en éléments traces au sein des éléments fins. La fraction intermédiaire comprise entre 80 µm et 2 mm présente pour le sédiment du bassin AhAh des teneurs très importantes en matière organique (14,9 %) et en éléments traces. Les teneurs en cuivre (259 mg kg-1) et en zinc (2012 mg kg-1) sont 1,4 et 2,8 fois supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. De plus, les teneurs en chrome et en plomb restent élevées avec des concentrations de 226 et 383 mg kg-1. La fraction intermédiaire présente des teneurs en polluants proches de celles obtenues sur le % massique du polluant sédiment brut. Les rapports R = traduisent bien cette similitude % massique total avec des valeurs comprises entre 1,0 et 1,2 pour les éléments traces et de 0,9 pour la matière organique. L’enjeu lié à la dépollution de cette fraction est d’autant plus important que le pourcentage massique est relativement élevé avec près de 70 % de la masse totale de l’échantillon. Attrition de la fraction 80 µm – 2 mm : Pour cette fraction, le traitement se poursuit par une étape d’attrition d’une durée de 180 secondes et sous une agitation des pales à une vitesse de 2125 tours par minute. La pulpe ainsi traitée est ensuite tamisée à 80 µm pour séparer les particules fines générées. La composition des deux fractions ainsi formées est présentée dans le Tableau III-10. Tableau III-10 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P.M mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 85 6,4 1,3 154 108 99 206 1071 < 80 µm après attrition 15 43,0 7,8 462 591 181 948 6396 L’étape d’attrition a engendré la formation de 15 % de particules fines largement contaminée en polluants organiques et métalliques. Ces concentrations très élevées sont rarement rencontrées dans des sédiments issus de l’assainissement pluvial. La teneur en matière organique s’élève à 43 % (R=3,6) tandis que les teneurs en chrome (462 mg kg-1), en plomb 152 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments (948 mg kg-1), en cuivre (591mg kg-1) et en zinc (6396 mg kg-1) sont 1,2 à 8,9 fois supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Les teneurs en cadmium (7,8 mg kg-1) et en nickel (181 mg kg-1) sont également très élevées et ne peuvent donc pas être négligées. L’attrition a entraîné un enrichissement important des polluants au sein des particules désagglomérées. % massique d ' éléments traces Cette accumulation se traduit par des rapports R = très % massique total élevés qui varient, à l’exception du nickel, de 2,0 pour le chrome à 3,1 pour le zinc. Les concentrations en polluants organiques et métalliques au sein des particules fines issues de l’attrition sont plus élevées que celles présentes dans les éléments fins « libres » séparables directement par tri physique. La fraction comprise entre 80 µm et 2 mm issue de l’attrition est par conséquent fortement dépolluée. Le pourcentage de matière organique est de 6,4 % contre 14,9 % avant attrition. A l’exception du zinc (1071 mg kg-1), les teneurs en éléments traces sont toutes inférieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. % massique du polluant Les rapports R = sont de 0,5 pour la matière organique et ils % massique total varient entre 0,35 pour le cuivre et 0,63 pour le nickel. Ils traduisent un appauvrissement important en matière organique et en éléments traces au sein de cette fraction et donc un degré de dépollution élevé. Conclusion La méthode de traitement définie précédemment offre des rendements de dépollution également très intéressant sur le sédiment du bassin AhAh De plus, la faible production de particules fines lors de l’étape d’attrition (15 %) entraîne un pourcentage de produit valorisable, 70 % de l’échantillon brut, plus important que lors du traitement du sédiment de Cheviré (55 % de l’échantillon brut). Des essais complémentaires d’attrition ont été réalisés pour améliorer la dépollution de la fraction valorisable. Pour cela, la durée de traitement a été doublée, 360 secondes contre 180 précédemment, afin d’étudier la possibilité de désagglomérer des particules fines résiduelles présentes au sein de la fraction valorisable. Les résultats obtenus sont similaires à ceux 153 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments obtenus sur le sédiment de Cheviré. En doublant la durée de traitement, seulement 2 % de particules fines supplémentaires ont été générés et ils ne permettent pas d’abaisser de manière significative la pollution au sein de la fraction valorisable. Pour des raisons économiques précédemment évoquées, une durée de traitement plus élevée ne sera également pas retenue pour dépolluer le sédiment issu du bassin AhAh. 3.4.2 Sédiments du bassin de Lyon B 6 Caractérisation du sédiment brut Les caractéristiques chimiques du sédiment provenant du bassin Lyon B6 sont présentées dans le Tableau III-11 et comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Tableau III-11: Caractéristiques chimiques du sédiment Lyon B6 et comparaison des teneurs en éléments traces avec les valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise. Cr Cu Ni Pb Zn M.O Cd mg kg-1 % Sédiment brut lyon B6 Norme hollandaise 8,5 0,6 81 199 38 156 585 Cible - 0,8 100 36 35 85 140 Intervention - 12 380 190 210 530 720 Le sédiment brut du bassin Lyon B6 présente une teneur en matière organique de 8,5 % et des concentrations en éléments traces de 0,6 mg kg-1 pour le cadmium, 81 mg kg-1 pour le chrome, 199 mg kg-1 pour le cuivre, 38 mg kg-1 pour le nickel, 156 mg kg-1 pour le plomb et 585 mg kg-1 pour le zinc. Les concentrations en nickel, plomb et zinc sont supérieures aux valeurs cibles alors que la concentration en cuivre est quant à elle supérieure à la valeur d’intervention de la norme hollandaise. Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm : Les pourcentages massiques des trois fractions issues des tamisages successifs à 2 mm et 80 µm ainsi que les pourcentages de matière organique et d’éléments traces, sont présentés sur la Figure III-31. Comme lors de l’étude des sédiments de Cheviré et de AhAh, les rapports 154 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments % massique du polluant R= varient en fonction des classes granulométriques. La fraction % massique total supérieure à 2 mm correspond à 14 % de la masse totale de l’échantillon brut et présente un rapport inférieur à 1 qui traduit, au sein de cette fraction, un appauvrissement en éléments traces. Le rapport est environ égal à 1 pour l’ensemble des polluants au sein de la fraction comprise entre 80 µm et 2 mm (51 % de la masse) alors qu’il est supérieur à 1 pour la fraction fine inférieure à 80 µm (35 % de la masse) et traduit un enrichissement en matière organique et en éléments traces. Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure III-31 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition. Attrition de la fraction 80 µm – 2 mm : La fraction 80 µm – 2 mm subit une étape supplémentaire d’attrition puis un tamisage à 80 µm dans les conditions optimales définies précédemment pour le sédiment de Cheviré. Les pourcentages massiques ainsi que les pourcentages des polluants présents dans les deux fractions issues de cette étape sont présentés sur la Figure III-32. 155 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments 80 µm - 2 mm Pourcentages 100 < 80 µm 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure III-32 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des deux fractions granulométriques issus de l’attrition. L’étape d’attrition a engendré la formation de 12,5 % de particules fines inférieures à 80 µm. % massique du polluant Cette fraction est très enrichie en polluants avec des rapports R = % massique total de 2,9 pour la matière organique et compris entre 2,4 (plomb) et 3,7 (zinc) pour les éléments traces. L’enrichissement de la fraction fine en polluants organiques et métalliques a entraîné l’appauvrissement de ces polluants au sein de la fraction 80 µm – 2 mm qui présente après % massique d ' éléments traces traitement des rapports R = compris entre 0,67 pour le zinc massique total % et 0,74 pour le nickel. De même, le rapport R est égal à 0,73 pour la matière organique. Conclusion De même que pour le sédiment AhAh, l’étape d’attrition n’a engendré qu’un faible pourcentage de particules fines et par conséquent, des rendements de valorisation très intéressants. Après traitement, les pourcentages massiques des trois fractions granulométriques et les pourcentages des polluants qu’elles renferment sont présentés sur la Figure III-33. 156 Application de la méthode de traitement sur d’autres sédiments En comparant la Figure III-33 et la Figure III-31 précédente, on note très clairement l’effet de l’attrition sur la fraction 80 µm – 2 mm avec une nette diminution de la pollution organique et métallique qu’elle renferme. Par conséquent, le degré de pollution a fortement augmenté au sein de la fraction fine avec % massique de polluants des rapports R = compris pour les éléments traces entre 1,5 pour % massique total l’élément de nickel et 2,0 pour celui de cuivre. Pour la matière organique, le rapport R traduit également une accumulation dans les éléments fins avec un valeur égale à 1,6. > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure III-33 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après traitement. 3.4.3 Conclusion Les conditions optimales de traitement définies à partir du sédiment de Cheviré s’appliquent également aux 6 autres sédiments de bassins étudiés (Voir annexe A). Cette méthode intégrant des coupures granulométrique à 2 mm et 80 µm et une technique minéralurgique d’attrition permet une accumulation de la matière organique et des métaux traces au sein des éléments fins (< 80 µm). Les fractions supérieures à 2 mm et comprises entre 80 µm et 2 mm se retrouvent appauvries en polluants et sont potentiellement valorisables. Les pourcentages massiques de ces fractions valorisables peuvent être importants et atteindre près de 70 % de la masse sèche de l’échantillon brut. 157 Chapitre 3 : Etude de traitabilité des sédiments L’essentiel : L’étude conduite sur le traitement physique des sédiments issus de l’assainissement pluvial a mis en évidence les possibilités de dépollution et de valorisation de ces résidus. Les polluants organiques et métalliques présents dans le produit brut sont localisés au niveau des éléments fins. Ces derniers peuvent se trouver sous deux formes au sein des échantillons. Ils sont soit « libres » et facilement séparables des éléments grossiers, soit « agglomérés » entre eux ou autour des particules grenues et nécessitent alors la génération de forces de frottement pour permettre leur désagglomération. Les forces de frottement sont induites par une technique minéralurgique : l’attrition. Formé d’une cellule hexagonale et d’un arbre vertical équipé de pales en opposition de phases, cet équipement permet de générer entre les grains des forces de frottement suffisantes pour désagréger les agglomérats de particules fines. Les critères économiques et environnementaux liés à la valorisation des sédiments issus de l’assainissement pluvial ont orienté nos recherches vers une optimisation des conditions opératoires de traitement. Des compromis entre les pourcentages de particules valorisables, les pollutions résiduelles qu’elles renferment et les coûts de traitement ont dû être établis pour déterminer le protocole optimal de traitement des sédiments en laboratoire. Avec des seuils de coupure de 2 mm et 80 µm, une pulpe à traiter d’environ 70 % de siccité, une durée de traitement de 180 secondes et une vitesse d’agitation des pales de 2125 tours par minute, le pourcentage de particules dépolluées et potentiellement valorisables varie entre 55 et 75 % en fonction des sédiments étudiés. 158 Chapitre 4 IV Conception d’une unité pilote Traitement physique Ce chapitre a pour objectif de décrire, à travers la conception et l’utilisation d’une unité pilote, le traitement physique des sédiments issus de l’assainissement pluvial : bassins routiers et balayures de voiries. Il se décompose en deux parties. La première partie présente le principe de traitement retenu pour la conception de l’unité pilote. Il est défini à partir des essais de traitabilité mis en place lors du chapitre précédent et des contraintes et objectifs liés à la problématique rencontrée. Une description détaillée des différents équipements utilisés est également proposée. La seconde partie décrit les résultats obtenus après le traitement physique des résidus à travers l’unité pilote. Une caractérisation physique et chimique des différentes fractions permettra de présenter les rendements de dépollution et le pourcentage de fractions valorisables. 159 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments 4.1 Conception de l’unité pilote Le principe de traitement retenu pour la conception de l’unité pilote découle directement de l’étude de traitabilité réalisée dans le chapitre 3. La conjugaison de séparations granulométriques et d’une étape d’attrition a permis, à l’échelle laboratoire, de concentrer la pollution métallique et organique au sein des éléments fins inférieurs à 80 µm et d’obtenir des rendements de fractions potentiellement valorisables, particules supérieures à 80 µm, pouvant atteindre 75 % de l’échantillon brut. Néanmoins, la réalisation de l’unité pilote ne peut pas être définie sur les seuls résultats obtenus en laboratoire. La problématique liée aux sédiments de l’assainissement pluvial et les contraintes d’échelle entre les traitements en laboratoire et à l’échelle pilote seront des paramètres à prendre en compte pour définir judicieusement la conception du pilote. De plus, l’unité de traitement doit présenter, dans le contexte actuel, des exigences économiques et environnementales compatibles, afin d’être proposée comme une alternative viable aux gestionnaires de bassins et de balayures de voiries. 4.1.1 Problématiques, objectifs et contraintes Situation des bassins Les bassins implantés le long des routes et autoroutes se retrouvent distants les uns des autres et éloignés des grosses agglomérations. La mise en place d’une station fixe de traitement nécessite d’acheminer sur plusieurs kilomètres les résidus curés. Dans un souci d’exigences économiques et face à l’importance du coût de transport des déchets, nos recherches se sont orientées vers la conception d’une unité mobile ou semi-mobile afin de réduire les distances entre le déchet et son centre de traitement. Le souhait de traiter les résidus in situ, a engendré différentes contraintes liées au contexte des bassins d’une part et à l’acheminement sur site des équipements d’autre part. - Un manque de service Les bassins sont souvent isolés et ne sont pas alimentés en eau et en électricité. Ce manque de service ajoute une contrainte supplémentaire à l’unité pilote : l’autonomie. Si l’absence d’électricité peut être résolue par l’apport d’un groupe électrogène, l’absence d’eau nécessite 160 Conception d’une unité pilote quant à elle de prévoir une filière de traitement en continu des eaux de process afin de permettre un fonctionnement en circuit fermé. - Une unité mobile L’encombrement des équipements doit être réduit pour faciliter l’acheminement de l’unité de traitement vers les différents sites et de limiter ainsi les coûts de transport. De plus, l’unité doit être la plus simple possible afin de favoriser la mise en œuvre du traitement et de réduire les périodes de montage et démontage susceptibles d’augmenter le coût du traitement. Changement d’échelle : du laboratoire au pilote Par rapport au traitement en laboratoire, plusieurs contraintes pratiques devront être prises en compte pour assurer le bon déroulement du traitement des résidus. - Les encombrants Les essais laboratoire étant réalisés avec de faibles quantités de résidus (quelques centaines de grammes de sédiments), l’opérateur élimine lors de ses travaux, les macro déchets rencontrés dans les ouvrages (sacs plastiques, bouteilles, canettes…). L’unité pilote est conçue pour fonctionner à des débits pouvant atteindre 400 kilogrammes par heure et bien que manuelle, l’alimentation sera plus grossière et des encombrants pourront être acheminés dans l’unité de traitement et entraîner une dégradation des équipements. Pour s’affranchir de ces difficultés, une coupure granulométrique de quelques dizaines de millimètres sera nécessaire en amont de l’unité afin d’éliminer les macro déchets indésirables. - Le mode de fonctionnement Le traitement des sédiments est réalisé en mode discontinu (batch) au laboratoire alors qu’il sera effectué en continu à l’échelle pilote. Cette différence de fonctionnement entraîne une nouvelle contrainte, à savoir, la gestion des flux de résidus en fonction des temps de séjour propre à chaque équipement. La principale difficulté est d’éviter les zones de « bourrage », susceptibles de nuire à la qualité du traitement. Le traitement des eaux Contrairement aux essais en laboratoire consacrés au seul traitement des sédiments, l’unité pilote sera composée également d’une filière de traitement des eaux permettant de travailler 161 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments en circuit fermé. Ce traitement est indispensable pour récupérer les éléments fins riches en polluants d’une part et pour réduire les quantités d’eau utilisées d’autre part. 4.1.2 Principe de traitement Le principe de l’unité pilote présenté sur la Figure IV-1 est issu de la méthode de traitement mise en place dans le chapitre 3 et des contraintes liées à la viabilité du projet. Grille statique coupure à 30 mm > 30 mm Déchets ménagers > 2 mm Valorisation < 30 mm Tamis vibrant coupure à 2 mm < 2 mm Hydrocyclone coupure à 60 µm < 60 µm Filtre presse Décanteur Elimination 60 µm - 2 mm Attrition < 2 mm Hydrocyclone coupure à 60 µm < 60 µm 60 µm - 2 mm Valorisation Figure IV-1: Principe de traitement de l’unité pilote. Les sédiments, injectés dans l’unité pilote subissent une première coupure granulométrique à 30 mm. La grille statique, placée en amont de l’unité, a pour objectif d’isoler les macro déchets et de protéger ainsi les équipements situés en aval. La fraction supérieure à 30 mm sera éliminée via la filière des déchets ménagers. Les résidus inférieurs à 30 mm vont subir un traitement similaire à celui mis en place lors des essais de traitabilité en laboratoire (chapitre 3). Les particules sont acheminées, par l’intermédiaire d’un convoyeur, au niveau d’un tamis vibrant de maillage 2 mm. Cette coupure joue un double rôle : elle isole d’une part la fraction 2 mm – 30 mm potentiellement 162 Conception d’une unité pilote valorisable (chapitre 3) et protège d’autre part l’hydrocyclone situé en aval des particules grossières (2 mm – 30 mm). La séparation granulométrique suivante est réalisée par hydrocyclonage. Cet équipement permet d’abaisser le seuil de coupure à 60 µm contre 80 µm par tamisage en laboratoire. L’objectif est de réduire ainsi le pourcentage de particules fines enrichies en polluants. Les particules inférieures à 60 µm contenues dans les eaux de surverse des hydrocyclones sont ensuite injectées dans la filière de traitement des eaux (décanteur et filtre presse). La fraction 60 µm – 2 mm est quant à elle introduite en continu dans la machine d’attrition. Comme en laboratoire, les forces de frottement induites par ce traitement génèrent des particules fines qui seront également séparées par hydrocyclonage puis orientées vers le traitement des eaux. La fraction 60 µm – 2 mm récupérée sera caractérisée en vue de définir les filières potentielles de valorisation. L’ensemble de ces opérations est réalisé par voie humide avec des teneurs en eau qui fluctuent de 85 % pour les coupures par hydrocyclone à 30 % pour l’étape d’attrition. Les eaux de surverse du décanteur sont directement renvoyées au niveau des différents équipements afin de fonctionner en circuit fermé. 4.1.3 Description des différents équipements La grille statique La grille présente un maillage de 30 mm et repose à l’intérieur d’une trémie de 150 cm de hauteur (Figure IV-2). L’alimentation en sédiment est réalisée manuellement avec une pelle en acier inox à un débit variant de 200 à 350 kg h-1 en fonction de la composition des résidus. La fraction supérieure à 30 mm est enlevée manuellement de la trémie au fur et à mesure de l’alimentation. Les particules inférieures à 30 mm sont acheminées par l’intermédiaire d’un convoyeur vers le séparateur primaire. 