communications orales

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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
COMMUNICATIONS ORALES
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 1 : Usages et Pratiques de la stimulation cognitive
Mercredi 23 mai / 17h45-19h15
Amphithéâtre Louis Mieusset
Modératrice : Pr. Anne-Sophie Rigaud (Hôpital Broca, CEN STIMCO)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
DE L’INTERET D’UN PARTENARIAT. RETOUR D’EXPERIENCE DANS LE
CADRE DE PRISES EN CHARGE ORTHOPHONIQUES INTEGRANT UN OUTIL
DE STIMULATION COGNITIVE : LE LOGICIEL PRESCO
Brigitte Assorin-Aithamon
Orthophoniste, Chargée de cours Formation Continue des Orthophonistes, Toulouse
Mots-clés : rééducation, intérêts et limites, partenariat.
Introduction
L’objectif de cette communication est de présenter une expérience « de terrain » en matière de
stimulation cognitive, en qualité de praticien de ville, auprès de patients atteints de déficits
consécutifs à des pathologies neurologiques. Cette présentation se veut être le ressenti d’une
expérience de terrain qui n’entre pas dans le cadre d’une étude formalisée.
Le constat
En matière d’outils de stimulation cognitive, il y a en amont des chercheurs et des concepteurs
et en aval, des rééducateurs et leurs patients.
Les rééducateurs établissent, avec leurs patients, des objectifs, visant à :
- restaurer des fonctions ou optimiser des capacités restées intactes dans le cadre
d’atteintes vasculaires
- maintenir des capacités, notamment dans les pathologies dégénératives.
L’utilisation des nouvelles technologies ouvre des perspectives importantes pour la
rééducation et apporte des moyens techniques, qui jusqu’alors n’étaient accessibles qu’aux
spécialistes de l’informatique.
Il est aujourd’hui indéniable que pour certains de ces patients, et sous certaines conditions,
notamment l’absence de trouble majeur de la compréhension, « la stimulation cognitive au
moyen de nouvelles technologies » peut être un outil intéressant.
Cependant, ces outils ne peuvent avoir de valeur et de validation que s’il existe un partenariat
entre concepteurs/chercheurs et rééducateurs afin de confronter les pratiques aux approches
théoriques et aux outils mis à disposition.
Retours d’expérience
Je souhaiterais donc partager mon expérience en vous parlant de l’utilisation d’un programme
de rééducation et de stimulation cognitive, le logiciel PRESCO édité par Créasoft/SBT.
Ce logiciel est constitué de modules qui font référence à la neuropsychologie et qui sont
classés selon les différentes fonctions cognitives. Chaque module peut être paramétré de deux
façons : soit en fonction de niveau pré-établis, soit manuellement. Plusieurs niveaux de
complexité sont proposés. La vitesse de présentation est modulable. La gestion des séances
est facilitée par un historique, par l’affichage de la progression et par le stockage des résultats.
Enfin, il existe une version « en ligne », grâce à laquelle il est possible de proposer au patient
de refaire les exercices à son domicile ; le praticien peut consulter ce qui a été fait à distance.
Depuis donc plus d’un an, je propose à quinze patients, de manière ponctuelle et en fonction
du domaine cognitif travaillé, des exercices issus de ce logiciel. Ces patients sont des
aphasiques et des traumatisés crâniens, tranche d’âge 22-65 ans.
Avec 4 autres patients, nous avons mis en place un « protocole » de répétition à domicile, via
la version « en ligne » (Femme-52 ans Traumatisme crânien / Homme-75 ans Démence à
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corps de Lewy-homme / Homme-51 ans Rupture d’anévrisme / Femme-62 ans Scléroses en
plaques). D’un commun accord avec chacun de ces patients, nous avons établi ce protocole en
fixant la durée des exercices à domicile, leur contenu et leur répétition hebdomadaire.
Cette expérience de l’utilisation d’un logiciel de rééducation et de stimulation cognitive
confrontée à mon expertise dans le domaine de la prise en charge des patients cérébro-lésés
me permet de faire certaines remarques. L’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui de
présenter ce retour d’expérience me conduit à m’adresser à tous les concepteurs de logiciels et
à attirer leur attention sur les intérêts et le limites de tels outils.
Les intérêts :
x Référence faite aux schémas neuropsychologiques
x Possibilité de proposer au patient de reprendre les exercices à domicile
x Progrès du patient pouvant être enregistrés et visualisés
x Possibilité de paramétrages fins (nombre, vitesse de présentation, taille etc…)
x Réalisation d’exercices ne pouvant être proposés sous forme papier/crayon
Les limites :
x Choix des mots, des phrases doivent faire appel à des tables de fréquence.
x La présentation des items en mode aléatoire n’est pas adapté à une population
pathologique.
x Peut-on et doit-on envisager une normalisation ?
x Aspect technique : utilisation de la souris, écran ou tablette.
x Sans oublier que l’outil informatique ne doit en aucun cas prendre le pas sur le
relationnel.
De l’intérêt d’un partenariat
Ces intérêts et ces limites s’appliquent selon moi à toutes nouvelles technologies en matière
de remédiation cognitive dans le cadre des pathologies neurologiques, mais peuvent
également s’étendrent aux pathologies développementales. Un partenariat est indispensable ;
il doit permettre les échanges et la mise en commun des connaissances de chacun. Les uns,
qui de par leur fonction, ne sont jamais confrontés à des patients, et les autres, qui comme moi
et bon nombre de thérapeutes ont besoin d’outils spécifiques et adaptés aux patients que nous
prenons en charge. Je terminerais cet exposé en précisant que dans l’état actuel des
connaissances, il n’existe aucune méthode, aucune technique univoque de rééducation. Les
recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) nous le rappellent. C’est pourquoi, il
parait très important de valider l’utilisation de tels outils, afin qu’ils puissent obtenir toute la
place qu’ils méritent.
Références
Haute Autorité de Santé. Recommandations de bonne pratique. www.has-sante.fr
Orthophonie. Rééducation de la voix, du langage et de la parole. Décembre 2007.
Rééducation du langage dans les aphasies.
Rééducation des troubles du langage non aphasiques dans le cadre d’autres atteintes
neurologiques.
Maintien et adaptation des fonctions de communication chez les personnes atteintes de
maladies neurodégénératives.
Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge.
Décembre 2011.
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COMPTE RENDU D’EVALUATION DE L’ATELIER DE STIMULATION
COGNITIVE MIS EN PLACE PAR LE FIL ROUGE ALZHEIMER
Jennifer Partington
Psychologue sociale de la santé - Le Fil Rouge Alzheimer - Aubagne
Mots-clés : atelier de stimulation cognitive, thérapeutique, socialisation
Introduction
L’intérêt de cette évaluation est d’appréhender, au travers de différentes dimensions
psychosociales (Coudin & Paicheler, 2002 ; Fischer & Tarquino, 1999), la manière dont les
usagers (7 hommes et 9 femmes, atteints de troubles cognitifs légers à modérés ayant pour
moyenne d’âge 80 ans), investissent et vivent l’atelier de stimulation cognitive auquel ils
participent et ce, sur la base des comportements directement observables et de leurs
témoignages. Ce travail de terrain s’inscrit dans la continuité d’un mémoire de recherche
(Master 2, Psychologie sociale de la santé) réalisé durant l’année 2009/2010.
Méthodes
Abric (2008) ; Fischer & Tarquino (2006)
Nous avons élaboré une grille d’observation participante permettant d’appréhender différentes
dimensions (niveau d’intégration dans le groupe, bien être manifesté, sentiment de
compétence etc.) et ce, pour chaque participant (Anzieu & Martin, 2007 ; Bandura, 2007 ;
Ollat & Bottéro, 2000 ; Renault, 2006). Cet outil comprend plusieurs items mesurés via une
échelle de likert en 5 points. Les données recueillies une fois par mois (sur une période de
neuf mois) ont été traitées grâce au logiciel de traitement statistique SPSS (Statistical Package
for the Social Sciences ; Beaufils, 1996). Un questionnaire d’attentes et de satisfaction,
portant à la fois sur l’atelier de stimulation cognitive et d’activité physique, a également été
soumis à l’ensemble des participants afin d’apporter des éléments d’informations
complémentaires aux données observées.
Résultats
La mise en relation des témoignages des sujets avec les comportements observés (faisant
référence aux dimensions de la grille) permet de mieux comprendre à partir de quel
cheminement psychologique les personnes investissent et vivent cet atelier. Il a été observé
une forte implication des participants dans la réalisation des exercices qui peut être mise en
lien avec les bénéfices thérapeutiques perçus (maintien voire amélioration des fonctions
mnésiques et sentiment de remémoration).
Les résultats mettent également en évidence un haut niveau d’intégration sociale et de
communication pouvant être associé à la fonction socialisante perçue au sein de l’atelier (dans
sa sphère relationnelle et interactionnelle) mais aussi du dispositif en général. Ainsi, cet
atelier est générateur de bien être psychologique car il permet aux usagers de créer des liens
sociaux voire pour certains de rompre leur isolement (Autin, 2010) mais aussi, d’avoir le
sentiment de lutter de façon concrète contre la perte de mémoire perçue (Spitz, 2002).
Discussion
Les résultats avaient mis en lumière une propension, de la part des sujets atteints de troubles
cognitifs, à minimiser, à passer sous silence la dimension thérapeutique du dispositif au profit
de bénéfices de socialisation. Concernant les résultats issus de cette présente évaluation, la
dimension sociale des ateliers est toujours présente mais on observe également, au travers des
témoignages des participants, que cette « minimisation » a tendance à s’atténuer. Ceci met en
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évidence que progressivement, au fil des mois, les participants s’emparent du dispositif, de
ses objectifs notamment thérapeutiques et ce, sur un rythme qui est le leur (Morin, 2004).
Références
Autin. F. (2010). Notes de lecture « La théorie de l'identité sociale de Tajfel et
Turner ». Association Française des Psychologues Scolaires.
Abric, JC (2008). Psychologie de la communication: théories et méthodes. Paris :
Armand Colin.
Anzieu, D. & Martin, JY (2007). Les méthodes. In D. Anzieu & J.Y Martin (Eds), La
dynamique des groupes restreints (pp.125-157). Paris : PUF.
Bandura, A. (2007). Auto-efficacité : Le sentiment d'efficacité personnelle. Paris : De
Boeck.
Beaufils, B, (1996). Statistiques appliquées à la psychologie : tome 1 Statistique
descriptive. Rosny : Bréal Edition.
Coudin G. & Paicheler, G. (2002). Santé et vieillissement : approche psychosociale.
Paris : Armand colin.
Fischer, G. N. & Tarquino, C. (2006). Les méthodes en psychologie de la santé. In G.
N. Fischer & C. Tarquino (Eds.), Les concepts fondamentaux de la psychologie de la santé
(pp. 55-68). Paris: Dunod.
Fischer, G.N. & C. Tarquino, C. (1999). Les aspects psychosociaux dans les
méthodologies en psychologie de la santé. Pratiques psychologiques, 4, 31-43.
Spitz, G.N. (2002). Les stratégies d’adaptation face à la maladie chronique. In G.N.
Fischer (Ed.), Traité de psychologie de la santé (pp. 261-282). Paris : Dunod.
Morin, M.(2004). Etre malade : identité et pratiques sociales. In M. Morin (Ed.),
Parcours de santé (pp. 139-167). Paris: Armand Colin.
Ollat H. & Bottéro, A. (2000). Apathie et motivation. Neuropsychiatrie : tendances et
débats, 9, 17-25.
Renault, E. (2006). La reconnaissance au cœur du social. Lutte pour la
reconnaissance, N°172, 1-7.
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USAGE D’UN ESPACE MULTI SENSORIEL DE TYPE SNOEZELEN EN EHPAD :
ENQUETE QUALITATIVE AUPRES D’UTILISATEURS
Arianne Floriot, P. Melon, G. Pisica-Donose, F. Barthélémy
Expertise & soins E.H.P.A.D. pour DomusVi, France
Mots-clés : Snoezelen, démence, E.H.P.A.D., bientraitance, recommandations, douleur
Introduction
Les thérapies non médicamenteuses, corporelles, de détente ou de stimulation retrouvent une
place de choix auprès des personnes âgées chez lesquelles les repères, le schéma corporel,
l’estime de soi et l’identité peuvent se trouver bousculés.
Parmi les nombreuses techniques ou approches, l’une a plus attiré notre attention en raison de
sa popularité, de son implantation croissante dans les établissements, le « Snoezelen ». Il
correspond à une activité qui fait appel aux cinq sens, vécue dans un espace spécialement
aménagé, par exemple avec une lumière tamisée, une musique douce, etc.
Cette approche, développée dans les années 70 par deux psychologues hollandais, J Hulsegge
et Ad Verheul, voit au fil des années son application s’agrandir (personnes polyhandicapées
ou avec des troubles autistiques, personnes âgées démentes) sans réelle preuve scientifique.
Elle propose de réintroduire chez une personne accompagnée, à travers la (re)découverte d’un
monde de stimulations sensorielles, les notions de plaisir et de bien être. Elle séduit aussi bien
les autorités administratives, les directeurs d’établissements, les familles, que les soignants
qui y trouvent, peut être, une lisibilité de leur volonté d’appliquer la bientraitance.
L’objectif de cette étude de terrain a été de recueillir les retours d’expériences des
professionnels afin de pouvoir accompagner les projets d’installation de ces outils et
d’apporter des réponses sur le bon usage d’un espace Snoezelen au sein d’un E.H.P.A.D.
Méthode
Nous avons réalisé en 2011, dans des E.H.P.A.D. du groupe DomusVi une enquête auprès
d’utilisateurs habituels (depuis plus de un an) de Snoezelen.
La première étape a consisté en l’envoi d’un questionnaire, créé par un rééducateur et un
gériatre. Il interrogeait sur la prise en charge Snoezelen, réalisée de façon régulière, aussi bien
dans des espaces dédiés qu’avec du matériel portatif.
La deuxième étape portait sur des entretiens téléphoniques suivis de quelques visites
d’espaces Snoezelen utilisés ainsi que des rencontres avec les professionnels référents.
Les principales questions posées, étaient les suivantes : Quels sont les professionnels les plus
impliqués ? Pour quels résidents ? Quelles indications et avec quel projet ? Quelles contreindications ? Quelle fréquence des séances? Quels résultats ? Quels critères d’arrêt d’une prise
en charge Snoezelen chez un résident ?
Résultats
L’étude a porté sur cinq E.H.P.A.D., répartis dans toute la France (départements 13, 51, 69,
77, 92) accueillant au total 427 résidents. Parmi eux, environ 10% étaient considérés avec
l’utilisation de l’approche Snoezelen.
Les 7 principaux utilisateurs questionnés se trouvaient être des psychomotriciens et
psychologues. Ils étaient heureux et fiers de partager leur expérience, leurs réussites et leurs
difficultés. Les réponses étaient globalement concordantes et ont été synthétisées pour la
présentation.
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Les résidents choisis pour les séances Snoezelen étaient bien connus de l’équipe soignante,
ciblés par eux. Il devait aussi exister une confiance entre eux et l’accompagnateur. Les
principales caractéristiques de cette population étaient : la présence d’une démence avec des
symptômes psycho comportementaux (cris, agitation, déambulation, angoisse, dépression),
des difficultés de communication ou bien encore un état douloureux chronique (sans démence
systématiquement associée). Les indications étaient liées aussi à la persistance d’un désir qu’il
faut savoir décrypter. Les effets décrits chez les résidents par les accompagnateurs étaient les
suivants: une meilleure compréhension des désirs ou des refus des personnes démentes, une
communication de sujet à sujet, une détente, un effet antalgique à court terme.
Les contre indications rapportées concernaient des résidents sans relation de confiance établie
au préalable avec eux, les résidents épileptiques par principe, les résidents psychotiques ou les
délirants très anxieux ou bien encore ceux qui refusent (dont les résidents âgés lucides).
Les critères d’arrêt des séances étaient quant à eux précisés au cas par cas.
La fréquence et l’organisation des séances étaient réfléchies : en individuel ou en petit groupe
de 4 à 6 résidents avec alors 2 accompagnateurs, requérant au minimum 1h15 par séance. Les
professionnels ou accompagnateurs étaient formés, volontaires et supervisés ; un référent était
nommé.
Discussion
Le nombre faible et très variable de résidents accédant au Snoezelen témoigne de la difficulté
d’organisation, malgré un enthousiasme qui semble porter ces projets. Le fait que les
accompagnateurs soient expérimentés a renforcé ces résultats. Leur pratique en E.H.P.A.D. a
enrichi les recommandations sur le bon usage d’un Snoezelen. Le choix des résidents, décidé
en équipe, n’était pas laissé au hasard.
Les résultats mentionnés l’étaient par des thérapeutes, psychologues et psychomotriciens,
spécialistes de l’approche verbale et non verbale. C’est ce type de professionnel qui faisait
vivre ces projets dans notre enquête plus que d’autres soignants ou non soignants pourtant
aussi formés.
Cependant, la recherche d’objectifs, thérapeutiques ou non, se discute dans cette démarche et
philosophie, attachées au concept Snoezelen, qui précisent qu’il faut « ne rien attendre en
particulier ».
Conclusion
Dans tous les cas, le Snoezelen doit s’intégrer dans un projet d’établissement et le projet
individuel du résident. Le choix d’installation d’un équipement multi sensoriel de type
Snoezelen doit se décider en fonction des résidents, des utilisateurs et du référent. Séduisant,
certes, mais nos observations montrent que les paradoxes ne manquent pas, ce qu’il faut peut
être admettre dans la prise en charge des personnes âgées en E.H.P.A.D.
Références
Hulsegge J, & Verheul A (1987). Snoezelen : Another world. Chesterfield: ROMPA
International Ltd
Padilla, R. (2011). Effectiveness of environment-based interventions for people with
Alzheimer's disease and related dementias. Am J Occup Ther.; 65(5):514-22.
Staal, J.A. Sacks, A. Matheis, R. Collier, L. et al. (2007). The effects of Snoezelen
(multi-sensory behavior therapy) and psychiatric care on agitation, apathy, and activities of
daily living in dementia patients on a short term geriatric psychiatric inpatient unit. Int J
Psychiatry Med.; 37(4):357-70.
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DES USAGES DES TIC À LA STIMULATION COGNITIVE EN INTERVENTIONS
ÉDUCOMMUNICATIONNELLES POUR PERSONNES HANDICAPÉES
MENTALES
Audrey Bonjour
UFR SHA, Université de Lorraine
Mots-clés : Handicap mental, éducommunication, informatique, Internet.
Introduction
Lors d’une recherche doctorale (2011) nous avons analysé l’accès, l’appropriation et les
usages de l’informatique et de l’Internet par les personnes handicapées mentales accueillies en
établissements spécialisés en France. Il s’agissait de saisir la complexité d’une activité
informatique et/ou Internet utilisée comme mode d’intervention spécialisée (Beynier et
Chopart, 2000). Il subsiste deux niveaux d’intentionnalité : celui du professionnel encadrant la
pratique (usager secondaire) et celui de l’utilisateur de l’objet (usager premier).
L’informatique et l’Internet peuvent être considérés comme des outils et médias pour
atteindre un motif avec une visée que nous qualifions d’éducommunicationnelle, c'est-à-dire à
l’intersection de multiples champs : le socio-(ré)éducatif, l’éducation et le médiatique. Nous
nous sommes inscrite dans le prolongement des travaux issus du courant des disabilities
studies (entre autres, Chalghoumi et Rocque, 2007 ; Lachapelle et al., 2000) qui questionnent
notamment les Assistives technology, la communication améliorée et alternative (CAA),
l’éducation et les TIC(E), le design for all, la maîtrise de son environnement (domotique) et
enfin l’Internet adapté.
Méthode
Trois choix ont guidé notre travail : un pari épistémologique, c’est-à-dire le refus de cibler un
type de handicap mental, la modélisation d’une méthodologie mixte et l’ancrage dans la
transdisciplinarité. Pour ce faire, une enquête exploratoire (observation participante ; trois
enquêtes par questionnaires ; 34 entretiens) a appuyé la configuration d’une enquête nationale
par questionnaires à destination des établissements accueillant des personnes handicapées
mentales. Il s’agissait de saisir les modalités d’usage et les déterminants du non-usage de
l’informatique et/ou de l’Internet : 337 réponses pour le questionnaire sur l’usage et 221 pour
celui sur le non-usage ont été obtenues. À partir de cette enquête ont été réalisés 34 entretiens
d’approfondissement avec des professionnels encadrant les usages et des observations au sein
de neuf établissements en France (deux sur Strasbourg et sa région, un à Grenoble, deux en
région lyonnaise et quatre en Moselle). La sélection des établissements à observer sur de
courtes durées (de trois à cinq jours) s’est faite selon divers critères (entre autres, type
d’établissement ou temps de pratique). Les questions ouvertes aux questionnaires, les
retranscriptions d’entretiens et de conversations pendant les observations ont fait l’objet d’une
analyse de contenus thématique et nominale ainsi que d’une analyse de discours selon
l’énonciation. Nous avons mis en perspective notre méthodologie et les résultats obtenus,
notamment en dressant un bilan des apports de la triangulation des données.
Résultats
L’analyse des significations d’usages et des pratiques observées nous conduit à dresser un
bilan des résultats des stimulations cognitives. En premier lieu, les fonctions cognitives sont
travaillées à plusieurs niveaux. Les professionnels mentionnent des capacités d’attention
supérieures en comparaison avec d’autres activités du quotidien. De plus, la communication
spontanée est développée ce qui favorise en retour l’autodétermination (c'est-à-dire les
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habiletés et les attitudes requises pour agir directement sur sa vie) (Lachapelle et al., 2000 : 75
citant Wehmeyer et Sands, 1996). Enfin, l’informatique et l’Internet permettent de stimuler la
lecture et l’écriture. En second lieu, la fonction sociale s’appréhende aux différents échelons
macro-, méso- et microsociologiques. D’une part, les usages des TIC opèrent un processus
d’intégration et d’anormalisation (Bonjour, 2011) des personnes handicapées mentales.
D’autre part, les établissements d’accueil évoluent du milieu clos au milieu ouvert. Mais
encore, les liens sociaux se reconfigurent. Par exemple, les liens familiaux sont renforcés ou
conservés ; des personnes handicapées ressources favorisent la diffusion et l’appropriation des
technologies. Enfin, une fonction psychologique est remplie via la satisfaction des besoins de
reconnaissance qui passent, entre autres, par le sentiment de réussite. De surcroît, un
processus de personnalisation (Tap, 1996) éclaire les pratiques des TIC à la lumière d’une
quête de pouvoir, de sens, de valorisation et de réalisation de soi.
Discussion
Notre méthodologie réactive les débats sur les catégories, l’articulation des méthodes et le
passage des connaissances entre disciplines. De plus, cette recherche avait pour enjeu de
révéler les tensions cristallisées par les TIC en contexte d’interventions spécialisées. De
multiples leviers d’analyse ont été mis en exergue et des études plus ciblées devraient
permettre d’étayer certains de nos résultats. Notre travail met au jour des déplacements de
problématiques : (1) du handicap mental aux compétences cognitives, (2) de la réadaptation
cognitive à la stimulation cognitive et (3) de la stimulation précoce à la stimulation tout au
long de la vie. Nous proposons donc de poursuivre la recherche à partir de ces trois axes.
Conclusion
Cette recherche a révélé que les usages de ces technologies avaient pour effet la stimulation
cognitive des fonctions cognitives, psychologiques et/ou sociales. L’appropriation technique
participe au processus plus global d’appropriation de ses capacités d’action. Cependant, cette
forme de stimulation cognitive n’est pas réalisée de manière méthodique, peu de
professionnels effectuent des évaluations des usages. Dès lors, la question de la qualification
et des compétences est transversale car elle se pose autant pour les professionnels
accompagnant la pratique que pour les personnes handicapées.
Références
Beynier, D. & Chopart, J-N. (2000). Déconstruction et reconstruction du champ de
l’intervention sociale sur la base des tâches accomplies. In Chopart J-N. (Dir.), Les mutations
du travail social. Dynamique d’un champ professionnel (pp. 57-96). Paris, Dunod.
Bonjour, A. (2011). Usages et pratiques socio-(ré)éducommunicationnels pour les
personnes handicapées mentales. Outils informatiques et média Internet. Université Paul
Verlaine-Metz. [En ligne] sur : http://www.theses.fr/150331002
Chalghoumi, H. & Rocque, S. (2007). La recherche sur l’utilisation des technologies
de l’information et de la communication en éducation d’élèves qui ont des incapacités
intellectuelles : regard critique sur leurs contributions à la recherche. Revue francophone de la
déficience intellectuelle, numéro spécial, 10-16.
Lachapelle, Y. Boisvert, D. Cloutier, G. Mc Kinnon, S. Lévesque, S. (2000). Favoriser
le développement de l’autodétermination dans le cadre d’une pratique de la réunion du plan
d’intervention éducatif d’adolescents présentant une déficience intellectuelle. Revue
francophone de la déficience intellectuelle, numéro spécial, 70-75.
Tap P. (1996). Souffrances et stratégies des personnes en Institution. In Espaces et
Directions. Toulouse, ADC-ENSP, 221-234.
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INTEGRATION DES GERONTECHNOLOGIES EN MAISONS DE RETRAITE
Témoignage
Didier Ghenassia1 & E. Peyroux2,3,4,5,6
1
Editions Creasoft, Grenade
Centre de Neurosciences Cognitives, UMR 5229, CNRS, Lyon
3
Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs, EA 3082, Lyon
4
Universités de Lyon
5
CH Le Vinatier, Lyon
6
Scientific Brain Training, Villeurbanne
2
Mots-clés : tablette tactile, internet, lien social, stimulation, sécurité, autonomie, groupe, …
On parle beaucoup actuellement des gérontechnologies, ces « technologies nouvelles
susceptibles d'améliorer les pratiques gérontologiques et la vie quotidienne des malades âgés
et de leur famille ».
En tant qu’industriel, acteur en gérontechnologies, je souhaiterais proposer à la discussion un
constat sur un focus bien précis : celui de l’intégration des nouvelles technologies en maison
de retraite ou EHPAD.
