À l`assaut de la pointe électrique
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À l`assaut de la pointe électrique
Sigeif la lettre d ’ information du syndicat intercommunal pour le gaz et l ’ électricité en île - de - france H O R S S É RIE - n o v e m b r e 2 0 1 0 Le système énergétique français à la recherche de nouveaux équilibres Journée d’information des élus d’Île-de-France Lundi 15 novembre 2010 m a rc h é d e l ’ én e r g i e Une nouvelle donne énergétique Pour des acteurs qui ont connu le “temps du monopole”, l’ouverture et la mondialisation des marchés de l’énergie, la multiplication des acteurs, l’accélération de l’évolution des techniques peuvent parfois donner le tournis ! Regards sur un monde mobile. S o m m a i r e Il y a seulement dix ans, nous vivions dans un autre monde énergétique. L’ouverture des marchés, en Europe, était encore balbutiante. EDF et GDF étaient des monopoles pu blics intégrés. La demande des pays émergents ne fai Jean-Jacques Guillet Président du Sigeif sait qu’émerger ! Si les ins Député des Hauts-de-Seine truments du protocole de Maire de Chaville Kyoto se mettaient en pla ce, l’interrogation sur la réalité du change ment climatique demeurait. Il faut désormais s’habituer à un paysage mobile, ménageant des surprises périodi ques, heureuses ou malheureuses. L’illustration la plus éloquente en est certai nement l’apparition des gaz non conven tionnels. On en connaissait l’existence, mais aussi les difficultés d’extraction. Aujourd’hui, ils changent la donne : augmentation notable de l’offre, baisse des prix spot, mais aussi es pérance d’une moindre dépendance des pays clients à l’égard des fournisseurs. Pages 2-3 Planète > Catastrophes de l’année, le réchauffement sur la sellette > Sommet de Cancun, le pronostic est réservé Pages 4-5 Consommation - Maîtrise de l’énergie > Plus on est riche, plus on émet de CO2 > À l’assaut de la pointe électrique Les nouveaux instruments d’un mix énergétique diversifié Cette nouvelle donne permet au marché ga zier de se constituer, conjointement avec le développement du GNL, et de se distinguer du marché pétrolier. Elle favorise un mix énergétique plus diversifié, dans lequel les énergies renouvelables prennent désormais leur place. De son côté, le nucléaire retrouve de belles couleurs et un attrait qui se mani feste dans le monde entier, y compris dans les pays producteurs. Dans une Europe inquiète de sa sécurité énergétique, la nouvelle donne peut sembler rassurante. En vérité, la mobilité du paysage, la persistance des incertitudes, en particulier sur la pertinence des politiques publiques, alimentent une sourde angoisse chez nos concitoyens. Les polémiques qui se succèdent sur la fac turation, les prix, la pointe électrique, les réseaux, etc. contribuent à l’entretenir. D’ailleurs, qui fait quoi ? La multiplicité des acteurs, quand on a connu le monopole, est quelque peu déboussolante. Pages 6-7 Marché de l’énergie > L’incroyable aventure du gaz non conventionnel Pages 8-9 Énergies renouvelables > La France dans la bataille de l’éolien > Photovoltaïque : douche froide après la surchauffe Pages 10-11 Nucléaire - Voitures électriques > L’atome regagne du terrain > La “voiture de demain” n’est pas pour aujourd’hui Page 12 Urbanisme Éco-quartier, le laboratoire de la ville en vert Les élus, surtout au plan local, ont vocation à la fois à expliquer et à intégrer la nouvelle donne dans leurs propres politiques. Marchés mondiaux et politiques locales de l’énergie L’existence de marchés mondiaux de l’éner gie ne dispense pas ainsi de la recherche de solutions purement locales, qui ont évidem ment l’avantage de ne pas poser de problème de transport. Car l’une des principales questions qui se posent aujourd’hui est bien celle des réseaux, qu’illustre la problématique de la pointe électrique. Au fond, le discours le plus facile ment reçu par nos concitoyens est celui de l’efficacité énergétique et du “cinquième combustible”. Il est clair, simple, compré hensible. Il est, de surcroît, l’expression d’une vraie convergence entre tous les acteurs, et doit, lui aussi, être porté par les élus. C’est bien l’objet de cette journée d’infor mation de mettre en lumière ces conver gences, au-delà du foisonnement énergé tique actuel. Pages 13-14-15 Activités du Syndicat > Le Sigeif, premier syndicat intercommunal d’énergie > Priorité au cinquième combustible > Au jeu de la concurrence, le gaz est 45 % moins cher Page 16 : en bref > Énergie : les Français dépensent 2300 euros par an > La ville décarbonée sort des sables > L’aviation civile veut voler vert > Éteignons pour sauver les oiseaux > Les difficultés de la concurrence > Suivez le “coach carbone” > Courrier au médiateur de l’énergie Sigeif p l a n è t e R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Climat Un plan climatique français est en préparation Catastrophes de l’année, le réchauffement sur la sellette Alors que l’année n’est pas encore terminée, 2010 entre déjà dans l’histoire de la météorologie : sécheresses, inondations, records de chaleur renvoient aux sombres perspectives sur les effets futurs du changement climatique. Les climatologues dans leur ensemble refu sent de lier entre elles aussi directement les catastrophes qui ont frappé la Russie, le Pa kistan, la Chine ou l’Europe de l’Est, ar guant du “manque de recul”. Mais tous les jugent “cohérentes” avec les conclusions du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Records battus chaque année “Qu’il s’agisse de fréquence ou d’intensité, on bat pratiquement chaque année des records, et même plusieurs, parfois, en une semaine : en Russie, le record absolu observé à Moscou, jamais vu depuis le début des enregistrements météo il y a cent trente ans (38,2 °C fin juillet) a été battu dès le début août. Au Pakistan, les inon “Le soupçon est bien là…” dations n’ont jamais connu une telle ampleur”, “Ce sont des événements qui sont appelés à se relève Omar Baddour, chargé du suivi du reproduire et à s’intensifier dans un climat per climat à l’Organisation météorologique turbé par la pollution des gaz à effet de serre”, mondiale (OMM). explique Jean-Pascal Van Ypersele, vice- “On se trouve bien, dans les deux cas, dans une président du GIEC. “On ne peut pas jurer que situation sans précédent, assure-t-il, en nuan rien de tout cela ne se serait passé il y a deux çant : la succession d’extrêmes et l’accélération cents ans, mais le soupçon est bien là ; même s’il des records sont conformes aux projections du GIEC. Mais il faudra observer ces extrêmes sur plusieurs années pour en tirer des conclusions en Été 2010 : la Russie en feu. termes de climat.” D’autant que les inondations au Pakistan pourraient être imputables au phénomène La Niña, qui – à l’inverse d’El Niño, auquel il succède généralement – est provoqué par un refroidissement de la température en surface de l’océan Pacifique central. D’ail leurs, pour le climatologue anglais Andrew Watson, la chaleur inhabituelle de 2010 est liée au Niño de l’année passée : “Nous savons que, après lui, suit une année particulièrement chaude, et c’est certainement ce qui s’est passé cette année.” Présomption de culpabilité ne s’agit que d’un soupçon. Les événements ex trêmes sont une des manières dont les change ments climatiques deviennent dramatiquement perceptibles.” Selon l’Agence américaine de l’océan et de l’atmosphère (NOAA), la planète n’a jamais eu aussi chaud. Or, selon le GIEC, dans un climat qui se réchauffe, les périodes de sé cheresse et de vagues de chaleur devien dront plus intenses et plus longues. 2 Rattaché à l’université britannique d’East Anglia, le professeur Watson se montre pru dent : “Je suis pratiquement sûr que l’augmen tation de la fréquence de ce type d’étés depuis les vingt ou trente dernières années est liée au chan gement climatique. Mais vous ne pouvez pas vous appuyer sur un seul événement ou sur un seul été.” Plus que le climat ou l’environnement, “c’est l’intervention de l’homme qui crée la ca tastrophe”, estime le Vénézuélien Salvano Briceno, qui dirige à Genève la stratégie in ternationale de réduction des catastrophes de l’ONU : “Si le développement des bidonvil les est encore inévitable dans bien des pays, les gouvernements peuvent guider les déshérités vers des zones moins exposées.” La France doit d’urgence se donner les moyens de mesurer et de comprendre l’impact du réchauffement. C’est la conclusion de l’ébauche du plan natio nal d’adaptation au changement clima tique lancé par le Gouvernement. Ce rapport de cent cinquante pages contient les recommandations des ac teurs de tous horizons engagés dans la concertation nationale qui s’achève ac tuellement, sur le modèle du Grenelle de l’environnement. “Seules l’amélioration des connaissan ces et leur diffusion permettront de faire de cette question une priorité nationale, en ces temps de crise économique”, ar gumente l’ancien député et sénateur réunionnais Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et coordina teur du rapport. “La hausse des températures ne sera pas partout une catastrophe ; ce sera même pour certains une opportunité, seulement on n’a pas une idée très pré cise des variations régionales du climat, et il reste une grande incertitude concer nant l’augmentation du niveau de la mer”, explique Jean Jouzel, glaciologue, mem bre du GIEC, un des présidents de la concertation. Inventer une autre façon de vivre L’impact promet toutefois d’être considé rable, insiste le scientifique : “Le ré chauffement est inéluctable ; or, deux ou trois degrés de plus, c’est vraiment un climat très différent de ce que nous connaissons. Des cultures agricoles vont devoir se déplacer de plusieurs cen taines de kilomètres, il faudra inventer une autre façon de vivre en ville, repen ser la production d’énergie, abandon ner certaines zones littorales...” Que ce soit en matière de santé, de res sources en eau, de biodiversité, de ris ques naturels, le réchauffement va ag graver tous les problèmes et entraîner des effets domino, préviennent les rap porteurs, dont les deux cent deux recom mandations fournissent un inventaire fouillé des pistes à explorer. “Nous som mes au tout début d’un travail d’inven taire et d’expertise, nous apportons plus de questions que de réponses”, estime Paul