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En attendant les résultats… Le 7 novembre dernier s’est terminée la première phase de notre action : « J’aspire à un intérieur non toxique ». En l’espace de 3 semaines, Greenpeace a récolté des échantillons de poussières domestiques en passant l’aspirateur dans une cinquantaine de foyers répartis sur l’ensemble du territoire belge. De plus, des échantillons ont été récoltés chez 17 politiciens belges ou parlementaires européens résidant en Belgique et appelés à se prononcer sur une réforme de la politique chimique européenne (REACH) proposée par la Commission européenne le 29 octobre dernier. Tous les échantillons de poussières ont maintenant été envoyés pour analyse dans un laboratoire accrédité et indépendant aux Pays-Bas (T.N.O../Apeldoorn). Le contenu en substances chimiques particulièrement préoccupantes y sera étudié et quantifié. Que recherche-t-on dans ces poussières ? Les substances chimiques dont la concentration sera quantifiée dans ces poussières appartiennent aux 5 familles suivantes : ♦ ♦ ♦ ♦ les éthoxylates d’alkylphénols les retardateurs de flamme bromés les composés-organoétains les esters de phtalates ♦ les paraffines chlorées à chaînes courtes Ces substances ont été choisies car elles sont particulièrement préoccupantes. En effet, elles sont peu biodégradables, bioaccumulables (accumulation dans les tissus vivants et dans la chaîne alimentaire) et potentiellement toxiques. Cette toxicité peut se manifester par des effets à court terme (allergies, asthme,…) ou à plus long terme (perturbation des systèmes nerveux et hormonaux, risques accrus de cancer, diminution de la fertilité, perturbation du développement des enfants,…). Il est important de noter que ces effets proviennent d’études réalisées sur des animaux et que peu d’analyses de toxicité sur l’homme ont été menées à l’heure actuelle. Ces substances sont présentes dans une large gamme de biens de consommation (les produits textiles et cosmétiques, les appareils électroniques et électriques,…) d’où elles peuvent être libérées. Des informations complètes concernant les substances que nous allons analyser, les biens de consommation dans lesquels on les trouve et leur dangerosité potentielle sont répertoriées dans la fiche technique des substances analysées. A quels résultats peut-on s’attendre ? Présentes partout La plupart des substances que nous analysons dans les poussières domestiques sont actuellement détectables dans tous les compartiments des milieux terrestres et aquatiques (sols, sédiments marins et lacustres,…) jusque dans les régions polaires et alpines. Ainsi des quantités parfois importantes ont été mesurées dans les graisses des poissons, des phoques et des baleines des régions polaires. Dans les organismes vivants Des études scientifiques indiquent aussi que ces mêmes substances ont été mesurées dans le lait maternel, le sang, les urines ou encore le foie. Une récente analyse menée par le WWF indique également la présence d’un grand nombre de substances préoccupantes dans le sang. De plus, la concentration de certaines substances toxiques dans le sang a considérablement augmenté (jusque 40 fois) en 25 ans à peine. Cette contamination est probablement une conséquence directe de la présence de ces substances bioaccumulables et toxiques dans notre environnement. Ces composés chimiques peuvent ainsi pénétrer dans le corps par contact cutané, ingestion ou inhalation. Dans nos poussières domestiques Greenpeace s’est intéressée, quant à elle, à un domaine de recherche qui avait été peu exploré jusqu’à ce jour : la contamination de notre environnement immédiat. On a souvent coutume de croire que, calfeutrés dans notre intérieur, nous sommes protégés de toute contamination chimique. Qu’en est-il réellement ? En 2002, Greenpeace a mené au Royaume-Uni une grande campagne de collecte de poussières domestiques semblable à celle qui vient de se terminer en Belgique. Les mêmes substances que celles qui vont être analysées en Belgique ont ainsi été quantifiées dans les habitations britanniques. Le rapport britannique, nommé Consuming Chemicals, indique que des phtalates, des retardateurs de flamme au brome et des composés organétains sont retrouvés dans tous les foyers analysés. De