Visitant de bien nombreux établissements en France, publics ou privés, pouvant accueillir 20
ou 120 résidents, en ville ou milieu rural et ce depuis de nombreux années, je soumettrai ma
vision de l’état de l’intégration des technologies dans ces lieux d’accueil et de soins.
Nous proposons d’aborder les points suivants :
x Les aspects quantitatifs comme par exemple l’évolution du nombre d’établissements
équipés sur ces dernières années
x mais aussi et surtout d’aspects qualitatifs :
o dans quels buts sont utilisées les nouvelles technologies (lien social,
stimulation, sécurité, …).
o sur quels supports (ordinateur, internet, tablettes, vidéoprojecteur, …)
o et par qui (autonomie, animateur, thérapeute, …).
Nous pourrons aussi faire état de quelques installations remarquables et ambitieuses en
s’appuyant sur des cas concrets d’utilisation en établissements (témoignages, photos, vidéo).
Nous terminerons en proposant des perspectives sur ce que pourrait être la place des
gérontechnologies en EHPAD demain et après-demain.
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Session orale 2 : Entraînement cognitif
Mercredi 23 mai / 17h45-19h15
Amphithéâtre Bernard Santona
Modérateur : Pr. Alain Pruski (Université de Lorraine)
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THEORIE NEURONALE DE LA COGNITION ET ENTRAINEMENT COGNITIF
Claude Touzet
Lab. Neurosciences Adaptatives et Intégratives (UMR 7260),
Pôle Cerveau-Comportement-Cognition, Aix Marseille Université
Mots-clés : entraînement cognitif, critères, efficacité
Introduction
Touzet (2012) liste 6 critères garantissant l'efficacité d'un programme d'entraînement cognitif.
L'entraînement cognitif est rendu possible parce que la mémorisation par les neurones de ce
qu'ils vivent ne peut pas être empêchée, et ceci du premier jour à la dernière seconde de notre
vie. De plus, le cerveau ne traite pas l'information, mais la représente. Il suffit donc de
modifier le quotidien pour induire des modifications de la connectique neuronale – c'est à dire
modifier (si possible améliorer) les performances des fonctions cognitives vis à vis de ce
quotidien. En nous appuyant sur la Théorie neuronale de la Cognition (TnC) (Touzet, 2010),
nous présentons dans cette publication les bases neuronales associées à ces 6 critères.
1) L'ajustement continu des difficultés des exercices au profil cognitif de l'utilisateur
Trop facile, le nombre de neurones impliqués est faible et les effets de l'entraînement seront
très limités ; trop difficile, l'exercice n'est pas fait (et donc pas d'entraînement du tout).
2) L'acquisition par l'utilisateur d'une méta-connaissance de sa cognition
Il s'agit de permettre au sujet de comprendre ses limitations, de les prévoir et donc de les
résoudre. Cette connaissance élimine ipso facto le stress induit par la différence entre la
performance prédite (espérée) et celle effectivement réalisée. Cette différence est le signe d'un
nombre de neurones impliqués plus important que strictement nécessaire, qui à terme va
entraîner une baisse des performances cognitives.
3) L'utilisation de matériels et exercices écologiques (en relation avec la vie quotidienne)
Un matériel non écologique (type idéogrammes abstraits) et/ou des exercices n'ayant pas de
contrepartie dans le quotidien de la personne entraînée (type mesure de l'empan) impliquent
des réseaux de neurones « nouveaux » puisque absents du quotidien de la personne - qui par
définition ne serviront à rien dans son quotidien.
4) Un entraînement fréquent et qui s'étend sur plusieurs semaines
Les modifications de la connectique neuronale (création/destruction de connexions et
modifications d'efficacité synaptique) ne se comptent pas en jours, heures ou mois – mais en
nombre d'évènements vécus par les neurones impliqués. Une sollicitation intense peut aboutir
à une mémorisation « en un coup », tandis qu'une sollicitation tout juste liminale peut
nécessiter des centaines de répétitions. L'objectif de l'entraînement cognitif est une meilleure
gestion des situations nouvelles : une large variété de celles-ci doit donc avoir été vue
souvent. Cela prend du temps car la modification de la connectique neuronale est
incrémentale. Des semaines sont nécessaires à raison de plusieurs heures par jour. Cela ne
signifie pas que l'on doive avoir l'impression de s'entraîner plusieurs heures par jour. Il suffit
de quelques minutes pour initier la mise en œuvre de nouveaux réseaux qui resteront actifs
tout le reste de la journée - si celle-ci inclut des situations qui les mettent en jeu.
5) Les processus cognitifs de base (mémoire et attention) sont à entraîner avant les processus
de haut niveau type inhibition, planification, résolution de problème
Les évènements (situations vécues), qui appartiennent à la même famille, ont par définition
des ressemblances. Ils activent des réseaux neuronaux proches (voisins), et construisent des
"représentations". Les représentations (appartenant à une même famille) forment une topie, et
occupe une surface corticale continue baptisée "carte corticale" (type Homoncule). Les
42
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
représentations (cartes corticales) préexistent (mémoire et attention) à la construction de la
hiérarchie des cartes corticales. La gestion des relations entre les cartes correspond à la mise
en oeuvre des processus cognitifs de haut niveau (contrôle, planification) à entraîner dans un
second temps.
6) Tous les processus cognitifs doivent faire l'objet d'un entraînement (même si l'objectif
initial est l'amélioration d'un seul d'entre eux)
Mémoires, attentions, contrôle, planification, etc. sont intimement liés. Il s'agit de la même
hiérarchie de cartes corticales vue selon une perspective différente. La TnC estime à environ
600 le nombre de cartes corticales organisées sur un peu plus d'une douzaine de niveaux.
Environ 80 de ces cartes ont déjà été découvertes (Silver and Kastner, 2009). Ces cartes sont
construites au cours du développement de l'individu en fonction de son vécu. Les cartes de bas
niveau d'abstraction (au sein du cortex primaire) avant des cartes de niveaux plus élevés qui
représentent des informations issues d'une ou plusieurs cartes (cortex secondaires). Les cartes
de niveaux plus élevés forment le cortex associatif et sont les dernières à s'organiser. De ce
point de vue, les capacités cognitives de l'individu (langage) sont directement dépendantes de
l'organisation de ces cartes, laquelle dépend du nombre d'évènements vécus.
Ce que nous appelons les processus cognitifs, sont la mise en jeu des représentations entre
elles. La mémoire est la simple « relaxation » du système vis à vis d'une information présente
en entrée. L'inhibition est le contrôle de l'activation d'une connectivité normale entre deux
cartes, afin de faire disparaître la réponse la plus « naturelle » (en fait la plus rapide), les
fonctions exécutives consistent en la supervision de activations inter-cartes pour respecter soit
des contraintes d'usage (contrôle), soit des contraintes de résultats (planification).
La construction de la connectique neuronale par des synapses obéissant à la loi de Hebb
(1949) impose (du fait de la fenêtre temporelle, source d'a-causalité) un ajustement des
synapses à la fois dans le sens « bottom-up » et dans le sens « top-down ». L'attention
endogène (facilitation) est donc automatique dès qu'une représentation au niveau « associatif »
est activée (qui utilisera les connexions top-down). Si l'on veut bien se souvenir que les cartes
corticales réalisent une cartographie respectant la fréquence d'apparition des évènements ainsi
que leur similarité, on comprend alors qu'un événement « nouveau » (dans le contexte
courant) générera d'autant plus d'activation neuronale qu'il est hors norme, et que cette
activation parviendra aux plus hauts niveaux (puisqu'elle n'a pas pu être prédite – et donc
filtrée). C'est l'attention exogène, tout aussi automatique que la précédente (mais via les
connexions bottom-up). Le fait qu'une unique représentation seulement puisse être active à la
fois sur une carte induit un accès limité aux cartes codant pour le langage (représentations
orthographiques des mots, représentations phonologiques des mots, etc). Ceci oblige à une
verbalisation automatique (i.e., conscience) sérialisée (qui donne l'illusion de ressources
attentionnelles limitées). De fait, deux individus (aux vécus différents), dans la même
situation, ne seront pas attentifs de la même façon.
Références
Hebb, D. (1949) The Organization of Behavior : A Neuropsychological Theory,
Wiley.
Silver, M. and Kastner, S. (2009). Topographic maps in human frontal and parietal
cortex, Trends in Cognitive Sciences, Vol. 13, n°11, 488-495.
Touzet, C. (2012). Six critères à respecter pour l'entraînement cognitif. In Congrès
Européen de Stimulation Cognitive, Dijon.
Touzet, C. (2010). Conscience, intelligence, libre-arbitre ? Les réponses de la Théorie
neuronale de la Cognition, 156 pages, éd. la Machotte.
43
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
CONDITIONS POUR OPTIMISER LES EFFETS
D’UN ENTRAINEMENT COGNITIF DE 90 JOURS
Franck Tarpin-Bernard1,3, B. Croisile2,3, S. Bélier3
1
2
Université de Grenoble, CNRS, LIG, Grenoble, France
Laboratoire de neuropsychologie - Hôpital Neurologique - Lyon, France
3
Scientific Brain Training, Villeurbanne, France
Mots-clés : Entraînement cérébral, Conditions d’efficacité de la stimulation cognitive,
Programme informatique
Introduction
Des études récentes ont mis en évidence des améliorations des fonctions cognitives en
utilisant des programmes informatisés d’entraînement cérébral (pour une revue de la
littérature, Papp, Walsh & Snyder, 2009). Mais peu d’études se sont focalisées sur les
conditions nécessaires pour maximiser l’efficacité d’un programme d’entraînement cérébral
chez des adultes. Le but de la présente étude est plus particulièrement d’identifier ces
conditions. En d’autres termes, est-ce que la fréquence d’entraînement a un effet significatif
sur l’amélioration des performances, et donc sur l’efficacité de l’entraînement ? Est-ce que
toutes les populations (âge, genre, niveau d’éducation, langue maternelle) sont concernées par
une amélioration des performances ?
Méthode
Le programme www.happy-neuron.com, créé en 2000 et accessible par abonnement (environ
10 euros par mois), propose 37 exercices à multiples niveaux de difficultés autour des 5
principales fonctions cognitives (Mémoire, Attention, Langage, Fonctions exécutives et
Visuo-spatiales). Ces exercices ont été créés par une équipe spécialisée dans les sciences
cognitives (neuropsychologue, docteurs en psychologie cognitive). Chaque exercice mesure
l’exactitude ainsi que les temps de réponse. Le programme est doté d’un coach virtuel
personnalisé et interactif permettant de proposer des activités cognitives et des niveaux de
difficulté adaptés aux compétences de chaque utilisateur. Le programme vise des particuliers,
en bonne santé. Nous avons analysé les profils cognitifs, les formes d’entraînement et les
résultats de 350 membres (anglais 47%, français 47% et allemands 6% / hommes 33%
femmes 67%) de ce site internet international d’entrainement cognitif sur une période de 90
jours d’entraînement. Seuls les résultats des membres s’entraînant de façon régulière ont été
analysés, à savoir au moins 180 exercices joués durant les 90 premiers jours d’entraînement,
et au moins 12 séances d’entraînement réalisées, soit au moins une séance par semaine. Le
nombre moyen de séances d’entraînement était de 5.
Résultats
Les données montrent une amélioration significative du profil cognitif (aucune baisse
observée) sur les 90 jours, d’autant plus forte que l’entraînement est intense. L’amélioration
ne dépend pas des facteurs genre, niveau d’éducation, langue maternelle, et âge. L’analyse
montre que les personnes ayant le plus de difficultés étaient celles qui s’entraînaient le plus
régulièrement. S’améliore-t-on simplement à la tâche ou améliore-t-on la fonction cognitive
globale ? Le fait que chacun des 37 exercices soit doté de 3 à 50 niveaux de difficulté
engendre qu’en moyenne les sujets réalisent chaque exercice environ 15 fois sur 90 jours, ce
44
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
qui veut dire que chaque exercice est exécuté seulement une fois par semaine en moyenne
pour les joueurs modérés et environ deux fois par semaine pour les joueurs les plus assidus.
Mais comme chaque exercice comporte de 3 à 50 niveaux de difficulté, la probabilité qu’un
exercice soit réalisé à un même niveau est très faible. Nous considérons donc que l’effet
d’apprentissage à la tâche est mineur comparativement à l’amélioration de la fonction. Le
nombre d’exercices disponibles est un facteur crucial du programme d’entraînement cérébral
pour s’assurer d’une amélioration transversale et non seulement d’une amélioration à
l’exercice.
Discussion
L’analyse des données suggère une recommandation d’entraînement de 30-40 minutes par
jour, 3 à 5 fois par semaine, afin de maximiser les effets d’un entraînement cérébral de 90
jours. L’intérêt d’un tel entraînement est un meilleur confort cognitif personnel lors du
vieillissement naturel (Ball et al, 2002 ; Wilson et al, 2002), sous réserve que l’ensemble des
capacités cognitives soient stimulées (la variété est essentielle, et l’entraînement cognitif
Happyneuron répond à cet objectif) et qu’il s’inscrive dans un ensemble (loisirs stimulants,
hygiène de vie, vie sociale).
Références
Ball, K., Berch, D.B., Helmers, K.F., Jobe, J.B., Leveck, M.D., Marsiske, M., Morris,
J.N., Rebok, G.W., Smith, D.M., Tennstedt, S.L., Unverzagt, F.W., & Willis, S.L. (2002). For
the ACTIVE Study Group. Effects of Cognitive Training Interventions With Older Adults. A
Randomized Controlled Trial. JAMA, 288, 2271-2281.
Papp, K. V., Walsh, S. J., & Snyder, P. J. (2009). Immediate and delayed effects of
cognitive interventions in healthy elderly: A review of current literature and future directions.
Alzheimer’s & Dementia, 50-60.
Wilson, R.S., Mendes De Leon, C.F., Barnes, L.L., Schneider, J.A., Bienias, J.L.,
Evans, D.A., & Bennett, D.A. (2002). Participation in Cognitively Stimulating Activities and
Risk of Incident Alzheimer Disease. JAMA, 287, 742-748.
45
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
TWO DIFFERENT APPROACHES OF COGNITIVE TRAINING IN OUTPATIENTS
AFFECTED BY MILD COGNITIVE IMPAIRMENT (MCI):
A PILOT STUDY WITH FMRI
Elisabetta.Farina1, F. Baglio1, L. Griffanti2, MG Preti2, F.L. Saibene1, A. D’Amico1, R.
Critelli1, M. Alberoni1, P. Cecconi3, G. Baselli2, R. Nemni1,4
1
2
Don Gnocchi Foundation, Neurorehabilitation Unit, Milan, Italy
Polytechinique of Milan, Bioengineering Department, Don Gnocchi Foundation, Milan, Italy
3
Don Gnocchi Foundation, Neuroimaging Unit, Milan, Italy |
4
Study University of Milan, Milan Italy
Keywords: Mild Cognitive Impairment, Cognitive Stimulation, individual and group
treatment
Introduction
Several studies have suggested that cognitive interventions can improve neuropsychological
performances in MCI and maybe delay dementia. However, it is not clear what kind of
treatment (e.g. individual training vs. group stimulation) can obtain better results. The aim of
this study was to evaluate the impact of two cognitive training programs (Individual
Cognitive Training -ICT- or Multidimensional Stimulation Group Therapy - MSGT-) on MCI
subjects and their brain functioning studied with fMRI.
Method
42 MCI subjects were randomized in treated (ICT:15 subjects, MSGT:6) and non-treated
groups (21 subjects). Both ICT and MSGT consisted of 12 sessions (2 sessions/week). ICT
was centered on memory (learning strategies, spaced retrieval, noun-face association, use of
external aids) and attention (selective, sustained and divided) and was tailored to patient need
according to the main functional impairment. MSGT involved reality orientation, physical,
recreational, and occupational activities. Neuropsychological assessment and fMRI with
verbal fluency paradigm were performed in both groups (before and after rehabilitation in
treated groups or observation period in non treated one).
Results
The ICT/MSGT groups did not differ from the non-treated group in MMSE and MOCA
values at baseline and after rehabilitation (p=.53). However, at neuropsychological tests ICT
and MSGT showed a different effect. ICT group improved in Verbal and non verbal longterm memory (Rey’s Auditory Verbal learning task immediate recall p0.04; Rey Osterreith
Complex figure recall p0.05), language (phonemic fluency p0.02) and visuospatial attention
(Complex Barrage p0.05). MSGT showed an effect on language (semantic and phonemic
fluency p0.001) and executive functions (Raven Colored Matrices p0.001). Despite a
statistical comparable performance on correct responses during the task, direct comparison of
fMRI results (flexible factorial analysis) showed a positive effect of both treatments in
bilateral temporal cortex right>left(p<.005).In Lombardy region, the cost of a group therapy is
about ¼ of the cost of an individual one.
46
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Discussion
Both ICT and MSGT showed a positive effect on language functions of MCI subjects. Only
ICT was able to improve memory and attention. These results are coherent with the treatment
characteristics. On the other hand, group therapy improved executive functions maybe
because it incorporates occupational-recreational therapy. As memory impairment is usually
the main complain of MCI subjects, ICT could obtain more ecologically relevant results than
MSGT. However, treatment cost is a limit. Increased fMRI activations only in treated groups
support the contention that ICT/MSGT promote cognitive functions (above all language).
References
Jean L, Bergeron ME, Thivierge S, Simard M. (2010). Cognitive intervention
programs for individuals with mild cognitive impairment: systematic review of the literature.
American Journal of Geriatric Psychiatry, 18, 281-96.
47
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
MENTAL IMAGERY TRAINING EFFECT ON EPISODIC MEMORY IN
ALZHEIMER DISEASE
Hind Boumlak1&2, J. Kopp3
1
Association Delta 7, Paris
UFR de Psychologie, Université Paris 8
3
UFR de Psychologie, Université Sophia Antipolis
2
Key-words: mental imagery, cognitive stimulation, Alzheimer dementia.
Background
Episodic memory is deteriorated in Alzheimer disease. In this frame mental imagery would
compensate recall abilities by reinforcing encoding skills using double encoding
theory. Psychological treatments for Alzheimer dementia patients such as cognitive
stimulation therapy lead to engage patient’s memory in order to reinforce and preserve
it (Spector et al., 2003, 2006a, 2006b, 2010, 2011 ; Van der Linden, 2006; Aguirre et al.,
2011; Knapp et al., 2005; Orrell et al., 2005). The aim of the study reported here is to evaluate
the mental imagery training effect on episodic memory in Alzheimer disease.
Method
Participants
Twenty AD patients from one Adults Day Health Care Centre (Casa Delta 7 Paris) were
selected and separated into two groups: 10 AD patients (Age: 84,5 (3,27), MMSE:21,4 (2,32))
comprised the experimental group to undergo the mental imagery training The remaining 10
patients comprised the control group (Age: 85,8 (3,55), MMSE: 21,9(2,51)), which, instead of
the imagery training, underwent simple drawing exercises. Both groups were similar in age,
education and disease duration.
Materials: 8 lists including 20 words. Each list was comprised of 10 concrete terms (eg:
guitar) and 10 abstracts terms (eg: truth). All words were matched for the lexical frequency.
Procedure
The experiment was conducted in 3 steps:
Step 1: neuropsychological tests (MMSE, MILL HILL, VVIQ, MCNAIR,
DO80, EMPAN D/V, TMT, RL-RI16), were submitted to both groups, before the 4 weeks
training.
Step 2: Experimental group: Mental imagery training was conducted over a 4 week
period (two sessions per week). The participants had to create an image of each single term
presented term on A6 paper and then write down a description. Control group participated in
drawing activities, they had to copy random concrete objects images such as hats, flowers,
horses, etc.
Step 3: RL-RI16 test was conducted individually across both groups after 4 weeks
training. RL-RI16 is a verbal episodic memory, inspired from the Grober & Buschke Test.
Results
The results of this study supported 4 findings : 1) score’s analysis of the (RL-RI 16) before
and after the 4 weeks training showed that patients who underwent mental imagery activity
scored higher than the control group (p<0.052); 2) A contrario, the control group scored
48
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
lower after the 4 weeks training; 3) the experimental group significantly improved scores in
the free recall (RL1 : p<0.01 and RL2 : p<0.01); and lastly 4, consistency analysis revealed
that on one hand control group demonstrated lower scores (60.3(16.36) words vs.
16.35(22.61)). On the other hand experimental group improved significantly the consistency
recall (p<0.05) in free recall (0(0) vs. 25.91 (33.61) words). The experimental group shows a
significant increase during the 8th session, in their capacity to memorize terms. Results show
that concrete terms are more easily remembered than abstract terms.
Discussion
This study demonstrated clearly that AD patients benefit from mental imagery training. After
4 weeks the experimental group showed higher scores than control group. This contrast with
the significantly declining scores of the control group giving us sufficient grounds supporting
that mental imagery training helps to maintain episodic memory skills thus offsetting the
deleterious effects of AD. At the same time, the very fact that the experimental group showed
higher consistency in free recall (RL) allowed us to postulate that the AD patients benefit
from double encoding reinforcing their deeper encoding. Lastly, the inter-session analysis
showed that experimental group started to improve word recollection as of the 8th session
allowing us to postulate that at early stages of AD, this technique reinforces memorisation.
We also believe that this technique can be extended to more general daily living activities,
helping to improve the life-style of AD patients.
References
Aguirre E, Spector A, Streater A, Hoe J, Woods B and Orrell M (2011). Making a
Difference 2. UK: Hawker Publications.
Knapp M, Thorgrimsen L, Patel A, Spector A, Hallam A, Woods B and Orrell M
(2006). Cognitive Stimulation Therapy for people with dementia: Cost Effectiveness
Analysis. British Journal of Psychiatry, 188: 574-580 doi: 10.1192/bjp.bp.105.010561
Orrell M, Spector A, Thorgrimsen L and Woods B (2005). A pilot study examining
the effectiveness of maintenance Cognitive Stimulation Therapy (MCST) for people with
dementia. International Journal of Geriatric Psychiatry, 20, 446-451.
Spector A, Thorgrimsen L, Woods B, Royan L, Davies S, Butterworth M and Orrell M
(2003). Efficacy of an evidence-based cognitive stimulation therapy programme for people
with dementia: Randomised Controlled Trial. British Journal of Psychiatry, 183, 248-254.
Spector A, Thorgrimsen L, Woods B and Orrell M (2006).Making a difference: An
evidence-based group programme to offer Cognitive Stimulation therapy (CST) to people with
dementia. Uk : Hawker Publications.
Spector A and Orrell M (2006). A review of the use of cognitive stimulation therapy in
dementia management. British Journal of Neuroscience Nursing, 2 (8),381-385.
Spector A, Orrell M and Woods B (2010). Cognitive Stimulation Therapy (CST):
effects on different areas of cognitive function for people with dementia. International
Journal of Geriatric Psychiatry, 25 (12): 1253-1258.
Spector A, Gardner C & Orrell M (2011). The impact of Cognitive Stimulation
Therapy groups on people with dementia: views from participants, their carers and group
facilitators. Ageing & Mental Health, 15 (8): 945-949.
Van der Linden, M., Juillerat, A.C., & Delbeuck, X. (2006). La prise en charge des
troubles de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer. In C. Belin, A. M. Ergis, & O. Moreaud
(Eds). Actualités sur les démences : aspects cliniques et neuropsychologiques. (167-197).
Marseille : Solal.
49
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
REHABILITATION COGNITIVE : UNE PRATIQUE METACOGNITIVE
Jacqueline Champredonde
Psychologue du travail- Exercice libéral en cabinet
Maître de Conférences honoraire – Université Toulouse1Capitole
Mots-clés: images mentales, représentations mentales et sociales, entraînement et plasticité
cérébrale.
Introduction
En réponse opérationnelle aux craintes ou constats de défaillance cognitive du sujet,
c'est sur la voie de la connaissance des processus cognitifs qui président à la connaissance
que nous nous sommes engagés, initiant le rapprochement entre psychologie sociale et du
travail d'une part, et les travaux d'Antoine de La Garanderie (1982) sur la «Gestion Mentale»
d'autre part.
Au quotidien, notre intervention sur le terrain du dysfonctionnement cognitif nous
conduit à obtenir très concrètement des résultats particulièrement probants, par une démarche
que nous nous proposons d’exposer ici brièvement.
L’objectif de cette démarche est d'affiner l'identification des procédures singulières
propres à chacun, sous-tendant le traitement de l'information, au service de la réhabilitation
cognitive, voire à titre préventif. Ainsi, notre préoccupation est-elle centrée sur l'exploration
du continuum interactif des « représentations mentales » («images mentales») aux
«représentations sociales», tant implicites qu'explicites.
Dans ses travaux, Antoine de La Garanderie a montré que, pour traiter l'information
saisie en activité perceptive, chacun de nous doit suivre l'enchaînement des «actes de l'activité
cognitive» qui sont des «gestes mentaux techniques»:attention, mémorisation,
compréhension, réflexion et imagination créatrice. Mais, pour effectuer ces mêmes actes, les
uns se donnent mentalement des images, les autres des mots, d'autres encore des
mouvements,… C’est dire que pour un traitement de l’information opérant, nous devons
mettre en œuvre les stratégies mentales qui, pour nous, sont performantes.
Les stratégies mentales sont les modes opératoires, niveau méta-cognitif, définis sur le plan
du fond par « le projet de sens »et, sur le plan de la forme, par l’exécution de ce projet.
1. « Projet de sens » : le sujet a à se proposer explicitement de faire exister mentalement
l’information qu’il veut ou doit prendre, « d’opérer mentalement la réexpression du perçu
pour en assurer la conservation en même temps que la mise en rapport d’intelligibilité
possible des éléments mentalement promus» (de La Garanderie, 1989).
2. « Exécution de ce projet de sens »: « faire exister mentalement », c’est recourir aux
images mentales pour l’encodage de ses perceptions dans son « langage évocatif ». Par la
pratique de nos habitudes évocatives propres, nous accédons à l'information, à la
connaissance: perception et «évocation explicite» sont à considérer dans leur
complémentarité.
Prise en charge
Il s'agit d'amener le sujet en souffrance cognitive, (domaines scolaire, professionnel ou
sportif, vie quotidienne), à saisir explicitement pour lui-même ses stratégies métacognitives,
et à savoir y recourir au besoin et de manière adéquate. Ce travail est conduit selon la
méthodologie de l’introspection expérimentale, au cours d’entretiens structurés, semidirectifs.