Vergès. Le plan du Gouvernement est attendu pour 2011, sans qu’on sache encore, à ce stade, s’il prendra la forme d’un grand texte de loi, sorte de Grenelle 3. Sigeif p l a n è t e > Négociation Sommet de Cancun, le pronostic est réservé Après l’échec du sommet de Copenhague, en décembre dernier, arrivera-t-on à un accord sur le climat au sommet de Cancun (Mexique), du 29 novembre au 10 décembre prochains ? Rien n’est moins sûr. Décryptage. Le temps presse. Dernière répétition avant la grand-messe onusienne de Cancun, le “pré-sommet” qui s’est tenu début octobre à Tianjin (Chine) a rappelé aux délégués de cent soixante dix-sept pays tout le chemin > Ils ont dit “ Les gravissimes inondations au Pakistan et la canicule en Russie nous ont crié qu’un avenir de désastres climatiques n’est pas l’avenir que nous souhaitons. „ Christiana Figueres, (Costa Rica) secrétaire exécutive à la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). qu’il leur reste à parcourir vers un accord général sur le changement climatique, alors que le protocole de Kyoto arrive en fin de course (lire ci-contre). Les modestes progrès obtenus dans les dis cussions de Tianjin ont été éclipsés par le bras de fer continu entre la Chine et les États-Unis, assombrissant les perspectives d’un accord général à Cancun. À l’heure actuelle, à deux semaines de l’ouverture du sommet mexicain, nul n’entrevoit com ment pourrait s’estomper cet antagonisme qui avait fait capoter Copenhague. Responsables de la moitié des émissions de Chine : enfournement de la houille à la cuiller. gaz à effet de serre (GES) de la planète, les deux champions mondiaux de la pollution n’ont eu de cesse de se rejeter la balle, cha que partie accusant l’autre de dérobade. “Un cochon devant son miroir” En résumé, les États-Unis ont appelé la Chine à accepter un contrôle accru des émissions de sa pollution, ce que refuse Pékin. La Chine, obsédée par tout ce qui pourrait constituer de près ou de très loin un frein à son essor industriel, assure exer cer son propre contrôle, répondant aux États-Unis“qu’il n’est pas juste de critiquer les autres quand on ne fait rien” (allusion à l’échec de Barack Obama à faire voter par le Congrès sa loi sur le climat). En toute ama bilité, Su Wei, le principal négociateur chinois, en est venu à comparer les ÉtatsUnis à un “cochon qui se regarde dans le miroir”. En marge de ces “chinoiseries”, devenues à la longue monotones, quelques avancées ont été accomplies. Il s’agit de dossiers, dont le principe avait été acté à Copenha gue et qui pourraient devenir opération nels, comme le “Fonds vert”, un mécanis me pour le transfert de technologies ou pour aider les pays les plus vulnérables à “s’adapter” aux impacts du changement climatique, ainsi que la lutte contre la défo restation. Lots de consolation pour sauver la face Autant de lots de consolation qui pour raient permettre aux nations de sauver la face, sous le soleil de Cancun, et éviteraient après Copenhague de porter un nouveau coup à la crédibilité du processus onusien. L’année dernière, à Copenhague, le sommet s’était conclu par un accord négocié à la hâte, fixant l’objectif de limiter la hausse de la température de la planète à 2 °C, mais restant évasif sur les moyens d’y parvenir. Cette hausse de 2 °C est considérée comme le seuil au-delà duquel se produiront inévi tablement de graves désordres climatiques, sécheresses extrêmes, inondations ou hausse du niveau des mers. L’avenir incertain du protocole de Kyoto Que faire du protocole de Kyoto, qui engage les pays riches à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % d’ici à 2012, par rapport à 1990 ? La première période d’engagement de ce traité, signé en 1997, arrive à échéance fin 2012. Or, l’enlisement actuel de la négocia tion sur le climat permet difficilement d’imaginer qu’un autre traité ou un renouvellement de Kyoto sera prêt au 1er janvier 2013. Il faut donc prévoir une parade pour combler ce possible vide juridique. Celui-ci aurait une conséquence néfaste sur le principal dispositif institué par le protocole : le “mécanisme de déve loppement propre” (MDP), qui permet à des entreprises des pays riches de finan cer des projets limitant les émissions de gaz à effet de serre dans les pays en développement, en échange de crédits carbone qu’elles peuvent ensuite soit uti liser pour atteindre leurs propres objec tifs de réduction d’émissions, soit valori ser sur les marchés du carbone. Les signataires du protocole – que les États-Unis n’ont jamais signé –, repré sentant environ 20 % des émissions mon diales, sont pour l’essentiel l’Europe, le Japon et la Russie. Faits et chiffres L’Inde pointe désormais à la troisième place dans le peloton des plus gros émetteurs mon diaux de gaz à effet de serre : 5 % des GES, derrière les ÉtatsUnis (22 %) et la Chine (23%). 3 Sigeif c o ns o mm a t i o n R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Rapport Insee Pourquoi la chasse au CO2 fait du sur-place Plus on est riche, plus on émet de CO2 L’Institut français de la statistique a souhaité donner suite au rapport Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social, remis en septembre 2009 au président Sarkozy, en chiffrant l’empreinte carbone du circuit économique hexagonal. Édifiant. C’est un résultat plutôt positif : la France, qui représente 1 % de la population mon diale et 3 % de la richesse mondiale, ne gé nère que 1,3 % des émissions de CO2 de l’ensemble de la planète. En comparaison, la Chine et les États-Unis sont à l’origine de près de 45 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, tandis que l’Allemagne et la Grande-Bretagne y contribuent res pectivement à hauteur de 2,6 et 1,7 %. La particularité française tient au fait que l’énergie électrique produite provient à 90 % de technologies non émettrices de CO2 (nucléaire et hydroélectrique). Chauffage et déplacements les plus énergivores Chez les ménages français, 34 % des émis sions de CO2 sont liés au logement et 31 % aux transports, alors que ces deux postes re présentent respectivement 25 % et 14 % de leur budget. “Ce résultat n’a rien de surpre nant puisque les ménages consacrent l’essentiel de l’énergie qu’ils achètent directement à se chauffer et à se déplacer”, note l’Insee (1). À l’inverse, les dépenses de loisirs et culture ajoutées à celles en hôtels, cafés et restau rants n’induisent que 9 % des émissions alors qu’elles représentent 15 % du budget total de consommation. Mais, pour refléter plus exactement la res ponsabilité directe du consommateur, il faut ajouter une estimation des émissions Une tonne de dioxyde de carbone (CO2) équivaut à : >1 an de chauffage au gaz pour un trois-pièces à Paris >1 aller-retour Paris-New York en avion > La fabrication de 1,8 t de papier >1 4 000 km d’une voiture de petite cylindrée en ville >8 500 km d’une voiture 4×4 en ville >2 0 allers-retours Paris-Londres en avion Source : www.greenit.fr 4 Pas d’éclaircie sur le front du CO2. Selon une étude du Commissariat géné ral au développement durable, qui dé pend du ministère de l’Écologie, les émissions françaises de dioxyde de car bone sont restées stables depuis 1990, malgré les avancées techniques et la “chasse au gaspi”. Entre 1990 et 2007 (date des dernières données disponibles), le total des émis sions de CO2, liées au réchauffement climatique, est ainsi passé de 438 mil lions de tonnes à 439 millions. Un piéti nement qui n’indique rien de bon. Les émissions de CO2 en tonnes par personne en 2005 Cadres 8,1 Indépendants 7,3 Professions intermédiaires Agriculteurs 5,8 Employés 5,7 Ouvriers Encore un effort !... 6,9 5 Source : Insee. de CO2 correspondant à ce qu’il a acheté (nourriture, vêtements, biens de consom mation) et qui a été fabriqué non seule ment en France, mais aussi à l’étranger. 9 tonnes par an et par personne en France Des évaluations certes théoriques, mais pas moins spectaculaires : les quantités de CO2 induites à l’étranger pour la fabrication des produits que nous importons sont de 339 millions de tonnes, un montant supérieur de 20 % aux émissions induites par l’activité productive dans l’Hexagone (280 millions de tonnes). Et celles liées à nos exportations se montent à 205 millions de tonnes (95 millions sur notre territoire et 110 millions émises à l’étranger, du fait du contenu en importations de ces exportations). Au total, si chaque Français émet directe ment 6,4 t de CO2 sur le territoire, du fait de l’activité économique, notre demande Côté chauffage domestique, les Français font un peu mieux, puisque les émissions ont baissé de 5 %. Mais, là encore, la recherche du confort et la croissance de la population annulent, en partie, les ef forts des ménages qui ont pu acquérir des chaudières économiques. Quant aux activités de production – res ponsables de 70 % des émissions – elles ont réduit de 10 % leurs émissions. Bonne nouvelle, mais pas vraiment : elles ont augmenté de 25 % dans les ser vices, du fait des transports, notamment. Bilan : une stagnation globale dans les entreprises et les administrations. Des résultats qui menacent les objectifs que la France s’était fixés en ratifiant le protocole de Kyoto : réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, par rapport à 1990. Une raison de plus pour ne pas baisser les bras. finale représente en réalité l’émission de 9 t par an et par habitant (60 % dans l’Hexa gone et 40 % à l’étranger). Les célibataires gaspillent davantage Par ailleurs, les chiffres de l’Insee indiquent que les ménages aisés émettent pas loin de trois fois plus que les plus modestes. “Les 20 % des ménages les plus aisés induisent, via leurs achats, 29 % des émissions de CO2, alors que les plus modestes n’en induisent que 11 %”, affirme l’étude. Les émissions varient également selon la taille des familles, compte tenu des écono mies d’échelle au sein d’un ménage : an nuellement, un couple avec trois enfants ou plus se contente de 4,1 t par personne, alors qu’une personne célibataire “dévore” 8,6 t de CO2 à elle toute seule. (1) Rapport 2010 de l’Insee sur l’économie fran çaise. Les statistiques portent sur l’année 2005. m a î t r i s e d e Sigeif l ’ én e r g i e > Pics de consommation À l’assaut de la pointe électrique Orienter les clients vers les heures creuses Qu’est-ce qui survient, la plupart du