jeudi 23 décembre 2010 l`enfant et les sortilèges
Transcription
jeudi 23 décembre 2010 l`enfant et les sortilèges
RAVEL | Ma mère l’Oye (1908/1911) w env. 17’ 1. Pavane de la Belle au bois dormant 2. Petit Poucet 3.Laideronnette, impératrice des pagodes 4.Entretiens de la Belle et de la Bête PAUSE RAVEL | L’Enfant et les sortilèges. Opéra en deux parties, sur un livret de Colette (1920-1925) w env. 45’ 5.Le Jardin féerique Anne Maistriau, soprano................................. la Chauve-souris, une Pastourelle Mélanie Boisvert, soprano.............................. le Feu, le Rossignol Julie Mossay, soprano..................................... la Bergère, la Chouette Mélanie Ricciolini, soprano............................. la Princesse des fées Joëlle Charlier, mezzo-soprano..................... la Libellule, la Tasse chinoise, Maman Marie-Laure Coenjaerts, mezzo-soprano...... l’Enfant Isabelle Everarts de Velp, mezzo-soprano..... la Chatte, l’Écureuil, un Pâtre Nicolas Bauchau, ténor................................... la Théière Vincent Lesage, ténor .................................... l’Arithmétique, la Rainette Olivier Berten, baryton.................................... l’Horloge comtoise, le Chat Sébastien Parotte, baryton.............................. un Arbre, le Fauteuil Chœur symphonique de Namur (dir. Patrick Baton) Les Pastoureaux, chœur d’enfants (dir. Philippe Favette) Richard Piéta, concertmeister Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles Pascal Rophé, direction Sur en février 2011. Pour que Noël soit une fête pour les petits et les grands. Sur un texte de Colette, Ravel nous emmène dans un monde fantastique et féerique : un enfant martyrise des objets et, tout à coup, une théière danse, un arbre parle, des moutons chantent, une horloge déraille… Ce n’est pas Toy Story, c’est L’Enfant et les sortilèges ! Pascal Rophé dirige une formidable équipe de jeunes chanteurs, tous belges ! jeudi 23 décembre 2010 l’enfant et les sortilèges [programme 14] Jeudi 23 décembre 2010 | 20h RAVEL MA MÈRE L’OYE (1908-1911) Ravel et Jean Godebsky (Montfort, vers 1930). Charles Perrault. À l’été 1908, Maurice Ravel (1875-1937) séjourne chez ses amis Godebsky. Pour leurs enfants Jean et Marie, il écrit une Pavane de la Belle au bois dormant simple et dépouillée, destinée au piano à quatre mains. À la demande insistante de l’éditeur Jacques Durand, Ravel compose quatre autres pièces formant une suite qu’il orchestre en 1911, y ajoutant un prélude et des interludes de manière à former un ballet. Ma mère l’Oye est en réalité un titre emprunté à Charles Perrault dont le contenu regroupe plusieurs histoires d’auteurs différents n’ayant aucun lien entre eux, excepté le fait d’être tous empruntés aux contes et légendes. Pour en savourer pleinement la richesse et l’invention, il faut retrouver une âme d’enfant et se laisser guider pas à pas dans un pays imaginaire où émerveillement et frayeur alternent en de surprenantes pirouettes. Sans interruption. La Pavane de la Belle au bois dormant conduit l’auditeur au pays de la fantaisie et du surnaturel. 2 RAVEL L’ENFANT Une mélodie transparente confiée à la flûte plane dans une douce torpeur sur un fond mystérieux en pizzicato : la fée Bénigne berce de contes le sommeil de la princesse. Le tableau suivant, Petit Poucet, fait éprouver la solitude des sept frères plongés dans la forêt à la tombée de la nuit. Leur pas se fait hésitant et l’atmosphère pesante, dans un univers peuplé d’ombres inquiétantes. La marche sombre, à tâtons, se poursuit en de légères vagues confiées aux cordes qui ne savent pas trop quelle voie emprunter pour parvenir à la lumière lointaine. Dans une lueur d’espoir surviennent des cris d’oiseaux, en particulier ceux du coucou. Mais bientôt l’oppression revient, lancinante. Contrastant avec les tableaux précédents, Laideronnette, impératrice des pagodes transporte l’auditeur en Extrême-Orient, au lever du jour. Sur un rythme de danse diablotin, scintillent mille détails d’un décor que l’on croirait familier. Des personnages de scène aux fards opaques semblent s’agiter comme des pantins d’horloger. Les percussions y jouent un rôle déterminant. Dans les Entretiens de la Belle et de la Bête, une valse triste et langoureuse traduit les sentiments impossibles des protagonistes. La Bête fait pourtant entendre de sombres beuglements (contrebasson), des râles d’imploration auxquels la Belle se montre sensible au point de l’embrasser. L’épisode inattendu de la transformation en Prince charmant se manifeste par un glissando de harpe suivi d’une délicate mélodie au violon. Enfin, Le Jardin féerique nous ramène dans le prolongement du premier tableau, lorsque le prince vient de rendre vie à sa bien-aimée. Les cordes débutent par un large crescendo (Adagio) se terminant en apothéose dans une vision du jardin des merveilles. ÉRIC MAIRLOT ET LES SORTILÈGES (1920-1925) Ravel sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, avec sa mère, Mme A. Benois et son fils Nicolas, juillet 1914. Fasciné par l’enfance. En 1916, Colette — de son vrai nom, GabrielleSidonie Colette (1873-1954) — écrit la première mouture du livret de L’Enfant et les sortilèges, à la demande de Jacques Rouché, directeur de l’Opéra de Paris. Ce dernier le propose ensuite à Ravel, qui se met au travail au printemps 1920. Interrompu plusieurs fois, le travail est finalement mené à son terme à la faveur d’un contrat signé en 1924 avec l’Opéra de Monte-Carlo. Les échanges entre le compositeur et l’écrivain sont peu nombreux mais Ravel adhère immédiatement à cette fable qui entre en résonance avec sa fascination pour l’enfance et l’extrême attachement qu’il porte à sa mère (morte en 1917) : la mère s’absente ici dès la première scène, abandonnant l’Enfant sur une dissonance affective. Directeur musical de l’OPL de 1964 à 1967 et proche disciple de Ravel, Manuel Rosenthal (1904-2003) se souvient : « [Ravel] était toujours de plain-pied avec les enfants. Quand il rendait visite à un ami, devant un gosse, immédiatement, il se mettait par terre, sur le tapis, et jouait avec le marmot, qui, lui, trouvait tout naturel de s’amuser avec ce monsieur ». L’œuvre est créée le 21 mars 1925 à l’Opéra de MonteCarlo, sous la direction du chef et compositeur italien Victor De Sabata. L’histoire. Dans une vieille maison normande, un petit garçon n’a pas envie de faire ses devoirs. Sa mère le punit (« thé sans sucre, pain sec »). Dans sa fureur, l’Enfant se déchaîne contre les animaux, renverse la bouilloire, lacère le papier peint, tire la queue du Chat, arrache le balancier de l’Horloge… Essoufflé, l’Enfant tombe… Mais les objets s’animent pour se plaindre : danse du Fauteuil, délire de l’Horloge détraquée, fox-trot de la Théière et de la Tasse, danse du Feu, procession des Bergers qui sortent du papier peint. Manuel Rosenthal dans sa loge, entre 1964 et 1967 3 Ravel dans l’appartement familial à Paris, vers 1912. En pleurs, l’Enfant, n’arrive pas à retenir la Princesse des fées, sortie de son livre déchiré. Il ne connaîtra jamais la fin de l’histoire. Surgit l’Arithmétique (sous les traits d’un petit vieillard), suivie d’un duo des Chats. La Deuxième partie conduit au jardin, avec bruits d’insectes, de crapauds… Plaintes de l’Arbre et valses dansées par la Libellule, air de la Chauve-souris et danse des Rainettes. Les Chats reviennent : « Ils s’aiment, ils m’oublient », dit l’Enfant, qui se sent abandonné et crie « Maman ! » : à ce cri, les bêtes se dressent et l’attaquent, le laissant dans un coin. Mais, blessé luimême, il va soigner l’Écureuil et s’attirer la sympathie des animaux : le chœur final célèbre l’Enfant