163 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Figure IV-2 : Trémie de maillage 30 mm. Séparateur primaire Le séparateur primaire comprend deux équipements de séparation granulométrique : un tamis vibrant et un hydocyclone. Le tamis vibrant, de maillage 2 mm, est équipé d’un système d’aspersion d’eau pour favoriser la séparation des particules (Figure IV-3). Figure IV-3 : Tamis vibrant de maillage 2 mm équipé d’un système d’ aspersion d’eau. Les résidus de l’assainissement pluvial présentent des teneurs élevées en matière organique (chapitre 2) qui favorisent le colmatage du tamis vibrant et réduisent, par conséquent, le rendement de séparation. Pour pallier ce phénomène de colmatage, deux systèmes d’aspersion 164 Conception d’une unité pilote d’eau, l’un par le dessus et l’autre à contre courant, sont mis en place afin d’optimiser la séparation granulométrique. La fraction supérieure à 2 mm quitte la filière de traitement à la sortie du tamis vibrant. Elle est alors caractérisée afin de définir les possibilités de valorisation. La fraction inférieure passe à travers le tamis de 2 mm et se retrouve dans la cuve du séparateur (Figure IV-4). Les particules sont diluées dans l’eau du milieu pour atteindre une teneur en matière sèche de 15 à 20 %. La pulpe ainsi formée est ensuite injectée en continu dans un hydrocyclone sous une pression de 1,5 bar. Figure IV-4 : Séparateur primaire. Figure IV-5 : Hydrocyclone. L’hydrocyclone est un équipement constitué d’un tube conique ouvert à ses extrémités (Figure IV-6). L’alimentation en pulpe est effectuée par une ouverture latérale située dans la partie supérieure de l’appareil. Sous l’effet de la vitesse, un vortex se forme et les particules les plus lourdes et les plus grossières viennent se coller sur la paroi externe de l’équipement. Elles glissent ensuite vers le bas de l’hydrocyclone jusqu’à la sortie appelée souverse. Les particules les plus fines se stabilisent au centre du vortex et sous l’influence d’un vortex secondaire sortent par la surverse de l’hydrocyclone. Cet équipement permet une séparation des particules à environ 60 µm. La fraction inférieure à 60 µm est dirigée vers la filière de traitement des eaux. Les particules supérieures à 60 µm sont déshydratées sur un tamis vibrant 165 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments pour atteindre une teneur en eau de 30 %. Les particules sont ensuite introduites dans la machine d’attrition. Figure IV-6 : Schéma de principe d’un hydrocyclone. Machine d’attrition Cette machine est constituée de deux cellules hexagonales contigües de 30 litres chacune en acier au carbone (Figure IV-7). Figure IV-7 : Machine d’attrition. 166 Conception d’une unité pilote La cellule de tête comporte un piquage incliné pour l’alimentation en solide et en eau de dilution. Les deux cellules sont équipées d’un arbre vertical avec trois niveaux de pales d’agitation alimenté par un moteur électrique de 3 kW. La cellule de queue comporte un piquage pour l’évacuation des produits traités vers le séparateur secondaire. Contrairement à la cellule utilisée en laboratoire, le fonctionnement est continu et la durée de traitement des résidus à l’intérieur des cellules est dépendante du débit d’alimentation. Elle peut être grossièrement estimée, en admettant que les cellules sont initialement remplies, d’après l’équation suivante : d= (QB − Q1 − Q2 ) ×n m Équation IV-1 Avec : d: Durée de traitement QB : Débit du matériau brut en g s-1 Q1 : Débit du matériau > 2 mm en g s-1 Q2 : Débit du matériau < 60 µm en g s-1 m: Masse de matériau contenu dans une cellule n: Nombre de cellule Avec 2 cellules contigües de 30 litres chacune, un débit moyen du matériau brut de densité 2,5 de 300 kg h-1 dont 20 % de particules supérieures à 2 mm et 25 % inférieures à 60 µm, la durée de séjour moyenne des particules dans la machine d’attrition est estimée à environ 50 minutes. En raison de diverses contraintes liées au fonctionnement en continu, aux coupures granulométriques par hydrocyclone et à la spécificité de la cellule, les conditions opératoires de traitement sont très différentes de celles retenues en laboratoire (chapitre 3). Le Tableau IV-1 compare les conditions effectives pour l’unité pilote à celles optimisées en laboratoire. 167 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Tableau IV-1 : Comparatif des conditions opératoires des traitements pilote et laboratoire. Conditions pilote Conditions en laboratoire Mode de fonctionnement Seuils de coupure Nombre de cellules Vitesse de rotation des pales Teneur en eau de la pulpe Durée de traitement continu batch 2 mm et 60 µm 2 mm et 80 µm 2 1 402 tours minute-1 2125 tours minute-1 70 % 74 % 50 minutes 3 minutes Si l’on se réfère à l’équation de Shigley et Miscke (1989), l’énergie délivrée par unité de masse est différente entre les cellules de laboratoire et du pilote. Séparateur secondaire Les produits traités dans les cellules d’attrition sont ensuite dirigés vers le séparateur secondaire (Figure IV-1). Ils sont dilués dans la cuve inférieure et injectés sous pression dans un second hydrocyclone afin de séparer les particules fines générées lors de l’étape d’attrition. Figure IV-8 : Séparateur secondaire. La fraction fine, inférieure à 60 µm, est dirigée vers la filière de traitement des eaux alors que la fraction supérieure à 60 µm est déshydratée sur un tamis vibrant avant d’être récupérée. 168 Conception d’une unité pilote Traitement des eaux Les eaux de surverse des hydrocyclones primaire et secondaire contiennent la fraction fine des sédiments inférieurs à 60 µm. Les eaux sont récoltées dans une cuve tampon (Figure IV-9) avant d’être injectées dans un décanteur lamellaire (Figure IV-10). Figure IV-9 : Eaux de process. Figure IV-10 : Décanteur lamellaire. La première partie du décanteur correspond au bac à floculation. L’ajout de polymère est réalisé par l’intermédiaire d’une pompe péristaltique et permet la formation de flocs qui vont ensuite décanter vers le fond de l’équipement. Le décanteur lamellaire présente les avantages suivants : - la compacité par rapport aux décanteurs statiques conventionnels, qui conduit à des économies importantes de place et de coût, - l'efficacité, qui résulte de l'accroissement de la surface de décantation, - la fiabilité, qui est induite par la simplicité du décanteur. Les eaux de surverse du décanteur sont récupérées dans une nouvelle bâche tampon (Figure IV-11). Elles sont réinjectées en continu au niveau des deux séparateurs physiques. L’unité pilote fonctionne ainsi en circuit fermé sans aucun ajout d’eau provenant du réseau. 169 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Figure IV-11 : Eaux de surverse du décanteur. Les boues sont quant à elles injectées, après décantation, au niveau d’un filtre presse afin de subir une déshydration (Figure IV-12) permettant ainsi de réduire significativement leurs volumes et de faciliter leurs éliminations. Figure IV-12 : Gâteau de boues formé au niveau du filtre presse. 170 Le traitement 4.2 Le traitement des sédiments L’unité pilote a permis de traiter 5 sédiments de bassins (Cheviré, Nancy, AhAh 1, AhAh 2 et Lyon) et 2 balayures de voiries (Bordeaux et Lille). Au cours du traitement, 3 coupures granulométriques à 30 mm, 2 mm et environ 60 µm sont effectuées et 5 fractions sont étudiées : supérieure à 30 mm, comprise entre 2 mm et 30 mm, comprise entre 60 µm et 2 mm avant et après attrition et inférieure à 60 µm. Pour chacune des fractions, le pourcentage massique est déterminé et une caractérisation de la matière organique et minérale est réalisée. 4.2.1 Pourcentages massiques des différentes fractions Les pourcentages massiques des différentes fractions issues du traitement sont présentés dans le Tableau IV-2. Tableau IV-2 : Pourcentages massiques exprimés des différentes fractions issues du traitement physique (en matière sèche). Fractions > 30 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm < 60 µm Cheviré 4 8 50 38 Nancy 4 20 50 26 AhAh 1 7 7 27 59 AhAh 2 1 13 74 11 Lyon 5 49 15 31 Bordeaux 23 25 45 7 Lille 2 32 44 22 La fraction supérieure à 30 mm correspond aux encombrants et sera éliminée via la filière des déchets ménagers. Cette fraction regroupe l’ensemble des détritus abandonnés sur les autoroutes pour les bassins et au niveau des voiries pour les balayures. Elle est constituée de sacs plastiques, bouteilles, canettes, pièces automobiles… Les résidus étudiés, à l’exception des balayures de Bordeaux (23 %), présentent des pourcentages massiques de produits supérieurs à 30 mm relativement faibles (2 à 7 %). La faible densité de ces produits entraîne néanmoins un volume d’encombrant non négligeable. 171 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Le pourcentage massique de la fraction comprise entre 2 mm et 30 mm fluctue beaucoup en fonction des sédiments étudiés. Les sédiments de Cheviré, AhAh 1 et AhAh 2 présentent une fraction 2 mm – 30 mm peu importante avec des pourcentages massiques de 7 %, 8 % et 13 %. Pour les résidus de Nancy, Bordeaux, Lille et Lyon, la fraction 2 mm – 30 mm est beaucoup plus importante avec des pourcentages de 20 %, 25 %, 32 % et 49 %. Les sédiments de Cheviré, Nancy, AhAh 2, Lille et Bordeaux présentent pour la fraction comprise entre 60 µm et 2 mm des pourcentages de 50 % et 74 % pour les bassins et de 44 % et 45 % pour les balayures de voiries. Les sédiments des bassins de Lyon et de AhAh 1 présentent une fraction 60 µm – 2 mm de 15 et 27 %. Ces faibles pourcentages sont révélateurs des limites du traitement physique pour les sédiments fins (d50 de 47 et 25 µm). Pourcentages de refus au sein des différentes fractions Le pourcentage de particules résiduelles est déterminé par granulométrie classique pour la fraction 2 mm – 30 mm (< 2 mm) et par granulométrie laser pour la fraction 60 µm – 2 mm (< 60 µm) afin de définir, dans les conditions de nos essais, le rendement de séparation des différents équipements. Les résultats sont présentés dans le Tableau IV-3. Tableau IV-3 : Pourcentages de particules résiduelles au sein des fractions 2 mm – 30 mm et 60 µm – 2 mm (exprimés en matière sèche). < 2 mm (2 mm -30 mm) < 60 µm (60 µm – 2 mm) Cheviré 18 % 1,2 % Nancy 1% 3,5 % AhAh 1 - - AhAh 2 17 % 1,8 % Lyon 80 % 3,5 % Bordeaux 20 % 1,5 % Lille 5% 4,7 % La fraction 2 mm – 30 mm présente pour certains sédiments des pourcentages élevés en particules inférieures à 2 mm. Ce pourcentage est largement dépendant des produits étudiés. Pour les résidus de Nancy et Lille, la séparation granulométrique est très efficace avec seulement 1 % et 5 % de particules résiduelles. Pour AhAh 2, Cheviré et Bordeaux, la 172 Le traitement séparation est moins efficace avec des pourcentages de particules inférieures à 2 mm plus élevés et respectivement égaux à 17 %, 18 % et 20 %. La séparation granulométrique à 2 mm s’avère être inefficace pour les sédiments de Lyon, très riches en argile. Plus de 80 % de la fraction 2 mm – 30 mm est composée de particules résiduelles. La séparation sur tamis vibrant sous aspersion d’eau est inadaptée à certains produits de l’assainissement pluvial (Lyon). Le colmatage important du tamis vibrant, lié à des teneurs élevées en argile, entraîne une chute de l’efficacité du traitement. Les fractions 60 µm – 2 mm issues des séparations par hydrocyclonage présentent des pourcentages de particules résiduelles inférieures à 60 µm relativement faibles. Les quantités varient de 1,2 % pour Cheviré à 4,7 % pour les balayures de voiries de Lille. Dans l’optique d’une valorisation de cette fraction en sable à béton ou en remblai, la faible présence de particules fines est une caractéristique géotechnique intéressante. Conclusion : Les pourcentages de matière sèche obtenus sur les 7 résidus de l’assainissement pluvial varient pour l’ensemble des fractions 2 mm – 30 mm et 60 µm – 2 mm de 34 % à 87 %. Compte tenu des teneurs en eau initialement présentes dans les sédiments, et si l’on résonne en pourcentage massique de sédiments bruts et non pas en pourcentage de matière sèche, les rendements obtenus sont donc potentiellement beaucoup plus élevés que ceux présentés lors de ces travaux. Les caractérisations chimiques et géotechnique (chapitre 6) des différentes fractions permettront de conclure sur les éventuelles possibilités de valorisation. 4.2.2 Caractérisation chimique Les fractions supérieures à 30 mm, composées de détritus grossiers, ne sont pas chimiquement caractérisées. Les fractions 2 mm – 30 mm, 60 µm – 2 mm et inférieures à 60 µm sont caractérisées pour étudier la répartition des polluants au sein des trois fractions granulométriques. De plus, une aliquote de la fraction 60 µm – 2 mm est prélevée avant attrition puis analysée afin de déterminer les performances de cette technique minéralurgique sur la dépollution des sédiments. 4.2.2.1 Eléments traces Les teneurs en éléments traces présentes au sein des fractions issues du traitement physique sont présentées dans le Tableau IV-4 et comparées à la norme hollandaise. 173 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Tableau IV-4 : Teneurs en éléments traces, en titane et en phosphore des différentes fractions issues du traitement physique(exprimées en mg kg-1). Cheviré Nancy AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux Lille Norme hollandaise 174 Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 Zn Ti P 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm AV 0,4 0,2 32 32 125 59 14 11 83 66 650 320 1,6 1032 1,3 929 60 µm – 2 mm AP 0,1 27 25 9 60 188 1,1 < 60 µm 2,6 120 518 46 279 2275 3,2 2291 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm AV 60 µm – 2 mm AP < 60 µm 0,02 0,3 0,1 1,3 5884 537 492 390 118 49 43 308 15 16 15 61 16 45 48 229 73 125 112 778 2,9 1,4 2,15 1808 737 874 1586 2 mm – 30 mm 2,6 54 120 38 169 535 - - 60 µm – 2 mm AV 1,7 60 72 62 119 271 - - 60 µm – 2 mm AP - - - - - - - - < 60 µm 6,2 99 184 53 320 875 - - 2 mm – 30 mm 0,3 42 38 26 37 134 1,1 852 60 µm – 2 mm AV 0,4 39 99 62 100 215 1,0 671 60 µm – 2 mm AP 0,3 34 90 54 48 78 0,8 501 < 60 µm 6,3 123 303 91 348 1152 2,0 2828 2 mm – 30 mm 1,3 74 82 38 121 337 2,4 838 60 µm – 2 mm AV 0,6 59 67 27 71 279 2,4 653 60 µm – 2 mm AP 0,4 55 43 14 54 120 1,4 643 < 60 µm 1,5 127 200 54 260 889 3,0 1272 2 mm – 30 mm 0,1 60 81 17 51 187 3,0 465 60 µm – 2 mm AV 0,2 43 100 14 114 250 1,7 526 60 µm – 2 mm AP 0,1 52 91 13 74 185 0,8 390 < 60 µm 2,9 154 262 52 736 1767 2,8 2636 2 mm – 30 mm 0,1 64 16 11 12 58 2,0 592 60 µm – 2 mm AV 0,5 73 87 17 60 381 2,3 617 60 µm – 2 mm AP 0,3 76 80 21 49 206 2,1 537 < 60 µm 2,0 118 222 52 269 871 2,9 1252 Cible 0,8 100 36 35 85 140 - - intervention 12 380 190 210 530 720 - - 594 Le traitement Cheviré Les concentrations en éléments traces au sein des particules fines inférieures à 60 µm sont très élevées. Les teneurs en cuivre (518 mg kg-1) et en zinc (2275 mg kg-1) sont 2,7 et 3,2 fois plus importantes que les valeurs d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Les teneurs en cadmium (2,6 mg kg-1), en chrome (120 mg kg-1), en nickel (46 mg kg-1) et en plomb (279 mg kg-1) sont également supérieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. La fraction 2 mm – 30 mm présente des teneurs en éléments traces inférieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise à l’exception du cuivre (125 mg kg-1) et du zinc (650 mg kg-1) dont les teneurs sont comprises entre les valeurs cibles et les valeurs d’intervention. La fraction 60 µm – 2 mm obtenue en sortie de filière de traitement (après attrition) présente des teneurs faibles en polluants métalliques. Les concentrations en cadmium (0,1 mg kg-1), en chrome (27 mg kg-1), en cuivre (25 mg kg-1), en nickel (9 mg kg-1) et en plomb (60 mg kg-1) sont toutes largement inférieures aux valeurs cibles et compatibles avec les teneurs des sols ordinaires données par Baize (2000). Seule la concentration en zinc (188 mg kg-1) est supérieure à la valeur cible (140 mg kg-1) de la norme hollandaise. L’efficacité de l’étape d’attrition observée en laboratoire (chapitre 3) est maintenue, à l’échelle pilote, pour le sédiment de Cheviré. L’importante réduction des concentrations en cuivre (25 contre 59 mg kg-1) et en zinc (188 contre 320 mg kg-1) correspond à des abattements de pollution pour ces deux éléments de 60 et 40 %. L’effet de l’attrition est également élevé sur la dépollution en phosphore avec des teneurs de 594 mg kg-1 contre 929 mg kg-1. Nancy Le sédiment de Nancy a la particularité de présenter une concentration en chrome très élevée dans le sédiment brut (2979 mg kg-1). La fraction 2 mm – 30 mm présente une concentration en chrome de 5884 mg kg-1. Une pollution antérieure liée au remblaiement par des matériaux pollués (types mâchefers) est une éventuelle hypothèse pour expliquer cette observation. Cette teneur, très élevée au sein des particules grossières, est contraire aux conclusions de nos travaux précédents où l’enrichissement en éléments traces est localisé dans les particules fines. La séparation granulométrique à 2 mm a néanmoins permis, dans ce cas précis, d’isoler la pollution chromique au sein de la fraction 2 mm – 30 mm. Un seuil de coupure plus élevé 175 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments (4 ou 5 mm) est à envisager sur ce type de matériaux afin de réduire la proportion de la fraction polluée. Des observations au microscope électronique à balayage ont confirmé une présence importante de chrome sous forme grossière ; il se trouve disséminé sous différentes formes : éclats de peinture, esquilles métalliques, sphères vitreuses sombres, scories (Figure IV-13) et grains grenus noir alvéolés qui peuvent être assimilés à des scories. Plage claire de Cr Figure IV-13 : Photographie zoomée sous loupe binoculaire d’une scorie. Les plages claires des scories présentes dans les sédiments de Nancy sont également observées au MEB. Le spectre EDS obtenu confirme la présence de chrome sur les particules grenues (Figure IV-14). On note également des teneurs élevées en fer et en manganèse. Figure IV-14 : Analyse globale des plages claires d’une scorie (Spectre EDS). 176 Le traitement La fraction grossière est également, dans une moindre mesure, enrichie en titane (2,9 mg kg-1) et en phosphore (1808 mg kg-1). La fraction fine, inférieure à 60 µm, présente pour les autres éléments traces, un facteur d’enrichissement relativement élevé avec des concentrations en cuivre (308 mg kg-1) et en zinc (778 mg kg-1) environ 2,5 fois plus élevées que dans le sédiment brut et supérieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Bien qu’élevée et supérieure à la valeur d’intervention de la norme hollandaise, la concentration en chrome dans la fraction fine (390 mg kg-1) correspond à une faible proportion de la quantité totale de l’élément trace présent dans le sédiment brut. La fraction 60 µm – 2 mm présente à l’exception du chrome (492 mg kg-1) des teneurs en éléments traces toutes inférieures aux valeurs cibles de la norme hollandaise. L’effet de l’attrition sur la fraction 60 µm – 2 mm n’est pas très important sur le sédiment de Nancy. Les observations sous loupe binoculaire (Figure IV-15) et au microscope électronique à balayage (Figure IV-16) permettent de noter le faible encroutement de particules fines dans ce sédiment. Figure IV-15 : Photographie à binoculaire du sédiment de Nancy. loupe Figure IV-16 : Photographie au MEB (électrons rétrodiffusés) du sédiment de Nancy. AhAh1 Les particules fines accumulent une part importante de la pollution avec des concentrations respectives en cadmium, cuivre et zinc de 6,2, 184 et 875 mg kg-1. Les particules de la fraction 60 µm – 2 mm introduites dans la cellule d’attrition sont broyées sous l’action du frottement mécanique induit par les pales d’agitation de l’équipement. Ce 177 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments phénomène de broyage, caractérisé par un abaissement significatif du d50, a également été observé par Clozel et al. (2002). Les caractéristiques physiques du sédiment ne permettent pas un traitement par attrition de la fraction 60 µm – 2 mm. Pour le sédiment AhAh 1, le traitement physique se limite donc aux coupures granulométriques à 30 mm au niveau de la grille statique en amont de l’unité et à 2 mm et 60 µm dans le séparateur primaire. La fraction 60 µm – 2 mm présente des teneurs en éléments traces toutes inférieures aux valeurs d’intervention de la norme hollandaise et compatibles avec des filières de valorisation tel que le remblai ou les couches de forme. Les autres sédiments Pour les sédiments des bassins AhAh 2 et Lyon ainsi que pour les balayures de voiries de Lille et Bordeaux, le comportement des matériaux vis à vis du traitement physique est similaire à celui obtenu avec le sédiment de Cheviré. D’une part, les fractions fines, inférieures à 60 µm, concentrent une grande majorité de la pollution métallique avec des pourcentages massiques d’éléments traces qui varient entre 60 et 80 % en fonction des sédiments étudiés. Par conséquent, les fractions supérieures à 2 mm et comprises entre 60 µm et 2 mm sont largement dépolluées et les éléments traces se retrouvent avec des teneurs compatibles à celles des sols ordinaires (Baize, 2000). D’autre part, l’efficacité de l’attrition sur la fraction 60 µm – 2 mm est semblable à celle obtenue sur le sédiment de Cheviré ; l’abattement des concentrations en éléments traces est important et peut atteindre plus de 60 %. Les exemples du zinc pour le sédiment de Lyon (120 mg kg-1 contre 279 mg kg-1), du cadmium pour les résidus de Lille (0,26 mg kg-1 contre 0,47 mg kg-1), du plomb pour les sédiments de AhAh2 (48 mg kg-1 contre 100 mg kg-1) et du titane pour les balayures de Bordeaux (0,8 mg kg-1 contre 1,7 mg kg-1) peuvent être cités pour illustrer les résultats obtenus. 