Dossier enseignant

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Dossier enseignant
ANIMATION PEDAGOGIQUE : JULIE BROSSIER-DUCLOS
Couple de jeunes mariés face aux 7 arts libéraux,
Céramique d’Ovide Scribe d’après une fresque de Botticelli
collection Musée de Sologne
Biographie d’Ovide Scribe
Cet artiste de la fin du XIXème siècle, était un solognot d’adoption. Né à Albert dans
la Somme en 1814, il étudia la peinture à Paris où il fut conseillé pour les grands peintres de
l’époque tels que Ingres et Henner.
Il arrive en Sologne à l’âge de 27ans, ses parents ayant décidé de s’installer à La
Ferté-St-Cyr suite à des problèmes financiers. Après avoir réalisé des tableaux très réalistes
sur la vie des solognots de son époque, cet artiste au grand cœur et érudit se consacra à la
céramique figurative.
Ovide Scribe marqua l’histoire culturelle de la ville de Romorantin où il s’installe en
1880 sous les conseils de son ami écrivain Paul Besnard. En effet il occupa le premier poste
de professeur de dessin au collège, et créa le premier Musée municipal. Artiste et
collectionneur d’œuvre de ses amis peintres, ce musée était initialement essentiellement
constitué de don provenant de sa propre collection. On en trouve encore beaucoup
aujourd’hui dans les collections du Musée Sologne.
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Installé dans un premier temps rue du Grenier à Sel, près de la tour Jacquemart, il
finira sa vie dans sa maison dite du « Guideau » située dans l’actuelle rue Ovide Scribe. C’est
dans le four construit dans la cour de cette demeure qu’il réalisa ses plus belles céramiques,
dont plusieurs ornent encore la façade.
Passionné par l’Art de la Renaissance italienne, il reprit à la fois la technique des
céramistes de cette époque comme Luca della Robbia appelée « l’émail cru cuit à grand
feu », ainsi que le style des grands peintres tels que Botticelli, Léonard de Vinci et MichelAnge. Sa performance fut de reproduire avec beaucoup de fidélité les œuvres des artistes de
la Renaissance Italienne sans les avoir toujours vues en réalité.
Il se rendit à plusieurs reprises au Cabinet des Estampes à Paris, certainement pour y
trouver l’inspiration et les modèles de ses œuvres. Il explique dans une lettre du 25 octobre
1908 (adressée à Abel Billault), que les gravures conservées dans ce cabinet avaient
l’avantage d’être « copiables de plein droit ».
Ses sujets et son style étaient tellement fidèles à l’Art de la Renaissance italienne,
que certains marchands peu scrupuleux les vendaient en faisant croire aux acheteurs
qu’elles dataient du XVIème siècle.
Malgré sa formation à la peinture auprès des grands peintres parisiens de l’époque, Ovide Scribe
connaitra peu de succès avec ses tableaux, ceux-ci étant souvent jugés trop réalistes et donc peu
flatteurs pour ses modèles.
Pour ses tableaux, Ovide Scribe utilisaient plusieurs techniques dont l’aquarelle et la peinture à
l’huile sur toile ou sur bois.
Lorsqu’il peignait à l’huile, c’était avec une touche large et expressive. Cependant les couleurs qu’il
employait était assez sombre et donnait un aspect un peu goudronnée.
Les dessins d’Ovide Scribe sont aujourd’hui assez rares. Il s’agit souvent d’esquisses et de
croquis préparatoires réalisés au crayon de papier ou à l’encre de chine. Quelques uns
étaient colorés à l’aquarelle ou au pastel.
Il avait deux manières de signer ses œuvres. Les dessins et les peintures (à l’huile ou
aquarelles) portaient généralement son nom en toute lettre ou bien l’abréviation « L. Ov.
Scribe ». Toutefois sur de nombreuses céramiques, Ovide Scribe signait avec un
monogramme stylisé représentant un « S » entouré.
Ovide Scribe recevra plusieurs distinctions au cours de sa vie telles que les palmes
académiques en 1893, et la rosette d’officier de l’instruction publique en 1904.
Il meurt le 9 décembre 1909 à son domicile, des suites d’une pneumonie contractée auprès de son
four alors qu’il surveillait dans le froid une de ces longues cuissons de céramiques.
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L’art de la Renaissance comme sources d’inspiration
La plus grande source d’inspiration d’Ovide Scribe durant sa carrière d’artiste fut les œuvres des
grands peintres de la Renaissance italienne comme Botticelli, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël
et de certains sculpteurs comme Donatello.
Certains lui reprochent d’avoir beaucoup copié les maîtres de la Renaissance et de manquer
d’originalité.
