jeudi 23 décembre 2010 l`enfant et les sortilèges

Transcription

jeudi 23 décembre 2010 l`enfant et les sortilèges
RAVEL |
Ma mère l’Oye (1908/1911) w env. 17’
1. Pavane de la Belle au bois dormant
2. Petit Poucet
3.Laideronnette, impératrice des pagodes
4.Entretiens de la Belle et de la Bête
PAUSE
RAVEL |
L’Enfant et les sortilèges.
Opéra en deux parties, sur un livret
de Colette (1920-1925) w env. 45’
5.Le Jardin féerique
Anne Maistriau, soprano................................. la Chauve-souris, une Pastourelle
Mélanie Boisvert, soprano.............................. le Feu, le Rossignol
Julie Mossay, soprano..................................... la Bergère, la Chouette
Mélanie Ricciolini, soprano............................. la Princesse des fées
Joëlle Charlier, mezzo-soprano..................... la Libellule, la Tasse chinoise, Maman
Marie-Laure Coenjaerts, mezzo-soprano...... l’Enfant
Isabelle Everarts de Velp, mezzo-soprano..... la Chatte, l’Écureuil, un Pâtre
Nicolas Bauchau, ténor................................... la Théière
Vincent Lesage, ténor .................................... l’Arithmétique, la Rainette
Olivier Berten, baryton.................................... l’Horloge comtoise, le Chat
Sébastien Parotte, baryton.............................. un Arbre, le Fauteuil
Chœur symphonique de Namur (dir. Patrick Baton)
Les Pastoureaux, chœur d’enfants (dir. Philippe Favette)
Richard Piéta, concertmeister
Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles
Pascal Rophé, direction
Sur
en février 2011.
Pour que Noël soit une fête pour les petits et les grands. Sur un texte
de Colette, Ravel nous emmène dans un monde fantastique et féerique :
un enfant martyrise des objets et, tout à coup, une théière danse, un
arbre parle, des moutons chantent, une horloge déraille… Ce n’est pas
Toy Story, c’est L’Enfant et les sortilèges ! Pascal Rophé dirige une
formidable équipe de jeunes chanteurs, tous belges !
jeudi 23 décembre 2010 l’enfant et les sortilèges [programme 14]
Jeudi 23 décembre 2010 | 20h
RAVEL MA MÈRE L’OYE (1908-1911)
Ravel et Jean Godebsky (Montfort, vers 1930).
Charles Perrault. À l’été 1908,
Maurice Ravel (1875-1937) séjourne chez
ses amis Godebsky. Pour leurs enfants
Jean et Marie, il écrit une Pavane de la
Belle au bois dormant simple et dépouillée,
destinée au piano à quatre mains. À la
demande insistante de l’éditeur Jacques
Durand, Ravel compose quatre autres
pièces formant une suite qu’il orchestre
en 1911, y ajoutant un prélude et des
interludes de manière à former un ballet.
Ma mère l’Oye est en réalité un titre
emprunté à Charles Perrault dont le
contenu regroupe plusieurs histoires
d’auteurs différents n’ayant aucun lien
entre eux, excepté le fait d’être tous
empruntés aux contes et légendes. Pour
en savourer pleinement la richesse et
l’invention, il faut retrouver une âme
d’enfant et se laisser guider pas à pas dans
un pays imaginaire où émerveillement
et frayeur alternent en de surprenantes
pirouettes.
Sans interruption. La Pavane de
la Belle au bois dormant conduit l’auditeur
au pays de la fantaisie et du surnaturel.
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RAVEL L’ENFANT
Une mélodie transparente confiée à la
flûte plane dans une douce torpeur sur
un fond mystérieux en pizzicato : la fée
Bénigne berce de contes le sommeil de la
princesse. Le tableau suivant, Petit Poucet,
fait éprouver la solitude des sept frères
plongés dans la forêt à la tombée de la nuit.
Leur pas se fait hésitant et l’atmosphère
pesante, dans un univers peuplé d’ombres
inquiétantes. La marche sombre, à
tâtons, se poursuit en de légères vagues
confiées aux cordes qui ne savent pas
trop quelle voie emprunter pour parvenir
à la lumière lointaine. Dans une lueur
d’espoir surviennent des cris d’oiseaux,
en particulier ceux du coucou. Mais
bientôt l’oppression revient, lancinante.
Contrastant avec les tableaux précédents,
Laideronnette, impératrice des pagodes
transporte l’auditeur en Extrême-Orient,
au lever du jour. Sur un rythme de danse
diablotin, scintillent mille détails d’un décor
que l’on croirait familier. Des personnages
de scène aux fards opaques semblent
s’agiter comme des pantins d’horloger. Les
percussions y jouent un rôle déterminant.
Dans les Entretiens de la Belle et de la Bête,
une valse triste et langoureuse traduit les
sentiments impossibles des protagonistes.
La Bête fait pourtant entendre de sombres
beuglements (contrebasson), des râles
d’imploration auxquels la Belle se montre
sensible au point de l’embrasser. L’épisode
inattendu de la transformation en Prince
charmant se manifeste par un glissando
de harpe suivi d’une délicate mélodie
au violon. Enfin, Le Jardin féerique nous
ramène dans le prolongement du premier
tableau, lorsque le prince vient de rendre
vie à sa bien-aimée. Les cordes débutent
par un large crescendo (Adagio) se
terminant en apothéose dans une vision du
jardin des merveilles.
ÉRIC MAIRLOT
ET LES SORTILÈGES (1920-1925)
Ravel sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, avec sa mère, Mme A. Benois et son fils Nicolas, juillet 1914.
Fasciné par l’enfance. En 1916,
Colette — de son vrai nom, GabrielleSidonie Colette (1873-1954) — écrit la
première mouture du livret de L’Enfant et
les sortilèges, à la demande de Jacques
Rouché, directeur de l’Opéra de Paris.
Ce dernier le propose ensuite à Ravel,
qui se met au travail au printemps 1920.
Interrompu plusieurs fois, le travail
est finalement mené à son terme à la
faveur d’un contrat signé en 1924 avec
l’Opéra de Monte-Carlo. Les échanges
entre le compositeur et l’écrivain sont
peu nombreux mais Ravel adhère
immédiatement à cette fable qui entre
en résonance avec sa fascination pour
l’enfance et l’extrême attachement qu’il
porte à sa mère (morte en 1917) : la
mère s’absente ici dès la première scène,
abandonnant l’Enfant sur une dissonance
affective. Directeur musical de l’OPL de
1964 à 1967 et proche disciple de Ravel,
Manuel Rosenthal (1904-2003) se souvient :
« [Ravel] était toujours de plain-pied avec
les enfants. Quand il rendait visite à un
ami, devant un gosse, immédiatement, il
se mettait par
terre, sur le
tapis, et jouait
avec le marmot,
qui, lui, trouvait
tout naturel de
s’amuser avec
ce monsieur ».
L’œuvre est créée
le 21 mars 1925 à
l’Opéra de MonteCarlo, sous la
direction du chef
et compositeur
italien Victor De
Sabata.
L’histoire. Dans une vieille maison
normande, un petit garçon n’a pas envie
de faire ses devoirs. Sa mère le punit (« thé
sans sucre, pain sec »). Dans sa fureur,
l’Enfant se déchaîne contre les animaux,
renverse la bouilloire, lacère le papier
peint, tire la queue du Chat, arrache le
balancier de l’Horloge… Essoufflé, l’Enfant
tombe… Mais les objets s’animent pour
se plaindre : danse du Fauteuil, délire de
l’Horloge détraquée, fox-trot de la Théière
et de la Tasse, danse du Feu, procession
des Bergers qui sortent du papier peint.
Manuel Rosenthal dans sa loge, entre 1964 et 1967
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Ravel dans l’appartement familial à Paris, vers 1912.
En pleurs, l’Enfant, n’arrive pas à retenir
la Princesse des fées, sortie de son livre
déchiré. Il ne connaîtra jamais la fin de
l’histoire. Surgit l’Arithmétique (sous les
traits d’un petit vieillard), suivie d’un duo
des Chats. La Deuxième partie conduit au
jardin, avec bruits d’insectes, de crapauds…
Plaintes de l’Arbre et valses dansées par la
Libellule, air de la Chauve-souris et danse
des Rainettes. Les Chats reviennent : « Ils
s’aiment, ils m’oublient », dit l’Enfant, qui
se sent abandonné et crie « Maman ! » : à
ce cri, les bêtes se dressent et l’attaquent,
le laissant dans un coin. Mais, blessé luimême, il va soigner l’Écureuil et s’attirer
la sympathie des animaux : le chœur final
célèbre l’Enfant sage.
Sexe et cruauté. Le récit n’est
pas niais et s’adresse aussi aux adultes.
Conjointement à l’éclosion d’une rêverie
amoureuse, Colette montre en effet la
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découverte de l’acte sexuel (le duo des
chats à la fin de la Première partie), ce qui
ne manqua par de provoquer un scandale
lors de la première parisienne, en 1926.
Par ailleurs, comme dans toute littérature
enfantine (Perrault, Andersen, Lewis
Carroll…), la cruauté est présente. En 1929,
le livret inspire même une analyse à la
psychanalyste Mélanie Klein, qui décode
les attaques sur la chambre comme
des pulsions sadiques dirigées contre
des « objets maternels », et désigne des
symboles phalliques (l’écureuil, la queue
du chat, le glaive que le garçon désire pour
retenir la princesse…), symboles d’un père
absent. Dans l’opéra, le mot « maman »
revient deux fois, comme appel au secours
et demande d’amour, et à chaque fois,
sur un intervalle mélodique descendant.