temps vers 19 heures, en période de grand froid, déstabilise notre système électrique, coûte cher à notre balance commerciale et multiplie nos émissions de gaz à effet de serre ? Il s’agit évidemment des pics de consom mation d’électricité également dénommés “pointe électrique”. Depuis une dizaine d’années, la France bat des records en la matière. Le dernier en date remonte au mercredi 7 janvier 2009, à 19 heures : 92 500 MW, alors que la demande se situe en moyenne entre 50 000 et 70 000 MW. Le chauffage électrique, premier coupable La pointe de consommation se produit le plus souvent au cœur de l’hiver. Accusé numéro un : le chauffage électrique, princi pal ou d’appoint, une spécificité bien fran çaise. Généralement observée autour de 19 heures, la pointe résulte de l’allumage quasi simultané des installations électriques domestiques : éclairage, télévision, cuisi nière, ordinateur... Les capacités de production et le réseau sont alors soumis à rude épreuve ; les cen trales nucléaires et les barrages hydroélec triques ne suffisent plus. EDF doit mettre en route ses centrales thermiques, fortes émettrices de CO2. La France doit égale ment, et au prix fort, acheter de l’électricité à l’étranger (en Allemagne principalement). Alors, comment mieux gérer la pointe ? À cette question répond un rapport parle mentaire cosigné par le député Serge Poi gnant et le sénateur Bruno Sido. “Près de 90 % de l’électricité produite en France sont décarbonés grâce au nucléaire et à l’hydrau lique”, rappellent les rapporteurs. Mais, comme la pointe est appelée à croître, les émissions de CO2 et les importations sui vent le mouvement. De ce fait, depuis 1990, la part des énergies fossiles dans la produc tion d’électricité française a augmenté de près de 25 %. Il faut savoir qu’en période hivernale, le système électrique a besoin de 2100 MW supplémentaires par baisse d’un degré. Trois leviers essentiels et distincts de traite ment de la pointe doivent permettre d’atta quer efficacement le problème, indique le rapport : la réduction globale du niveau de consommation, le lissage de la courbe de charge par le pilotage de la demande, le dé veloppement de capacités permettant de répondre à la pointe résiduelle. Consommation française d’électricité, depuis 1960 (en TWh) 1960 45,9 millions d’habitants. Consommation moyenne par habitant et par an : 434,6 1425 kWh 362,9 449,5 444,9 445,7 458,6 382,4 322,9 276,8 230 + 701 % 2008 166,7 129,8 62,1 millions d’habitants Consommation moyenne par habitant et par an : 94 7381 kWh 65,4 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 1997 2003 2005 En cinquante ans, la consommation moyenne annuelle par habitant a progressé de 518 %. Pour l’Île-de-France, qui représente 18,5 % de la population nationale et 25 % de la consommation, la progression est de 529 %. 2006 2007 2008 Source : SOeS (Meeddat). Parmi leurs vingt-deux propositions, les deux parlementaires suggèrent notamment de lancer “un programme d’aide à la réno vation de l’éclairage public” et de favoriser le développement de dispositifs permettant d’éteindre à distance les chauffages élec triques et les climatiseurs. Par ailleurs, ils prônent entre autres “d’orien ter les clients vers les offres heures pleines/ heures creuses, qui doivent leur permettre d’améliorer leur mode de consommation”. Une de leurs propositions est déjà l’objet d’un article du projet de loi Nome (Nou velle organisation du marché de l’électrici té), en cours d’examen devant le Parlement. Elle consiste à inciter les fournisseurs d’électricité à investir dans des moyens de production ou d’effacement de la demande (lire ci-contre). Efficacité de l’effacement diffus Outre la mise en place d’une tarification incitative visant à favoriser la consom mation hors période de pointe, le dispo sitif dit d’effacement fait déjà ses preu ves. Mode d’emploi. Le gestionnaire de réseau (RTE)demande à des industriels de “s’effacer” lors des périodes de pointe. Un contrat d’efface ment de jour de pointe a été mis en place en 1994 avec des entreprises de la sidérurgie, de l’automobile, de la chimie... Celles-ci bénéficient d’un tarif très réduit auprès d’EDF, à condition de s’effacer vingt-deux jours par an, entre novembre et mars, en période de pointe. Compteurs intelligents : prolongation du test Le déploiement annoncé des compteurs intelligents devrait faciliter l’effacement diffus. ERDF prévoyait de tester Linky, un compteur communicant, à Lyon (deux cent mille clients équipés) et en Indre-etLoire (cent mille) jusqu’à la fin 2010, avant la mise en place de trente-trois mil lions de ces compteurs en 2016. Mais la FNCCR s’est alarmée de ce calen drier, jugeant “prématuré de généraliser le dispositif“. De même, la CRE avait préconisé une prolongation de l’expéri mentation pour “l’évaluation du système en période de froid”. En conséquence, la phase de test de ces compteurs élec triques sera finalement prolongée, au moins jusqu’au 31 mars 2011. 5 m a rc h é d e Sigeif l ’ én e r g i e R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Révolution L’incroyable aventure du gaz non conventionnel cient les achats et les livraisons à court terme), et compte tenu de la surproduction, les cours sont passés de 13 dollars le million de BTU (British Thermal Unit, unité de référence) en 2008 à 4 dollars aujourd’hui. Plus aucune installation de liquéfaction existante des pays producteurs ne tourne à plein régime, des projets de nouvelles in frastructures sont tombés en rade. C’est l’événement majeur du moment dans le monde de l’énergie : le gaz non conventionnel (plus précisément, le gaz de schiste), dont les immenses réserves sont exploitées aux États-Unis depuis quatre ans, révolutionne les équilibres énergétiques de la planète. Récit. Des petits trous, encore des petits trous... Air connu. Des petits trous pas chers, de surcroît. En l’occurrence, il s’agit là des fo rages gaziers que les derniers chercheurs d’or bleu en date ont entrepris sur le terri toire américain, en 2006. Plus de cinquante mille puits creusés selon de nouvelles technologies. Bonne pioche. Les prospec teurs les plus optimistes pouvaient-ils envi sager que, trois ans plus tard, les États-Unis, grâce au gaz de schiste – shale gas en anglais –, auraient produit davantage de gaz, toutes origines confondues, que la Russie ? Effet domino sur le gaz russe, le GNL et le nucléaire Pouvaient-ils imaginer qu’en un temps re cord leurs exploits remettraient en question les données mondiales de l’énergie ? > Ils ont dit “ Première conséquence significative de l’es sor exponentiel de ce gaz venu d’ailleurs : la grimace de Gazprom. Le géant russe pré voyait il y a encore cinq ans de fournir 20 % du marché nord-américain en gaz naturel liquéfié (GNL) jusqu’en 2020. En rendant les Américains quasi autosuffisants en gaz naturel, la percée fulgurante du gaz non conventionnel (GNC) anéantit ces espoirs. Le raz de marée aussi soudain qu’inattendu du gaz de schiste frappe également de plein fouet le marché du gaz naturel liquéfié (GNL), objet d’énormes investissements ces dernières années. Devant la large part de marché qui se ferme, les grands pays exportateurs vers les ÉtatsUnis, comme le Qatar ou l’Australie, dé routent leurs méthaniers vers l’Europe, contribuant à la dégringolade des prix sur le marché spot. Sur ce marché (où se négo Il faut se garder des illusions faciles. Même si les progrès technologiques font potentiellement baisser les coûts, il faut bien garder à l’esprit que les prix de l’énergie sont tendanciellement à la hausse et que les gaz non conventionnels n’échapperont pas à cette tendance. „ Pierre Gadonneix, président d’honneur d’EDF, président du Conseil mondial de l’énergie (CME) Le chamboulement des flux du gaz com promet également l’avenir des gazoducs, le projet Nabucco en particulier, soutenu par l’Union européenne, 3300 km entre l’Asie Les différents types de gisements gaziers Gaz de charbon (grisou) Se trouve en quantité dans les mines de charbon déjà exploitées. Forage à plus de 2500 m On injecte à haute pression un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques pour fracturer la roche et récupérer le gaz de schiste. Na pp hr ep Gaz conventionnel Se trouve dans des poches importantes. éat iqu e Pétrole Grès Gaz conventionnel associé Il est séparé du pétrole lors de l’extraction. Schiste Gaz de schiste Le schiste, une roche qui présente un aspect feuilleté, contient parfois du méthane dans ses fissures. Gaz de réservoir ultracompact (tight gas) Difficile à exploiter, car le gaz est emprisonné dans des roches où la pression est très forte. En rouge : Gaz non conventionnel. Source : U.S. Energy Information Administration. 6 m a rc h é d e Sigeif l ’ én e r g i e > Révolution centrale et la Turquie sans passer par la Rus sie. Même le nucléaire subit l’effet domino. Alors que le gaz américain devient telle ment bon marché (et deux fois moins émetteur de CO2 que le charbon) pour ali menter des centrales électriques, l’adminis tration Obama s’interroge sur la pertinence des quatre réacteurs EPR qu’envisageait de construire EDF avec son partenaire améri cain Constellation Energy (lire page 10). derricks qui poussent comme des champi gnons, de l’Ohio à la Pennsylvanie, en pas sant par le Kentucky, la Virginie, le Colora do et, bien sûr, le Texas... L’année dernière, seulement, revenant de leurs quatre années de myopie et flairant comme une odeur d’eldorado, les grandes compagnies volent au secours de la victoire, investissant à tout va dans le GNC. Shell, la dernière en date, met sur la table, fin mai 2010, 4,7 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros), payables entièrement en numérai re, pour racheter les gisements d’une plus modeste compagnie qui a fait fortune en Pennsylvanie. Six mois plus tôt, ExxonMo bil avait frappé très fort en s’offrant le pro ducteur indépendant texan XTO pour la somme fabuleuse de 41 milliards de dollars, tandis que Total, plus modestement, injec tait 2,25 milliards dans un partenariat avec l’Américain Chesapeake. Au moins un siècle de réserves américaines “L’avenir de l’humanité !” des seconds couteaux du secteur : compa gnies pétrolières locales, mais aussi des cen taines d’acteurs indépendants, fermiers du Midwest d’autant mieux stimulés que, selon le