DOMENICA

Transcription

DOMENICA
DOMENICA
Fermer les yeux...
Fermer les yeux et se replonger dans l'instant... dans ces premières
minutes... ce tout premier regard... ça y est... j'y suis...
C'était bien là, au pied du funiculaire.
Moi, chargé comme une mule: parasol, sac de plage gavé de serviettes,
chariot en plastique plein à craquer de pelles, râteaux, sceaux, moules
crabe/pieuvre/autres animaux non identifiés. Ca c'était d'une main.
Parce qu'au bout de l'autre j'avais ma petite tête blonde de 2 ans...
comment dire... avec ses chaussures, son maillot de bain rose et un
grand sourire sur son visage qui signifiait "Aahh... c'était bien la mer
avec papa!".
Une des premières fois que j'emmenais ma fille seule à la plage et quel
succès! Impressionnant! Le visage des femmes s'illuminait à notre
passage et elles échangeaient souvent quelques mots avec leurs
voisines.
"Regarde la petite comme elle est mignonne!"
"Elle est trop chou!"
"Les petites gambettes dans son maillot rose!"
Heureusement, de temps en temps, elles levaient les yeux et j'avais droit
à une partie du sourire.
Je repartais donc totalement rechargé de cette journée de plage. Il était
presque 17h ce lundi 29 août. Un mois d'août qui en plus avait été bien
rempli: famille/bons repas/amis/fiesta/farniente/vielles
pierres/plages/soleil/baignades. La liste est longue. Un mois à respirer le
bon air marin et les forets d'eucalyptus. Un mois de vacances qui se
termine par cette dernière semaine paisible avec mes deux enfants que
j'amène de manière alternative... voir la mer...
Pas le courage de remonter à pied, et avec tout mon équipement, les 110
mètres de dénivelé de la falaise pour rejoindre la voiture. La superbe
plage de Nazaré a cette caractéristique d'être surplombée, au nord, par
un massif rocheux impressionnant. Je me gare souvent la haut... juste
pour admirer la vue. Il faut ensuite compter bien 15 minutes pour
rejoindre la plage par cet escalier ancestral qui sillonne la falaise et
rejoint d'autres escaliers secondaires que seuls les locaux connaissent.
En chemin inverse c'est une autre histoire. Avec mon grand de 4 ans,
pas de souci, j'ai plutôt du mal à le suivre. Avec ma petite c'est...
comment dire... différent... Elle vous bloque la route... vous regarde
droit dans les yeux... lève les bras... et vous fait comprendre gentiment,
mais sûrement, qu'elle n'ira pas plus loin.
Heureusement, les "serviços municipalizados da Nazaré" mettent à
disposition des plagistes surchargés un magnifique funiculaire rénové il
y a une dizaine d'années. On gravit la falaise en quelques minutes et
avec un minimum d'effort pour la modique somme de... 1E10... On ne
va pas s'en priver... d'ailleurs... il y a bien 30 personnes devant moi qui
ont eu la même idée... Mince... il y a la queue et nous voilà bons
derniers...
Sa nonchalance...
Son teint halé...
Son look... mi sexy... mi bohème...
... et un brin d'insolence qui scintille souvent dans le regard des belles
jeunes femmes...
Elle se place derrière nous et, encore une fois, c'est ma petite starlette en
maillot de bain... rose... qui a l'exclusivité du sourire.
Elle sourit à ma fille, ma fille me sourit... et moi... évidemment... je
souris à qui?
Elle lève les yeux vers moi et maintient son expression malgré qu'un
peu de gène s'y glisse. Je lui rends en double puis jette un "Allez Elona,
viens, ça avance!" à ma fille juste pour faire le "papa qui assure".
Le funiculaire arrive à quai. Dans cette station de gare balnéaire faite de
verre et de métal tout est jeux de transparence et de lumière.
"A seguir! (suivant)"
Arrive notre tour, je jongle avec mon attirail pour sortir la somme
nécessaire tout en observant ma petite blonde... et la belle brune derrière
moi.
Ticket 16h59
Le wagon avale ses passagers, je me retrouve un peu en hauteur, paré
pour le décollage!... ha non, mince, c'est pas le "space mountain"...
Les portes se ferment et dès la sortie de la gare, tous les regards se
tournent vers "la vue". Moi je la connais par coeur alors je regarde dans
une autre direction... évidemment... et, à ma grande surprise, elle se
retourne et laisse à nouveau échapper un brin de sourire, à peine plus
marqué que celui de Mona Lisa... mais ça me suffit... largement pour
comprendre qu'il y a quelque chose qui se passe. Maintenant comment
faire?!
Engager une conversation avec une inconnue dans une soirée, c'est déjà
pas évident, mais avec 10 kilos de matériel de plage d'une main et 10
kilos de "petit bout de choux qui court partout" d'une autre... ça risque
de devenir vite folklorique!
"Chegada ao sitio"... terminus... 110 mètres plus haut...
Me voyant encombré, les gens me laissent passer et me voilà dans les
premiers débarqués sur le quai. Je rassemble mon matériel pour me le
mettre à l'épaule et garde ma petite d'une main ferme : "Donne la main
Elona, il faut faire attention au train!"
Je traîne un peu pour laisser passer la foule devant moi et je la vois
s'avancer dans notre direction, toujours avec nonchalance, elle nous
frôle... presque...
Un frisson me parcoure et m'inspire une phrase que je lui glisse à
l'oreille à son passage : "Je vous trouve... très belle!"
Voilà, tout simplement... J'aurais pu faire mieux, j'aurais pu
certainement faire pire mais de toute façon, face à l'urgence, vive
l'inspiration!
Sur ces mots, elle se retourne, et me fait cette fois un sourire qui a dû
capter le regard de tous les représentants de la gente masculine derrière
moi... 9 sur l'échelle de Richter... dévastateur...
Elle ne s'arrête pas mais ralentit franchement le pas. Mon sang ne fait
qu'un tour! J'y crois pas... elle nous attend!
"Viens Elona viens, on va aller dehors!"
C'est bien sûr... à ce moment précis... que ma fille décide... de n'en faire
qu'à sa tête...
Attirée par "je ne sais quoi", elle m'indique la direction opposée pour
m'y emmener tout en poussant des petits gémissements de "gremlins
capricieux".
"Mais non Elona! Viens on y va, on reviendra une autre fois. Allez!"
Mais rien n'y fait, elle me tire toujours dans l'autre sens, et je vois
s'éloigner lentement mais sûrement le plus beau sourire de l'été... Quand
je réussis enfin à la traîner jusqu'à la sortie, plus de belle brune à
l'horizon. Mon regard se porte sur ma fille, je pousse un soupir en me
demandant si ce n'est pas son instinct féminin qui l'a fait me ralentir au
pire moment... grrrr... Un petit sourire malicieux apparaît sur son visage
que je traduis en : "T'es mon papa! A moi et à personne d'autre!"
"Viens Elona (re-soupir) on va manger une glace..."
Nous descendons la ruelle principale bordée d'échoppes et nous arrêtons
sur une grande terrasse avec vue sur le passage qui mène au funiculaire.
Des fois qu'elle revienne, après tout, on ne sait jamais!
Je commande une "aguas das pedras" (eau pétillante) et une glace du
genre "triple couche maxi chocolatée". La serveuse nous les apporte et
c'est au moment ou je tends l'objet du délit de gourmandise à ma petite
que je me rends compte de mon erreur... trop tard... tant pis... cinq
minutes plus tard, il y en avait autant sur ses joues et ses mains que dans
son estomac... direction, le lavabo!
Je laisse mon barda sur les sièges en toute confiance, il y a peu de vols
dans les bourgades portugaises. Normal, ceux qui s'y essayent, prennent
un "coup de truelle derrière l'oreille" par le maçon le plus proche et dans
les bars, il y en a une bonne moyenne au mètre carré.
Après le débarbouillage, je paie et recharge la mule... moi en
l'occurrence.
"Viens Elona! On va continuer vers la place de l'église!"
Des fois qu'elle y soit, après tout, on ne sait jamais!
La grande place pavée de l'église "Nossa Senhora de Nazaré" est bordée
par un marché aux puces. Les bibelots "made in china" y côtoient les
productions locales. Colliers de coquillage gravés contre chiens qui
aboient/marchent/ont les yeux qui clignotent façon toutous radioactifs.