plus, ¾ des foyers visités renferment des alkylphénols et des paraffines chlorées à chaînes courtes dans leurs poussières. Les analyses quantitatives indiquent que chaque gramme de poussière contient en moyenne 0,5 milligramme (1 part pour 2000) des 5 familles de substances chimiques qui vont être analysées en Belgique. Une analyse qualitative des différentes substances chimiques présentes suggère que le contenu total des poussières en ces composés chimiques serait bien plus grand encore. Afin d’étendre le champ de cette recherche, une étude similaire a été menée par Greenpeace dans d’autres pays européens, à savoir l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et la Slovaquie. Le rapport, intitulé Consommation toxique, révèle, par rapport aux échantillons britaniques de l’étude précédente, des concentrations plutôt supérieures d’esters de phtalates et de paraffines chlorées à chaîne courte, des concentrations à peu près identiques d’organoétains et des concentrations plutôt inférieures d’alkylphénols et de retardateurs de flamme bromés. En moyenne, chaque gramme de poussière contenait environ 1 milligramme (1 part pour 1000) du total des 5 groupes de substances chimiques analysées. Bien que, comme au Royaume-Uni, ces 5 groupes de substances se retrouvent dans la plupart des foyers analysés, les résultats reflètent des divergences dans les préférences en matière de mobilier et/ou de décoration intérieure entre pays. Les données de ces deux études suggèrent fortement que l’utilisation actuelle de substances chimiques potentiellement dangereuses dans les produits de consommation entraîne une contamination étendue de l’environnement domestique dans différents pays européens. Et en Belgique ? Nous avons lancé une expérience similaire en Belgique afin d’englober un nombre plus important d’échantillons dans cette étude européenne. Toute information fiable quant à la présence de ces substances dans nos foyers peut s’avérer utile vu l’état actuel des connaissances en la matière. Nous avons voulu aussi ajouter une portée plus politique à cette campagne en aspirant chez différents politiciens belges et européens habitant en Belgique. Comment mieux sensibiliser les décideurs politiques qu’en leur apportant la preuve matérielle de la contamination de leur propres habitations ? Bien que l’on ne puisse jamais présupposer des résultats d’une telle étude, il serait néanmoins étonnant que les résultats des analyses de poussières belges divergent fortement de ceux émanant des autres pays européens. Il serait ainsi surprenant que certains groupes de substances particulièrement préoccupantes soient complètement absents des foyers belges. Affaire à suivre… Nécessité d’une réglementation Cette contamination généralisée de notre environnement et de nos habitations est due au fait que les substances chimiques potentiellement dangereuses ne sont pas réglementées comme on serait en droit de l’attendre. A l’heure actuelle, nous ne savons presque rien des dangers que comportent la plupart des substances qui se retrouvent dans nos produits usuels. La réglementation chimique en Europe et dans le reste du monde a, dès lors, besoin d’une réforme profonde et de grande ampleur. En 2001, la Commission européenne a reconnu le problème posé par les subtances biaccumulables et persistantes sur la santé humaine et l’environnement : il serait possible que ces substances s’accumulant de plus en plus dans notre environnement soient à l’origine de l’augmentation du nombre d’allergies ou de cancers ces dernières décennies. La Commission, prenant conscience du manque actuel de connaissances quant aux impacts de ces substances sur la santé humaine et sur l’environnement, a enfin admis l’absence de règlementation européenne contraignante en cette matière. Ainsi, la Commission européenne a proposé une nouvelle politique européenne en matière de substances chimiques : le système REACH (pour « Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals »). Selon cette proposition, les substances chimiques devront être enregistrées et leurs risques évalués avant d’être autorisées à la commercialisation. Après la publication de la première version de la réforme REACH en 2001, le lobby industriel a massivement réagi contre cette proposition en