Or, si l’on suit le devenir de cet intervalle
maternel (une quarte), seul leitmotiv de
la partition, on le retrouve sur des paroles
qui traduisent l’ambivalence entre la
haine et l’amour : « méchant », « plus de
leçon », « ah ! c’est elle » (quand apparaît
la princesse), « épée », « mes bras », « nid
plein », « les petites, sans leur mère »,
« prison »… Mais aussi, en mouvement
ascendant sur « je suis libre »…
Opérette américaine. La
revendication de l’enfance soutient en
même temps un projet esthétique, celui de
se débarrasser du grand opéra symbolisé
par Wagner. Cocteau avait réclamé ce
meurtre du père dès 1918. D’innombrables
efforts visent dans les années 1920 à
dégraisser, à revenir vers la danse et la
terre, à dire les choses plus directement
(pensons au Groupe des Six). On retient
de Bach la pulsation rythmique, et de
Mozart, la mélodie. Mozartien déclaré,
Ravel résume ainsi le projet de L’Enfant :
« Le souci mélodique qui y prédomine s’y
trouve servi par un sujet que je me suis
plu à traiter dans l’esprit de l’opérette
américaine. Le livret de Mme Colette
autorisait cette liberté dans la féérie. C’est
le chant qui prédomine ici. L’orchestre,
sans faire fi de la virtuosité instrumentale,
reste néanmoins au second plan. […] Il ne
s’agit pas d’émuler Puccini mais de tenir
compte de la leçon de Pelléas [et Mélisande
de Debussy] ou du Mariage de Moussorgski
[…]. »
Satie et Massenet. À Rosenthal,
le compositeur donnera une autre clef :
« Debussy et moi devons énormément à
deux musiciens aujourd’hui vilipendés :
Satie et Massenet. […] Regardez L’Enfant et
les sortilèges, ce qu’on appelle maintenant
l’air de L’Enfant (Toi, le cœur de la rose), c’est
un pastiche de Manon (Adieu notre petite
table), entendez un hommage à Massenet
car c’est fait avec les même procédés.
Simplement, c’est mieux chez Massenet ! ».
Or, cet air est en vérité une brève cantilène
avec des écarts d’intervalles réduits
au minimum : surtout rien de large et
« d’infini ». Le laconisme et la planéité
œuvrent contre l’emphase, exactement
comme la prosodie sans « e » muets (celle
de l’opérette et de la chanson de cabaret),
les bruits d’animaux, le faux japonais, les
mots découpés en syllabes (« arithmétique,
tique, tique, tique »), avec un sadisme
ludique.
Artisan surdoué. Anti-wagnérienne,
la partition de L’Enfant reprend la
tradition de l’opéra à numéros, en se
présentant comme une suite de danses
ou une lanterne magique qui projette
d’extraordinaires images musicales.
Plusieurs choses importent : une
construction sans retours ni rappels, une
vitesse de défilement élevée, et surtout la
variété. Ravel écrit à Roland-Manuel : « Je
peux vous assurer que cette œuvre, en deux
parties, se distinguera par un mélange
des styles qui sera sévèrement jugé, ce qui
laissera Colette indifférente et dont moi je
[me] fous ». Les images se succèdent ici
comme des objets musicaux s’étalant dans
la boutique d’un artisan surdoué, autant de
petits œufs de Fabergé concentrant toute
l’histoire de la musique occidentale.
Patchwork. Au début, c’est la musique
médiévale, symbole de l’ennui de l’Enfant.
À l’opposé, c’est l’actualité brûlante, un
fox-trot des années 1920. Ravel, rapporte
Rosenthal, « lorsqu’il était fourbu de
travail, filait à Paris et courait les boîtes de
nuit. Non point tant pour la vie nocturne
que pour la musique qu’on y jouait car
seul le jazz le reposait de sa propre
musique. Il était notamment sensible à
ces longues mélodies mélancoliques qui
l’impressionnaient d’autant plus que c’est
aussi ce qu’il y a de plus touchant dans
la plupart de ses œuvres. Car je crois
qu’une de ses grandes obsessions était la
mélodie en elle-même ». Entre ces deux
extrêmes défilent un « menuet » (du fauteuil
Louis XV), un « tambourin » (trépignement
des bergers), un peu de Rimski-Korsakov
(la musique du feu), un zeste de Wagner
(l’arbre blessé rappelle Parsifal), et surtout
une « valse » (y compris sous la forme
d’une autocitation de La Valse, de 1920).
Pour la rédemption finale, Ravel suit la
suggestion de Colette. Il reprend le langage
baroque d’un « rigaudon 1 », puis passe
à une épure et une plénitude rappelant
Franck et Fauré. Au fond, la vertu de Ravel
dans L’Enfant ne réside-t-elle pas dans
cette oscillation perpétuelle, ce chaud-froid
permanent, cette suite de danses où —
comme sur des montagnes russes — le
compositeur replonge l’auditeur dans les
vertiges de l’enfance ?
MARTIN KALTENECKER
1 Rigaudon. Danse vive à deux temps des XVIIe et XVIIIe siècles.
5
LIVRET DE
RAVEL VU PAR COLETTE
L’ENFANT ET LES SORTILÈGES
Fantaisie lyrique de Maurice Ravel | Texte de Colette
PREMIÈRE PARTIE : la maison
Une pièce à la campagne plafond très
bas, donnant sur un jardin. Une maison
normande, ancienne, ou mieux : démodée ;
de grands fauteuils, housses ; une haute
horloge à cadran fleuri. Une tenture à petits
personnages, bergerie. Une cage ronde à
écureuil, pendue près de la fenêtre. Une
grande cheminée à hotte, un reste de feu
paisible ; une bouilloire qui ronronne. Le chat
aussi. C’est l’après-midi.
Colette, par René Carrère, vers 1920.
Ravel sur les bords de la Nivelle (Saint-Jean-de-Luz, vers 1902).
[…] Il était jeune, en deça de l’âge où vient
la simplicité. Jules Renard, en 1907, note
que Ravel est « noir, riche et fin ». Des
favoris — oui, des favoris ! — de volumineux
cheveux outraient le contraste entre sa tête
importante et son corps menu. Il aimait
les cravates marquantes, le linge à jabot.
Recherchant l’attention, il craignait la
critique ; celle d’Henry Gauthier-Villars lui
était cruelle. Peut-être secrètement timide,
Ravel gardait un air distant, un ton sec. […]
La guerre fit sur son nom un silence
hermétique, et je perdis l’habitude de
penser à L’Enfant et les sortilèges.
Vint le jour où M. Rouché me demanda
un livret de féerie-ballet pour l’Opéra. Je
ne m’explique pas encore comment je lui
donnai, moi qui travaille avec lenteur et
peine, L’Enfant et les sortilèges en moins
de huit jours… Il aima mon petit poème, et
suggéra des compositeurs dont j’accueillis
les noms aussi poliment que je pus.
– Mais, dit Rouché après un silence, si je
vous proposais Ravel ?
Je sortis bruyamment de ma politesse, et
l’expression de mon espoir ne ménagea
plus rien […].
6
Cinq ans passèrent. L’œuvre achevée et son
auteur sortirent du silence. Mais Ravel ne
me traita pas en personne privilégiée, ne
consentit pour moi à aucun commentaire,
aucune audition prématurée, même
fragmentaire. Il parut seulement se soucier
du « duo miaulé » entre les deux chats,
et me demanda gravement si je ne voyais
pas d’inconvénient à ce qu’il remplaçât
« mouaô » par « mouain » — ou bien le
contraire…
Les années lui avaient ôté, avec la chemise
à jabot plissé et les favoris, sa morgue
d’homme de petite taille. Cheveux blancs
et cheveux noirs, mêlés, le coiffaient d’une
sorte de plumage, et il croisait en parlant
ses mains délicates de rongeur, effleurait
toutes choses de son regard d’écureuil…
Maurice Ravel par quelques-uns
de ses familiers, 1939.
(L’Enfant, six ou sept ans, est assis devant un
devoir commencé. Il est en pleine crise de
paresse, il mord son porte-plume, se gratte
la tête et chantonne à demi-voix.)
L’ENFANT. J’ai pas envie de faire ma
page. J’ai envie d’aller me promener. J’ai
envie de manger tous les gâteaux. J’ai
envie de tirer la queue du chat Et de couper
celle de l’écureuil. J’ai envie de gronder
tout le monde ! J’ai envie de mettre Maman
en pénitence...
(La porte s’ouvre. Entre Maman, ou plutôt
ce qu’en laissent voir le plafond très bas et
l’échelle de tout le décor où tous les objets
assument des dimensions exagérées, pour
rendre frappante la petitesse de l’Enfant,
c’est-à-dire une jupe, le bas d’un tablier de
soie, la chaîne d’acier où pend une paire de
ciseaux, et une main. Cette main se lève,
interroge de l’index.)
MAMAN. Bébé a été sage ?
Il a fini sa page ?
(L’Enfant ne répond rien et se laisse glisser,
boudeur, en bas de sa chaise. La robe
s’avance sur la scène, une main tendue
au-dessus du cahier. L’autre main plus haute,
soutient un plateau portant la théière et la
tasse du goûter.)
Oh ! Tu n’as rien fait ! Tu as éclaboussé
d’encre le tapis ! Regrettes-tu ta paresse ?