Sachets de lupins contre copies pirates du dernier album de Michael
Jackson. Le tout sur des étales ou à même le sol mais toujours avec le
vendeur "pas loin, prêt à vous renseigner"... sans toutefois vous sauter
dessus comme on le voit ailleurs... Je flâne en gardant un oeil sur mon
petit monstre qui a activé son radar "chercher les jouets" et place
quelques "Non Elona.... touche pas! C'est pas à toi!" aux moments
opportuns quand tout à coup... à quelques mètres de moi... je la vois...
Nos regards se croisent, nos sourires se synchronisent, je me dirige vers
elle... j'entends à peine les plaintes de ma petite "kitikiti!!" qui viens
juste de repérer un mug Hello Kitty...
"Bonjour! Alors, tu es venu à Nazaré faire un peu de tourisme?" lui disje directement en français. Elle n'a pas un visage de portugaise de toute
façon... trop fin... ni le corps... trop fine et pas assez de poitrine...
Elle me répond, comment dirais-je... avec une phrase oui... c'est ça...
une phrase du genre... incompréhensible... je reconnais néanmoins
l'accent chantant et méditerranéen et lui rétorque : "Aahhh... tu es
italienne?"
"Si" me dit-elle...
Oula... la seule chose que je sais dire en italien c'est "no capito niente"...
c'est pas gagné...
Très rapidement, elle se focalise sur ma mini-moi à mon bras avec un
regard tendre et un sourire aux anges et laissa échapper son tout premier
"Che carino!" (si mignon!)... il y en aurait bien d'autres par la suite... je
ne m'en doutais pas encore...
"Italienne... heuu... tu parles un peu anglais?"
Ne parlant toujours pas italien... je traduirai systématiquement ce que je
croyais comprendre quand c'est elle qui prend la parole.
"Humm... très peu..."
"Ok! Pas de problème! Je te parle franco-portugais et... toi tu me
réponds en italien!... Je suis sûr qu'on va y arriver!"
Elle sourit.
"Alors tu es à Nazaré pour la semaine?"
"Non, je fais un voyage du nord au sud du Portugal sur deux semaines...
je pars de Nazaré demain."
Argh! Demain!... pensais-je tellement fort que ça se lisait sur mon
visage.
"Ah non!... demain déjà? Mais dis moi... je peux t'inviter à boire un
verre à une terrasse?". Ma fille commençait à s'agiter à mon bras et
j'étais toujours à moitié bancal avec mon kit de survie papa-plagiste à
l'épaule. "Il y a un bar sympa juste à coté de la falaise avec une vue
plongeante sur la plage!"
"Ah ok!" me fait-elle aussi bien avec des mots qu'avec ses mains... elle
est italienne pour ça il n'y a pas photo!
On commence à remonter la même ruelle qui mène au funiculaire et qui
se prolonge vers le bord de la falaise. On échange quelques banalités :
"Tu t'appelles comment?"
"Elena."
"C'est drôle ça! Ma fille s'appelle Elona! Moi c'est Daniel... enchanté...
vraiment! Tu as quel âge?"
"28."
"Moi... heu... un peu plus... Tu es venu seule?"
"Oui."
Et je me dis soudain... quand même... ma petite fille... c'est un peu
comme un pass VIP chez certaines femmes. Sans elle à mon bras...
aurait-elle accepté de se balader avec un inconnu... au bord d'une
falaise? Bien sur, il y a un parapet mais pas de doute qu'il est "non
conforme à la législation européenne".
"Mince... tu t'en vas demain..." lui dis-je avec en bonus des yeux de
chien battu. "J'ai une idée! Prends moi en photo avec ma fille, la plage
en fond, ça me fera un souvenir de toi!"
Je lui donne mon appareil photo, pose mon attirail hors-cadre, prends
ma petite dans les bras et commence à prendre la pose. "Elona... regarde
Elena!"... mais rien n'y fait... "Pas grave Elena! Vas-y!"
Photo 17h41
"Super Elena... bah viens! On va essayer de faire une photo tous les
trois!"
Elle me redonne l'appareil et... se colle à moi... je rapproche mon visage
du sien et prends une première photo.
Photo 17h42
"Attends... j'en fais plusieurs!"
Nos tempes se touchent... je sens la chaleur de son corps à travers cette
petite surface de contact et... presque son souffle. Ma tête pivote
instinctivement, mes lèvres se rapprochent de son long cou et je l'y
embrasse.
Elle se détache doucement, comprenant que la séance photo est finit, me
regarde et me dis "Dis donc... tu es rapide!"
"Bah... tu m'as dis que tu t'en allais demain!"
Nous échangeons un sourire puis un premier baiser timide... c'est que...
j'ai toujours ma petite dans les bras!
Je regarde autour de moi, après tout, on est dans une rue piétonne donc
je peux la lâcher 2 minutes. Je la pose à terre, reprends mon farda et,
tout en disant "Viens Elona, c'est par là!" à ma petite, je me saisis de la
main d'Elena pour les emmener au "bar avec vue" cinquante mètres plus
loin. Cette configuration a tenu environ... dix secondes... le temps de
faire cinq mètres... Je crois rêver quand je vois ma fille s'interposer
entre moi et l'italienne. Elle tente carrément de séparer nos mains en
faisant des grognements de mécontentement...j'avais jamais vu une telle
réaction de jalousie possessive chez elle. Il faut dire que, depuis ma
séparation, c'est sûrement la première fois qu'elle me voit donner la
main à quelqu'un d'autre qu'elle ou son frère.
Elena, amusée, me la lâche sous cette "petite" pression et dit : "Ooh...
jalouse? Che carino!"
Quelques grognements et "Arrête Elona!" plus loin et nous voici
attablés devant une "Super bock" (bière portugaise) bien fraiche.
Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un large sourire aux lèvres en
contemplant cette belle jeune femme devant moi avec laquelle j'ai une
discussion... plus que chaotique! J'arrive à comprendre le sens général
de ses phrases mais les détails m'échappent souvent alors elle se
répète... je me répète... j'essaye en anglais, en français, en portugais...
elle fait des grands gestes pour appuyer sur les mots importants. Nous
continuons ainsi les présentations mais les plaintes de ma petite
deviennent de plus en plus présentes et j'arrive rapidement à la
conclusion que... je dois passer en mode "père indigne" et donc la
déposer au village, chez papi-mamie, puis revenir si je veux être
tranquille avec Elena.
Il s'agit quand même de deux heures de route en perceptive, plus, la
négociation avec mes parents auxquels je vais devoir expliquer en gros
que :
"Dans la série 'carpe diem'... j'ai prévu de passer une soirée 'mui
caliente' avec une jeune italienne que je connais à peine pendant que
vous allez faire la nounou avec mes enfants... et je ne sais pas à quelle
heure je rentre... si je rentre... génial non?"
Mais plutôt dans ces termes :
"Maman, je me suis fait une super copine à Nazaré et elle part demain...
j'aimerais vraiment la voir tranquillement ce soir, d'ailleurs, elle va
peut-être m'héberger pour la nuit... est ce que tu peux garder les petits?
Je rentrerai demain vers midi."
J'en parle à Elena qui semble ravie à l'idée de passer une soirée avec
moi. Nous discutons encore quelques minutes, échangeons nos numéros
de téléphones mobiles et nous nous quittons après un long et langoureux
baiser suivi d'un dernier "Che carino" à l'adresse de ma petite de la part
de celle que j'appellerai désormais... la "bella ragazza".
Je la vois s'éloigner.
Direction la voiture.
Fatras dans le coffre.
Petite en rehausseur à coté de moi.
Petites routes pour rejoindre l'autoroute.
Autoroute.
Coup de fils à mes parents... ouf... pas de soucis...
J'accélère.
Leiria.
Petites routes.
Village.
Maison.
Mon grand me saute au cou.
Je lui explique.
Câlins aux deux.
Quelques mots avec mes parents.
Je remonte dans ma voiture.
Petites routes.
Leiria.
Autoroute.
190km/h.
Petites routes pour rejoindre la plage.
Nazaré by night... 22h15...