régime minier américain, le propriétaire du sol l’est également du sous-sol et de ses richesses éventuelles. Des majors qui volent au secours de la victoire Tandis que les pionniers entament leurs trous, les majors (Shell, BP, Exxon Mobil…) ont la tête ailleurs, obnubilés par leurs in vestissements dans la course à l’off shore et aux projets planétaires de GNL. Si bien que les colosses ne prêtent aucune attention aux Total explore à Montélimar Une “révolution” des GNC est-elle possible ailleurs qu’aux États-Unis ? Oui, mais... Il est notoire que les potentialités du gaz de schiste sont importantes dans quelques bassins sédimentaires du monde (Europe, Canada, Australie, Chine, Inde, Indonésie, Kazakhstan...). En Europe, il reste à démontrer que leur extraction, qui exige de très grandes quantités d’eau additionnée de produits chimiques, se réalise de façon économique et durable, en accord avec des populations beaucoup plus denses qu’aux États-Unis. En France, dans le Sud-Est, la société Total a obtenu en mars dernier un permis d’exploration dans la région de Montélimar (4327 km2 entre Montpellier et Valence). Les premières études sont en cours, mais le directeur général du septième pétrolier mondial, Christophe de Margerie, “Il n’est pas exagéré de dire qu’une révolution dans l’offre en gaz naturel est en cours” décla rait en septembre dernier le Pdg de Shell devant le Congrès mondial de l’énergie à Montréal, assurant que, “au rythme actuel de production des gisements, le monde a des réserves suffisantes pour les deux cent cinquante prochai nes années”. Et Peter Voser d’ajouter : “Le gaz de schiste est l’avenir de l’humanité !” Le big boss du géant anglo-néerlandais, qui ne passe pas pour un exalté, prédit que, dans quelques décennies, avec l’extinction du pétrole, le gaz fera rouler les voitures et vo ler les avions. Nous n’en sommes pas là... Mais, au train où vont les forages, il va nous falloir certainement recomposer le bouquet énergétique de notre futur. Les trois types de gaz non conventionnel présents en France ne se hasarde pas à des pronostics trop ambitieux : “Montélimar a plus de chances de rester célèbre pour son nougat que pour ses hydrocarbures.” Trois types de gaz non conventionnel Le gaz non conventionnel est ainsi nommé parce qu’il ne provient pas de rochesréservoirs classiques. Les trois principaux types de GNC sont le gaz de schiste (shale gas), environ 49 % des réserves totales connues à ce jour dans le monde, le gaz de charbon (grisou), le gaz de réservoirs sableux compacts (tight gas), qui totalisent respectivement 28 % et 23 % des réserves. Source : Bloomberg À en croire les experts du secteur, grâce au gaz de schiste tombé du ciel, si l’on peut dire, les États-Unis disposent désormais d’un siècle de réserves, voire deux. Même si d’autres surprises ne surviennent pas d’ici là, le GNC pourrait, en 2020, représenter 64 % de leur production de gaz naturel (contre 42 % en 2007 et 1 % en 2000). À vrai dire, ce gaz, de même composition que celui de nos gazinières (méthane), est connu de longue date. Emprisonné depuis des millions d’années dans des zones sédi mentaires, il s’incruste dans une multitude de microcavités comparables aux alvéoles d’une éponge. Il exige des méthodes d’ex traction spécifiques, celles-ci ayant été jusqu’alors jugées trop coûteuses pour être rentables. Mais la hausse du prix du gaz (tant que ce lui-ci était complètement aligné sur le pé trole) et les progrès tout récents made in USA en matière de forage horizontal et de fracturation hydraulique des roches, fracking en anglais, ont changé la donne. Dans un premier temps, ces innovations – c’est sans doute l’aspect le plus extraordi naire de l’aventure – sont mises à profit par Gaz de schiste Gaz des mines de charbon Gaz de réservoir compact 7 E N E R GIE S Sigeif R E N O U V ELA B LE S R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Grand projet La France se lance dans la bataille de l’éolien en mer Déterminé à rattraper le retard de la France dans le domaine de l’éolien marin, le Gouvernement lance un appel d’offres massif visant à construire six cents éoliennes d’ici à 2020 au large des côtes françaises. Compte rendu. Si les projets du Gouvernement voient le jour à partir de 2015, six cents éoliennes d’une capacité de 3000 MW, l’équivalent d’un puissant réacteur nucléaire EPR nou velle génération, seront alors “plantées” dans la mer. L’objectif est, à l’horizon 2020, d’installer 6000 MW, pour un investisse ment de 15 à 20 milliards d’euros. En atten dant, le Gouvernement devait confirmer fin octobre le lancement des appels d’offres annoncés en mai. Ils portent sur un investis sement de 10 milliards d’euros (3,5 millions d’euros par MW) pour la construction de parcs d’éoliennes dans la Manche, l’Atlan tique et aussi la Méditerranée. Devenir un leader des énergies marines L’enjeu pour la France est double : respecter les engagements du Grenelle de l’Environ nement et du paquet “énergie-climat” (23 % d’énergies renouvelables en 2020), mais aussi conquérir une position de leader dans la future industrie des énergies ma rines et permettre la création de milliers d’emplois pérennes sur le sol national, no tamment dans les zones portuaires. Il n’y a encore aucune éolienne au large des côtes françaises, alors que le RoyaumeUni et le Danemark ont respectivement 43 % et 31 % de la capacité installée en Eu rope. L’avenir du seul projet en cours, mené par l’Allemand Enertrag au large de Veu lettes-sur-Mer (Seine-Maritime), est sus pendu au recours en justice déposé par des riverains. Des PME de pointe pour rattraper le temps perdu Mais la France devrait pouvoir rattraper le temps perdu dans la bataille de l’éolien. Certes, elle ne dispose pas d’ensembliers aussi puissants que les champions du mon de, l’Américain General Electric, l’Alle mand Siemens, l’Espagnol Gamesa ou le Danois Vestas. Cependant, une filière fran çaise peut se construire sur la base de PME et bénéficier de l’ancrage hexagonal d’in dustries performantes (aéronautique, métal lurgie, chantiers navals...). Donner aux projets la meilleure acceptabilité En 2009, le Syndicat des énergies renouve lables a identifié plus de cent quarante en treprises dans dix-huit secteurs connexes à l’éolien (composants, maintenance, ingé nieries civile et électrique, transport et chantiers…). Selon une étude de Capgemini Consulting, “l’ensemble du spectre des composants pourrait être couvert par les entreprises françaises dans un délai de douze à trentesix mois”. Les appels d’offres s’adressent à des opérateurs industriels. À ce titre, les candidats devront exposer leur projet : contribution au développement de l’indus trie dans l’éolien en mer, mobilisation du tissu industriel et des infrastructures locales, créations d’emplois… Leur ciblage des ap pels dans des zones définies après concerta tion permettra à la fois de conduire un dé veloppement ordonné, évitant notamment la précipitation ou le mitage, et de donner aux projets la meilleure acceptabilité. Les villes côtières sont intéressées par cet essor de l’éolien, surtout quand elles doi vent opérer de douloureuses reconversions industrielles, comme Le Havre, Nantes, Saint-Nazaire ou Bordeaux. Bon vent ! Attention aux oiseaux ! Comment concilier exploitation de l’éo lien et protection de la biodiversité ? Tel était l’objet du séminaire organisé par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), les 15, 16 et 17 septembre der nier, en partenariat avec l’Ademe et le ministère de l’Écologie. Les impacts des parcs éoliens sur la faune sont de trois types : mortalité di recte, dérangement et perte d’habitat. Afin de préserver les chauves-souris et oiseaux migrateurs nocturnes, une tech nique consiste à ralentir les turbines pen dant la nuit, au moment où la vitesse du vent est la plus basse. En Écosse, les chercheurs de l’université d’Aberdeen ont démontré que des ra dars peuvent détourner les chauves-sou ris des pales des éoliennes. Éviter les sources lumineuses Les investissements dans les énergies renouvelables en 2009 En dollars Investissement total, Espagne Royaume-Uni Canada États-Unis Allemagne Italie Brésil France Chine par habitant 225,8 182,0 97,0 60,3 52,2 43,3 38,5 27,5 25,8 en milliards de dollars 10,4 11,2 3,3 18,6 4,3 2,6 7,4 1,8 34,6 2,0 2,3 Inde Source : PEW Institute. 8 En France, le guide de l’étude d’impact sur l’environnement des parcs éoliens détaille quelques mesures pour réduire ou compenser les impacts d’un projet éolien sur l’avifaune. Parmi ces mesures : éviter de commen cer un chantier lors de périodes de re production des espèces locales. Pour compenser la perte d’habitat, il peut être créé un habitat de substitution avec, par exemple, la reconstitution d’un ré seau de haies. Également à éviter : l’éclairage des mâts des éoliennes (hors balisage lumineux obligatoire) pour avertir les oiseaux. En effet, les sources lumineuses ont tendan ce à attirer les oiseaux, surtout par temps de brume et de brouillard. én e r g i e s Sigeif r e n o uv e l a b l e s > Solaire L’Allemagne aussi éclipse le solaire Photovoltaïque : douche froide après la surchauffe La décision de diminuer encore les tarifs d’achat de l’électricité solaire ainsi que de réduire de moitié l’aide fiscale aux particuliers devrait calmer l’emballement du photovoltaïque, trop beau pour être rentable. Explication. Les objectifs du Grenelle pour l’année 2020 – 5400 MW de panneaux photovoltaïques installés – pourraient être atteints dès 2013. Le tarif de rachat du courant par EDF – le meilleur du monde avec ses 58 centimes par kilowattheure pour les particuliers –, les Dans le quartier Vauban, à Fribourg (Allemagne). les consommateurs d’électricité, dont les ménages, qui paient la note au travers de la contribution au service public de l’élec tricité (CSPE). Une filière tout à fait en “surchauffe”, puisque les engagements de rachat sur les vingt prochaines années “pourraient at teindre plusieurs dizaines de milliards d’eu ros”, et qu’un ménage se chauffant à l’élec tricité “pourrait payer jusqu’à 200 euros de plus par an”. La plus chère des énergies renouvelables aides fiscales et la baisse du coût des cellules au silicium se sont conjugués pour donner un prodigieux essor au solaire français qui partait de zéro. Au point