(Silence de l’Enfant.)
Promettez-moi, Bébé, de travailler ?
(Silence)
Voulez-vous me demander pardon ?
(Pour toute réponse, Bébé lève la tête vers
Maman et tire la langue.)
Oh !...
(La Jupe recule un peu. La seconde main
dépose sur la table le plateau du goûter.)
(Sévère) Voici le goûter d’un méchant
enfant : du thé sans sucre, du pain sec.
Restez tout seul jusqu’au dîner ! Et songez
à votre faute ! Et songez à vos devoirs !
Songez, songez surtout au chagrin de
Maman !...
(La porte se rouvre, la robe s’en va.
L’Enfant, resté seul, est pris d’une frénésie
de perversité. Il trépigne et crie à pleins
poumons vers la porte.)
L’ENFANT. Ça m’est égal ! Justement
j’ai pas faim ! Justement j’aime beaucoup
mieux rester tout seul ! Je n’aime
personne ! Je suis très méchant ! Méchant,
méchant ! Méchant !
(Il balaie d’un revers de main la théière et
la tasse, qui se brisent en mille morceaux.
Puis il grimpe sur la fenêtre, ouvre la cage de
l’Écureuil et veut piquer la petite bête avec
sa plume de fer. L’Écureuil, blessé, crie et
s’enfuit par l’imposte ouverte de la croisée.
L’Enfant saute à bas de la fenêtre et tire la
queue du chat, qui jure et se cache sous un
fauteuil.)
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L’ENFANT (hors de lui). Hourrah !
(Il brandit le tisonnier, fourgonne le Feu, y
renverse d’un coup de pied la bouilloire : flots
de cendre et de fumée.)
Hourrah ! Hourrah !
(Il se sert du tisonnier comme d’une épée
pour attaquer les petits personnages de la
tenture, qu’il lacère : de grands lambeaux
de tenture se détachent du mur et pendent.
Il ouvre la boîte de la grande horloge, se
pend au balancier, qui lui reste entre les
mains. Puis, avisant sur la table les cahiers
et les livres, il les met en pièces, en riant aux
éclats.)
Hourrah ! Plus de leçons ! Plus de devoirs !
Je suis libre, libre, méchant et libre !
(Saoul de dévastation, il va tomber essoufflé
entre les bras du grand fauteuil couvert d’une
housse à fleurs. Mais, ô surprise ! Les bras
du fauteuil s’écartent, le siège se dérobe, et
le Fauteuil, clopinant lourdement comme un
énorme crapaud, s’éloigne.)
L’ENFANT. Ah !
(Ayant fait trois pas en arrière, le Fauteuil
revient, lourd et goguenard, et s’en va saluer
une petite bergère Louis XV,
qu’il emmène avec lui pour
une danse compassée et
grotesque.)
LE FAUTEUIL. Votre
serviteur humble, Bergère.
LA BERGÈRE
(avec révérence).
Votre
servante,
Fauteuil.
LE FAUTEUIL. Nous voilà donc
débarrassés à jamais de cet Enfant Aux
talons méchants.
LA BERGÈRE. Vous m’en voyez, vous
(Sur deux pieds, qui dépassent sous sa
chemise de bois, l’Horloge avance. Elle a une
ronde petite figure rose à la place de son
cadran, et deux bras courts gesticulant.)
m’en voyez aise!
L’ENFANT (effrayé). Ah ! L’Horloge marche.
LE FAUTEUIL. Plus de coussins pour son
L’HORLOGE COMTOISE (marchant et
sommeil, Plus de sièges pour sa rêverie,
Plus de repos pour lui que sur la terre nue.
Et encore... qui sait ?
sonnant). Ding, ding, ding… Laissez-moi
au moins passer, Que j’aille cacher ma
honte ! Sonner ainsi à mon âge ! Moi, moi
qui sonnais de douces heures. Heure de
dormir, heure de veiller, heure qui ramène
celui qu’on attend, heure bénie où naquit
le méchant Enfant ! Peut-être que, s’il ne
m’eût mutilée, rien n’aurait jamais changé
dans cette demeure Peut-être qu’aucun
n’y fût jamais mort… Si j’avais pu continuer
de sonner, toutes pareilles les unes aux
autres, les heures ! Ah ! Laissez-moi cacher
ma honte et ma douleur Le nez contre le
mur ! Ding, ding, ding…
LA BERGÈRE. Et encore... qui sait ?
TOUS LES DEUX. Nous voilà donc
débarrassés À jamais de cet Enfant Aux
talons méchants.
LE FAUTEUIL. Le Banc, le Canapé, le
Pouf…
LA BERGÈRE. ...et la Chaise de paille...
LE FAUTEUIL. Ne voudront plus de
l’Enfant.
LES MEUBLES (que viennent de nommer
le Fauteuil et la Bergère lèvent, qui les bras,
qui les pieds, et répètent en chœur).
Plus de l’Enfant.
(Immobile de stupeur, l’Enfant, adossé au
mur, écoute et regarde.)
L’HORLOGE COMTOISE (sonnant et
chantant). Ding, ding, ding, ding, ding,
ding !... Et encore, ding, ding, ding ! Je
ne peux plus m’arrêter de sonner ! Je ne
sais plus l’heure qu’il est ! Il m’a ôté
mon balancier ! J’ai d’affreuses
douleurs de ventre ! J’ai un
courant d’air dans mon
centre ! Et je commence à
divaguer !
(Sonnant lamentablement, elle traverse la
scène et s’en va à l’autre bout de la pièce,
face au mur et redevient immobile. On entend
deux voix nasillardes au ras du sol.)
LA THÉIÈRE (Wedgwood noire).
How´s your mug ?
LA TASSE (chinoise). Rotten !
LA THÉIÈRE. ...better had...
LA TASSE. Come on !
LA THÉIÈRE (à l’Enfant, avec une menace
doucereuse et des manières de champion
de boxe). Black and costaud, black and
chic, jolly fellow, I punch, Sir, I punch your
nose. I knock out you, stupid chose ! Black
and thick, and vrai beau gosse, I box you, I
marm´lade you...
LA TASSE (à l’Enfant, en le menaçant de
ses doigts pointus et dorés). Keng-ça-fou,
Mah-jong, Keng-ça-fou, puis’ -kong-kongpran-pa, Ça-oh-râ, Ça-oh-râ… Ça-oh-râ,
Cas-ka-ra, harakiri, Sessue Hayakawa Hâ !
Hâ ! Ça-oh-râ toujours l’air chinoâ.
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LA TASSE, LA THÉIÈRE. Hâ ! Ça-oh-râ
toujours l’air chinoâ. Ping, pong, ping…
LA THÉIÈRE. I boxe you.
LA TASSE, LA THÉIÈRE. Ping, pong,
ping, pong, ping. Ah ! Kek-ta fouhtuh d’mon
Kaoua ?
(La Théière et la Tasse disparaissent en
dansant.)
L’ENFANT (atterré). Oh ! Ma belle tasse
chinoise !
(Le soleil a baissé. Ses rayons horizontaux
deviennent rouges. L’Enfant frissonne de peur
et de solitude ; il se rapproche du Feu, qui lui
crache au visage une fusée étincelante.)
LE FEU (bondissant hors de la cheminée,
mince, pailleté, éblouissant). Arrière ! Je
réchauffe les bons, mais je brûle les
méchants ! Petit barbare imprudent, tu
as insulté à tous les Dieux bienveillants,
qui tendaient entre le malheur et toi
la fragile barrière ! Ah ! Tu as brandi le
tisonnier, renversé la bouilloire, éparpillé
les allumettes, gare ! Gare au feu dansant !
Tu fondrais comme un flocon sur sa langue
écarlate ! Ah ! Gare ! Je réchauffe les bons !
Gare ! Je brûle les méchants ! Gare ! Gare
à toi !
(Le Feu s’élance, et poursuit d’abord l’Enfant
qui s’abrite derrière les meubles. Derrière le
Feu, née sous ses pas, monte la Cendre. Elle
est grise onduleuse, muette, et le Feu ne la
voit pas d’abord. Puis, l’ayant vue, il joue avec
elle. Elle joue avec lui. Elle tente, sous ses
longs voiles gris, de maîtriser le Feu. Il rit,
s’échappe, et danse. Le jeu continue jusqu’au
moment où, las de lutter, le Feu se laisse
éteindre. Il tente un dernier sursaut pour se
libérer, brille encore un instant, puis s’endort,
roule dans les longs bras et les longs voiles.
Au moment où il cesse de briller, l’ombre
envahit la chambre, le crépuscule est venu,
il étoile déjà les vitres, et la couleur du ciel
présage le lever de la pleine lune.)
v Couverture lithographiée d’André Hellé pour l’édition originale, Durand, 1925. (Paris, Bibliothèque nationale de France, musique).
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L’ENFANT (à demi-voix). J’ai peur, j’ai
peur... (Des rires menus lui répondent. Il
cherche, et voit se soulever les lambeaux
déchirés de la tenture. Tout un cortège de
petits personnages peints sur le papier
s’avance, un peu ridicules, et très touchants.
Il y a la Pastourelle, le Pâtre, les moutons, le
chien, la chèvre, etc... Une musique naïve de
pipeaux et de tambourins les accompagne.)
LES PÂTRES. Adieu, pastourelles !
LES PASTOURELLES. Pastoureaux,
adieu !
LES PÂTRES, LES PASTOURELLES.