Ses œuvres aux sujets plus personnels sont en effet plus confidentielles et généralement conservées
dans des collections privées telles que celles de ses descendants.
Sa performance fut de reproduire avec beaucoup de fidélité les œuvres des artistes de la Renaissance
Italienne sans les avoir vues en réalité. En effet, passionné par cette période historique, mais ne
s’étant jamais rendu en Italie, Scribe pouvait pourtant décrire avec exactitude les monuments de
Rome ou Florence. Il savait que dans tel musée, tel tableau était dans telle salle.
Ses sujets et son style étaient tellement fidèles à l’Art de la Renaissance italienne, que certains
marchands peu scrupuleux les vendaient en faisant croire aux acheteurs qu’elles dataient du
XVIème siècle.
La technique de l’émail cru cuit au grand feu
La peinture sur émail cru employée par Ovide Scribe, trouve ses origines en Perse et connait
un véritable essor en Italie au XVe siècle. En effet, c’est pendant la première Renaissance italienne,
appelée Quattrocento, que les artistes expriment leurs talents dans de véritables tableaux de
céramique émaillée.
Ovide Scribe réalise ses premiers essais de céramique en 1876, grâce à l’aide d’un fabricant
de vaisselle de Beaugency, nommé Jules Pinguet. Mais l’artiste n’était pas satisfait des résultats, car il
restait toujours « un semi de points blancs qui se produisaient à son feu ». En effet le commerçant lui
cuisait les céramiques dans son four en même temps que ses propres productions de vaisselles
communes. Par conséquent, la température n’était pas réglée spécifiquement pour les céramiques
de Scribe. C’est pourquoi il décide en 1877 de se construire son propre four de style italien à la FertéSt-Cyr. Après avoir fait des recherches sur les fours de la Renaissance, il prend le modèle de son four
dans un livre datant de 1548.
Sur les centaines de céramiques qu’il a réalisées, peu furent totalement réussies. Ceci
s’explique par la difficulté de doser la chaleur de son four. Il fera preuve de ténacité pour réussir ses
cuissons à force de tâtonnements et de patience, bien que l’utilisation de son four lui coûte
extrêmement cher.
Sa démarche artistique avait un but, celui d’égaler les maîtres anciens en matière de peinture sur
émail cru. Il fut un des derniers spécialistes de l’émail cru, après Lucas della Robbia et Palissy, dont la
technique fut décrite en 1548 par Piccolpasso. Ce type de céramique était unique à son époque, car
elle avait été oubliée au fil des siècles.
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Dans une de ses lettres, Ovide différenciait sa technique de dessin sur émail cru du travail des
autres céramistes de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, tels que les faïenciers de
Blois, de Nevers et de Paris. En effet, contrairement à lui, ils utilisaient la méthode de cuisson dite à «
petit feu ».
Par conséquent leur dessin qui s’exécutait sur un émail déjà cuit, ce qui autorisait les reprises
du dessin. Sa façon d’utiliser des oxydes sous forme de poudre pour obtenir les couleurs est aussi
différente des méthodes employées par les autres faïenciers de son temps :
« La couleur s’emploie avec des huiles, ce n’est plus la manière fresque usitée au XVIème siècle
italien. La couleur ne peut plus s’incorporer dans l’émail, la pénétration étant supprimée, il n’y a plus
ce gras, ce fondu, raison d’être du procédé. »
Les faïences d’Ovide Scribe visibles à Romorantin sur sa maison, au Musée de Sologne et à
l’église de Lanthenay sont la preuve du haut degré de technicité auquel il était parvenu en matière de
céramique. Il parvenait à faire figurer dans ses céramiques les détails les plus infimes et les plus
délicats comme des perles dans les coiffures et les habits des personnages Renaissance ou le plissé
des vêtements.
Qu’est-ce que la peinture sur émail cru cuite à « grand feu » ?
La cuisson à « grand feu » ne permet pas à l’artiste de faire des retouches et repentirs, car
on appose le décor sur l’émail cru qui est alors à l’état de poudre. On emploie des couleurs
qui sont obtenues à l’aide d’émaux pouvant résister, sans se dissoudre, aux hautes
températures nécessaires à la cuisson et à la fixation.
Cette technique limite la palette des couleurs employées, interdisant notamment l’or et le
rouge (qui vire au brun après cuisson).
1ère étape : la peinture sur émail cru :
Les pigments utilisés pour peindre sur l’émail cru sont délayés à l’eau.
Après avoir peint ses modèles sur émail cru, Scribe y appliquait la « couverte », une poudre
blanche, impalpable, composée d’émail fusible. Ceci servait à donner la glaçure brillante
recouvrant la peinture.