argumentant les coûts supplémentaires que devront supporter les entreprises européennes après la mise en vigueur de la législation. A partir de cette date, la pression sur la Commission européenne n’a cessé de s’accroître afin de pousser celle-ci à abandonner le texte de loi ou du moins à considérablement l’alléger. Des études prévisionnelles réalisées par la Commission indiquent cependant que le coût de cette réforme se chiffrerait entre 2,3 et 5,2 milliards d’euros en 11 ans, soit moins de 1% du chiffre d’affaire annuel des industries chimiques européennes. Par ailleurs, les dépenses en terme de santé publique baisseraient, suivant différentes estimations, de 50 à 284 milliards d’euros sur une période de 30 ans, soit de 10 à 100 fois plus que les coûts ! Les entreprises ont malgré tout réussi à considérablement assouplir le texte initial de la Commission. La dernière version du texte, publiée le 29 octobre dernier, laisse en effet craindre que cette législation soit rendue innéficiente. Il n’est néanmoins pas trop tard pour réorienter la réglementation dans la bonne direction car le processus de décision a à peine commencé. Le vote de la législation se fera ainsi au Parlement européen et au Conseil des ministres de l’Union Européenne dans les prochains mois. Il est donc temps d’exhorter les parlementaires européens et les ministres qui siègeront au Conseil européen à oeuvrer pour la mise en place d’une réglementation contraignante. Vers une réglementation efficace Bien que Greenpeace soutienne la proposition REACH de la Commission européenne qui est certes un grand pas en avant, nous regrettons que, sous la pression des industries, cette proposition ne soit pas efficiente dans l’état actuel et ce, pour les raisons suivantes : * pour 2/3 des substances chimiques, les données à communiquer par l'industrie sont insuffisantes pour permettre la mise en place de mesures relatives à la sécurité, * l'utilisation de substances particulièrement préoccupantes pourrait se poursuivre dans les produits à destination du consommateur, et ce même s'il existe des alternatives plus sûres, * la "confidentialité" maintenue sur les produits semble prévaloir sur le droit du citoyen à être informé de la fiabilité des substances chimiques, * en raison des manquements ci-dessus et autres clauses, il y a peu de chances de stimuler l'innovation et de créer un cadre réglementaire prévisible, des conditions nécessaires si l'on veut stimuler la compétitivité. Il est donc capital que les membres du Parlement et Conseil européens prennent leurs responsabilités et comblent les manquements évoqués ci-dessus. Une de nos principales demandes pour rendre le texte de la proposition efficient est d’y inclure le principe de substitution : les substances chimiques dangereuses doivent être systématiquement remplacées par des alternatives plus sûres. Réactions positives des politiciens visités ! Afin que les politiciens puissent prendre directement conscience de la problématique posée par les substances chimiques potentiellement toxiques et de l’importance d’adopter le plus vite possible une réglementation REACH contraignante, Greenpeace a passé l’aspirateur chez certains politiciens belges et parlementaires européens amenés à se prononcer sur cette législation. Au niveau du Conseil européen, le système REACH sera essentiellement débattu entre les ministres de l’Environnement et de l’Economie des états membres. Il était donc capital de pouvoir être reçu chez des responsables belges en charge de l’environnement et de l’économie. Par ailleurs, il était aussi important de pouvoir rendre visite à des politiciens en charge de la santé et présidents de partis. Au niveau du Parlement européen, nous avons voulu avoir l’opportunité de rencontrer des parlementaires appartenant à une large gamme de partis politiques ainsi que certains parlementaires clés, comme par exemple Mr. Sacconi qui est le rapporteur du Comité de l’environnement au Parlement européen. Greenpeace a également passé l’aspirateur dans la salle de presse du Parlement européen. L’ensemble des politiciens auxquels nous avons rendu visite est répertorié dans le tableau ci dessous (tableau 1). Certaines photos de l’action sont disponibles en cliquant sur le nom de la personne visitée ou