Nous n’irons plus sur l’herbe mauve paître
nos verts moutons !
LES PÂTRES. Las, notre chèvre
amarante !
LES PASTOURELLES. Las, nos agneaux
roses tendres !
LES PÂTRES. Las, nos cerises zinzolin !
LES PÂTRES, LES PASTOURELLES.
Notre chien bleu !
LES PÂTRES. Le bras tendu,
pastourelles, nos amours semblaient
éternelles, nos pipeaux.
LES PASTOURELLES. La bouche en
cœur, pastoureaux, éternels semblaient
nos pipeaux.
(Ballet des petits personnages, qui
expriment, en dansant, le chagrin de ne
pouvoir plus se joindre.)
L’ENFANT (anxieux). Et ton collier, ton
collier magique ?
LES PÂTRES. Adieu, Pastourelles !
LA PRINCESSE (de même). Vois ses
anneaux rompus, hélas…
LES PASTOURELLES. Pastoureaux,
adieu !
(Ils s’en vont, et avec eux la musique de
cornemuses et de tambourins. L’Enfant s’est
laissé glisser tout de son long à terre, la
figure sur ses bras croisés. Il pleure. Il est
couché sur les feuillets lacérés de livres, et
c’est l’un des grands feuillets sur lequel il est
étendu qui se soulève comme une dalle pour
laisser passer d’abord une main langoureuse,
puis une chevelure d’or, puis toute une
Princesse adorable de conte de Fées, qui
semble à peine éveillée, et étire ses bras
chargés de joyaux.)
L’ENFANT (émerveillé). Ah ! C’est Elle !
C’est Elle !
LA PRINCESSE. Ah ! Oui, c’est Elle, ta
Princesse enchantée. Celle que tu appelais
dans ton songe, la nuit passée. Celle dont
l’histoire, commencée hier, te tint éveillé
si longtemps. Tu te chantais à toi-même :
« Elle est blonde avec des yeux couleur du
temps ». Tu me cherchais dans le cœur
de la rose Et dans le parfum du lys blanc.
Tu me cherchais, tout petit amoureux, et
j’étais, depuis hier, ta première bien-aimée !
L’ENFANT. Ah ! C’est Elle ! C’est Elle !
LA PRINCESSE. Mais tu as déchiré le
notre tendre histoire. Pâtre de ci,
pastourelle de là, l’Enfant méchant qui
nous doit son premier sourire.
livre, que va-t-il arriver de moi ?
Qui sait si le malin enchanteur ne va pas
me rendre au sommeil de la mort, ou
bien me dissoudre en nuée ? Dis, n’as-tu
pas regret d’ignorer à jamais le sort de ta
première bien-aimée ?
UN PÂTRE, UNE PASTOURELLE.
L’ENFANT (tremblant). Oh ! Ne t’en va
Pâtre de ci, pastourelle de là, L’Enfant
méchant qui nous doit son premier sourire.
pas ! Reste ! Dis-moi… Et l’arbre où chantait
l’oiseau bleu ?
UNE PASTOURELLE. L’Enfant ingrat qui
LA PRINCESSE (désignant les feuillets
dormait sous la garde de notre chien bleu.
Las, notre chèvre amarante !
épars). Vois ses branches, vois ses fruits,
hélas…
UN PÂTRE. L’Enfant méchant a déchiré
10
UN PÂTRE. Las, nos roses et verts
moutons !
L’ENFANT. Ton Chevalier ? Le Prince au
Cimier couleur d’aurore ? Qu’il vienne, avec
son épée ! Si j’avais une épée ! Une épée !
Ah ! Dans mes bras, dans mes bras ! Viens,
je saurai te défendre !
LA PRINCESSE (se tordant les bras).
Hélas, petit ami trop faible, Que peux-tu
pour moi ? Sait-on la durée d’un rêve ? Mon
songe était si long, si long, que peut-être,
à la fin du songe, c’eût été toi, le Prince au
Cimier d’aurore !...
petit vieillard bossu, crochu, barbu, vêtu de
chiffres, coiffé d’un «^», ceinturé d’un mètre
de couturière et armé d’une équerre. Il tient
un livre de bois qui claque en mesure, et il
marche à tout petits pas dansés, en récitant
des bribes de problèmes.)
LE PETIT VIEILLARD. Deux robinets
coulent dans un réservoir ! Deux trains
omnibus quittent une gare à vingt minutes
d’intervalle, valle, valle, valle ! Une
paysanne, zanne, zanne, zanne, porte
tous ses œufs au marché ! Un marchand
d’étoffe, toffe, toffe, toffe, a vendu six
mètres de drap !
(Il aperçoit l’Enfant et se dirige vers lui de
plus malveillante manière.)
(Le sol bouge et s’ouvre au-dessous d’elle ;
elle appelle :)
L’ENFANT (affolé). Mon Dieu ! C’est
À l’aide ! À l’aide ! Le Sommeil et la Nuit
veulent me reprendre ! À l’aide !
LE PETIT VIEILLARD, LES CHIFFRES
L’ENFANT (la retenant en vain par sa
chevelure d’or, par ses voiles, par ses
longues mains blanches). Mon épée ! Mon
épée ! Mon épée !
l’Arithmétique !
(soulevant les feuillets et piaillant). Tique,
tique, tique ! (Il danse autour de l’Enfant en
multipliant les passes maléfiques.)
(Mais une force invisible aspire la Princesse
qui disparait sous la terre.)
LE PETIT VIEILLARD (en se pinçant le
nez). Quatre et quat’dix-huit, Onze et six
vingt-cinq, Quatre et quat’dix-huit, Sept fois
neuf trente-trois
L’ENFANT (seul et désolé, à mi-voix).
L’ENFANT (surpris). Sept fois neuf trente-
Toi, le cœur de la rose, toi, le parfum du
lys blanc, toi, tes mains et ta couronne, tes
yeux bleus et tes joyaux... Tu ne m’as laissé,
comme un rayon de lune, qu’un cheveu d’or
sur mon épaule, un cheveu d’or… et les
débris d’un rêve...
trois ?
(Il se penche, et cherche parmi les feuillets
épars la fin du conte de Fées, mais en vain…
Il cherche…)
Rien... Tous ceux-ci sont des livres arides,
D’amères et sèches leçons.
(Il les pousse du pied. Mais de petites voix
aigres sortent d’entre les pages, qui se
soulèvent et laissent voir les malicieuses et
grimaçantes petites figures des chiffres. D’un
grand album plié en forme de toit, sort un
LES CHIFFRES. Sept fois neuf trentetrois, etc.
(Ils sortent de dessous les feuillets)
L’ENFANT (égaré). Quatre et quat’
LE PETIT VIEILLARD (soufflant).
Dix-huit !
L’ENFANT. Onze et six ?
LE PETIT VIEILLARD (même jeu).
Vingt-cinq !
L’ENFANT (exagérant résolument). Trois
fois neuf quat’cent !
11
LE PETIT VIEILLARD (Il se balance
pour prendre le mouvement de la ronde).
Millimètre, centimètre, décimètre,
décamètre, hectomètre, kilomètre,
myriamètre, faut t’y mettre ! Quelle fêtre !
Des millions, des billions, des trillions, et
des frac-cillions !
C’est toi, Chat ? Que tu es grand et terrible !
Tu parles aussi, sans doute ?
(Le Chat fait signe que non, jure et se
détourne de l’Enfant. Il joue avec sa pelote. La
Chatte blanche parait dans le jardin. Le Chat
interrompt son jeu.)
LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD
(entraînant l’Enfant dans leur danse). Deux
robinets coulent dans un réservoir ! etc.
LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD
(ronde folle). Trois fois neuf trent’trois !
Deux fois six vingt-sept ! Quatre et quat’ ?
Quatre et quat’ ? Deux fois six trente et un !
Quatre et sept cinquante-neuf ? Cinq
fois cinq quarante-trois ! Sept et
quat’ cinquante-cinq ! Quatre et
quat ! Cinq et sept ! Vingtcinq ! Trent’sept ! Ah !
(L’Enfant tombe, étourdi,
tout de son long. Le Petit
Vieillard et les Chiffres
s’éloignent.)
L’ARBRE (gémissant). Ma blessure…
Opéra de Paris, 1939.
(Paris, Musée de l’Opéra).
Trent’-trois !
(L’Enfant se relève péniblement sur son
séant. La lune est levée, elle éclaire la pièce.
Le Chat noir sort lentement de dessous le
fauteuil. Il s’étire, baille et fait sa toilette.
L’Enfant ne le voit pas d’abord et s’étend,
harassé, la tête sur un coussin de pieds.)
L’ENFANT. Oh ! Ma tête ! Ma tête !
(Le Chat joue et roule une balle de laine. Il
arrive auprès de l’Enfant et veut jouer avec la
tête blonde comme avec une pelote.)
12
Quoi ?
par Paul Colin,
LES CHIFFRES. Onze et six vingt-cinq !
(Il se relève à demi et voit le Chat)
joie de te retrouver, Jardin !
(Il s’appuie au gros tronc d’arbre qui gémit.)
(effrayé de nouveau)
L’Enfant et les sortilèges,
(paraissant d’un côté de
la scène). Quatre et quat’dixhuit !