sage. Sexe et cruauté. Le récit n’est pas niais et s’adresse aussi aux adultes. Conjointement à l’éclosion d’une rêverie amoureuse, Colette montre en effet la 4 découverte de l’acte sexuel (le duo des chats à la fin de la Première partie), ce qui ne manqua par de provoquer un scandale lors de la première parisienne, en 1926. Par ailleurs, comme dans toute littérature enfantine (Perrault, Andersen, Lewis Carroll…), la cruauté est présente. En 1929, le livret inspire même une analyse à la psychanalyste Mélanie Klein, qui décode les attaques sur la chambre comme des pulsions sadiques dirigées contre des « objets maternels », et désigne des symboles phalliques (l’écureuil, la queue du chat, le glaive que le garçon désire pour retenir la princesse…), symboles d’un père absent. Dans l’opéra, le mot « maman » revient deux fois, comme appel au secours et demande d’amour, et à chaque fois, sur un intervalle mélodique descendant. Or, si l’on suit le devenir de cet intervalle maternel (une quarte), seul leitmotiv de la partition, on le retrouve sur des paroles qui traduisent l’ambivalence entre la haine et l’amour : « méchant », « plus de leçon », « ah ! c’est elle » (quand apparaît la princesse), « épée », « mes bras », « nid plein », « les petites, sans leur mère », « prison »… Mais aussi, en mouvement ascendant sur « je suis libre »… Opérette américaine. La revendication de l’enfance soutient en même temps un projet esthétique, celui de se débarrasser du grand opéra symbolisé par Wagner. Cocteau avait réclamé ce meurtre du père dès 1918. D’innombrables efforts visent dans les années 1920 à dégraisser, à revenir vers la danse et la terre, à dire les choses plus directement (pensons au Groupe des Six). On retient de Bach la pulsation rythmique, et de Mozart, la mélodie. Mozartien déclaré, Ravel résume ainsi le projet de L’Enfant : « Le souci mélodique qui y prédomine s’y trouve servi par un sujet que je me suis plu à traiter dans l’esprit de l’opérette américaine. Le livret de Mme Colette autorisait cette liberté dans la féérie. C’est le chant qui prédomine ici. L’orchestre, sans faire fi de la virtuosité instrumentale, reste néanmoins au second plan. […] Il ne s’agit pas d’émuler Puccini mais de tenir compte de la leçon de Pelléas [et Mélisande de Debussy] ou du Mariage de Moussorgski […]. » Satie et Massenet. À Rosenthal, le compositeur donnera une autre clef : « Debussy et moi devons énormément à deux musiciens aujourd’hui vilipendés : Satie et Massenet. […] Regardez L’Enfant et les sortilèges, ce qu’on appelle maintenant l’air de L’Enfant (Toi, le cœur de la rose), c’est un pastiche de Manon (Adieu notre petite table), entendez un hommage à Massenet car c’est fait avec les même procédés. Simplement, c’est mieux chez Massenet ! ». Or, cet air est en vérité une brève cantilène avec des écarts d’intervalles réduits au minimum : surtout rien de large et « d’infini ». Le laconisme et la planéité œuvrent contre l’emphase, exactement comme la prosodie sans « e » muets (celle de l’opérette et de la chanson de cabaret), les bruits d’animaux, le faux japonais, les mots découpés en syllabes (« arithmétique, tique, tique, tique »), avec un sadisme ludique. Artisan surdoué. Anti-wagnérienne, la partition de L’Enfant reprend la tradition de l’opéra à numéros, en se présentant comme une suite de danses ou une lanterne magique qui projette d’extraordinaires images musicales. Plusieurs choses importent : une construction sans retours ni rappels, une vitesse de défilement élevée, et surtout la variété. Ravel écrit à Roland-Manuel : « Je peux vous assurer que cette œuvre, en deux parties, se distinguera par un mélange des styles qui sera sévèrement jugé, ce qui laissera Colette indifférente et dont moi je [me] fous ». Les images se succèdent ici comme des objets musicaux s’étalant dans la boutique d’un artisan surdoué, autant de petits œufs de Fabergé concentrant toute l’histoire de la musique occidentale. Patchwork. Au début, c’est la musique médiévale, symbole de l’ennui de l’Enfant. À l’opposé, c’est l’actualité brûlante, un fox-trot des années 1920. Ravel, rapporte Rosenthal, « lorsqu’il était fourbu de travail, filait à Paris et courait les boîtes de nuit. Non point tant pour la vie nocturne que pour la musique qu’on y jouait car seul le jazz le reposait de sa propre musique. Il était notamment sensible à ces longues mélodies mélancoliques qui l’impressionnaient d’autant plus que c’est aussi ce qu’il y a de plus touchant dans la plupart de ses œuvres. Car je crois qu’une de ses grandes obsessions était la mélodie en elle-même ». Entre ces deux extrêmes défilent un « menuet » (du fauteuil Louis XV), un « tambourin » (trépignement des bergers), un peu de Rimski-Korsakov (la musique du feu), un zeste de Wagner (l’arbre blessé rappelle Parsifal), et surtout une « valse » (y compris sous la forme d’une autocitation de La Valse, de 1920). Pour la rédemption finale, Ravel suit la suggestion de Colette. Il reprend le langage baroque d’un « rigaudon 1 », puis passe à une épure et une plénitude rappelant Franck et Fauré. Au fond, la vertu de Ravel dans L’Enfant ne réside-t-elle pas dans cette oscillation perpétuelle, ce chaud-froid permanent, cette suite de danses où — comme sur des montagnes russes — le compositeur replonge l’auditeur dans les vertiges de l’enfance ? MARTIN KALTENECKER 1 Rigaudon. Danse vive à deux temps des XVIIe et XVIIIe siècles. 5 LIVRET DE RAVEL VU PAR COLETTE L’ENFANT ET LES SORTILÈGES Fantaisie lyrique de Maurice Ravel | Texte de Colette PREMIÈRE PARTIE : la maison Une pièce à la campagne plafond très bas, donnant sur un jardin. Une maison normande, ancienne, ou mieux : démodée ; de grands fauteuils, housses ; une haute horloge à cadran fleuri. Une tenture à petits personnages, bergerie. Une cage ronde à écureuil, pendue près de la fenêtre. Une grande cheminée à hotte, un reste de feu paisible ; une bouilloire qui ronronne. Le chat aussi. C’est l’après-midi. Colette, par René Carrère, vers 1920. Ravel sur les bords de la Nivelle (Saint-Jean-de-Luz, vers 1902). […] Il était jeune, en deça de l’âge où vient la simplicité. Jules Renard, en 1907, note que Ravel est « noir, riche et fin ». Des favoris — oui, des favoris ! — de volumineux cheveux outraient le contraste entre sa tête importante et son corps menu. Il aimait les cravates marquantes, le linge à jabot. Recherchant l’attention, il craignait la critique ; celle d’Henry Gauthier-Villars lui était cruelle. Peut-être secrètement timide, Ravel gardait un air distant, un ton sec. […] La guerre fit sur son nom un silence hermétique, et je perdis l’habitude de penser à L’Enfant et les sortilèges. Vint le jour où M. Rouché me demanda un livret de féerie-ballet pour l’Opéra. Je ne m’explique pas encore comment je lui donnai, moi qui travaille avec lenteur et peine, L’Enfant et les sortilèges en moins de huit jours… Il aima mon petit poème, et suggéra des compositeurs dont j’accueillis les noms aussi poliment que je pus. – Mais, dit Rouché après un silence, si je vous proposais Ravel ? Je sortis bruyamment de ma politesse, et l’expression de mon espoir ne ménagea plus rien […]. 