que la puissance installée devrait, selon le ministère de l’Éco logie, atteindre 850 MW à la fin de 2010. Difficile de faire mieux. Peut-on pour au tant pavoiser ? Effets d’aubaine et péril financier Que le photovoltaïque français galope plus vite que la lumière apparaît carrément comme “un péril financier”. Dixit le rap port de l’Inspection générale des finances (IGF), sur lequel le Gouvernement s’appuie pour amputer les tarifs de rachat par EDF du courant produit par les panneaux so laires. Un rapport, plutôt sévère, qui jette un froid, sans toutefois remettre en cause cette source d’énergie “à fort potentiel”, dénonce les “effets d’aubaine spéculatifs” profitables à certains professionnels, mais coûteux pour Les chiffres sont éloquents : le coût de pro duction d’un parc solaire (hors bâti) avoi sine 200 euros/MWh pour un tarif de ra chat de 314 euros, et celui d’une installation sur des bâtiments (toits de parkings, hangars, entrepôts...) de 400 euros/MWh est rache té 580 euros. Outre ces avantages d’avant la baisse de 12 % du 1er septembre, la diminution de moitié environ du prix des cellules stimule encore davantage l’engouement pour “la plus coûteuse des sources d’électricité re nouvelables”. Laquelle “ne représentera en 2020 qu’une part faible du parc énergé tique français”, soit 0,4 % des 23 % de l’énergie d’origine verte projetée par le Grenelle de l’environnement. Autre ombre au tableau évoquée par le rap port piloté par Jean-Michel Charpin : l’in dustrie française, encore trop balbutiante, “n’est pas en mesure de tirer bénéfice d’une forte demande intérieure, qui profite aux industriels étrangers”, ce qui conduit à “un déficit de la balance commerciale” (800 millions d’euros en 2009). Le rapport pré conise une “mobilisation des grands acteurs français de l’énergie” (EDF, Total, GDF Suez...) et des industries connexes, qui conjugueraient leurs efforts pour mettre sur pied une filière nationale de fabrication. Il recommande également des objectifs d’installation plus “crédibles” (500 MW par an) et compatibles avec une capacité de production de panneaux made in France de seulement 300 MW actuellement. “Ne pas en faire trop aujourd’hui, conclut le rapport, permet de faire davantage demain, avec des technologies moins onéreuses, plus efficaces et plus propres.” Réduction drastique du soutien de l’Alle magne à sa production photovoltaïque pour éviter la surchauffe du premier mar ché mondial de panneaux solaires, au grand dam des industriels du secteur. En 2009, les installations ont atteint 3000 MW à travers le pays, soit dix fois plus que la puissance totale installée en France. À long terme, le manque de soleil outreRhin (30 % de moins qu’en France) fait peser un coût quasi prohibitif sur la pro duction photovoltaïque. De fait, le gou vernement a choisi de miser davantage sur l’éolien, la biomasse et l’hydroélec tricité. Ainsi, les prix garantis ont baissé de 16 % pour les nouveaux panneaux installés sur les toits, et de 11 à 15 % pour ceux installés au sol. L’aide a même été supprimée pour les panneaux ancrés sur des surfaces cultivables, afin d’éviter que les agriculteurs ne “sèment du sili cium” à la place du blé. Retard industriel français À elle seule, la Chine fabrique près de 30 % des panneaux solaires vendus dans le monde, suivie par le Japon (22 %) et l’Allemagne (20 %). Quasi absente de la production indus trielle (la première entreprise française est au dix-septième rang mondial), la France essaye de rattraper son retard : le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) “et aux énergies alternatives”, selon sa nouvelle dénomination, pré pare les panneaux solaires de demain, qui absorberaient mieux la lumière et porteraient de 16 à 30 % leur taux de conversion en énergie. Consommation électrique (en Mtep) 2009 Objectif 2020 Éolien Hydroélectricité 5 5,3 5,8 0,7 Biomasse Photovoltaïque 1,4 0,4 0,02 0,4 9 Sigeif nuc l é a i r e R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Le retour L’atome regagne de plus en plus de terrain Le nucléaire amorce son grand retour partout, ou presque, à travers le monde. Après avoir suscité un rejet de la part de beaucoup d’opinions publiques, notamment depuis Tchernobyl (1986), il apparaît désormais, dans un nombre croissant de pays, comme l’énergie propre et abordable de l’avenir. Tour d’horizon. Pour accompagner cette vague de construc tions, l’imagination devra être au pouvoir, les financements au rendez-vous. Au prin temps dernier, Bill Gates, l’homme le plus riche du monde, proposait un programme de centrales “de poche” fonctionnant au moins pendant soixante ans. Parmi d’autres pistes, des chercheurs bri tanniques suggèrent des réacteurs porta tifs, restituables en fin de vie au fabricant, qui les recyclerait, évitant ainsi au pays acheteur le problème de la gestion des déchets. Au niveau mondial, l’atome fournit de l’ordre de 2 % de l’énergie finale et moins de 14 % de l’électricité, rappelle l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). C’est en Europe occidentale que la nucléa risation est la plus importante. Les réacteurs y fournissent, en moyenne, 27 % des élec trons, contre 18 % pour l’Amérique du Nord et l’Europe orientale, 10 % en Ex trême-Orient, un peu plus de 2 % en Amé rique latine et en Afrique, et 1 % au MoyenOrient et en Asie du Sud. 8 La France possède le deuxième parc en 7 nombre de réacteurs (cinquante-huit unités 6 de production réparties sur dix-neuf sites), 5 4 4 4 derrière les États-Unis, et produit près de 3 80 % de son électricité à partir du nucléaire. 2 2 2 2 2 Elle pourrait devoir en construire une di 1 1 1 1 zaine d’ici à 2030, afin, principalement, de 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1990 1991 1992 1993 1996 renouveler son parc vieillissant. Nombre de mises en chantier de réacteurs nucléaires en France, entre 1977 et 1999 Cinq cents réacteurs chinois à l’horizon 2100 Actuellement, quatre cent trente-huit réac teurs sont opérationnels dans trente et un pays et quarante-quatre unités sont en construction. Afin de diversifier son mix, le Brésil, par exemple, qui poursuivait deux programmes en 2008, prévoit d’en accueillir plus de quarante en 2060 et trois cent trente en 2100. La Chine idem : de huit centrales en 2008, elle prévoit d’en abriter plus de cinq cents à la fin du siècle. Deux pays industrialisés illustrent bien le grand retournement qui est en route. D’abord, l’Italie : ce pays est le seul du G8 à ne posséder aucune centrale nucléaire en activité, ses quatre unités ayant été stop pées dans le sillage de Tchernobyl. Le gouvernement Berlusconi prévoit d’en construire huit avant 2030. Au RoyaumeUni, en août dernier, le Gouvernement a révélé que le pays ouvrirait en 2018 sa première centrale nucléaire depuis des décennies. Si la planète veut vraiment réduire ses émis sions de CO2 de moitié d’ici à 2050, expli que un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le nucléaire mondial de vra produire 1200 GWh en 2050. En clair, le rythme de construction des centrales de vrait avoir doublé en 2020 pour atteindre vingt nouveaux chantiers par an. Si cet ef fort est réalisé, 24 % de l’électricité mon diale serait nucléaire en 2050. 2 1 1997 1999 Source : EDF. L’Allemagne prolonge la vie de ses centrales Par ailleurs, les pays déjà tournés vers l’ato me vont devoir prolonger la vie de leurs centrales. L’Allemagne vient d’annoncer le prolongement des siennes : entre douze et quatorze ans, selon les modèles. La France, dont les centrales sont conçues pour une durée de vie de quarante ans, est confrontée au même problème. Pour les pays qui décideraient de se lancer dans le nucléaire, les mêmes chercheurs proposent des centrales embarquées sur des navires ancrés au large des côtes, qui ali menteraient les villes avoisinantes en cou rant électrique. Pourquoi pas ? Les tribulations de l’EPR aux États-Unis 10 Sans compter des opinions publiques qui ne sont pas forcément favorables, les grands projets nucléaires se heurtent souvent à des obstacles importants, en raison du dépassement des coûts, des retards dans le calendrier et de la suppression du soutien politique et de l’aide financière. Et aussi de conjoncture et de désaccord entre les protagonistes. C’est le cas notamment du tout récent divorce d’EDF d’avec son partenaire américain Constellation Energy, qui a mis fin à un projet colossal : la construction d’une flotte de quatre réacteurs nucléaires EPR, à quelque 5 milliards d’euros l’unité. Constella tion a fait état de “problèmes”, lesquels, en fait, seraient liés à la crise économique et à l’abondance surprise du gaz non conventionnel, qui ont considérablement amoindri la compétiti vité du nucléaire américain par rapport aux autres sources d’énergie (lire page 6). EDF, qui se dit “consternée”, avait racheté, à la fin 2008, pour 4,5 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) la moitié des activités nucléaires de Constellation. v o i t ur e é l e c t r i qu e > Après le Mondial de l’auto 2010 La “voiture de demain” n’est pas pour aujourd’hui On en parle depuis des mois, sinon des années. Et même des décennies... Pour la première fois, au Mondial de l’automobile 2010, le grand public a pu passer commande de voitures électriques fabriquées en série. Mais le succès n’était pas vraiment au rendez-vous. Explication. Pour la première fois, le salon de la Porte de Versailles a fait la part belle – comme l’en semble des médias – aux véhicules “décar bonés” français et étrangers, en leur dédiant l’espace de tout un vaste hall. Force est de constater pourtant que, au soir de la fermeture, le 17 octobre, à l’exception de Renault, qui se félicitait d’avoir totalisé trois mille pré-réservations pour ses Fluence, Twizy et Kangoo (utilitaire) électriques li vrables en 2011, les exposants n’ont pas trop claironné leurs résultats. en conditions réelles). Les infrastructures de recharge ou d’échange de batterie sont quasiment inexistantes. Enfin, le terme “vé hicule décarboné” est loin d’être évident, même pour un pays disposant d’un impor tant parc nucléaire. En effet, s’il n’émet pas de CO2 en fonctionnement, le véhicule électrique fait appel, pour ses recharges, à une chaîne de production d’énergie qui, elle, en émet. Selon l’Ademe, le véhicule électrique français affiche en moyenne 120 g de CO2 par kilomètre, soit davantage que certains véhicules GNV ou hybrides. Le plan de déploiement des infrastructures de recharge (en milliers d’unités) Conducteurs hantés par la panne sèche 2015 De plus, l’usage énergivore du chauffage l’hiver ou de la climatisation l’été réduit d’au moins un tiers l’autonomie du véhi cule. Si le moteur électrique est plus simple, il faudra toutefois attendre les premiers re tours d’expérience pour en juger. Par ailleurs, les constructeurs peinent à s’ac corder sur des standards. Renault et PSA ont ainsi choisi des options techniques dif férentes pour leur système de recharge ra pide, le premier en courant alternatif, le se cond en courant continu. Soit l’un devra s’aligner sur le standard de l’autre, soit il faudra installer deux prises sur les futures bornes. 