Ici, la journée, la foule va et vient entre les trois gros centres d'intérêt
que sont la plage de sable fin, la mer et les commerces.
Trop chaud? Vous piquez une tête dans l'océan atlantique et son eau à
16° vous rafraîchit... instantanément! Pas vraiment possible d'y aller
doucement d'ailleurs! La première raison c'est qu'il y a toujours un
morveux... heuuu... un gamin en train de jouer au foot dans l'eau à un
coup de pied (au cul) de vous... grrr... la deuxième, et non des moindres,
c'est que le record du monde de "big wave surfing" vient d'être
pulvérisé à Nazaré... et oui, au Portugal... pas à Hawaï!
Un dénommé Garrett McNamara a en effet surfé sur une vague de
presque trente mètres de haut l'hiver dernier. On est d'accord, au mois
d'août, quand le drapeau est vert... c'est bien plus calme... mais il y a
quand même une sorte de "mur d'eau" à franchir avant de pouvoir nager
tranquillement... juste soulevé par la houle. De là vous pouvez d'ailleurs
admirer celles et ceux qui s'essayent au franchissement et rire de voir la
cohue à chaque nouvelle "grosse" vague... de deux mètres grand
maximum...
Les commerces et notamment les bars et restaurants sont un autre pôle
d'attraction bien commode et pour le moins alléchant... sardines grillées,
coques, bière et bon pain vous font un repas complet pour quelques
Euros.
La nuit... c'est une toute autre ambiance. Moins d'enfants, moins de
bruit, il fait presque frais avec l'air marin et, souvent, on entend un fond
musical d'un concert sur la grande place ou provenant d'un bar un peu
plus mouvementé.
Je me saisis de mon mobile et lui envoie:
sms 22h21 "J y suis Estou aqui I m here ;-)"
Je lui ai donné rendez-vous à 22h30 près d'une grande estrade couverte
de bâches noires et montée à coté de la promenade. On a repéré
ensemble cette structure du haut de la falaise avant de se quitter...
Etant un peu en avance, je m'assois tranquillement sur l'estrade et je
regarde "le défilé". C'est une de mes distractions favorites quand je suis
en train d'attendre à un endroit. Juste regarder "les gens". Les familles
endimanchées, les jeunes animés, les femmes toutes pouponnées. C'est
souvent une activité à sens unique mais... de temps en temps... mon
regard trouve un écho.
Hummmm... 22h30... et je ne vois pas le bout de son joli nez. Les
femmes et la ponctualité... re-texto:
sms 22h31 "Near the big black music scene in front of santander totta
bank You are on the way ?"
Un mauvais présage me traverse l'esprit. Et si elle s'était dégonflée? Si
c'était juste pour me faire courir?... mais non... je sors mon "joker": une
femme ne ferait pas ça à un papa! Quelqu'un qui a de VRAIS
responsabilités quoi!
... enfin... j'espère...
Mon téléphone beep:
sms 22h32 "Sorry,I'm late..10 minute..»
Je lui réponds:
sms 22h32 "Lol ok ;-)"
10 minutes à tuer donc... que faire pendant ces 10 minutes... mais bien
sur! Rouler un joint!
Je retourne à ma voiture, heureusement j'ai trouvé une place à coté, et
m'y enferme pour me mettre à pied d'oeuvre. Cinq minutes plus tard, je
glissais l'objet du délit à mon oreille et sortais de la voiture avec une
petite pensée pour Manu, un de mes potes portugais qui m'avait fourni
ce "matos" de qualité à un prix dérisoire... Je ne suis pas un gros fumeur
et je considère la cigarette, que je ne fume pas, comme une vraie drogue
contrairement au cannabis. Il suffit de voir la difficulté que les fumeurs
ont pour arrêter pour s'en persuader rapidement. A contrario, en ce qui
me concerne en tout cas, je fume les "cigarettes qui font rire" deux ou
trois fois dans le mois et jamais seul.
Je me dirige à nouveau vers l'estrade avec mon joint à l'oreille en
prenant soin tout de même de tourner la tête légèrement quand je croise
des familles avec enfants... ça pourrait rendre nerveux un papa portugais
trapu, chevelu et poilu et l'heure est à la détente... pas aux embrouilles.
Sur mon chemin, mon regard circule de personne en personne et
analyse leur comportement à la recherche de la moindre "dolce vita"
attitude... rien à l'horizon... Je m'assoie à nouveau à coté de l'estrade
cette fois sur un banc public et reprends donc mon passe-temps favori
d'observation quand soudainement, à 50 mètres de là, je crois
reconnaître... un déhanché, une courbe et presque un sourire... oui... j'ai
des bons yeux.
Elle est sur le trottoir en face donc je me lève et la rejoins. Elle me voit
arriver et cette fois pas de doute, c'est bien un large sourire qui
m'accueille.
10 mètres, 5, 4, 3, 2, 1... contact.
D'abord les mains... puis nos lèvres qui s'attirent irrésistiblement et
enfin un long et lourd baiser qui capta le regard de pas mal de personne
autour de nous. J'avais déjà été surpris par celui qu'on avait échangé
pour se quitter en haut de la falaise. Beaucoup de passion et de
tendresse en avait émané alors qu'il n'avait duré que quelques secondes.
Mais cela avait suffit à me faire comprendre qu'elle était comme moi à
ce niveau là... elle ne savait pas embrasser "à moitié", elle ne pouvait
pas faire semblant...
Nos lèvres se séparent et je peux enfin lui glisser un "Ola Bella ragazza!
Je suis content de te revoir!"
Elle s'excuse pour son retard et, un peu gênée, me montre sa cigarette
roulée dans la main puis me dis :
"Il n'y a pas que du tabac dedans, il faut faire attention aux flics non?"
Je ris spontanément, tourne la tête et lui montre du doigt mon oreille
droite où mon joint "bien conique" est toujours coincé pour lui faire
comprendre qu'on est à nouveau sur la même longueur d'onde.
Nous étions à coté d'un groupe de badauds qui s'était agglutiné autour
d'un artiste de rue. Celui-ci, équipé d'une chaise et d'une petite table
bondée de bombes de peinture, était en train de réaliser un tableau
céleste à coup de spray à travers des caches aux formes étranges et des
chiffons. Nous nous sommes tournés par curiosité vers le show et nous
commencions à le regarder quand je me rendis compte qu'elle... était
dans mes bras... je regardais par dessus son épaule.
Quelle sensation agréable...
Après cette journée bien remplie, gavée de soleil, n'avoir rien d'autre de
programmé dans les heures qui viennent que de flâner au hasard dans
les ruelles de Nazaré by night avec une "Bella ragazza" dans les bras...
que demander de mieux?...
Si bien sûr... j'en ai une vague idée quand même mais... le premier
soir... c'est délicat!
Je sens sa taille toute fine car mes bras l'y entourent et son... enfin... le
bas de son dos est collé contre moi... Son parfum naturel aussi... Pas de
Chanel, Dior ou autre tue-phéromone! Juste l'odeur de sa peau...
oulalalala, tous ces éléments se combinent dans mon cerveau... et un
peu plus bas aussi... pour faire remonter mon taux de testostérone!
Résultat immédiat : mon coté "calculateur/chasseur/dominateur"
entrevoit déjà quelques possibilités pour la suite de la soirée.
D'abord... manger! Quelque chose de bien digeste... pas le moment
d'être incommodé... du riz! Ouiiiii... un "arroz de marisco" (riz de fruit
de mer) au restaurant "o veleiro" (le voilier) parfait!
Ensuite, une petite balade digestive sur la promenade... peut être un
verre, ou deux et... lui proposer de la ramener à sa chambre... gnéhéhé...
mon plan diabolique ne peut que fonctionner... gné "Daniel?" héhé
"Daniel!"
"Heuu... oui Elena?"
"Et si on allait manger?"
L'un contre l'autre, nous marchons le long de la promenade. Un vent
frais venant de l'océan nous caresse le visage et embaume l'air ambiant
d'embruns marin et d'odeurs de sable chaud. Le trottoir sur lequel nous
avançons est composé de milliers de petits pavés carrés à l'aspect brut
blanc brillant (typiquement portugais) et le dessin d'un serpentin infini
en pavé noir y zigzague jusqu'à l'horizon. On a envie de le suivre, de
zigzaguer à notre tour, comme emporté par une ivresse fictive
déclenchée par toutes ces odeurs, ces visions et ces bruits paisibles
nocturnes et balnéaires... ou simplement... comme quand on était des
enfants, de la même manière que l'on marchait précautionneusement au
bord du trottoir en évitant les interstices... ou encore... peut être l'effet
planant du cannabis...