50
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Bilan de profil cognitif
Au cours de cette démarche, il convient d'identifier la nature et les paramètres spécifiques de
son encodage cognitif, dans des situations aux performances contrastées: 1) comment
procède-t-il pour traiter l'information dans les situations où il obtient des résultats qui le
satisfont, lui, mais aussi ses évaluateurs ? 2) et quelles sont, a contrario, les stratégies
cognitives qu'il met en œuvre dans les situations où il est peu ou pas performant ?
Suivi
Informé, guidé, le sujet s’entraîne lors de séances hebdomadaires d’une heure, échelonnées
sur six semaines en moyenne, sur fond d’appropriation progressive de ses outils cognitifs, à
mesure qu’il les « découvre », jusqu’au transfert de son habileté cognitive retrouvée dans les
types de situations où elle faisait défaut L'aspect fondamental, ici, réside dans le rôle
primordial mais non exclusif de la nature de l'encodage (conforme au profil cognitif: auditif,
visuel, ...) : en effet, il s'agit, dans une seconde étape, d'étayer l'encodage, quel qu'il soit, par
tous nos autres sens au service du traitement de l'information. C'est cet ensemble indissociable
(mais non indiscernable) qui va être maîtrisé progressivement au fil de l'entraînement.
Illustration
Exemple d’entraînement à l’acte d’attention pour un sujet dont le bilan de fonctionnement
cognitif fait apparaître, entre autres :- la nécessité d’encoder l’information en Images
Mentales Visuelles -(I .M.V.)- pour en « obtenir » le sens.- ainsi qu’un déficit de ressources
mentales pour encoder l’information abstraite. L’entraînement aura pour premier
objectif d’apprendre au sujet:- à dissocier l’activité perceptive (ex ; « j’entends un
commentaire ») de l’évocation explicite à laquelle il doit se livrer pour traduire fidèlement le
propos en I.M.V. - mais également à opérer l’encodage des informations abstraites en I.M.V.
concrètes,- enfin, à enrichir le SENS que ses I.M.V. lui donnent par le recours
complémentaire aux autres sens perceptifs.
Projet de réalisation
Dès lors que le sujet a fait sien l’impératif de projet de sens, par le constat du savoir-faire
retrouvé, il convient de l’accompagner dans la mise en œuvre des intentions d’actions nées de
ce traitement de l’information, de telle sorte que, désormais, il sache mettre en œuvre ses
procédures mentales pour réussir à :1) «se mettre en projet de réaliser», 2) «passer à l'action».
Conclusion et perspectives
Pour le demandeur en consultation, la découverte puis le transfert de ses stratégies
mentales efficaces aux situations dans lesquelles il a besoin d'accroître sa performance, est
une démarche vers l'autonomie du fonctionnement cognitif, solide prélude à une image de soi
restaurée et présage d'une conduite marquée du sceau de la confiance en soi.
Dans la perspective d’un approfondissement de cette voie d'exploration de la connaissance
des processus cognitifs et de son éventuelle étendue à d’autres domaines d’application, ne
serait-il pas envisageable de conjuguer ces recherches avec les technologies comme l'IRMf et
cognitive ?
Élargir ainsi l'éventail des chemins à emprunter pour prévenir, freiner, remédier ou même
compenser les déficits cognitifs, c'est le souhait que je formule ici.
Références
de La Garanderie, A. (1982). Pédagogie des moyens d’apprendre. Bayard (1ère édition).
de La Garanderie, A. (1989). Défense et illustration de l’introspection au service de la gestion
mentale. Centurion.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 3 : Aides cognitives et évaluation
Jeudi 24 mai / 10h-11h30
Amphithéâtre Louis Mieusset
Modératrice : Brigitte Le Pevedic (Université Bretagne Sud)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EFFETS GENERAUX ET DIFFERENTIELS D’UN PROGRAMME DE
STIMULATION COGNITIVE SUR LES PERFORMANCES DE MEMOIRE
PROSPECTIVE DE PERSONNES AGEES EN BONNE SANTE
Barbara Azzopardi1, C. Auffray2 & J. Juhel1
1
CRPCC, Université Rennes 2
2
CRPCC, Université de Bretagne Occidentale
Mots-clés : Mémoire prospective, stimulation cognitive, vieillissement
Introduction
La mémoire prospective (MP) renvoie à notre capacité de nous souvenir d’initier et d’exécuter
une action que nous avons prévu d’accomplir dans le futur (Ellis & Freeman, 2008), comme
nous souvenir par exemple d’honorer un rendez-vous ou encore de prendre un médicament
tous les jours à un moment précis. De nombreux auteurs ont mis en évidence une diminution
de l’efficacité de cette mémoire avec l’avancée en âge (voir la méta-analyse d’Henry et al.,
2004). Cette diminution pourrait être en partie expliquée par l’implication de deux fonctions
cognitives sensibles aux effets du vieillissement : la mémoire épisodique et le contrôle
cognitif. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’apprentissage de stratégies mnésiques
pouvait avoir un effet positif sur les performances de MP chez la personne âgée (Schmidt,
Berg, & Deelman, 2001 ; Troyer, 2001 ; Villa & Abelès, 2000). Malgré l’amélioration des
connaissances concernant les mécanismes cognitifs impliqués dans la performance de MP
chez la personne âgée en bonne santé et en dépit de son rôle essentiel dans la vie quotidienne,
seules deux recherches ont, à notre connaissance, testé l’efficacité de programmes de
stimulation visant à améliorer de façon spécifique la performance de MP auprès de ce public
(Schmidt et al., 2001 ; Villa & Abelès, 2000). Si les résultats de ces deux études semblent
suggérer qu’il est possible d’améliorer la performance de MP de la personne âgée, certaines
limites méthodologiques (e.g., absence de groupe contrôle, absence de suivi) en réduisent
toutefois la portée. L’objectif de l’étude dont nous présenterons les résultats est d’évaluer les
effets généraux et différentiels d’un programme de stimulation, basé sur le renforcement du
contrôle cognitif, de la mémoire épisodique et des connaissances méta-mnésiques (i.e.,
connaissance du fonctionnement de la mémoire prospective, connaissance des stratégies), sur
la performance de MP de personnes âgées en bonnes santé.
Méthode
L’échantillon est constitué de 42 personnes âgées de 60 à 90 ans, en bonne santé et vivant de
façon autonome à domicile ou en foyer logement. Les participants du groupe expérimental
(n=27 ; âge moyen = 73.11 ans, E.T. = 9.32 ; MMSE moyen = 28.93, E.T. = 1.03 ; nombre
moyen d’années de scolarisation = 11.52, E.T. = 3.67) participent à 10 séances de stimulation,
en petit groupe, à raison d’une heure par semaine. Le programme repose d’une part, sur la
réalisation d’exercices d’entraînement visant à renforcer la mémoire épisodique et le contrôle
cognitif et d’autre part, sur des éléments psychoéducatifs destinés à améliorer les
connaissances méta-mnésiques (e.g., explication du fonctionnement de la mémoire
prospective, apprentissage de stratégies). Les participants du groupe contrôle (n=15 ; âge
moyen = 71,6 ans, E.T. = 8.85 ; MMSE moyen = 28.80, E.T. = 0.94 ; nombre moyen
d’années de scolarisation = 10.93, E.T. = 3.99), appariés au groupe expérimental, ne
bénéficient d’aucune prise en charge particulière.
L’étude est construite selon un plan expérimental longitudinal de type pré-test / administration
du programme / post-test. Le pré-test et le post-test sont composés d’épreuves permettant
53
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
d’évaluer la MP en situation artificielle (tâches informatisées de type time-based et eventbased) et en situation écologique (se souvenir d’appeler un répondeur téléphonique, à une
heure précise ; se souvenir de poster une lettre à l’expérimentateur, un jour prédéfini). Ils
comportent également des épreuves classiques permettant d’évaluer la mémoire épisodique et
le contrôle cognitif ainsi que deux questionnaires d’auto-évaluation des stratégies mnésiques
internes et externes et de la mémoire prospective. Les épreuves du pré-test sont administrées
juste avant la participation au programme. Un premier post-test est effectué immédiatement
après la participation au programme, un second, trois mois après.
Résultats
Nous envisageons de présenter lors du congrès les résultats du premier post-test (disponibles
en février 2012) et ceux du second post-test (disponibles en mai 2012). Les données
recueillies (précision et latences des réponses aux tâches de MP, de mémoire épisodique et de
contrôle cognitif) seront analysées avec des modèles mixtes linéaires généralisés permettant
d’analyser simultanément les effets de la stimulation au niveau du groupe et au niveau
individuel. De façon générale, nous nous attendons à ce que l’amélioration des performances
des participants du groupe ayant bénéficié de l’entraînement soit supérieure à celle, due à
l’effet test/re-test, des performances des participants du groupe contrôle. Une hypothèse de
niveau différentiel complète la précédente. Nous faisons en effet l’hypothèse que les
participants qui ont une capacité de réserve cognitive (Kalpouzos, Eustache, & Desgranges,
2008) plus élevée (haut niveau d’éducation, niveau de contrôle cognitif initial élevé) que leurs
homologues, bénéficient proportionnellement plus que ces derniers du programme de
remédiation.
Discussion
Les résultats seront discutés au regard des recherches récentes concernant d’une part, les
effets du vieillissement sur la mémoire prospective et d’autre part, l’efficacité des
interventions cognitive chez la personne âgée en bonne santé.
Références
Ellis, J. A., & Freeman, J. E. (2008). Ten years on: Realizing delayed intentions. In M.
Kliegel, M. A. McDaniel, G. O. Einstein, M. Kliegel, M. A. McDaniel, G. O. Einstein (Eds.) ,
Prospective memory: Cognitive, neuroscience, developmental, and applied perspectives (pp.
1-27). New York, NY: Taylor & Francis Group/Lawrence Erlbaum Associates.
Henry, J.D., MacLeod, M. S., Phillips, L. H., & Crawford J. R. (2004). A MetaAnalytic Review of Prospective Memory and Aging. Psychology and aging, 19(1), 27-39.
Kalpouzos, G., Eustache, F., & Desgranges, B. (2008). Réserve cognitive et
fonctionnement cérébral au cours du vieillissement normal et de la maladie
d'Alzheimer. Psychologie & Neuropsychiatrie Du Vieillissement, 6(2), 97-105.
Schmidt, I., Berg, I., & Deelman, B. (2001). Prospective memory training in older
adults. Educational Gerontology, 27(6), 455-478.
Troyer, A. (2001). Improving Memory Knowledge, Satisfaction, and Functioning Via
an Education and Intervention Program for Older Adults. Aging, Neuropsychology &
Cognition, 8(4), 256-268.
Villa, K., & Abeles, N. (2000). Broad spectrum intervention and the remediation of
prospective memory declines in the able elderly. Aging & Mental Health, 4(1), 21-29.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
REMÉDIATION DE L’ATTENTION ET DE LA MÉMOIRE DE TRAVAIL AVEC
COGMED : APPLICATION À LA CLINIQUE DES RECHERCHES EN
NEUROSCIENCES ET DE L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE
Delphine Bachelier
Neuropsychologue, Editions du Centre de Psychologie Appliquée (ECPA)
Enseignante Ecole Psychologues Praticiens, Lyon, Hôpital Hôtel Dieu, Paris
Mots-clés : neuropsychologie, remédiation, mémoire de travail
Contenu
Suite aux travaux de Dr Michael Merzenich (Université de Californie) portant sur la plasticité
cérébrale, Dr Torkel Klingberg (Karolinska Institute) a développé en 1999 le premier
prototype de Cogmed, programme de remédiation de la mémoire de travail, définie par
Baddeley et Hitch (1974) comme étant un système responsable du stockage temporaire et de
la manipulation de l’information lors de la réalisation de tâches cognitives (raisonnement,
compréhension, apprentissage).
Cogmed a rapidement suscité l’intérêt tant des chercheurs (21 recherches publiées, plus de 40
en cours) que des cliniciens, ce qui a permis la validation et la distribution du programme
dans 35 pays. Celui-ci a été décliné en trois versions (Cogmed JM, Cogmed RM et Cogmed
QM) en fonction de l’âge et des performances cognitives des patients. Le programme Cogmed
peut être proposé à partir de 4 ans et se poursuit à l’âge adulte.
En proposant à ses patients le programme de remédiation de l’attention et de la mémoire de
travail Cogmed, le praticien s’engage dans le processus élaboré par l’équipe du Dr Klinberg :
25 sessions sont proposées sur ordinateur, au rythme de 5 sessions par semaine (comprenant
un nombre définis d’exercices, dont les contenus peuvent varier d’une session à l’autre)
pendant 5 semaines (20 à 45 minutes par session selon l’âge). Le professionnel prend contact
avec son patient une fois par semaine pour le soutenir et lui faire un retour sur l’évolution de
ses performances. A la fin des 25 sessions, le professionnel fait avec son patient le bilan de
ses progrès et des améliorations ressenties en vie quotidienne. La consolidation de la mémoire
de travail se poursuivant pendant plusieurs mois après l’arrêt du programme, le professionnel
reçoit à nouveau le patient 6 mois plus tard afin de réaliser un nouveau bilan.
La méthode de suivi du patient est enseignée aux praticiens Cogmed lors d’une formation
obligatoire d’une journée. En effet, une plateforme internet permet au patient et à son
thérapeute de visualiser le déroulement des sessions (jours travaillés, horaires de début et de
fin, temps de travail effectif/ temps de pauses, ordre de réalisation des exercices, répartition
des items réussis ou échoués au sein des exercices…), et l’analyse de ces données permet au
praticien de préparer ses entrevues hebdomadaires.
La valeur ajoutée de ce programme de remédiation réside dans l’adaptabilité du logiciel au
niveau cognitif du patient : la difficulté des items proposés au sein de chaque exercice s’ajuste
automatiquement aux capacités maximales de celui-ci pour l’obliger à fournir un effort
cognitif. Les retours proposés à la fois par le logiciel lui-même et par le praticien en charge de
la remédiation sont toujours positifs et valorisants. Outre l’augmentation durable des
compétences en mémoire de travail, on peut également s’attendre à une amélioration de
l’estime de soi du patient, définie par Coopersmith (1975), comme l’expression d’une
55
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
approbation ou d’une désapprobation portée sur soi-même. Elle indique dans quelle mesure
un individu se croit capable, valable, important.
Les parents des enfants ayant bénéficié du programme Cogmed font pour la plupart état d’une
amélioration de leur attention, de leur concentration ainsi que de leurs performances à l’école,
en français et en mathématiques. En effet, de nombreux auteurs, comme Dr Susan Gathercole
et Dr Steven Pickering (2003) ont montré que les performances au niveau de la mémoire de
travail prédisent la réussite scolaire chez l’enfant tout venant. Après la remédiation, les
enfants sont de manière générale plus calmes et moins impulsifs. Les adultes ayant participé à
l’entraînement expliquent pour leur part mieux se concentrer sur les différentes activités ou
conversations, mieux s’organiser ou d’être davantage capable de mener deux activités de
front.
Si le programme de remédiation Cogmed peut-être proposé à tout sujet présentant une
faiblesse de la mémoire de travail, les plus nombreuses recherchent portent sur l’utilisation de
la méthode auprès d’enfant TDA/H.
Lors de cette communication, nous présenterons en détails le contenu des exercices proposés,
la méthode de remédiation et les bénéfices attendus. Une étude de cas permettra d’illustrer
l’exposé. Nous présenterons enfin les données issues de la recherche.
Références
Baddeley, A.D., & Hitch, G. (1974). Working memory. In G.H. Bower (Ed.), The
psychology of learning and motivation: Advances in research and theory (Vol. 8, pp. 47–89).
New York: Academic Press.
Coopersmith, S. (1975) Building self-esteem in the classroom. In Developing
Motivation in Young Children. San Francisco : Albion Publishing Company. Pp 95-132. Now
distributed by Consulting psychologists Press. Inc.. Palo Alto. CA.
Gathercole, S.E. & Alloway, T.P. (2008). Working memory and learning: A practical
guide for teachers. London: Sage.
Gathercole, S.E., Brown, L. & Pickering, S.J. (2003). Working memory assessments at
school entry as longitudinal predictors of National Curriculum attainment levels. Educational
and Child Psychology, 20, 109–122.
Klingberg, T. (2008). The Overflowing Brain: Information Overload and the Limits of
Working Memory. Oxford University Press.
Klingberg, T. Fernell, E. Olesen, P.J. Johnson, M. Gustafsson, P. Dahlstrom, K.
Gillberg, C.G. Forssberg, H. (2005). Computerized Training of Working Memory in Children
With ADHD—A Randomized, Controlled Trial. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry,
44:2.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EVALUATION ERGONOMIQUE COMPAREE DE DEUX LOGICIELS DE
STIMULATION COGNITIVE
Melissa Brun, G. Michel & E. Brangier
ETIC (Expérience utilisateur dans le Traitement des Interactions technologiques et des
Conduites humaines et sociales) - EA 4432. InterPsy. Université de Lorraine - UFR Sciences
Humaines et Arts. BP 30309. Île du Saulcy - 57006 Metz (France)
Mots-clés : Séniors, ergonomie cognitive, évaluation ergonomique, stimulation cognitive
Introduction
Plusieurs recherches ont souligné que la pratique d’activités stimulantes permet de freiner les
effets négatifs du vieillissement, encore faut-il que les logiciels de stimulation soient adaptés
du point de vue ergonomique. L’objectif de cette communication est de restituer et d’analyser
les résultats de l’évaluation de deux logiciels de stimulation cognitive, à savoir Presco et un
produit en cours de conception. Ces logiciels sont destinés à stimuler, par divers exercices
ludiques, différentes dimensions et fonctions cognitives.
Méthode
Procédure et échantillon
L’évaluation a été menée à l’aide d’un test utilisateur sur un groupe de 32 séniors (âge moyen
78.19 ans) et à un groupe de 15 personnes (âge moyen de 30.47 ans).
Matériel
Le logiciel Presco comprend trente exercices ciblant différentes aptitudes cognitives. Le
second logiciel, stimulant la mémoire visuelle, a été conçu par notre équipe à travers une
conception centrée utilisateur. Les différentes performances de ces interfaces ont été mesurées
grâce à un questionnaire de satisfaction et une grille d’observation, type inspection
heuristique basée sur les critères ergonomiques. Les scores obtenus par chaque groupe, pour
le groupe âgé et le groupe contrôle, et par chaque méthode de recueil de données ont été
calculés et comparés.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Résultats
Un résultat important est que le nombre de difficultés rencontrées par les utilisateurs dans des
tâches de stimulation cognitive qui est de 10.09 en moyenne avec Presco, une utilisatrice âgée
est même restée une dizaine de minutes bloquée sur un écran de paramétrage. Les résultats du
questionnaire de satisfaction soulignent également des problèmes notamment d’ergonomie
visuelle, de guidage, de charge de travail, de contrôle et gestion des erreurs, d’homogénéité et
cohérence, de signifiance et de compatibilité. Pris dans leur globalité, les résultats de
l’inspection montrent enfin que les logiciels présentent des caractéristiques ergonomiques
différentes, celles de Presco ayant un niveau d’utilisabilité faible sur le plan de l’efficience et
des erreurs d’utilisation.
Discussion
Cette expérience met en évidence l’importance de certaines dimensions ergonomiques des
logiciels de stimulation cognitive. Leur adaptation à un public à besoin spécifique est souvent
insuffisante. Cette expérience souligne également qu’il est nécessaire de s’appuyer sur des
recommandations ergonomiques (feed-back, intention d’usage, formes de persuasion pour
poursuivre l’interaction, renforcement…) et plus généralement d’utiliser une approche
ergonomique pour améliorer la qualité des interfaces et donc l’utilisation de ces outils.
Conclusion
Notre étude a donc permis de voir l’apport positif de l’ergonomie des interactions humainmachine à la stimulation cognitive. Au-delà de l’effet réel de la stimulation cognitive qui n’est
plus à prouver, l’enjeu est de favoriser l’intention d’utilisation. Ceci n’est possible qu’en
créant des interactions adaptées sur le plan ergonomique.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
MNEMOZYNE
Pour une compensation de la mémoire prospective
Claude Dumas & B. Malafosse
CEREMH
Mots-clés : Tâche, Géolocalisation, Mémoire
Introduction
Au cours d’un travail portant sur la compensation des déficits de mémoire présents dans
certaines pathologies (traumatisme crânien, maladie d’Alzheimer…). Nous avons été amenés
à envisager l’utilisation d’applications pour smartphone.
Cette réflexion nous a conduits à isoler des fonctionnalités pouvant faire l’objet du
développement d’applications spécifiques. Il existe actuellement des applications disponibles
sur smartphone permettant la gestion et le rappel de tâche et des applications ayant des
fonctions de géolocalisation. Le couplage de ces fonctions permet d’envisager une application
pouvant constituer une aide à la planification et à la mémorisation de tâches.
Planification des tâches et mémoire prospective
Le gestionnaire de tâche est un outil permettant la planification d’action dans le temps et
assure un soutien à la mémoire prospective. La mémoire prospective, « mémoire du futur »,
permet d’anticiper sur une action à réaliser dans le futur ; elle est liée à la capacité du rappel
au moment où l’action doit être réalisée.
Il s’agit donc de deux tâches étroitement liées :
• La planification de l’action en amont afin de se souvenir de la tâche à réaliser.
• Le rappel de l’action à réaliser à l’instant prévu.
La limite de ces applications est liée au fait qu’une tâche doit pouvoir être rappelée au
moment où il est possible de la réaliser
Spontanément, nous utilisons des moyens mnémotechniques (le nœud au mouchoir, la liste
sur post-it…). Cependant, lorsque la tâche à réaliser survient dans un moment de stress ou de
forte charge mentale, il arrive souvent qu’elle soit oubliée.
Les gestionnaires de tâche existants permettent de planifier dans le temps les tâches à réaliser
et leur rappel au moment déterminé. Cependant, la tâche n’est pas forcément réalisable au
moment du rappel (notamment si l’on n’est pas à l’endroit prévu pour sa réalisation) ou le
rappel peut survenir à un moment de stress ou de charge mentale importante. D’autre part, il
est souvent difficile de prévoir l’heure à laquelle la tâche sera réalisable (exemple : rappel
d’achat à réaliser le soir lorsque les horaires ne sont fixes).
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
L’application Mnémozyne
Nous avons développé sur cette base l’application Mnémozyne, disponible sur les plateformes
iOs et Android, permettant d’associer à la planification temporelle une planification
géolocalisée qui permet de réaliser un rappel de la tâche en fonction de la proximité du point
localisé. Exemple : rappel d’achat du pain le soir en passant devant sa boulangerie.
Intérêt et Perspectives
Cette application aura ainsi plusieurs intérêts :
• assister ou compenser la mémoire prospective
• limiter les déplacements en optimisant les trajets (évite les oublis et les allers-retours
inutiles)
L’application va également permettre de faire du partage de tâche pour une communauté à
laquelle l’utilisateur est associé (exemple : famille, aidants…)
Elles peuvent être de plusieurs types :
• Individuelle : la tâche doit être réalisée par un des destinataires. Les destinataires sont
informés lors de la réalisation de celle-ci par un des membres.
• Multiple : Tous les destinataires doivent réaliser la tâche. L’expéditeur est au courant de sa
réalisation, ou pas, par chacun.
Nous envisageons à partir de cette application dédiée au grand public de proposer une
adaptation de cette application qui pourra être utilisée pour des programmes de réadaptation.
Cette application pourrait constituer une prothèse mnésique utilisable dans la vie quotidienne
afin de compenser ces déficits.
Références
Reed, K.S. (1999). Cognition : Théorie et application. DeBoeck Université.
Baddeley, A. (1993). La mémoire humaine. Pug.
.
60
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EVALUATION DES BESOINS EN DISPOSITIFS NUMERIQUES DE
REEDUCATION COGNITIVE ET DE L’IMPACT D’UNE METHODE SPECIFIQUE
CHEZ DES PATIENTS TRAUMATISES CRANIENS
Marie-Hélène Ferrer1, M.O.Mery2, & B. Alescio-Lautier3
1
Dpt SMCF, Institut de Recherche Biomédicale des Armées, BP 73, 91223 Brétigny-sur-Orge
2
ADAPT-Var, Espace Santé 2, 489 Av Rome, 83500 La Seyne sur Mer
3
UMR 7260, Laboratoire de Neurosciences intégratives et adaptatives, Aix-Marseille
Université, 3 place Victor Hugo, 13331 Marseille
Mots-clés : Mémoire, Attention, Handicap cognitif, Fonctions exécutives, Remédiation.
Notre étude s’intéresse à la fois aux besoins en dispositifs numériques de stimulation
cognitive d’une population spécifique celle des Traumatismes Crâniens (TC) et à l’impact
d’une méthode spécifique de réhabilitation cognitive (Alescio-Lautier B. & Touzet C., 2007).
Cette méthode de rééducation s’appuie sur un programme d’entraînement cognitif de la
mémoire et de l’attention personnalisé, via les technologies de l’information et de la
communication, dont les effets bénéfiques ont été montré sur une population de patients MCI
(Herrera et al., sous-presse). Nous avons adapté et évalué ce programme chez des patients aux
antécédents de TC graves.
Les TC représentent de part leur nombre, de part l’âge des patients et leurs atteintes
cognitives potentielles, un problème important de santé publique. Les mécanismes de
survenue des lésions cérébrales au cours des TC sont multiples et occasionnent des lésions
focalisées et diffuses qui génèrent des troubles cognitifs très variés dont des troubles
mnésiques, attentionnels et exécutifs. Cette population est une population jeune qui est
souvent familière de l’utilisation des nouvelles technologies via Internet et les jeux vidéo pour
laquelle la rééducation doit permettre si possible le retour à l’emploi ou une meilleure qualité
de vie.