6 Cinq ans passèrent. L’œuvre achevée et son auteur sortirent du silence. Mais Ravel ne me traita pas en personne privilégiée, ne consentit pour moi à aucun commentaire, aucune audition prématurée, même fragmentaire. Il parut seulement se soucier du « duo miaulé » entre les deux chats, et me demanda gravement si je ne voyais pas d’inconvénient à ce qu’il remplaçât « mouaô » par « mouain » — ou bien le contraire… Les années lui avaient ôté, avec la chemise à jabot plissé et les favoris, sa morgue d’homme de petite taille. Cheveux blancs et cheveux noirs, mêlés, le coiffaient d’une sorte de plumage, et il croisait en parlant ses mains délicates de rongeur, effleurait toutes choses de son regard d’écureuil… Maurice Ravel par quelques-uns de ses familiers, 1939. (L’Enfant, six ou sept ans, est assis devant un devoir commencé. Il est en pleine crise de paresse, il mord son porte-plume, se gratte la tête et chantonne à demi-voix.) L’ENFANT. J’ai pas envie de faire ma page. J’ai envie d’aller me promener. J’ai envie de manger tous les gâteaux. J’ai envie de tirer la queue du chat Et de couper celle de l’écureuil. J’ai envie de gronder tout le monde ! J’ai envie de mettre Maman en pénitence... (La porte s’ouvre. Entre Maman, ou plutôt ce qu’en laissent voir le plafond très bas et l’échelle de tout le décor où tous les objets assument des dimensions exagérées, pour rendre frappante la petitesse de l’Enfant, c’est-à-dire une jupe, le bas d’un tablier de soie, la chaîne d’acier où pend une paire de ciseaux, et une main. Cette main se lève, interroge de l’index.) MAMAN. Bébé a été sage ? Il a fini sa page ? (L’Enfant ne répond rien et se laisse glisser, boudeur, en bas de sa chaise. La robe s’avance sur la scène, une main tendue au-dessus du cahier. L’autre main plus haute, soutient un plateau portant la théière et la tasse du goûter.) Oh ! Tu n’as rien fait ! Tu as éclaboussé d’encre le tapis ! Regrettes-tu ta paresse ? (Silence de l’Enfant.) Promettez-moi, Bébé, de travailler ? (Silence) Voulez-vous me demander pardon ? (Pour toute réponse, Bébé lève la tête vers Maman et tire la langue.) Oh !... (La Jupe recule un peu. La seconde main dépose sur la table le plateau du goûter.) (Sévère) Voici le goûter d’un méchant enfant : du thé sans sucre, du pain sec. Restez tout seul jusqu’au dîner ! Et songez à votre faute ! Et songez à vos devoirs ! Songez, songez surtout au chagrin de Maman !... (La porte se rouvre, la robe s’en va. L’Enfant, resté seul, est pris d’une frénésie de perversité. Il trépigne et crie à pleins poumons vers la porte.) L’ENFANT. Ça m’est égal ! Justement j’ai pas faim ! Justement j’aime beaucoup mieux rester tout seul ! Je n’aime personne ! Je suis très méchant ! Méchant, méchant ! Méchant ! (Il balaie d’un revers de main la théière et la tasse, qui se brisent en mille morceaux. Puis il grimpe sur la fenêtre, ouvre la cage de l’Écureuil et veut piquer la petite bête avec sa plume de fer. L’Écureuil, blessé, crie et s’enfuit par l’imposte ouverte de la croisée. L’Enfant saute à bas de la fenêtre et tire la queue du chat, qui jure et se cache sous un fauteuil.) 7 L’ENFANT (hors de lui). Hourrah ! (Il brandit le tisonnier, fourgonne le Feu, y renverse d’un coup de pied la bouilloire : flots de cendre et de fumée.) Hourrah ! Hourrah ! (Il se sert du tisonnier comme d’une épée pour attaquer les petits personnages de la tenture, qu’il lacère : de grands lambeaux de tenture se détachent du mur et pendent. Il ouvre la boîte de la grande horloge, se pend au balancier, qui lui reste entre les mains. Puis, avisant sur la table les cahiers et les livres, il les met en pièces, en riant aux éclats.) Hourrah ! Plus de leçons ! Plus de devoirs ! Je suis libre, libre, méchant et libre ! (Saoul de dévastation, il va tomber essoufflé entre les bras du grand fauteuil couvert d’une housse à fleurs. Mais, ô surprise ! Les bras du fauteuil s’écartent, le siège se dérobe, et le Fauteuil, clopinant lourdement comme un énorme crapaud, s’éloigne.) L’ENFANT. Ah ! (Ayant fait trois pas en arrière, le Fauteuil revient, lourd et goguenard, et s’en va saluer une petite bergère Louis XV, qu’il emmène avec lui pour une danse compassée et grotesque.) LE FAUTEUIL. Votre serviteur humble, Bergère. LA BERGÈRE (avec révérence). Votre servante, Fauteuil. LE FAUTEUIL. Nous voilà donc débarrassés à jamais de cet Enfant Aux talons méchants. LA BERGÈRE. Vous m’en voyez, vous (Sur deux pieds, qui dépassent sous sa chemise de bois, l’Horloge avance. Elle a une ronde petite figure rose à la place de son cadran, et deux bras courts gesticulant.) m’en voyez aise! L’ENFANT (effrayé). Ah ! L’Horloge marche. LE FAUTEUIL. Plus de coussins pour son L’HORLOGE COMTOISE (marchant et sommeil, Plus de sièges pour sa rêverie, Plus de repos pour lui que sur la terre nue. Et encore... qui sait ? sonnant). Ding, ding, ding… Laissez-moi au moins passer, Que j’aille cacher ma honte ! Sonner ainsi à mon âge ! Moi, moi qui sonnais de douces heures. Heure de dormir, heure de veiller, heure qui ramène celui qu’on attend, heure bénie où naquit le méchant Enfant ! Peut-être que, s’il ne m’eût mutilée, rien n’aurait jamais changé dans cette demeure Peut-être qu’aucun n’y fût jamais mort… Si j’avais pu continuer de sonner, toutes pareilles les unes aux autres, les heures ! Ah ! Laissez-moi cacher ma honte et ma douleur Le nez contre le mur ! Ding, ding, ding… LA BERGÈRE. Et encore... qui sait ? TOUS LES DEUX. Nous voilà donc débarrassés À jamais de cet Enfant Aux talons méchants. LE FAUTEUIL. Le Banc, le Canapé, le Pouf… LA BERGÈRE. ...et la Chaise de paille... LE FAUTEUIL. Ne voudront plus de l’Enfant. LES MEUBLES (que viennent de nommer le Fauteuil et la Bergère lèvent, qui les bras, qui les pieds, et répètent en chœur). Plus de l’Enfant. (Immobile de stupeur, l’Enfant, adossé au mur, écoute et regarde.) L’HORLOGE COMTOISE (sonnant et chantant). Ding, ding, ding, ding, ding, ding !... Et encore, ding, ding, ding ! Je ne peux plus m’arrêter de sonner ! Je ne sais plus l’heure qu’il est ! Il m’a ôté mon balancier ! J’ai d’affreuses douleurs de ventre ! J’ai un courant d’air dans mon centre ! Et je commence à divaguer ! (Sonnant lamentablement, elle traverse la scène et s’en va à l’autre bout de la pièce, face au mur et redevient immobile. On entend deux voix nasillardes au ras du sol.) LA THÉIÈRE (Wedgwood noire). How´s your mug ? LA TASSE (chinoise). Rotten ! LA THÉIÈRE. ...better had... LA TASSE. Come on ! LA THÉIÈRE (à l’Enfant, avec une menace doucereuse et des manières de champion de boxe). Black and costaud, black and chic, jolly fellow, I punch, Sir, I punch your nose. I knock out you, stupid chose ! Black and thick, and vrai beau gosse, I box you, I marm´lade you... LA TASSE (à l’Enfant, en le menaçant de ses doigts pointus et dorés). Keng-ça-fou, Mah-jong, Keng-ça-fou, puis’ -kong-kongpran-pa, Ça-oh-râ, Ça-oh-râ… Ça-oh-râ, Cas-ka-ra, harakiri, Sessue Hayakawa Hâ ! Hâ ! Ça-oh-râ toujours l’air chinoâ. 8 LA TASSE, LA THÉIÈRE. Hâ ! Ça-oh-râ toujours l’air chinoâ. Ping, pong, ping… LA THÉIÈRE. I boxe you. LA TASSE, LA THÉIÈRE. Ping, pong, ping, pong, ping. Ah ! Kek-ta fouhtuh d’mon Kaoua ? (La Théière et la Tasse disparaissent en dansant.) L’ENFANT (atterré). Oh ! Ma belle tasse chinoise ! (Le soleil a baissé. Ses rayons horizontaux deviennent rouges. L’Enfant frissonne de peur et de solitude ; il se rapproche du Feu, qui lui crache au visage une fusée étincelante.) LE FEU (bondissant hors de la cheminée, mince, pailleté, éblouissant). Arrière ! Je réchauffe les bons, mais je brûle les méchants ! Petit barbare imprudent, tu as insulté à tous les Dieux bienveillants, qui tendaient entre le malheur et toi la fragile barrière ! Ah ! Tu as brandi le tisonnier, renversé la bouilloire, éparpillé les allumettes, gare ! Gare au feu dansant ! Tu fondrais comme un flocon sur sa langue écarlate ! Ah ! Gare ! Je réchauffe les bons ! Gare ! Je brûle les méchants ! Gare ! Gare à toi ! (Le Feu s’élance, et poursuit d’abord l’Enfant qui s’abrite derrière les meubles. Derrière le Feu, née sous ses pas, monte la Cendre. Elle est grise onduleuse, muette, et le Feu ne la voit pas d’abord. Puis, l’ayant vue, il joue avec elle. Elle joue avec lui. Elle tente, sous ses longs voiles gris, de maîtriser le Feu. Il rit, s’échappe, et danse. Le jeu continue jusqu’au moment où, las de lutter, le Feu se laisse éteindre. Il tente un dernier sursaut pour se libérer, brille encore un instant, puis s’endort, roule dans les longs bras et les longs voiles. Au moment où il cesse de briller, l’ombre envahit la chambre, le crépuscule est venu, il étoile déjà les vitres, et la couleur du ciel présage le lever de la pleine lune.) v Couverture lithographiée d’André Hellé pour l’édition originale, Durand, 1925. (Paris, Bibliothèque nationale de France, musique). 