2ème étape : la cuisson à grand feu :
La cuisson était l’étape la plus délicate de la fabrication. Il avait construit son four lui-même
en se conformant rigoureusement aux règles établies par les céramistes du XVIème siècle.
Il procédait avec soin au rangement des émaux. Le feu était allumé et
four fermées.
les ouvertures du
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Puis il attendait, la cuisson pouvant durer jusqu’à 12 h. (Alors sa fille Maria lui apportait à
manger devant son four qu’il ne quittait pas jusqu’à la fin de la cuisson.)
La cuisson se déroulait en deux étapes, d’abord à feu doux, puis plus vif et montant jusqu’à
une température de 800 à 900°c, d’où l’expression cuire à « grand feu ».
On laissait ensuite le feu s’éteindre.
3ème étape : le défournement
Deux jours d’attentes étaient nécessaires avant de défourner les pièces.
Mais l’impatience de l’artiste le poussait bien des fois à se brûler les mains afin de voir plus
vite si sa cuisson était réussie.
Etude de l’œuvre pour le public scolaire
Analyse selon 4 critères
Forme
céramique
H. 27,2 cm
L. 35,5 cm
Technique
Email cru
cuit à grand
feu sur
plaque de
terre cuite
Signification
Couple de jeunes mariés face
aux Sept arts libéraux
les 7 femmes assises sont des
allégories de 7 arts libéraux: la
grammaire, la logique, la
rhétorique, l’arithmétique, la
musique, l’astronomie et la
géométrie.
Usage
Céramique d’Ovide Scribe
inspirée par une fresque du
peintre italien de la Renaissance
Botticelli.
Réalisée entre la fin XIXème et le
début du XXème siècle, cette
œuvre s’inscrit dans le style NéoRenaissance à la mode à cette
époque. Ovide Scribe fut au long
de sa carrière d’artiste très
inspiré par les artistes de la
Renaissance italienne à la fois
dans les sujet, le style et dans la
technique de céramique.
Il réalisait des oeuvres pour des
amis et parfois pour les vendre
ou pour rembourser des dettes.
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Analyse détaillée de l’œuvre
Cette copie de la fresque de Botticelli réalisée pour la villa Lemmi près de Florence en Italie
en 1483(conservée au Musée du Louvre) est une scène allégorique.
Le couple de jeunes mariés au premier plan est vêtu à la mode Renaissance.
Les 7 arts libéraux représentés par les femmes assises correspondent à l’enseignement
délivré par les universités de la Renaissance à Florence basé sur ces 7 arts libéraux divisés en 2 socles
principaux:
- le TRIVIUM servant à savoir s’exprimer en latin comprenant : grammaire, logique et
rhétorique
-le QUATRIVIUM regroupant les arts techniques et scientifiques : la musique, l’astronomie, la
géométrie et l’arithmétique.
Ovide Scribe a apporté plusieurs modifications par rapport à l’œuvre originale. Il a
notamment modifié certaines couleurs car il a certainement travaillé d’après une gravure ou des
notes.Il indique sa source d’inspiration sur une pierre en bas à gauche en inscrivant “Sandro
BOTTICELLI”.
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Détail de l’œuvre
Détail de l’œuvre de
Botticelli
Description
Interprétation
Le couple de
jeunes mariés au
premier plan est
vêtu à la mode
Renaissance. Le
jeune homme
porte une
longue tunique
bleue et un
chapeau rouge. La
jeune femme
porte une robe
blanche et une
cape rouge.
Couple de jeunes mariés
La femme vêtue
de bleue et
d’orange en bas
au centre tient un
instrument de la
famille de l’orgue
appelé le Positif.
Allégorie de la Musique
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La femme en bas
vêtue de jaune à
la capuche bleue
et à la coiffe
blanche tient un
globe dans
L’œuvre originale.
Allégorie de l’astronomie
la femme en bas à
droite en vert
tient une équerre.
Allégorie de la géométrie
la femme assise
en hauteur à
droite en orange
et bleu tient un
arc.
Allégorie de l’arithmétique
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La femme en haut
au centre à la tête
nue et habillée de
bleu tient un
rouleau de
parchemin dans la
main gauche dans
l’œuvre originale.
Allégorie de la rhétorique
La femme en haut
en bleu et jaune,
coiffée d’un
turban blanc tient
un sceptre, alors
que dans l’œuvre
originale le tient
également un
scorpion noir
Allégorie de la logique
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La femme en haut
à gauche tient un
parchemin dans
les mains.
Allégorie de la grammaire
Inscription à
droite « OV
Scribe »
Signature de l’auteur
Ovide Scribe
Inscription à
gauche « Sandro
Botticelly »
L’auteur cite sa source
d’inspiration Sandro
Botticelli
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