Diverses stratégies visant à améliorer les fonctions cognitives lors de la réhabilitation
des TC ont été étudiées (Thornton et al., 2008) comme les effets de rééducations cognitives à
des habiletés basiques transférables à différents comportements de la vie quotidienne ou à des
habiletés spécifiques améliorant la réalisation de tâches très particulières. Certains
programmes informatisés ont eu un effet favorable chez les patients, particulièrement sur les
fonctions attentionnelles mais les effets sur les fonctions mnésiques sont encore discutés
(Rohling et al., 2009). Les programmes de réhabilitation cognitive intensive ont des bénéfices
cliniques non négligeables (Cicerone et al., 2004). Toutefois, dans un contexte clinique
traditionnel, en fonction de la situation géographique du patient et de la distance temporelle
du traumatisme, il est parfois difficile pour les professionnels de santé de proposer un grand
nombre de séances au cabinet médical à un patient. Le type d’entraînement testé dans notre
étude pourrait permettre d’intensifier la rééducation cognitive d’un patient sous la supervision
d’un professionnel de santé, paramétrant via internet un programme personnalisé que le
patient pourrait suivre seul ou avec l’aide d’un aidant à domicile.
Cette méthode d’entraînement cognitif qui a été développée au sein du Laboratoire de
Neurosciences Intégrative et Adaptative à Marseille (Alescio-Lautier B. &Touzet C., 2007)
permet une stimulation cognitive mnésique et attentionnelle personnalisée via les Technologie
de l’Information et de la Communication. Nous avons évalué l’impact de cette méthode chez
des TC à la fois sur la mémoire en différenciant la reconnaissance différée, le rappel immédiat
et le rappel différé, mais aussi sur les fonctions attentionnelles et exécutives à l’aide de tests
utilisés en pratique clinique avec des résultats quantifiables.
61
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Cette étude a été conduite sur cinq sujets, âgés de 27 à 44 ans, deux femmes et trois
hommes aux antécédents de TC grave remontant à plus de 10 ans, en deux périodes de deux
mois chacune : une période blanche (programme standard de réhabilitation dispensé au sein
de l’ADAPT du Var) suivie d’une période de rééducation incluant notre programme
personnalisé en ligne. Les résultats de trois bilans neuropsychologiques prenant en compte les
capacités mnésiques (Empans, BEM84), les capacités attentionnelles (TMT A, Barrage des
cloches) et les capacités exécutives (TMT B, Test de Stroop, Double Tâche de Baddeley,
Fluences verbales de Cardebat) ont été recueillis : avant et après la rééducation contrôle, avant
et après la période expérimentale. Nos résultats ont montré à l’aide d’une analyse statistique
non paramétrique (Test de Wilcoxon), une amélioration significative des capacités mnésiques
pour les mécanismes de reconnaissance et de rappel immédiat. En revanche, nos données
logicielles montrent une amélioration attentionnelle et exécutive au cours de notre
entraînement que nous n’avons pas retrouvée lors des tests neuropsychologiques.
Nous avons pu réévaluer un an après l’arrêt de notre programme de stimulation l’un de
nos sujets. Celui-ci présentait des progrès mnésiques majeurs après notre programme de
stimulation aussi bien pour la reconnaissance et le rappel immédiat que pour le rappel différé.
On observe une persistance des effets sur la reconnaissance et le rappel immédiat mais un
retour aux performances antérieures pour le rappel différé. Ces résultats préliminaires
semblent mettre en avant la persistance d’effets à long terme de la méthode testée mais la
nécessité de maintenir une stimulation de base pour conserver les effets positifs sur des
processus plus fragiles et éviter leur dégradation au stade antérieur à la stimulation testée.
En conclusion, un véritable besoin existe au sein de la population de traumatisés
crâniens de dispositifs qui permettraient d’intensifier les programmes de rééducation
cognitive standards. Nos résultats sont prometteurs. Suite à la stimulation cognitive
informatisée que nous avons testée un transfert du processus de reconnaissance au processus
de rappel apparaît chez nos TC au sein du bilan neuropsychologique ainsi qu’une
amélioration des processus attentionnels et exécutifs entraînés au sein de notre programme.
Une étude à plus grande échelle est prévue chez des TC graves mais aussi légers et modérés
afin de mieux caractériser l’impact cognitif et social de notre méthode de rééducation.
Références
Alescio-Lautier, B. & Touzet C. (2007). Brevet. Système de mesure et de stimulation
de l’activité neurologique. Date de dépôt le 28/06/2006. Publication n°2902917 du
28/12/2007. Déposant : Université de Provence.
Catellani, R., Zettin, M., Zoccolotti, P. (2010). Rehabilitation Treatments for Adults
with Behavioral and Psychosocial Disorders Following Acquired Brain Injury: A Systematic
Review. Neuropsychol Rev. 20, 52-85.
Cicerone, K.D., Mott, T., Azulay, J., Friel, J.C. (2004). Community integration and
satisfaction with functioning after intensive cognitive rehabilitation for traumatic brain injury.
Arch Phys Med Rehabil. 85, 943-950.
Herrera, C., Chambon C., Paban, V., Michel B., Alescio-Lautier, B. Efficiency
assessment of a computer-based cognitive training in patients with Amnestic Mild Cognitive
Impairment. Neuropsychologia. In press.
Rohling, M.L, Faust, M.E, Beverly, B., Demakis, G. (2009). Effectiveness of
Cognitive Rehabilitation Following Acquired Brain Injury: A Meta-Analytic Re-Examination
of Cicerone et al.’s (2000,2005). Neuropsychology. 23, 1, 20-39.
Thornton K.E., Carmody, D.P. (2008). Efficacy of Traumatic Brain Injury
Rehabilitation: Interventions of QEEG-guided Biofeedback, Computers, Strategies and
Medications. Appl Psychophysiol Biofeedback. 33, 101-124.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 4 : Cognition et Déplacements
Jeudi 24 mai / 10h-11h30
Amphithéâtre Bernard Santona
Modérateur : Florent Fouque (Dijon, Inserm U1093)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EVALUATION DES CAPACITES DE CONDUITE APRES LESION CEREBRALE
Véronique Bourrat-Salducci1, M. Enjalbert1, P. Delhomme2
1
USSAP Centre Bouffard Vercelli, Cerbère
2
IFSTTAR, LPC
Mots-clés : revue de littérature, AVC, conduite automobile
Introduction
Nous présentons une revue de littérature portant sur l’évaluation des capacités de reprise de la
conduite automobile après une lésion cérébrale, ainsi qu’un recueil des pratiques mené
principalement dans les différents établissements du réseau Comète en France. Les équipes de
médecine physique et de réadaptation sont régulièrement confrontées à cette problématique.
Or, si la nécessité d’une évaluation pluridisciplinaire (médecin, neuropsychologue,
ergothérapeute, moniteur auto-école) semble acquise, un important travail de recherche reste à
réaliser afin de permettre une harmonisation des tests à appliquer auprès de cette population
pour prédire leur retour à la conduite et peut-être une évolution de la réglementation actuelle.
Méthode
Revue de littérature
La revue de littérature a été menée sur une période 10 ans, de 2002 à 2011, à partir des motsclés : « Automobile driving » ; « Traumatic brain injury » ; « Stroke » (sources : Pubmed et
Cochrane).
Recueil des pratiques
Les pratiques de chaque établissement, en termes d’évaluation des capacités de conduite après
lésion cérébrale (TC, AVC, etc.), ont été recueillies grâce à un questionnaire portant sur le
nombre d’évaluations annuelles, le type d’intervenant (médecin, neuropsychologue,
ergothérapeute, formateur à la conduite), la durée et le contenu de l’évaluation.
Résultats
Revue de littérature
78 articles ont été retenus parmi 107 abstracts, dont 4 revues de littérature (Classen et al,
2009 ; Devos et al, 2011 ; Marshall et al, 2007 ; Tamietto et al, 2006). Les études sont très
hétérogènes et souvent de faible niveau de preuve. Un consensus se dessine toutefois, tant sur
la nécessité d’une évaluation « on road » (en situation de conduite sur route) et « off road »
(évaluation papier-crayon) (Akinwuntan et al, 2002 ; Coleman et al, 2002 ; Ponsford et al,
2008), que sur les différentes fonctions cognitives à évaluer (Innes et al, 2007 ; Marshall et
al, 2007).
Recueil des pratiques
30 établissements dont les 3 établissements nationaux possédant une auto-école interne, ont
répondu à ce questionnaire, ce qui représente un total d’environ 1200 évaluations par an. Les
méthodes utilisées sont extrêmement variables d’un établissement à l’autre. Il en est de même
pour la durée de l’évaluation. Le nombre et la nature des intervenants est également
hétérogène. Il existe toutefois un relatif consensus sur le contenu de l’évaluation, en
particulier sur la nature des fonctions à évaluer, et une volonté de parvenir à un standard en
vue d’une amélioration des pratiques.
64
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Discussion
L’importance d’optimiser les évaluations est mise en avant par plusieurs études rétrospectives
qui retrouvent un risque accru d’accident dans la population cérébrolésée (Lundvist et al,
2007 ; Schanke et al, 2008). Divers auteurs montrent également que la reprise de la conduite
est fortement corrélée à la qualité de vie (Novack et al, 2010 ; Patomella et al, 2008).
L’harmonisation des pratiques pour prédire le retour à la conduite semble donc s’imposer :
elle fait actuellement l’objet d’un travail mené conjointement par « COMETE FAIR » et le
CEREMH, travail auquel le CEN STIMCO est associé.
Références
Akinwuntan, Abiodun E, Feys, H., DeWeerdt, W., Pauwels, J., Baten, G., &
Strypstein, E. (2002). Determinants of driving after stroke. Archives of Physical Medicine and
Rehabilitation, 83(3), 334-341.
Classen, S., Levy, C., McCarthy, D., Mann, W. C., Lanford, D., & Waid-Ebbs, J. K.
(2009). Traumatic brain injury and driving assessment: an evidence-based literature review.
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Occupational Therapy Association, 63(5), 580-591.
Coleman, R. D., Rapport, L. J., Ergh, T. C., Hanks, R. A., Ricker, J. H., & Millis, S. R.
(2002). Predictors of driving outcome after traumatic brain injury. Archives of Physical
Medicine and Rehabilitation, 83(10), 1415-1422.
Devos, H, Akinwuntan, A. E., Nieuwboer, A., Truijen, S., Tant, M., & De Weerdt, W.
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ability of persons with brain disorders. Journal of the Neurological Sciences, 260(1-2), 188198.
Lundqvist, Anna, Alinder, J., & Rönnberg, J. (2008). Factors influencing driving 10
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65
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
INTERACTION ENTRE EMOTION ET ATTENTION LORS DE L’INITIATION DE
LA MARCHE
Laure Coudrat, T. Gélat, A. Le Pellec
Centre de Recherche sur le Sport et le Mouvement (CeRSM), EA 2931, Equipe Motricité et
Comportements, UFR STAPS Paris Ouest Nanterre – La Défense
Mots-clés : initiation de la marche, émotion, attention.
Introduction
Il s’agit d’étudier les relations entre émotion et attention lors de la production d’un
mouvement de l’ensemble du corps, l’initiation de la marche vers l’avant. Dans le cadre de la
théorie biphasique des émotions (Lang et al., 1997), plusieurs études portant sur ce
mouvement (e.g Gélat et al., 2011) ont mis en évidence un conflit émotionnel entre
l’information visuelle émotionnelle (images plaisantes vs déplaisantes) et la direction du
mouvement à réaliser. Ce conflit se traduit par une diminution des performances en terme de
temps de réaction (TR) et d’amplitude des réponses posturales précoces dans une situation
non congruente (NCO), i.e., s’approcher d’une image déplaisante, comparée à une situation
congruente (CO), i.e., s’approcher d’une image plaisante. Lorsque le stimulus émotionnel est
présenté comme un distracteur, la question est de savoir s’il est possible de faire abstraction
de cette information afin de ne pas altérer la performance du mouvement. Pour pouvoir traiter
cette question, il est nécessaire que la tâche cognitive conduisant à la décision d’action
possède une charge perceptive suffisamment élevée de façon à surcharger notre système de
traitement de l’information visuelle à capacité limitée (Lavie, 1995). Cette condition est
vérifiée lorsque le pourcentage d’erreur dans la tâche est suffisamment important (Pessoa,
2002). Dans ce cadre, les multiples informations visuelles rentrent en compétition pour être
traitées. L’information gagnante sera celle jugée prioritaire au regard des caractéristiques de la
tâche.
L’objectif de cette étude est de savoir si, dans une condition de charge cognitive élevée (N2),
le conflit émotionnel disparaît ou s’il est maintenu comparativement à une condition de
charge cognitive faible (N1). Si l’émotion requiert de l’attention, alors le conflit devrait
diminuer ou disparaître en condition N2 (hypothèse 1). A l’inverse, si l’émotion est traitée de
façon automatique, ce conflit serait maintenu dans les deux conditions N1 et N2 (hypothèse
2).
Méthode
9 jeunes adultes droitiers en bonne santé (âgés de 18 à 35 ans, dont 5 femmes) se tenaient sur
une plateforme de force, prolongée par un chemin de marche de 5m menant à un mur blanc
sur lequel étaient projetées des images issues de « l’International Affective Picture System »
(IAPS) (Lang et al., 2005). Après une croix de fixation de 2 sec, une image centrale (plaisante
vs déplaisante) et deux carrés en périphérie de l’image apparaissaient pendant 200ms. La
tâche consistait à marcher sur une distance de 3,25 m jusqu’à une table en initiant la marche
avec le pied droit. Un paradigme go/no-go était utilisé pour que le sujet ne puisse pas
anticiper le mouvement à réaliser : si le sujet percevait les carrés d’une taille identique alors il
ne devait pas bouger (no go) ; s’il percevait une différence dans la taille des carrés alors il
devait avancer (go) immédiatement, en faisant le moins d’erreur possible. Le sujet avait pour
consigne d’ignorer l’image centrale. Les deux conditions N1 et N2 étaient réalisées de façon
randomisée. Dans la condition N1, la différence de taille entre les carrés était importante
(90%), alors que dans la condition N2, la différence était seulement de 10%.
66
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Les variables analysées étaient : les erreurs ont été comptabilisées en pourcentage (les essais
associés aux erreurs n’ont pas été analysés), le temps de réaction, l’amplitude des réponses
posturales précoces en terme de quantité de recul du centre des pressions 300ms après le
début du mouvement t0 (IyP300ms).
Résultats
Un effet de la charge cognitive de la tâche est observé pour le TR et le pourcentage d’erreur
(p<0.0001). Ces deux variables augmentent dans la condition N2 (TR=810 + 131ms, 44%
d’erreur) vs N1 (TR=667 + 62 ms, 2% d’erreur). La charge cognitive en N2 est donc
clairement supérieure à celle observée en N1.
Pour le TR, un effet de congruence est également observé (p<0.001). Le TR augmente en
condition NCO vs CO. De plus, une interaction (p=0.046) entre la charge et le conflit montre
que l’effet de congruence est plus important en N2 (p=0.0014) qu’en N1 (p=0.087).
En revanche, pour l’amplitude des réponses posturales précoces (IyP300ms), aucun effet de
congruence ni aucune interaction ne sont observés.
Discussion
Malgré une charge cognitive importante en condition N2, l’effet de congruence observé sur le
TR augmente dans la condition N2 comparé à la condition N1. L’information émotionnelle
n’a donc pu être ignorée malgré la charge attentionnelle élevée de la tâche. Ce résultat valide
notre seconde hypothèse selon laquelle l’émotion serait traitée de manière automatique,
suggérant que l’information émotionnelle est prioritaire dans notre tâche, même lorsque la
charge perceptive est élevée.
Dans notre tâche, la production d’un mouvement vers le stimulus émotionnel (i.e.,
comportement d’approche) est intimement liée à l’information émotionnelle (plaisante vs
déplaisante), à la différence des études demandant de presser une touche sur un clavier
(Pessoa, 2002). En effet, selon la théorie biphasique des émotions, les comportements
d’approche et d’évitement résultent des systèmes motivationnels appétitif vs défensif activés
respectivement dans des contextes plaisant vs déplaisant. Nous retrouvons ainsi une
caractéristique du modèle de l’attention de Kahneman (1973), selon lequel la signification
d’une information (émotionnelle) dirige involontairement notre attention vers son traitement.
Aucun effet de congruence ne s’observe sur l’amplitude des réponses posturales précoces quel
que soit le niveau de charge cognitive. En conclusion, la durée de la préparation de la réponse
(planification et programmation) est affectée par l’émotion même lorsque la charge cognitive
est élevée, alors que l’amplitude des réponses posturales précoces est indépendante de
l’émotion.
Références
Gélat, T. et al. (2011). Gait initiation is affected during emotionnal conflict.
Neuroscience Letters, 497(1), 64-67.
Kahneman, D. (1973). Attention and effort. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall.
Lang, P.J., Bradley, M.M., Cuthbert, B.N. (1997). Motivated attention: affect,
activation and action, Attention and Orienting: Sensory and motivational processes, Lawrence
Erlbaum Associates, Mahwah, NJ. 97-135.
Lavie, N. (1995). Perceptual load as a necessary condition for selective attention.
Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance, 21(3), 451-468.
Pessoa, L. et al. (2002). Attentional control of the processing of neutral and emotional
stimuli. Cognitive Brain Research, 15, 31-45.
67
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
APPRENTISSAGE IMPLICITE D’UNE STRUCTURE MOTRICE DE
DEPLACEMENT ET ABSTRACTION SEMIOTIQUE
Jean Keller & G. Lacelle
GEPECS, UFR STAPS, Université Paris Descartes
1, rue Lacretelle, 75015 Paris, France
Mots-clés : apprentissage implicite, enfant, lecture.
Introduction
L’apprentissage ne se limite pas à son aspect explicite, conscient, mais implique un mode
implicite. Ce processus suppose que le système est capable d’extraire des régularités parmi
des situations variées dont les traits structurant se répètent dans chacune de ces situations. Cet
apprentissage ne présente pas d’explication intentionnelle de connaissances et n’implique pas
l’utilisation de boucles de rétroaction. L’extraction de règles par le système nerveux
s’accompagne de la constitution de connaissances abstraites, toujours selon un mode
inconscient.
L'apprentissage du langage par l'enfant est l’exemple type de ce mode de processus
d’apprentissage inconscient de règles (grammaticales) qui se traduit par des connaissances
abstraites (Reber, 1976). Les protocoles expérimentaux sont souvent basés sur la répétition de
sons ou de symboles. Il a été peu abordé dans le cadre de la motricité.
Les tâches motrices sont appliquées au tracking manuel, mais selon Wulf et Shea (2004), une
différence existerait entre les tâches impliquant tout le corps et celles impliquant le
mouvement d’un membre (la main de manière générale).
Nous avons montré (Benzarti & Keller, 2009) que des enfants de 11 à 12 ans étaient capables
de repérer une structure spatiale répétée dans un espace de déplacement locomoteur. Cette
structure qui représentait une lettre, le « J », pouvait également être reconnue sous sa forme
abstraite, manuscrite.
L’objectif de ce travail est de déterminer la validité de ce type d’apprentissage pour des
enfants plus jeunes à l’âge de huit ans, période d’intériorisation des opérations mentales.
Protocole
8 filles et 11 garçons âgés de 8 et 9 ans, scolarisés dans un collège de la banlieue parisienne
ont participé à l’expérience. Ils
devaient se déplacer dans un espace
quadrillé, délimité par des marques au
sol. Les lignes étaient espacées de 30
cm. L’ensemble comprenait sept
lignes parallèles (Figure 1).
Les dix premiers itinéraires étaient
différents, excepté un passage qui
représentaient une forme commune :
la lettre « J », située au même endroit
et possédant une orientation identique
pour chaque parcours. Deux trajets
« contrôles » ont ensuite été effectués
par les participants. L’un d’entre eux
ne possédait pas la structure Figure n°1 : Exemple d’un déplacement en fonction
précédemment répétée. Chaque sujet de six lignes en carré. En pointillé, le parcours qui
devait ensuite identifier entre les deux change, en ligne continue, le parcours constant (J).
68
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
parcours contrôle le parcours correspondant le plus aux dix parcours tests précédemment
réalisés (un seul de ces deux parcours comprenait le « J »). Puis, il devait choisir parmi trois
plaques contenant chacune 5 lettres, afin de changer l’ordre de présentation et éviter l’effet de
primauté de l’information, la lettre qui ressemblait le plus au parcours réalisé (c’est-à-dire le
J).
Résultats
14 enfants reconnaissent le parcours contrôle possédant la structure (74 % en tout). Pour le
Ȥ²(1, N = 19) = 4.3, p < .05. L’hypothèse théorique est donc vérifiée, les enfants réussissent à
identifier une structure répétée. Il est à noter que pris séparément chaque groupe de genre
n’est pas validé statistiquement, les filles ont un Ȥ²(1, N = 8) = 2, p > .05 et les garçons, Ȥ²(1,
N = 11) = 2.3, p > .05. Il n’y a pas de différence statistique entre les filles et les garçons, Ȥ²(1,
N = 19) = 1.17, p > .05.
11 enfants (4 filles et 7 garçons, soit 58%) reconnaissent la lettre J préférentiellement, Ȥ²(4, N
= 19) = 18.8, p < .001, mais la différence n’est pas vérifiée statistiquement pour les filles,
Ȥ²(4, N = 8) = 5.75, p > .05, alors qu’elle l’est pour les garçons, Ȥ²(4, N = 11) = 13.1, p < .01 et
qu’il n’y a pas de différence entre filles et garçons, Ȥ²(4, N = 19) = 2.75, p > .05.
Discussion
L’observation réalisée avec les enfants de 11-12 ans est confirmée pour les enfants de 8 ans
dans leur ensemble. Cette observation sera complétée pour augmenter le nombre d’enfants par
genre.
L’apprentissage moteur implicite implique le corps entier. Les enfants détectent des
régularités spatiales pour établir des relations entre un mouvement et un événement (Magill,
1998). Ainsi, les enfants sont capables de reconnaître la structure répétée de déplacements
dans l’espace, mais sans qu’il ne puisse dire pourquoi ou comment.
Il est intéressant d’observer que l’enfant a la possibilité de passer de l’espace du déplacement
de son corps à la représentation figurale de lettres car il s’agit de reconnaissance d’une
régularité de structure de forme. La démarche montre également le processus inconscient de
cet apprentissage.
Ce passage d’un niveau moteur à un niveau perceptif soutient l’hypothèse de Reber (1976) sur
la constitution de connaissances abstraites sur un mode inconscient.
Il est donc envisageable d’étendre l’étude à un plus grand empan de population afin de
déterminer à quel âge le phénomène est perceptible.
Ainsi, des implications pédagogiques seraient envisageables dès les petites classes. Lors de
l'apprentissage, il est important que les élèves acquièrent certaines régularités de
l'environnement par les connaissances implicites. Cela pourrait aider l’apprentissage de la
lecture en faisant reproduire avec le corps, des parties du corps ou toutes sortes d’objets, des
formes géométriques, notamment de lettres, pendant les cours d’éducation physique à l’école.
Références
Benzarti, S., & Keller, J. (2007). Apprentissage implicite d’une structure motrice de
déplacement et représentation. Congrès de la SFPS, Montpellier, 4-7 juillet.
Magill, R. A. (1998). Knowledge is more than we can talk about: implicit learning in
motor skill acquisition. Research Quarterly for Exercise & Sport, 69(2), 104-110.
Reber, A. S. (1976). Implicit learning of synthetic languages: the role of instructional
set. Journal of Experimental Psychology: Human Learning and Memory, 2(1), 88-94.
Wulf, G., & Shea, C. H. (2004). Understanding the role of augmented feedback: The
good, the bad, and the ugly. In A. M. Williams & N. J. Hodges (Eds.), Skill acquisition in
sport: Research, theory and practice (pp. 121-144). London: Routledge.
69
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
CAN THE STROOP TEST FOR DUAL TASK LOCOMOTOR PERFORMANCE
REVEAL THE EXISTENCE OF COGNITIVE DECLINE?
Anaick Perrochon1,2,3, G. Kemoun1,2, A. Berthoz3
1
ISIS : institut de recherche sur l’autonomie fonctionnelle, Paris
2
MOVE : EA3813 – Université de Poitiers
3
Collège de France, Paris
Keywords: locomotion, stroop, inhibition, dual-task.
Introduction
The Stroop test consists in a mental inhibition task that is affected by normal and pathological
aging (Fournet, 2007).
The objective is to determine whether or not the Stroop interference effect is heightened in
various walking situations according to the type of cognitive impairment.
Method
Population
35 older aged, autonomous volunteers without any pathology likely to influence walking or
posture were given a psychometric test (MMSE ; BREF ; 5 words of Dubois), an evaluation
of the inhibitory functions (Stroop), and an instrumented 10m walking test (GaitRite).
We divided the participants into 3 groups according to their levels of performance with regard
to the executive functions (EF): 9 low EF patients (memory and EF impairment), 17 older age
high EF subjects (7 memory impaired and 10 healthy older adults) and 9 middle EF patients.
Protocol
In dual-task performance (DT), the Stroop test is applied to walking tasks through different
procedures:
- Walking Stroop Carpet (WSC), with displacement towards the stepping targets constituted
by words and colors on the floor. Two versions of WSC were used that differed in the pattern
of placement of words and colors. Three subsequent subtasks were tested on the mat (walk on
the words, on the colors and on the ink color of the printed words).
- Walking Stroop Verbal (WSV), in which, while walking, the participants were instructed
read the words, name the colors, and finally, name the ink color of the printed words as
quickly and as accurately as possible in the three subsequent subtasks projected on a screen.
Results
The only correlation observed is the one between WSV motor performances and the
psychomotor version of the Stroop test (R = 0.39 à 0.62).
With regard to the WSC test, it was observed that the low EF groups performed less
satisfactorily than the other groups, and there also existed a significant difference between the
middle EF and the high EF participants. The WSV test did not allow for differentiation
between the groups.
DT cost under congruent conditions (reading) and non-congruent conditions (name the ink
color of the printed words) showed no significant difference between the two forms of
exercise.
70
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Conclusions
The Stroop interference effect is markedly modified during the walking exercise. WSC is a
complex DT task facilitating early detection of dysexecutive impairment.
References
Fournet, N., Mosca, C., & Moreaud, O. (2007). [Deficits in inhibitory processes in
normal aging and patients with Alzheimer's disease: a review]. Psychol Neuropsychiatr Vieil,
5(4), 281-294.