(Le Chat va rejoindre la Chatte. L’Enfant le
suit peureusement, attiré par le jardin. À ce
moment, les parois s’écartent, le plafond
s’envole et l’Enfant se trouve, avec le Chat
et la Chatte, transporté dans le jardin
éclairé par la pleine lune et la lueur rose
du couchant. Des arbres, des fleurs, une
toute petite mare verte, un gros tronc vêtu
de lierre.) Musique d’insectes, de rainettes,
de crapauds, de rires de chouettes, de
murmures de brise et de rossignols.
L’ENFANT (ouvrant les bras). Ah ! Quelle
Costume pour
LE PETIT
VIEILLARD
DEUXIÈME PARTIE : le jardin
Ma blessure...
L’ENFANT. Quelle blessure ?
L’ARBRE. Celle que tu fis aujourd’hui à
mon flanc, avec le couteau dérobé… Hélas !
Elle saigne encore de sève...
LES AUTRES ARBRES (gémissant et se
balançant). Nos blessures... nos blessures...
Elles sont fraîches, et saignent encore de
sève…ô méchant !
(L’Enfant apitoyé, appuie sa joue contre
l’écorce du gros Arbre. Une Libellule passe,
grésillant, et disparait. Elle repasse, repasse
encore. D’autres la suivent. Un sphinx du
laurier-rose l’imite. D’autres sphinx, d’autres
Libellules.)
LA LIBELLULE (celle qui a passé la
première, chante en volant). Où es-tu ? Je te
cherche… Le filet… Il t’a prise… Ô toi, chère,
longue et frêle, tes turquoises, tes topazes,
l’air qui t’aime les regrette moins que moi...
LE ROSSIGNOL. Ah !...
LA LIBELLULE. Seule, seule, Je
languis… Je te cherche... (À l’Enfant, en
tournoyant au-dessus de sa tête)
Rends-la moi ! Où est-elle ? Ma compagne,
Rends-la moi !
L’ENFANT. Je ne peux pas ! Je ne peux
pas !
LA LIBELLULE (pressante). Où est-elle ?
L’ENFANT (se détournant). Je ne puis...
(à part) La libellule que j’ai prise... Percée
d’une épingle... Contre le mur
(horrifié) Ah !...
LA CHAUVE-SOURIS (en l’air). Rends-la
moi... tsk, tsk, Rends-la moi... Tsk... Ma
compagne… La Chauve-souris... tu sais ?
L’ENFANT (baissant la tête). Je sais !
LA CHAUVE-SOURIS (volant). Le bâton...
Tsk, tsk... la poursuite… hier soir... Tsk... Ta
victoire... Et la petite bête, là, morte à tes
pieds...
L’ENFANT. Grâce !
LA CHAUVE-SOURIS. Le nid plein... Les
petits... sans leur mère. Il faut... tsk, tsk,
qu’on les nourrisse...
L’ENFANT. Sans mère !
LA CHAUVE-SOURIS. Alors, nous... Tsk,
tsk... Nous volons. Nous chassons... Nous
tournons... nous chassons. Nous happons...
Tsk... Tsk... C’est ta faute...
(Ronde de Chauves-souris. Au-dessous, une
petite rainette émerge de la mare, s’appuie
des deux mains au bord. Une autre fait de
même, puis une autre, et la mare se trouve
couronnée de rainettes, bien serrées l’une
contre l’autre, et coassantes. En coassant,
elles sortent, et se mettent à jouer à la
manière des rainettes. L’une d’elles, ayant
dansé, s’appuie de la main au genou de
l’Enfant.)
13
L’ÉCUREUIL (sèchement, du haut de
L’ENFANT. Ils s’aiment... ils sont
D’AUTRES BÊTES (entre elles). Il
LES BÊTES (hésitantes, en sourdine).
l’arbre, parmi un bruit de noisettes éclatées).
Sauve-toi, sotte ! Et la cage ? La cage ?
heureux... Ils m’oublient...
souffre... Il est blessé... Il saigne... Il
a pansé la plaie... Il faut lier la main...
Étancher le sang... Que faire ? Il sait, lui,
guérir le mal... Que faire ? Nous l’avons
blessé... Que faire ?
Ma... man... (plus haut) Ma... man !
LA RAINETTE. Kékékékékécekça ?
L’ÉCUREUIL (à la fourche des deux basses
branches, et toussant à la manière des
écureuils). La prison… Heu, heu. La prison.
Le fer qui pique, entre deux barreaux. Heu,
heu. J’ai pu fuir, mais tes quatre petites
mains mouillées ne valent pas les miennes.
LA RAINETTE. Que-que-que-que-dis-tu ?
Je ne connais pas la cacacacage.
Je connais la mouche qu’on me jette.
(Elle saute.)
Ploc ! Et le chiffon rouge. (Elle saute.)
Ploc L’appât vient, je bondis, on me prend,
je m’échappe, je reviens. Ploc !
L’ÉCUREUIL. Sans-cervelle ! Tu auras
mon sort !
L’ENFANT (à l’Écureuil). La cage, c’était
pour mieux voir ta prestesse, Tes quatre
petites mains, tes beaux yeux...
L’ÉCUREUIL (sarcastique). Oui, c’était
pour mes beaux yeux !
(Pendant qu’il parle, le jardin se peuple
d’écureuils bondissants. Leurs jeux, leurs
caresses, suspendus en l’air, n’inquiètent pas
ceux de rainettes, au-dessous. Un couple de
Libellules, enlacé, se disjoint, s’accole. Un
couple de sphinx du laurier-rose les imite.
D’autres groupes se nouent, se défont. Le
jardin, palpitant d’ailes, rutilant d’écureuils,
est un paradis de tendresse et de joie
animales.)
Sais-tu ce qu’ils reflétaient, mes beaux
yeux ? Le ciel libre, le vent libre, mes
libres frères, au bond sûr comme un vol !...
Regarde donc ce qu’ils reflétaient, mes
beaux yeux tout miroitants de larmes !
14
(Le Chat noir et la Chatte blanche paraissent
au faite d’un mur. Le Chat lèche amicalement
les oreilles de la Chatte, joue avec elle. Ils
s’éloignent, l’un suivant l’autre, sur le faîte
étroit du mur.)
UNE BÊTE. Il appelait, tout à l’heure...
Il s’aiment... ils m’oublient... Je suis seul...
LES BÊTES. Il appelait...
(Malgré lui il appelle :) Maman !
UNE BÊTE. Il crié un mot, un seul mot :
(À ce cri, toutes les bêtes se dressent,
se séparent, les unes fuient, les autres
accourent menaçantes, mêlent leurs voix à
celles des arbres, s’écrient :)
LES BÊTES, LES ARBRES. Ah ! C’est
l’Enfant au couteau ! C’est l’Enfant au
bâton ! Le méchant à la cage ! Le méchant
au filet ! Celui qui n’aime personne, Et que
personne n’aime ! Faut-il fuir ? Non ! Il faut
châtier. J’ai mes griffes ! J’ai mes dents !
J’ai mes ailes onglées ! Unissons-nous,
unissons-nous !
(Toutes les bêtes fondent à la fois sur
l’Enfant, le cernent, le poussent, le tirent.
C’est une frénésie, qui devient lutte, car
chaque bête veut être seule à châtier l’Enfant,
et les bêtes commencent à s’entre-déchirer.
L’Enfant, pris, délivré, repris, passe de pattes
en pattes. Au plus fort de la lutte, il est
projeté dans un coin de la scène, et les bêtes
l’oublient, dans leur ivresse de combattre.
Presque en même temps, un petit écureuil,
blessé, vient choir auprès de l’Enfant avec un
cri aigu. Les bêtes honteuses, s’immobilisent,
se séparent, entourent de loin l’Écureuil
qu’elles ont meurtri ...Arrachant un ruban
de son cou, l’Enfant lie la patte blessée de
l’Écureuil, puis retombe sans force. Profond
silence, stupeur parmi les Bêtes.)
Maman !
LES BÊTES. Maman...
(Elles se sont rapprochées, elles entourent
l’Enfant, gisant. Les Écureuils se suspendent
aux branches au-dessus de lui, les libellules
l’éventent de leurs ailes.)
UNE BÊTE. Il se tait... Va-t-il mourir ?
LES BÊTES. Nous ne savons pas lier la
main... Étancher le sang...
UNE BÊTE (désignant la maison). C’est là
qu’est le secours ! Ramenons-le au nid ! Il
faut que l’on entende, là-bas, le mot qu’il
a crié tout à l’heure... Essayons de crier le
mot... (Les Bêtes, toutes ensemble, soulèvent
l’Enfant inerte et pâle, et l’emportent, pas à
pas, vers la maison.)
(L’Enfant ouvre les yeux, essaie de se tenir
debout. De la patte, de l’aile, de la tête, des
reins, les bêtes le soutiennent encore.)
LES BÊTES. Maman !
(Une lumière paraît aux vitres, dans la
maison. En même temps, la lune, dévoilée,
l’aube, rose et d’or, inondent le jardin d’une
clarté pure. Chant de rossignol, murmures
d’arbres et de bêtes. Les bêtes une à une,
retirent à l’Enfant leur aide qui devient
inutile, défont harmonieusement, à regret,
leur groupe serré contre l’Enfant, mais elles
l’escortent d’un peu plus loin, le fêtent de
battements d’ailes, de culbutes de joie, puis,
limitant à l’ombre des arbres leur bienveillant
cortège, laissent l’Enfant seul. Droit,
lumineux et blond, dans un halo de lune et
d’aube, et tendant ses bras vers celle que les
bêtes ont appelée : « Maman ».)