"Il est léger ton shit italien Elena!"
"Ha bon? Tu trouves?"
"Je vais allumer le mien... tu vas voir la différence!"
A ce sujet là... on se comprend tout de suite... le reste, c'est moins
évident mais après quelques minutes de discussion je commence à la
cerner. Elle a un vrai coté hippie/routarde aussi bien physiquement,
avec son baluchon en guise de sac à main et ses tresses multicolores,
que mentalement... elle n'est clairement pas fan de Berlusconi!
"C'est un dictateur Daniel! Vous ne vous rendez pas compte depuis la
France!"
Je souris.
"Parce que tu crois que le nôtre est mieux?"
Nous croisons d'ailleurs deux hommes de la GNR (gendarmerie
portugaise) et je cache sommairement le joint dans ma main même si "il
paraît qu'ils ne disent rien". Nous arrivons ensuite au croisement de la
promenade et de la principale artère d'entrée de la ville. Je stoppe notre
marche.
"Viens Elena! Quittons le bord de mer!... je vais t'emmener dans un
labyrinthe qui nous emmène au restaurant."
J'ai découvert ce chemin parallèle à la promenade par hasard il y a bien
longtemps. Il est fait de multiples jonctions entre les rues qui mènent à
la plage et est plutôt emprunté par les locaux en pleine journée, quand le
soleil cogne dur, car ici, entre les maisonnettes, on est y à l'abri. On doit
faire deux fois plus de distance mais on évite les touristes à la démarche
lente et ces chemins sont si étroits qu'une atmosphère particulière s'en
dégage... surtout la nuit... C'est un jeu en même temps. A chaque fois
que l'on sort d’une jonction, il faut trouver la suivante... Alors? A droite
ou à gauche?
"Tu va voir Elena! Il y a un chemin tellement petit que l'on doit attendre
que les personnes en sortent avant de s'y engager! Tiens... il est là
justement!"
Personne dans la venelle. Je lui donne la main et elle me suit avec un
sourire et des grands yeux devant ce spectacle insolite. Je suis presque
obligé de me mettre en biais pour passer.
En plein milieu, je me tourne brusquement vers elle.
"C'est romantique non?"
S'en suit un long et langoureux baiser... collé/serré de tout coté.
Heureusement, personne pour nous déranger.
"Colle toi contre moi, je vais faire une photo avec mon téléphone!"
Photo 23h08
Au détour d'une nouvelle ruelle, le restaurant "O veleiro" apparaît.
"C'est mon resto préféré à Nazaré Elena. Le patron tient aussi une petite
poissonnerie juste en face, il n'y a pas plus frais!... et si tu veux un
conseil... goûte leur riz de fruit de mer."
Un délice. C'est un risotto parfumé à la tomate, aux épices et parsemé
de feuilles de coriandre. On y cherche et on y trouve en nombre des
crevettes, des langoustines, des moules, des coques... le tout servi très
chaud dans une marmite en terre cuite. Accompagné d'une demi
bouteille de "vinho verde muralhas de moncao" (vin blanc léger et
pétillant) bien fraîche... c'est bien simple... entre le plat qui vient
d'arriver sur notre table et la belle brune qui va le partager avec moi... je
ne saurais dire lequel des deux me met le plus l'eau à la bouche... peutêtre pourrais-je mêler les plaisirs? Une feuille de coriandre sur le dos de
sa main? Un grain de riz dans le creux de son épaule? Et j'irais de l'un à
l'autre doucement avec ma langue!... Oulala... le vin me monte à la tête!
Quant à elle, plus elle boit et plus elle cherche ses mots. On arrive
souvent à des impasses linguistiques et je lui annonce :
"Elena... à chaque fois que je n'arrive pas à te comprendre, je t'embrasse
ok?"
Du coup, nos conversations s'entrecoupent de baisers iodés et, après
avoir réglé l'addition ponctuée par un "obrigado... estava tudo optimo!"
au serveur (merci, c'était parfait!), nous repartons chancelants mais
repus vers la promenade.
"Elena... il y a un problème... un gros, gros problème!"
"Que se passe-t-il Daniel?"
"Je suis en train de passer la meilleure soirée de mes vacances... juste
devant la nuit de dingue à la discothèque Kadoc avec David Guetta aux
platines et une tribu d'espagnols survoltés sur la piste... et tu t'en vas
demain?"
Un silence d'à peine une seconde... elle se blottit contre moi...
"Oui... j'ai mon car en début d'après midi..."
Soupir...
Nous avons flâné encore une heure, discuté de tout et de rien, je lui ai
acheté une paire de boucle d'oreille "spirale":
"J'adore les spirales! J'ai plein de vêtements et d'objets divers qui
représentent une spirale mais attention! Pas n'importe laquelle! Il faut
qu'elle soit comme sur ces boucles d'oreille!"
"Prends-les! Je veux te faire un petit cadeau!"
"Non Daniel... c'est gentil mais tu m'as déjà invitée au resto..."
"Tu plaisantes Elena! Prends-les!... Au contraire, tu penseras à moi en
les mettant!"
Arrivé à proximité de l'immeuble ou elle avait loué une chambre, nous
sommes allés vérifier les horaires des cars puis... brusquement... me
voici au pas de sa porte...
"C'était une soirée vraiment magique Elena... dire que je ne te
connaissais pas il y a quelques heures!... Comme je te le disais, tu es la
bienvenue chez moi si tu veux venir en France."
"C'est gentil Daniel... je note ta proposition et, de mon coté, j'irais
sûrement à Amsterdam le week-end de mon anniversaire en novembre.
On pourrait s'y retrouver avec plaisir aussi.... c'est préférable que je ne
te fasse pas entrer par contre..."
Soupir... comment ça préférable!... mais NON!! Au contraire!! Quelle
meilleure conclusion à cette journée pourrait-il y avoir que de faire
l'amour jusqu'au petit matin... voir jusqu'au pied du car... mais elle
semble déterminée. Du haut de ses 28 ans, son regard ne trompe pas...
Un long et tendre baiser.
Je fais mine de partir et au moment ou elle me tourne le dos, je reviens
vers elle.
"Elena!"
Elle sursaute et se retourne. Je la plaque contre le mur et la serre fort
contre moi.
Les baisers d'adieu sont les plus beaux, les plus chauds mais aussi les
plus douloureux...
"Prends soin de toi ma bellissima italianna"
Nos lèvres se séparent... puis nos mains... 1 mètre... 2 mètres... 3... 4...
etc...
Je déambule jusqu'à ma voiture, le regard dans le vide en mode "pilote
automatique" car mon esprit est resté là-bas... au pas de sa porte...
Je m'assois lourdement coté conducteur et me saisis de mon mobile:
sms 1h17 "Just arrived at my car... You sure i can t even rest a little
with you? I have 45mins drive before home... Argh ! :-S"
Ma tête bascule en arrière... ma main vient sur mon visage... j'y sens
encore son odeur.
sms 1h18 "I'm sure..good night..kiss!send me your email.."
Soupir... avec un léger grognement...
sms 1h19 "(mon mail) French kisses to my bellissima italianna ;-) :-*:*:-* Daniel"
Je tourne la clef... contact!... et jette mon mobile sur le siège passager.
sms 1h26 "(son mail) :-*:-*!"
J'accélère.
Leiria.
Petites routes.
Village.
Maison.
Douche.
Un oeil sur les photos du jour.
Le sommeil m'emporte...
Un sourire béa sur mon visage...
... 2ème jour...
11h... réveil.
Gros câlins à mes enfants qui me sautent au cou.
Café/discussion avec mes parents.
Mon esprit est ailleurs.
Il cherche à résoudre LE problème.
Problème? Solution!
"Matias... tu veux aller à la plage avec papa?"
Sac de plage version "light" dans le coffre de la voiture.
Gros câlins à ma petite.
Mon grand dans son rehausseur.
Ceintures, contact!