900 60 15 2020 4000 340 60 Prise domicile travail Voirie charge normale Voirie charge rapide 2025 150 9000 750 Source : La Tribune. Prix dissuasif et manque d’infrastructures Il est vrai que, contrairement aux attentes, la foule (1 263 467 visiteurs) s’est relativement peu précipitée, d’après les observateurs, vers les stands des électriques, contredisant en cela un sondage publié la veille de l’ouver ture, selon lequel près de sept Français sur dix se déclarent prêts à acheter une voiture électrique si elle n’est pas plus chère qu’une voiture classique. Malgré la prime gouvernementale de 5000 euros, ces voitures sont encore loin d’être à la portée de tous. Un exemple : la Peugeot iOn vendue 30 000 euros, bonus déduit, vaut le prix d’un... monospace compact 3008 HDi version luxe. Le prix dissuasif n’est pas le moindre défaut de l’électrique. Les modèles proposés n’ont qu’une autonomie limitée (100 à 160 km Sigeif Douze villes de France à l’heure électrique Le Gouvernement a signé, avec douze villes “pilotes” et les constructeurs PSA et Renault, une charte afin de s’engager ensemble sur le déploiement d’infra structures de recharge des véhicules élec triques et hybrides accessibles au public. Bordeaux, Grenoble, Rennes, Nice, An goulême, la communauté d’aggloméra tion d’Aix-en-Provence, Orléans, Paris, Rouen, Strasbourg, Le Havre et le grand Nancy seront les premières à se doter de prises dès la fin de cette année. De leur côté, Renault et PSA s’engagent à être en mesure de commercialiser soixante mille véhicules électriques en France d’ici 2011-2012, en ciblant no tamment les agglomérations qui déve loppent un réseau suffisant d’infrastruc tures de recharge. La Poste : un groupement de commandes de 50 000 véhicules Faut-il pour autant condamner la voiture électrique ? Certainement pas. Mais plutôt considérer ce dernier Mondial de l’auto mobile comme l’étape, parmi d’autres, d’un long chemin parsemé d’embûches. Au final, l’électrique convient bien au jourd’hui aux flottes d’entreprises ou de collectivités pour certains usages particu liers. Le circuit emprunté par ces véhicules est connu, ce qui résout à la fois les ques tions d’autonomie et d’infrastructures dé diées à la recharge des batteries. En France, la réponse la plus signifiante est le groupement de commandes de 50 000 véhicules lancé par La Poste. Il rassemble de grandes entreprises (Air France, EDF, France Télécom Orange, GDF Suez, SNCF, Vinci…), avec l’objectif d’arriver à une ré duction des prix pour amorcer le marché du véhicule électrique. 11 Sigeif urb a n i sm e R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Ville durable Tour du monde, du Brésil au Danemark Éco-quartier, le laboratoire de la ville en vert Actuellement, en France, plus de deux cents projets se réclament d’une démarche “éco-quartier”, un nouveau cadre de vie urbain qui fait de plus en plus d’adeptes. Mais c’est quoi, au juste, un éco-quartier ? Les toits du quartier de Bedzed, au sud de Londres. Les initiatives européennes d’éco-quar tiers portent sur des structures de taille limitée. Le plus connu d’entre eux est probablement le quartier Vauban à Fri bourg, en Allemagne. Avec environ deux mille logements et cinq mille habitants, il remplit à la fois un objectif architectural (bâtiments haute qualité environnementale, maisons à énergie positive) et paysager (priorité aux espaces publics, limitation du trafic automobile…). Il se distingue également par sa forte participation citoyenne. Le quartier BedZed (Beddington zero energie fossil development), au sud de Londres, ne compte que quatre-vingts logements et 2500 m2 de bureaux, ré partis sur 1,7 ha. Il est devenu une réfé rence en matière de consommation d’énergie : celle-ci a été réduite de 80 % et celle de l’eau de 50 %. Une idée qui a fait son chemin En 2050, les deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes, estime un rapport prospectif de l’ONU sur l’urbanisa tion. Alors qu’aucune grande métropole ne remplit aujourd’hui parfaitement les critères de développement durable et d’urbanisme écologique, cette perspective a conduit des architectes-urbanistes à forger le concept de ville durable ou d’éco-quartier. Efficacité énergétique et végétalisation Qu’il soit une extension urbaine ou une transformation de quartiers existants, l’écoquartier appartient à la ville dans laquelle il s’installe. Son volet environnemental se résume à la préservation des ressources et du sol, et à la limitation des impacts sur le milieu. Sont donc mises en œuvre prioritairement les solutions pour favoriser : l’efficacité énergétique (habitat passif, récupération de chaleur sur les effluents), le recours aux énergies renouvelables (panneau photovol taïque, chauffe-eau solaire, mini-éolienne urbaine, géothermie...), la gestion de l’eau (récupération des eaux pluviales, phytoépuration, équipements économes en eau potable), la gestion des déchets (tri, recy clage), les modes de transport doux et la limitation des déplacements automobiles, la préservation de la biodiversité (forte vé gétalisation des espaces et des bâtiments, 12 préservation des espèces locales), l’écoconstruction avec des matériaux verts (bois), la densité (lutte contre l’étalement urbain) et la mixité des fonctions urbaines (lutte contre la mobilité subie). Huit projets en cours en Île-de-France Parmi les quelque 11,6 millions de Franci liens, combien savent qu’un éco-quartier est peut-être en gestation à deux pas de chez eux ? L’État, les collectivités et les aménageurs ont en effet officialisé, en mars 2009, le lancement des huit premiers contrats-cadres d’éco-quartiers d’Île-deFrance. Si certains travaux ont déjà débuté, l’essentiel sera entamé dans les trois pro chaines années. Labels “basse consommation” pour les bâtiments Trois projets se situent en Seine-et-Marne : les éco-quartiers Sycomore à Bussy-SaintGeorges, Foch-Roosevelt à Meaux et Montévrain. Deux se trouvent dans les Yve lines : Boucle de Chanteloup, Hautes-Ga rennes à Mantes-la-Jolie/Rosny-sur-Seine. Deux autres en Seine-Saint-Denis : L’ÎleSaint-Denis et Docks de Saint-Ouen, et un autre encore, celui de Louvres/Puiseux, dans le Val-d’Oise. L’éco-quartier des Docks de Saint-Ouen, d’une superficie de 100 ha, D’autres éco-quartiers existent en Eu rope, principalement en Scandinavie (Stockholm et Malmö en Suède, Copen hague au Danemark). L’idée d’éco-quartier n’est pas neuve. Curitiba, capitale de l’État de Parana (Brésil), est, depuis 1964, un ancêtre du genre. Auroville, près de Pondichéry, en Inde, construite en 1971 dans un esprit très “hippie”, accueille plus de mille ha bitants aujourd’hui. Plus récemment, la Chine a entrepris la construction, à Dongtan, près de Shanghaï, d’une ville de cinquante mille habitants, autosuffi sante en énergie. comprend quatre mille logements (dont 40 % sociaux) tandis que celui de Louvres/ Puiseux en offrira trois mille cinq cents. De son côté, l’éco-quartier fluvial de L’ÎleSaint-Denis (mille logements) accueillera des bâtiments répondant à différentes normes de performance énergétique, dont les labels ’’basse consommation’’ BBC 2005 et Passivhaus. À Montévrain, un parc de 21 ha sera créé au sein d’un futur éco-quartier de 153 ha, lequel occupera près d’un tiers du territoire de la commune. Un parc de 12 ha est éga lement prévu aux Docks de Saint-Ouen, tout comme au Sycomore, à Bussy-SaintGeorges (trois mille logements, dont 30 % sociaux). Le projet de la Boucle à Chante loup (trois mille logements) s’inscrit sur le territoire de quatre communes : Trielsur-Seine, Chanteloup-les-Vignes, Andrésy et Carrières-sous-Poissy. Il prévoit la créa tion d’un transport en commun reliant l’éco-quartier aux gares de Poissy et de Verneuil-sur-Seine. a c t i v i t és d u Sigeif s y n d i c a t > Missions et services Le Sigeif, premier syndicat intercommunal d’énergie Le Sigeif est né à l’aube du xxe siècle, avec l’objectif principal d’assurer la distribution du gaz d’éclairage dans la banlieue parisienne. Porteur, dès l’origine, d’une véritable dynamique intercommunale, le Sigeif est aujourd’hui la première autorité concédante de France pour le gaz et la troisième pour l’électricité. Les cent quatre-vingt-une communes qui le composent, dont soixante adhèrent également à la compétence électricité, sont depuis toujours propriétaires des réseaux de distribution. En leur nom, le Sigeif accomplit ainsi un rôle “historique” : le contrôle de l’acheminement de l’énergie. Ses agents assermentés veillent à ce que les deux concessionnaires du Syndicat, EDF/ERDF et GrDF, exécutent irréprochablement les missions de service public qui leur ont été dévolues aux termes des traités de concession. Il est le garant de la qualité de l’énergie et de la valeur physique et comptable du patrimoine concédé. Parallèlement, en faisant effectuer annuellement deux enquêtes d’opinion, il mesure le degré de satisfaction des clients-usagers du gaz et de l’électricité. Le Sigeif exerce également la maîtrise d’ouvrage de l’enfouissement des lignes aériennes. Nécessité d’ordre esthétique et environnemental, ces travaux relèvent aussi d’une exigence de sécurité du réseau, en cas de tempêtes, par exemple. À la faveur des transformations qu’a connues le paysage énergétique français, il s’acquitte d’une nouvelle mission, plus “politique”, notamment axée sur la maîtrise de la demande de l’énergie (MDE). Dans ce domaine, la démarche proposée aux communes privilégie l’efficacité énergétique sur le