LES BÊTES. Il est bon, l’Enfant, il est
sage, bien sage... Il a pansé la plaie,
étanché le sang... Il est sage, si sage, si
doux. Il est bon, l’Enfant, il est sage, bien
sage. Il est si doux.
L’ENFANT (tendant les bras). Maman !
Les musiciens, la direction et les collaborateurs de
l’Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles
vous souhaitent un Joyeux Noël et
d’heureuses fêtes de fin d’année !
UNE BÊTE (dans le grand silence).
Il a pansé la plaie...
UNE AUTRE BÊTE. Il a pansé la plaie...
Il a lié la patte... Étanché le sang.
15
Anne
MAISTRIAU
soprano
mélanie
boisvert
soprano
Julie
MOSSAY
soprano
Après le piano et la
musicologie, la soprano
belge Anne Maistriau étudie
le chant avec Margarida
Natividade, Marcel Vanaud,
Christiane Stutzmann et
Eunice Arias. Elle s’initie
aussi au chant baroque
avec Stéphan Van Dyck
et Monique Zanetti.
Anne Maistriau obtient
une bourse d’études au
Concours International
Francisco Viñas 2006, ainsi
que le Prix du Jeune Espoir
au Concours des Jeunes
Stars Lyriques du Médoc
2008. En 2008-2009, elle
intègre le Centre d’Art
Lyrique de la Méditerranée.
Elle a chanté avec l’OPL
dans Candide de Bernstein,
en septembre dernier, sur
la Place Saint-Lambert.
www.myspace.com/
annemaistriau
Après le piano à Toronto,
la soprano canadienne
Mélanie Boisvert étudie le
chant avec Tina Torlone,
puis au Conservatoire de
Cologne avec Barbara
Schlick et Klesie Kelly.
Lauréate du Concours
International de Montréal
des Jeunesses Musicales
2002 et finaliste du
Concours de piano-chant
Nadia et Lili Boulanger
2003 à Paris, elle a chanté
dans les opéras d’Ottawa,
Québec, Strasbourg,
Fribourg, Berlin, Vienne,
Gênes, Tours, Nice, Rennes,
Nantes, Avignon, Angers,
Liège… Elle a aussi été
boursière de l’association
Richard-Wagner et du
Conseil des Arts du Canada.
www.melanie-boisvert.com
Initiée au chant au
Conservatoire de Verviers
par Annie Frantz, la
soprano belge Julie Mossay
poursuit sa formation au
Conservatoire de Bruxelles
avec Marcel Vanaud et au
Conservatoire de Nancy
avec Christiane Stutzmann.
Lauréate des Concours
Dexia et Jacques Dôme,
elle fait ses débuts à
l’Opéra Royal de Wallonie
en 2005. Dans les années
qui suivent, elle se produit
à l’Opéra des Flandres, à
Nancy, Metz, Marseille et
Nantes, notamment dans
Don Quichotte de Massenet
avec José Van Dam, sous
la direction de Marc
Minkowski.
Pascal ROPHÉ, direction
Né à Paris en 1960, Pascal Rophé
a été Directeur musical de l’OPL de 2006
à 2009. Lauréat du Concours de chefs
d’orchestre de Besançon (1988), il dirige un
très vaste répertoire. Rigoureux, exigeant,
doté d’une oreille « au laser », il déchiffre
sans cesse de nouvelles partitions et
évoque mille projets. Il dirige régulièrement
en France, Grande-Bretagne, Suisse, Italie,
Finlande, Corée, Japon…
Opéra. Pascal Rophé a dirigé de
nombreuses productions lyriques au
Théâtre du Châtelet, au Festival de
Printemps de Budapest, à l’Opéra de Lyon,
au Théâtre Mogador, au Glyndebourne
Touring Opera, et à l’Opéra de Rome. En
janvier 2006, il a créé Galilée de Michael
Jarrell au Grand Théâtre de Genève. En
2008, il a dirigé L’Autre côté de Bruno
Mantovani (en version de concert), à la Cité
de la Musique à Paris.
Discographie. Avec l’OPL, il a
enregistré des œuvres de Thierry Escaich
(« Diapason d’or de l’année 2002 » et
« Victoire de la Musique classique »
16
en 2003), Saint-Saëns et Jongen (avec
Olivier Latry, sur l’orgue restauré de la
Salle philharmonique de Liège, « 10 »
de Classica-Répertoire, « joker » de
Crescendo, label Cypres), Caplet et
Dutilleux (avec le violoncelliste Marc
Coppey, Æon, « Choc » du Monde de la
musique et « Diapason d’or »), des œuvres
de Max Bruch (Cypres, avec Jean-Luc
Votano et Arnaud Thorette), l’intégrale
des Solos pour orchestre (Cycle des 7
formes) de Pascal Dusapin (Naïve) et des
œuvres de Bruno Mantovani (Æon, avec
Tabea Zimmermann et Antoine Tamestit,
à paraître). Avec d’autres formations, il
a également enregistré des œuvres de
Tanguy, Dusapin, Fedele, Dallapiccola,
Jarrell et Dalbavie.
Actualité. En février 2011, Pascal
Rophé créera le nouvel opéra de Mantovani
Akhmatova à l’Opéra de Paris-Bastille. À
peu près au même moment paraîtra son
enregistrement d’œuvres de Mantovani
avec l’OPL, Tabea Zimerman et Antoine
Tamestit (Æon).
17
18
Mélanie
RICCIOLINI
soprano
Joëlle
CHARLIER
mezzosoprano
Marie-Laure
COENJAERTS
mezzosoprano
Isabelle
Nicolas
EVERARTS de BAUCHAU
VELP mezzo- ténor
soprano
Vincent
LESAGE
ténor
Née en 1986, la soprano
belge Mélanie Ricciolini est
diplômée du Conservatoire
de Bruxelles. Lauréate du
stage Escales Lyriques, elle
a participé comme soliste
à diverses productions de
l’Opéra Royal de Wallonie :
The Fairy Queen de Purcell,
La Flûte Enchantée de
Mozart, La Forêt bleue
d’Aubert. En décembre
2009 et janvier 2010, elle a
chanté le rôle de Papagena
dans La Flûte enchantée
de Mozart en Belgique
et aux Pays-Bas. Depuis
septembre 2008, elle se
perfectionne avec José
Van Dam à la Chapelle
musicale Reine Élisabeth.
Aux Conservatoires de
Bruxelles et Mons, la
mezzo-soprano belge
Joëlle Charlier obtient
les Premiers Prix de
chant concert et de chant
opéra (dans la classe
de Thierry Migliorini).
Elle se perfectionne au
Conservatoire de Maastricht
avec Axel Everaert et
participe à de nombreuses
master-classes. Elle chante
dans un large répertoire
d’oratorio, d’opéra et
d’opérettes : Le médecin
malgré lui de Gounod
(Fondation Royaumont/
Sandrine Anglade) ou dans
le rôle-titre de La Périchole
d’Offenbach au Kaaitheater
de Bruxelles en décembre
2009.
Née à Bruxelles, MarieLaure Coenjaerts est
diplômée de l’École
de Théâtre Lassaâd et
du Conservatoire de
Mons (classe de Thierry
Migliorini). Depuis 2009,
elle étudie à la Haute École
de Musique de Genève
avec Danielle Borst. Elle
a chanté notamment dans
Orlando Paladino de Haydn,
L’Incoronazione di Poppea
de Monteverdi, le Requiem
de Duruflé, le Magnificat
de Bach, le Stabat Mater de
Pergolèse, le Te Deum de
Charpentier… En janvier
2011, on pourra l’entendre
dans des cantates de Bach
sous la direction de Ton
Koopman, au Temple de la
Fusterie à Genève.
Diplômée du Conservatoire
de Bruxelles (classe de
Ludovic de San), la mezzosoprano lyrique belge
Isabelle Everarts fait ses
débuts à l’Opéra-Studio de
La Monnaie en 2000, dans
Didon et Énée de Purcell.
Toujours à La Monnaie,
elle chante dans L’Enfant
et les sortilèges de Ravel
en 2001 et dans La Flûte
enchantée de Mozart en
2005. Elle chante aussi
dans le Requiem de Duruflé
et dans des œuvres de
Bach, Haendel, Vivaldi… et
participe à de nombreux
enregistrements.
Après avoir étudié la
musicologie à la Katholieke
Universiteit Leuven et
le violon baroque avec
Sigiswald Kuijken au
Conservatoire flamand de
Bruxelles, Vincent Lesage
se découvre une passion
pour la voix. Poursuivant
ses études avec la
soprano Lena Lootens au
Conservatoire flamand de
Bruxelles, il s’approprie
au fur et à mesure le vaste
répertoire des oratorios
et des opéras (baroques),
d’abord comme choriste
puis comme soliste. En
2009/2010, Vincent Lesage
chante à l’ORW dans des
productions adaptées aux
jeunes (Mozart et Janacek).
Après des études de
sciences politiques et de
musicologie à l’Université
Libre de Bruxelles, le ténor
belge Nicolas Bauchau est
diplômé du Conservatoire
de Liège (classe de
Greta De Reyghere). Il
se perfectionne ensuite
à Londres avec Noelle
Barker, grâce à une bourse
du British Council. En
2003, il fait ses débuts à La
Monnaie (Œdipe sur la Route
de Pierre Bartholomée,
sous la direction de Daniele
Callegari et dans la mise en
scène de Philipe Sireuil). Il
se produit régulièrement en
concert dans un répertoire
allant de Monteverdi aux
œuvres du XXe siècle.