4.2.2.2 Matière organique et hydrocarbures totaux Les teneurs en matière organique et en hydrocarbures totaux des différentes fractions issues du traitement physique sont présentées dans le Tableau IV-5. Les concentrations en hydrocarbures totaux sont comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. 178 Le traitement Tableau IV-5 : Pourcentages de matière organique et teneurs en hydrocarbures totaux des différentes fractions issues du traitement physique. Cheviré Nancy AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux Lille Norme hollandaise Matière organique % Hydrocarbures totaux mg kg-1 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm AV 7,5 6,3 383 851 60 µm – 2 mm AP 2,5 108 < 60 µm 25,2 6431 2 mm – 30 mm 0,7 / 60 µm – 2 mm AV 3,3 1631 60 µm – 2 mm AP 2,5 1562 < 60 µm 15,8 1727 2 mm – 30 mm 10,2 - 60 µm – 2 mm AV 5,1 1825 60 µm – 2 mm AP / / < 60 µm 14,8 / 2 mm – 30 mm 3,8 / 60 µm – 2 mm AV 2,3 1688 60 µm – 2 mm AP 2,0 1344 < 60 µm 16,8 2805 2 mm – 30 mm 13,3 / 60 µm – 2 mm AV 9,8 795 60 µm – 2 mm AP 4,5 374 < 60 µm 17,3 1055 2 mm – 30 mm 8,7 / 60 µm – 2 mm AV 5,3 1199 60 µm – 2 mm AP 2,9 676 < 60 µm 28,9 2214 2 mm – 30 mm 2,6 / 60 µm – 2 mm AV 4,5 517 60 µm – 2 mm AP 2,8 308 < 60 µm 16,5 1318 Valeurs cibles / 50 Valeurs d’intervention / 5000 179 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Matière organique D’une manière générale, et comme pour les éléments traces, la matière organique est accumulée au sein des éléments fins. Les teneurs varient entre 14,8 % pour le bassin de AhAh1 et 28,9 % pour les balayures de Bordeaux. Pour mesurer le degré d’accumulation de la matière organique dans les fractions fines, le rapport défini dans le chapitre 3 par % massique de matière organique R= peut être déterminé. Il fluctue entre 1,4 pour les % massique total sédiments de Lyon et 5,3 pour les balayures de Bordeaux et traduit une accumulation très importante de la matière organique dans les éléments fins. La fraction 2 mm – 30 mm présente des teneurs très hétérogènes en matière organique avec des valeurs comprises entre 0,7 % pour le sédiment de Nancy et 13,3 % pour le sédiment de Lyon. Ces fractions, fortement chargées en matière organique, correspondent aux résidus dont la séparation granulométrique sur tamis vibrant est non adaptée. Le pourcentage d’éléments inférieurs à 2 mm présents au sein de ces fractions est très élevé : 80 % pour les résidus de Lyon (Tableau IV-5). Les fortes teneurs en matière organique sont liées à la présence d’éléments fins. Les fractions 60 µm – 2 mm obtenues après traitement physique présentent des teneurs en matière organique comprises entre 2,0 % pour le sédiment de AhAh 2 et 4,5 % pour le sédiment de Lyon. A l’exception de Lyon et AhAh1, l’ensemble des fractions 60 µm – 2 mm présentent des pourcentages de matière organique inférieurs à 3 %, seuil utilisé pour la classification des matériaux par le guide de réalisation des remblais et couches de formes (Chapitre 6). L’efficacité de l’étape d’attrition est bonne et permet un abattement de la teneur résiduelle en matière organique avant et après attrition de 6,3 contre 2,5 % pour Cheviré, 9,8 contre 4,5 % pour Lyon, 5,3 contre 2,9 % pour Bordeaux et 4,5 contre 2,8 % pour Lille. L’étape d’attrition permet notamment aux fractions 60 µm – 2 mm d’atteindre un pourcentage de matière organique inférieur au seuil de 3 % et d’éviter une classification comme sous produits industriels (classe F). 180 Le traitement Hydrocarbures totaux - Cheviré La teneur en hydrocarbures totaux au sein du sédiment brut de Cheviré est de 3540 mg kg-1. Après traitement physique, la répartition des hydrocarbures totaux au sein des différentes fractions est similaire à celle observée pour la matière organique et pour les éléments traces. La fraction fine inférieure à 60 µm présente une accumulation importante avec 6431 mg kg-1 soit une concentration supérieure à la valeur d’intervention des sols pollués de la norme hollandaise (5000 mg kg-1). La fraction grossière supérieure à 2 mm présente quant à elle une teneur de 383 mg kg-1. L’efficacité de l’attrition sur la dépollution en hydrocarbures totaux de la fraction intermédiaire est bonne avec un abattement de 851 mg kg-1 à 108 mg kg-1. - Nancy La répartition des hydrocarbures totaux au sein des différentes fractions granulométriques issues du traitement physique des résidus de Nancy est relativement homogène. En tenant compte des erreurs relatives liées à la technique d’analyse (Chapitre 2.1.2.2), les concentrations dans le sédiment brut (1688 mg kg-1) peuvent être considérées comme identiques à celles des fractions 60 µm – 2 mm avant et après attrition avec respectivement 1631 et 1562 mg kg-1 et à celles de la fraction fine (1727 mg kg-1). - AhAh Pour le sédiment AhAh1, seule la fraction 60 µm – 2 mm a été caractérisée ; la teneur en hydrocarbures totaux après hydrocyclonage et élimination des particules fines inférieures à 60 µm atteint 1825 mg kg-1 contre 4955 mg kg-1 dans l’échantillon brut. Pour les sédiments AhAh2, la fraction fine présente une accumulation en hydrocarbures totaux avec 2805 mg kg-1 contre 2533 mg kg-1 dans l’échantillon brut. L’étape d’attrition a également permis de réaliser un abattement de 31 % sur la concentration en hydrocarbures totaux avec 1344 mg kg-1 contre 1688 mg kg-1 avant passage dans les cellules. - Lyon Le pourcentage d’abattement des hydrocarbures totaux lors de l’étape d’attrition est identique à celui observé pour la matière organique. En effet, 53 % des hydrocarbures totaux présents dans la fraction 60 µm – 2 mm (795 mg kg-1) ont été éliminés et la fraction traitée atteint ainsi une teneur de 374 mg kg-1. De plus, la fraction fine accumule une part importante des 181 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments hydrocarbures totaux (1055 mg kg-1) avec un enrichissement d’environ 25 % par rapport au sédiment brut (794 mg kg-1). - Les balayures de voiries Le comportement des hydrocarbures totaux au sein des différentes fractions issues du traitement des résidus de balayage est semblable à celui observé pour la matière organique et les éléments traces. Par comparaison aux échantillons bruts, les fractions fines des résidus de Bordeaux et Lille sont enrichies en hydrocarbures totaux avec respectivement, 2214 mg kg-1 contre 1297 mg kg-1 et 1318 mg kg-1 contre 823 mg kg-1. De plus, l’attrition permet pour les fractions 60 µm – 2 mm, un abattement en hydrocarbures totaux de 45 % pour les résidus de Bordeaux avec une concentration de 676 mg kg-1 contre 1199 mg kg-1 avant attrition et de 40 % pour ceux de Lille avec 308 mg kg-1 contre 517 mg kg-1. 4.2.2.3 Hydrocarbures aromatiques polycycliques Les identifications des HAP ont également été réalisées. Pour éviter une accumulation de résultats trop importante, seuls les HAP les plus intéressants, de part leurs teneurs initiales et leurs évolutions dans les différentes fractions, seront présentés dans ce chapitre. L’ensemble des HAP caractérisés sera néanmoins présenté en annexe B. Le phénanthrène Le phénanthrène apparaît être sur l’ensemble des résidus étudiés, un traceur intéressant pour déterminer l’efficacité du traitement physique mis en place. Le Tableau IV-6 répertorie les teneurs en phénanthrène au sein des différentes fractions issues du traitement des résidus de l’assainissement pluvial. La fraction supérieure à 2 mm du sédiment de Cheviré présente une concentration en phénanthrène de 185 µg kg-1. Cette fraction est appauvrie en phénanthrène si l’on compare sa concentration avec celle du sédiment brut (388 mg kg-1). Les fractions fines inférieures à 60 µm présentent une accumulation importante en phénanthrène avec des teneurs comprises entre 272 µg kg-1 pour Lyon et 1479 µg kg-1 pour Nancy pour des teneurs initiales respectives de 51 et 272 µg kg-1. 182 Le traitement Tableau IV-6 : Quantités de phénanthrène en µg kg-1 de matière sèche au sein des fractions des différents sédiments traités. 2 mm - 60 µm - 2mm 60 µm - 2mm 30 mm Avant attrition Après attrition Cheviré 185 186 <20 691 Nancy / 1430 272 1479 AhAh1 / 477 / / AhAh2 / 179 168 582 Lyon / 177 87 276 Bordeaux / 189 177 1078 Lille / 808 323 964 < 60 µm L’efficacité de l’étape d’attrition sur la remobilisation du phénanthrène dans les particules fines varie en fonction des sédiments étudiés. Elle est faible pour les sédiments de AhAh2 et Bordeaux avec seulement 6 % d’abattement et des concentrations respectives de 168 µg kg-1 contre 179 µg kg-1 et 177 µg kg-1 contre 189 µg kg-1. L’efficacité est plus importante pour les sédiments de Lyon (87 µg kg-1 contre 177 µg kg-1) et Lille (323 µg kg-1 contre 808 µg kg-1) avec des abattements de 50 et 60 %. Elle est même très élevée pour Nancy avec 80 % (272 g kg-1 contre 1430 µg kg-1) et Cheviré avec plus de 90 % (<20 µg kg-1 contre 186 µg kg-1). Les autres HAP Le Tableau IV-7 répertorie les teneurs intéressantes en HAP pour quantifier l’efficacité du traitement et notamment celle liée à l’étape d’attrition. Les teneurs en HAP présents au sein de la fraction 2 mm – 30 mm n’ont pu être déterminées que pour le sédiment de Cheviré. Excepté pour le naphtalène avec une concentration de 43 µg kg-1, la fraction 2 mm – 30 mm présente des teneurs similaires à celles obtenues pour la fraction 60 µm – 2 mm avant attrition. Les concentrations en benzo (g,h,i) pérylène sont légèrement supérieures aux valeurs de la norme hollandaise tandis que les teneurs en indéno (1,2,3-cd) pyrène sont inférieures à la limite de détection (20 µg kg-1) de la méthode. 183 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Tableau IV-7 : Quantités de HAP en µg kg -1 de matière sèche au sein des fractions des sédiments de Cheviré, Nancy, Lyon et Lille. AV : avant Attrition ; AP : Après Attrition. 2 mm 60 µm - 60 µm - < 60 Norme Sédiments HAP 30 mm 2mm AV 2mm AP µm hollandaise Cheviré Nancy Lyon Lille Naphtalène 43 <20 <20 51 / Acénaphtène 83 68 <20 192 / Pyrène 37 40 22 68 / Dibenzo (a,h) anthracène <20 <20 <20 39 / Benzo (g,h,i) pérylène 27 32 <20 169 20 Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 <20 <20 50 25 Naphtalène / 54 26 113 / Acénaphtène / <20 <20 53 / Fluorène / <20 <20 54 / Anthracène / <20 52 475 / Dibenzo (a,h) anthracène / 76 31 295 / Naphtalène / < 20 < 20 34 / Acénaphtène / 45 52 146 / Fluorène / < 20 22 53 / Pyrène / 71 < 20 268 / Benzo (g,h,i) pérylène / 27 37 146 20 Indéno (1,2,3-cd) pyrène / < 20 < 20 66 25 Naphtalène / 46 24 61 / Fluorène / 128 < 20 63 / Benzo (k) Fluoranthène / 37 < 20 91 25 Benzo (g,h,i) pérylène / 346 < 20 761 20 Indéno (1,2,3-cd) pyrène / 25 < 20 628 25 Les résultats présentés dans le Tableau IV-7 montrent très clairement deux aspects importants du traitement physique mis en place avec d’une part, l’accumulation importante des HAP au sein des éléments fins, et d’autre part, l’abattement important de ces HAP après traitement par attrition de la fraction 60 µm – 2 mm. 184 Le traitement Quelques exemples du Tableau IV-7 peuvent être cités afin d’illustrer ces propos. Les fractions inférieures à 60 µm présentent des teneurs de 192 µg kg-1 d’acénaphtène pour le sédiment de Cheviré, 475 µg kg-1 d’anthracène et 295 µg kg-1 de dibenzo (a,h) anthracène pour celui de Nancy, 268 µg kg-1 de pyrène pour Lyon ainsi que 761 µg kg-1 de benzo (g,h,i) pérylène et 628 µg kg-1 d’indéno (1,2,3-cd) pyrène pour les balayures de Lille. Les rendements d’abattement en HAP après l’étape d’attrition sur la fraction 60 µm – 2 mm atteignent des pourcentages de 60 % pour le dibenzo (a,h) anthracène de Nancy, supérieur à 70 % pour l’acénaphtène de Cheviré et le pyrène de Lyon et supérieur à 95 % pour le benzo (g,h,i) pérylène de Lille. De plus, les teneurs en HAP des fractions 60 µm – 2 mm issues du traitement sont dans une grande partie des cas, inférieures aux valeurs données par la norme hollandaise. 4.2.3 Bilans de traitement Afin de valider les résultats obtenus sur les différentes fractions du pilote, les bilans de traitement sont déterminés pour chaque polluant (matière organique, hydrocarbures totaux, éléments traces). Ils correspondent au rapport entre la somme des masses d’un polluant donné présent dans les différentes fractions et la masse du polluant initialement présent dans le sédiment brut. En théorie, les bilans de traitement sont égaux à 1 ou 100 % car la quantité de polluants récupérée au sein des différentes fractions (> 30 mm, 2 mm – 30 mm ; 60 µm – 2 mm et < 60 µm) doit correspondre à la quantité initiale de polluants présents dans l’échantillon brut. En réalité, les bilans de traitement des polluants des sédiments étudiés diffèrent plus ou moins de 100 % en fonction des sédiments étudiés et des polluants concernés. Ils sont présentés dans le Tableau IV-8. Tableau IV-8 : Bilans de traitement des polluants organiques et métalliques exprimés en pourcentages massiques. Cheviré Nancy AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux Lille M.O HC Cd Cr Cu Ni Pb Zn P 73 135 90 78 117 90 97 71 92 / 60 97 69 72 77 118 101 119 119 95 64 89 51 115 152 102 85 40 72 113 98 146 86 122 92 80 94 83 107 82 86 67 103 147 95 114 80 80 80 86 91 99 75 75 90 85 65 75 / 114 110 75 104 185 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Pour les teneurs en matière organique, les pourcentages de récupération varient entre 73 % pour le sédiment de Cheviré et 135 % pour celui de Nancy. Ils sont de 78 % pour AhAh 2, 90 % pour AhAh 1 et Bordeaux, 97 % pour Lille et 117 % pour Lyon. Les pourcentages de récupération des métaux lourds varient en fonction des éléments traces et des sédiments étudiés. Ils sont pour la plupart compris entre 75 % et 120 %. Les pourcentages de récupération du chrome présentent une variation très importante avec 40 % et 51 % pour les sédiments de Lille et Nancy et 152 % pour les résidus AhAh 2. Des écarts importants sont également à noter pour la récupération du cuivre dans le sédiment AhAh 2, du plomb dans le sédiment de Nancy ainsi que pour le cadmium et le nickel dans les balayures de voiries de Lille. 4.2.3.1 Incertitudes liées à l’analyse et à l’hétérogénéité des sédiments. Afin de mieux appréhender les écarts mesurés, les incertitudes liées à l’analyse des polluants et à l’hétérogénéité des sédiments ont été évaluées par des tests de répétabilité. Deux types de test ont été effectués : Test 1 : test de répétabilité des analyses. Il s’agit de déterminer l’incertitude liée à l’analyse de chaque polluant. Pour cela, 10 tests ont été réalisés avec pour chacun d’entre eux 3 répliquats. Test 2 : test de répétabilité de l’homogénéité. Il s’agit de déterminer l’incertitude liée à l’analyse de chaque polluant et à l’hétérogénéité des sédiments et des fractions issues du pilote. 3 tests ont été réalisés avec pour chacun d’entre eux 10 répliquats. Si la population des résultats d’analyse suit une loi de Gauss, de moyenne Cµ et d’écart type σ, alors 95 % des résultats d’analyse sont compris dans l’intervalle [Cµ - 1,96 σ ; Cµ + 1,96 σ]. Soit Cm la moyenne des concentrations mesurées sur les N répliquats d’un test de répétabilité. Cm est une estimation moyenne de la concentration réelle Cµ de l’échantillon. Soit s l’écart type calculé sur les N répliquats, s est un estimateur de σ de la population des répliquats. L’intervalle contenant 95 % des résultats d’analyse peut alors être estimé par [Cm - t s ; Cm + t s], où t est la valeur de la variable de Student au niveau de confiance bilatéral de 95 % pour 186 Le traitement un degré de liberté N-1 et une probabilité de 0,95. Pour chaque polluant, une incertitude relative d’analyse S, au seuil de 95 %, peut être calculée par l’équation : S= ± ts Cm Équation IV-2 Les résultats d’incertitudes relatives déterminés pour chaque polluant sont présentés dans le Tableau IV-9. Tableau IV-9 : Incertitudes relatives d’analyse (test 1) et d’homogénéité (test 2) au seuil de 95 %. Test 1 Test 2 t s Cm S t s Cm S M.O 2,0860 0,21 10,0 4% 2,0518 1,2 10,0 25 % Cd 2,0860 0,06 3,0 4% 2,0518 0,36 3,0 25 % Cr 2,0860 1,6 62,5 5% 2,0518 5,6 62,5 18 % Cu 2,0860 2,0 126,4 3% 2,0518 13,8 126,4 22 % Ni 2,0860 1,8 54,1 7% 2,0518 7,0 54,1 27 % Pb 2,0860 4,2 247,0 4% 2,0518 17,8 247,0 15 % Zn 2,0860 10,2 1064,2 2% 2,0518 135,4 1064,2 26 % P 2,0860 10,9 1445,6 2% 2,0518 156,5 1445,6 22 % Les incertitudes liées à l’analyse chimique (test 1) des polluants organiques (matière organique) et inorganiques (éléments traces) sont peu élevées et varient entre 2 % pour le zinc et 7 % pour le nickel. Les incertitudes relatives obtenues lors du test de répétabilité des analyses sont toutes inférieures aux incertitudes déterminées à partir de l’échantillon de référence CRM 320 depuis 2001 au sein de la section Caractérisation et Transfert des Polluants (Chapitre 2). Les incertitudes relatives liées au prélèvement des échantillons (test 2) traduisent une importante hétérogénéité des sédiments avec des pourcentages compris entre 15 % pour le plomb et 26 % pour le zinc. Les incertitudes relatives liées aux teneurs en polluants dépendent peu de l’analyse mais essentiellement de la prise d’échantillon. 187 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments 4.2.3.2 Incertitudes liées au bilan de traitement A partir des incertitudes relatives déterminées sur les teneurs en polluants, l’incertitude relative à attribuer au bilan de traitement va pouvoir être calculée. Le bilan de traitement en matière organique ou en éléments traces (Z) est égal au rapport entre la somme des masses du polluant des différentes fractions (X) et la masse du polluant présent initialement dans le sédiment traité (Y). Z= X = f ( X ,Y ) Y Équation IV-3 Z : Bilan de traitement pour un polluant concerné. X : Somme des quantités du polluant concerné des 3 fractions issues du pilote (x1,x2,x3) Y : Quantité du polluant concerné dans la fraction initiale (sédiment brut). Si l’on admet que le bilan de traitement suit une distribution normale, l’incertitude SZ, à un niveau de confiance de 95 %, est alors égale à : S Z 0,95 = ± t 0,975 × s Z Équation IV-4 avec t0,975 la valeur de la variable de Student au niveau de confiance bilatéral de 95 % et sZ l’estimation de l’écart type σZ de la distribution de Z. D’après la loi de composition des incertitudes avec C= f(A,B), on a sC = ( df 2 2 df ) × s A + ( ) 2 × sB2 dA dB Équation IV-5 avec A et B indépendants (analyses indépendantes sur échantillons indépendants). On obtient donc : s X = s x21 + s x22 + s x23 et 188 sZ = Z × s X2 sY2 + X2 Y2 Équation IV-6 Équation IV-7 Le traitement Pour des raisons de coûts d’analyse et de disponibilité des équipements analytiques, nous ne disposons que des résultats de répétabilité (incertitudes d’analyse) et de reproductibilité (incertitudes d’analyse et d’échantillonnage) sur le seul matériau brut du sédiment de AhAh1. Afin de pouvoir conclure sur l’incertitude relative aux différents bilans de traitement, l’hypothèse suivante est posée : « Les incertitudes d’analyse et d’échantillonnage sont analogues sur les fractions du sédiment brut et sur les différentes fractions 1, 2 et 3 issues du pilote ». Il faut noter que de ce fait, les incertitudes seront surestimées car les fractions issues du pilote ont une meilleure homogénéité. Cette hypothèse nous permet donc d’écrire : sY = s x1 = s x2 = s x3 Équation IV-8 s X = 3 × sY Équation IV-9 Et d’après l’équation IV-6, En théorie, X=Y et Z=1, d’où l’expression de sZ présentée dans l’équation IV-7 devient : 3sY2 sY2 2 sY sZ = 1× + = Y Y2 Y2 Équation IV-10 L’incertitude SZ (équation IV-4), à un niveau de confiance de 95 %, est alors égale à : S Z 0,95 = ± t 0,975 × 2s Y Y Équation IV-11 et d’après l’équation IV-2, l’incertitude relative du bilan de traitement est déterminée par l’équation IV-12 : S Z 0,95 = 2 × S Y 0,95 Équation IV-12 Les incertitudes relatives des différents polluants liées aux bilans du traitement sont présentées dans le Tableau IV-10. Tableau IV-10 : Incertitudes de mesure au seuil de 95 % des bilans de traitement. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P Incertitudes relatives (95 %) 52 44 50 50 36 44 54 30 189 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments Les incertitudes relatives varient de 30 % pour le plomb à 54 % pour le nickel et le zinc comme indiqué précédemment. Elles sont surévaluées du fait de l’hypothèse posée, à savoir, des incertitudes d’analyse et d’échantillonnage analogues sur les fractions du sédiment brut et sur les différentes fractions 1, 2 et 3 issues du pilote. Si l’on compare ces résultats d’incertitudes aux pourcentages de récupération de matière organique et d’éléments traces présentés dans le Tableau IV-8, la majorité des pourcentages obtenus sont compris dans l’intervalle défini par les incertitudes relatives au seuil de 95 %. Cependant, les résultats obtenus pour les balayures de Lille et pour l’élément chrome présentent des écarts supérieurs à l’intervalle défini par les incertitudes relatives. 4.2.4 Caractérisation chimique des eaux de process Les eaux de process sont traitées en parallèle de la filière des sédiments afin de permettre une alimentation en circuit fermé. En fin de traitement, les teneurs en éléments traces sont déterminées afin d’évaluer un éventuel transfert des polluants métalliques dans les eaux de process. Les concentrations en cadmium, cuivre, chrome, nickel et zinc sous forme totale et dissoute des eaux de process de Cheviré, Nancy et Lyon sont présentées dans le Tableau IV-11. Tableau IV-11 : Concentrations en éléments traces dans les eaux de process en fin de traitement. * : directive du conseil relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine Cheviré Nancy Lyon Total Dissous Total Dissous Total Dissous Directive 3 nov. 2005 (eau potable)* Cd Cr Cu µg l-1 Ni Pb 0 ,3 0,3 0,1 0,1 0,5 < 0,1 6 2 8 3 6 1 16 14 15 <2 <2 <2 11 11 9 9 11 11 5 <2 16 <2 10 <2 5 50 20 20 10 Les teneurs en éléments traces sous forme totale ou dissoute sont toutes inférieures, à l’exception du plomb sous forme totale dans les eaux de Nancy, à la directive du conseil relative à la qualité des eaux destinées à la potabilisation en vue de consommation humaine. 190 Le traitement Le traitement physico-chimique permet donc une dépollution très satisfaisante en éléments traces des eaux de recirculation. De plus, si l’on se réfère aux teneurs en hydrocarbures totaux présents dans les eaux de percolation des essais de Landfarming (chapitre 6), on peut présumer en hypothèse, l’absence également d’hydrocarbures dans les eaux de process. Néanmoins, des analyses supplémentaires sont indispensables pour conclure sur la qualité des eaux de process en sortie de traitement de l’unité pilote. En effet, une caractérisation biologique et bactériologique est nécessaire pour identifier l’ensemble des polluants mis en jeu au sein des eaux de recirculation. 191 Chapitre 4 : Traitement physique des sédiments L’essentiel : L’étude conduite sur la conception et la réalisation d’une unité pilote de traitement a mis en évidence une possibilité de dépollution des sédiments issus de l’assainissement pluvial. Qu’il s’agisse de polluants organiques (matière organique, hydrocarbures totaux, HAP) ou inorganiques (éléments traces), le traitement physique a permis, sauf cas particulier, d’isoler les polluants au sein des éléments fins (< 60 µm), permettant ainsi une dépollution importante des fractions grossières. Bien que réalisé dans des conditions expérimentales parfois très différentes (cellule d’attrition, coupure par hydrocyclone…), le principe de traitement défini lors du chapitre précédent à l’échelle laboratoire, s’est avéré parfaitement adaptable à une alimentation en continu lors du passage à l’échelle pilote ou industrielle. De plus, l’ajout d’une filière de traitement des eaux, en complément du traitement des sédiments, a permis de fonctionner en circuit fermé et d’envisager une autonomie en eau lors d’une utilisation sur des bassins de rétention ou d’infiltration. Le pourcentage de sédiments potentiellement valorisables (fractions 60 µm – 2 mm et 2 mm – 30 mm) après traitement par l’unité pilote conçue au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, varie de 34 % pour les résidus les moins adaptés (granulométrie trop fine) à plus de 80 % pour les produits plus grossiers. L’ensemble des pourcentages définis lors de ces travaux est à majorer si l’on résonne en réduction de volume (en prenant en compte la siccité des sédiments) et non plus en matière sèche. 192 Chapitre 5 V Traitement biologique : Landfarming La cinquième partie de ce travail présente un traitement biologique par Landfarming des sédiments. L’objectif est de réduire les teneurs en hydrocarbures totaux et en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) présents au sein des sédiments. Pour cela, les bactéries, initialement présentes dans les résidus, utilisent les chaînes hydrocarbonées des hydrocarbures comme source de carbone indispensable à leur développement. Il en résulte donc une dégradation des hydrocarbures totaux et HAP qui sera quantifiée pour déterminer les rendements d’élimination des polluants organiques par traitement biologique. 193 Chapitre 5 : Landfarming 5.1 Mise en place des essais Le traitement biologique par Landfarming repose sur la biodégradation des hydrocarbures totaux et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Pour cela, les essais ont été réalisés dans des cases de 0,25 m3 (Figure V-1). 50 cm ECHANTILLON 50 cm SABLE 100 cm Figure V-1 : Schématisation d’une case utilisée pour le traitement biologique. Les cases utilisées ont les dimensions suivantes : longueur de 100 cm, largeur et hauteur de 50 cm. Une couche de sable d’une hauteur de 5 à 10 cm est placée dans le fond de chaque case afin de drainer correctement les eaux de percolation. Ces dernières sont récupérées au niveau de la sortie pour être ensuite caractérisées (hydrocarbures et métaux lourds). Un géotextile est initialement placé devant la sortie afin d’éviter toute intrusion de sable dans les eaux de percolation. Les sédiments sont ensuite disposés dans la case sur une hauteur de 35 à 40 cm. Un prélèvement est réalisé chaque mois afin de suivre la concentration en hydrocarbures totaux et en HAP. A cette occasion, l’échantillon est homogénéisé sur toute sa hauteur afin de favoriser les échanges d’oxygène entre le milieu et l’atmosphère. Une source d’azote est apportée au milieu par ajout d’engrais commercial. Trois injections d’engrais sont réalisées : à la mise en place des sédiments puis après 1 et 2 mois de traitement. La composition de l’engrais utilisé est donnée dans le Tableau V-1. 194 Mise en place du traitement Tableau V-1 : Composition de l’engrais commercial utilisé. Composés chimiques Azote total (N) Pourcentages Azote nitrique 1,2 % Azote uréique 11,8 % Anhydride Phosphorique (P2O5) 7% Oxyde de potassium (K2O) 11 % Oligo-éléments Bore (B) 0,02 % Cuivre 0,004 % Fer 0,04 % Manganèse 0,02 % Molybdène 0,002 % Zinc 0,004 % Deux séries de Landfarming ont été réalisées : Première série d’essais (Landfarming 1) La première série d’essais s’est déroulée sur une période de 12 mois entre juillet 2005 et juillet 2006. Cette série est composée de 5 cases contenant des échantillons différents les uns des autres (Tableau V-2). Tableau V-2 : Composition des 5 cases de l’essai de Landfarming 1. Case Sédiments Agent structurant Produit dopant 1 Cheviré Oui Non 2 Cheviré Non Oui 3 Cheviré Oui Oui 4 Wissous Non Non 5 Wissous Oui Non L’agent structurant est de la paille couramment utilisée pour les litières animales. Cette paille est mélangée au sédiment brut (20 kg tonne-1) afin de structurer l’échantillon et de favoriser les échanges d’oxygène entre le sédiment et l’atmosphère. 195 Chapitre 5 : Landfarming Le produit dopant est un mélange d’huile usagée récupérée lors de la vidange d’un véhicule (40 %), de gazole (50 %) et d’essence (10 %). Il est introduit dans le sédiment de Cheviré afin de simuler une éventuelle fuite de liquide lors d’un accident routier. Seconde série d’essais La seconde série de Landfarming s’est déroulée sur une période de 8 mois entre juillet 2006 et février 2007. 5 nouvelles cases ont été préparées à partir des sédiments des bassins de Cheviré, Citroën, AhAh 1, Lyon et des balayures de voiries de Lille. Lors de cette nouvelle série, il n’y a aucun ajout d’agent structurant ou de produit dopant. De plus, il n’y a aucun suivi de l’évolution des hydrocarbures et des HAP au cours du temps mais uniquement une caractérisation en début et en fin de traitement. 196 Traitement biologique 5.2 Résultats Deux séries de traitement biologique par Landfarming ont été mises en place au cours de nos travaux. La première série a permis d’étudier l’évolution des teneurs en hydrocarbures totaux et en HAP au sein des sédiments de Cheviré et Wissous. L’influence d’un agent structurant, de la paille en l’occurence, et la simulation d’un accident avec une forte pollution en hydrocarbures ont également été étudiés lors de cette première série. Pour la seconde série, la technique de Landfarming est utilisée comme une alternative potentielle au traitement physique par l’unité pilote lorsque celui-ci présente des rendements insuffisants ou des coûts trop élevés par rapport à la filière de valorisation choisie. 5.2.1 Première série : Landfarming 1 Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux - Sédiments de Cheviré Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés à l’évolution de la concentration en hydrocarbures totaux au sein du sédiment de Cheviré en présence de paille (Figure V-2). [HcT] en mg kg-1 10000 8000 6000 4000 2000 0 0 2 4 6 8 10 12 Durée de traitement en mois Figure V-2 : Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein du sédiment de Cheviré avec paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. 197 Chapitre 5 : Landfarming Le sédiment de Cheviré présente une teneur en hydrocarbures totaux avant traitement de 7674 mg kg-1. Après un mois de traitement, la teneur en hydrocarbures totaux a diminué d’environ 80 % pour atteindre la valeur de 1499 mg kg-1. Entre le second et le troisième mois de traitement, la teneur en hydrocarbures totaux varie de 1499 mg kg-1 à 505 mg kg-1 et laisse entrevoir une possibilité intéressante de dépollution des hydrocarbures par traitement biologique. Cette forte diminution de la concentration en hydrocarbures totaux entre le second et le troisième mois de traitement est en réalité due aux incertitudes élevées (Tableau II-3) liées à la méthode utilisée (normes ISO 11046 et X31410). Le traitement mis en place est maintenu sur une période de 11 mois avec une teneur en hydrocarbures totaux moyenne qui se situe aux alentours de 1500 mg kg-1. - Sédiments de Cheviré dopé Dans un second temps, nous avons simulé une pollution accidentelle en hydrocarbures dans les sédiments de Cheviré. De plus, nous avons complété notre étude en caractérisant l’influence d’un agent structurant sur l’évolution de la teneur en hydrocarbures (Figure V-3). [HcT] en mg kg-1 50000 sans paille avec paille 40000 30000 20000 10000 0 0 2 4 6 8 10 12 Durée de traitement en mois Figure V-3 : Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein des sédiments de Cheviré dopés avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. Le sédiment dopé de Cheviré présente des teneurs en hydrocarbures totaux très élevées avec plus de 38 500 mg kg-1. Après un mois de traitement, la concentration en hydrocarbures a fortement diminué avec environ 10 000 mg kg-1. Cette baisse peut s’expliquer par deux phénomènes : l’évaporation et la biodégradation. 198 Traitement biologique Les deux processus d’élimination sont favorisés par une température extérieure élevée (environ 30°C) et une aération importante des cases (retournement complet 2 à 3 fois par semaine). De plus, ces hydrocarbures ne sont pas liés à la matière organique initialement présente dans les sédiments et sont par conséquent plus accessibles à la dégradation et à l’évaporation. Durant le deuxième mois de traitement, la diminution de la teneur en hydrocarbures totaux se poursuit avec des concentrations variant de 10 000 mg kg -1 à 3 200 mg kg-1. Il y a durant les 9 derniers mois de traitement une faible diminution pour atteindre des valeurs finales aux alentours de 2500 mg kg-1. Ces teneurs, bien que beaucoup plus faibles qu’avant traitement, restent très importantes et nécessitent une élimination vers un centre de stockage de classe 1 (concentrations supérieures à 2000 mg kg-1). De plus, l’effet de la paille sur l’évolution de la teneur en hydrocarbures totaux du sédiment dopé de Cheviré est nulle. Ceci est dû en partie à un retournement trop fréquent des sédiments (2 à 3 fois par semaine) qui a entrainé un apport en oxygène supérieur à celui de la paille, masquant ainsi son effet. - Sédiments de Wissous Cette première série de Landfarming se termine par le suivi de l’évolution des hydrocarbures totaux des sédiments de Wissous (Figure V-4). [HcT] en mg kg-1 20000 sans paille avec paille 15000 10000 5000 0 0 2 4 6 8 10 12 Durée de traitement en mois Figure V-4 : Evolution de la teneur en hydrocarbures totaux au sein des sédiments de Wissous avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. 199 Chapitre 5 : Landfarming Le sédiment brut de Wissous présente des teneurs en hydrocarbures totaux relativement importantes avec plus de 16 000 mg kg-1. Deux essais ont également été réalisés afin d’étudier l’efficacité de la paille. Comme pour les sédiments de Cheviré, une diminution importante des teneurs en hydrocarbures totaux est remarquée lors des deux premiers mois de traitement avec environ 4 000 mg kg-1 contre les 16 000 mg kg -1 au départ. Il y a ensuite une stabilisation de la concentration en hydrocarbures totaux aux alentours de 3000 à 3500 mg kg-1. L’effet de la paille est également nul pour le sédiment de Wissous (Figure V-4). Evolution de la teneur en Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques Parallèlement aux hydrocarbures totaux, un suivi des hydrocarbures aromatiques polycycliques a été réalisé sur les sédiments de Cheviré avec paille (Figure V-5), Cheviré dopé avec et sans paille (Figure V-6) et Wissous avec et sans paille (Figure V-7) lors du traitement par Landfarming. Sédiments de Cheviré [Somme 15 HAP] mg kg-1 - 8 7 6 5 4 3 2 1 0 0 2 4 6 8 10 12 Durée du traitement Figure V-5 : Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Cheviré en fonction de la durée de traitement par Landfarming. La teneur initiale en HAP (liste des 15 de L’EPA) dans le sédiment de Cheviré est d’environ 2,5 mg kg-1 ; cette concentration n’évolue pas en fonction du traitement. Le Landfarming est inefficace sur la dégradation des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les résultats 200 Traitement biologique obtenus sur les 12 mois de traitement montrent une incertitude élevée sur les mesures avec des valeurs minimales et maximales comprises entre 1,3 et 3,6 mg kg-1. Sédiments de Cheviré dopé Log [HAP] en mg kg-1 - 1000 sans paille avec paille 100 10 1 0 2 4 6 8 10 12 Durée de traitement en mois Figure V-6 : Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Cheviré dopés avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. Comme pour les hydrocarbures totaux, on note une diminution importante de la quantité d’HAP présents dans le sédiment pollué entre l’échantillon initial et l’échantillon après 1 mois de traitement ; les teneurs varient de 253 à 5 mg kg-1. Par la suite, il y a une stabilisation de la concentration en HAP autour de 5 mg kg-1. Contrairement aux sédiments de Cheviré non dopé, le Landfarming permet une élimination importante des HAP initialement présents. Pour les sédiments de Cheviré non dopé, les phénomènes de volatilisation et de biodégradation de certains HAP se sont déroulés dans le bassin ; les HAP résiduels sont très faiblement biodégradables. En contrepartie, 98 % des HAP provenant du produit dopant sont éliminés par Landfarming (évaporation et biodégradation) lors des deux premiers mois de traitement. Les 5 mg kg-1 d’HAP restant, sont comme pour les sédiments de Cheviré non dopé, trop lourds pour être volatilisés et non biodégradables dans les conditions mises en place. L’effet de la paille est également nul pour l’élimination des HAP dans le sédiment pollué de Cheviré. 201 Chapitre 5 : Landfarming - Sédiments de Wissous Le sédiment de Wissous est très chargé en HAP avec une concentration d’environ 28 mg kg-1. Comme pour le sédiment de Cheviré, le traitement par Landfarming est inefficace sur la Log [HAP] en mg kg-1 diminution des HAP et l’effet de la paille est par conséquent toujours nul. sans paille 100 avec paille 10 1 0 2 4 6 8 10 12 Durée de traitement en mois Figure V-7 : Evolution de la teneur en HAP au sein des sédiments de Wissous avec et sans paille en fonction de la durée de traitement par Landfarming. Caractérisation des eaux de percolation Les eaux de percolation issues du traitement par Landfarming sont également caractérisées afin de définir au mieux leur devenir. - Aspect Les cinq cases étudiées présentent des eaux de percolation de couleurs différentes (Figure V-8). Les différences de couleur sont liées d’une part aux sédiments étudiés et d’autre part à la paille, utilisée comme agent structurant. Les eaux de percolation des sédiments de Cheviré présentent une couleur plus foncées que celles des sédiments de Wissous et ce phénomène est accentué lors des essais réalisés en présence de paille. 202 Traitement biologique 1 : Cheviré + paille 2 : Cheviré dopé 3 : Cheviré dopé + paille 4 : Wissous 5 : Wissous + paille Figure V-8 : Eaux de percolation des cases de Landfarming. - Carbone organique total (COT) et carbone organique dissous (COD) Les teneurs en carbone organique total (COT) et carbone organique dissous (COD) sont déterminées sur un échantillon moyen représentant les 4 premiers mois de traitement (Tableau V-3). Tableau V-3 : Carbone organique total et carbone organique dissous dans les eaux de percolation. Cases Composition COT COD mg L-1 1 Cheviré + paille 248 245 2 Cheviré dopé + paille 809 797 3 Cheviré dopé 638 652 4 Wissous + paille 250 246 5 Wissous 287 283 Pour les cases 1, 4 et 5, correspondant aux sédiments non dopés, les teneurs en carbone organique total et dissous sont sensiblement identiques. De plus, l’ensemble du carbone organique se trouve majoritairement sous forme dissoute. Pour les échantillons dopés, les 203 Chapitre 5 : Landfarming concentrations en carbone organique (total et dissous) sont beaucoup plus élevées ; elles sont comprises entre 638 et 803 mg L-1 contre 243 et 287 mg L-1 pour les cases sans ajout de produit dopant. Dans les classes de la qualité de l’eau des cours d’eau et rivières (Etudes des Agence de l’Eau N°64), l’indice supérieur pour la valeur de COD est de 12 mg L-1. Les eaux de percolation des sédiments issus de l’assainissement ne peuvent donc pas être rejetées directement en sortie de traitement dans le milieu naturel. Elle doivent être récupérées pour une recirculation ou un éventuel traitement. - Hydrocarbures totaux et HAP Avec des teneurs élevées en hydrocarbures totaux et en HAP dans les sédiments de l’assainissement pluvial, un transfert via les eaux de percolation est une source de pollution supplémentaire. Les concentrations en hydrocarbures totaux et en HAP dans les eaux de percolation sont présentées dans le Tableau V-4. Tableau V-4 : Concentrations en hydrocarbures totaux et en HAP dans les eaux de percolation. Cases Composition Hydrocarbures totaux HAP µg L-1 1 Cheviré + paille < 50 0,04 2 Cheviré dopé + paille 100 0,25 3 Cheviré dopé 220 0,24 4 Wissous + paille < 50 0,02 5 Wissous < 50 0,04 Norme hollandaise Valeur cible 50 0,0076 Valeur d’intervention 600 1,2 A l’exception des eaux de percolation des sédiments de Cheviré dopé qui présentent des teneurs moyennement élevées en hydrocarbures totaux (100 et 220 µg L-1) et en HAP (0,25 et 0,24 µg L-1), les eaux de percolation des sédiments de Cheviré et Wissous présentent de très faibles teneurs en hydrocarbures. 