9 L’ENFANT (à demi-voix). J’ai peur, j’ai peur... (Des rires menus lui répondent. Il cherche, et voit se soulever les lambeaux déchirés de la tenture. Tout un cortège de petits personnages peints sur le papier s’avance, un peu ridicules, et très touchants. Il y a la Pastourelle, le Pâtre, les moutons, le chien, la chèvre, etc... Une musique naïve de pipeaux et de tambourins les accompagne.) LES PÂTRES. Adieu, pastourelles ! LES PASTOURELLES. Pastoureaux, adieu ! LES PÂTRES, LES PASTOURELLES. Nous n’irons plus sur l’herbe mauve paître nos verts moutons ! LES PÂTRES. Las, notre chèvre amarante ! LES PASTOURELLES. Las, nos agneaux roses tendres ! LES PÂTRES. Las, nos cerises zinzolin ! LES PÂTRES, LES PASTOURELLES. Notre chien bleu ! LES PÂTRES. Le bras tendu, pastourelles, nos amours semblaient éternelles, nos pipeaux. LES PASTOURELLES. La bouche en cœur, pastoureaux, éternels semblaient nos pipeaux. (Ballet des petits personnages, qui expriment, en dansant, le chagrin de ne pouvoir plus se joindre.) L’ENFANT (anxieux). Et ton collier, ton collier magique ? LES PÂTRES. Adieu, Pastourelles ! LA PRINCESSE (de même). Vois ses anneaux rompus, hélas… LES PASTOURELLES. Pastoureaux, adieu ! (Ils s’en vont, et avec eux la musique de cornemuses et de tambourins. L’Enfant s’est laissé glisser tout de son long à terre, la figure sur ses bras croisés. Il pleure. Il est couché sur les feuillets lacérés de livres, et c’est l’un des grands feuillets sur lequel il est étendu qui se soulève comme une dalle pour laisser passer d’abord une main langoureuse, puis une chevelure d’or, puis toute une Princesse adorable de conte de Fées, qui semble à peine éveillée, et étire ses bras chargés de joyaux.) L’ENFANT (émerveillé). Ah ! C’est Elle ! C’est Elle ! LA PRINCESSE. Ah ! Oui, c’est Elle, ta Princesse enchantée. Celle que tu appelais dans ton songe, la nuit passée. Celle dont l’histoire, commencée hier, te tint éveillé si longtemps. Tu te chantais à toi-même : « Elle est blonde avec des yeux couleur du temps ». Tu me cherchais dans le cœur de la rose Et dans le parfum du lys blanc. Tu me cherchais, tout petit amoureux, et j’étais, depuis hier, ta première bien-aimée ! L’ENFANT. Ah ! C’est Elle ! C’est Elle ! LA PRINCESSE. Mais tu as déchiré le notre tendre histoire. Pâtre de ci, pastourelle de là, l’Enfant méchant qui nous doit son premier sourire. livre, que va-t-il arriver de moi ? Qui sait si le malin enchanteur ne va pas me rendre au sommeil de la mort, ou bien me dissoudre en nuée ? Dis, n’as-tu pas regret d’ignorer à jamais le sort de ta première bien-aimée ? UN PÂTRE, UNE PASTOURELLE. L’ENFANT (tremblant). Oh ! Ne t’en va Pâtre de ci, pastourelle de là, L’Enfant méchant qui nous doit son premier sourire. pas ! Reste ! Dis-moi… Et l’arbre où chantait l’oiseau bleu ? UNE PASTOURELLE. L’Enfant ingrat qui LA PRINCESSE (désignant les feuillets dormait sous la garde de notre chien bleu. Las, notre chèvre amarante ! épars). Vois ses branches, vois ses fruits, hélas… UN PÂTRE. L’Enfant méchant a déchiré 10 UN PÂTRE. Las, nos roses et verts moutons ! L’ENFANT. Ton Chevalier ? Le Prince au Cimier couleur d’aurore ? Qu’il vienne, avec son épée ! Si j’avais une épée ! Une épée ! Ah ! Dans mes bras, dans mes bras ! Viens, je saurai te défendre ! LA PRINCESSE (se tordant les bras). Hélas, petit ami trop faible, Que peux-tu pour moi ? Sait-on la durée d’un rêve ? Mon songe était si long, si long, que peut-être, à la fin du songe, c’eût été toi, le Prince au Cimier d’aurore !... petit vieillard bossu, crochu, barbu, vêtu de chiffres, coiffé d’un «^», ceinturé d’un mètre de couturière et armé d’une équerre. Il tient un livre de bois qui claque en mesure, et il marche à tout petits pas dansés, en récitant des bribes de problèmes.) LE PETIT VIEILLARD. Deux robinets coulent dans un réservoir ! Deux trains omnibus quittent une gare à vingt minutes d’intervalle, valle, valle, valle ! Une paysanne, zanne, zanne, zanne, porte tous ses œufs au marché ! Un marchand d’étoffe, toffe, toffe, toffe, a vendu six mètres de drap ! (Il aperçoit l’Enfant et se dirige vers lui de plus malveillante manière.) (Le sol bouge et s’ouvre au-dessous d’elle ; elle appelle :) L’ENFANT (affolé). Mon Dieu ! C’est À l’aide ! À l’aide ! Le Sommeil et la Nuit veulent me reprendre ! À l’aide ! LE PETIT VIEILLARD, LES CHIFFRES L’ENFANT (la retenant en vain par sa chevelure d’or, par ses voiles, par ses longues mains blanches). Mon épée ! Mon épée ! Mon épée ! l’Arithmétique ! (soulevant les feuillets et piaillant). Tique, tique, tique ! (Il danse autour de l’Enfant en multipliant les passes maléfiques.) (Mais une force invisible aspire la Princesse qui disparait sous la terre.) LE PETIT VIEILLARD (en se pinçant le nez). Quatre et quat’dix-huit, Onze et six vingt-cinq, Quatre et quat’dix-huit, Sept fois neuf trente-trois L’ENFANT (seul et désolé, à mi-voix). L’ENFANT (surpris). Sept fois neuf trente- Toi, le cœur de la rose, toi, le parfum du lys blanc, toi, tes mains et ta couronne, tes yeux bleus et tes joyaux... Tu ne m’as laissé, comme un rayon de lune, qu’un cheveu d’or sur mon épaule, un cheveu d’or… et les débris d’un rêve... trois ? (Il se penche, et cherche parmi les feuillets épars la fin du conte de Fées, mais en vain… Il cherche…) Rien... Tous ceux-ci sont des livres arides, D’amères et sèches leçons. (Il les pousse du pied. Mais de petites voix aigres sortent d’entre les pages, qui se soulèvent et laissent voir les malicieuses et grimaçantes petites figures des chiffres. D’un grand album plié en forme de toit, sort un LES CHIFFRES. Sept fois neuf trentetrois, etc. (Ils sortent de dessous les feuillets) L’ENFANT (égaré). Quatre et quat’ LE PETIT VIEILLARD (soufflant). Dix-huit ! L’ENFANT. Onze et six ? LE PETIT VIEILLARD (même jeu). Vingt-cinq ! L’ENFANT (exagérant résolument). Trois fois neuf quat’cent ! 11 LE PETIT VIEILLARD (Il se balance pour prendre le mouvement de la ronde). Millimètre, centimètre, décimètre, décamètre, hectomètre, kilomètre, myriamètre, faut t’y mettre ! Quelle fêtre ! Des millions, des billions, des trillions, et des frac-cillions ! C’est toi, Chat ? Que tu es grand et terrible ! Tu parles aussi, sans doute ? (Le Chat fait signe que non, jure et se détourne de l’Enfant. Il joue avec sa pelote. La Chatte blanche parait dans le jardin. Le Chat interrompt son jeu.) LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD (entraînant l’Enfant dans leur danse). Deux robinets coulent dans un réservoir ! etc. LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD (ronde folle). Trois fois neuf trent’trois ! Deux fois six vingt-sept ! Quatre et quat’ ? Quatre et quat’ ? Deux fois six trente et un ! Quatre et sept cinquante-neuf ? Cinq fois cinq quarante-trois ! Sept et quat’ cinquante-cinq ! Quatre et quat ! Cinq et sept ! Vingtcinq ! Trent’sept ! Ah ! (L’Enfant tombe, étourdi, tout de son long. Le Petit Vieillard et les Chiffres s’éloignent.) L’ARBRE (gémissant). Ma blessure… Opéra de Paris, 1939. (Paris, Musée de l’Opéra). Trent’-trois ! (L’Enfant se relève péniblement sur son séant. La lune est levée, elle éclaire la pièce. Le Chat noir sort lentement de dessous le fauteuil. Il s’étire, baille et fait sa toilette. L’Enfant ne le voit pas d’abord et s’étend, harassé, la tête sur un coussin de pieds.) L’ENFANT. Oh ! Ma tête ! Ma tête ! (Le Chat joue et roule une balle de laine. Il arrive auprès de l’Enfant et veut jouer avec la tête blonde comme avec une pelote.) 