Des études suggèrent que les symptômes de l`X fragile n`équivalent
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Des études suggèrent que les symptômes de l`X fragile n`équivalent
Des études suggèrent que les symptômes de l’X fragile n’équivalent pas à l’autisme Par Jessica Wright - 8 mai 2014 Traduit de l’anglais par : N. Jenkins Johnston pour MOSAÏQUES Alberto Ruggieri Anxiété sociale : Les enfants autistes et ceux affectés par le syndrome de l’X fragile évitent de regarder les autres dans les yeux. Cependant les enfants X fragile portent parfois un regard à la personne une fois qu’elle a le dos tourné. Le syndrome de l’X Fragile est une forme héréditaire de déficience intellectuelle souvent liée à l’autisme. En effet, environ un tiers des personnes X fragile ont également un diagnostic autistique. Plusieurs études menées au cours des derniers mois suggèrent cependant que les symptômes autistiques relevés chez les sujets X fragile ne ressembleraient qu’en surface à la description des symptômes classiques de l’autisme1, 2. Le syndrome de l’X Fragile résulte de la mutation d’un gène unique, le FMR1. La protéine de l’X fragile influence également l’expression de plusieurs gènes liés à l’autisme. Cet acquis a permis aux chercheurs de faire un bon en avant dans la recherche de traitements. L’autisme, quant à lui, est génétiquement complexe et diagnostiqué principalement sur la base de symptômes comportementaux. De nombreux enfants souffrant de troubles génétiques caractéristiques, dont l’X fragile, présentent des symptômes associés à l’autisme et sont diagnostiqués en tant que tels. Certains chercheurs qualifient ces sous-types « d’autismes ». Mais il semblerait que l’autisme dont on parle chez ces individus se révèle être une maladie différente. Ceci a des implications pour les traitements. En effet, certains traitements développés pour traiter le syndrome de l’X fragile sont également testés chez les autistes, bien qu’ils n’apportent peut-être aucun bienfait à ces derniers. « J’ai d’abord cru que ça n’avait pas d’importance. Si des enfants X fragile remplissaient les critères de diagnostic de l’autisme, il s’agissait d’autisme et c’est tout. » raconte Leonard Abbeduto, directeur de l’institut University of California, Davis MIND à Sacramento. « Je me suis rendu compte que ce n’était pas une approche productive », dit Abbeduto. « Il y a une distinction entre les deux maladies qui d’après moi a beaucoup d’importance pour les traitements. » Anxiété sociale : L’une des différences clé, par exemple, est constatée dans les interactions sociales. Les enfants autistes et X fragile évitent les contacts sociaux, se font difficilement des amis et détournent le regard quand on les regarde. Mais les enfants X fragile jettent souvent un œil à la personne une fois qu’elle a le dos tournée, alors que les enfants autistes, eux, ne montrent pour la plupart aucun intérêt envers les interactions sociales. « Les enfants atteints du syndrome de l’X fragile souffrent d’anxiété sociale sévère, ce qui engendre la perception qu’ils sont autistes », explique Stephen Warren, professeur de génétique humaine à l’Emory University School of Medicine d’Atlanta. « Ils sont pourtant intéressés par leur environnement, mais sont extrêmement timides et anxieux. » De même, les enfants autistes et X fragile ont des comportements répétitifs caractéristiques du diagnostic de l’autisme, mais la nature de ces comportements diffère entre les deux maladies. Les enfants X fragile font des mouvements répétitifs basiques comme agiter les mains, alors que les enfants autistes peuvent présenter plusieurs types de comportements, comme par exemple le rangement compulsif de leurs jouets ou des intérêts limités3. « On a d’un côté une personne qui bat des mains et se donne des claques, et de l’autre quelqu’un qui ne fait pas ça mais aime aligner ses jouets », décrit Joseph Piven, professeur en psychiatrie à l’université de North Carolina, Chapel Hill. « On les met dans le même sac, mais il s’agit en fait