19
Olivier BERTEN,
baryton
Sébastien PAROTTE,
baryton
Chœur Symphonique de
Namur (dir. Patrick Baton)
LA FNAC
vous
PROPOSE
Des livres
Formé aux Conservatoires de Bruxelles,
Amsterdam et Metz, dans les classes
de Marcel Vanaud (chant opéra et chant
concert), Mady Urbain (art lyrique), Udo
Reinemannn (lied et mélodie) et Monique
Zanetti (chant baroque), le baryton belge
Olivier Berten fait ses débuts à La Monnaie
en 2007 dans Werther de Massenet (sous
la direction de Kazushi Ono). En 2008, il
est au Vlaamse Opera pour le spectacle
« Villa Vivaldi », et en 2009, au Centre de
Variétés de Wallonie pour l’opérette Les
Mousquetaires au Couvent de Louis Varney.
www.olivierberten.info
Né à Verviers en 1984, Sébastien Parotte
manifeste très jeune le désir de chanter
et est sélectionné par l’Opéra Royal de
Wallonie et par La Monnaie pour chanter
les rôles d’enfants solistes. Après avoir
otenu un master au Conservatoire
de Maastricht dans la classe de Mya
Besselink, il est retenu par les Jeunesses
Musicales d’Allemagne et chante Verdi
(2005) et Rossini (2007). En 2007-2008, il
rejoint les Jeunes Voix du Rhin de l’Opéra
National du Rhin. Depuis 2008, il travaille
avec José Van Dam à la Chapelle musicale
Reine Élisabeth.
CONCERT DE NOUVEL AN
Fondé en 1990, le Chœur Symphonique de Namur s’est
imposé comme une composante essentielle de la vie
musicale belge. Depuis 2009, il est dirigé par Patrick Baton
et renforcé par la présence d’étudiants de l’IMEP (Institut
supérieur de Musique et de Pédagogie Musicale, Namur).
Le Chœur Symphonique de Namur bénéficie du soutien
de la Communauté française de Belgique, de la Loterie
Nationale, de la Ville et de la Province de Namur. Il est géré
par le CAV&MA (Centre d’Art Vocal & de Musique Ancienne,
à Namur). Dernière venue à l’OPL : 23/04/10 (Ravel).
Les Pastoureaux
(dir. Philippe Favette)
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Julie Mossay, soprano | Marc Laho, ténor | Sébastien Parotte, baryton
Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles | Fabien Gabel, direction
Un concert de Nouvel An dans le cadre éblouissant du Forum de Liège.
Des airs connus ou moins connus d’opéras et opérettes français.
RÉSERVATIONS : LE FORUM | RUE PONT D’AVROY 14 | 4000 LIÈGE
Tél. +32 (0)4 223 18 18 | www.leforum.be
20
Des
disques
RAVEL, Ma mère l’Oye
•Orchestre philharmonique
de Berlin, dir. P. Boulez
(DGG)
•Orchestre symphonique
de Montréal, dir. Ch. Dutoit
(DECCA)
RAVEL, L’Enfant et les
sortilèges
•Orchestre national de la
RTF, dir. L. Maazel (DGG)
•Orchestre philharmonique
de Berlin, dir. S. Rattle
(EMI)
Vendredi 14 janvier 2011 | 20h w Forum, Liège R s aujo
è
Extraits de CARMEN, LA BELLE HÉLÈNE, ROMÉO ET JULIETTE,
LES PÊCHEURS DE PERLE, LA PÉRICHOLE, LES FILLES DE CADIX…
•Marcel MARNAT,
Maurice Ravel,
Paris, Fayard, 1995.
•David SANSON,
Maurice Ravel,
Arles, Actes-Sud, 2005
•Christian GOUBAULT,
Maurice Ravel,
le jardin féerique,
Paris, Minerve, 2004.
C’est en 1974, à Noël, que Bernard Pagnier rassemble une
vingtaine d’enfants et d’adultes pour former un ensemble
vocal. L’année suivante, le chœur s’officialise sous le nom
de « Pastoureaux ». Aujourd’hui, le groupe compte 60
garçons de 8 à 14 ans et une vingtaine d’hommes. Ils ont
la chance de se produire régulièrement en Belgique, en
Europe et sur les autres continents. Cela représente déjà
plus de 1 000 concerts et l’enregistrement de 12 disques !
En 2006, Philippe Favette prend la Direction du Chœur.
www.lespastoureaux.com
21
L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE
DE LIÈGE WALLONIE BRUXELLES
FÊTE SES 50 ANS !
Directeur général : Jean-Pierre ROUSSEAU
Fondé en octobre 1960 par
Fernand QUINET (1960-1964), directeur
du Conservatoire de Liège, l’Orchestre de
Liège compte alors 71 musiciens. Financé
par la Ville de Liège et le Ministère National
de l’Instruction publique. Sa gestion est
assurée — jusqu’en 1983 — par l’UDAM
(Union pour la Diffusion de l’Art Musical).
À sa création, joue principalement pour la
Société des concerts du Conservatoire. Explore le répertoire classique et romantique
(de Mozart à Brahms), la musique française
(Ravel et Debussy) et les compositeurs de
l’Est (Chostakovitch, Lutoslawski). Premiers engagements internationaux : La
Haye, Eindhoven, Cologne, Katanga (tournée de 8 concerts, en 1961).
Avec Manuel ROSENTHAL (19641967), découvre Bartók, R. Strauss,
Stravinsky, Hindemith, Schoenberg et les
compositeurs d’avant-garde. Accueille
Auric, Jolivet et Messiaen à Liège (création
22
belge de la Turangalîlâ-Symphonie en 1965).
S’oriente vers de nouvelles formules de
concerts (commentés, cabaret, concerts
d’avant-garde). Devient le partenaire
régulier du Ballet de Wallonie en 1966
(accompagne 3 ballets par saison).
Sous Paul STRAUSS (1967-1977),
compte 89 musiciens. Renoue avec
Mozart, Beethoven, Brahms, Tchaikovski,
explore pour la première fois Mahler,
Bruckner, Scriabine et les Américains
Barber, Harris, Copland, Ives. La musique
belge (Legley, van Rossum, Boesmans,
Pousseur) est au cœur de son activité.
Étend sa diffusion internationale à Lille,
Rotterdam, Amsterdam (Concertgebouw),
à l’Allemagne, la Suisse et la Sicile.
Réalise ses premiers enregistrements
commerciaux pour Alpha, Musique en
Wallonie et surtout EMI (Enesco, Franck,
Brahms, Grétry, Vieuxtemps).
Grâce à Pierre BARTHOLOMÉE
Avec Louis Langrée, l’OPL
(1977-1999), explore l’essentiel du
répertoire du XIXe et XXe siècle. Se révèle
un interprète incontournable de la musique
contemporaine (crée des œuvres de
Berio, Boesmans, Pousseur, Takemitsu,
Xenakis, Piazzolla). Effectue des tournées
en Allemagne, Italie, Espagne, Suisse,
Autriche mais aussi au Japon, en Amérique
du Sud, aux Etats-Unis (notamment aux
Nations Unies en 1987). Prend le nom
d’Orchestre Philharmonique de Liège
en 1983 et assure sa propre gestion.
Passe sous la tutelle de la Communauté
française. Sa réputation est étayée par une
discographie audacieuse de plus de 30 CD’s
(Biarent, Sibelius, Franck, Boesmans,
Lekeu, Vierne, Tournemire, Villa-Lobos,
Schubert). Certains récompensés par la
critique internationale (Prix de l’Académie
Charles Cros, Diapason d’or de l’année,
Prix Koussevitzky, Victoire de la Musique en
1995, etc.).
s’initie entre autres aux nouvelles
normes d’interprétation de Mozart,
Haydn, Beethoven. Pascal Rophé
place l’OPL dans le peloton de tête des
orchestres spécialisés dans le répertoire
contemporain (Stockhausen, Mantovani,
Dusapin, Bertrand, Jarrell). Depuis 10 ans,
l’Orchestre poursuit une politique active
de commandes aux compositeurs belges
(Michel Fourgon, Claude Ledoux, Benoît
Mernier, Philippe Boesmans). En parallèle,
il s’ouvre aussi à la musique baroque
(Haendel, Rameau, Purcell), aux musiques
du monde (Darvishi), aux effectifs à
géométrie variable.
Fin 1999, Jean-Pierre ROUSSEAU
est nommé Directeur général de l’OPL.
L’Orchestre devient une entreprise
culturelle, il compte aujourd’hui
100 musiciens et prend l’appellation
Orchestre philharmonique de Liège
Wallonie Bruxelles. Ouverture à tous les
publics, nouvelles formules de concerts
(Dessous des quartes, Écouter la musique,
festivals thématiques, musiques de films,
concerts courts) et extension du répertoire
sont les objectifs recherchés et confortés
par les directeurs musicaux successifs,
Louis LANGRÉE (2001-2006),
Pascal ROPHÉ (2006-2009) et
François-Xavier ROTH (2009-2010).
L’Orchestre a réalisé 24 enregistrements
depuis 1999 (Escaich, Mernier, Franck,
Chausson, Ravel, Schulhoff, Schumann,
Saint-Saëns, Jongen, Bruch, Mantovani,
intégrale des solos de Dusapin), 7 tournées
(Amérique du Sud, Musikverein de Vienne,
Théâtre des Champs-Élysées de Paris,
etc.). En 2009, il étend son action aux
écoles, académies, hôpitaux, IPPJ, à
l’enseignement spécialisé et s’aventure
sur le terrain des nouvelles technologies
(concerts sur Internet).