12 Quoi ? par Paul Colin, LES CHIFFRES. Onze et six vingt-cinq ! (Il se relève à demi et voit le Chat) joie de te retrouver, Jardin ! (Il s’appuie au gros tronc d’arbre qui gémit.) (effrayé de nouveau) L’Enfant et les sortilèges, (paraissant d’un côté de la scène). Quatre et quat’dixhuit ! (Le Chat va rejoindre la Chatte. L’Enfant le suit peureusement, attiré par le jardin. À ce moment, les parois s’écartent, le plafond s’envole et l’Enfant se trouve, avec le Chat et la Chatte, transporté dans le jardin éclairé par la pleine lune et la lueur rose du couchant. Des arbres, des fleurs, une toute petite mare verte, un gros tronc vêtu de lierre.) Musique d’insectes, de rainettes, de crapauds, de rires de chouettes, de murmures de brise et de rossignols. L’ENFANT (ouvrant les bras). Ah ! Quelle Costume pour LE PETIT VIEILLARD DEUXIÈME PARTIE : le jardin Ma blessure... L’ENFANT. Quelle blessure ? L’ARBRE. Celle que tu fis aujourd’hui à mon flanc, avec le couteau dérobé… Hélas ! Elle saigne encore de sève... LES AUTRES ARBRES (gémissant et se balançant). Nos blessures... nos blessures... Elles sont fraîches, et saignent encore de sève…ô méchant ! (L’Enfant apitoyé, appuie sa joue contre l’écorce du gros Arbre. Une Libellule passe, grésillant, et disparait. Elle repasse, repasse encore. D’autres la suivent. Un sphinx du laurier-rose l’imite. D’autres sphinx, d’autres Libellules.) LA LIBELLULE (celle qui a passé la première, chante en volant). Où es-tu ? Je te cherche… Le filet… Il t’a prise… Ô toi, chère, longue et frêle, tes turquoises, tes topazes, l’air qui t’aime les regrette moins que moi... LE ROSSIGNOL. Ah !... LA LIBELLULE. Seule, seule, Je languis… Je te cherche... (À l’Enfant, en tournoyant au-dessus de sa tête) Rends-la moi ! Où est-elle ? Ma compagne, Rends-la moi ! L’ENFANT. Je ne peux pas ! Je ne peux pas ! LA LIBELLULE (pressante). Où est-elle ? L’ENFANT (se détournant). Je ne puis... (à part) La libellule que j’ai prise... Percée d’une épingle... Contre le mur (horrifié) Ah !... LA CHAUVE-SOURIS (en l’air). Rends-la moi... tsk, tsk, Rends-la moi... Tsk... Ma compagne… La Chauve-souris... tu sais ? L’ENFANT (baissant la tête). Je sais ! LA CHAUVE-SOURIS (volant). Le bâton... Tsk, tsk... la poursuite… hier soir... Tsk... Ta victoire... Et la petite bête, là, morte à tes pieds... L’ENFANT. Grâce ! LA CHAUVE-SOURIS. Le nid plein... Les petits... sans leur mère. Il faut... tsk, tsk, qu’on les nourrisse... L’ENFANT. Sans mère ! LA CHAUVE-SOURIS. Alors, nous... Tsk, tsk... Nous volons. Nous chassons... Nous tournons... nous chassons. Nous happons... Tsk... Tsk... C’est ta faute... (Ronde de Chauves-souris. Au-dessous, une petite rainette émerge de la mare, s’appuie des deux mains au bord. Une autre fait de même, puis une autre, et la mare se trouve couronnée de rainettes, bien serrées l’une contre l’autre, et coassantes. En coassant, elles sortent, et se mettent à jouer à la manière des rainettes. L’une d’elles, ayant dansé, s’appuie de la main au genou de l’Enfant.) 13 L’ÉCUREUIL (sèchement, du haut de L’ENFANT. Ils s’aiment... ils sont D’AUTRES BÊTES (entre elles). Il LES BÊTES (hésitantes, en sourdine). l’arbre, parmi un bruit de noisettes éclatées). Sauve-toi, sotte ! Et la cage ? La cage ? heureux... Ils m’oublient... souffre... Il est blessé... Il saigne... Il a pansé la plaie... Il faut lier la main... Étancher le sang... Que faire ? Il sait, lui, guérir le mal... Que faire ? Nous l’avons blessé... Que faire ? Ma... man... (plus haut) Ma... man ! LA RAINETTE. Kékékékékécekça ? L’ÉCUREUIL (à la fourche des deux basses branches, et toussant à la manière des écureuils). La prison… Heu, heu. La prison. Le fer qui pique, entre deux barreaux. Heu, heu. J’ai pu fuir, mais tes quatre petites mains mouillées ne valent pas les miennes. LA RAINETTE. Que-que-que-que-dis-tu ? Je ne connais pas la cacacacage. Je connais la mouche qu’on me jette. (Elle saute.) Ploc ! Et le chiffon rouge. (Elle saute.) Ploc L’appât vient, je bondis, on me prend, je m’échappe, je reviens. Ploc ! L’ÉCUREUIL. Sans-cervelle ! Tu auras mon sort ! L’ENFANT (à l’Écureuil). La cage, c’était pour mieux voir ta prestesse, Tes quatre petites mains, tes beaux yeux... L’ÉCUREUIL (sarcastique). Oui, c’était pour mes beaux yeux ! (Pendant qu’il parle, le jardin se peuple d’écureuils bondissants. Leurs jeux, leurs caresses, suspendus en l’air, n’inquiètent pas ceux de rainettes, au-dessous. Un couple de Libellules, enlacé, se disjoint, s’accole. Un couple de sphinx du laurier-rose les imite. D’autres groupes se nouent, se défont. Le jardin, palpitant d’ailes, rutilant d’écureuils, est un paradis de tendresse et de joie animales.) Sais-tu ce qu’ils reflétaient, mes beaux yeux ? Le ciel libre, le vent libre, mes libres frères, au bond sûr comme un vol !... Regarde donc ce qu’ils reflétaient, mes beaux yeux tout miroitants de larmes ! 14 (Le Chat noir et la Chatte blanche paraissent au faite d’un mur. Le Chat lèche amicalement les oreilles de la Chatte, joue avec elle. Ils s’éloignent, l’un suivant l’autre, sur le faîte étroit du mur.) UNE BÊTE. Il appelait, tout à l’heure... Il s’aiment... ils m’oublient... Je suis seul... LES BÊTES. Il appelait... (Malgré lui il appelle :) Maman ! UNE BÊTE. Il crié un mot, un seul mot : (À ce cri, toutes les bêtes se dressent, se séparent, les unes fuient, les autres accourent menaçantes, mêlent leurs voix à celles des arbres, s’écrient :) LES BÊTES, LES ARBRES. Ah ! C’est l’Enfant au couteau ! C’est l’Enfant au bâton ! Le méchant à la cage ! Le méchant au filet ! Celui qui n’aime personne, Et que personne n’aime ! Faut-il fuir ? Non ! Il faut châtier. J’ai mes griffes ! J’ai mes dents ! J’ai mes ailes onglées ! Unissons-nous, unissons-nous ! (Toutes les bêtes fondent à la fois sur l’Enfant, le cernent, le poussent, le tirent. C’est une frénésie, qui devient lutte, car chaque bête veut être seule à châtier l’Enfant, et les bêtes commencent à s’entre-déchirer. L’Enfant, pris, délivré, repris, passe de pattes en pattes. Au plus fort de la lutte, il est projeté dans un coin de la scène, et les bêtes l’oublient, dans leur ivresse de combattre. Presque en même temps, un petit écureuil, blessé, vient choir auprès de l’Enfant avec un cri aigu. Les bêtes honteuses, s’immobilisent, se séparent, entourent de loin l’Écureuil qu’elles ont meurtri ...Arrachant un ruban de son cou, l’Enfant lie la patte blessée de l’Écureuil, puis retombe sans force. Profond silence, stupeur parmi les Bêtes.) Maman ! LES BÊTES. Maman... (Elles se sont rapprochées, elles entourent l’Enfant, gisant. Les Écureuils se suspendent aux branches au-dessus de lui, les libellules l’éventent de leurs ailes.) UNE BÊTE. Il se tait... Va-t-il mourir ? LES BÊTES. Nous ne savons pas lier la main... Étancher le sang... UNE BÊTE (désignant la maison). C’est là qu’est le secours ! Ramenons-le au nid ! Il faut que l’on entende, là-bas, le mot qu’il a crié tout à l’heure... Essayons de crier le mot... (Les Bêtes, toutes ensemble, soulèvent l’Enfant inerte et pâle, et l’emportent, pas à pas, vers la maison.) (L’Enfant ouvre les yeux, essaie de se tenir debout. De la patte, de l’aile, de la tête, des reins, les bêtes le soutiennent encore.) LES BÊTES. Maman ! (Une lumière paraît aux vitres, dans la maison. En même temps, la lune, dévoilée, l’aube, rose et d’or, inondent le jardin d’une clarté pure. Chant de rossignol, murmures d’arbres et de bêtes. Les bêtes une à une, retirent à l’Enfant leur aide qui devient inutile, défont harmonieusement, à regret, leur groupe serré contre l’Enfant, mais elles l’escortent d’un peu plus loin, le fêtent de battements d’ailes, de culbutes de joie, puis, limitant à l’ombre des arbres leur bienveillant cortège, laissent l’Enfant seul. Droit, lumineux et blond, dans un halo de lune et d’aube, et tendant ses bras vers celle que les bêtes ont appelée : « Maman ».) LES BÊTES. Il est bon, l’Enfant, il est sage, bien sage... Il a pansé la plaie, étanché le sang... Il est sage, si sage, si doux. Il est bon, l’Enfant, il est sage, bien sage. Il est si doux. L’ENFANT (tendant les bras). Maman ! Les musiciens, la direction et les collaborateurs de l’Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles vous souhaitent un Joyeux Noël et d’heureuses fêtes de fin d’année ! UNE BÊTE (dans le grand silence). Il a pansé la plaie... UNE AUTRE BÊTE. Il a pansé la plaie... Il a lié la patte... Étanché le sang. 15 Anne MAISTRIAU soprano mélanie boisvert soprano Julie MOSSAY soprano Après le piano et la musicologie, la soprano belge Anne Maistriau étudie le chant avec Margarida Natividade, Marcel Vanaud, Christiane Stutzmann et Eunice Arias. Elle s’initie aussi au chant baroque avec Stéphan Van Dyck et Monique Zanetti. Anne Maistriau obtient une bourse d’études au Concours International Francisco Viñas 2006, ainsi que le Prix du Jeune Espoir au Concours des Jeunes Stars Lyriques du Médoc 2008. En 2008-2009, elle intègre le Centre d’Art Lyrique de la Méditerranée. Elle a chanté avec l’OPL dans Candide de Bernstein, en septembre dernier, sur la Place Saint-Lambert. www.myspace.com/ annemaistriau Après le piano à Toronto, la soprano canadienne Mélanie Boisvert étudie le chant avec Tina Torlone, puis au Conservatoire de Cologne avec Barbara Schlick et Klesie Kelly. Lauréate du Concours International de Montréal des Jeunesses Musicales 2002 et finaliste du Concours de piano-chant Nadia et Lili Boulanger 2003 à Paris, elle a chanté dans les opéras d’Ottawa, Québec, Strasbourg, Fribourg, Berlin, Vienne, Gênes, Tours, Nice, Rennes, Nantes, Avignon, Angers, Liège… Elle a aussi été boursière de l’association Richard-Wagner et du Conseil des Arts du Canada. www.melanie-boisvert.com Initiée au chant au Conservatoire de Verviers par Annie Frantz, la soprano belge Julie Mossay poursuit sa formation au Conservatoire de Bruxelles avec Marcel Vanaud et au Conservatoire de Nancy avec Christiane Stutzmann. Lauréate des Concours Dexia et Jacques Dôme, elle fait ses débuts à l’Opéra Royal de Wallonie en 2005. Dans les années qui suivent, elle se produit à l’Opéra des Flandres, à Nancy, Metz, Marseille et Nantes, notamment dans Don Quichotte de Massenet avec José Van Dam, sous la direction de Marc Minkowski. Pascal ROPHÉ, direction Né à Paris en 1960, Pascal Rophé a été Directeur musical de l’OPL de 2006 à 2009. Lauréat du Concours de chefs d’orchestre de Besançon (1988), il dirige un très vaste répertoire. Rigoureux, exigeant, doté d’une oreille « au laser », il déchiffre sans cesse de nouvelles partitions et évoque mille projets. Il dirige régulièrement en France, Grande-Bretagne, Suisse, Italie, Finlande, Corée, Japon… Opéra. Pascal Rophé a dirigé de nombreuses productions lyriques au Théâtre du Châtelet, au Festival de Printemps de Budapest, à l’Opéra de Lyon, au Théâtre Mogador, au Glyndebourne Touring Opera, et à l’Opéra de Rome. En janvier 2006, il a créé Galilée de Michael Jarrell au Grand Théâtre de Genève. En 2008, il a dirigé L’Autre côté de Bruno Mantovani (en version de concert), à la Cité de la Musique à Paris. Discographie. Avec l’OPL, il a enregistré des œuvres de Thierry Escaich (« Diapason d’or de l’année 2002 » et « Victoire de la Musique classique » 16 en 2003), Saint-Saëns et Jongen (avec Olivier Latry, sur l’orgue restauré de la Salle philharmonique de Liège, « 10 » de Classica-Répertoire, « joker » de Crescendo, label Cypres), Caplet et Dutilleux (avec le violoncelliste Marc Coppey, Æon, « Choc » du Monde de la musique et « Diapason d’or »), des œuvres de Max Bruch (Cypres, avec Jean-Luc Votano et Arnaud Thorette), l’intégrale des Solos pour orchestre (Cycle des 7 formes) de Pascal Dusapin (Naïve) et des œuvres de Bruno Mantovani (Æon, avec Tabea Zimmermann et Antoine Tamestit, à paraître). Avec d’autres formations, il a également enregistré des œuvres de Tanguy, Dusapin, Fedele, Dallapiccola, Jarrell et Dalbavie. Actualité. En février 2011, Pascal Rophé créera le nouvel opéra de Mantovani Akhmatova à l’Opéra de Paris-Bastille. À peu près au même moment paraîtra son enregistrement d’œuvres de Mantovani avec l’OPL, Tabea Zimerman et Antoine Tamestit (Æon). 17 18 Mélanie RICCIOLINI soprano Joëlle CHARLIER mezzosoprano Marie-Laure COENJAERTS mezzosoprano Isabelle Nicolas EVERARTS de BAUCHAU VELP mezzo- ténor soprano Vincent LESAGE ténor Née en 1986, la soprano belge Mélanie Ricciolini est diplômée du Conservatoire de Bruxelles. Lauréate du stage Escales Lyriques, elle a participé comme soliste à diverses productions de l’Opéra Royal de Wallonie : The Fairy Queen de Purcell, La Flûte Enchantée de Mozart, La Forêt bleue d’Aubert. En décembre 2009 et janvier 2010, elle a chanté le rôle de Papagena dans La Flûte enchantée de Mozart en Belgique et aux Pays-Bas. Depuis septembre 2008, elle se perfectionne avec José Van Dam à la Chapelle musicale Reine Élisabeth. Aux Conservatoires de Bruxelles et Mons, la mezzo-soprano belge Joëlle Charlier obtient les Premiers Prix de chant concert et de chant opéra (dans la classe de Thierry Migliorini). Elle se perfectionne au Conservatoire de Maastricht avec Axel Everaert et participe à de nombreuses master-classes. Elle chante dans un large répertoire d’oratorio, d’opéra et d’opérettes : Le médecin malgré lui de Gounod (Fondation Royaumont/ Sandrine Anglade) ou dans le rôle-titre de La Périchole d’Offenbach au Kaaitheater de Bruxelles en décembre 2009. Née à Bruxelles, MarieLaure Coenjaerts est diplômée de l’École de Théâtre Lassaâd et du Conservatoire de Mons (classe de Thierry Migliorini). Depuis 2009, elle étudie à la Haute École de Musique de Genève avec Danielle Borst. Elle a chanté notamment dans Orlando Paladino de Haydn, L’Incoronazione di Poppea de Monteverdi, le Requiem de Duruflé, le Magnificat de Bach, le Stabat Mater de Pergolèse, le Te Deum de Charpentier… En janvier 2011, on pourra l’entendre dans des cantates de Bach sous la direction de Ton Koopman, au Temple de la Fusterie à Genève. Diplômée du Conservatoire de Bruxelles (classe de Ludovic de San), la mezzosoprano lyrique belge Isabelle Everarts fait ses débuts à l’Opéra-Studio de La Monnaie en 2000, dans Didon et Énée de Purcell. Toujours à La Monnaie, elle chante dans L’Enfant et les sortilèges de Ravel en 2001 et dans La Flûte enchantée de Mozart en 2005. Elle chante aussi dans le Requiem de Duruflé et dans des œuvres de Bach, Haendel, Vivaldi… et participe à de nombreux enregistrements. Après avoir étudié la musicologie à la Katholieke Universiteit Leuven et le violon baroque avec Sigiswald Kuijken au Conservatoire flamand de Bruxelles, Vincent Lesage se découvre une passion pour la voix. Poursuivant ses études avec la soprano Lena Lootens au Conservatoire flamand de Bruxelles, il s’approprie au fur et à mesure le vaste répertoire des oratorios et des opéras (baroques), d’abord comme choriste puis comme soliste. En 2009/2010, Vincent Lesage chante à l’ORW dans des productions adaptées aux jeunes (Mozart et Janacek). Après des études de sciences politiques et de musicologie à l’Université Libre de Bruxelles, le ténor belge Nicolas Bauchau est diplômé du Conservatoire de Liège (classe de Greta De Reyghere). Il se perfectionne ensuite à Londres avec Noelle Barker, grâce à une bourse du British Council. En 2003, il fait ses débuts à La Monnaie (Œdipe sur la Route de Pierre Bartholomée, sous la direction de Daniele Callegari et dans la mise en scène de Philipe Sireuil). Il se produit régulièrement en concert dans un répertoire allant de Monteverdi aux œuvres du XXe siècle. 