Un relais pour la réinsertion des sortants de prison - I

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Un relais pour la réinsertion des sortants de prison - I
Prévention de la récidive
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PRÉPARATION À LA SORTIE
ET RETOUR À LA SOCIÉTÉ CIVILE
Lyon (Rhône)
Un relais pour la réinsertion
des sortants de prison
OPÉRATEUR
Nature de l’action
Association des
praticiens de l’urgence
sociale (APUS)
Accompagnement social et sanitaire personnalisé
des sortants de prison, orienté vers le logement.
PARTENARIAT
Objectifs principaux
Financeurs
FSL État, conseil général,
ville de Lyon, politique
de la ville pour
l’instruction du RMI
en milieu carcéral
- Prévenir la récidive en accompagnant les
sortants de prison vers des solutions à leurs
besoins spécifiques (logement, droits, liens
sociaux…).
- Assurer une meilleure insertion au moyen de
réponses personnalisées en termes de logement,
d’accompagnement social et d’accès aux soins.
Autres partenaires
Les prisons de Lyon
(SPIP, antenne
toxicomanie, service
social), le comité local
pour le logement
autonome des jeunes
(CLLAJ), les structures
d’hébergement
temporaire, les équipes
de prévention du conseil
général.
C O N TA C T S
Publics visés
Sortants de prison toxicomanes.
Lieu de déroulement
Lyon.
Denis HAMELIN - Directeur de l’APUS
Céline ROUCOULE (éducatrice spécialisée)
Responsable de l’action
7, place du Griffon
BP 1 111
69202 Lyon cedex 01
Tél. : 04 72 10 13 13
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À l’origine…
Intervenants
L’association a été créée en 1976 à partir
du service des urgences de l’hôpital
Édouard-Herriot de Lyon, par des
praticiens hospitaliers et des magistrats.
Au départ, l’association s’est spécialisée
dans l’accès du public toxicomane, et a
été conçue d’emblée comme un relais
vers la réinsertion, après une période
d’hospitalisation ou d’incarcération.
50 % des personnes accueillies à l’APUS
sont sous main de justice (sur un total
de cinq cents par an environ).
Après une longue période de
partenariat informel avec les prisons,
la connaissance institutionnelle est
effective depuis 1995 via une
convention d’objectifs santé-justice
financée par la Mission interministérielle
de lutte contre la drogue et la
toxicomanie (MILDT). Par ailleurs une
convention spécifique « FSL » (aide
sociale liée au logement) passée avec
le département du Rhône et la ville
de Lyon porte sur trente bénéficiaires
sortant de prison. Enfin, le partenariat
de l’APUS avec les prisons s’est enrichi
en 1999 par une action d’instruction
du RMI auprès des détenus éligibles
au dispositif dans les établissements
pénitentiaires de Lyon, Villefranche-surSaône, Saint-Quentin-Fallavier.
Cette action est cofinancée par l’État
(politique de la ville), le département du
Rhône et la ville de Lyon. 306 détenus
ont été vus dans ce cadre en 2002 sur
les 3 établissements pénitentiaires et
220 dossiers RMI ont été constitués
(80 instructions, 143 maintiens des
droits, 72 réactivations des droits),
ouvrant droit dès la libération à
l’obtention de l’allocation, à la rencontre
avec un instructeur RMI informé de la
situation du bénéficiaire, ainsi qu’aux
différents droits sociaux attachés à la
mesure (couverture maladie universelle
[CMU], logement).
Un éducateur spécialisé pour le suivi,
et en fonction des cas et des besoins, un
psychologue, un médecin, un travailleur
social de l’association et différents
partenaires.
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Fonctionnement
La démarche se déroule en 4 phases
d’accompagnement.
1) Prise de contact avec le bénéficiaire,
selon le cas :
- aux permanences de l’APUS ;
- par courrier, pour les personnes
incarcérées ;
- rencontre en prison sur signalement des
travailleurs sociaux de maisons d’arrêt ou
des intervenants de l’antenne toxicomanie ;
- à l’unité de préparation à la sortie (UPS),
pilotée par l’antenne toxicomanie des
prisons de Lyon.