de phénomènes différents. » Une autre différence entre le syndrome de l’X fragile et l’autisme apparait chez les garçons, qui ont dans la grande majorité un quotient intellectuel bas (QI). Cette déficience intellectuelle, qui se traduit par des difficultés de langage et de communication, amplifie d’après les experts l’interprétation erronée d’un comportement autistique. Selon Scott Hall, professeur adjoint de psychiatrie à l’école de médecine de l’université de Stanford en Californie4, il est aussi possible que cette déficience intellectuelle accroisse les déficits sociaux et les comportements répétitifs associés au syndrome de l’X fragile, les rendant plus faciles à détecter lors de tests visant à diagnostiquer l’autisme. « Quand le QI est bas, les tests relèvent davantage de troubles associés à l’autisme, plaçant ces enfants dans cette catégorie », poursuit-il. En accord avec cette hypothèse, un QI bas semble aller de pair dans les symptômes comportementaux observés chez le syndrome de l’X fragile. Chez les autistes, en revanche, les déficiences sociales sont présentes même chez les enfants d’intelligence moyenne. Comparaison prudente : Selon Warren, pour éviter que les résultats ne soient faussés par le QI, il faudrait ne comparer que des enfants X fragile avec des enfants autistes ayant des QI similaires. Abbeduto et ses collègues ont suivi cette approche dans deux études publiées cette année. Les résultats montrent qu’à QI égal, les enfants X fragile ont moins de déficiences sociales inhérentes que les enfants autistes. Les garçons X fragile, par exemple, sourient et communiquent plus avec les autres que les garçons autistes. Ils sont aussi plus anxieux et hyperactifs, ce qui les pousse à éviter les interactions sociales. Des études par imagerie suggèrent qu’il existe aussi des différences structurelles entre le cerveau des enfants autistes et celui des enfants X fragile6. Plusieurs études montrent notamment un noyau caudé de plus grande taille chez les enfants X fragile7. Cette région gère les circuits cérébraux dont la fonction principale est le mouvement. En revanche, il en ressort que les enfants autistes ont un cerveau plus gros que le groupe témoin, alors que leur noyau caudé est de taille moyenne8. Selon Piven, les études par imagerie du cerveau pourraient donc être un outil objectif pour déterminer si des enfants sont autistes ou bien atteints du syndrome de l’X fragile, plutôt que de se baser sur des observations superficielles du comportement. Par exemple, dans une étude publiée en avril, Piven et ses collègues ont découvert que des garçons X fragile dont le noyau caudé était plus volumineux avaient plus de chances d’avoir un QI bas et des symptômes autistiques sévères9. En conclusion, il est fort possible qu’une meilleure compréhension des différences et similitudes entre le syndrome de l’X fragile et ceux de l’autisme permettent aux scientifiques de trouver des traitements adaptés à ces maladies. « C’est un processus laborieux. Cela ressemble à l’épluchage d’un oignon. », dit-il. « Nous devons continuer nos recherches car mettre l’ensemble sous l’étiquette ‘d’autismes’ n’est pas suffisant. » Les articles de presse et d’opinion de SFARI.org sont éditorialement indépendants de la Simons Foundation. Références : 1: McDuffie A. et al. J. Autism Dev. Disord. Diffusé en ligne avant publication (2014) PubMed 2: Thurman A.J. et al. Res. Dev. Disabil. 35, 1072-1086 (2014) PubMed 3: Wolff J.J. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 51, 1324-1332 (2012) PubMed 4: Hall S.S. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 49, 921-933 (2010) PubMed 5: McDuffie A. et al. Am. J. Intellect. Dev. Disabil. 115, 307-326 (2010) PubMed 6: Hoeft F. et al. Arch. Gen. Psychiatry 68, 295-305 (2011) PubMed 7: Wolff J.J. et al. J. Neurodev. Disord. 5, 12 (2013) PubMed 8: Hazlett H.C. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 51, 921-933 (2012) PubMed 9: Romano D. et al. Hum. Brain Mapp. Diffusé en ligne avant publication (2014) PubMed