204 Traitement biologique - Eléments traces Le transfert des polluants métalliques est également suivi en dosant les teneurs en éléments traces présents dans les eaux de percolation (Tableau V-5). Tableau V-5 : Teneurs en éléments traces dans les eaux de percolation des cases de Landfarming. Cases Composition Cd Cr Cu Ni Pb Zn µg L-1 1 Cheviré + paille 1,6 3,1 145,6 85,5 9,9 113 2 Cheviré dopé + paille 1,3 6,0 62,9 98,9 158,8 830 3 Cheviré dopé 1,3 3,6 24,5 78,4 15,8 960 4 Wissous + paille 16,0 2,6 41,4 180,4 8,7 1530 5 Wissous 38,4 1,4 122,4 197,7 9,3 2950 Norme hollandaise Valeur cible 0,4 1 15 15 15 65 Valeur d’intervention 6 30 75 75 75 800 Certains éléments traces comme le nickel et le zinc sont présents en concentration élevée au sein des eaux de percolation avec des teneurs de 1 à 3,6 fois les valeurs d’intervention de la norme hollandaise. Les teneurs en cuivre pour le sédiment de Cheviré et Wissous, et en plomb pour le sédiment de Cheviré dopé sont également supérieures aux valeurs d’intervention avec des concentrations de 145,6, 122,4 et 158,8 µg L-1. Une quantité importante de cadmium est relarguée par le sédiment de Wissous avec des concentrations dans les eaux comprises entre 16,0 et 38,4 µg L-1. Conclusion Le traitement par Landfarming permet une réduction d’environ 80 % de la teneur initiale en hydrocarbures totaux. Cette diminution est due à la fois à une évaporation des hydrocarbures et à une biodégradation des chaînes hydrocarbonées. La perte liée à ces deux phénomènes n’a pas été quantifiée mais on peut penser qu’à l’exception des sédiments dopés, le rôle des bactéries est prépondérant. En effet, la volatilisation a vraisemblablement eu lieu au sein même des bassins, avant le prélèvement des échantillons. Néanmoins, les concentrations 205 Chapitre 5 : Landfarming restent trop élevées (1500 mg kg-1 pour Cheviré et 3000 mg kg -1 pour Wissous) pour permettre une réutilisation directe du sédiment en technique routière. Des essais complémentaires, sous UV par exemple, devront être réalisés pour conclure quant à la faisabilité de la méthode. De plus, dans les conditions opératoires retenues, ce traitement ne permet pas de dégrader les hydrocarbures aromatiques polycycliques qui restent en concentrations élevées (plus de 20 mg kg-1 pour le sédiment de Wissous). La mise en place d’un traitement biologique par Landfarming nécessite également une récupération des eaux polluées (COD et éléments traces) après percolation dans les sédiments. 5.2.2 Deuxième série : Landfarming 2 Cette deuxième série a été réalisée afin d’étudier si le Landfarming peut constituer une technique alternative au traitement physique lorsque celui ci présente de faibles rendements (Lyon) ou ne paraît pas très adapté (Citroën). Contrairement à la première série, il n’y aura pas de suivi des teneurs en hydrocarbures totaux et en HAP mais uniquement un bilan comparatif entre les teneurs initialement présentes dans les résidus de l’assainissement pluvial et les concentrations résiduelles en fin de traitement. Hydrocarbures totaux Les teneurs en hydrocarbures totaux après 8 mois de traitement sont présentées dans le Tableau V-6 et comparées aux teneurs avant traitement et à celles des fractions 60 µm – 2 mm issues du pilote. Tableau V-6 : Comparaison des teneurs en hydrocarbures totaux avant et après traitement par Landfarming et avec la fraction 60 µm-2 mm issue du pilote. Hydrocarbures totaux en mg kg-1 Avant traitement Après traitement Fraction 60 µm -2 mm CheviréPILOTE 3540 1064 108 Lille 823 325 308 Citroën 520 126 / AhAhPILOTE_1 4955 2846 1825 Lyon 794 432 374 206 Traitement biologique La concentration en hydrocarbures totaux dans le sédiment de Cheviré est de 3540 mg kg-1 avant traitement. Cette teneur, environ deux fois plus faible que celle rencontrée dans les sédiments de la première série, traduit l’importante hétérogénéité des sédiments de l’assainissement pluvial. Après 8 mois de traitement, la concentration en hydrocarbures totaux est de 1064 mg kg-1. Malgré une réduction de 70 %, la teneur en hydrocarbures totaux reste élevée et environ 10 fois supérieure à celle de la fraction 60 µm – 2 mm issue de l’unité pilote de traitement. L’efficacité du traitement biologique a également été déterminée sur les balayures de voiries de Lille. Le Landfarming entraîne une élimination d’environ 60 % de la teneur en hydrocarbures totaux avec une concentration finale de 325 mg kg-1 contre 823 mg kg-1 avant traitement. Le rendement d’élimination est proche de celui obtenu lors du traitement physique avec 308 mg kg-1 d’hydrocarbures totaux dans la fraction 60 µm – 2 mm. Pour les sédiments de Lyon, AhAhPILOTE_1 et Citroën qui présentent une granulométrie très fine avec des d50 de 47, 25 et 85 µm, le Landfarming est mis en place afin de proposer une alternative au traitement physique par cyclonage et attrition. Avec 75 et 45 % de réduction de la teneur initiale en hydrocarbures totaux, le traitement biologique entraîne un abaissement de la concentration de 520 mg kg-1 à 120 mg kg-1 pour les sédiments de Citroën et de 794 à 432 mg kg-1 pour les sédiments de Lyon. Le Landfarming permet une réduction intéressante des hydrocarbures totaux pour les sédiments faiblement ou moyennement contaminés. En contre partie, avec des rendements compris entre 50 et 75 %, le Landfarming reste insuffisant pour dépolluer des sédiments plus largement contaminés comme ceux des bassins de Cheviré ou de AhAh. Après 8 mois de traitement et plus de 2000 mg kg-1 d’hydrocarbures éliminés, les sédiments de AhAhPILOTE_1 présentent encore des concentrations -1 d’hydrocarbures totaux élevées et égales à 2846 mg kg . Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques Les teneurs en HAP avant et après traitement par Landfarming sont présentées dans le Tableau V-7. 207 Chapitre 5 : Landfarming Tableau V-7: Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1). Cheviré Citroën AhAh Lyon Lille AA AP AA AP AA AP AA AP AA AP 23 18 43 38 < 20 < 20 25 30 21 < 20 Acénaphtène < 20 < 20 83 108 < 20 < 20 95 76 < 20 < 20 Fluorène < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 25 < 20 < 20 < 20 Phénanthrène 388 339 1116 997 683 653 510 487 727 754 Anthracène < 20 < 20 N.D N.D < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 Fluoranthène < 20 < 20 N.D N.D < 20 < 20 < 20 < 20 N.D N.D Pyrène 326 293 N.D N.D 742 734 168 184 N.D N.D Benzo (a) anthracène < 20 < 20 N.D N.D < 20 < 20 < 20 < 20 N.D N.D Chrysène < 20 < 20 N.D N.D < 20 < 20 < 20 < 20 N.D N.D Benzo (b) Fluoranthène < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 Benzo (k) Fluoranthène < 20 < 20 55 65 < 20 < 20 < 20 < 20 53 39 Benzo (a) pyrène < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 < 20 Dibenzo (a,h) anthracène 23 32 77 83 < 20 < 20 < 20 < 20 22 17 Benzo (g,h,i) pérylène 76 83 701 643 < 20 < 20 93 78 335 308 Indéno (1,2,3-cd) pyrène 70 53 413 387 < 20 < 20 < 20 < 20 331 354 ∑ (HAP identifiés) 906 818 2488 2321 1425 1387 916 855 1489 1472 Naphtalène 208 Traitement biologique Les sédiments bruts présentent des teneurs élevées en HAP avec 906 µg kg-1 pour les sédiments de Cheviré, 2488 µg kg-1 pour ceux de Citroën, 1425 µg kg-1 pour ceux de AhAh, 916 µg kg-1 pour ceux de Lyon et 1489 µg kg-1 pour les balayures de Lille. Comme lors de la première série, la somme des HAP identifiés est similaire avant et après traitement. Il n’y a donc aucune élimination significative des hydrocarbures aromatiques polycycliques lors du traitement par Landfarming. 209 Chapitre 5 : Landfarming L’essentiel : Le traitement biologique par Landfarming entraîne, après une dizaine de mois de traitement, une réduction importante de la teneur en hydrocarbures totaux initialement présents dans les sédiments de l’assainissement pluvial. Néanmoins l’action du traitement biologique est limitée ; elle ne permet pas une élimination des hydrocarbures aromatiques polycycliques. De plus, le pourcentage de matière organique n’évolue pas lors du traitement et les teneurs élevées dans les résidus ne permettront pas dans de nombreux cas, de valoriser directement les résidus traités. Une contrainte supplémentaire, liée aux eaux de percolation, sera également à prendre compte pour ne pas relarguer dans l’environnement de fortes teneurs en éléments traces et en carbone organique dissous. Au vu des résultats observés lors des deux séries de Landfarming, le traitement biologique dans des conditions limitées (absence d’UV et de ventilation) ne sera pas suffisant pour un traitement complet des résidus. Néanmoins, sa facilité de mise en œuvre et son faible coût sont des atouts indéniables pour utiliser cette technique comme prétraitement des sédiments fortement contaminés par les hydrocarbures. 210 Chapitre 6 VI Valorisation et approche économique L’objet de ce chapitre est de définir les filières potentielles de valorisation des sédiments d’une part, et d’évaluer le coût des traitements mis en place d’autre part. La première partie présente les différents résultats obtenus lors de la caractérisation géotechnique des résidus traités. Les échantillons sont ensuite répartis en fonction de leurs caractéristiques entre les différentes classes définies par le guide des terrassements routiers. Les filières de valorisation correspondantes sont également présentées. La seconde partie est consacrée à une ébauche de l’estimation économique des traitements mis en place pour les sédiments issus de l’assainissement pluvial. Une approche du coût de fabrication d’une unité mobile de traitement est plus spécialement étudiée. 211 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique 6.1 Valorisation des sédiments Parmi les 4 fractions issues du pilote, celles supérieures à 30 mm et inférieures à 60 µm sont éliminées (détruites ou isolées de l’environnement) alors que celles comprises entre 60 µm et 2 mm et entre 2 mm et 30 mm sont potentiellement valorisables. L’objectif de cette partie est de déterminer, à partir de caractérisations géotechniques, une classification des différentes fractions et de définir, par la suite, les filières de valorisation envisageables pour les produits traités. 6.1.1 Classification des différentes fractions La classification des différentes fractions est réalisée à partir du guide technique pour la réalisation des remblais et des couches de forme (SETRA et LCPC, 2000). Les paramètres de classification sont dans l’ordre, le pourcentage de matière organique, le diamètre maximal des particules, le pourcentage de passant à 2 mm et à 80 µm, la valeur au bleu de méthylène (test d’argilosité) et la teneur en eau à l’optimum Proctor (état hydrique du matériau) 6.1.1.1 Teneurs en matière organique : Les sédiments ayant une teneur en matière organique supérieure à 3 % sont classés en classe F avec les sous produits industriels. Ceux dont la teneur en matière organique est inférieure à 3 % appartiendront aux classes A, B, C ou D en fonction des différents paramètres de nature, de comportement mécanique et d’état. Le Tableau VI-1 présente les pourcentages de matière organique ainsi que la première orientation de classification des différentes fractions. Les fractions comprises entre 60 µm et 2 mm présentent majoritairement des pourcentages de matière organique inférieurs à 3 % ; leur classification s’oriente donc vers les classes A, B ou D. Seules les fractions issues des sédiments AhAh1 et Lyon présentent des teneurs légèrement supérieures à 3 % avec respectivement 5,1 et 4,5 %. Dans ce cas, la valorisation devra respecter les contraintes liées aux classes F. Les fractions 2 mm – 30 mm issues d’un simple tamisage présentent des teneurs en matière organique plus élevées. Les fractions issues des résidus de Lille et Nancy, avec des teneurs en matière organique de 2,6 et 0,7 %, appartiendront aux classes A, B ou D tandis que les autres fractions seront répertoriées au sein de la classe F. 212 Valorisation des sédiments Tableau VI-1 : Pourcentages de matière organique et classification préliminaire des différentes fractions. Cheviré Nancy AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux Lille Matière organique % Classification 7,5 2,5 0,7 2,5 10,2 5,1 3,8 2,0 13,3 4,5 8,7 2,9 2,6 2,8 F A,B,C ou D A,B,C ou D A,B,C ou D F F F A,B,C ou D F F F A,B,C ou D A,B,C ou D A,B,C ou D 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 6.1.1.2 Classification des sols de classes A, B, C ou D Après la teneur en matière organique, le second paramètre de classification est la granulométrie des sédiments selon trois critères : - La valeur du dmax (diamètre de l’élément le plus grossier), - Le pourcentage de passant à 2 mm, - Le pourcentage de passant à 80 µm. Les deux fractions issues de l’unité pilote de traitement présentent un dmax inférieur à 50 mm ; ce premier critère granulométrique permet d’éliminer la classe C correspondant aux sols comportant des fines et des gros éléments ainsi que la sous classe D3 constituée de graves alluvionnaires propres et insensible à l’eau. Les fractions traitées appartiennent donc à l’une des sous classes présentées dans le tableau synoptique de classification des matériaux selon leur nature (GTR, 2000) (Figure VI-1). 213 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Figure VI-1 : Tableau synoptique de classification des matériaux selon leur nature (d’après le GTR, 2000). Fractions 60 µm – 2 mm - Granulométrie Les courbes granulométriques des fractions comprises entre 60 µm et 2 mm sont présentées sur la Figure VI-2. Elles représentent les pourcentages cumulés de passant en fonction des seuils de coupure. Les distributions granulométriques des sédiments de Lille et Nancy sont similaires et présentent des valeurs de d50 de 357 et 342 µm. Une seconde distribution granulométrique regroupe les sédiments de Cheviré, Bordeaux et AhAh 2 avec des d50 respectifs de 905, 639 et 683 µm. 214 Valorisation des sédiments Cheviré Nancy Lille Bordeaux AhAh2 Pourcentage cumulé 100 80 60 40 20 0 1 10 100 1000 10000 Tailles des particules (en µm) Figure VI-2 : Distributions granulométriques des fractions 60 µm – 2 mm des différents sédiments. Les pourcentages de passant à 2 mm et 80 µm correspondent à deux critères de classification selon le guide des terrassements routiers (Tableau VI-2). Tableau VI-2 : Pourcentages de passant à 2 mm et 80 µm des fractions 60 µm – 2 mm des différents sédiments. Passant à 2 mm Passant à 80 µm % Cheviré 89 2 Nancy 100 5 AhAh2 93 2 Bordeaux 86 2 Lille 100 6 Les pourcentages de passant à 2 mm sont tous supérieurs à 70 % (compris entre 86 % pour Bordeaux et 100 % pour Nancy et Lille) et les pourcentages de passant à 80 µm sont également tous inférieurs à 12 % (de 2 à 6 % en fonction des sédiments). En se référant au 215 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique tableau synoptique de classification des matériaux (Figure VI-1), les différentes fractions comprises entre 60 µm et 2 mm sont répertoriées dans les sous classes D1, B1 ou B2. - Valeur au bleu de méthylène Les trois sous classes sont ensuite différenciées par la détermination de la valeur au bleu de méthylène (VBS). Le Tableau VI-3 présente les valeurs au bleu de méthylène obtenues sur les différents sédiments. Tableau VI-3 : Valeurs au bleu de méthylène pour les fractions 60 µm – 2 mm des différents sédiments. VBS en g de bleu pour 100 g de sol Cheviré 0,25 Nancy 0,68 AhAh2 0,66 Bordeaux Lille 0,67 Les valeurs au bleu de méthylène ont été déterminées pour les sédiments des bassins de Cheviré, Nancy et AhAh2 et pour les balayures de voiries de Lille. A l’exception de Cheviré qui présente une VBS légèrement plus faible (0,25), les trois autres fractions ont des VBS identiques (0,66 à 0,68). Si l’on se réfère toujours au tableau synoptique de classification des matériaux (Figure VI-1), le seuil de 0,2 est atteint et les différentes fractions traitées appartiennent donc à la sous classe B2, sables peu argileux ou apparaît une sensibilité à l’eau. La fraction issue du sédiment de Bordeaux, pour laquelle la valeur au bleu de méthylène n’a pas été déterminée, présente des pourcentages de particules fines similaires aux autres fractions et peut donc être considérée comme appartenant à la classe B2. - Test proctor La classe B2 correspond aux sables peu argileux. La plasticité de leurs particules fines rend ces sols sensibles à l’eau et par conséquent leur temps de réaction aux variations de 216 Valorisation des sédiments l’environnement hydrique et climatique relativement court. Néanmoins, ce temps de réaction peut varier assez largement en fonction de leur perméabilité. Cette sensibilité à l’eau génère de nouvelles sous classes en fonction de l’état hydrique des matériaux. Cinq sous classes sont déterminées en comparant la teneur en eau du produit traité (Wn) à la teneur en eau optimum obtenue lors des tests Proctor normal (Tableau VI-4). Tableau VI-4 : Classements en sous classes en fonction de l’état hydrique du matériau. Sous-classes Paramètres retenus B2th Wn ≥ 1,25 WOPN B2h 1,10 WOPN ≤ Wn < 1,25 WOPN B2m 0,9 WOPN ≤ Wn < 1,10 WOPN B2s 0,5 WOPN ≤ Wn < 0,9 WOPN B2ts Wn < 0,5 WOPN Un essai Proctor a été réalisé pour les différentes fractions appartenant à la classe B2. La Figure VI-3 présente la courbe obtenue à partir de la fraction 60 µm – 2 mm issue des balayures de voiries de Lille. Figure VI-3 : Courbe Proctor obtenue à partir d’un essai Proctor normal sur moule CBR (NF P 94-093). 217 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique L’allure de la courbe ne permet pas de déterminer la teneur en eau optimale (WOPN) mais uniquement la masse volumique sèche apparente (ρdOPN). Ce phénomène est dû à l’absence de particules fines qui entraîne l’obtention d’une droite entre la masse volumique sèche et la teneur en eau. L’unité pilote mise en place permet d’obtenir en fonction du réglage du tamis vibrant du séparateur secondaire, la teneur en eau désirée sur le produit de sortie. La fraction peut donc assez facilement se situer dans la sous classe la plus avantageuse, à savoir B2m. En fonction des conditions climatiques de la région rencontrée, le stockage des produits traités devra être réalisé en s’affranchissant plus ou moins des conditions d’évaporation et de précipitation. Fractions 2 mm – 30 mm - Granulométrie La détermination des classes A, B ou D des fractions comprises entre 2 mm et 30 mm ne peut être réalisée que pour les sédiments de Nancy et de Lille qui présentent une teneur en matière organique inférieure à 3 %. Comme pour les fractions comprises entre 60 µm et 2 mm, la classification des sédiments traités est réalisée à partir du tableau synoptique de classification des matériaux selon leur nature (Figure VI-1). Tableau VI-5 : Pourcentages de passant à 2 mm et 80 µm des fractions 2 mm – 30 mm des sédiments de Nancy et Lille. Passant à 2 mm Passant à 80 µm % Nancy 1 0,8 Lille 5 1,0 Avec des pourcentages de passant à 2 mm très largement inférieurs à 70 % (1 % pour Nancy et 5 % pour Lille) ainsi que des pourcentages de passant à 80 µm inférieurs à 12 % (0,8 % pour Nancy et 1, 0 % pour Lille), les fractions comprises entre 2 mm et 30 mm se situent dans les sous classes D2, B3 ou B4. 