71
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
INTERVENTION D’UN REFLEXE MUQUEUX A POINT DE DEPART ORAL DANS
LA LOCALISATION SPATIALE VISUELLE
Alfredo Marino1 & P. Quercia2
1
Cabinet d’orthodontie, Viale Verdi 4, Vicenza, Italie
Département d’Ophtalmologie, CHU, Dijon, France
2
Mots-clés : déficience posturale, stimulation muqueuse, localisation spatiale.
Introduction
Le test de Maddox postural, évaluant les hétérophories verticales lors de la stimulation des
capteurs posturaux (Matheron E, 2009) est devenu un critère clinique essentiel de l’évaluation
du syndrome de déficience posturale (Martins Da Cunhà H, 1979), notamment dans le cadre
des troubles sensori-moteurs présentés par les dyslexiques (Marino A, Quercia P, 2006). Une
de ces stimulations consiste à mettre en contact la pointe de la langue avec la muqueuse
palatine en arrière des incisives. Ce réflexe linguo-palatin permet d’apprécier si la bouche
peut être utilisée comme accès à une information normalisatrice dans les syndromes de
déficience posturale, à l’instar de la sole plantaire ou de la motricité oculaire. Le mécanisme
exact de ce phénomène d’observation est encore obscur même si, hypothèse vraisemblable, la
régulation mise en jeu à partir de la bouche peut emprunter la proprioception oculaire, les
informations de ces deux entrées étant véhiculées par le nerf trijumeau. Le présent travail a
cherché à savoir si cette réponse est liée à la position de la langue (c’est-à-dire une
information proprioceptive dont le départ serait les fuseaux neuromusculaires des muscles de
la langue) ou au contact des deux muqueuses, celle de la pointe de la langue étant plaquée
contre la muqueuse palatine rétro-incisive (information extéroceptive dont le point de départ
serait les récepteurs muqueux).
Matériel et méthodes
Trente-cinq enfants, 15 garçons et 20 filles, âgés de 6 à 13 ans, ont participé au protocole : 25
enfants dans le cadre d’une dyslexie de développement et 10 enfants dans celui de troubles de
l’articulé dentaire. Ils présentaient tous un syndrome de déficience posturale à l’examen
clinique. La localisation spatiale au test de Maddox postural était normalisée chez tous les
patients par le contact entre la pointe de la langue et les papilles palatines rétro-incisives. La
sensibilité de la pointe de la langue a été modifiée en appliquant sur sa muqueuse soit une
solution d’anesthésique de contact visant à supprimer les informations extéroceptives codant
la pression entre les 2 muqueuses (chlorhydrate de mépivacaïne à 1% - 25 sujets) soit de
l’acide acétique à 10% (10 sujets), ces 2 solutions donnant la même sensation gustative de
picotement au niveau de la pointe de la langue. L’observateur ignorait laquelle de ces deux
solutions, tirées au sort par une tierce personne, était appliquée. Le test de Maddox postural a
été répété au moment de l’application du produit (immédiatement), 30 secondes puis 2, 5, 15
et 30min plus tard.
Résultats
L’anesthésie de la langue a immédiatement modifié la réponse au test de Maddox postural
avec un retour à l’hétérophorie verticale chez tous les sujets sauf un. A 30 min, la majorité
(92%) des sujets a retrouvé un réflexe linguo-palatin normalisant la localisation spatiale. Le
contact de la langue avec l’acide acétique a modifié l’orthophorie chez 2 patients pendant un
temps très court (inférieur à 30 secondes) et n’a modifié en rien celle des 8 autres.
72
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Evolution de l’orthophorie du groupe contrôle et du groupe expérimental
Discussion
Le rôle du réflexe linguo-palatin dans les hétérophories verticales, dont Matheron (2009) a
montré le rôle dans la régulation posturale, est une donnée nouvelle à intégrer à l’étude des
relations sensori-motrices complexes qui interviennent dans cette régulation. L’action de
l’anesthésie de la pointe de la langue au chlorhydrate de mévipacaïne sur le réflexe linguopalatin montre que c’est le contact entre les deux muqueuses qui se manifeste sur la régulation
des hétérophories verticales labiles. La position de la langue, dépendante de la proprioception
des muscles qui la composent, ne semble pas jouer de rôle direct. Ces résultats conduisent à
envisager le capteur oculaire et le capteur stomatognatique comme un capteur unique dont les
informations sont véhiculées par le nerf trijumeau. Ils renforcent l’idée que, pour ce qui
concerne la régulation posturale, la bouche ne doit plus être considérée seulement d’un point
de vue morpho-mécanique (critères de forme et type d’occlusion) mais aussi sous son aspect
sensoriel.
Conclusion
Ces résultats semblent indiquer que les muqueuses linguale et palatine, comme probablement
toutes les structures orales sensorielles de la bouche, font partie des mécanismes
fondamentaux d’intégration sensori-motrices qui interviennent dans la localisation spatiale
visuelle. Il parait nécessaire de prendre en compte cette notion dans toutes les études et
thérapeutiques où l’on doit intervenir sur cette caractéristique visuelle.
Références
Da Cunhà H.M. (1979). Syndrome de déficience posturale, Actualité en rééducation
fonctionnelle et en réadaptation, 4° série, 27-31, Masson, Paris.
Marino A., Quercia P. (2007). Stimulations trigéminales bipolaires : vers une
orthodontie neuro-sensorielle au cours de la dyslexie de développement. Dysfonctions
motrices et cognitives, B. Weber, Ph. Villeneuve, 76-81, Masson, Paris.
Matheron E. (2009). Incidence des phories verticales sur le contrôle postural en vision
binoculaire. Thèse neurosciences, Paris V Descartes.
73
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 5 : Performance Cognitive, Entraînement Physique
Vendredi 25 mai / 10h-11h30
Amphithéâtre Louis Mieusset
Modérateur : Romuald Lepers (Dijon, Inserm U1093)
74
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
PROLONGED COGNITIVE STIMULATION INCREASES PERCEPTION OF
EFFORT AND REDUCES ENDURANCE PERFORMANCE DURING A PHYSICAL
TASK
Benjamin Pageaux1,2, S. Marcora1, R. Lepers2
1
Centre for Sport Studies, University of Kent, Chatham Maritime, Kent, United Kingdom
INSERM U1093, Faculty of Sport Sciences, University of Burgundy, Dijon, Burgundy,
France
2
Keywords: mental fatigue, endurance, based-decision making.
Introduction
Cognitive stimulation could be defined as the stimulation of mental process, such as attention,
memories, language, resolving problem or making decision. The AX-continuous performance
test (AX-CPT) is a cognitive task that requires sustained attention, working memory, response
inhibition and error monitoring (Carter et al.1998). The AX-CPT is used to induce mental
fatigue, which is well known to decrease cognitive performance after a prolonged and
demanding cognitive task (Boksem et al. 2006). A recent study (Marcora et al. 2009)
demonstrated that mental fatigue also reduces endurance performance during high-intensity
cycling exercise. This negative effect of mental fatigue on endurance performance may be
mediated by its effects on neuromuscular function. The first hypothesis is that prolonged
mental exertion induces significant central fatigue defined as a reduced ability of the central
nervous system to fully recruit the active muscles during a maximal effort. The second
hypothesis is that mental fatigue exacerbates the central fatigue induced by prolonged
submaximal exercise and consequently reduces endurance performance. The aim of this study
was to test these two hypotheses by assessing neuromuscular function.
Methods
Neuromuscular function was assessed for ten males subjects in two different conditions: A)
before and after a prolonged and demanding cognitive task known to induce mental fatigue
(AX-CPT); B) before and after an easy cognitive task (watching a movie). Both cognitive
tasks were followed by a submaximal knee extensors contraction performed until exhaustion,
and a third assessment of peripheral and central fatigue. Rating of perceived exertion (RPE)
was measured during the time to exhaustion test. Results are presented as means ± SD, and
analysed by paired t-tests or two-way repeated-measure ANOVAs.
Results
Time to exhaustion was 13% shorter in the mental fatigue condition (230 ± 72 s) compared to
control condition (266 ± 82 s) (P<0.01). However, prolonged and demanding cognitive
activity did not have any significant effect on maximal voluntary contraction (MVC),
voluntary activation level (VAL) and peripheral parameters of neuromuscular function.
Neuromuscular alterations induced by the endurance exercise were in accordance with the
literature (Place et al. 2005). However, a similar decrease in MVC (mental fatigue -26.7 ±
17.9 %, control -27.6 ± 10.3 %) and VAL (mental fatigue -10.6 ± 13.5 %, control – 11.2 ±
16.4 %) occurred in both conditions (Fig 1). Evolution of EMG indexes (RMS/M) of vastus
lateralis and rectus femoris muscles activation was similar to VAL values. Mentally fatigued
subjects rated perception of effort higher during the endurance performed after the cognitive
task compared to the control condition (Fig 2).
75
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Fig 1 : Evolution of knee extensors VAL #: Significant
Effect of time (P<0.05). CT = Cognitive Task and ET =
Endurance Task. Data are presented as means r SD
Fig 1: Evolution of perceived exertion (RPE) during
the submaximal contraction of knee extensors until
exhaustion. ### : Significant effect of time (P<0.001) ;
$ : significant effect of condition (P<0.05). Data are
presented as means r SD
Discussion
The present data corroborated the finding of Marcora et al. (2009) obtained for a dynamic
cycling exercise. These results provide the first experimental evidence that inducing mental
fatigue, with a prolonged demanding cognitive stimulation, does not induce or exacerbate
central or peripheral fatigue. Therefore, the reduction in endurance performance observed in
mentally fatigued subject cannot be mediated by a reduction in neuromuscular function. The
most likely mechanism for the negative effect of mental fatigue on time to exhaustion would
be the increase in perception of effort experienced following a prolonged and demanding
cognitive stimulation task, which requires based-decision making. This increase in perception
of effort could be closely linked to an activity of the anterior cingular cortex. This cortex area
is directly involved during the AX-CPT (Carter et al. 2008) and functional magnetical
resonance imagery studies have shown its link with the perception of effort (Williamson et al.
2001). These results are supporting the psychobiological model of endurance performance
(Marcora et al. 2008) and demonstrated an eventual negative impact of a prolonged high
demanding cognitive stimulation on endurance performance during a physical task in humans.
References
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performance in humans. J Appl Physiol 106: 857-864.
Place N, Maffiuletti NA, Ballay Y, Lepers R (2005) Twitch potentiation is greater
after a fatiguing submaximal isometric contraction performed at short vs. long quadriceps
muscle length. J Appl Physiol 98: 429-436.
Williamson JW, McColl R, Mathews D, Mitchell JH, Raven PB, and Morgan WP
(2001) Hypnotic manipulation of effort sense during dynamic exercise: cardiovascular
responses and brain activation. J Appl Physiol 90: 1392-1399.
76
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
CEREBRAL OXYGENATION, EXERCISE CAPACITY, CARDIAC OUTPUT AND
COGNITIVE PERFORMANCE IN PATIENTS WITH CORONARY HEART
DISEASE
Joffrey Drigny 1, M. Gayda 1,2, A. Nigam 1,2, M. Juneau 1,2, L. Bherer 3,4, V. Gremeaux 1,2,5,6,7
1
Montreal Heart Institute Cardiovascular and Prevention Centre (Centre ÉPIC), Montreal,
Quebec, Canada;
2
Research Center, Montreal Heart Institute and "Université de Montréal", Montreal, Quebec,
Canada
3
Département de Psychologie, Université du Québec à Montréal, Montréal, Québec, Canada
4
Research Center, Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, Montréal, Québec, Canada
5
Pôle Rééducqtion-Réadaptation du CHU de Dijon, France
6
INSERM - U1093 “Cognition, Action, et Plasticité Sensorimotrice”, Dijon, France
7
INSERM CIC-P 803, Plateforme d’Investigation Technologique, CHU Dijon, France
Keywords: coronary artery disease, cognitive function, cerebral oxygenation.
Introduction
Cognitive impairment and dementia are a growing source of morbidity and reduced quality of
life. These states are often preceded by a period of mild cognitive impairment (MCI) (Luck et
al. 2010). Recent data suggest that coronary heart disease (CHD) is associated with nonamnesic mild cognitive impairment (Roberts et al. 2010). The purposes of this study were: 1/
to assess VO 2 max, cardiac output, and cerebral hemodynamic changes during maximal
exercise in patients with stable CHD and healthy adults; 2/ to assess potential relationships
between those parameters and cognitive performance.
Method
Participants: Ten stable fit CHD patients (67.1±10.5 years) and 9 age-matched controls
(62.2± 1.9 years).
Measures: cognitive performance (standart battery of validated neuropsychological tests);
maximal exercise test on ergocycle with gas exchange analysis, non-invasive cardiac output
measurement (cardiac bioimpedance) and Near Infrared Spectroscopy (NIRS) signals at the
brain level (oxyhaemoglobin: O 2 Hb, deoxyhaemoglobin: HHb, total haemoglobin: THb, and
differential haemoglobin: Hbdiff).
Results
There were no intergroup differences in VO 2 max or maximal cardiac output. With respect to
NIRS signals, we observed a higher amplitude for O 2 Hb (p<0.01); THb (p<0.05) and Hbdiff
(p<0.05) in CHD patients. We also observed a higher amplitude for O 2 Hb, THb, and Hbdiff
(p<10-4) in younger (<62 years) vs. older (>62 years) participants. HHb (p<10-4 ) and Hbdiff
(p<0.01) amplitude were also higher in more fit (•120% theoretical VO 2 max) vs. less fit
subjects (<120%). Cognitive tests results were lower in CHD group, especially regarding
executive functions (Backward digit span score, p<0.05; Trail Making Test B (TMT-B),
p=0.05; Stroop test (inhibition/flexibility condition), p<0.05). When considering all 19
participants, maximal cardiac output correlated with Forward digit span score (r=0.6,
p<0.0001), and TMT-B (r=-0.61, p<0.01), whereas VO 2 max correlated with Forward and
Backward scores (r=0.48, p<0.05; and r=0.49, p<0.05) and TMTB (r=0.-0.57, p=0.01).
77
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Discussion
Compared to age-matched controls, stable fit CHD patients have a comparable maximal
exercise tolerance and cardiac output, with higher NIRS cerebral signals amplitude. However,
they present reduced cognitive performance at rest, especially with respect to executive
functions. An important inter-individual variability of cerebral NIRS signal amplitude was
observed, with age and fitness appearing as major contributors. A larger sample size is
required to assess more clearly relationships between exercise, hemodynamic parameters and
cognitive performance.
References
Luck, T., Luppa, M., Briel, S., Riedel-Heller, S.G (2010). Incidence of Mild Cognitive
Impairment: A Systematic Review. Dement Geriatr Cogn Disord, 29(2):164-175.
Roberts, R.O., Knopman, D.S., Geda, Y.E., Cha, R.H., Roger, V.L., Petersen, R.C
(2010). Coronary heart disease is associated with non-amnestic mild cognitive impairment.
Neurobiol Aging, 31(11):1894-902.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EFFETS D’UNE STRATEGIE COGNITIVE DISSOCIATIVE AVEC FEEDBACK
VIDEO SUR LE TEMPS DE MAINTIEN DE LA VITESSE MAXIMALE AEROBIE
Vincent Hagin & A. Groslambert
Laboratoire Culture – Sport – Santé – Société (C3S)
Université de Franche-Comté, UPFR – Sports, Besançon
Mots-clés: dissociation, RPE, VMA.
Introduction
De nombreux travaux ont été menés sur la problématique des stratégies cognitives dans le
sport, principalement dans les disciplines d’endurance (Salmon, Hanneman, & Harwood,
2010). Ces études montrent, que pour améliorer leurs performances, les sujets ont recours à
des stratégies attentionnelles appelées i) stratégie associative où l’attention est fixée sur des
sensations somatiques, ii) stratégie dissociative où l’attention est fixée sur des informations
extérieures (L. Scott; D. Scott, Bedic, & Dowd, 1999). Ces études montrent que le recours à
l’une de ces stratégies varie en fonction du niveau de pratique ou de l’intensité de l’exercice.
Une seule étude a utilisé la vidéo comme stratégie dissociative (Scott et al., 1999), mais
aucune, à notre connaissance, n’a mesuré l’effet d’un feedback vidéo de la tâche à réaliser. Le
but de la présente étude est d’évaluer l’impact sur le temps de maintien de la vitesse maximale
aérobie (VMA), d’une stratégie dissociative utilisant la visualisation d’une vidéo montée en
boucle montrant le sujet en train de courir. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle la
visualisation d’un modèle extérieur pourrait atténuer la fatigue perçue du sujet et permettre
ainsi de maintenir plus longtemps son effort.
Méthode
Onze sujets sportifs entraînés, de sexe masculin, (âge: 24.5 ± 4 ans, poids: 72.8 ± 7.5kg; taille:
1.77 ± 0.1m; IMC: 22.64 ± 1.5) ont participé à cette étude. Afin de déterminer la VMA
chaque sujet a effectué sur tapis roulant un test progressif de course mené jusqu’à épuisement.
Ensuite, le sujet a réalisé, à une semaine d’intervalle et dans un ordre aléatoire, i) un test de
temps limite où il devait courir sur tapis roulant aussi longtemps que possible à 100 % de sa
VMA, sans stratégie attentionnelle particulière (condition contrôle), ii) un test de temps
limite, identique à la condition contrôle, mais le sujet était invité à fixer son attention sur une
vidéo en boucle montrant le sujet en train de courir de dos lors du dernier palier de son test
VMA (condition vidéo). Il était demandé au sujet de synchroniser sa foulée sur celle du
modèle. La fréquence cardiaque a été mesurée en continu et la perception de l’effort a été
évaluée (RPE 6-20, Borg, 1998) toutes les 30 sec. Un test-t apparié a permis de comparer les
temps limites enregistrés dans les 2 conditions. Comme les sujets n’ont pas atteint le même
temps limite, les résultats ont été présentés sous la forme d’un temps relatif à la condition de
contrôle. Afin de pouvoir déterminer les valeurs manquantes nous avons, à l’aide d’une
régression linéaire (Robertson et al., 2002) et sur la base de la condition de contrôle, interpolé
les valeurs pour le RPE et la fréquence cardiaque. Ces dernières ont été exprimées en % de la
condition contrôle. Une ANOVA à deux facteurs (2 conditions et 10 mesures) et un test de
Fisher post-hoc ont été utilisés pour déterminer les effets. La probabilité a été fixée à P <
0.05.
79
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Perception de l’effort (UA)
Résultats
Les résultats montrent une augmentation significative du temps limite (P < 0.05; t= 3.75) de
51.6 ± 47.6 s. (soit un gain de + 19.2 %) pour le groupe vidéo comparé au groupe contrôle.
On observe aussi un effet condition (F (1, 9) = 26.79; P < 0.05, Puissance = 1) un effet mesure
(F (1, 9) = 92.74; P < 0.05, Puissance = 1) mais pas d’interactions (F (1, 9) = 0.29; P > 0.05,
Puissance = 0.15) pour le RPE. Comme indiqué dans la Figure 1, la perception de l’effort
enregistrée dans la condition vidéo est significativement plus basse que celle du groupe
contrôle à 50, 60, 70, 80, 90, 100 % du temps limite de la condition contrôle. En revanche,
aucune différence significative n’a été trouvée pour la fréquence cardiaque.
* * * * * *
20
18
16
14
12
10
8
6
Contrôle
Vidéo
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
% du temps limite de la condition contrôle
Figure 1: RPE calculé à différents pourcentages de la condition contrôle
Discussion
Cette étude montre que l’utilisation d’une stratégie attentionnelle dissociative utilisant un
modèle extérieur familier permet de prolonger de manière significative un exercice de course
réalisé à haute intensité. Cette stratégie a pour conséquence d’une part, d’atténuer la
perception de l’effort en détournant l’attention du sujet sans diminuer pour autant sa
fréquence cardiaque. D’autre part, l’utilisation de la vidéo permet au sujet de se concentrer sur
un modèle extérieur qui, sans doute par l’intermédiaire des neurones miroirs (Rizzolatti et al.,
1996) contrôle l’amplitude et la fréquence de sa foulée. Cette stratégie attentionnelle
dissociative utilisant un modèle vidéo pourrait être intéressante pour les athlètes cherchant à
développer leurs capacités à prolonger un exercice de type aérobie réalisé à haute intensité.
Des perspectives encourageantes se profilent aussi dans le domaine de la rééducation et des
Activités Physiques Adaptées. Cependant, des mesures complémentaires réalisées sur un
effectif plus large et impliquant d’autres modes d’exercice s’avèrent nécessaire pour
confirmer les résultats de la présente étude.
Références
Borg, G. (1998). Perceived exertion and pain scale. Champaign, IL: Human kinetics.
Robertson, R.J., Goss, F.L., Bell, J.A., Dixon, C.B., Gallagher, K.I., et al. (2002). Selfregulated cycling using the children’s OMNI Scale of Perceived Exertion. Medicine and Science in
Sports and Exercise, 34, 1168-75.
Salomon, P., Hanneman, S., & Harwood, B. (2010). Associative / dissociative cognitive
strategies in sustained physical activity: literature review and proposal for a mindfulness-based
conceptual model. The Sport Psychologist, 24, 127-156.
Scott, L.M., Scott, D., Bedic, S.P., & Dowd, J. (1999). The effect of associative and
dissociative strategies on rowing ergometer performance. The Sport Psychologist, 13, 57-68.
Rizzolatti, G., Fadiga, L., Matelli, M., Bettinardi, V., Paulesu E., et al. (1996). Localization of
grasp representations in humans by PET: 1. Observation versus execution. Experimental Brain
Research, 111, 246–252.
80
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EFFET DE LA STIMULATION COGNITIVE ASSCOCIEE A UN PROGRAMME
D’ENTRAINEMENT PHYSIQUE CHEZ DES PATIENTS PRESENTANT UNE
DEMENCE DE TYPE ALZHEIMER
Virginie Postal1, S. Mathey1, E. Lapre1, C. Boisson2, P. Fisher2, A. Rieger3 & I. BourdelMarchasson3
1
Laboratoire de Psychologie, Santé et Qualité de vie EA 4139, Université Bordeaux
2
EHPAD Manon Cormier, Bordeaux
3
Pôle de Gérontologie Clinique, CHU de Bordeaux
Mots-clés : stimulation cognitive, entraînement physique, Alzheimer.
Introduction
Depuis plusieurs décennies, les prises en charge non médicamenteuses se sont développées
afin de compléter voire de suppléer les traitements pharmacologiques aux résultats
perfectibles. La question de l’efficacité de ces méthodes se pose tant du point de vue du
professionnel que du chercheur. Deux grands types de prise en charge semblent
particulièrement développés dans le domaine de la démence de type Alzheimer : la
stimulation cognitive et l’activité physique. Si les effets de la stimulation cognitive sont
avérés dans le vieillissement normal (Valenzuela et al., 2009), les résultats sont moins
probants dans les pathologies démentielles. On se heurte souvent au problème de la
généralisation des résultats, les études étant rarement menées sur des effectifs importants et
des différences méthodologiques entre les activités rendent les comparaisons difficiles (études
souvent non randomisées, sans groupe contrôle)(Cf. meta-analyse Sitzer et al., 2006). De
même, les études sur les effets de l’activité physique rendent compte de résultats divergents et
se heurtent aux mêmes problèmes méthodologiques que la stimulation cognitive (e.g. Forbes
et al. 2008). Un autre enjeu concerne également les effets des activités menées conjointement.
En effet, dans de nombreux établissements, l’offre de prise en charge permet aux résidents de
mener plusieurs activités en parallèle. Peut-on alors en déduire un effet cumulé de ces prises
en charge ? L’objectif du projet BISCEP (Bénéfices d’une Intervention de Stimulation
Cognitive associé à un Entraînement Physique pour des patients Alzheimer) est de répondre à
cette problématique. Observe-t-on dans une étude quasi-randomisée des effets bénéfiques de
deux prises en charge, la stimulation cognitive et l’activité physique sur le fonctionnement
cognitif, exécutif et thymique ? Ces effets sont-ils majorés lors d’une prise en charge
associant les deux activités ?
Méthode
Participants
L’étude a été réalisée auprès de 67 participants âgés (M= 88 ans, Į= 5.1) diagnostiqués
Alzheimer probable ou possible selon les critères du NINCDS-ADRDA. Les critères
d’inclusion imposent un MMSE compris entre 15 et 21, l’absence de troubles auditifs et
visuels sévères ainsi que l’absence de troubles dépressifs et comportementaux majeurs.
Procédure
Les participants ont été assignés de façon quasi-aléatoire dans un des quatre groupes du projet
BISCEP. Le groupe 1 correspond aux participants impliqués dans la stimulation cognitive et
l’entraînement physique (SC+ AP), le groupe 2 correspond à la stimulation cognitive seule
(SC), le groupe 3 est celui de l’activité physique (AP) et enfin le groupe 4 est le groupe
contrôle (C).
81
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Dispositif
Une pré-évaluation du fonctionnement cognitif général (MMSE, MATTIS), des fonctions
exécutives (inhibition, mise à jour, flexibilité, panification) et de l’état thymique (anxiété et
dépression) a été administrée à l’ensemble des participants. Les groupes SC et AP ont
respectivement suivis 12 séances de stimulation cognitive dérivées du Pac-Fng (De Rotrou) et
adaptées à l’institution et 12 séances d’activité physique basées sur le renforcement des
capacités biomécaniques et d’équilibre. Le groupe SC+AP a suivi en parallèle les deux
activités. Enfin le groupe C n’a pris part à aucune des activités précédentes mais à continué à
bénéficier des autres activités de l’institution. A l’issue des 12 semaines, une post-évaluation
a été administrée à l’ensemble des participants.
Résultats
Concernant le fonctionnement cognitif général, les performances au MMSE augmentent
significativement après les 12 semaines de stimulation cognitive (groupe SC) alors qu’elles
diminuent pour le groupe C. Les performances à la MATTIS confirment l’augmentation pour
le groupe SC. La participation aux deux activités (groupe SC+AP) est associée à une
augmentation des performances au MMSE et à la MATTIS.