patrimoine, la formation et l’information du personnel communal ainsi que l’aide aux communes pour la sensibilisation du citoyen-consommateur. Enfin, le Sigeif accompagne les collectivités franciliennes dans le processus d’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence, en coordonnant un groupement de commandes d’achat de gaz naturel (voir page 15). SAINT MARTIN DU TERTRE BELLOY EN FRANCE MONTSOULT VILLIERS ADAM PUISEUX EN FRANCE ATTAINVILLE BAILLET EN FRANCE BÉTHEMONT LA FORÊT CHAUVRY Le territoire du Syndicat en quelques chiffres VILLAINES SOUS BOIS FONTENAY EN PARISIS BOUFFÉMONT LOUVRES MOISSELLES DOMONT MONTLIGNON 181 communes pour la concession gaz* MARGENCY ERMONT > 5 256 348 habitants > 1 284 077 clients > 30 632,5 GWh acheminés > 9 287 km de canalisations, dont près de 53 % en polyéthylène SAINT BRICE SOUS FORÊT SOISY MONTMORENCY EAUBONNE SOUS MONTMORENCY GROSLAY ARGENTEUIL GENNEVILLIERS SAINT DENIS VILLENEUVE LA GARENNE 60 communes pour la concession électricité* CROISSY SUR SEINE LA CELLE SAINT CLOUD LA COURNEUVE FONTENAY LE FLEURY SAINT CYR L’ÉCOLE LE CHESNAY SAINT OUEN AUBERVILLIERS BOBIGNY NOISY LE SEC ROMAINVILLE LE PRÉ ST-GERVAIS SURESNES BOULOGNE BILLANCOURT SÈVRES VIROFLAY CHAVILLE VERSAILLES MALAKOFF CHARENTON LE PONT GENTILLY MONTROUGE ARCUEIL MEUDON IVRY LE KREMLIN SUR SEINE BICÊTRE FONTENAY SOUS BOIS LE PERREUX SUR MARNE NOGENT SUR MARNE BRY SUR MARNE NOISY LE GRAND LE PLESSIS ROBINSON FONTENAY AUX ROSES SCEAUX CACHAN VILLEJUIF CHEVILLY LARUE FRESNES SAINT MAUR DES FOSSÉS VITRY SUR SEINE CRÉTEIL BOURG L’HAŸ LES LA REINE ROSES CHÂTENAY MALABRY CHOISY LE ROI BONNEUIL SUR MARNE THIAIS ANTONY VERRIÈRES LE BUISSON JOINVILLE SAINT MAURICE LE PONT ALFORTVILLE MAISONS ALFORT CHÂTILLON BAGNEUX CLAMART JOUY EN JOSAS VAIRES SUR MARNE NEUILLY PLAISANCE VANVES ISSY LES MOULINEAUX VÉLIZY VILLACOUBLAY CHELLES GAGNY ROSNY SOUS BOIS SAINT VINCENNES MANDÉ MONTFERMEIL VILLEMOMBLE MONTREUIL MARNES LA COQUETTE VILLE D’AVRAY LES PAVILLONS SOUS BOIS LE RAINCY BAGNOLET SAINT CLOUD COURTRY LIVRY GARGAN BONDY PANTIN GARCHES VAUCRESSON VILLEPARISIS VAUJOURS SEVRAN LES LILAS RUEIL MALMAISON VILLEPINTE AULNAY SOUS BOIS DRANCY ASNIÈRES SUR SEINE BOIS COLOMBES LA GARENNE CLICHY LA COLOMBES GARENNE COURBEVOIE LEVALLOIS PERRET NEUILLY SUR PUTEAUX SEINE NANTERRE LE VÉSINET MITRY MORY LE BOURGET COLOMBES CARRIÈRES SUR SEINE TREMBLAY EN FRANCE DEUIL GARGES MONTMAGNY LA LÈS BARRE BONNEUIL GONESSE PIERREFITTE EN FRANCE SUR SEINE ÉPINAY SUR VILLESTAINS SEINE TANEUSE L’ÎLE SAINT DUGNY LE BLANC DENIS MESNIL MAISONS LAFFITTE MONTESSON GONESSE ARNOUVILLE SARCELLES ROISSY EN FRANCE LE THILLAY VILLIERS LE BEL ENGHIEN SAINT LES GRATIEN BAINS SANNOIS CHATOU > 1 354 812 habitants > 612 605 clients > 6 688,7 GWh acheminés > 8 172 km de réseaux HTA et BT, dont 99,5 % en souterrain pour la HTA et 70,5 % pour la BT GOUSSAINVILLE PISCOP ANDILLY LIMEIL BRÉVANNES RUNGIS BOISSY SAINT LÉGER ORLY IGNY MASSY MAROLLES EN BRIE WISSOUS SERVON CHAMPLAN ORSAY MANDRES LES ROSES MORANGIS PÉRIGNY SUR YERRES VILLEBON SUR YVETTE SAULX LES CHARTREUX * Les communes de Rocquencourt (Yvelines) et de Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne) ont récemment rejoint le Sigeif pour les deux compétences. Leur adhésion ne sera effective qu’au début 2011. CHILLY MAZARIN LONGJUMEAU ÉPINAY SOUS SÉNART BOUSSY SAINT ANTOINE BALLAINVILLIERS NOZAY MARCOUSSIS 13 d u R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 > Maîtrise de l’énergie Les certificats d’économies d’énergie, c’est parti ! Priorité au cinquième combustible Maîtriser les consommations d’énergie en évaluant leur gisement et en agissant sur les comportements : c’est le sens des actions menées par le Sigeif au profit de ses communes adhérentes. Le sujet est de taille en termes d’environne ment et de budget, puisque le poste énergie d’une commune représente en moyenne 10 % de son budget de fonctionnement hors masse salariale, soit environ 36 €/habi tant. (1) Le premier poste consommateur n’est pas l’éclairage public, comme on le pense souvent, mais les bâtiments (75 %), devant l’éclairage (18%) et les carburants véhicules (7 %). En la matière, une des mis sions du Sigeif est d’accompagner ses com munes adhérentes dans la mise en place d’une politique énergétique locale. Une mission de plus en plus exigeante, qui a conduit récemment le service énergie et environnement du Syndicat à s’enrichir de deux nouveaux collaborateurs. Une ressource au même titre que les autres Le Sigeif propose une méthode fondée sur le concept du cinquième combustible (2), qui consiste à considérer la sobriété et l’effica cité énergétiques (3) comme un combustible à part entière. La consommation d’énergie des logements (en kWh/m2/an) Moyenne en 1973 Moyenne en 2007 Norme BBC rénovation Norme BBC neuf 357 203 80 50 Source : Cerem. Au niveau mondial, le bouquet de produc tion énergétique se diversifie, des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Au sein de ce bouquet, considérer les gise ments d’économie d’énergie comme une ressource au même titre que les autres de vient primordial : la filière du cinquième combustible soutient largement la compa raison avec les filières classiques en termes de coût, de potentiel d’activité économique et d’emploi, d’acceptabilité sociale, mais également de simplicité et de pérennité. Par ailleurs, sans remettre en cause l’intérêt des énergies renouvelables au côté de l’effi cacité énergétique, il faut évidemment s’in téresser aux différentes filières de ces EnR au vu de leur contribution respective aux objectifs pour 2020 et de leur efficience (coût de la tonne de CO2 évitée). Un gisement quasi inépuisable Les gisements de cinquième combustible sont partout : sur nos lieux de vie et de tra vail, dans nos gestes au quotidien. Nul be soin d’aller explorer à l’autre bout de la planète. La plus efficace et la moins chère des tech nologies de forage du cinquième combus tible est tout simplement, et depuis tou jours, l’isolation de nos logements : isoler ses combles revient à installer un derrick de production, qui va puiser régulièrement le gisement de cinquième combustible dont les “réserves” sont pratiquement inépui sables. La filière du cinquième combustible repré sente un potentiel d’environ six cent mille emplois en France : ce sont les artisans du bâtiment, les industries (isolation, chau dières performantes, etc.), autant d’emplois qui ne sont pas délocalisables. Voilà pour quoi et comment le Sigeif accorde en la matière une priorité absolue au cinquième combustible. (1) Enquête annuelle de 2005 de l’Ademe/Sofres. (2) Les quatre autres principaux combustibles étant le pétrole, le gaz, le charbon et l’uranium. (3) Sobriété énergétique : ne pas consommer d’é nergie lorsque c’est inutile, sans pour autant renon cer au confort. Efficacité énergétique : augmenter le rendement à un moindre coût énergétique. 14 Sigeif s y n d i c a t Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) repose sur une obliga tion de réalisation d’économies d’éner gie imposée par les pouvoirs publics aux vendeurs d’énergie. Afin de s’en ac quitter, les vendeurs d’énergie peuvent soit amener leurs clients à réaliser des économies, soit acheter des CEE auprès d’autres acteurs. Première expérience Le Sigeif a souhaité tester le dépôt en propre de CEE avec onze communes bénéficiant actuellement de l’accom pagnement, selon la démarche du cin quième combustible. Deux dossiers, pour une valeur totale de 5 GWh viennent d’être envoyés à la Di rection régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Îlede-France (DRIEE). Ils concernent les communes de Longjumeau et Saint-Gra tien, respectivement pour les opérations suivantes : mise en place de deux chau dières à condensation, remplacement de luminaires et installation d’un système de télégestion de l’éclairage public. Cette première expérience permet au Syndicat de se confronter au dispositif opérationnel du montage de dossiers de certificats d’économies d’énergie. Pour la deuxième période du dispositif (2011-2013), le Sigeif envisage un ac compagnement pour la valorisation des CEE visant les cent quatre-vingt-trois communes adhérentes. Cet accompagnement sera présenté lors du prochain co mité d’administration, début 2011. Répartition des CEE 0,2 % 6% 4% 7% Bâtiment résidentiel Bâtiment tertiaire Industrie Réseaux Transports 82,8 % Source : DGEC. a c t i v i t és La fin de la première période (2006-2009) est l’occasion de dresser un bilan. L’économie ainsi engendrée serait équivalente à 80 % de la production annuelle d’un réacteur nucléaire de 1450 MW. Pour la seconde période (2011-2013), le dispositif sera nettement étendu (économies à réaliser, acteurs impliqués, actions éligibles...). a c t i v i t és d u Sigeif s y n d i c a t > Appel d’offres 2010-2012 Au jeu de la concurrence, le gaz est 45 % moins cher Deux ans après son premier appel d’offres 2008-2010 pour l’achat de gaz, le groupement de commandes du Sigeif était loin de penser que le résultat de la consultation pour la période 2010-2012 allait dépasser toutes les espérances. Récit. L’enjeu était d’envergure : l’achat d’un mil liard de kilowattheures, l’équivalent de la cargaison d’un méthanier et un montant estimé à 100 millions d’euros sur les deux années du marché. Sept fournisseurs étaient sur les rangs : Altergaz, Direct Énergie, EDF, Gas Natural (Espagne), GDF Suez, Poweo, Tegaz (groupe Total). Trois d’entre eux ont été retenus : EDF, Poweo et Tegaz. Ils se répartissent les quatre lots en compétition représentant au total quelque 1300 sites de 232 collectivités locales et établissements publics d’Île-de-France : 108 communes, 2 conseils généraux (Hauts-de-Seine et Val-de-Marne), 12 offices publics d’HLM, 10 centres communaux d’action sociale (CCAS), 5 lycées, 80 collèges, 8 hôpitaux et 7 structures intercommunales. Le plus gros marché “collectivités” de France Les contrats attribués ont permis d’écono miser 45 % par rapport aux tarifs réglemen tés, des rabais très nettement supérieurs à ceux de 7 % à près de 12 % obtenus en 2008 sur le précédent appel d’offres. “C’est le plus gros marché collectivités de France et il intéresse les grands acteurs, commente Jean-Jacques Guillet, président du Sigeif. Nous achetons groupés ; c’est un avantage à partir du moment où le