du lieu aspiré. Les politiciens auxquels nous avons rendu visite ont globalement très bien réagi à l’expérience menée par Greenpeace en ouvrant les portes de leur maison ou de leur cabinet. Ils ont d’abord approuvé l’action en reconnaissant l’importance d’enfin adopter une réglementation contraignante en matière de substances chimiques en Europe. Ils se sont ensuite montrés intéressés par les résultats des analyses des poussières de leurs habitations qu’ils attendent avec impatience. Concrètement, certains de nos ministres se sont engagés à exhorter leur collègues belges qui siégeront au Conseil européen à œuvrer à la mise en place d’une législation efficace. Les parlementaires européens visités vont, quant à eux, dès le mois de décembre, date à laquelle le Parlement européen commencera à statuer sur la réglementation, tenter d’apporter des amendements à la législation actuelle afin de la rendre suffisamment contraignante. Les politiciens qui ont reçu la visite de Greenpeace ne sont bien sûr pas seuls à décider et Greenpeace restera vigilante durant tout le processus législatif, en effet l’Union européenne subira probablement encore des pressions de la part des industriels afin d’affaiblir la nouvelle législation… Tableau 1 Nom des politiciens ou Fonction des politiciens visités des endroits visités Ministre de l'Environnement de la région Ludo Sannen flamande (Groen !) Ministre de l'Environnement de la région Didier Gosuin Brux./capitale (MR) Ministre de l'Economie de la région wallonne Serge Kubla (MR) Magda De Meyer Membre du Parlement (SPA) Torben Lund Membre du Parlement européen Membre du Parlement européen (Groen !) Bart Staes Anne Van Lancker Membre du Parlement européen (SPA) Els Van Weert Présidente du parti Spirit Thierry Detienne Ministre wallon des affaires sociales et de la santé (Ecolo) Olga Zrihen Membre du Parlement européen (PS) Membre du Parlement européen Guido Sacconi Salle de presse du Parlement Européen Membre du Parlement européen Patricia McKenna Membre du Parlement européen Eija-Riitta Anneli Korhola Hans Kronberger Membre du Parlement européen Fru Inger Schörling Membre du Parlement européen Ministre fédérale de l'Environnement (SPA) Freya Van den Bosche Paul Lannoye Membre du Parlement européen (Ecolo) Marie-Rose Cavalier Parlementaire wallonne (Ecolo) date de la visite 21/10/2003 22/10/2003 22/10/2003 24/10/2003 24/10/2003 25/10/2003 28/10/2003 29/10/2003 30/10/2003 3/11/2003 3/11/2003 3/11/2003 3/11/2003 3/11/2003 3/11/2003 3/11/2003 4/11/2003 7/11/2003 7/11/2003 Quand et sous quelle forme les résultats seront-ils disponibles ? L’ensemble des résultats sera vraisembablement disponible fin janvier ou début février. Au vu des coûts engendrés par les analyses, nous ne pourrons fournir de résultats individuels, excepté pour les politiciens qui ont participé à cette étude. Les 50 personnes visitées avait été équitablement choisies dans les différentes provinces belges. Les poussières provenant d’une même province seront regroupées et les résultats seront donc disponibles par province. Chaque participant aura ainsi contribué de manière non négligeable aux résultats de sa province. Les poussières prélevées dans les différents bureaux du Parlement européen seront aussi regroupées. Concrètement, l’ensemble des résultats qui seront disponibles est résumé au tableau 2. Tableau 2 Résultats attendus nombre d'échantillons province de Flandre orientale 5 province de Flandre occidentale 5 province d'Anvers 5 province du Limbourg 3 provinces de Brabant (wallon et flamand) 11 province du Hainaut 5 province de Namur 5 province de Liège 5 province du Luxembourg 5 Habitations à architecture "écologique" 2 Bureaux du Parlement européen 6 Salle de Presse du Parlement européen 1 Ludo Sannen 1 Didier Gosuin 1 Serge Kubla 1 Magda De Meyer 1 Bart Staes 1 Anne Van Lancker 1 Els Van Weert 1 Thierry Detienne 1 Fru Inger Schörling 1 Freya VandenBosche 1 Paul Lannoye / Marie-Rose Cavalier 1 Au Cabinet de Mr. Sannen Au Cabinet de Mr. Gosuin Au domicile de Mr. Staes Au bureau de Mme Mc Kenna (Parlement européen) Au bureau de Mr. Sacconi (Parlement européen) Au bureau de Mme Korhola (Parlement européen) Au Cabinet de Mr. Kubla Dans la salle de presse du Parlement européen Au Cabinet de Mme Van den Bosche