Concernant le fonctionnement exécutif, les performances d’inhibition (tâche de Hayling)
restent stables dans les groupes SC et C entre les deux évaluations mais s’améliorent de façon
significative pour les groupes AP et SC+ AP. Les performances d’alternance (Connection
Test) suivent un profil similaire avec une stabilité des performances pour le groupe SC et une
augmentation pour le groupe SC+AP. Toutefois, le groupe AP ne montre pas de variation et
les performances du groupe C diminuent. Les tâches de mise à jour (empan alphabétique) et
de planification (Tour de Londres) ne semblent pas sensibles aux différentes activités et ne
varient également pas pour le groupe C. Des nuances sont cependant à apporter en fonction de
la difficulté de la tâche de planification et tendent à valider un effet des prises en charge
conjointe (groupe SC+AP).
Enfin concernant l’état thymique, ni la dépression (GDS) ni l’anxiété (STAI-état) ne montre
de variation, qu’il s’agisse du groupe C ou des groupes d’intervention.
Discussion
Cette recherche montre une influence bénéfique des prises en charge non médicamenteuses
sur les performances cognitives de patients présentant une démence de type Alzheimer. Bien
qu’une étude pilote ait montré les effets de la stimulation cognitive sur le fonctionnement
cognitif et exécutif (Lapre et al., sous presse), la présente étude souligne qu’une prise en
charge associant la stimulation cognitive et l’activité physique est plus efficace que la
stimulation cognitive seule. L’étude confirme également que certaines fonctions exécutives
bénéficient plus des activités que les autres.
Références
Forbes, D., Forbes, S, Morgan D.G., Markle-Reid, M, Wood. J, & Culum, I (2008)
Physical activity programs for persons with dementia. Cochrane Database of systematic
Reviews , Isue3.
Lapre, E., Postal, V., Bourdel-Marchasson, I, Boisson, C, & Mathey, S (sous presse).
Stimulation cognitive et fonctions exécutives dans la maladie d’Alzheimer : une étude pilote,
Revue de neuropsychologie.
Sitzer, D.I., Twanley, E.W. & Jeste, D.V (2006). Cognitive training in Alzheimer’s
disease: a meta-analysis of the literature, Acta Psychitr Scand, 114, 75-90.
Valenzuela,M. & Sachdev, P. (2009). Can cognitive exercise prevent the onset of
dementia? Systematic review of randomized clinical trials with longitudinal follow-up. Am. J.
Gerietr. Psychiatry, 17, 179-187.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
FEINTE DE CORPS AU RUGBY : ANALYSE PERCEPTIVE ET MOTRICE DE
L’ACTIVITE DU DEFENSEUR EN ENVIRONNEMENT VIRTUEL
Sébastien Brault1, B. Bideau1, C. Craig2 & R. Kulpa1
1
Laboratoire « Mouvement, Sport, Santé » (M2S), UFR-APS, Université de Rennes 2-ENS
Cachan, Rennes.
2
School of Psychology, Queen’s University of Belfast, Northern Ireland
Mots-clés : perception-action, feinte de corps, rugby, biomécanique.
Introduction
Ce travail est issu de plusieurs constats. Premièrement, il est admis aujourd’hui que la
capacité à percevoir et à retirer les informations visuelles les plus pertinentes d’une action
adverse est un facteur déterminant de la performance sportive et ce d'autant plus si l'action est
incertaine et faussée. Le second constat, découlant du premier, est que la tromperie est mise
en jeu dans bon nombre d'interactions humaines, mais qu'elle est particulièrement
déterminante et prépondérante dans le cadre des stratégies sportives. Enfin, le dernier constat
est que l'exploration de la performance sportive, pour des raisons méthodologiques ou
théoriques, ne permet pas dans certains cas d'expliquer pourquoi un expert est meilleur qu'un
novice. L’objectif de notre travail est de comprendre ces déterminants (perceptivo-moteurs)
de l'expertise lors d’un duel 1 vs. 1 en rugby présentant une tentative de feinte de l’attaquant.
Nous résumons ce travail en trois questions concrètes auxquelles nous répondons: Comment
réaliser une feinte de corps en rugby? Comment la détecter? Comment y faire face?
L'ensemble de ce processus nous permet de témoigner de l'effet de l'expertise mais surtout
d'expliquer pourquoi l'expert est meilleur en dressant les différences de stratégie perceptivomotrice le caractérisant. Si les implications concernent majoritairement le domaine du rugby
(connaissances fondamentales et entrainement), elles présentent au sens plus large, un
éclairage justifié et démontré des processus mis en jeu lors de toute interaction, humaine ou
animal, sollicitant la tromperie. Nous en sommes persuadés; un prédateur animal, un joueur
de poker, un défenseur de basket... se doivent de présenter des stratégies quasi-similaires pour
détecter l'intention de bluff chez l'opposant.
D'un point de vue méthodologique, nous investissons un outil pointu et pertinent à notre sens :
la réalité virtuelle. Le degré de présence qu’elle peut engendrer ainsi que sa qualité à pouvoir
reproduire fidèlement une situation sont des atouts indispensables à l’étude du domaine
perceptif et à la stimulation cognitive en situation sportive.
Méthode
Etude 1
La première étude s’attache à comparer biomécaniquement les stratégies de changement de
direction avec et sans mouvement de feinte lors du duel 1 vs.1 (Brault, 2010). Plus
précisément, nous poursuivons un double objectif, à savoir, évaluer à l’aide du système de
captures de mouvement Vicon MX: (i) la gestion des paramètres exagérés et minimisés lors
des différents types de mouvements (avec et sans feinte) (ii) les critères de réussites
biomécaniques d'un mouvement de feinte. Toute la richesse d’une situation sportive comme
celle-ci est qu’elle contraint de manière conséquente le sujet d’un point de vue spatial et
temporel, l’obligeant à composer avec ce que les lois de la biomécanique lui imposent et ses
propres choix tactiques. Dans une logique de performance, l’objectif final est donc de
maximiser l'aspect tactique tout en essayant de se détacher de l’influence des contraintes
biomécaniques.
83
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Etude 2
Notre seconde étude a pour but d’explorer les différences en terme de prise de décision et de
stratégies perceptives entre experts et novices durant un duel 1 vs. 1 en rugby. Plus
précisément, nous proposons un cadre d’analyse: i) utilisant une situation de rugby virtuel ii)
présentant une méthodologie nous permettant de comprendre quelles informations
dynamiques de l’organisation corporelle de l’opposant semblent être utilisées « online » par
les participants pour détecter les mouvements de feinte (Brault, 2012). Nous utilisons pour
cela la technique de l’occultation temporelle. Grâce à cette dernière nous pouvons comprendre
l’évolution de la prise de décision en lien avec l’évolution de certains paramètres
cinématiques. Nous sommes ainsi en mesure de déduire les sources d’informations principales
pour les experts et les novices.
Etude 3
Enfin, en se basant sur une méthodologie quasi-similaire, la troisième étude vient immerger
les participants dans une situation complète de défense, nous permettant d'explorer leur
stratégie perceptivo-motrice face à un attaquant virtuel (Brault, 2012).
Résultats
Les résultats émanant de la première étude nous on permis de déterminer clairement deux
stratégies propres à chaque type de mouvements. Les mouvements de feinte laissaient ainsi
transparaître deux types d'informations cinématiques. Les premières, minimisées, ont été
qualifiées d' "honnêtes", car elles expriment la véritable intention de direction de l'attaquant.
Les secondes, exagérées, ont-elles été qualifiées de "trompeuses", car elles reflètent une
volonté de l'attaquant d'induire en erreur le défenseur. Les résultats de la seconde étude
témoignent d'une supériorité des experts à détecter tôt une intention de feinte de l'attaquant.
Enfin, les résultats de notre troisième étude montrent que l'expert est en mesure d'attendre
plus longtemps avant d'initier un déplacement pour intercepter l'attaquant virtuel. Il est par
conséquent capable de faire un nombre sensiblement inférieur d'erreurs de déplacement dans
la mauvaise direction ainsi que des déplacements avec une amplitude significativement plus
faible dans la mauvaise direction.
Discussion
Ceci suggère que les joueurs de rugby exagèrent certains paramètres de leurs mouvements de
feinte dans le but de faire croire à une fausse direction de course tout en minimisant certains
autres paramètres plus fondamentaux dans le but de préserver une posture permettant un
changement de direction soudain.
Par ailleurs, nous notons que les défenseurs experts sont meilleurs dans la détection des
intentions de feinte, et ce pour deux raisons. Premièrement, de part une stratégie visuelle
optimisée, c'est à dire orientée principalement vers les informations les plus pertinentes et
fondamentales (honnêtes) dans le mouvement de l’attaquant. Deuxièmement, de part une
sensibilité perceptive accrue des experts face à une même quantité d’informations.
Enfin, en lien avec les résultats de notre troisième étude, notons que la faculté des experts à
attendre plus longtemps pour initier un mouvement est au service de la performance, car elle
lui confère une source d'informations plus fiable car plus proche du dénouement final.
La réalité virtuelle s’est avérée, ici, être une alternative pertinente à la situation « in situ ». De
part le haut degré de présence qu'elle engendre et la reproductibilité qu'elle autorise elle nous
a permis de stimuler de manière crédible les facultés cognitives au sens large des participants.
Références
Brault, S., Bideau, B., Craig, C. & Kulpa, R. (2010). Balancing Deceit and Disguise: How to
successfully fool the defender in a 1 vs. 1 situation in rugby. Human Movement Science, 29(3), 412-425.
Brault, S., Bideau, B., Kulpa, R. & Craig, C. (2012). Detecting deception in movement: The case of the
side-step in rugby. PlosOne, in press.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 6 : Stimulation cognitive et jeux
Vendredi 25 mai / 10h-11h30
Amphithéâtre Bernard Santona
Modératrice : France Mourey (Dijon, Inserm U1093)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
VIEILLISSEMENT NORMAL ET STIMULATION COGNITIVE : UNE APPROCHE
MULTIMODALE PAR LES ACTIVITES DE LOISIRS
Elisabeth Grimaud1,2, D. Clarys2
1
2
C.R.C. Centre de Ressources pour la Cognition, 1 rue Léo Delibes, 37200 Tours
UMR-CNRS 7295 Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage, Université de
Poitiers
Mots-clés : Vieillissement normal ; stimulation cognitive ; activités de loisirs
Introduction
Les fonctions exécutives (flexibilité mentale, inhibition et mise à jour de la mémoire de
travail) sont impliquées dans de nombreuses tâches de la vie quotidienne (Miyake et al.,
2000). Lors du vieillissement normal, l’hypothèse dysexécutive met en avant leur rôle majeur
dans le déclin des facultés cognitives (West, 1996). Pour limiter ce déclin, les fonctions
exécutives sont susceptibles d’être améliorées par le biais d’un programme de stimulation
cognitive. Cependant, les programmes actuels se heurtent à l’obstacle du transfert des
bénéfices obtenus aux tâches entraînées sur les tâches non entraînées. L’approche
multimodale (entrainement combiné de plusieurs activités) pourrait permettre de contourner
cet obstacle. Certaines activités de loisirs semblent en effet constituer un bon support pour
l’entrainement cognitif en raison de leur incidence sur le fonctionnement cognitif et psychocognitif. Wilson et al. (2002, 2007) ont montré que la pratique d’activités cognitivement
stimulantes (lecture, échecs, bridge, visites de musées) permettait de retarder le déclin cognitif
chez les personnes âgées. Plus récemment, le programme d’intervention AKTIVA, destiné à
encourager la participation à des activités de loisirs cognitivement stimulantes, a mis en
évidence une amélioration du fonctionnement cognitif lié à une augmentation de la
participation à des activités de loisirs (Tesky et al., 2011), ce qui tend à souligner l’impact
positif des activités de loisirs sur la réserve cognitive et sur l’autonomie liée au maintien des
fonctions exécutives. Sur le plan psycho-affectif, ce type de support pourrait également
permettre d’agir sur le levier motivationnel à court terme (Green et al., 2008) permettant ainsi
d’améliorer l’intervention en stimulation cognitive. Par ailleurs, les activités de loisirs étant
par nature des tâches écologiques et complexes, elles constituent une approche multimodale
par opposition aux tâches d’entrainement classiques ciblant une fonction exécutive
particulière. Ce type d’approche ludique et multimodale semble offrir la possibilité de
transferts des bénéfices à d’autres tâches de la vie quotidienne (Craik et al., 2007). L’objectif
de notre étude est de comparer deux méthodes d’entrainement portant sur les fonctions
exécutives, l’une utilisant la stimulation cognitive classique (programme classique), l’autre se
basant sur la stimulation cognitive par le biais d’activités de loisirs (programme EnCéfaL®),
et d’étudier le transfert des bénéfices obtenus aux tâches entraînées sur des tâches non
entraînées et l’impact psycho-affectif pour l’un et l’autre des programmes.
Méthode
Participants
L’étude porte sur 3 groupes de 30 personnes âgées de plus de 60 ans, ne présentant pas de
troubles dépressifs majeurs (HADS<11) ni de troubles apparentés à la Maladie d’Alzheimer
(MMSE>27), recrutés en collaboration avec la ville de Montbazon (37). Les participants sont
répartis en 3 groupes : 1 groupe de stimulation cognitive classique, 1 groupe de stimulation
cognitive par les activités de loisirs et 1 groupe contrôle (10 participants par groupe).
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Procédure
Les séances de stimulation cognitive se font en collaboration avec le Centre de Ressources
pour la Cognition sur 10 sessions hebdomadaires d’1h15 à 1h30.
Dispositif
Le programme classique utilise des exercices qui ciblent directement les fonctions exécutives.
Le programme EnCéfaL® (Entrainement Cérébral Fonctionnel par les Activités de Loisirs)
utilise les activités de loisirs pour stimuler les fonctions exécutives : les arts plastiques (3
séances), la musique et du chant (3 séances), l’expression par l’écriture (3 séances) et la
médiation culturelle au Musée des Beaux Arts de la ville de Tours (1 séance).
Mesures
Les fonctions exécutives sont évaluées en pré-test (1 semaine avant le début des programmes)
et post-test (1 semaine après la fin des programmes) avec les tests classiques : Stroop pour
l’inhibition, Trail Making Test pour la flexibilité mentale, N-Back pour la mise à jour de la
mémoire de travail, Wisconsin Card Sorting Test pour la persévération, Zoo map pour la
planification, et Comparaison de lettres pour la vitesse de traitement. Des mesures d’empan
(chiffres), de la mémoire épisodique verbale (RL/RI16), métamnésiques (MIA abrégé),
psycho-affectives (plainte mnésique et estime de soi), et des activités quotidiennes (IADL)
sont ajoutées.
Résultats
Les programmes d’entraînement ont démarré début février et les résultats préliminaires seront
disponibles fin avril. Nous postulons pour une incidence égale de l’entrainement direct et par
les activités de loisirs sur les mesures des fonctions exécutives. Toutefois, nous posons
l’hypothèse que seule l’approche multimodale améliorera les mesures psycho-affectives et
permettra un transfert des bénéfices sur les tâches quotidiennes.
Références
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87
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EXPOSITION DIFFERENTIELLE AUX JEUX VIDEO A L’ADOLESCENCE ET
STIMULATION COGNITIVE : UNE ARTICULATION DYNAMIQUE ?
Adeline Mathieu 1, AM Berardi 2 & A-M Toniolo1
1
2
Laboratoire de psychologie INTERPSY – EA 4432, Nancy, France
Département de Psychologie, Université de Lorraine, Metz, France
Mots-clés : jeux vidéo, vulnérabilité, stimulation
Introduction
Les jeux vidéo sont des sources de stimulation cognitive, psychologique et sociale, parce
qu’ils offrent un espace d’expérience virtuelle et sont massivement consommés par les
adolescents. Ils stimulent favorablement certaines compétences visuospatiales (Green &
Bavelier, 2003) et leur caractère parfois violent augmente l’agressivité (Anderson et al, 2010).
Les différents types de jeux vidéo entraînent probablement des stimulations spécifiquement
recherchées par les utilisateurs car ils y seraient sensibles en fonction de leurs caractéristiques
personnelles (Chory & Goodboy, 2011). Ainsi, la présente étude vise à déterminer si les
joueurs en ligne, hors ligne et les non-joueurs ont des traits de personnalité spécifiques, qui
les rendraient plus ou moins sensibles à certains types de stimulations offertes par ces jeux
vidéo.
Méthode
L’autorégulation et les traits de personnalité selon la préférence vidéoludique (jeux en ligne,
jeux hors-ligne, non-joueurs) ont été étudiées dans trois groupes appariés pour le sexe, l’âge et
le niveau d’étude (tous les p>.10). Seize sujets préféraient les jeux hors-ligne (âge, en années :
16,69±1,35, éducation, en années : 10,81±0,98, sexe: 13H, 3F), 27 préféraient les jeux en
ligne (âge : 16,26±1,20, éducation : 10,78±1,16, sexe : 20H, 7F), et 11 étaient non-joueurs
(âge : 16,27±1,56, éducation : 10,73±0,91, sexe : 5H, 6F). Les Inventaires de Risque et
d’Activation (Taylor & Hamilton, 1997 ; Lafollie, Lescanff & Lafontayne, 2008), d’Estime de
Soi (Coopersmith, 1981, ECPA, 1983), de Dépression (Beck et al, 1996, ECPA, 1998),
d’Anxiété Etat-Trait (Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg, & Jacobs, 1993 ; BruchonSchweitzer & Paulhan, 1993), du Big Five (John, Donahue & Kentle, 1991 ; Plaisant,
Courtois, Réveillère, Mendelsohn & John, 2010) et l’Echelle de Recherche de Sensations
pour Adolescents (Michel, Mouren-Siméoni, Perez-Diaz, Carton, & Jouvent, 1998) ont été
administrés de façon contrebalancée.
Résultats
Les résultats révèlent que les joueurs aux jeux en ligne possèdent des scores supérieurs à ceux
des joueurs hors-ligne pour la fuite de la réalité (p=.05), la désinhibition (p=.01), la recherche
de sensation totale (p=.02), et qu'ils ont une image idéalisée de soi supérieure à celle des nonjoueurs (p=.03), mesurée par l’échelle de mensonge (Coopersmith, 1981).
Discussion
Le besoin de fuite de la réalité renvoie à une capacité des jeux en ligne à orienter l’attention
vers l’espace virtuel. L’exposition à ces jeux serait également motivée par la recherche de
sensations. Le contenu narratif, la possibilité d’incarner un héros puissant et d’exposer sa
réussite aux autres valorise narcissiquement l’individu alimentant une image idéalisée de soi.
88
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
L’implication des traits de personnalité et de l’autorégulation dans le processus d’exposition
sélective révèle une recherche de stimulations spécifiques. La pratique vidéoludique relève
d’une recherche de plaisir et peut être utilisée dans un but autothérapeutique ou à des fins
psychothérapeutiques, car elle peut motiver l’entrée dans un processus de soin et permet
d’observer la dynamique du sujet lors de son engagement vis-à-vis de ce média.
Références
Anderson, C.A., Shiyuba, A., Ihori, N., Swing, E.L., Bushman, B.J., Sakamoto, A., et
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89
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
LES EFFETS DE L’OBSERVATION DE MOUVEMENT DE DESEQUILIBRE SUR
LE BALANCEMENT POSTURAL
Christos Paizis1, 2 B. Tia 1, 3 F. Mourey1, 3 T. Pozzo1, 3, 4, 5
1
Université de Bourgogne, UFR STAPS, Campus Universitaire, Dijon, France
2
Centre d’Expertise de la Performance “Gilles Cometti’’, Dijon, France
3
INSERM U1093, Cognition, Action Plasticité sensorimotrice, Dijon, France
4
Italian Institute of Technology, RBCS Dept., Genova, Italy
5
Institut Universitaire de France, Dijon, France
Mots-clés : couplage action perception, contagion motrice, régulation posturale
Introduction
L’observation et l’exécution de l’action sont fortement couplées à l’échelle
neurophysiologique et comportementale, de telle manière que la perception visuelle d’une
action peut contaminer simultanément et ultérieurement son exécution. Dans une étude
précédente, nous avons examiné ces effets de contagion motrice vis-à-vis des fonctions
d’équilibration. Le contrôle de l’équilibre orthostatique fait principalement intervenir des
structures sous-corticales pour le maintien du tonus postural et l’intégration multisensorielle ;
ces substrats neuronaux seraient, de la même manière que les fonctions végétatives
indépendantes du contrôle volontaire, plus facilement contaminés par les mouvements
observés. Cependant les mécanismes de régulation posturale ayant pour fonction de
restreindre le déséquilibre, se surajoutent à des processus inhibiteurs prévenant l’imitation
compulsive. Cette première étude a révélé que chez des sujets jeunes, sains, l'observation d'un
modèle en déséquilibre postural est susceptible de contaminer le balancement postural des
observateurs et d’induire une augmentation de la surface de déplacement du centre de
pression (Tia et al., 2011).
Suite à ces résultats, nous avons mené une deuxième étude dans le but d’évaluer l’impact du
répertoire moteur sur les réactions de contagion posturale. Les processus perceptifs et de
résonance motrice sont dépendants du répertoire moteur du sujet (Aglioti et al., 2008; CalvoMerino et al., 2006; Shiffrar et Freyd, 1990; Viviani et Stucchi, 1989, 1992), suggérant qu’il
en est de même pour les effets de contagion motrice. Cependant l’influence du répertoire
moteur sur les réactions d’imitation automatique reste une question à part entière.
Méthode
Dans cette étude ont participé 22 sujets (15 femmes, 11 hommes ; âge = 24.2 ± 3.7 ans). Des
séquences de déséquilibre antéro-postérieur et médio-latéral ont été présentées à des
observateurs, dont le balancement postural a été enregistré et analysé.
Les stratégies d’équilibration posturale sont associées à des contraintes différentes selon ces
deux axes, avec une symétrie médio-latérale et une asymétrie antéropostérieure – asymétrie
résultant d’une position du centre de masse en avant de l’articulation de la cheville, qui induit
une sollicitation accrue des muscles du plan postérieur pour la stabilisation posturale. Un
impact du système moteur sur le processus de contagion serait donc susceptible de se traduire
par des réactions posturales différentes dans nos deux conditions d’observation.
90
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Résultats
Les résultats ont révélé un effet de contagion plus important lors de l’observation d’un
déséquilibre antéro-postérieur comparé à médiolatéral. Précisément, nous avons enregistré
une plus grande zone de déplacement du centre de pression (CdP) lorsque les sujets regard un
déséquilibre en avant / arrière par rapport un à la gauche / droite. En outre, après la
normalisation de déplacements de CdP AP et ML par une condition de contrôle (croix de
fixation), la longueur AP de la trajectoire du CdP lors d’une observation d’un déséquilibre
vers l’avant a tendance à être plus élevée que la longueur ML lors d’une observation d’un
déséquilibre vers la gauche ou la droite ( 0.22 ± 0.062 versus 0.05 ± 0.0071 d’une unité
arbitraire).
Discussion
Dans cette étude, nous avons soulevé la question de l’impact du répertoire moteur de
l’observateur sur les réactions de contagion motrice. Nous avons remarqué que l’observation
d’un déséquilibre antéro-postérieur comparé à medio-latéral a un effet de contagion plus
important (i.e. un déplacement du centre de pression plus important). Ce résultat démontre
l’influence de la stratégie d’équilibration - stratégie faisant davantage intervenir les muscles
du plan postérieur (soléaires et gastrocnémiens) - sur la contagion motrice. L’orientation
préférentielle des déplacements (marche, course) est dirigée selon l’axe antéro-postérieur ;
c’est aussi l’observation d’un déséquilibre orienté selon cet axe qui a l’effet de contagion le
plus important. Notre résultat se rapproche des travaux réalisés sur les mouvements
volontaires, où une action observée identique à l’action exécutée entraîne une facilitation de
cette exécution (Brass et al., 2000; Kilner et al., 2003). En termes d'application clinique, cette
étude apporte de nouvelles indications pour l'adaptation de dispositifs d’entrainement par
observation dans les programmes de réadaptation.
Références
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motor-perceptual interactions. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and
Performance, 18(3), 603-623.
91
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
COGNIBULLE : REMEDIATION COGNITIVE PAR SERIOUS GAMES
Claudine Wierzbicki2 & B.Virole1
1
Docteur en psychopathologie – Paris - VII, Docteur en sciences du langage – Paris – III
2
Docteur en psychologie du développement, Expert Recherche et Développement des
Editions du Centre de Psychologie Appliquée – 75020 Paris
Mots-clés : remédiation cognitive, serious game, troubles cognitifs
Une part importante des difficultés scolaires de l'enfant sont dues à des troubles des fonctions
exécutives et à des difficultés attentionnelles qui vont du manque de concentration devant une
tâche séquentielle répétitive à des déficits majeurs de l'attention, accompagnées ou non
d'hyperactivité ou d'impulsivité. Ces troubles affectent de nombreux autres aspects du
fonctionnement cognitif (Baddeley, 1986 ; Brown, 1996 ; Baddeley et al., 2001 ; Thorell et
al., 2009). Pourtant, lorsque ces enfants sont mis en présence de situations environnementales
attractives pour eux, ils parviennent, généralement, à maintenir leur attention. Le fait est
observable chez les jeunes qui, tout en présentant des difficultés d'attention à l'école, peuvent
se concentrer pendant de longs moments, chez eux, sur des jeux vidéos. L'utilisation
d'environnements virtuels, avec des règles fixées par des spécialistes de la cognition, apporte
d'excellentes conditions pour les remédiations (Gee, 2003).
La remédiation est alors définie comme une sollicitation contrôlée invitant le sujet à une
décision d’action dont l’effet est la modification d’un environnement perçu. Il s’agit donc
d’une réduction contrôlée des situations dans lesquelles la cognition est sollicitée. Le
maniement de commandes stimule de façon naturelle les processus cognitifs, et en particulier
les différentes composantes de l'attention et des fonctions exécutives. Par exemple, la
coexistence de buts à atteindre et la nécessité de les séquentialiser sollicitent la mémoire de
travail et entraînent le sujet à aborder des tâches cognitives de haut niveau (raisonnement,
planification, théorie de l'esprit, etc.).