218 Valorisation des sédiments - Valeur au bleu de méthylène Les trois sous classes sont comme précédemment différenciées par la détermination de la valeur au bleu de méthylène (VBS). La mesure a été réalisée uniquement sur le sédiment de Nancy ; elle est présentée dans le Tableau VI-6. Tableau VI-6 : Valeur au bleu de méthylène pour la fraction 2 mm – 30 mm du sédiment de Nancy. VBS en g de bleu pour 100 g de sol Nancy < 0,1 Avec une valeur au bleu inférieure à 0,1, la fraction comprise entre 2 mm et 30 mm du sédiment de Nancy appartient à la sous classe D2 (Figure VI-1) correspondant aux graves et aux sables alluvionnaires propres insensibles à l’eau. La fraction issue des balayures de voiries de Lille présente des caractéristiques physiques (distribution granulométrique, pourcentage de particules inférieures à 80 µm) et chimiques (teneur en matière organique) similaires à celles de Nancy ; une faible valeur au bleu de méthylène semble prévisible ce qui classerait cette fraction au sein de la classe D2. 6.1.1.3 Classification des sols de classe F : Parmi la classe F, les sous produits de l’assainissement pluvial peuvent être répertoriés au sein des sous classes F1 ou F9. La sous classe F9 correspond aux autres déchets et sous produits industriels. La réutilisation de ces matériaux particuliers doit, pour chaque cas, faire l’objet d’une étude spécifique et les conditions d’utilisation devront être définies au cas par cas avec une série de planches d’essai. Face aux contraintes de la sous classe F9, une valorisation des sédiments à partir de cette classification apparaît compromise ; cette sous classe ne sera donc pas prise en compte dans la classification des différentes fractions. La sous classe F1 qui est constituée de matériaux naturels renfermant des matières organiques (terres végétales, humus forestier, vases, tourbes, …) se décompose en deux sous classes ; la sous-classe F11 qui comprend les matériaux faiblement organiques (3 % ≤ MO ≤ 10 %) et la sous-classe F12 qui est constituée de matériaux dits fortement organiques (MO > 10 %). Le 219 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Tableau VI-7 présente la classification des différentes fractions dont la teneur en matière organique dépasse les 3 %. Tableau VI-7 : Classification des différentes fractions au sein de la classe F. Cheviré AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux 2 mm – 30 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm 2 mm – 30 mm 60 µm – 2 mm 2 mm – 30 mm Matière organique % Classification 7,5 10,2 5,1 3,8 13,3 4,5 8,7 F11 F12 F11 F11 F12 F11 F11 Parmi les différents sédiments, seules les fractions 2 mm – 30 mm issues des sédiments de AhAh1 et Lyon se classent en F12 avec une teneur en matière organique dépassant les 10 %. Les autres fractions appartiennent toutes à la classe F11 regroupant les produits faiblement organiques (MO < 10 %). 6.1.2 Filières de valorisation Les différentes filières de valorisation sont présentées ci-dessous ainsi que les conditions d’utilisations des matériaux pour chacune d’entre elle. Ces conditions sont exprimées en exigences techniques directement intégrables dans les cahiers des charges des marchés pour obtenir la qualité généralement recherchée pour ses ouvrages. Elles ont été définies dans le double souci : - d’une part, de viser le juste niveau de qualité technique nécessaire compte tenu des possibilités des matériels d’exécution actuels et des pratiques habituelles, - d’autres part, de tenir compte des coûts moyens des différentes techniques et méthodes utilisées actuellement dans les pays industrialisés. De ce fait, il est possible que certaines filières ou conditions d’utilisation non envisagées actuellement puissent être retenues et donner satisfaction dans des contextes technico-économiques différents où ne s’appliquent pas les mêmes règles de délais de construction, de niveau de services 220 Valorisation des sédiments ou de coûts (taxes à la réutilisation de sous produits, traitement par différents liants…). 6.1.2.1 Remblai routier Classe B2 : Les conditions d’utilisation des matériaux en remblai sont présentées pour chacune des sous classes B2th, B2h, B2m, B2s et B2ts définies en fonction de la teneur en eau du produit à réutiliser. - B2th Ces sols sont inutilisables dans cet état mais une mise en dépôt provisoire, ou un drainage préalable pendant une période suffisante (plusieurs semaines) peuvent permettre de reclasser ces résidus en B2h ou B2m. - B2 h Ces sols sont sensibles à la situation météorologique ; ils peuvent être sujets au « matelassage », ce qui est à éviter au niveau de l’arase de terrassement. Néanmoins, ils sont réutilisables lorsque les conditions météorologiques le permettent (absence de pluie) et plusieurs solutions sont offertes : - utilisation en l’état : les limites imposées seront un compactage faible et une hauteur de remblai limitée à 5 mètres, - utilisation après extraction en couche : une extraction en couche de 0,3 mètre favorise l’aération des produits et permet ensuite un compactage moyen ainsi qu’une mise en remblai pouvant atteindre une hauteur de 10 mètres, - utilisation après traitement : un traitement par un réactif adapté permet de réaliser sur les résidus un compactage moyen et de s’affranchir des contraintes de hauteur de remblai. - B2 m Pour la sous classe B2m, il n’y a aucune contrainte sur la hauteur de remblai et le compactage à réaliser sera moyen ou intense en fonction de la situation météorologique. 221 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique - B2 s Pour ces sols, il faut compenser l’insuffisance de la teneur en eau par un compactage intense, un arrosage ou une humidification. L’humidification dans la masse pour changer d’état est relativement facile à réaliser. - utilisation en l’état : La hauteur de remblai est limitée à 10 mètres et le compactage sera nécessairement intense, - utilisation après arrosage : Dans des conditions d’évaporation importante, le produit est arrosé pour le maintenir dans l’état. Comme lors de l’utilisation en l’état, la hauteur de remblai est limitée à 10 mètres et le compactage sera nécessairement intense, - utilisation après humidification : Si les contraintes ne permettent pas un compactage intense, le produit sera humidifié pour changer d’état et permettre ainsi un compactage moyen. - B2ts Ces sols sont inutilisables en l’état mais ils peuvent être amenés à l’état « s » ou « m » après humidification. Classe D2 : Ces sols sont constitués de graves alluvionnaires propres et de sables et ils sont sans cohésion et perméables. Après compactage, ils sont d’autant moins érodables et d’autant plus aptes à supporter le trafic qu’ils sont bien gradués. Ces sols constituent les meilleurs matériaux de constructions des remblais ; ils sont donc très largement réutilisables sans condition particulière de réutilisation. 6.1.2.2 Couche de forme Classe B2 : Les sous classes B2th et B2ts sont inutilisables pour une réutilisation en couche de forme. Pour les classes B2h, B2m et B2s, leur grande sensibilité à l’eau impose de les traiter avec un liant hydraulique. De plus, ces matériaux requièrent souvent une protection de surface pour maintenir leur état hydrique constant durant le période de prise et de durcissement, leur 222 Valorisation des sédiments donner une résistance suffisante aux efforts tangentiels créés par les pneumatiques des engins (accélérations, freinages, virages), et garantir les exigences de nivellement. Le type de protection adapté à ces produits est un enduit de cure gravillonné, produit qui fait appel à des émulsions de bitume. Classe D2 : Ces sols sont utilisables en couches de forme soit dans leur état naturel car la résistance des granulats est suffisamment élevée, soit traités avec un liant hydraulique en raison de la friabilité des granulats. La caractérisation géotechnique doit donc se poursuivre par une mesure de la résistance mécanique des granulats (test de Los Angeles ou de micro Deval) pour déterminer la nécessité ou non de traiter ces résidus pour pouvoir les réutiliser en couche de forme. 6.1.2.3 Remblai de tranchées Classe B2 : Les résidus de la classe B2 sont directement valorisables en remblai de tranchées mais ils ne peuvent être admis uniquement dans la partie inférieure de remblai (PIR) noté q4 (Chapitre 2). Classe D2 Ces matériaux sont, comme la classe B2, directement valorisables en remblai de tranchées dans la partie inférieure de remblai (PIR) noté q4 . De plus, ils peuvent être également admis dans la partie supérieure de remblai (PSR) noté q2 et q3. 6.1.2.4 Remblai de surface Lorsque les résidus ne peuvent être acceptés en remblai routier, en couches de forme ou en remblai de tranchées, filières proposant des valorisations très intéressantes, ils sont orientés vers une réutilisation comme remblais de surface. Pour les classes B2 et D2, une valorisation dans ces trois filières est généralement envisageable et une réutilisation comme remblai de surface n’est pas dans un premier temps envisagée. Par contre, pour les classes F, qui ne peuvent pas être réutilisées comme couche de forme ou comme remblais routiers ou de tranchées, une valorisation en remblai de surface semble être intéressante. 223 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Parmi la classe F, seuls les matériaux appartenant à la sous classe F11 pourront être réutilisés. Leur faible teneur en matière organique (MO < 10 %) autorise leur emploi en remblai avec pour usage privilégié les couvertures de surface devant être engazonnées. Comme pour la classe B, ces matériaux devront être identifiés pour évaluer leurs conditions d’utilisation (traitement, compactage…). 6.1.3 Conclusion Pour conclure sur cette première partie de chapitre, le Tableau VI-8 recense les différentes classes obtenues à partir du guide des terrassements routiers ainsi que les filières de valorisation associées. Tableau VI-8 : Classification et filières de valorisation des différentes fractions issues du traitement des sédiments de l’assainissement pluvial. Bassins Cheviré Fractions Classification Filières de valorisation potentielles 2 mm – 30 mm F11 Remblais de surface 60 µm – 2 mm B2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 2 mm – 30 mm D2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 60 µm – 2 mm B2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 2 mm – 30 mm F12 Aucune 60 µm – 2 mm F11 Remblais de surface 2 mm – 30 mm F11 Remblais de surface 60 µm – 2 mm B2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 2 mm – 30 mm F12 Aucune 60 µm – 2 mm F11 Remblais de surface 2 mm – 30 mm F11 Remblais de surface 60 µm – 2 mm B2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 2 mm – 30 mm D2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme 60 µm – 2 mm B2 Remblais routier, de tranchée, de surface Couches de forme Nancy AhAh 1 AhAh 2 Lyon Bordeaux Lille 224 Valorisation des sédiments Parmi les 14 fractions issues du traitement physique (Tableau VI-8) des sédiments de bassin et des balayures de voiries, 12 d’entre elles sont susceptibles d’être directement valorisées comme remblais routier, de tranchée ou de surface ou comme couche de forme. Seules 2 fractions (2mm – 30 mm des sédiments de AhAh1 et Lyon) présentent des caractéristiques (matière organique > 10 %) ne satisfaisant pas les contraintes du GTR liées à la mise en remblai ou en couche de forme. Ces deux fractions peuvent néanmoins prétendre à une réutilisation comme remblai de surface si elles sont incorporées à la fraction 60 µm – 2 mm. Les sous produits de l’assainissement représentent, après traitement, une source importante de matériaux capable de répondre aux fortes demandes de remblais. De plus, plusieurs groupes de travail se penchent actuellement sur l’établissement d’une charte obligeant les maîtres d’ouvrage à utiliser une certaine quantité de produits réutilisables parmi leur consommation de matériaux destinés à la mise en remblai ou en couche de forme. A titre d’exemple, le département de la Haute Garonne encourage la réutilisation des déchets traités sur des chantiers de travaux publics. 225 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique 6.2 Approche économique 6.2.1 Landfarming. De nombreuses évaluations concernant le coût du traitement par Landfarming ont été réalisées. (Tableau VI-9). Tableau VI-9 : Coût d’un traitement biologique par Landfarming. Références bibliographiques Coûts du traitement (€ tonne-1) Ferdinandy-van Vlerken (1998) 20 Deruelle (2004) 20 à 40 Gabet (2004) 45 à 80 Selon les auteurs, les coûts de traitement varient entre 20 et 80 € par tonne de sédiments. Ces différences de coûts sont liées essentiellement à la durée et aux conditions de traitement. Paramètres liés à la durée de traitement D’une part, les concentrations et les compositions des différents polluants initialement présents dans les sédiments vont conditionner la durée de traitement. A titre d’exemple, des sédiments fortement contaminés par des hydrocarbures faiblement biodégradables entraineront une durée de traitement supérieure à celle obtenue pour des sédiments faiblement contaminés par des hydrocarbures biodégradables. De plus, la présence élevée d’éléments traces peut réduire l’activité biologique des bactéries et par conséquent augmenter la durée de traitement. D’autre part, les traitements par Landfarming étant réalisés en plein air, les conditions climatiques (humidité, température…) vont être des paramètres importants dans l’activité biologique des bactéries et donc dans la vitesse de biodégradation des polluants. Paramètres liés aux conditions intrinsèques de traitement Le coût du traitement va également être défini par rapport aux moyens mis en œuvre lors de sa réalisation. En fonction des fréquences de remaniement des sols et des ajouts de nutriments ou d’agents structurants, le coût du traitement pour une tonne de sédiment traité peut évoluer. 226 Approche économique De plus, Gabet (2004) inclut dans ses estimations de coût, l’ajout de consortium bactérien, utilisé pour augmenter les rendements de biodégradation. 6.2.2 Unité mobile de traitement 6.2.2.1 Principe de fonctionnement et coût de fabrication Les résultats obtenus lors de ces travaux de thèse, et notamment le traitement physique des sédiments par une unité pilote, nous ont conduit en collaboration avec deux industriels, Saint Dizier Environnement et SOTRES, à concevoir une unité mobile de traitement des sédiments. Le schéma de l’unité est présenté sur la Figure VI-4 ; il est similaire à celui de l’unité pilote établi lors du chapitre 4. La différence principale entre les unités pilote et industrielle concerne le débit d’alimentation qui va directement conditionner le choix et le mode de fonctionnement des différents équipements. Le débit d’alimentation en sédiments prévu pour l’unité mobile est de 2 à 3 tonnes par heure ce qui représente un débit 10 fois plus élevé que pour l’unité pilote installée lors de nos essais. La conséquence directe est l’augmentation du débit des eaux de process qui sera compris entre 20 et 30 m3 h-1 en fonction de la recirculation. La Figure VI-4 présente également les circuits potentiels des eaux de process. En fonction de la charge en matière en suspension (MES), les eaux seront directement injectées dans la filière de traitement via le décanteur (MES élevée) ou recirculées au niveau des différents équipements de traitement des sédiments (MES faibles). Le dimensionnement des équipements pour le traitement des eaux, avec notamment le décanteur lamellaire, devra être optimisé afin de réduire l’encombrement et permettre ainsi l’installation de l’unité mobile sur une remorque. Face à l’intérêt manifeste de plusieurs grands groupes, les sociétés SOTRES et Saint Dizier Environnement se placent comme des acteurs potentiels dans l’industrialisation du procédé mis en place lors de nos travaux. Dans un premier temps, ils ont réalisé une estimation du coût de fabrication d’une unité mobile de traitement montée sur une remorque. Le Tableau VI-10 présente les dépenses occasionnées pour chaque groupe de traitement ainsi que pour l’ensemble de l’unité. 227 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Figure VI-4 : Schéma de principe de l’unité mobile. 228 Approche économique Tableau VI-10 : Estimation économique d’une unité mobile de traitement. Nature du traitement Equipements Montant Trémie d’alimentation Essoreur-Cribleur Criblage primaire Cuve sous Cribleur Châssis Cribleur 1 42 700 € Passerelle rabattable Tapis refus crible Châssis Tapis Pompe M100 + Châssis pompe Moteur 7,5 kW Flexible DN 80 / Bride en aluminium Cyclonage / Essorage primaire Cyclone caisson 300 Essoreur 2 32 700 € Châssis Essoreur Support Châssis Passerelle Goulotte filtrat Attrition 3 Cellule d’attrition 15 800 € Cuve sous Essoreur Pompe M100 + Châssis pompe Moteur 7,5 kW Cyclonage / Essorage secondaire 4 Flexible DN 80 / Bride en aluminium Cyclone caisson 300 45 800 € Châssis support Essoreur Passerelle rabattable Essoreur Tapis Châssis support Tapis 229 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Nature du traitement Equipements Montant Cuve reprise des eaux sales Pompe de reprise des eaux sales Pompage des eaux 5 Cuve Eau clarifiée / Filtrat/ Boue à presser 31 400 € Pompe Eau clarifiée Pompe filtrat Pompe à polymère Traitement des eaux 6 Décanteur lamellaire Agitateurs 50 000 € Pompes d’élimination des boues Pressage des boues Pompe gavage piston membrane Filtre presse 7 Compresseur 33 900 € Tapis sous Filtre Tuyauterie Remorque et montage Armoire électrique et câblage Divers tuyauterie 5 000 € Remorque 50 000 € Montage sur remorque 20 700 € Electricité et câblage 5 000 € UNITE MOBILE DE TRAITEMENT DES SEDIMENTS 333 000 € L’évaluation économique d’une unité mobile de traitement s’élève donc à 333 000 €. Ce coût global comprend d’une part le traitement spécifique des sédiments qui équivaut à une dépense de 137 000 € et d’autre part le traitement des eaux qui est de 116 000 €. Les dépenses liées à la remorque, au montage des équipements sur celle ci, à la tuyauterie et à l’armoire électrique sont également intégrées dans le coût global de l’unité mobile et représentent plus de 80 000 €. 230 Approche économique De plus, la société SOTRES a également réalisé des croquis de l’unité pilote (Figure VI-5 et Figure VI-6) afin de prévoir l’agencement des différents équipements sur la remorque. Ce travail est actuellement en cours d’élaboration. Figure VI-5 : Unité pilote de traitement vue de dessus. Figure VI-6 : Unité mobile de traitement montée sur remorque. La Figure VI-6 représente l’ensemble de l’unité mobile de traitement montée sur une remorque et destinée à se déplacer de bassin en bassin afin de traiter les sédiments curés. L’alimentation en sédiments sera réalisée par l’intermédiaire des équipements utilisés pour le curage des bassins et fossés (tractopelle…). 231 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique 6.2.2.2 Coût de traitement L’objectif final pour les sociétés désireuses d’investir dans ce projet est de postuler à divers appels d’offres concernant la gestion des sédiments de l’assainissement pluvial. Les sociétés devront donc être en mesure de proposer un coût de traitement à la tonne pour l’ensemble de leurs prestations. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte afin d’établir un coût de traitement ; ils dépendent d’une part du service proposé aux clients et d’autre part des conditions in situ et notamment des caractéristiques (volumes, granulométrie) des sédiments rencontrés. Services proposés Diverses solutions pourront être offertes aux gestionnaires de bassin et occasionneront par conséquent des coûts de traitement très différents. Deux types de propositions sont brièvement présentés à titre d’exemple. - Location de l’unité mobile pour une durée déterminée. Les sociétés propriétaires de l’unité mobile interviennent uniquement au niveau de la location de leur matériel. Les gestionnaires des bassins et fossés sont donc à même de réaliser seuls les traitements et de prendre à leur charge l’ensemble des frais occasionnés : curage de bassin, frais d’installation, main d’œuvre qualifiée pour la réalisation des essais… Le coût du traitement des sédiments dépendra en partie du prix de location de l’unité mobile mais également des frais annexes engagés par les gestionnaires. - Prestation de services Les sociétés propriétaires de l’unité mobile interviennent et répondent à la problématique dans sa globalité. Cet exemple peut correspondre à l’appel d’offre d’une collectivité pour ses divers bassins. Les sociétés proposent le curage des sédiments, leurs traitements ainsi que leurs valorisations ou éliminations. La prestation de service nécessite pour les sociétés la présence de personnels qualifiés. Le coût de traitement pourra dans ce cas là être directement établi par la société propriétaire de l’unité mobile. 