19 Olivier BERTEN, baryton Sébastien PAROTTE, baryton Chœur Symphonique de Namur (dir. Patrick Baton) LA FNAC vous PROPOSE Des livres Formé aux Conservatoires de Bruxelles, Amsterdam et Metz, dans les classes de Marcel Vanaud (chant opéra et chant concert), Mady Urbain (art lyrique), Udo Reinemannn (lied et mélodie) et Monique Zanetti (chant baroque), le baryton belge Olivier Berten fait ses débuts à La Monnaie en 2007 dans Werther de Massenet (sous la direction de Kazushi Ono). En 2008, il est au Vlaamse Opera pour le spectacle « Villa Vivaldi », et en 2009, au Centre de Variétés de Wallonie pour l’opérette Les Mousquetaires au Couvent de Louis Varney. www.olivierberten.info Né à Verviers en 1984, Sébastien Parotte manifeste très jeune le désir de chanter et est sélectionné par l’Opéra Royal de Wallonie et par La Monnaie pour chanter les rôles d’enfants solistes. Après avoir otenu un master au Conservatoire de Maastricht dans la classe de Mya Besselink, il est retenu par les Jeunesses Musicales d’Allemagne et chante Verdi (2005) et Rossini (2007). En 2007-2008, il rejoint les Jeunes Voix du Rhin de l’Opéra National du Rhin. Depuis 2008, il travaille avec José Van Dam à la Chapelle musicale Reine Élisabeth. CONCERT DE NOUVEL AN Fondé en 1990, le Chœur Symphonique de Namur s’est imposé comme une composante essentielle de la vie musicale belge. Depuis 2009, il est dirigé par Patrick Baton et renforcé par la présence d’étudiants de l’IMEP (Institut supérieur de Musique et de Pédagogie Musicale, Namur). Le Chœur Symphonique de Namur bénéficie du soutien de la Communauté française de Belgique, de la Loterie Nationale, de la Ville et de la Province de Namur. Il est géré par le CAV&MA (Centre d’Art Vocal & de Musique Ancienne, à Namur). Dernière venue à l’OPL : 23/04/10 (Ravel). Les Pastoureaux (dir. Philippe Favette) Z VE ui ! ER h ÉS urd’ d Julie Mossay, soprano | Marc Laho, ténor | Sébastien Parotte, baryton Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles | Fabien Gabel, direction Un concert de Nouvel An dans le cadre éblouissant du Forum de Liège. Des airs connus ou moins connus d’opéras et opérettes français. RÉSERVATIONS : LE FORUM | RUE PONT D’AVROY 14 | 4000 LIÈGE Tél. +32 (0)4 223 18 18 | www.leforum.be 20 Des disques RAVEL, Ma mère l’Oye •Orchestre philharmonique de Berlin, dir. P. Boulez (DGG) •Orchestre symphonique de Montréal, dir. Ch. Dutoit (DECCA) RAVEL, L’Enfant et les sortilèges •Orchestre national de la RTF, dir. L. Maazel (DGG) •Orchestre philharmonique de Berlin, dir. S. Rattle (EMI) Vendredi 14 janvier 2011 | 20h w Forum, Liège R s aujo è Extraits de CARMEN, LA BELLE HÉLÈNE, ROMÉO ET JULIETTE, LES PÊCHEURS DE PERLE, LA PÉRICHOLE, LES FILLES DE CADIX… •Marcel MARNAT, Maurice Ravel, Paris, Fayard, 1995. •David SANSON, Maurice Ravel, Arles, Actes-Sud, 2005 •Christian GOUBAULT, Maurice Ravel, le jardin féerique, Paris, Minerve, 2004. C’est en 1974, à Noël, que Bernard Pagnier rassemble une vingtaine d’enfants et d’adultes pour former un ensemble vocal. L’année suivante, le chœur s’officialise sous le nom de « Pastoureaux ». Aujourd’hui, le groupe compte 60 garçons de 8 à 14 ans et une vingtaine d’hommes. Ils ont la chance de se produire régulièrement en Belgique, en Europe et sur les autres continents. Cela représente déjà plus de 1 000 concerts et l’enregistrement de 12 disques ! En 2006, Philippe Favette prend la Direction du Chœur. www.lespastoureaux.com 21 L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE LIÈGE WALLONIE BRUXELLES FÊTE SES 50 ANS ! Directeur général : Jean-Pierre ROUSSEAU Fondé en octobre 1960 par Fernand QUINET (1960-1964), directeur du Conservatoire de Liège, l’Orchestre de Liège compte alors 71 musiciens. Financé par la Ville de Liège et le Ministère National de l’Instruction publique. Sa gestion est assurée — jusqu’en 1983 — par l’UDAM (Union pour la Diffusion de l’Art Musical). À sa création, joue principalement pour la Société des concerts du Conservatoire. Explore le répertoire classique et romantique (de Mozart à Brahms), la musique française (Ravel et Debussy) et les compositeurs de l’Est (Chostakovitch, Lutoslawski). Premiers engagements internationaux : La Haye, Eindhoven, Cologne, Katanga (tournée de 8 concerts, en 1961). Avec Manuel ROSENTHAL (19641967), découvre Bartók, R. Strauss, Stravinsky, Hindemith, Schoenberg et les compositeurs d’avant-garde. Accueille Auric, Jolivet et Messiaen à Liège (création 22 belge de la Turangalîlâ-Symphonie en 1965). S’oriente vers de nouvelles formules de concerts (commentés, cabaret, concerts d’avant-garde). Devient le partenaire régulier du Ballet de Wallonie en 1966 (accompagne 3 ballets par saison). Sous Paul STRAUSS (1967-1977), compte 89 musiciens. Renoue avec Mozart, Beethoven, Brahms, Tchaikovski, explore pour la première fois Mahler, Bruckner, Scriabine et les Américains Barber, Harris, Copland, Ives. La musique belge (Legley, van Rossum, Boesmans, Pousseur) est au cœur de son activité. Étend sa diffusion internationale à Lille, Rotterdam, Amsterdam (Concertgebouw), à l’Allemagne, la Suisse et la Sicile. Réalise ses premiers enregistrements commerciaux pour Alpha, Musique en Wallonie et surtout EMI (Enesco, Franck, Brahms, Grétry, Vieuxtemps). Grâce à Pierre BARTHOLOMÉE Avec Louis Langrée, l’OPL (1977-1999), explore l’essentiel du répertoire du XIXe et XXe siècle. Se révèle un interprète incontournable de la musique contemporaine (crée des œuvres de Berio, Boesmans, Pousseur, Takemitsu, Xenakis, Piazzolla). Effectue des tournées en Allemagne, Italie, Espagne, Suisse, Autriche mais aussi au Japon, en Amérique du Sud, aux Etats-Unis (notamment aux Nations Unies en 1987). Prend le nom d’Orchestre Philharmonique de Liège en 1983 et assure sa propre gestion. Passe sous la tutelle de la Communauté française. Sa réputation est étayée par une discographie audacieuse de plus de 30 CD’s (Biarent, Sibelius, Franck, Boesmans, Lekeu, Vierne, Tournemire, Villa-Lobos, Schubert). Certains récompensés par la critique internationale (Prix de l’Académie Charles Cros, Diapason d’or de l’année, Prix Koussevitzky, Victoire de la Musique en 1995, etc.). s’initie entre autres aux nouvelles normes d’interprétation de Mozart, Haydn, Beethoven. Pascal Rophé place l’OPL dans le peloton de tête des orchestres spécialisés dans le répertoire contemporain (Stockhausen, Mantovani, Dusapin, Bertrand, Jarrell). Depuis 10 ans, l’Orchestre poursuit une politique active de commandes aux compositeurs belges (Michel Fourgon, Claude Ledoux, Benoît Mernier, Philippe Boesmans). En parallèle, il s’ouvre aussi à la musique baroque (Haendel, Rameau, Purcell), aux musiques du monde (Darvishi), aux effectifs à géométrie variable. Fin 1999, Jean-Pierre ROUSSEAU est nommé Directeur général de l’OPL. L’Orchestre devient une entreprise culturelle, il compte aujourd’hui 100 musiciens et prend l’appellation Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles. Ouverture à tous les publics, nouvelles formules de concerts (Dessous des quartes, Écouter la