2) Entretien, contrat entre l’association
et la personne, élaboration du projet et
démarches, selon le cas avant ou après
la sortie.
3) Recherche d’un hébergement adapté
(paiement par l’allocation logement
temporaire, le RMI ou une aide spécifique) :
hôtel, centre d’hébergement, appartement
thérapeutique, appartement transitoire
banalisé.
4) Parallèlement, mise en place d’un
accompagnement global (soin sur une
injonction thérapeutique, recherche de
logement, d’emploi, suivi socio-éducatif
et/ou médical, soutien psychologique…).
Le dispositif mis en place ici est issu des
constats effectués par l’équipe sur les
facteurs de récidive pour les sortants
de prison :
- la nécessité pour beaucoup de résoudre
dans l’urgence de nombreux problèmes,
sans appui ;
- l’irréalisme de certains projets élaborés
durant la détention face aux contraintes
des réalités à affronter à la sortie ;
Politique de la ville et prévention de la délinquance
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Un relais pour la réinsertion des sortants de prison
Prévention de la récidive
Lyon (Rhône)
- la fragilité propre du sortant ;
- les difficultés plus grandes encore
dans le cas de toxicomanes.
D’où l’élaboration d’un modèle
d’intervention, d’abord intra-muros
dans l’unité de préparation à la sortie,
et extra-muros par un dispositif et un
mode d’accompagnement adapté,
personnalisé.
Il s’agit essentiellement, dans un
premier temps, de réduire l’écart
intérieur (prison)- extérieur et l’effet de
rupture, en préparant au changement
de repères, en suscitant une
responsabilisation du détenu dans
l’élaboration de son projet postdétention, en amenant une prise en
compte réaliste de ce qui attend le
sortant… Les notions de projet, et de
contrat sont essentielles à ce niveau.
Dans un deuxième temps, le logement
représente pour l’association un point
d’appui dans le cadre d’un travail global.
En effet, dans la problématique du
sortant de prison, le logement a une
place capitale, mais les solutions
standards (type CHRS…) ne sont
pas toujours adaptées.
Répondre au plus près de la situation
des personnes demeure l’objectif
de travail, quitte à tester plusieurs
solutions provisoires en fonction du
choix du sortant et des possibilités
d’hébergement existantes.
L’usage de drogues ajoute aux difficultés
du sortant, ce qui donne tout son sens
au suivi médical et psychologique et au
respect de l’injonction thérapeutique le
cas échéant. C’est le succès dans la triple
démarche logement – soin physique/
suivi psychologique – emploi, qui
permet de s’assurer en grande partie
de la réussite de la réinsertion.
Enfin, le temps d’accompagnement vers
l’autonomie progressive est précieux.
Il n’y a pas de parcours standard,
et l’échec possible est pris en compte
par les intervenants.
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Bilan/Perspectives
Malgré les difficultés inhérentes au
système carcéral, le partenariat institué
avec le secteur associatif et les prisons
constitue une avancée notoire dans le
domaine de la préparation à la sortie
et de la prévention de la récidive.
En raison de la complexité de la
question de l’hébergement pour les
sortants de prison, l’APUS envisage
d’élargir le partenariat existant à
d’autres acteurs (associatifs, publics,
privés) intervenant dans le secteur
du logement.
O B S E R VAT I O N S
La réussite de cette expérience
se fonde depuis le début sur deux
éléments essentiels :
- la solidité du partenariat avec
l'institution pénitentiaire et judiciaire.
Ici un comité de pilotage (social,
santé, justice) suit régulièrement
l’expérience, qui bénéficie d'une
garantie de financement renouvelée
annuellement et d'un réseau de
partenaires techniques bien impliqués
dans l’opération.
- le professionnalisme de
l’accompagnement proposé pour la
réinsertion des sortants de prison
toxicomanes, à la fois personnalisé
et global, appuyé sur un triptyque
logement, santé, emploi.
Ce projet est exemplaire d’une
approche globale des problèmes qui
se posent aux sortants de prison pour
leur réinsertion : logement, santé,
emploi et, le cas échéant, maintien
des liens familiaux.