232 Approche économique Caractéristiques in situ Bien que mobile, la mise en service de l’unité de traitement sur les sites nécessite l’acheminement de la remorque ainsi qu’une période de mise en place de plusieurs heures. Les frais engendrés lors de la mise en œuvre de l’unité de traitement sont indépendants des quantités de sédiments à traiter. Par conséquent, les coûts de traitement pour une tonne de sédiments seront dépendants des quantités de résidus à traiter sur les différents sites. De plus, les caractéristiques intrinsèques des sédiments interviennent également au niveau du coût de traitement. Des résidus grossiers et peu pollués nécessiteront un traitement moindre et auront des perspectives de valorisation plus importantes que des sédiments fins et largement contaminés. 6.2.2.3 Conclusion A ce stade d’avancement du projet, il est encore difficile de prétendre annoncer un coût de traitement à la tonne pour les résidus de l’assainissement pluvial. Aux différents paramètres présentés précédemment viennent s’ajouter la politique des sociétés propriétaires de l’unité mobile et les évolutions de la réglementation. Cependant, compte tenu des contraintes réglementaires de plus en plus fortes dans le domaine des déchets, le traitement par l’unité pilote apparaît très prometteur et compétitif vis à vis des solutions actuelles. Afin de justifier la nécessité et la compétitivité d’une unité mobile de traitement des sédiments de l’assainissement pluvial, deux exemples peuvent être cités : Le premier exemple concerne le bassin de Cheviré. Les canalisations, permettant l’acheminement des sédiments du pont au bassin, étaient complètement saturées et ont dues être curées en 2004. Le service proposé par une société extérieure comprenait le curage, le transport et l’élimination des résidus, incinérés pour 25 % d’entre eux et enfouis pour le reste. Le coût de l’opération a été de 611 € par tonne de résidus pour les sédiments incinérés et de 207 € par tonne de résidus pour les sédiments enfouis. Le second exemple concerne le curage des bassins de la ville de Reims. La communauté urbaine a décidé de curer un bassin de récupération des eaux pluviales chaque année. Un coût à la tonne est difficile à chiffrer car la prestation est fixée à 100 000 € pour l’ensemble d’un bassin en ne connaissant ni la nature, ni le volume des sédiments. De plus, la traçabilité des résidus curés est difficile à obtenir auprès de la société qui réalise les travaux. 233 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique Bien qu’il soit impossible de chiffrer et d’extrapoler un coût de traitement à la tonne à partir des deux exemples cités, ils traduisent d’une part, un coût élevé pour éliminer les résidus accumulés et d’autre part, des filières d’élimination mal adaptées ou parfois même inconnues. Face aux difficultés rencontrées et à une évolution certaine de la réglementation, l’unité pilote mise au point dans le cadre de cette thèse, permettra de répondre, au moins en partie, à la préoccupation des gestionnaires. Les sociétés SOTRES et Saint Dizier environnement étudient également la conception d’une unité semi-mobile installée sur des plateformes. Cette orientation permettrait de fonctionner avec des débits beaucoup plus élevés et de répondre ainsi aux problématiques des grandes agglomérations, à savoir, des quantités de sédiments et de balayures de voiries importantes et peu dispersées. 234 L’ Essentiel L’essentiel : Pour conclure sur cette étude liée à la gestion des sédiments de l’assainissement pluvial, un dernier chapitre concernant la viabilité du projet était indispensable. D’une part, les filières de réutilisation ont été déterminées pour les sédiments traités et d’autre part, une ébauche économique a été élaborée afin de prendre conscience du coût des opérations à l’échelle industrielle. La première partie de ce chapitre a été consacrée au devenir des sédiments traités. Pour cela, les résidus ont été répartis suivant le Guide des Terrassements Routiers (GTR) en différentes classes d’appartenance. En fonction des caractéristiques géotechniques (matière organique, granulométrie, argilosité) des fractions traitées, une ou plusieurs filières de valorisation pourront être proposées pour la réutilisation des sous produits de l’assainissement. Le devenir le plus probable pour ces résidus semble être d’une part comme remblais routiers, de tranchées ou de surface et d’autre part comme couches de forme. La seconde partie avait pour objectif la réalisation d’une première approche économique des traitements mis en place lors de ces travaux. Les dépenses économiques liées au traitement biologique par Landfarming sont connues et varient, en fonction des méthodes utilisées, entre 20 et 80 € par tonne de sédiments. Les sociétés Saint Dizier Environnement et SOTRES ont permis de réaliser une estimation du coût de fabrication d’une unité mobile de traitement. Bien qu’il soit délicat d’annoncer un coût de traitement à la tonne pour ces résidus, la technique mise en place apparaît compatible et même directement concurrentielle des filières d’élimination actuelles. De plus, l’évolution constante de la réglementation dans les domaines de l’eau et des déchets ainsi que des coûts d’élimination des déchets vont, dans les années à venir, conforter la rentabilité d’une unité mobile de traitement. 235 Chapitre 6 : Valorisation et approche économique 236 Conclusion et perspectives Synthèse des principaux résultats Ce travail de recherche multidisciplinaire a permis d’accéder à des solutions intéressantes pour la gestion des sédiments issus de l’assainissement pluvial. L’ensemble des études a été mené sur des sédiments de bassins routiers provenant des régions nantaise (Cheviré), nancéenne (Flavigny), parisienne (Citroën) et lyonnaise (B 6 sur l’A 47) ainsi que sur des résidus de sites urbains avec les bassins de Wissous et de Crosne (AhAh) situés en région parisienne. De plus, les produits de balayage de chaussées des villes de Lille et Bordeaux ont également été étudiés. Une investigation bibliographique a été menée dans un premier temps afin de connaître l’origine et la caractérisation des polluants rencontrés d’une manière générale dans les sédiments (hydrocarbures, hydrocarbures aromatiques polycycliques, éléments traces, pesticides,…). Cette investigation montre que les différents polluants contenus dans les sédiments sont véhiculés par les eaux de ruissellement et s’accumulent dans les bassins, ou sont déversés dans l’environnement lors de fortes pluies. De nombreux travaux ont montré que ces sous produits de l’assainissement, en raison de leurs volumes et de la pollution qu’ils renferment, doivent être considérés comme de réels déchets. De plus, à l’échelle française ou européenne, aucune norme ou document réglementaire n’existe actuellement sur les seuils de pollution des résidus de l’assainissement pluvial. Cette absence de réglementation entraîne des difficultés quant au devenir et à la gestion de ces sédiments. Lors de ce travail de recherche, les teneurs en polluants ont été comparées aux valeurs cibles et d’intervention de la norme hollandaise pour les sols pollués. Si ces seuils n’ont pas de valeur légale en France, ils sont néanmoins fréquemment utilisés comme valeur de référence pour interpréter les teneurs en certains composés chimiques dans les sols. 237 Conclusion et perspectives Actuellement, les pratiques d’élimination utilisées (mise en décharge, épandage, mise en dépôt) ne sont pas satisfaisantes en regard de l’évolution du contexte réglementaire et des connaissances scientifiques, notamment en termes d’impact sur l’environnement et de santé publique. Les études préliminaires de caractérisation ont montré que les sédiments bruts sont très hétérogènes en fonction de leur provenance, mais également à l’intérieur d’un même bassin. A titre d’exemple, pour des prélèvements réalisés à des périodes et à des localisations différentes au niveau du bassin AhAh en région parisienne, les valeurs de d50 varient entre 25 µm et 797 µm alors que les teneurs en zinc fluctuent de 268 mg kg-1 à 1949 mg kg-1. Les sédiments étudiés sont fortement contaminés avec des concentrations maximales, tous résidus confondus, de 4,26 mg kg-1 pour le Cd, 2979 mg kg-1 pour le Cr, 306 mg kg-1 pour le Cu, 158 mg kg-1 pour le Ni, 357 mg kg-1 pour le Pb, 1949 mg kg-1 pour le Zn et 24,1 % pour la matière organique, 16 423 mg kg-1 pour les hydrocarbures totaux et plus de 28 mg kg-1 pour les HAP. Une gestion durable de ces sédiments nécessite donc la mise en place de techniques de traitement afin de réduire les charges polluantes. Les études de traitabilité des sédiments ont été menées en laboratoire sur les sédiments du bassin de Cheviré. Les résultats ont montré que les polluants organiques et métalliques sont essentiellement présents au sein des éléments fins. Ils peuvent se trouver sous deux formes : « libres » et facilement séparables par un tri granulométrique, ou agglomérés entre eux et autour de particules grenues, et nécessitent alors une étape supplémentaire d’attrition pour permettre leur désagrégation. L’utilisation conjointe de séparations granulométriques et d’attrition nous a conduit à définir un protocole opératoire de traitement des sédiments, avec comme principe l’enrichissement en polluants des particules fines (< 80 µm), permettant ainsi la valorisation des fractions grossières (> 80 µm). Une optimisation des conditions de traitement (seuils de coupure, durée d’attrition, teneur en matière sèche de la pulpe) a également été réalisée. Elle a permis d’une part, d’étudier l’efficacité de l’attrition sur la dépollution des sédiments et d’apporter des connaissances supplémentaires sur une technique peu étudiée et d’autre part, de se placer dans 238 Conclusion et perspectives des conditions économiques et environnementales optimales pour le passage du traitement à une échelle pilote. De plus, six autres sédiments de bassins ont été traités dans les conditions optimales déterminées à partir du sédiment de Cheviré afin de valider la méthode ainsi définie. Les pourcentages de particules potentiellement valorisables sont compris entre 55 et 75 % en fonction des sédiments étudiés. Les résultats obtenus lors de ces essais de traitabilité des sédiments ont orienté nos recherches vers la conception d’un pilote avec comme objectif le développement d’une unité industrielle de traitement. Cette unité devrait, dans le contexte actuel, répondre à des exigences économiques et environnementales compatibles, afin d’être proposée comme une alternative viable aux gestionnaires de bassins et de balayures de voiries. Les contraintes liées au coût de transport des déchets et au manque de services (eau, électricité) aux abords des bassins ont dû être prises en compte pour la conception de l’unité pilote. De ce fait, notre choix s’est orienté vers une unité mobile capable de se déplacer de bassin en bassin, et autonome afin de répondre à l’absence de services. Pour atteindre ces objectifs, l’encombrement des équipements a été optimisé et une filière de traitement des eaux de process a été ajoutée pour permettre un fonctionnement en circuit fermé. Bien que réalisé dans des conditions expérimentales différentes, le traitement physique établi en laboratoire s’est parfaitement retranscrit à l’échelle pilote. Cinq sédiments de bassins et deux balayures de voiries ont ainsi été traités. Les fractions supérieures à 30 mm sont composées des encombrants (bouteilles, plastiques …) et seront éliminées via la filière des déchets ménagers. Les polluants organiques (matière organique, hydrocarbures totaux et HAP) et inorganiques (éléments traces) sont majoritairement accumulés dans les éléments fins % massique du polluant (< 60 µm) comme le montrent les rapports R = atteignant 4,5 % massique total pour les éléments traces, 5,3 pour la matière organique, 5,1 pour les hydrocarbures totaux et 4,2 pour le phénanthrène. Dans les conditions réglementaires et économiques actuelles, ces fractions fines sont considérées comme des déchets ultimes et seront éliminées. Une caractérisation géotechnique des fractions comprises entre 60 µm et 2 mm et entre 2 mm et 30 mm a été menée selon le Guide des Terrassements Routiers (LCPC-SETRA, 2000). Il en ressort que la majorité des fractions (12 sur 14) présente des caractéristiques compatibles avec 239 Conclusion et perspectives une réutilisation comme remblais routier, de tranchée ou de surface ou encore comme couches de forme. D’autre part, de manière à mieux connaître l’impact sur le milieu naturel de ces produits, des tests de toxicité sur les sédiments et sur les différentes fractions issues du pilote sont encore en cours au Laboratoire des Sciences de l’Environnement-Ecole Nationale des Travaux Publics de l’ Etat dans le cadre de l’achèvement d’un projet commun. A l’exception des résidus trop fins (d50 < 60 µm), l’unité pilote de traitement physique permet une valorisation comprise entre 50 et 80 % du sédiment brut. L’ensemble des pourcentages définis lors de ces travaux est à majorer si l’on raisonne en masse de sédiments (en prenant en compte l’eau des sédiments) et non plus en matière sèche. Afin de valoriser le travail réalisé durant ces travaux de thèse, une démarche a été entreprise auprès de l’Institut National de la Protection Industrielle (INPI) pour déposer un nom relatif au principe de traitement et à l’unité pilote développée au LCPC. L’INPI a validé le nom proposé, à savoir : ATTRISED. Une étude complémentaire sur le traitement biologique par landfarming a également été menée. Le landfarming a permis une élimination importante des hydrocarbures totaux présents dans les sédiments, mais son action est limitée car la teneur en HAP reste stable après une première année de traitement. De plus, le pourcentage de matière organique totale n’a pas évolué et il constitue donc une limite aux filières de valorisation (MO > 10 %) pour les sédiments fortement chargés. Dans les conditions de traitement utilisées lors de ces essais, le landfarming est insuffisant pour permettre une valorisation des sédiments. Néanmoins, sa facilité de mise en œuvre et son faible coût sont des atouts indéniables pour utiliser cette technique comme prétraitement des sédiments fortement contaminés par les hydrocarbures (déversement accidentel). Retombées opérationnelles Des quantités importantes de sédiments sont extraites chaque année des bassins et fossés routiers (5,6 millions de tonnes en France) ; de même, environ 1 million de tonnes provient du balayage des voiries urbaines et inter-urbaines. Face à ces quantités, les 240 Conclusion et perspectives gestionnaires de bassins et les communautés urbaines sont confrontés à un véritable problème, accentué par un renforcement de la législation en matière d’environnement et de déchets. La gestion des sédiments de l’assainissement pluvial apparaît donc comme une préoccupation majeure, liée à l’accroissement de l’urbanisation et au développement des réseaux routiers. L’unité de traitement ATTRISED, mise au point dans le cadre de cette thèse, permettrait de répondre, au moins en partie, à cette préoccupation des gestionnaires. Des discussions menées avec des représentants des grands groupes de traitement de l’eau et des déchets ont montré la validité d’un tel projet. C’est ainsi que les sociétés Saint Dizier Environnement et SOTRES étudient actuellement un projet de conception d’une unité industrielle. D’une part, ils développent le concept d’une unité mobile montée sur une remorque et se déplaçant de bassin en bassin pour traiter les résidus curés. Cette unité, pour des raisons d’encombrement, fonctionnera à des débits d’environ 3 tonnes par heure et apparaît adaptée à de nombreux bassins routiers et urbains. D’autre part, Saint Dizier Environnement et SOTRES mènent une étude en parallèle sur la conception d’une unité semi-mobile montée sur une plateforme. Elle permettrait de traiter les sédiments de plusieurs bassins situés aux alentours. Cette deuxième solution présente l’avantage de traiter les sédiments avec des débits beaucoup plus importants, mais elle nécessite l’acheminement des déchets du bassin à la plateforme de traitement. Elle semble plus adaptée aux balayures de voiries ou aux sédiments de bassins des grosses agglomérations. Perspectives A la suite de ce travail, il sera intéressant d’étudier les techniques de traitement mises en place lors de ces travaux de thèse sur d’autres résidus que les sédiments de bassins et les balayures de voiries. A titre d’exemple, plusieurs résidus présentant des problématiques plus ou moins similaires à celles étudiées lors de ces travaux sont présentés ci-dessous. Ces dernières années, un accroissement de l’intérêt pour les dépôts dans les collecteurs des réseaux d’assainissement a été observé. En effet, durant les périodes de temps sec, une partie des particules pénétrant dans les réseaux d’assainissement, via les avaloirs et les branchements particuliers, se dépose dans les collecteurs. Afin d’éviter une accumulation excessive des dépôts, un curage régulier doit être effectué. C’est ainsi que plus de 8000 tonnes de résidus ont été curées en 2002 à Paris (Rocher et al., 2004). Souvent trop pollués pour être 241 Conclusion et perspectives directement valorisés (Moilleron et al., 2005) ces résidus sont acheminés vers des centres de stockage. L’étude d’un traitement physique suivant le principe d’ATTRISED serait intéressante pour déterminer si l’on peut, dans les conditions économiques et environnementales actuelles, valoriser ces résidus comme matériaux de remblais. Par ailleurs, pour que l'objectif de la directive cadre sur l'eau (DCE) de bon état écologique des eaux en 2015 soit atteint, de nombreux cours d’eau ainsi que plusieurs ports nécessitent un curage des sédiments accumulés. Alain Strébelle, directeur de l'Agence de l'Eau Artois-Picardie, revient sur la problématique des sédiments pollués (Journal de l’Environnement, 2005) et annonce la nécessité d’établir un schéma d’élimination des sédiments. Les ports (Cherbourg, Dunkerque, Marseille…), les fleuves avec notamment la Seine, ainsi que les canaux des régions Nord-Pas de Calais et Picardie sont de véritables réservoirs de sédiments pollués. Il serait intéressant d’appliquer les traitements développés dans ce travail afin d’étudier les possibilités de valorisation de ces sédiments. Enfin, ces résultats pourront servir de base à l’élaboration d’un guide à l’usage des gestionnaires de bassins et de balayures de voiries, de manière à leur apporter des méthodes et des solutions efficaces de gestion des produits de l’assainissement pluvial. De plus, ce travail apporte, à travers ATTRISED, une solution innovante quant aux traitements des sédiments de l’assainissement pluvial. 242 Bibliographie Adachi, K. et Tainosho, Y. 2004. Characterization of heavy metal particles embedded in tire dust. Environment International 30, 1009-1017. AGHTM (Groupe de travail). 1996. Traitement des boues de curage par un dispositif récupérateur essoreur de sables (RES). Procédé ERMAC. Techniques Sciences et méthodes, 5, 345 – 353. Alloway, B. J., Zhang, P., Mott, C. J. B., Nicholson, F., Chambers, B., Smith, S. et Carlton-Smith, C. 1999. Atmospheric deposition of heavy metals onto agricultural land in England and Wales. 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P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 12 6,6 0,7 98 45 62 126 627 80 < < 2000 µm 68 14,9 3,0 226 259 134 383 2012 < 80 µm 20 29,4 5,2 382 423 154 644 3267 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-3 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment AhAh. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 85 6,4 1,3 154 108 99 206 1071 < 80 µm après attrition 15 43,0 7,8 462 591 181 948 6396 Tableau A-4 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment AhAh après traitement physique. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 12 6,6 0,7 98 45 62 126 627 80 < < 2000 µm 58 6,4 1,3 154 108 99 206 1071 < 80 µm 30 34 6 409 479 163 745 4310 258 Sédiments du bassin AhAh Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-1 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment AhAh. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-2 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment AhAh. 259 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments Sédiments du bassin Lyon B 6 Tableau A-5 : Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B6. M.O Cd Cr Cu Ni Zn 156 585 mg kg-1 % Sédiment brut Pb 8,5 0,6 81 199 38 Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm Tableau A-6 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B6. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 14 4,7 0,3 50 30 22 27 117 80 < < 2000 µm 51 6,8 0,5 63 102 24 125 355 < 80 µm 35 8,9 0,7 104 190 49 177 815 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-7 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 6. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 87,5 3,3 0,3 49 42 24 84 191 < 80 µm après attrition 12,5 12,2 1,2 191 247 91 249 936 Tableau A-8 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B6 après traitement physique. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 13 4,7 0,3 50 30 22 27 117 80 < < 2000 µm 45 3,3 0,3 49 42 24 84 191 < 80 µm 41 9,3 0,8 116 197 55 186 825 260 Sédiments du bassin Lyon B 6 Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-3 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition– sédiment B 6. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure A-4 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 6. 261 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments Sédiments du bassin Lyon B 10 Tableau A-9 : Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 10. M.O Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 % Sédiment brut Zn 14,2 0,9 83 168 44 182 629 Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm Tableau A-10 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 10. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 5 8,8 0,8 47 23 35 63 332 80 < < 2000 µm 35 14,1 0,7 63 139 29 138 544 < 80 µm 59 15,5 1,3 111 233 56 239 910 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-11 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 10. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 79 9,0 0,6 36 58 19 82 221 < 80 µm après attrition 21 27,2 1,4 137 246 69 272 886 Tableau A-12 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 10 après traitement physique. M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn P.M mg kg-1 % > 2000 µm 5 8,8 0,8 47 23 35 63 332 80 < < 2000 µm 29 9,0 0,6 36 58 19 82 221 < 80 µm 66 27,2 1,4 137 246 69 272 886 262 Sédiments du bassin Lyon B 10 Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-5 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 10. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure A-6 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 10. 263 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments Sédiments du bassin Lyon B 12 Tableau A-13 : Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B12. M.O Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 % Sédiment brut Zn 7,6 0,6 92 161 44 102 411 Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm Tableau A-14 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B12. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 23 2,3 0,1 25 56 48 14 83 80 < < 2000 µm 51 5,9 0,4 70 103 29 82 304 < 80 µm 26 12,3 1,1 116 287 56 203 1050 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-15 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 12. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 87 3,7 0,6 67 73 26 77 259 < 80 µm après attrition 13 19,6 1,3 218 374 108 219 1000 Tableau A-16 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B12 après traitement physique. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 23 2,3 0,1 48 56 25 14 83 80 < < 2000 µm 44 3,7 0,6 67 73 26 77 259 < 80 µm 33 19,6 1,3 218 374 108 219 1000 264 Sédiments du bassin Lyon B 12 Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-7 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 12. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-8 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 12. 265 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments Sédiments du bassin Lyon B 4 Tableau A-17 : Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 4. M.O Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 % Sédiment brut Zn 6,0 0,5 73 33 41 55 155 Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm Tableau A-18 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 4. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 12 3,6 0,2 28 11 15 26 86 80 < < 2000 µm 36 3,9 0,3 44 17 26 43 109 < 80 µm 52 6,0 0,6 87 49 47 72 247 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-19 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 4. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 87 1,5 0,1 21 4 9 19 48 < 80 µm après attrition 13 4,8 0,4 159 35 91 81 191 Tableau A-20 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 4 après traitement physique. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 12 3,6 0,2 28 11 15 26 86 80 < < 2000 µm 31 1,5 0,1 21 4 9 19 48 < 80 µm 56 4,8 0,4 159 35 91 81 191 266 Sédiments du bassin Lyon B 4 Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure A-9 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 4. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure A-10 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 4. 267 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments Sédiments du bassin Lyon B 5 Tableau A-21 : Caractéristiques chimiques des sédiments bruts du bassin B 5. M.O Cd Cr Cu Ni Pb mg kg-1 % Sédiment brut Zn 11,8 1,0 109 162 43 202 513 Coupures granulométriques à 2 mm et 80 µm Tableau A-22 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 5. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 14 11,8 0,6 53 49 22 68 233 80 < < 2000 µm 35 13,3 1,0 68 184 33 195 454 < 80 µm 51 18,1 1,3 108 283 48 216 646 Attrition de la fraction 80 µm < < 2 mm Coupure granulométrique à 80 µm Tableau A-23 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des deux fractions granulométriques générées par attrition – sédiment B 5. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % 80 < < 2000 µm après attrition 78 7,5 0,5 61 96 31 131 276 < 80 µm après attrition 22 17,9 1,7 174 334 84 349 952 Tableau A-24 : Pourcentages massiques, teneurs en matière organique et en éléments traces des trois fractions granulométriques du sédiment B 5 après traitement physique. P.M M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn mg kg-1 % > 2000 µm 14 11,8 0,6 53 49 22 68 233 80 < < 2000 µm 27 7,5 0,5 61 96 31 131 276 < 80 µm 59 17,9 1,7 174 334 84 349 952 268 Sédiments du bassin Lyon B 5 Bilans massiques des trois fractions granulométriques avant attrition Pourcentages 80 > 2000 µm 80 < < 2000 µm M.O Cr < 80 µm 60 40 20 0 % Cd Cu Ni Pb Zn Figure A-11 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques avant attrition – sédiment B 5. Bilans massiques des trois fractions granulométriques après attrition > 2000 µm 100 80 < < 2000 µm < 80 µm Pourcentages 80 60 40 20 0 % M.O Cd Cr Cu Ni Pb Zn Figure A-12 : Pourcentages massiques et pourcentages de matière organique et d’éléments traces des trois fractions granulométriques après attrition – sédiment B 5. 269 Annexe A : Etude de traitabilité des sédiments 270 Annexe B B) Unité pilote : Quantités de HAP identifiés dans les sédiments curés et les fractions traitées 271 Annexe B : Unité pilote Sédiments de Cheviré Tableau B-1 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Cheviré. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène 23 43 <20 <20 51 Acénaphtène <20 83 68 <20 192 Fluorène <20 <20 <20 <20 <20 Phénanthrène 388 185 186 <20 691 Anthracène <20 139 <20 <20 <20 Fluoranthène <20 <20 <20 <20 <20 Pyrène 326 37 40 22 <20 Benzo (a) anthracène <20 <20 <20 <20 <20 Chrysène <20 <20 <20 <20 <20 Benzo (b) Fluoranthène <20 <20 <20 <20 <20 Benzo (k) Fluoranthène <20 <20 <20 <20 <20 Benzo (a) pyrène <20 <20 <20 <20 <20 Dibenzo (a,h) anthracène 23 <20 <20 <20 39 Benzo (g,h,i) pérylène 76 27 32 <20 169 Indéno (1,2,3-cd) pyrène 70 <20 <20 <20 50 272 Quantités de HAP identifiés Sédiments de Nancy Tableau B-2 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Nancy. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène 30 N.D 54 26 113 Acénaphtène 36 N.D <20 <20 53 Fluorène 56 N.D <20 <20 54 Phénanthrène 2690 N.D 1433 272 1479 Anthracène <20 N.D <20 52 475 Fluoranthène <20 N.D N.D N.D <20 Pyrène N.D N.D N.D N.D N.D Benzo (a) anthracène <20 N.D N.D N.D 1576 Chrysène <20 N.D N.D N.D 1806 Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 1291 Benzo (k) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 698 Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 <20 1208 Dibenzo (a,h) anthracène <20 N.D 76 31 295 Benzo (g,h,i) pérylène <20 N.D <20 <20 655 Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 N.D <20 <20 973 273 Annexe B : Unité pilote Sédiments de AhAh1 Tableau B-3 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de AhAh1. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène <20 N.D <20 N.D N.D Acénaphtène <20 N.D <20 N.D N.D Fluorène <20 N.D <20 N.D N.D Phénanthrène 683 N.D 477 N.D N.D Anthracène <20 N.D <20 N.D N.D Fluoranthène <20 N.D <20 N.D N.D Pyrène 742 N.D 516 N.D N.D Benzo (a) anthracène <20 N.D <20 N.D N.D Chrysène <20 N.D <20 N.D N.D Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 N.D N.D Benzo (k) Fluoranthène <20 N.D <20 N.D N.D Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 N.D N.D Dibenzo (a,h) anthracène <20 N.D <20 N.D N.D Benzo (g,h,i) pérylène <20 N.D <20 N.D N.D Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 N.D <20 N.D N.D 274 Quantités de HAP identifiés Sédiments de AhAh2 Tableau B-4 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de AhAh2. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène <20 N.D <20 36 34 Acénaphtène <20 N.D <20 <20 <20 Fluorène <20 N.D <20 <20 <20 Phénanthrène 268 N.D 179 168 582 Anthracène <20 N.D 52 45 <20 Fluoranthène <20 N.D <20 <20 80 Pyrène <20 N.D <20 N.D <20 Benzo (a) anthracène <20 N.D <20 N.D <20 Chrysène <20 N.D <20 N.D <20 Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 N.D <20 Benzo (k) Fluoranthène <20 N.D <20 N.D <20 Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 N.D <20 Dibenzo (a,h) anthracène <20 N.D <20 N.D <20 Benzo (g,h,i) pérylène <20 N.D <20 N.D <20 Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 N.D <20 N.D <20 275 Annexe B : Unité pilote Sédiments de Lyon Tableau B-5 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Lyon. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène 25 N.D <20 <20 34 Acénaphtène 95 N.D 45 52 146 Fluorène 25 N.D <20 22 53 Phénanthrène 510 N.D 177 87 276 Anthracène <20 N.D <20 <20 46 Fluoranthène <20 N.D <20 N.D N.D Pyrène 168 N.D 71 N.D 268 Benzo (a) anthracène <20 N.D N.D <20 N.D Chrysène <20 N.D N.D <20 N.D Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (k) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 <20 <20 Dibenzo (a,h) anthracène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (g,h,i) pérylène 93 N.D 27 37 146 Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 N.D <20 <20 66 276 Quantités de HAP identifiés Sédiments de Lille Tableau B-6 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Lille. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène 21 N.D 46 24 61 Acénaphtène <20 N.D 427 <20 <20 Fluorène <20 N.D 128 <20 63 Phénanthrène 727 N.D 808 323 964 Anthracène <20 N.D <20 51 138 Fluoranthène N.D N.D N.D N.D N.D Pyrène N.D N.D N.D N.D N.D Benzo (a) anthracène N.D N.D N.D N.D N.D Chrysène N.D N.D N.D N.D N.D Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (k) Fluoranthène 53 N.D 37 <20 91 Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 <20 <20 Dibenzo (a,h) anthracène 22 N.D <20 <20 51 Benzo (g,h,i) pérylène 335 N.D 346 <20 761 Indéno (1,2,3-cd) pyrène 331 N.D 25 <20 628 277 Annexe B : Unité pilote Sédiments de Bordeaux Tableau B-7 : Quantités d’HAP identifiés (exprimées en µg kg-1) – sédiment de Bordeaux. 2 mm – 60 µm – 2 60 µm – 2 Brut < 60 µm 30 mm mm AV mm AP Naphtalène 31 N.D 26 29 24 Acénaphtène 45 N.D 58 31 <20 Fluorène 155 N.D 111 190 <20 Phénanthrène 232 N.D 189 177 1078 Anthracène <20 N.D 34 <20 <20 Fluoranthène N.D N.D N.D N.D N.D Pyrène N.D N.D N.D N.D N.D Benzo (a) anthracène N.D N.D N.D N.D N.D Chrysène N.D N.D N.D N.D N.D Benzo (b) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (k) Fluoranthène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (a) pyrène <20 N.D <20 <20 <20 Dibenzo (a,h) anthracène <20 N.D <20 <20 <20 Benzo (g,h,i) pérylène <20 N.D <20 <20 <20 Indéno (1,2,3-cd) pyrène <20 N.D <20 <20 <20 278 Annexe C C) Unité pilote : Tests de répétabilité 279 Annexe C : Unité pilote Test 1 : Répétabilité des analyses Tableau C-1: Pourcentages de matière organique et teneurs en éléments traces et phosphore du sédiment brut AhAh 1. Paramètres Tests 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 280 MO Cd Cr Cu Ni Pb Zn P 11,0 11,5 11,2 11,0 11,4 10,6 9,1 8,9 9,2 8,2 7,6 8,0 11,6 10,9 11,4 10,9 10,9 11,1 10,5 9,9 10,1 8,4 8,3 7,8 10,1 9,7 9,7 10,5 10,2 10,6 3,3 3,2 3,3 3,1 3,1 3,2 3,2 3,4 3,3 2,5 2,6 2,6 3,3 3,4 3,3 3,6 3,4 3,4 2,8 2,8 2,7 2,2 2,4 2,4 3,1 2,9 3,1 3,3 3,2 3,3 62,7 63,0 68,1 61,6 64,5 62,7 64,5 62,6 63,4 53,1 50,2 48,6 64,9 66,4 66,8 66,5 64,9 64,6 64,8 59,9 67,0 51,7 55,0 55,6 69,1 64,2 67,2 67,0 69,2 65,8 138,1 137,7 135,3 137,1 137,9 N.D 139,6 129,6 129,8 100,5 98,1 99,7 134,2 139,8 145,6 131,6 131,6 134,3 128,4 122,3 123,2 105,3 104,4 102,6 134,9 134,4 137,4 125,7 124,0 122,4 58,4 60,4 57,4 59,7 57,6 57,6 54,4 55,1 57,2 40,6 41,3 38,4 60,3 62,2 65,1 53,6 55,6 53,5 65,0 55,8 54,3 43,3 47,1 45,7 61,1 58,2 56,2 48,2 52,8 47,8 255,5 256,5 260,7 254,9 260,6 255,3 243,3 261,6 251,7 214,4 208,6 210,7 265,5 269,3 295,2 251,6 257,0 256,6 249,7 254,9 244,0 230,3 229,9 231,2 241,4 240,3 250,5 232,8 237,2 238,7 1151 1135 1138 1169 1190 1172 1017 1012 987 767 774 791 1167 1213 1205 1117 1131 1139 1207 1216 1205 891 894 897 993 997 1013 1132 1112 1090 1639 1648 1648 1625 1613 1582 1484 1495 1453 1125 1130 1116 1545 1579 1577 1512 1512 1516 1469 1518 1508 1224 1240 1247 1410 1433 1435 1364 1357 1365 Test de répétabilité Test 2 : Répétabilité de l’analyse et du prélèvement Tableau C-2 : Pourcentages de matière organique et teneurs en éléments traces et phosphore du sédiment brut AhAh 1. Paramètres Tests 1 2 3 MO Cd Cr Cu Ni Pb Zn P 11,0 11,0 9,1 8,2 11,6 10,9 10,5 8,4 10,1 10,5 11,5 10,6 9,2 8,0 11,4 10,9 10,1 7,8 9,7 10,6 11,2 11,4 8,9 7,6 10,9 11,1 9,9 8,3 9,7 10,2 3,3 3,1 3,2 2,5 3,3 3,6 2,8 2,2 3,1 3,3 3,2 3,1 3,4 2,6 3,4 3,4 2,8 2,4 2,9 3,2 3,3 3,2 3,3 2,6 3,3 3,4 2,7 2,4 3,1 3,3 62,7 61,6 64,5 53,1 64,9 66,5 64,8 51,7 69,1 67,0 63,0 64,5 62,6 50,2 66,4 64,9 59,9 55,0 64,2 69,2 68,1 62,7 63,4 48,6 66,8 64,6 67,0 55,6 67,2 65,8 138,1 137,1 139,6 100,5 134,2 131,6 128,4 105,3 134,9 125,7 137,7 137,9 129,6 98,1 139,8 131,6 122,3 104,4 134,4 124,0 135,3 N.D 129,8 99,7 145,6 134,3 123,2 102,6 137,4 122,4 58,4 59,7 54,4 40,6 60,3 53,6 65,0 43,3 61,1 48,2 60,4 57,6 41,3 62,2 55,1 55,6 55,8 47,1 58,2 52,8 57,4 57,6 57,2 38,4 65,1 53,5 54,3 45,7 56,2 47,8 255,5 254,9 243,3 214,4 265,5 251,6 249,7 230,3 241,4 232,8 256,5 260,6 261,6 208,6 269,3 257,0 254,9 229,9 240,3 237,2 260,7 255,3 251,7 210,7 295,2 256,6 244,0 231,2 250,5 238,7 1151 1169 1017 767 1167 1117 1207 891 993 1132 1135 1190 1012 774 1213 1131 1216 894 997 1112 1138 1172 987 791 1205 1139 1205 897 1013 1090 1639 1625 1484 1125 1545 1512 1469 1224 1410 1364 1648 1613 1495 1130 1579 1512 1518 1240 1433 1357 1648 1582 1453 1116 1577 1516 1508 1247 1435 1365 281 Annexe C : Unité pilote 282 TRAITEMENT ET VALORISATION DES SEDIMENTS DE L’ASSAINISSEMENT PLUVIAL L’objectif de ces recherches est de contribuer à améliorer la gestion des résidus de l’assainissement pluvial : sédiments de bassins et de fossés, balayures de voiries. Les quantités importantes de sédiments pollués, avec des concentrations en hydrocarbures totaux, HAP et éléments traces souvent supérieures aux valeurs de référence pour les sols pollués ainsi que l’évolution de la réglementation, ont fait de cette problématique un enjeu environnemental et économique considérable. Le travail réalisé se compose de deux parties avec d’une part, la mise en œuvre de traitements physique et biologique et d’autre part, la détermination des filières potentielles de valorisation. L’étude de traitabilité réalisée en laboratoire montre que les polluants sont majoritairement présents au niveau des particules fines. Ces particules sont « libres » et facilement séparables par tri granulométrique, ou agglomérées et nécessitent alors une étape supplémentaire d’attrition pour permettre leur désagrégation et leur séparation granulométrique. Le protocole mis au point a permis, après optimisation des différents paramètres opératoires, de concentrer les polluants au sein des particules fines (< 80 µm) et de dépolluer jusqu’à 75 % de l’échantillon brut. Ces résultats ont débouché sur la conception d’une unité pilote, nommée ATTRISED, conçue selon le principe établi en laboratoire tout en respectant les contraintes techniques et économiques actuelles. Les séparations granulométriques (par tamis statique et vibrants et par hydrocyclones), couplées à l’étape d’attrition permettent d’atteindre des rendements de dépollution de 75 % pour les balayures de voiries et de 70 % pour les résidus de bassin. En parallèle, la mise en place d’un traitement biologique (landfarming) a montré des pourcentages d’élimination des hydrocarbures totaux compris entre 50 et 80 %. Les résidus traités ont également été caractérisés d’un point de vue géotechnique afin de définir les filières potentielles de valorisation en construction routière (remblais, couches de forme…). L’ensemble de ces résultats a conduit à l’estimation économique d’une unité mobile de traitement et pourra servir à l’élaboration d’un guide pour les gestionnaires de bassins et voiries de manière à leur apporter des méthodes et solutions efficaces pour le traitement et la valorisation des produits de l’assainissement pluvial. Mots clés : Attrition, balayures de voiries, éléments traces métalliques, HAP, hydrocarbures, landfarming, sédiments, traitement, unité pilote, valorisation. TREATMENT AND RE-USE OF STORM-WATER SEDIMENTS The objective of this research is to contribute to improve the management of storm-water sediments, i.e. sediments from ponds and ditches, and street sweeping sediments. This is a major environmental and economical stake, due to the large quantities of polluted sediments (hydrocarbons, PAH and trace elements concentrations are often above the standards for polluted soils) and to changes in laws. This work comprises 2 parts : the implementation of physical and biological treatments on the one hand, and the determination of the possibilities of re-use on the other hand. The treatability study carried out in the laboratory shows that the pollutants are mainly in the fine particles. These fines are either “free” and can be easily separated by sieving, or binded requiring, therefore, an attrition step to allow their desagregation and their separation. The protocol was optimized, allowing to concentrate the pollutants in the fine particles (< 80 µm) and to clean up 75 % of the bulk sediment. These results enabled us to develop the ATTRISED pilot plant based on the same principles as those used in the laboratory study, while taking into account actual technical and economical criteria. Particle size separations (static and vibratory screens) coupled to the attrition step allow depollution rates of 75 % and 70 % for street sweeping and pond sediments, respectively. A biological treatment (landfarming) was also carried out on these sediments showing a 50 to 80 %-decrease in total hydrocarbons. In order to identify the possibilities of reuse of the treated sediments in road construction (embankments…), geotechnical tests were also carried out. These results lead us to the economic assessment of a mobile treatment unit. The results will also be useful for the preparation of a guide providing pond managers with efficient solutions for the treatment and re-use of storm-water sediments. Key words : Attrition, street sweeping sediments, trace elements, PAHs, hydrocarbons, landfarming, sediments, treatment, pilot unit, re-use.