Aujourd’hui, l’OPL donne plus de 80
concerts par an dont la moitié à Liège.
Depuis 2000, il gère également la Salle
philharmonique de Liège, élargissant
l’offre de concerts à la musique baroque,
aux musiques du monde, à la musique de
chambre, aux grands récitals pour piano ou
à l’orgue.
En 2010, l’OPL reçoit officiellement le
titre de « Société Royale », des mains de
Michel Foret, Gouverneur de la Province de
Liège, au nom du Roi Albert II.
23
50 ANS EN 50 CD Un coffret « collector »
REVIVEZ L’HISTOIRE DE L’OPL AVEC L’INTÉGRALE
DE SA DISCOGRAPHIE À UN PRIX EXCEPTIONNEL !
Retrouvez tous les enregistrements réalisés par l’OPL, des années 60 à nos jours,
pour EMI, Universal, Naïve, Cypres, Ricercar, Æon, Musique en Wallonie... Des disques
couronnés pour la plupart par les plus grandes distinctions (Prix de l’Académie Charles
Cros, Victoires de la Musique, Prix Caecilia, Diapason d’or, Choc du Monde de la Musique,
Editor’s Choice de Gramophone, Prix Koussevitzky, etc.).
Un coffret-anniversaire qui se veut le reflet de 50 ans au service :
w des grandes œuvres du répertoire (Mozart, Brahms, Liszt, Saint-Saëns, Dvorak,
Strauss… par Fernand Quinet, Paul Strauss, Pierre Bartholomée, Louis
Langrée et Pascal Rophé) ;
w du répertoire belge (Franck, Jongen, Grétry, Lekeu, Vieuxtemps,…) ;
w de la création contemporaine (Dusapin, Escaich, Dutilleux,
Boesmans, Robert, Mernier, Pousseur) ;
w des jeunes interprètes (Votano, Cohen, Le Guay, Coppey, Gastinel).
Sans oublier plusieurs inédits en CD : les Rhapsodies roumaines
n° 1 et 2 d’Enesco, la Symphonie alpestre de Strauss, le
Requiem de Jean Rogister ou encore l’enregistrement
mythique de l’OPL avec Léo Ferré enfin disponibles !
Avec le soutien du label Cypres,
au tarif exceptionnel de 50€ !
L’opl en radio et en télévision
Diffusion du concert de noël que l’OPL a donné le mercredi
15/12, au palais Royal de bruxelles.
w sur RTBF La Une, le vendredi 24 décembre (14h) et le samedi 25 décembre (9h30)
w sur RTBF La Trois, le vendredi 24 décembre à 23h15
w sur RTL-TVI, le samedi 25 décembre (11h55)
w sur VRT Eén, le samedi 25 décembre (13h35) et le dimanche 26 décembre (12h)
w sur EXQI Kultuur, le mardi 21 décembre (19h) et le lundi 27 décembre (19h)
8 concerts
20 artistes
13 émissions de 2 heures sur Musiq’3.
Les 50 ans d’histoire de l’OPL font l’objet d’une série de 13 émissions
sur Musiq’3, conçues et présentées par Paule Denis (RTBF) et Stéphane
Dado (OPL, chargé de mission « 50 ans ») et réalisées par Thierry Lequeux
(Musiq’3) : diffusées à partir du samedi 11 décembre, de 20h à 22h, elles exhument
de très nombreux témoignages et archives sonores qui retracent le riche parcours de
l’Orchestre. Avec l’aide de la SONUMA, qui assure la gestion numérique des archives
sonores de la RTBF.
wL
es samedis 11 décembre et 18 décembre,
puis tous les samedis du 15 janvier 2011 au 26 mars 2011, de 20 à 22h.
24
25
28 JAN 05FÉV 11
PALAIS OPÉRA DE LIÈGE BOULEVARD DE LA CONSTITUTION
Un Noël
pour tous
L
e 24 décembre, l’Orchestre philharmonique de Liège
Wallonie Bruxelles, soutenu par la Ville de Liège et BNP
Paribas Fortis, propose un concert de Noël au caractère un
peu spécial… En effet, cette saison, celle de son 50 anniversaire,
e
l’OPL souhaite plus que jamais rendre la musique accessible à tous
DOPPIO.BE I 4979
WWW.OPERALIEGE.BE 04 221 47 22
L’INIMICO
DELLE DONNE
GALUPPI
[L’ennemi des femmes]
COLLOQUE 4 & 5 FEV 2011
-----------------------------------------------------------------------
Avec la collaboration de l’Université de Liège (ULg),
section musicologie
THÈMES PRINCIPAUX :
Galuppi & l’Europe des Lumières
Galuppi & l’opéra
Galuppi & la musique instrumentale et religieuse
les publics.
Université de Liège - Salle Académique
Place du XX Août - 4000 Liège - Belgium
Grâce à la collaboration avec plus d’une trentaine d’associations
Comité scientifique :
Maria Delogu (musicologue)
Christophe Pirenne (ULg)
de Liège, toute personne n’ayant pas les moyens de s’offrir un
moment musical, n’ayant jamais osé pousser la porte de la Salle
Philharmonique, se voit offrir, pour Noël, un moment de découverte
musicale, de plaisir et de convivialité.
Avec le soutien de :
DIRECTION MUSICALE RINALDO ALESSANDRINI
MISE EN SCÈNE STEFANO MAZZONIS DI PRALAFERA DÉCORS JEAN-GUY LECAT
COSTUMES FRÉDÉRIC PINEAU LUMIÈRES FRANCO MARRI
AGNESINA ANNA MARIA PANZARELLA XUNCHIA LIESBETH DEVOS KAM-SÌ PRISCILLE LAPLACE
ZYDA FEDERICA CARNEVALE ZON-ZON FILIPPO ADAMI GEMINIANO ALBERTO RINALDI
LY-LAM JURI GORODEZKI SI-SIN DANIELE ZANFARDINO
ORCHESTRE OPÉRA ROYAL DE WALLONIE
RÉALISÉ AVEC L’AIDE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE (DIRECTION GÉNÉRALE DE LA CULTURE, SERVICE DE LA MUSIQUE)
ET AVEC LE SOUTIEN DE LA PROVINCE DE LIÈGE ET DE SON SERVICE DES AFFAIRES CULTURELLES
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à vos agendas…
Mercredi 12 janvier 2011 | 18h30
Samedi 15 janvier 2011 | 14h & 17h
ÉCOUTER LA MUSIQUE : BIZET [gratuit]
EXPLORATION DU MONDE
Écoute de disques comparée
Route Inca
Laurent Garnier, Megan Son, présentation
BIZET | Carmen
Fabien Gabel (chef d’orchestre),
Robert Alfonsi (Opéra Royal de Wallonie),
Martine Dumont-Mergeay (La Libre Belgique)
Jean-Pierre Rousseau, modérateur
Jeudi 13 janvier 2011 | 20h
EXPLORATION DU MONDE
Route Inca
Laurent Garnier, Megan Son, présentation
Vendredi 14 janvier 2011 | 20h
Forum | Liège
CONCERT DE NOUVEL AN
THOMAS | Raymond, ouverture
MESSAGER | Véronique, duo
BIZET | Les pêcheurs de perles, extraits
OFFENBACH | La Belle Hélène, ouverture
La périchole, trio | Pomme d’Api, trio
CHABRIER | Espana
RAVEL | Vocalise en forme de Habanera
GOUNOD | Roméo et Juliette, air
RAVEL | Don Quichotte à Dulcinée
DELIBES | Les filles de Cadix
BIZET | Carmen, extraits
Julie Mossay, soprano | Marc Laho, ténor
Sébastien Parotte, baryton
OPL | Fabien Gabel, direction
Mercredi 19 janvier 2011 | 12h30
MUSIQUE à MIDI : Duo Edonis [gratuit]
Joanie Carlier, basson
Aurore Grailet, harpe
Mercredi 19 janvier 2011 | 18h30
le Dessous Des Quartes [gratuit]
LALO | Concerto pour violoncelle
OPL | Jean-Pierre Haeck, direction
David Cohen, violoncelle et présentation
Vendredi 21 janvier 2011 | 20h
COHEN / HAECK
FAFCHAMPS | Lettre soufie : L(âm)
LALO | Concerto pour violoncelle
LALO | Symphonie en sol mineur
David Cohen, violoncelle
OPL | Jean-Pierre Haeck, direction
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erts
c
n
o
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tes
s
i
t
r
20 a
FESTIVAL à TOUTES CORDES
DU lundi 24 AU dimanche 30 JANVIER 2011
Avec Pablo Gonzalez, Gautier Capuçon, Pieter Wispelwey, Lorenzo Gatto,
Yossif Ivanov, Valery Sokolov, Alina Pogostkina, Quatuor Ysaÿe,
Vanessa Wagner, Boris Belkin, Tedi Papavrami, Marc Coppey, Kirill Troussov,
Patrick Heselmans, Lise Berthaud, Arnaud Thorette, Artur Toth,
Jean-Pierre Borboux, Frank Braley et Renaud Capuçon.
Ils n’ont chacun que 4 cordes, mais rivaliseront sans difficulté avec les 88 touches du piano de
Vanessa Wagner et Frank Braley. Une semaine de concerts pour faire le « tour des cordes » en
compagnie de nombreux artistes invités, complices réguliers de l’OPL.
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