Cognibulle developpé et édité par les ECPA (2012), est un outil de remédiation cognitive
informatisé, proposant des Ateliers vidéo destinés aux enfants de 5 à 12 ans (ou plus). La
Plateforme de remédiation cognitive des ECPA permet à un professionnel de se connecter à
Cognibulle, via Internet, afin d’utiliser les Ateliers en séance avec l’enfant ; l’enfant peut
ensuite utiliser les Ateliers chez lui, selon les préconisations du professionnel qui suivra, à
distance, ses progrès. Les dix Ateliers présentent un environnement virtuel, graphique,
interactif et ludique susceptible d'activer une motivation du sujet pour entreprendre une action
intentionnelle par les commandes numériques. Cette action nécessite une allocation de
ressources attentionnelles et mnésiques ainsi qu’une mobilisation des fonctions exécutives,
progressives selon les niveaux (10 niveaux par ateliers) tout en impliquant une inhibition de
stimuli distracteurs. Les bénéfices attendus sont de deux ordres : (1) amélioration des
capacités attentionnelles avec augmentation de la capacité de mémoire de travail,
augmentation de la flexibilité des fonctions exécutives, augmentation de la capacité
métacognitive ; (2) amélioration de l'estime de soi et des capacités à réaliser progressivement
des tâches cognitives de plus en plus complexes et donc de prendre confiance dans ses
capacités d'apprentissage.
92
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Nous présentons les résultats psychométriques d’une première étude de remédiation par
Cognibulle, portant sur 39 sujets ; la comparaison des données pré- et post-remédiation
montre des améliorations significatives aux Indices de Raisonnement Perceptif et de Vitesse
de Traitement. Une étude de cas montre également comment l’utilisation de Cognibulle peut
améliorer l’estime de soi lorsque sa fonction de médiateur est utilisée.
Références
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93
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
STIMULATION PHYSIQUE ET COGNITIVE EN SITUATION VIRTUELLE CHEZ
LES PERSONNES AGEES
1
Evelyne Klinger1 & Y. Boumenir1
LAMPA EA1427–Arts et Métiers ParisTech, Angers-Laval, FRANCE
Mots-clés : stimulation cognitive, activité physique, réalité virtuelle.
Introduction
De nos jours, le vieillissement de la population est en hausse, en France (Robert-Bobée, 2007)
comme partout dans le monde. Les effets de l’âge et des maladies qui l’accompagnent
entraînent des altérations physiques et cognitives, comme dans la maladie d’Alzheimer
(Dubois, 2008) . Le déclin physique et mental à donc tendance à s’accroître. Dans ce contexte,
plusieurs travaux ont été menés proposant des interventions de stimulation physique et
cognitive pour améliorer ou retarder l’expression de ces altérations qui réduisent l’autonomie
et mènent progressivement à la dépendance (Pichierri et al, 2011).
Des études menées auprès de personnes âgées montrent que le volume cérébral s’accroît après
un entraînement cardiovasculaire (Colcombe et al, 2006) et que la pratique d’exercices
physiques aérobic combinés à des activités cognitives donnent des effets bénéfiques sur les
fonctions cognitives (Ball and Birge, 2002), dont la mémoire (Fabre et al, 2002). De plus, la
marche dans des environnements naturels ou le fait de visionner des images de la nature
augmente l’attention comparée aux mêmes tests en milieu urbain (Berman et al, 2008). Par
conséquent, l’association d’activités physiques et cognitives semble permettre d’améliorer et
de maintenir les capacités fonctionnelles motrices et cognitives (Larson, 2008).
La stimulation cognitive consiste en une sollicitation méthodique des fonctions cognitives,
psychologiques et sociales (de Rotrou, 2001). Elle vise à appliquer des stratégies de
rééducation aux personnes âgées, en capitalisant sur les capacités cognitives préservées et sur
la plasticité cérébrale pour stimuler l’encodage de l’information, sa consolidation et sa
récupération (Breuil et al, 1994; Wenisch et al, 2007). Aujourd’hui, les procédures de
rééducation sont de plus en plus associées à des technologies informatisées, et notamment
celles de la réalité virtuelle (Rizzo and Kim, 2005; Rose et al, 2005; Klinger and Joseph,
2008) qui permettent de combiner activités physiques et cognitives avec sollicitation
multisensorielle. Une étude récente menée chez des personnes âgées a montré que le cyclisme
virtuel, réalisé deux à trois fois par semaine pendant une durée de trois mois, a donné des
résultats cognitifs très bénéfiques et une protection éventuelle contre les troubles cognitifs
légers (Anderson-Hanley et al, 2012).
Dans ce contexte global, nous avons initié le projet « Balade à l’EHPAD » qui vise la
stimulation physique et cognitive de personnes âgées et de patients atteints de la maladie
d’Alzheimer résidant en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées
Dépendantes). « Balade à l’EHPAD » est une application de réalité virtuelle qui propose une
promenade récréative à vélo dans des univers variés qui représentent des espaces naturels,
avec leurs ambiances lumineuses et sonores.
L’objectif principal du projet est de procurer du bien être et de la détente tout en assurant une
activité physique et en stimulant les fonctions cognitives via des activités simples et sans
situation d’échec. Le travail de co-conception des activités a été réalisé avec les soignants et
les résidants du CIGMA, Centre Intergénérationnel Multi Accueil situé à Laval. Des premiers
tests in situ de la maquette initiale ont été réalisés.
94
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Références
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95
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 7 : Stimulation cognitive et aide à la réinsertion
sociale
Vendredi 25 mai / 11h30-12h30
Amphithéâtre Louis Mieusset
Modératrice : Dr. Jocelyne de Rotrou (Paris, Hôpital Broca)
96
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
INTERET DE LA STIMULATION COGNITIVE CHEZ LES PATIENTS
ALCOOLODEPENDANTS EN SEVRAGE : PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES
Florent Bernardin1, A. Maheut-Bosser1, F. Perrein2, F. Paille1
1
2
Service d’addictologie, CHU de Nancy, France
Service de Soins de Suite et de Réadaptation, Saint Nicolas de Port, France
Mots-clés : remédiation cognitive, alcoologie, thérapies cognitivo-comportementales
Le présent document a pour
alcoolodépendants et leurs
présentation est de montrer
remédiation cognitive avant
comportementales.
Introduction
but d’exposer les troubles cognitifs observés chez les patients
conséquences sur la prise en charge. L’objectif de cette
l’intérêt de développer des soins spécifiques centrés sur la
que les patients puissent bénéficier des thérapies cognitivo-
Troubles cognitifs chez le sujet alcoolodépendant : impact sur la prise en charge et
perspectives thérapeutiques
Les effets délétères de la consommation chronique d’alcool sur le fonctionnement cérébral et
cognitif sont bien recensés au sein la littérature depuis plusieurs dizaines d’années (e.g
Fitzhugh, Fitzhugh & Reitan, 1960). Au niveau morphologique, on retrouve fréquemment
chez les patients alcoolodépendants une atrophie cérébrale diffuse affectant particulièrement
les lobes frontaux, le cortex médio-temporal et pariétal, les structures sous-corticales
(thalamus, noyaux gris centraux) et le cervelet (Chanraud et al., 2007 pour revue). Ces
perturbations structurelles sont associées à des troubles cognitifs qui touchent 50 à 80% des
patients alcoolodépendants (Bates, Voelbel, Buckman, Labouvie, & Barry, 2005). Ces déficits
concernent les fonctions exécutives (abstraction, résolution de problème, flexibilité mentale,
planification, inhibition, jugement), la mémoire épisodique, la mémoire de travail ainsi que
les habilités visuo-spatiales (e.g Parsons, 1998 ; Sullivan, Rosenbloom & Pfefferbaum, 2000).
De plus, la présence d’une atteinte cognitive conditionne l’efficacité de la prise en charge
(Goldman, 1990 ; Pitel, Beaunieux, Witkowski et al., 2007) et la sévérité de cette atteinte
compromettrait le pronostic d’abstinence (Allen, Goldstein & Seaton, 1997). Dans ce
contexte, le repérage des déficits cognitifs alcoolo-induits permettrait d’adapter le projet
thérapeutique et d’éviter les mises en échec par des techniques de soin inadaptées au handicap
du patient. En effet, les thérapies cognitivo-comportementales nécessitent de bonnes capacités
mnésiques et attentionnelles, par conséquent l’atteinte de ces fonctions a un effet direct sur
l’efficacité de ces prises en charge.
Malgré l’influence observée des déficits cognitifs sur le déroulement de la prise en charge,
rares sont les structures addictologiques qui proposent une évaluation neuropsychologique
avant d’intégrer un patient dans un programme de soin et très peu d’études se sont intéressées
à la prise en charge cognitive des patients alcoolodépendants. En effet, dans la pratique
clinique, la réhabilitation cognitive chez ces patients reste encore exceptionnelle bien que des
travaux, certes anciens, montrent des résultats très encourageants (Allen et al, 1997).
L’expérience acquise auprès des sujets cérébrolésés ou psychiatriques dans le domaine de la
rééducation neuropsychologique (Adam, Allain, Aubin & Coyette, 2009) ouvre des
perspectives concernant la prise en charge des patients alcoolodépendants avec des déficits
cognitifs. En effet, l’exigence des prises en charge cognitives a évolué (recherche d’effets de
généralisation aux fonctions cognitives non ciblées, de bénéfices en milieu écologique, de
maintien à long terme des acquis). Au même titre, la méthodologie employée s’est améliorée
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
(lignes de bases, contrôle de l’efficacité spécifique de la prise en charge cognitive) et nous
avons à disposition de nouveaux outils qui se développent (logiciels informatisés : CogniPlus,
Rehacom par exemple). Il convient donc d’adapter les techniques actuelles de remédiation
cognitive chez ces patients. Ainsi, nous pouvons d’une part transposer des programmes de
rééducation déjà existant chez le patient traumatisé crânien (e.g Vallat-Azouvi, Azouvi &
Pradat-Diehl, 2007) mais également créer des outils spécifiques comme un questionnaire
d’autoévaluation centré sur les relations entre troubles cognitifs et consommation pour
s’assurer de l’impact de la prise en charge cognitive sur le quotidien. Enfin, il est primordial
d’évaluer l’apport spécifique de la prise en charge cognitive sur le recouvrement des capacités
en terme qualitatif (impact au quotidien) et quantitatif (amélioration du bilan
neuropsychologique) mais également sur la rapidité de la récupération de ces déficits cognitifs
selon le type de prise en charge proposé.
Conclusion
Au final, la consommation chronique d’alcool entraîne de multiples dommages au niveau
cérébral qui se traduisent cliniquement par des troubles cognitifs touchant principalement la
mémoire épisodique et les fonctions exécutives. Cette atteinte influencerait l’efficacité de la
prise en charge et pourrait être un des facteurs expliquant le fort taux de rechute observé chez
ces patients. Le caractère potentiellement réversible de ces troubles, en l’absence de la
poursuite de la conduite addictive, est un argument supplémentaire pour effectuer un
dépistage systématique. Les repérer et les prendre en charge restent la première étape
nécessaire et indispensable dans le parcours de soin du patient avant d’intégrer une prise en
charge cognitivo-comportementale.
Références
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neuropsychologique : études de cas. Marseille : Solal.
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Chanraud, S., Martelli, C., Delain, F., Kostogiani, N., Douaud, G., Aubin, H-J., Reynaud, M.,
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Fitzhugh, L.C., Fitzhugh, K. B., & Reitan R.M. (1960). Adaptative abilities and intellectual
functioning in hospitalized alcoholics. Quartely Journal of Studies on Alcohol, 21, 414-423.
Goldman, M.S. (1990). Experience dependant neuropsychological recovery and treatment of
chronic alcoholism. Neuropsychol Rev, 1, 75-101.
Harper, C., Dixon, G., Sheedy, D., & Garrock, T. (2003). Neurpathological alterations in
alcoholic brains. Studies arising from The New South Wales Tissue Resource Centre. Prog
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Parsons, O.A. (1998). Neurocognitive deficits in alcoholics and social drinkers: a continuum?
Alcohol Clin Exp Res, 22, 954-61.
Pitel, A-L., Beaunieux, H., Witkowski, T., Vabret, F., Guillery-Girard, B., Quinette, P.,
Desgranges, B., & Eustache, F. (2007). Genuine episodic memory deficits and executive dysfunctions
in alcoholic subjects early in abstinence. Alcohol Clin Exp Res, 31, 1169-1178.
Sullivan, E.V., Rosenbloom, M.J., & Pfefferbaum, A. (2000a) A pattern of motor and
cognitive deficits in detoxified alcoholic men. Alcoholism, Clinical and Experimental Research
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Vallat-Azouvi, C., Azouvi, P., & Pradat-Diehl, P. (2007). Rééducation cognitive de la
mémoire de travail. In Aubin, G., Coyette, F., Pradat-Diehl, P., & Vallat-Azouvi, C. (2007).
Neuropsychologie de la mémoire de travail. Marseille : Solal.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
INCREASED EMPLOYABILITY OF THE UNEMPLOYED AGED 50+ THROUGH
COGNITIVE TRAINING?
Benjamin Godde, C. M. G. Noack, C. Windisch & C. Voelcker-Rehage
Jacobs Center on Lifelong Learning & Institutional Development, Jacobs University Bremen,
Germany
Keywords: cognitive training, computer based training, older unemployed.
Introduction
In most industrial countries the actual demographic development results in an increasing
shortage of skills. Thus employability not only of older workers but also of older unemployed
people gains increasing relevance. Against this background it is important that abilities in
different dimensions of fluid intelligence not only show age-related decline but that also a loss
of cognitive stimulation in everyday life can have similar effects (e.g., Baltes, Lindenberger,
& Staudinger, 2006). On the contrary Schooler and colleagues revealed a positive influence of
complex and cognitively demanding jobs on mental abilities which was even stronger in older
adults (Schooler et al., 1999). Recent studies also showed positive effects of cognitive training
interventions in young adults and older retired persons (Schmiedek, Lövdén, & Lindenberger,
2010). It remains unclear, however, to which degree performance gains in the trained tasks
can be transferred to untrained tasks of same or different dimensions, i.e. whether a general
improvement of cognitive functioning can be achieved. Whereas a large online study with
11.430 participants could not show any transfer effect on untrained tasks, even if they were
very similar to the trained ones (Owen et al., 2010), some laboratory studies revealed that
observing transfer effects requires both the trained and the transfer task to rely on same brain
structures (Dahlin et al., 2008) or the acquisition of general strategies (Persson & ReuterLornez, 2008). Also variable training regimes are of advantage.
With our study we aimed to investigate whether software-based cognitive training
interventions have the potential to increase cognitive abilities in older unemployed persons
who tend to be less used to further training. We were particularly interested in possible
transfer effects from trained to untrained tasks in different domains of fluid intelligence.
Method
Participants (42-64 years, 58.6% women) were enrolled in general further education measures
of the federal state of Brandenburg (“Academy 50plus”) and were course-wise assigned to
either a control (n = 36) or an experimental group (n = 51). In addition to their normal course
work, the experimental group received a 4-week cognitive training applied with help of the
internet platform Happyneuron (Scientific Brain Training, Villeurbanne Cedex, Frankreich).
This platform was chosen after extensive evaluation of three alternative providers of cognitive
training software in respect to how much training and transfer effects could be expected.
Sixteen training sessions of 45 minutes each were performed over 31 days on average. In each
training session the participants performed four so-called core exercises from the four
cognitive dimensions perceptual speed, working memory, episodic memory, and reasoning.
These exercises were complimented on a daily basis by a selection from 16 additional
exercises from the same four cognitive dimensions as well as exercises from the dimensions
perception and language. Transfer was tested in pre and post sessions with nine standard
cognitive tests. Performance changes in the trained and transfer tasks were analyzed with
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
repeated measures ANOVA for experimental and control group as well as with additional
factors gender and age (younger and older than 54 years).
Results
All participants of the experimental group increased their performance levels in the four core
tasks from pre to post session (p<.001; effect size between .26 and .74). There was no effect
of gender or age. In the nine transfer tests no difference between experimental and control
group in the pretest was observed. Participants in the experimental group showed transfer
effects (indicated as stronger performance increase from pre to posttest than the control
group) in tests of perceptual speed (p<.001; effects size=.26) and spatial perception (p<.001;
effect size=.07). Again there was no age or gender effect. No transfer was found for the
dimensions working memory, episodic memory and reasoning. Interestingly, also subjective
well-being and subjective estimates of own cognitive abilities increased during the training.
Discussion
The performance increases for the trained tasks confirm prior findings for larger samples and
different age groups. With respect to transfer effects results are mixed. We were able to show
that transfer is possible if transfer tasks are similar to trained tasks (“near transfer”) but also
for “far transfer” (transfer to more different tasks) as shown for the spatial perception task.
We assume that the conceptual design of the training which was characterized by high
variability (many different tasks), high repetition number or the core tasks, and high
adaptability (dynamic adaptation of difficulty to individual performance levels) was the key to
induce such transfer effects (cf. Schmiedeck et al., 2010; Jaeggi et al., 2008). We conclude
that cognitive interventions, embedded in general further education measures, have positive
effects on objective and subjective cognitive performance, motivation, and self-efficacy of
older unemployed persons and therefore are effective to increase or regain their
employability.
References
Baltes, P.B., Lindenberger, U., & Staudinger, U.M. (2006). Lifespan theory in
developmental psychology. In R. M. Lerner (Ed.), Handbook of Child Psychology (6th ed.,
Vol. 1, pp. 569-664).
Dahlin, E., Stigsdotter Neely, A., Larsson, A., Bäckman, L. & Nyberg, L. (2008).
Transfer of Learning After Updating Training mediated by the Striatum, Science, 320(5882),
1510-1512.
Jaeggi, S. M., Buschkuehl, M., Jonides, J. & Perring, W. J. (2008). Improving fluid
intelligence with training on working memory. Proceedings of the National Academy of
Science 105, 6829-6833.
Owen, A.M., Hampshire, A., Grahn, J.A., Stenton, R., Dajani, S., Burns, A.S.,
Howard, R.J. & Ballard, C.G. (2010). Putting brain testing to the test. Nature 465, 775-779.
Persson, J. & Reuter-Lorenz, P.A. (2008). Gaining Control. Training Executive
Function and Far Transfer of the Ability to Resolve Interference. Psychological Science 19
(9), 881-888.
Schmiedek, F., Lövden, M. & Lindenberger, U. (2010). Hundred days of cognitive
training nhance broad cognitive abilities in adulthood: findings from the COGITO study.
Frontiers in Aging Neuroscience 2, Article 27.
Schooler, C., Mulatu, M.S., & Oates, G. (1999). The continuing effects of
substantively complex work on the intellectual functioning of older workers. Psychology and
Aging, 14, 483-506.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
RC2S : REMEDIATION COGNITIVE DE LA COGNITION SOCIALE DANS LA
SCHIZOPHRENIE
Elodie Peyroux1,2,3,4,5, N. Franck,1,3,4, & I. Tapiero,2,3
1
2
Centre de Neurosciences Cognitives, UMR 5229, CNRS, Lyon
Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs, EA 3082, Lyon
3
Universités de Lyon
4
CH Le Vinatier, Lyon
5
Scientific Brain Training, Villeurbanne
Mots-clés : remédiation cognitive, cognition sociale, réalité virtuelle
Retours théoriques
La cognition sociale (CS), définie par Penn et al. (2008) comme : « la faculté de comprendre
soi-même et autrui dans le monde social » est une des compétences déficitaires
caractéristiques de la schizophrénie (APA, 2000). Les personnes atteintes de schizophrénie
présentent notamment des déficits dans 3 domaines de la CS : la perception des émotions
(faciales et vocales), la théorie de l’esprit (c'est-à-dire les processus permettant aux individus
de comprendre et de prédire les comportements et les états mentaux d’autrui) et le style
attributionnel qui réfère aux explications que l’on génère par rapport aux événements positifs
et négatifs de nos vies. Etant donné l’importance de la CS dans le fonctionnement quotidien
(Fett et al., 2011) cette compétence est une cible thérapeutique primordiale pour la réinsertion
sociale des personnes souffrant de schizophrénie. Pourtant, alors que plusieurs programmes
de remédiation cognitive (RC) ont prouvé leur efficacité dans la remédiation de la cognition
froide (McGurk et al., 2007 ; Wykes et al., 2011), aucun programme ne propose aujourd’hui
de cibler l’ensemble des composantes de la CS.
Présentation du programme
RC2S est un programme qui a pour objectif d'améliorer les composantes de la cognition
sociale déficitaires dans la schizophrénie. Il est développé par l'entreprise SBT et sera mis en
œuvre au Centre de Réhabilitation du Centre Hospitalier Le Vinatier, Lyon avec des patients
souffrant de schizophrénie.
Le programme RC2S tient compte des multiples modalités qui entrent en jeu dans le
fonctionnement quotidien et les interactions sociales (le contenu du discours, la prosodie, les
gestes, les attitudes corporelles et faciales, ainsi que les éléments contextuels).
L’utilisation de l’informatique est indispensable car, contrairement aux méthodes
papier/crayon, il permet de modifier progressivement le niveau de difficulté de la tâche en
fonction d'une ligne de base individuelle, de fournir un feed-back immédiat, d'utiliser des
méthodes de renforcement multiples et enfin d'avoir la possibilité de contrôler précisément les
processus d'apprentissage (Tomas et al., 2010).
RC2S est composé de 3 modules. Les modules textuels et auditifs ont pour objectif
d’entraîner les patients à comprendre les intentions, les états d’esprit et les émotions d’autrui à
travers une modalité spécifique. Ainsi, le module textuel permet aux patients de prendre en
considération le contexte, d’améliorer leurs capacités empathiques, et de formuler des
hypothèses alternatives. Le module auditif permet de s’entraîner à tenir compte, de la
prosodie émotionnelle et linguistique, et du contexte. Enfin le module de réalité virtuelle a
pour objectif d’intégrer l’ensemble des composantes précédemment exercées de manière
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
individuelle dans un environnement unique. Le patient devra ainsi prendre la place d’un
avatar, et résoudre des situations problématiques de la vie quotidienne.
RC2S propose donc un environnement écologique permettant de favoriser le transfert des
compétences acquises en RC à la vie quotidienne. L'utilisation de l'outil informatique dans ce
protocole de RC est ainsi tout à fait pertinente, d’une part parce que les stimulations
multimédia prolongées semblent améliorer la plasticité neuronale (Grynszpan et al., 2011), et
d’autre part parce qu’il offre de meilleures opportunités dans l’acquisition de stratégies
compensatoires, élément primordial et central des techniques de RC.
Références
American Psychiatric Association (2000). Diagnostic and statistical manual of mental
disorders, 4th ed., text revision.Washington, DC: American Psychiatric Association.
Fett, A.K., Viechtbauer, W., Dominguez, M., Penn, D.L., van Os, J. & Krabbendam,
L. (2011). The relationship between neurocognition and social cognition with functional
outcomes in schizophrenia: a meta-analysis. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 35,
573- 588.
Grynszpan, O., Perbal, S., Pelissolo, A., Fossati, P., Jouvent, R., Dubal, S. & PerezDiaz, F. (2011). Efficacy and specificity of computer-assisted cognitive remediation in
schizophrenia : a meta-analytical study. Psychological Medicine, 41,163-173.
McGurk, S.R.,Twamley, E.W., Sitzer, D.I., McHugo, G.J. & Mueser, K.T. (2007). A
meta-analysis of cognitive remediation in schizophrenia. Psychiatry, 164, 1791-1802.
Penn, D.L., Sanna, L.J., & Roberts, D.L. (2008). Social cognition in schizophrenia: an
overview. Schizophrenia bulletin, 34, 408-411.
Tomas, P., Fuentes, I., Roder, V. & Ruiz, J. C. (2010). Cognitive rehabilitation
programs in schizophrenia: current status and perspectives. International journal of
psychology and psychological therapy, 10, 191-204.
Wykes, T., Huddy, V., Cellard, C., McGurk, S.R. & Czobor, P. (2011). A metaanalysis of cognitive remediation for schizophrenia: methodology and effect sizes. American
Journal of Psychiatry, 168, 472-785.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
LA REMEDIATION COGNITIVE EN VUE DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE
DES DEFICIENTS INTELLECTUELS
Adriana de Oliveira & B. Jean-Marie &. F. Johnny
Université Lumière Lyon 2
Mots-clés : déficient intellectuel, insertion professionnelle, remédiation cognitive
Introduction
Le but de notre recherche était de trouver une nouvelle méthode pour aider à l'adaptation des
DI (déficients intellectuels) au marché de travail. Quand ils confrontés à de nouvelles
situations comme par exemple un souci ou quelqu'un auquel ils ne sont pas habitués, cela
provoque chez eux une déstabilisation qui les empêche bien souvent de se maintenir au sein
de leur entreprise.
Notre population est constituée de déficients intellectuels légers, âgés de 18 à 30 ans qui
travaillent en milieu protégé dans l’ESAT Hélène Rivet à Lyon 9è. Cette étude exploratoire
veut contribuer à l'avancement d'une problématique que nous pensons importante pour la
psychologie du développement. Nous nous sommes appuyés lors de cette étude sur les
travaux de Piaget et Inhelder.
Méthode
Nous avons utilisé la méthode de la remédiation cognitive Le travail de remédiation cognitive
va consister à présenter au sujet des tâches qui d’une part vont mobiliser certaines
compétences acquises et d’autre part susciter l’emploi et l’usage répété des fonctions
cognitives déficientes, en utilisant un matériel attrayant et en faisant participer le sujet à la
définition des objectifs de travail. Le but est tout à la fois d’aider à la prise de conscience des
capacités existantes et de dépasser certains échecs en proposant des tâches de difficultés
croissantes qui favorisent la réussite, la persévérance et le plaisir d’apprendre. Les
performances obtenues permettent de replacer le sujet dans un contexte dynamique où il n’est
plus question d’«incapacités» mais de «potentialités». Cela permet aux déficients intellectuels
de construire des structures cognitives et d’acquérir de nouvelles connaissances afin de
faciliter leur insertion professionnelle. Cette méthode a été développée par Dolle et Bellano en
1989 à l’Université de Lyon2 à l’Institut de Psychologie. Nous avons créé un atelier de
remédiation cognitive. Lors de cet atelier, nous avons sollicité chaque sujet en exploitant ses
capacités cognitives.