Petites routes.
sms 12h03 "ola! I ll be in nazare with my other children today... 4 years
old boy named Matias can we meet again around 13h? We ll take some
better photos ;-) kisses"
Leiria.
Autoroute.
Petites routes.
Sitio de Nazaré (en haut de la falaise).
Mon téléphone beep.
sms 12h43 "I ll be stay another night..:-)! Now l going to the forte
s.miguel!where are you?"
YES!!
sms 12h44 "Not far but searching for a place for the car... FOUND!"
Tout en stationnant la vieille Mercedes de mes parents, je me demande :
"forte s.miguel... forte s.miguel... c'est quoi ce forte s.miguel?"
"Allez Matias! Prends ton chariot de jouet et... c'est parti pour la
plage!"... j'avais une pêche d'un coup!
Avec mon fils de 4ans? Descendre les 110 mètres de la falaise?... finger
in ze noze! Et cette fois, pas question de faire la mule! Il porte sa
serviette et traîne son caddie plein à craquer de pelles, râteaux, sceaux,
moules crabe/pieuvre... quel bonheur! Je me sens léger! Mais c'est bien
sur aussi parce que je vais LA revoir...
7 minutes chrono pour arriver en bas... bravo Matias!
Objectif numéro un : s'alléger un maximum en allant planter le parasol
et y laisser le sac de plage avant de retrouver ma "bella ragazza". Nous
nous dirigeons vers l'extrémité de la promenade qui arrive au pied de la
falaise quand je remarque que le grand restaurant qui surplombe
l'endroit s'appelle "Restaurante S. Miguel". Est ce que c'est le point de
rendez-vous qu'elle voulait m'indiquer?
"Attends Matias. On va s'arrêter un peu. Tu sais papa, il doit retrouver
une copine qui s'appelle Elena... une très jolie copine!... et je crois
qu'elle va arriver ici."
sms 12h53 "Im near restaurante s. Miguel Up the stairs And you?"
Silence radio... j'attends encore 2 minutes.
"Alors papa? Elle arrive ta copine?"
"Viens Matias... on va laisser tout ça sur la plage et après on revient
ok?"
Des années de pratique de "planté du bâton de parasol" dans le sable et
en quelques secondes nous voilà débarrassés de tout le superflu... retour
à la case départ, à coté du restaurant... toujours pas d'italienne à
l'horizon...
"Tu as faim Matias?"... je crois qu'à cette question... il ne m'a jamais
répondu "non!".
"Oui, j'ai faim!"
"Alors viens on va manger."
sms 13h00 "We left the towels in the beach near the falesia We are
going to eat Do we wait for you?"
Mon deuxième restaurant préféré après "O veleiro" à Nazaré c'est "A
casa O Santo" (la maison du saint). Un nom à ne pas forcement prendre
au premier degré car beaucoup de portugais porte le nom de "Santos".
C'est une taverne où l'on mange "sur le pouce" des plats de coques
préparés dans un bouillon de tomates et d'oignons mais aussi, pour les
amateurs, des escargots à l'ail... personnellement, je m'en tiens aux
fruits de mer... Les tables de l'intérieur sont aussi petites que celles que
l'on avait en maternelle et sur celles de la terrasse, on doit se débrouiller
pour tenir à 4 sur un carré de 50cm de coté... tout est dans l'optimisation
de la place. Les serveurs et serveuses à l'accent brésilien sont aimables
et rapides et surtout les ingrédients sont de première fraîcheur. En
témoigne les jets qui sortent des bassines dans lesquelles baignent les
coques.
sms 13h06 "We near 'ascencor' casa o santo Good and cheap
'berbigao' ;-)"
Je commande un plat de coques et deux mini-sandwichs "jambonbeurre".
"Ca va arriver Matias, cours un peu en attendant!"
Autant ma fille est du genre "tranquille" autant mon fils à un besoin
constant de se défouler, courir, sauter, grimper, se bagarrer, rigoler...
épuisant... juste à le regarder... A la fin de la journée, les batteries sont à
plat et à 21h maximum il dort d'un profond sommeil réparateur...
recharge complète en 10h. Il s'éloigne dans un chemin perpendiculaire,
presque à perte de vue, et revient vers moi en courant au plus vite que
ses petites jambes et ses sandales le permettent! Arrivé à ma hauteur je
m'en saisis et d'une pirouette le renvoi en sens inverse. Lorsqu'il revient
à nouveau je sors mon appareil photo et immortalise quelques
enjambées.
Les plats arrivent rapidement et je hèle mon fils pour qu'il vienne à
table.
A peine avons nous commencé notre dégustation qu'une silhouette se
rapprochant de nous attire mon regard de manière irrésistible... Elena!
Je me lève et l'embrasse avec empressement... comme si cela faisait des
jours que nous ne nous étions pas vus...
"Ola!"
"Elena, je te présente Matias mon fils." Le ton de ma voix change :
"Matias, tu vois c'est elle! Elena! La jolie copine de papa!"
Je saisis de la tendresse dans le regard d'Elena mais c'est loin du sourire
béa qu'elle avait avec ma fille... haaaa... le petit maillot de bain rose... il
n'a pas son pareil!
"Je vais au 'forte sao miguel' maintenant Daniel. C'est le fort sur lequel
se trouve le phare en haut de la falaise. Il faut que je prenne le
funiculaire donc ça tombait bien que vous mangiez à coté!"
"Tu ne manges pas avec nous alors?"
"Non, merci Daniel. J'ai déjà mangé mais je vous rejoins après sur la
plage ok?"
Je laisse apparaître un large sourire sur mon visage : "Bien sur Elena!
Bonne visite et à tout à l'heure!"
Je la serre fort contre moi et l'embrasse à nouveau... langoureusement...
pour la motiver à revenir vite...
Elle s'éloigne vers le funiculaire et nous nous concentrons à nouveau
sur le décorticage méticuleux de nos délicieuses coques.
Bière.
Addition.
Passage aux toilettes pour (lavage de main + pipi) x 2.
Direction la plage... avec toujours ce sourire qui ne quitte plus mon
visage...
Playa sleep mode on :
- orientation optimale du parasol OK
- maximisation de la surface des serviettes à l'ombre et sans sable OK
- "Allez Matias... c’est l'heure du petit dodo" OK
Je me saisis de mon téléphone.
sms 13h54 "On the beach Matias is going to sleep... i miss your kisses
:-*"
Je me blottis contre mon fils, m'assure qu'il ferme bien les yeux puis
essais de me détendre à mon tour... impossible évidemment! Je suis
dans un état de surexcitation totale!... alors je m'assois à ses cotés et
m'adonne à mon passe-temps favori... regarder les gens... Cette fois je le
fais d'un oeil distrait, mon cerveau étant occupé au trois quart par cette
aventure d'à peine 24 heures, mais cela me détends tout de même et je
ne tarde pas à m'allonger à nouveau. Les images du mois qui vient de
s'écouler défilent et toutes ces personnes avec lesquelles je l'ai partagé...
Spéciale dédicace à Benj, Mag, Lolo, Elo, Manu, Patrick, Philippe,
Alex et toute la familia!
Une heure passe. Mon fils fait toujours semblant de dormir mais au
moins il se repose.
Je regarde régulièrement derrière nous pour voir si elle arrive et... elle
arrive!
Je me lève et l'accueille avec un baiser. Mon fils s'assoit doucement sur
sa serviette et nous regarde d'un air curieux. Pas de crise de jalousie de
sa part mais plutôt de l'étonnement. Elena s’accroupit directement sur le
sable et commence à me raconter sa visite du fort.
"Papa!"
"Oui Matias?"
"Qu'est ce qu'elle dit ta copine?"
"Elle me raconte sa journée Matias..."
J'avoue... je suis plus captivé par son visage, ses expressions que par ce
qu'elle raconte... et je me demande également comment je peux ramener
mon grand au village tout en restant un maximum de temps avec la
belle italienne.
"Elena. Je serais très heureux de passer à nouveau une soirée seul à seul
avec toi. Que penses-tu de venir avec nous à Leiria qui est une ville
charmante à 30 minutes d'ici en voiture? Matias prend le goûter là-bas
puis, pendant que tu visites un peu la ville, je fais l'aller-retour pour le
déposer à mes parents juste à coté."