marché commence à être concurrentiel.” La bulle gazière. La chute spectaculaire des cours du gaz sur le marché à court terme, si elle se prolonge, laisse entrevoir d’autres conditions favo rables pour le prochain appel d’offres. Au final, le volume d’énergie concerné par la consultation de cette année s’est trouvé va lorisé à 43 millions d’euros, la valeur au tarif réglementé étant de 80 millions d’euros. Deux importants contrats pour EDF Parmi les quatre contrats en concurrence, deux ont été attribué à EDF. L’un, pour les sites des HLM chauffés collectivement, ain si qu’au grand stade nautique intercommu nal de Châtillon-Malakoff, soit 155 sites représentant 260 GWh par an. L’autre lot a porté sur les plus importants sites des autres membres du groupement pouvant relever jusqu’à ce jour des tarifs réglementés : 690 sites et 500 GWh par an. Un troisième contrat, remporté par Poweo, rassemble les sites ayant d’ores et déjà perdu le bénéfice des tarifs réglementés (sites mis en service depuis juillet 2007) : 440 sites et 135 GWh par an. Enfin, un contrat relatif à la fourniture en gaz de l’unité centrale thermique du Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nan terre, consommant 40 GWh par an, revient à Tegaz. Des nouveaux outils pour le futur De plus, deux contrats portant sur l’effica cité énergétique du patrimoine communal existant (assistance à la passation de marchés d’exploitation, diagnostics thermiques, étu des solaires thermiques, programmation pluriannuelle des investissements...), ainsi que sur les projets neufs (aide à la program mation et optimisation de l’esquisse, test d’étanchéité à l’air, simulations thermiques dynamiques, thermographie, instrumenta tion post-réception), ont été attribués res pectivement à la société H3C et à la société Deltawatt, en groupement avec ICE. Par ces nouveaux outils, le Sigeif apporte sa pierre au renforcement des nouvelles poli tiques énergétiques locales, répondant ainsi aux objectifs nationaux et européens de maîtrise de l’énergie. Comment la “bulle” a fait des heureux Comment le groupement de commandes de gaz du Sigeif a-t-il obtenu des prix inférieurs de 45 % aux tarifs réglementés, qui venaient presque simultanément d’être relevés, en moyenne, de 9,7 % ? Explication. La règle d’évolution de ces tarifs a été fixée par les pouvoirs publics afin de re fléter les coûts d’approvisionnement de GDF Suez dont les contrats d’importa tion conclus avec la Russie, l’Algérie, la Norvège, etc., sont indexés sur des pro duits pétroliers. Ce mode d’indexation, général en Europe, permet que le gaz (substituable dans tous ses usages) soit toujours compétitif par rapport à l’éner gie concurrente. Excédent mondial de gaz Les tensions sur le prix du pétrole se ré percutent ainsi sur les factures aux tarifs réglementés. En 2010, alors que les cours du pétrole grimpaient, un excé dent mondial de gaz (baisse de la de mande, du fait de la crise économique, et développement de l’offre dû, notam ment, au gaz non conventionnel) a fait chuter les prix sur les marchés de gros, qui ont alors constitué une source d’ap provisionnement soudainement attrac tive pour les fournisseurs. La procédure d’achat public très réac tive mise en place par le Sigeif lui a permis de tirer pleinement profit de ce contexte favorable aux acheteurs gaziers. 15 s a v i e z - v o us Sigeif ? R É S E A U X É NER G IE • H O R S S É RIE • n o v e m b r e 2 0 1 0 Énergie : les Français dépensent 2300 euros par an Suivez le “coach carbone” riches, entre ville et campagne, entre types d’habitat et entre ménages âgés et ménages jeunes. Les progrès énergétiques (isolation, chauffage plus performant...) ont, par exemple, davantage profité aux ménages aisés, pour lesquels le poids de la facture d’énergie dans la consommation a baissé d’un tiers depuis 1985, contre un quart pour les ménages les plus pauvres. Les ménages ruraux sont également pénalisés : ils sont plus souvent âgés, chauffés au fioul et vivent en logement individuel plus grand (lire aussi page 4). 2300 euros par an : c’est ce que dépensent les Français en énergie, pour se chauffer et faire rouler leur voiture. Cette somme équivaut à 8,4 % (4,8 % pour leur résidence et 3,6 % pour leur moyen de transport individuel) de leur dépense totale de consommation, “soit autant que les loisirs ou les vêtements”, indique la cinquième étude de l’Insee, parue en octobre 2010. Compte tenu des facteurs qui influencent les consommations d’énergie, “les inégalités d’effort énergétique se sont accrues depuis vingt-cinq ans” entre ménages modestes et ménages Dépenses des ménages métropolitains par poste budgétaire 4 000 3 000 2300 € 2 000 1 000 L’aviation civile veut voler vert Les cent quatre-vingt-dix pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale se sont engagés à ne pas dépasser le niveau d’émissions de CO2 qui sera atteint en 2020, grâce à un gain de rendement des moteurs de 2 % par an, et ce jusqu’en 2050. Au regard de ce qu’exige l’Union européenne (–10 % des émissions en 2020 par rapport à 2005), l’engagement est certes minime. D’autant plus que ce secteur devrait, du fait de son développement, enregistrer une hausse de ses émissions de 70 % entre 2005 et 2020. 16 té san et atio ns Soi nic mu Com nt me Source : Insee. *Hors énergie Équ ipe ns er nag ent mé em ie Masdar, ville du futur sans carbone, uniquement électrifiée à l’énergie solaire, est sortie du sable dans les environs d’Abou Dhabi et accueille ses premiers résidents. Située à 20 km de la capitale des Émirats arabes unis, elle devrait accueillir quarante mille habitants. bill erg La ville décarbonée sort des sables Ha e tur cul et et Loi sirs Én * eau rts* spo ent em Log Tra n Alim ent atio n 0 Éteignons pour sauver les oiseaux À New York, le groupe de protection des oiseaux NYC Audubon sensibilise la ville sur les dangers que représentent les gratte-ciels pour les volatiles. “Environ 90 000 oiseaux meurent annuellement de collisions avec les bâtiments à New York”, estime la direction du groupe. Cette année, les propriétaires et locataires de l’Empire State building, du Chrysler ou encore du Rockefeller Center ont accepté d’éteindre les lumières des étages inoccupés entre minuit et l’aube. Les difficultés de la concurrence Selon un sondage réalisé par l’institut Opinion Way, près de 40 % des Français ne savent toujours pas qu’ils peuvent changer de fournisseur d’électricité. Pour le gaz, ils sont 58 % à l’ignorer. Autre inconvénient de la concurrence : changer de fournisseur d’énergie serait jugé difficile par 46 % des sondés. Le “coach carbone” mis au point par l’Ademe et la fondation Nicolas Hulot doit permettre aux ménages d’éva luer leur propre consommation d’énergie. Conçu comme “un outil dispo nible 24 h sur 24 sur Internet, gratuit et personnalisable, qui proposera des économies en tonnes de CO2, en kilowattheures, en litres de carburant ou même en euros”, le coach carbone est un questionnaire de cent soixante questions, auquel les internautes peuvent répondre en plusieurs fois. Il permet de décrypter les habitudes du foyer en matière de logement, de transport, d’équipement et d’alimentation, et de déterminer les préconisa tions les mieux adaptées pour faire évoluer les comportements face aux dépenses en énergie. www.coachcarbone.org L’Europe atteindra l’objectif de Kyoto L’Union européenne sera bien le bon élève de la classe climatique internationale. C’est ce qui ressort du “Rapport annuel de la Commission sur les progrès accomplis” selon lequel les États membres auxquels des objectifs de réduction ont été assignés au titre du protocole de Kyoto respecteront leurs engagements. En 1997, les quinze États membres au moment de l’adoption du protocole se sont engagés à réduire collectivement de 8 % leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 1990 et 2012. Pour l’UE 27 dans son ensemble, les émissions ont baissé de 14,3 % entre l’année de référence et 2008. Les pros du solaire tapent fort L’appel d’offres lancé en 2009 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour la construction de fermes solaires Courrier au médiarisque d’être déclaré infructueux. teur de l’énergie Selon Jean-François Carenco, directeur de cabinet de Jean-Louis Le nombre de plaintes au Borloo, ministre en charge de médiateur national de l’énergie, l’Énergie et de l’Environnement, Denis Merville, ne cesse d’aug le motif en est que “les candidats menter : depuis le 1er janvier ont exagéré : alors que l’objectif 2010 jusqu’au 15 octobre, d’un appel d’offres est normalecinq mille cinq cent cinquante ment d’obtenir un prix inférieur au saisines écrites, presque autant tarif existant, tous proposaient des que sur l’ensemble de l’année prix supérieurs de 20 % !”. précédente. Bonne nouvelle : les réclama tions pour pratiques commer ciales déloyales sont en déclin. En revanche, celles relatives à des problèmes de facturation sont en nette augmentation. Étiquettes pour les téléviseurs Les téléviseurs européens vont bientôt être pourvus d’étiquettes énergétiques pour aider les consommateurs à choisir les produits les plus économes, propose la Commission de Bruxelles. Ces appareils représentent un tiers de la facture d’électricité annuelle d’un ménage. Pour la première fois, les fabricants devront étiqueter leur classe de consommation énergétique, selon une échelle allant de la plus efficace (A) à la moins efficace (G). L’étiquette devra être clairement visible si le prix du téléviseur est mentionné. est édité par le Syndicat Intercommunal pour le Gaz et l’Électricité en Île-de-France 66, rue de Monceau, 75008 Paris Tél. 01 44 13 92 44 - Fax 01 44 13 92 49 Directeur de la publication Serge Carbonnelle Réalisation Sigeif. Imprimé en France Crédits photos : p. 1 : Sigeif / Terre d’Images p. 2 : Artyom Korotayev / AFP p. 3 : Michael Reynolds / epa / Corbis p. 4 : Aude Vanlathem / AFP p. 7 : GDF Suez / Noël Hautemanière p. 8 : Cameron Davidson / Corbis p. 9 : Eugène & Co p. 10 : Jim Zuckerman / Corbis p. 11 : Philippe Desmazes / AFP p. 12 : Raf Makda / View / Photononstop p. 14 : J.C. Pattacini / Urba Images Server p. 15 : Tim Brakemeier / DPA AFP Illustrations : Nando www.sigeif.fr Imprimé en France sur papier provenant de forêts gérées selon des principes conformes aux normes environnementales. l e