musique, festivals thématiques, musiques de films, concerts courts) et extension du répertoire sont les objectifs recherchés et confortés par les directeurs musicaux successifs, Louis LANGRÉE (2001-2006), Pascal ROPHÉ (2006-2009) et François-Xavier ROTH (2009-2010). L’Orchestre a réalisé 24 enregistrements depuis 1999 (Escaich, Mernier, Franck, Chausson, Ravel, Schulhoff, Schumann, Saint-Saëns, Jongen, Bruch, Mantovani, intégrale des solos de Dusapin), 7 tournées (Amérique du Sud, Musikverein de Vienne, Théâtre des Champs-Élysées de Paris, etc.). En 2009, il étend son action aux écoles, académies, hôpitaux, IPPJ, à l’enseignement spécialisé et s’aventure sur le terrain des nouvelles technologies (concerts sur Internet). Aujourd’hui, l’OPL donne plus de 80 concerts par an dont la moitié à Liège. Depuis 2000, il gère également la Salle philharmonique de Liège, élargissant l’offre de concerts à la musique baroque, aux musiques du monde, à la musique de chambre, aux grands récitals pour piano ou à l’orgue. En 2010, l’OPL reçoit officiellement le titre de « Société Royale », des mains de Michel Foret, Gouverneur de la Province de Liège, au nom du Roi Albert II. 23 50 ANS EN 50 CD Un coffret « collector » REVIVEZ L’HISTOIRE DE L’OPL AVEC L’INTÉGRALE DE SA DISCOGRAPHIE À UN PRIX EXCEPTIONNEL ! Retrouvez tous les enregistrements réalisés par l’OPL, des années 60 à nos jours, pour EMI, Universal, Naïve, Cypres, Ricercar, Æon, Musique en Wallonie... Des disques couronnés pour la plupart par les plus grandes distinctions (Prix de l’Académie Charles Cros, Victoires de la Musique, Prix Caecilia, Diapason d’or, Choc du Monde de la Musique, Editor’s Choice de Gramophone, Prix Koussevitzky, etc.). Un coffret-anniversaire qui se veut le reflet de 50 ans au service : w des grandes œuvres du répertoire (Mozart, Brahms, Liszt, Saint-Saëns, Dvorak, Strauss… par Fernand Quinet, Paul Strauss, Pierre Bartholomée, Louis Langrée et Pascal Rophé) ; w du répertoire belge (Franck, Jongen, Grétry, Lekeu, Vieuxtemps,…) ; w de la création contemporaine (Dusapin, Escaich, Dutilleux, Boesmans, Robert, Mernier, Pousseur) ; w des jeunes interprètes (Votano, Cohen, Le Guay, Coppey, Gastinel). Sans oublier plusieurs inédits en CD : les Rhapsodies roumaines n° 1 et 2 d’Enesco, la Symphonie alpestre de Strauss, le Requiem de Jean Rogister ou encore l’enregistrement mythique de l’OPL avec Léo Ferré enfin disponibles ! Avec le soutien du label Cypres, au tarif exceptionnel de 50€ ! L’opl en radio et en télévision Diffusion du concert de noël que l’OPL a donné le mercredi 15/12, au palais Royal de bruxelles. w sur RTBF La Une, le vendredi 24 décembre (14h) et le samedi 25 décembre (9h30) w sur RTBF La Trois, le vendredi 24 décembre à 23h15 w sur RTL-TVI, le samedi 25 décembre (11h55) w sur VRT Eén, le samedi 25 décembre (13h35) et le dimanche 26 décembre (12h) w sur EXQI Kultuur, le mardi 21 décembre (19h) et le lundi 27 décembre (19h) 8 concerts 20 artistes 13 émissions de 2 heures sur Musiq’3. Les 50 ans d’histoire de l’OPL font l’objet d’une série de 13 émissions sur Musiq’3, conçues et présentées par Paule Denis (RTBF) et Stéphane Dado (OPL, chargé de mission « 50 ans ») et réalisées par Thierry Lequeux (Musiq’3) : diffusées à partir du samedi 11 décembre, de 20h à 22h, elles exhument de très nombreux témoignages et archives sonores qui retracent le riche parcours de l’Orchestre. Avec l’aide de la SONUMA, qui assure la gestion numérique des archives sonores de la RTBF. wL es samedis 11 décembre et 18 décembre, puis tous les samedis du 15 janvier 2011 au 26 mars 2011, de 20 à 22h. 24 25 28 JAN 05FÉV 11 PALAIS OPÉRA DE LIÈGE BOULEVARD DE LA CONSTITUTION Un Noël pour tous L e 24 décembre, l’Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles, soutenu par la Ville de Liège et BNP Paribas Fortis, propose un concert de Noël au caractère un peu spécial… En effet, cette saison, celle de son 50 anniversaire, e l’OPL souhaite plus que jamais rendre la musique accessible à tous DOPPIO.BE I 4979 WWW.OPERALIEGE.BE 04 221 47 22 L’INIMICO DELLE DONNE GALUPPI [L’ennemi des femmes] COLLOQUE 4 & 5 FEV 2011 ----------------------------------------------------------------------- Avec la collaboration de l’Université de Liège (ULg), section musicologie THÈMES PRINCIPAUX : Galuppi & l’Europe des Lumières Galuppi & l’opéra Galuppi & la musique instrumentale et religieuse les publics. Université de Liège - Salle Académique Place du XX Août - 4000 Liège - Belgium Grâce à la collaboration avec plus d’une trentaine d’associations Comité scientifique : Maria Delogu (musicologue) Christophe Pirenne (ULg) de Liège, toute personne n’ayant pas les moyens de s’offrir un moment musical, n’ayant jamais osé pousser la porte de la Salle Philharmonique, se voit offrir, pour Noël, un moment de découverte musicale, de plaisir et de convivialité. Avec le soutien de : DIRECTION MUSICALE RINALDO ALESSANDRINI MISE EN SCÈNE STEFANO MAZZONIS DI PRALAFERA DÉCORS JEAN-GUY LECAT COSTUMES FRÉDÉRIC PINEAU LUMIÈRES FRANCO MARRI AGNESINA ANNA MARIA PANZARELLA XUNCHIA LIESBETH DEVOS KAM-SÌ PRISCILLE LAPLACE ZYDA FEDERICA CARNEVALE ZON-ZON FILIPPO ADAMI GEMINIANO ALBERTO RINALDI LY-LAM JURI GORODEZKI SI-SIN DANIELE ZANFARDINO ORCHESTRE OPÉRA ROYAL DE WALLONIE RÉALISÉ AVEC L’AIDE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE (DIRECTION GÉNÉRALE DE LA CULTURE, SERVICE DE LA MUSIQUE) ET AVEC LE SOUTIEN DE LA PROVINCE DE LIÈGE ET DE SON SERVICE DES AFFAIRES CULTURELLES 27 à vos agendas… Mercredi 12 janvier 2011 | 18h30 Samedi 15 janvier 2011 | 14h & 17h ÉCOUTER LA MUSIQUE : BIZET [gratuit] EXPLORATION DU MONDE Écoute de disques comparée Route Inca Laurent Garnier, Megan Son, présentation BIZET | Carmen Fabien Gabel (chef d’orchestre), Robert Alfonsi (Opéra Royal de Wallonie), Martine Dumont-Mergeay (La Libre Belgique) Jean-Pierre Rousseau, modérateur Jeudi 13 janvier 2011 | 20h EXPLORATION DU MONDE Route Inca Laurent Garnier, Megan Son, présentation Vendredi 14 janvier 2011 | 20h Forum | Liège CONCERT DE NOUVEL AN THOMAS | Raymond, ouverture MESSAGER | Véronique, duo BIZET | Les pêcheurs de perles, extraits OFFENBACH | La Belle Hélène, ouverture La périchole, trio | Pomme d’Api, trio CHABRIER | Espana RAVEL | Vocalise en forme de Habanera GOUNOD | Roméo et Juliette, air RAVEL | Don Quichotte à Dulcinée DELIBES | Les filles de Cadix BIZET | Carmen, extraits Julie Mossay, soprano | Marc Laho, ténor Sébastien Parotte, baryton OPL | Fabien Gabel, direction Mercredi 19 janvier 2011 | 12h30 MUSIQUE à MIDI : Duo Edonis [gratuit] Joanie Carlier, basson Aurore Grailet, harpe Mercredi 19 janvier 2011 | 18h30 le Dessous Des Quartes [gratuit] LALO | Concerto pour violoncelle OPL | Jean-Pierre Haeck, direction David Cohen, violoncelle et présentation Vendredi 21 janvier 2011 | 20h COHEN / HAECK FAFCHAMPS | Lettre soufie : L(âm) LALO | Concerto pour violoncelle LALO | Symphonie en sol mineur David Cohen, violoncelle OPL | Jean-Pierre Haeck, direction 8 erts c n o c tes s i t r 20 a FESTIVAL à TOUTES CORDES DU lundi 24 AU dimanche 30 JANVIER 2011 Avec Pablo Gonzalez, Gautier Capuçon, Pieter Wispelwey, Lorenzo Gatto, Yossif Ivanov, Valery Sokolov, Alina Pogostkina, Quatuor Ysaÿe, Vanessa Wagner, Boris Belkin, Tedi Papavrami, Marc Coppey, Kirill Troussov, Patrick Heselmans, Lise Berthaud, Arnaud Thorette, Artur Toth, Jean-Pierre Borboux, Frank Braley et Renaud Capuçon. Ils n’ont chacun que 4 cordes, mais rivaliseront sans difficulté avec les 88 touches du piano de Vanessa Wagner et Frank Braley. Une semaine de concerts pour faire le « tour des cordes » en compagnie de nombreux artistes invités, complices réguliers de l’OPL. 28