"Il y a des choses intéressantes à voir là-bas?"
"Bien sûr! Tu peux monter au château! Tu auras une vue imprenable sur
la ville en plus!"
Bon ok, le château est plutôt en ruine mais pour la vue... je n’exagérais
pas!
Elle acquiesce et nous revoilà dans le paquetage des affaires pour
affronter la falaise... à pied cette fois.
Nous arrivons à la voiture et prenons la route qui rejoint l'autoroute qui
se termine à Leiria. Sur ce trajet qui traverse des grandes forêts
d'eucalyptus (ça change de l’autoraoute A4...) elle me parle d'une de ses
passions, le chant. Elle est choriste dans un petit groupe de reggae
italien qui se produit quelques fois en concert dans des bars ou des
festivals.
"Samedi, pour la première fois, ils vont a un grand festival!... et moi je
ne serai pas là..."
Mon fils, à l'arrière de la voiture, nous écoute sagement. Il ne doit pas
comprendre grand chose à notre français/anglais/italien/portugais.
"Nous voici dans le centre ville de Leiria Elena. Je cherche une place,
nous allons prendre un verre et donner le goûter à mon fils dans le café
que tu vois juste ici."
"Tu avais raison Daniel, c'est très joli ici!"
"Papa?"
"Oui Matias?"
"Est ce qu'on pourra voir pour les glaces Spiderman avec des
tatouages?"
"Matias... tu as été sage?"
"Oui!"
"Et tu crois vraiment que Spiderman... heuuu... il mange des glaces
entre deux missions?"
"Maiissss... s'il te plaiiittt..."
"D'accord Matias, on va voir si on trouve une super glace Spiderman
avec un super tatouage comme ça tu auras des supers pouvoirs..."
"Ouais!"
Nous rejoignons tout les trois le café. J'achète à regret la fameuse glace
à mon fils qui sautille de joie et devient d'un coup absorbé par l'exercice
délicat qui consiste à engloutir la plus grosse bouchée possible du dit
bâtonnet sans se geler la langue... tout un art...
Elena s'excuse, elle s'éloigne quelque peu pour téléphoner. Elle a la
bonne idée de se mettre contre la sculpture d'un donut géant recouvert
d'une mosaïque colorée (sans blagues) et quand je la vois commencer à
parler dans son mobile et faire les gestes qui vont avec... je ne peux
m’empêcher d'avoir un sourire... et de me saisir de mon appareil photo
pour l'immortaliser... tout un art!
Photo 15H59
"Regarde Elena!" lui dis-je à son retour. "Je t'ai prise en photo pendant
que tu téléphonais!"
Elle s'assoit à notre table.
"Oh... elles sont bien! Il faudra que tu me les envoies avec les autres
d'ailleurs!"
"Bien sûr Elena. Tu as vu? C'est incroyable les gestes que tu fais avec
les mains... c'est donc vrai cette réputation sur les italiens!"
"Peut-être... je ne me rends même pas compte en fait."
Elle se rapproche.
"Chez vous les français, ce qui ressort c'est votre côté... romantique!"
Elle m'embrasse alors langoureusement. Mais je me sens gêné car mon
fils attend maintenant que je lui fasse son tatouage. Et en attendant... il
nous observe tranquillement!
"Je vais le ramener au village Elena. A mon retour, nous pourrons
visiter un peu la ville ensemble et retourner à Nazaré ensuite."
Après un détour par l'office de tourisme de Leiria pour avoir un plan de
la ville, je la dépose sur une place non loin du café et lui indique la
direction approximative pour monter jusqu'au château. Et puis... c'est
une routarde après tout... elle va très bien se débrouiller toute seule!
"Je suis de retour dans une petite heure Elena."
Un baiser.
"Viens Matias! On va faire ton tatouage dans la voiture comme ça tu le
montreras à papi/mamie! On fait la course?"
J'adore faire la course avec mon fils... et j’en profite tant que je peux le
battre... ça va pas durer!
"Stop Matias! Là, il y a des voitures."
En voiture.
Mon fils sur son rehausseur en siège passager.
Les petites routes en S.
Le village.
Un gros bisou à ma petite.
Un câlin aux deux.
Quelques mots avec mes parents et je repars.
Les petites routes en S.
Sms 16h46 "Here in 15 mins :-*"
Leiria
A propos... vous savez pourquoi toutes les petites routes au Portugal
sont en S? (virages sur virages)
Parce que les chefs de chantier étaient anglais et quand un ouvrier leur
demandait : "patronch... pour la routch... on va a gauche ou a droitch?"
Le chef répondait : "yes, yes!"
... haaaaaaaaa... l'humour portugais...
Passé 17h, le soleil n'est plus mon ennemi, je ne suis plus obligé de
raser les murs pour protéger ma peau claire. Les pavés de la ville qui
ont emmagasiné la chaleur journalière rayonnent et baignent les rues
piétonnes d'ondes estivales. Nazaré la balnéaire, Leiria la citadine.
Certes, on n'est pas à Lisbonne, et encore moins à Paris, mais il y quand
même une agitation, une effervescence ici. Les voitures, les bus, les
taxis, les piétons, les pigeons, les magasins, les terrasses... tout se
croise, s'interconnecte, se mélange dans cette douce chaleur de fin
d'après midi.
Elle arrive, je cours, comme dans les films, et la saisit au passage pour
la faire décoller et tournoyer.
Atterrissage... je l'embrasse... Enfin seuls!
"Alors Elena? Que penses-tu de Leiria? Typique non?"
"Oui, c'est vrai! Je ne regrette pas d'être venue!"
"Il est encore assez tôt. Nous ne sommes pas obligés de rentrer à la
plage immédiatement donc... continuons la visite!"
"Très bien, je te suis!"
Elle était montée jusqu'au château et en avait vu les alentours donc je
décidais de l'amener dans la direction opposée, vers le "rio" (le fleuve).
Le "Rio Liz" traverse la ville de part en part et j'ai longtemps cru qu'on
le surnommait le "Rio lixo" (prononciation similaire mais lixo veux dire
"déchets") car au niveau de Leiria, l'eau était stagnante et peu
ragoûtante. Il se jette 40 km plus loin dans l'océan atlantique au nord
d'une plage que je connais depuis mon enfance également : Vieira, plus
populaire et moins fréquentée que Nazaré. On allait se baigner dans
l’embouchure du fleuve quand les marées le permettaient car l'eau y
était plus chaude qu'à la mer mais quand j'ai fait le lien entre ce petit
fleuve au niveau de la ville et la grande embouchure au niveau de la
plage... j'ai arrêté de me baigner dedans... Heureusement, les choses ont
bien changé depuis cette époque au Portugal, le "Rio Liz" porte bien
mieux son nom royal (liz est le "lys" des rois), la route de mon village a
été goudronnée, l'eau courante installée, des autoroutes flambantes
neuves sillonnent le pays (avec des péages évidemment mais pas un
seul radar à l'horizon)... Oui... le Portugal et les portugais se sont bien
endettés depuis leur entrée dans l’Europe. Un bien ou un mal? Les avis
divergent mais l'évolution est là!
Sur une place pittoresque, je sors mon appareil.
"Attends Elena... on va faire une photo tout les 2!"
Je pose l'engin sur un parcmètre, je cadre et programme le
déclencheur... Clic !
10... Je lâche le bouton.
9... Je cours rejoindre ma belle au milieu de la place.
8... Je cours encore!
7... Je m’arrête à son niveau en la saisissant par la taille.
6... Un bisou dans le cou pour la faire sourire.
5... J'admire son sourire.
4... Je la sers contre moi.
3... Nous regardons l'appareil.
2... Cheeeeee...
1... eeeese...
0 Clic !
Photo 17H25
"Bouge pas je vais en refaire une!"
Retour au niveau du parcmètre. J'appuie sur "play" pour vérifier le
cadrage... parfait! Je reprogramme le déclencheur... Clic!
10... Je lâche le bouton.
9... Je cours encore plus vite!
8... Je lui saute dessus!
7... Elle sourit!
6... Puis se tourne vers moi.
5... Un loooonng...
4... loooonnnnggg...
3... très loooonngg...
2... baiser...
1... nous fais oublier la photo!
0 Clic !
Photo 17H26
Nous jetons un oeil au résultat... Les 3 petites maisonnettes aux
couleurs vives en deuxième plan. Un immeuble bleu électrique derrière
le tout. Les lignes dessinées au sol par les pavés noirs et blancs qui
convergent vers le centre des 2 photos où trônent nos visages bronzés et
souriants... Parfait! J'en suis presque surpris.
Nous continuons notre chemin le long du fleuve et elle m'avoue :
"Tu sais Daniel que tu ressembles beaucoup à Vincent Cassel!"
"Tu trouves?" dis-je d'un air étonné alors qu'on me l'avait dit au moins
30 fois dans l'année... mais je me voyais mal faire le blasé de toute
façon.
"Oui! Surtout les expressions de ton visage!"
"C'est vrai qu'on le voit partout en ce moment dans une campagne de
pub pour un parfum. Mais si moi je suis Vincent Cassel... toi, tu es ma
Monica Belucci! Bon ok... avec la poitrine en moins..."
"Hé... !"
"Mais ne t'en fais pas... je te trouve plus belle que Monica!"
Je lui fais un clin d'oeil et la sers contre moi. Nous faisons demi-tour
pour retourner à la voiture et allons de bon train sur tous les sujets.
Cinéma, politique, musique, travail... toujours avec la même difficulté
pour se comprendre. Même à ce jour, l'italien reste un mystère pour
moi. De retour à mon véhicule, je mets un peu de musique "typiquech"
et commence à chantonner en portugais en faisant une chorégraphie
folklorique. Nous rions ensemble et échangeons un baiser.
"Vamos à la playa Elena?"
"Vamos!"
Sur la route, ma main droite passe lentement du levier de vitesse à sa
cuisse, juste en dessous de sa petite robe noire, et je n'enregistre aucune
résistance... Du bout des doigts, je caresse sa douce peau mais ne
cherche pas à aller plus loin car j'ai déjà du mal à rester concentré sur la
route et le désir qui monte en moi est déjà bien assez intense. Elle part
demain donc c'est bien simple... c'est ce soir ou sûrement jamais!
"Daniel? On peut passer à ma chambre pour que je me change avant
d'aller manger?"
"Pas de soucis! On laissera la voiture là bas... d'ailleurs... (J'avale ma
salive) Est ce qu'on a... toute la nuit pour nous deux? Est ce que je peux
dormir avec toi ce soir? J'ai vraiment envie de te voir un maximum tant
que tu es à Nazaré... car tu t'en vas demain c'est bien ça?"
"Oui... mon car part pour Obidos à 10h30."
J'attends quelques secondes la réponse à ma première question et, n'y
tenant plus, je la chatouille un peu au niveau de la cuisse, la regarde du
coin de l'oeil et lui souris.
"Oui... bien sûr que tu peux dormir avec moi, mais attention! Il faut que
je dorme quand même!" me dit-elle avec un peu de malice dans
l'intonation.
"Promis! Moi aussi il faut que je dorme... un peu..."
Plus aucun nuage à l'horizon... juste le ciel bleu... je me sens bien...
insouciant...
Terminus! La porte de son immeuble! Là ou je l'ai laissée la veille ne
croyant plus jamais la revoir.
"Attends moi ici 2 minutes s'il te plaît... si je te fais entrer... je crois
qu'on ne va plus décoller de la soirée!"
Et là, c'est elle qui m'embrasse! Un baiser très chaud, très
méditerranéen. Elle passe la porte et je me retrouve seul sur ce foutu
palier mais avec un sourire béat que je ne pourrais effacer de mon
visage qu'au prix d'une grande concentration sur un match de foot, une
paire de charentaise ou n’importe quelle autre vision anti-glamour de
première catégorie.
Je m'assois sur les marches, penche la tête en arrière et ferme les yeux.
Une phrase sortie tout droit du film "Nikita" de Luc Besson et
prononcée par Anne Parillaud me vient à l'esprit : "Se faire attendre,
c'est se faire désirer". Voilà qui pourrait expliquer "Les femmes et la
ponctualité" mais après tout... parfois... l'attente est délicieuse...
"Pronto!"
Je me retourne et vois arriver vers moi cet échantillon de "dolce vita",
clope au bec, sac en bandoulière, sandales aux pieds et vêtements
amples aux couleurs d'été. Le temps qu'elle positionne son foulard
autour de son long cou, je me saisis de mon téléphone et immortalise la
scène par une photo.
Photo 19h30
"Viens Elena, on en fait une tous les 2! Il y a une jolie lumière avec le
soleil qui se couche."
Photo 19h31
Nous marchons vers le centre ville pour aller dîner... autrement dit...
sélectionner "première soirée", copier/coller... mais cette fois, après
avoir mangé, bu, fumé, discuté, flâné... arrivé devant la porte de son
immeuble... le scénario de la veille devient bien différent...
Elle peine à trouver les clefs dans son sac et à ouvrir le portillon. Mais
ce n'est ni l'alcool ni le cannabis qui l'en empêchent... c'est moi. Mes
baisers se font en effet de plus en plus insistants et appuyés, mes mains
suivent la cadence, le reste de mon corps ondule pour maximiser la
surface de contact avec le sien. Arrivés dans le couloir, je me calme...
un peu... la porte de sa chambre s'ouvre et nous voici enfin seuls, isolés
du reste du monde juste à coté de son lit. Je la débarrasse de son sac et,
pour la première fois depuis notre rencontre, je sens un peu de timidité
dans son regard. Alors, je la prends dans mes bras et la serre très fort
contre moi. Mon nez se retrouvant à coté de son long cou, je capte son
odeur en inspirant doucement depuis la pointe de son épaule jusqu'au
dessous de son oreille.
Je sais, je sais... j'use et abuse du fait que ma barbe chatouille la plupart
des surfaces de peau qu'elle frôle... mea culpa... mea maxima culpa... En
résultent d'intenses frissons qui se propagent dans le corps de ma
partenaire. Ce secret, qui m'a été révélé par une femme, me fait
désormais regarder mon vieil oncle bedonnant et... moustachu d'un oeil
curieux.
Je tamponne délicatement sa joue de petits baisers pour me rapprocher
de sa bouche. Elle se laisse faire, les yeux mi clos et les bras le long du
corps, comme hypnotisée par un cobra qui danse et siffle avant de se
jeter sur sa proie. Mais quand mes lèvres touchent les siennes ce n'est
pas pour l'embrasser, c'est pour en faire le tour, pour faire durer le
plaisir.
Je lui enlève deux pièces de vêtements, elle jette ses tongs de deux
coups de pied et la voilà déjà en petite tenue... Vive l'été! Il ne lui reste
plus qu'un... bout de ficelle et un top bien moulant qui cache son
soutien-gorge... c'est le moment idéal pour passer à la position allongée!
Je la dépose précautionneusement sur son lit en la regardant droit dans
les yeux, sourire aux lèvres, puis la couvre de baisers en commençant
par le haut. Je me dirige vers son piercing de nombril que j'ai entraperçu
l'instant d'avant et, arrivé à son niveau, admire sa parfaite coordination
avec la taille fine et le ventre plat d'Elena. Je caresse l'objet du bout de
l'index et m'exclame:
"Che carino!" pour lui montrer que j'avais au moins appris une
expression et ainsi détendre un peu l'atmosphère. Elle sourit, ça marche!
"Oui! Et j'en ai un autre un peu plus bas... un tatouage aussi!"
"C'est vrai? Oulala! Tu me rends curieux!"
Je descend à nouveau en mordillant sa peau au passage et découvre
effectivement un petit coeur tatoué juste en dessous de son nombril...
comme pour indiquer un chemin... suivons-le!
Je continu et me retrouve donc forcement à la frontière de son sexe,
espace délimité par les ficelles de son string qui soulignent, épousent et
subliment les formes de ma belle italienne. Un doigt de chaque coté
sous celles qui parcourent ses hanches et je descends lentement cette
objet de tout les fantasmes masculins... le deuxième piercing apparaît...
planté là, au bas du mont de venus et je suis presque choqué! Je termine
mon mouvement mais je ne peux m’empêcher de revenir au niveau de
son visage pour lui dire d'un air un peu étonné :
"Mais... ça ne te fait pas mal?"
"Si! Trop! Mais c'est tellement joli!" me dit-elle avec son franc parlé et
je souris... Souffrir pour être belle... Encore un mystère bien féminin...
Il ne reste que le haut à enlever donc re-baisers et, après avoir glissé ma
main sous ses épaules, je l'assoie et lui enlève son top. Un baiser dans le
cou et je dégrafe l'ultime pièce de tissu qui la couvre : son soutiengorge. Pas grand chose à soutenir d'ailleurs mais le reste compense
largement ce manque.
Elle est là, entièrement nue... totalement à ma disposition... enfin... il
faudrait peut-être que je me déshabille... et puis non! Je vais d'abord
m'occuper d'elle...
1er round:
Moi pour elle,
Elle pour moi,
Tous les deux.
Pause
"Oulala Elena... j'adore ton corps!"
"Et moi j'adore tes baisers... ils sont très chauds!"
2ème round:
Elle pour moi,
Moi pour elle,
Tous les deux.
Pause... pipi!
"Il faut que tu ailles dans le couloir Daniel... tiens ton short!"
Et je me retrouve sur les toilettes vieillottes du pallier, mon short de
bain aux chevilles et un sourire béa aux lèvres. Tiens! J'ai mon
téléphone dans la poche. Je le dégaine et l'ouvre machinalement pour
regarder l'heure puis le referme... puis le ré-ouvre car j'ai l'esprit
tellement ailleurs que je n'ai même pas retenu les chiffres au premier
coup d'oeil. Mon regard se perd dans les lumières de son écran et une
phrase me vient à l'esprit. Je souris légèrement puis franchement et
rentre dans le menu "contacts" "a" "b" "benj" "envoyer un sms" :
"T as deja eu une ferrari au bout du sexe ? MDR" (c'est une version...
édulcorée...)
Je vois le message partir et ris à nouveau de ma bêtise.
Retour dans la chambre, 3eme round, câlins... dodo.
... 3ème jour...
Un petit nuage molletonneux flotte dans un ciel bleu azur sous une
douce chaleur estivale.
Une brise légère caresse mon corps nu étalé sur une pelouse à l'ombre
d'un olivier centenaire.
Un coq, l'oeil hagard, se rapproche de mon oreille et... se met à chanter
d'un cri strident, ininterrompu et mécanique!
J'ouvre les yeux avec peine et tends la main pour chercher mon
portable... STOP! sur la fonction réveil... 8h30... silence... juste un
bougonnement d'Elena qui s'est blottie dans mes bras et qui a l'air aussi
motivée que moi pour se lever. Et son car qui part dans deux heures...
soupir... Je la serre fort contre moi et me sens à nouveau partir vers ce
paysage idyllique, au pied de cet olivier.
"Daniel... Daniel!"
"Humm? Quoi?"
"Il est 9h! Il faut se préparer, je ne peux pas rater le départ du car!"
"Ok... prépare toi, moi tu sais... j'en ai pour deux minutes."
Elle se lève et commence à ranger ses affaires en petite tenue dans son
gros sac à dos couleurs "années 80" verre bouteille / bleu électrique. Je
mets mes mains derrière ma tête et la contemple. Elle s'habille ensuite :
T-shirt mauve, cache-coeur blanc à manches longues, pantalon en toile
avec des gros motifs violets et beiges, sandales incrustées de strass. Je
finis par me lever et, pendant qu'elle brosse ses cheveux, je saute dans
mon short, mon T-shirt et mes baskets... trente secondes... record battu!
"On a le temps d'aller prendre un bon petit déjeuner à coté Elena... il est
à peine 9h15!"
"Ok, je laisse mon sac à dos ici alors. Je repasserai le prendre, la station
de départ est juste à coté de toute façon."
Je me rapproche d'elle et l'entoure de mes bras.
"J'ai du mal à croire que tu vas partir... on commençait à peine à
s'amuser tous les deux!"
Elle se saisit de son sac à main et nous sortons de sa chambre puis du
bâtiment. Je la devance et la prends en photo par surprise en train de
s'entourer le cou d'un foulard bleu... clope au bec! Il est est vrai que les
matins sont frais au bord de l'atlantique.
Photo 9h22
Je l’emmène dans une pastelaria (pâtisserie) ou nous reprenons des
forces à coup de "pasteis de nata" (petit flan) trempés dans des doublecafés. Puis nous continuons notre marche un peu au hasard.
"Viens par là Elena! Il y a le marché couvert de Nazaré dans ce grand
entrepôt."
Nous traversons des étales de fruits d'été, melons, pastèques, pêches,
fraises, agrumes... rien qui viennent d’Espagne ici, que du local! Ensuite
les légumes et pour finir la viande et les poissons... tout à l'air si bon...
et à un prix au kilo évidemment de moitié par rapport à ce que nous
connaissons sur Paris...
Photo 9h45 en ressortant du marché.
Notre parcours nous amène enfin sur la promenade ou j'ai garé ma
voiture.
"On a le temps de rouler un joint non?"
"Oui! Bien sûr!"
"Rentrons dans la voiture alors, nous y serons plus tranquille... tiens!
Roule!"
Je la regarde à l'oeuvre avec un sourire en coin car j'adore quand une
femme me roule un joint... sans doute mon coté macho. Je profite
d'avoir les mains libres pour... la prendre à nouveau en photo!
Photo 9h55 x 2
Nous sortons ensuite du véhicule pour fumer au bord de mer, juste à la
limite du sable mouillé afin d'entendre les vagues et de sentir au plus
près les embruns. Elle s'assoit devant moi et nous regardons
l’immensité de l’océan en nous faisant passer le joint. Sans un mot ou
presque... Bien sur, on peut toujours se dire "On se verra à la rentrée
Elena! Je viendrais avec plaisir à Turin!" ou "J'ai hâte de venir te voir à
Paris Daniel! On fera les touristes tout les deux sur la tour Eiffel!"...
mais... la distance et le temps va faire son travail de sape et nous ne
sommes pas dupes ni l'un... ni l'autre...
Nous rejoignons sa chambre, je l'attends dehors. Bras dessus bras
dessous, nous nous dirigeons ensuite vers l’arrêt du car mais lorsque je
l’aperçois à une centaine de mètre, je stoppe notre marche et me met en
travers du chemin.
"Elena, je n'aime pas les adieux, je vais te laisser là..."
Je la sers très fort contre moi, presque à lui faire mal, à la faire rentrer
en moi. Je me saisis de son mince visage et l'embrasse... une dernière
fois?
"Ate breve (à bientôt) minha bella ragazza"
Et je pars brusquement, presque précipitamment...
De retour à ma voiture, je regarde le siège passager où elle roulait il y à
quelques minutes. De longues secondes, le regard dans le vide puis je
me prends une forte inspiration pour me ressaisir... contact!
Je sors de Nazaré.
Petites routes pour rejoindre l'autoroute.
Autoroute.
Coup de fils à mes parents. "Le déjeuner est prêt Daniel!"... mais je n’ai
pas vraiment faim...
J'accélère.
Leiria.
Petites routes.
Village.
Maison.
Mes deux enfants me sautent au cou et je profite de les avoir dans les
bras pour capter dans cette étreinte un maximum de l'amour pur et
inconditionnel qu’ils sont les seuls à pouvoir transmettre à leurs propres
parents... Aucune relation avec aucune autre personne ne sera jamais
aussi intense car elle puise sa force infinie dans l'innocence des enfants.
Et j'en avais bien besoin à ce moment là.
A table, je raconte une version très édulcorée à ma mère qui est bien
curieuse de savoir où j'ai dormi la veille. Le repas se termine et je
monte mes petits pour les mettre à la sieste.
Je m'allonge ensuite sur mon lit et me saisis de mon téléphone:
sms 14:05 "so far from you and your kisses... but also so far from the
rest of the world... mille baisers à ma belle italienne :-* :-* :-* :-* :-* :-*
see u soon DANIEL"
En attendant une réponse, je consulte ensuite la galerie photo pour voir
nos derniers clichés. Un beep retentit:
sms 14:17 "You are very very carino..I miss my vincent cassel..:-*:-*:*.."
Soupir... je jette mon téléphone à mes cotés en me demandant si c'est
son dernier sms... à moins que...