Résultats
Suite aux séances en ateliers de remédiation cognitive, nous avons pu constater que cette
méthode est un moyen de solliciter leur potentiel intellectuel. Celle-ci leur permet également
d’élaborer des conduites systématiques, transposables et généralisables à n'importe quel
contenu ou situation comme par exemple s’équiper du matériel de protection pour certaines
tâches. Ce qui nous permet d’affirmer que la remédiation cognitive, au travers des
sollicitations, s’est avéré une méthode de préparation des DI en vue de leur insertion
professionnelle. En effet, une prise de conscience est observée après les six séances. Pour une
recherche suivante, il faudra au moins doubler le nombre de séances. Nous n’avons pu
observer in situ si les sujets s’étaient appropriés les connaissances acquises en séances de
remédiation. Nous avons constaté que notre recherche était très importante pour l’insertion
professionnelle des DI car cela leur donne la possibilité d’adapter ou de mettre en place de
nouvelles stratégies lors de situations nouvelles et inconnues.
103
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Discussion
Pour conclure, cette étude ouvre d'autres possibilités aussi bien de recherche que de prise en
charge des déficients intellectuels. L'application de la remédiation cognitive se montre un
instrument fiable concernant le développement de leur potentiel intellectuel et leur bien-être
personnel. Cependant, une étude plus approfondie de cette méthode serait nécessaire pour
avoir des résultats plus fiables, stables et généralisables concernant le développement des
structures cognitives chez les DI. Notre prochaine étape consistera à poursuivre notre
recherche dans le cadre de DI en milieu protégé, toujours dans le but de l'insertion
professionnelle.
Références
Bellano, D. et Dolle, J-M., (1989). Ces Enfants qui n’Apprennent Pas – Diagnostique
et Remédiations. Paris : Centurion.
Besse, J-M., (2004). Évaluer l’illettrisme : diagnostic des modes d’appropriation de
l'écrit : guide pratique. Paris : Retz.
Blanc, A., (1998). L'insertion professionnelle des personnes handicapées en France.
Paris : Dunod.
Favre, J. (1997). Construction des Valeurs chez l’Enfant : une étude transversale sur
les valeurs spontanées chez les enfants de 3 à 5 ans en situation scolaire. Thèse de doctorat en
psychologie non publiée. Université Lumière Lyon 2.
Inhelder, B., (1969). Le diagnostic du raisonnement chez les débilis mentaux. Paris :
Delachaux et Niestlé.
Paour, J-L et Büchel, F., (2005). Déficience intellectuelle : déficits et remédiation
cognitive. Article. Paris : Presses Universitaires de France. Enfance. Volume 57.
www.cairn.info/article.
Piaget, J. et collaborateurs. (1977). Rechercher sur L’abstraction Réfléchissante. T1 /
Vol-34, L’abstraction des relations logico-arithmétiques. Paris : Presse Universitaires de
France.
Piaget, J. et collaborateurs. (1977). Rechercher sur L’abstraction Réfléchissante. T2 /
Vol-35, L’abstraction de l’ordre et des relations spatiales. Paris : Presse Universitaires de
France.
Piaget, J., (1947). Psychologie de l’intelligence. Paris : A. Colin.
Piaget, J. et Inhelder, B., (1991). La Genèse des Structures Logiques Elémentaires.
Paris : Delachaux et Niestlé S.A.
Piaget, J, (1991). La Genèse du Nombre Chez L’enfant. Avec le concours de sept
collaborateurs. Paris : Delachaux et Niestlé S.A.
Piaget, J., (1997). La Naissance de L’Intelligence Chez L’Enfant. Paris : Delachaux et
Niestlé S.A
Piaget, J et Inhelder, B (1978). Le Développement des Quantités Physiques Chez
L’enfant. Paris : Delachaux et Niestlé Seps.
Piaget, J et collaborateurs, (1978). Recherche sur la Généralisation. Paris : Presse
Universitaires de France.
Piaget, J, (1977). Etudes Sociologiques. Genève: Librairie Droz.
Piaget, J, (1978). Le Jugement Moral Chez l’Enfant. Paris : Presse Universitaires de
France.
Ramozzi-Chirottino, Z., (1984). Em busca do sentido da obra de Jean-Piaget. São
Paulo: Editora Ática.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 8 : Stimulation cognitive et hôpital de jour
Vendredi 25 mai / 11h30-12h30
Amphithéâtre Bernard Santona
Modératrice : Pr. Anne Marie Ergis (Paris V)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
ORGANISATION DES SOINS EN HOPITAL DE JOUR GERIATRIQUE SSR
Florence Bonté
Gériatre, médecin adjoint
Hôpital de Jour Psychogériatrique, FH Ste Marie, Paris 14
Association Pour la Promotion des Hôpitaux de Jour pour Personnes Âgées
Mots-clés : hôpital de Jour SSR, démences, organisation des soins
La prise en charge des patients dans les hôpitaux de jour gériatriques (HJG) est dictée par le
mode de tarification de ces derniers. A côté des HJG tarifiés en court séjour (médecine
chirurgie obstétrique, MCO) avec une activité diagnostique prédominante, les HJG tarifiés en
soins de suite et réadaptation (SSR) ont une activité organisée autour d’une prise en soins
hebdomadaire ou pluri-hebdomadaire de patients atteints de pathologies chroniques, sur une
durée variable. Dans près de 2/3 des cas, ceux-ci prennent en charge des patients atteints de
démences et dispensent des interventions non pharmacologiques, dont certaines à but de
stimulation des fonctions cognitives.
Une enquête, multicentrique, rétrospective portant sur les 40 derniers séjours achevés, et
organisée conjointement par l’APHJPA et la direction générale de l’organisation des soins
(DGOS), a permis de dresser un état des lieux des contenus des séjours parmi 50 HJG français
disposant de places tarifiées SSR. Les objectifs étaient de mieux définir les missions de ces
unités, les interventions pratiquées, le type d’intervenant, ou la durée moyenne de séjour, et de
les démarquer des Accueils de Jour,
Les résultats montrent une nette différence entre Hôpital de Jour et Accueil de Jour. En effet
les patients sont adressés par un médecin, bénéficient d’une évaluation pluridisciplinaire
médico-psycho-sociale, aboutissant à un projet thérapeutique avec des objectifs ciblés. Deux à
six intervenants spécialistes rééducateurs ou d’un haut niveau de compétences interviennent
auprès de chaque journée patient. L’aidant est invité à participer au projet thérapeutique et à
apprendre à mieux gérer les handicaps et besoins de son proche. La durée moyenne de séjour
est de 40 journées. La traçabilité des interventions est systématique dans le dossier patient. Un
suivi de l’efficacité et des réévaluations sont systématiques. Dès que les objectifs sont atteints,
un projet de sortie est élaboré en équipe avec le patient et son aidant, et accompagné jusqu’à
son terme.
Les Hôpitaux de Jour SSR font partie intégrante de la filière de soins Alzheimer, et se
démarquent des Accueils de Jour, dont ils constituent la structure d’amont. Ils assurent une
évaluation pluridisciplinaire et dispensent des interventions variées afin de stimuler les
fonctions cognitives et les capacités préservées des personnes malades. Deux exemples
d’interventions ciblées sur les fonctions cognitives de personnes atteintes de pathologies
neurodégènératives apparentées à l’Alzheimer sont proposés dans les interventions suivantes.
Références
DGOS, 2012 : Enquête descriptive des Hôpitaux de Jour SSR ( à paraître).
DurandGasselin, B. (2002). Les Hôpitaux de jour gériatriques en France, Revue de Gériatrie,
27:319-322
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EXEMPLE DE STIMULATION COGNITIVE AU SEIN D’UN PROGRAMME
SPECIFIQUE POUR L’ATROPHIE CORTICALE POSTERIEURE
Marie-Hélène Coste
PH, Gériatre
Centre Mémoire Recherche et Ressource, Hôpital des Charpennes
Hospices Civils de Lyon, France
Mots-clés : atrophie corticale postérieure, stimulation cognitive, hôpital de jour
L'Atrophie Corticale Postérieure (ACP) est un syndrome clinico-radiologique d'origine
dégénérative caractérisée par l'altération progressive des fonctions visuelles supérieures et une
atrophie corticale ou un hypométabolisme de la partie postérieure des hémisphères cérébraux.
Les symptômes majeurs concernent le contrôle du regard et la perception visuelle ainsi que
les praxies gestuelles, mais le tableau clinique peut associer des troubles complexes comme
un syndrome de Balint, un syndrome de Gertsman, une atteinte praxique multiple et sévère et
peut évoluer jusqu'au stade de la cécité corticale. L'extension lésionnelle touche les aires
langagières allant de l'anomie à l'aphasie transcorticale sensorielle. Le processus histopathologique sous jacent consiste en des lésions de type Alzheimer pour la grande majorité
des cas avec une localisation postérieure préférentielle des lésions dégénératives. Rare et mal
connue, référencée parmi les maladies orphelines, l'ACP touche principalement des malades
jeunes, souvent confrontés à une errance diagnostique et une prise en charge tardive. Ses
caractéristiques cliniques complexes posent des problèmes spécifiques de prise en soin.
Longtemps conscient de leurs troubles responsables de multiples déficits au quotidien
désorganisant leur vie professionnelle, personnelle et familiale, mais qu'ils appréhendent
difficilement, les malades et leurs proches présentent fréquemment des états dépressifs et des
troubles anxieux qui peuvent être sévères. Nous proposons depuis quelques années à ces
malades un programme thérapeutique pluridisciplinaire spécifique de stimulation cognitive
en hôpital de jour, combinant plusieurs approches à travers diverses médiations : cognitives,
cognitivo-comportementales, stratégies réadaptatives et environnementales, stimulation
motrice, psychothérapie de soutien… Nous associons des temps psycho-éducatifs, de parole
et de soutien pour les aidants familiaux. Les hôpitaux de jour peuvent être des lieux de soins
privilégiés et contribuer à une prise en charge de qualité dans ce cadre des atrophies focales
dégénératives.
Références
Croisile, B. & Mollion, H. (2011). Q-ACP : un questionnaire d'évaluation des plaintes
visuelles et gestuelles des patients ayant une atrophie corticale postérieure. Revue
Neurologique, 165 (6-7), 485-494.
Formaglio, M. , Krolak-Salmon, P., Tilikete, C. & al. (2009). Hémianopise latérale
homonyme et atrophie corticale postérieure. Revue Neurologique, 165 (3), 256-262.
Seguin, J., Formaglio, M., Perret-Liaudet, A. & al. (2011). Cerebrospinal Fluid
biomarkers in posterior cortical atrophy. Neurology, 76 (21), 1782-1788.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
PRISE EN CHARGE NEUROPSYCHOLOGIQUE DE PATIENTS ATTEINTS DE
PATHOLOGIES NEURODEGENERATIVES
Audrey Chevalier, psychologue-neuropsychologue
Hôpital de jour pôle de Gérontologie Clinique Hôpitaux Civils de Colmar
Après l’annonce d’un diagnostic d’une pathologie neurodégénérative, le patient et les familles
sont très souvent en demande par rapport à une prise en charge spécifique des troubles de la
mémoire, du langage et du comportement. La neuropsychologie a sa place dans cette prise en
charge. Son objectif premier est de favoriser la plus grande autonomie possible du patient
pour les activités de la vie quotidienne. Elle vise également à renforcer l’estime de soi, à
améliorer la qualité de vie, à maintenir les capacités préservées, à agir sur l’apathie et à
soutenir l’aidant.
Le patient a un rôle actif dans sa prise en charge, puisque les objectifs, qui se doivent
réalistes, sont fixés en collaboration avec le neuropsychologue. Ceci implique que tout en
ayant plusieurs techniques à disposition (ex : récupération espacée, estompage, apprentissage
sans erreur, mise en place d’aides externes…), le professionnel adapte et élabore le
programme thérapeutique spécifiquement pour le patient et pour le trouble qu’il présente.
Outre la prise en charge du patient, des séances psycho-éducatives et de soutien
psychologique peuvent être proposées aux aidants, en particulier pour ceux qui vivent au jour
le jour avec un patient atteint de maladie d’Alzheimer ; situation particulièrement éprouvante
qui génère une « charge » ou un « fardeau » important pour les proches. L’objectif ici est de
travailler avec l’aidant afin d’améliorer sa compréhension des comportements
problématiques, ses réactions face à certaines situations et de lui apprendre à résoudre par luimême les problèmes rencontrés.
Dans le but d’illustrer ces propos je présenterai mon travail réalisé auprès de trois patients :
deux atteints de démence sémantique (atrophie temporale gauche vs atrophie temporale
droite) et auprès de l’épouse d’un patient porteur d’une maladie d’Alzheimer.
108
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 9 : Multisensorialité
Vendredi 25 mai / 15h15-16h45
Amphithéâtre Louis Mieusset
Modérateur : Pr. Harris Papaxanthis (Dijon, Inserm U1093)
109
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
ADAPTATION PRISMATIQUE PAR IMAGERIE MOTRICE
Carine Michel1,2, J. Gaveau1,2, T. Pozzo1,2,3,4, & C. Papaxanthis1,2
1
Université de Bourgogne, Dijon, UFR STAPS
INSERM, U1093 Cognition action et plasticité sensorimotrice, Dijon, F-21078
3
Italian Institute of Technology, Department of Robotics, Brain and Cognitive Sciences,
Genoa, Italy,
4
Institut Universitaire de France, Université de Bourgogne, UFR STAPS, Dijon
2
Mots-clés : adaptation prismatique, imagerie motrice, plasticité sensorimotrice
Introduction
L’adaptation prismatique est un paradigme expérimental bien connu pour étudier la plasticité
sensorimotrice. Pendant l’exposition aux prismes qui dévient latéralement le champ visuel,
nous corrigeons progressivement nos erreurs en comparant les réafférences sensorielles aux
prédictions faites à partir de la commande motrice (Redding et al., 2005). Cependant il est
possible d’abolir cette relation en utilisant l’imagerie motrice qui est la capacité de préparer
mentalement une action sans la réaliser physiquement (Papaxanthis et al., 2002). Lors de
l’exposition aux prismes, la préparation de la commande motrice tient compte du conflit
intersensoriel de la position de la main entre l’image visuelle déplacée et la position
proprioceptive réelle (Rossetti et al. 1995). Sachant que l’imagerie motrice utilise les
informations sensorielles pour la préparation de l’action, l’adaptation peut-elle se développer
lorsque nous imaginons réaliser des mouvements lors de l’exposition aux prismes au lieu de
les exécuter physiquement, c'est-à-dire sans détection ni correction des erreurs ?
Méthode
Expérience 1 : 54 sujets sains sont répartis en 6 groupes qui différent selon les conditions
d’expositions aux lunettes : Prismes-Actifs, Prismes-Imagerie, Prismes-Stationnaire, PrismesStationnaire-Attention, Prismes sans conflit-Imagerie, Sans prismes-Imagerie. Dans toutes les
conditions la cible et la main sont vues à travers les lunettes à l’exception de la condition
Prismes sans conflit-Imagerie. Les effets consécutifs ont été évalués par pointages visuomanuels en boucle ouverte.
Expérience 2 : 20 sujets sains ont été soumis aux conditions d’exposition Prismes-Actif et
Prismes-Imagerie. Les effets consécutifs ont été étudiés sur le pointage visuo-manuel en
boucle ouverte et l’estimation des droits-devants proprioceptifs (actif et passif) et visuel. Nous
avons évalué le décours temporel de l’adaptation en interposant régulièrement des pointages
en boucle ouverte lors de l’exposition.
Résultats
Expérience 1 : Les résultats principaux montrent une interaction significative entre le groupe
et la session (pré-test vs post-test) (p<0,0001). L’adaptation est significative dans les groupes
Prismes-Actifs et Prismes-Imagerie (post-hoc Scheffé ; ps<0,001). Une analyse
complémentaire montre que les effets sont plus importants dans le groupe Prismes-Actif et
sont stables au cours du temps.
Expérience 2 : l’ANOVA à mesures répétées montre un effet de la session sur le pointage en
boucle ouverte (p<0,0001). L’adaptation est significative dans les deux groupes (post-hoc
Scheffé ;ps<0.001) et se développe progressivement lors de l’exposition aux prismes.
L’ANOVA à mesures répétées sur les droits-devants proprioceptifs actif et passif montre une
interaction significative entre le type de droit-devant et la session (p<0,01). Aucun effet n’est
observé sur le droit-devant visuel.
110
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Discussion
Ces travaux sont la première démonstration de l’adaptation prismatique par imagerie motrice.
Deux conditions minimales doivent être réunies pour le développement de l’adaptation : la
présence du conflit intersensoriel de la position de la main et la préparation motrice. Les effets
consécutifs résulteraient d’un réalignement intersensoriel. Lors de l’exposition aux prismes, la
programmation du mouvement tient compte de la position intermédiaire entre la position
visuelle décalée et la position réelle proprioceptive (Rossetti et al. 1995). L’utilisation répétée
du conflit intersensoriel lors de la pratique mentale mènerait à une interprétation erronée de la
position de la main dans le sens de la déviation visuelle. Au retrait des lunettes, lorsque la
vision de la main est abolie, la programmation des mouvements de pointage en boucle ouverte
et de pointage du droit-devant va tenir compte de l’interprétation biaisée de la position de la
main. Les mouvements ainsi réalisés sont de direction opposée à la déviation optique.
Cette première démonstration d’effets consécutifs sensorimoteurs de l’adaptation prismatique
par imagerie motrice pose la question du transfert de la plasticité sensorimotrice ainsi
sollicitée à la cognition spatiale. Nos résultats ouvrent notamment des perspectives de
recherche dans le cadre de la simulation (e.g. Michel et al. 2003, pour revue Michel, 2006) et
de la rééducation de la négligence spatiale unilatérale (Rossetti et al., 1998) par la technique
d’adaptation prismatique par imagerie.
Références
Michel, C. (2006). Simulating unilateral neglect in normals: myth or reality?
Restorative Neurology Neuroscience, 2, 419-30.
Michel, C., Pisella, L., Halligan, P.W., Luaute, J., Rode, G., Boisson, D., & Rossetti,
Y. (2003). Simulating unilateral neglect in normals using prism adaptation: Implications for
theory. Neuropsychologia, 41, 25-39.
Redding, G.M., Rossetti, Y., & Wallace, B. (2005). Applications of prism adaptation:
A tutorial in theory and method. Neuroscience and biobehavioral reviews, 29, 431-444.
Rossetti, Y., Desmurget, M., & Prablanc C. (1995). Vectorial coding of movement:
Vision, proprioception, or both? Journal of neurophysiology, 74, 457-463.
Rossetti, Y., Rode, G., Pisella, L., Farne; A., Li, L., Boisson, D., & Perenin, M.T.
(1998). Prism adaptation to a rightward optical deviation rehabilitates left hemispatial neglect.
Nature, 395, 166-169.
Papaxanthis, C, Schieppati, M., Gentili, R., & Pozzo, T. (2002). Imagined and actual
arm movements have similar durations when performed under different conditions of
direction and mass. Experimental brain research, 143, 447-452.
111
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
HOW SPECFIC ARE COGNITIVE DEFICITS IN SHORT-TERM VISUOSPATIAL
MEMORY IN MCI PATIENTS?
Anaick Perrochon1,2,3, A. Berthoz3, G. Kemoun1,2
1
ISIS : Institut de recherche sur l’autonomie fonctionnelle, Paris
2
MOVE : EA3813 – Université de Poitiers
3
Collège de France, Paris
Keywords: dual-task, walking corsi test, posture, corsi block-tapping task
Introduction
MCI is characterized by impairments in constructive abilities, short-term spatial memory
deficits, and disorders of spatial orientation (topographical disorientation) (Iachini et al,
2009).
The aim of the study is to determine whether short-term visuospatial memory deficit in dual
tasking (locomotion, posture) could constitute a good indicator in detection of MCI patients.
Method
Population
35 older adult autonomous volunteers, without any pathology likely to influence walking or
posture, were given a psychometric test (MMSE, BREF, Dubois, WAIS, electronic version
Corsi Block Test) and an instrumented 10m walking test (GaitRite). We divided the
participants into subgroups by applying the Petersen criteria (Petersen et al, 2004): 14 healthy
older adults (HO), 7 amnesic MCI (aMCI), 9 non-amnesic MCI with executive function
impairment (naMCI), 6 multi-domain MCI (multiMCI).
Protocol
In dual task (DT), we used a recently devised psychometric instrument (Walking Corsi Test:
W-CBT) to assess the specific contribution of spatial memory to the complex task of
retrieving route knowledge (Piccardi et al, 2011).
The participants were asked to maintain their balance on a force platform while visually
carrying out the task involving the Corsi block-tapping Test projected on a wall (P-CBT).
Cognitive performance was evaluated by an eye tracker on spans of increasing complexity
(from 3 to 6) on all subjects.
Results
In single task (ST) from a postural and locomotor standpoint, we noted no significant
difference between the groups.
The cognitive CBT and W-CBT test performances were significantly less satisfactory in the
multiMCI (m = 4) in comparison with the other naMCI (m = 4.6), aMCI (m = 4.6) and HO (m
= 4.8) subjects.
Short-term visuospatial memory capacities were more strongly altered in the W-CBT (M WalCT
= 4.0) than in the CBT (M CBT = 4.8) and P-CBT (M P-CBT = 4.5) tests.
In the P-CBT test, the strategies put into place when the cognitive task became increasingly
complex (span growing from 3 to 6) trended towards diminution of the posturographic
112
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
parameters (length, speed) in all the pathological groups, whereas the healthy subjects did not
present any significant differences for these parameters between ST and DT.
Conclusions
In all the tests, alterations of multi-domain MCI performances (vs. those of the other groups)
show that the cognitive functions involved in the double-task CBT associate working memory
with the other executive functions.
The postural strategies observed in DT (P-CBT) are shared by all the pathological groups
(aMCI, naMCI, multiMCI). They entail involuntary postural hypercontrol that may be an
early motor-based indicator of cognitive disorders.
References
Iachini, I., Iavarone, A., Senese, V. P., Ruotolo, F., & Ruggiero, G. (2009).
Visuospatial memory in healthy elderly, AD and MCI: a review. Curr Aging Sci, 2(1), 43-59.
Petersen, R. C. (2004). Mild cognitive impairment as a diagnostic entity. J Intern Med,
256(3), 183-194.
Piccardi, L., Bianchini, F., Iasevoli, L., Giannone, G., & Guariglia, C. (2011). Sex
differences in a landmark environmental re-orientation task only during the learning phase.
Neurosci Lett, 503(3), 181-185.
113
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
COGNITIVE IMPAIRMENT OF OLDER PEOPLE:
ISSUES FOR COMPUTER HUMAN INTERACTION DESIGN
Frédéric Vella2, B. Boudet1, G. Lepicard2, P. Rumeau1, F. Nourhashemi1, N. Vigouroux2
1
Laboratoire de Gérontechnologie, La Grave CHU Toulouse, UMR 1027 (INSERM /UPS)
2
IRIT, UMR CNRS 5505, Université Paul Sabatier
Mots-clés: Cognitive impairment, human computer interaction, older people, usability
Introduction
Older people with visual and cognitive impairment are a challenging user group to study the
accessibility and the usability of human computer interaction for elders. Many studies have
examined age-related declines in motor control through experimental observations showing
that older people have slower movement times and greater difficulty for producing fine motor
adjustments (Walker et al., 1997). Several studies (Smith et al., 1999; Chaparro et al., 1999;
Wood et al., 2005) have examined the effects of age on the usability of computer interaction.
(Chaparro & al., 2005) have investigated age-related differences using two devices (e.g.
mouse and trackball) on two groups of adults (younger < 40 years of age and older > 65 years
older). The results showed that older people moved more slowly than younger adults but no
age difference were found in movement time and error between these two devices. (Smith &
al., 1999) have also examined age differences in the performance of the mouse for complex
tasks (clicking and double-clicking). Vella et al. (2011) have reported that movement time
and movement distance are dependant of the severity of the cognitive impairment of older
people. These related works postulate that indirect computer interactions need more attention
and seem less efficient for older people.
The aim of this paper is to analyze the “slip errors” (i.e. extra clicks produced to move an
object to a specific area on the screen). This ongoing study will present the analysis of the slip
errors according to two factors: the point-select-drag interaction techniques and the severity of
the cognitive impairment.
Method
Study participants have been asked to perform some serial pointing and moving tasks by
means of three interaction techniques: Click to click (CL), Drag and drop (DR) and Click
magnetization (CAM) by means of mouse, with only one active click. The experiment
consisted of two steps: training and test. The training phase ending is decided by the subject.
He/she had to do three times the action for interaction. Interaction techniques were presented
in a predefined order. See Vella et al. (2011) for a fine description of the experiment.
Participants
Physicians’ geriatrics division of the Hospital Centre of Toulouse recruited 97 subjects, aged
over 65 years with and without Alzheimer's disease. The Mini Mental State Examination
(MMSE) was made by physicians’ geriatrics expert in Alzheimer disease.
Number of subjects
8
16
19
26
28
MMS
<10
[10-14]
[15-20]
[21-26]
[27-30]
Age of subjects recruited 82± 5.45 83±5.96 83±7.88
83±7.54
79±7.53
Failure (F) and
7F/1A
7F/9A
9F/10A
3F/23A
1F/27A
Achievement (A)
Age of subjects who
79
82±7.26 79.9±6.8 82.66±7.15 78.74±7.5
succeeded in the training
phase
Table 1 : Participants who succeeded and failed in the exercise according to MMSE
The subjects were classified into five groups according the Feldmann and Woodward’s
distribution (2005). Subjects, who cannot understand the instructions or cannot communicate,
114
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
have not been recruited. The table 1 confirms that the lower the MMSE is, the more the
subjects were forced to withdraw the exercise (7/16 in the [10-14] and 7/8 in the [0-9]
intervals). The exercise abandonment is not dependant of the training order of the interaction.
ANOVA Analysis on slip errors
The ANOVA analysis on the factor MMSE classes show significant difference
(F(3.626)=18.067 P value =3.001e-11), (Figure 1). However the Tukey’s test showed that there
are significant differences between [10-14] and [15-20] MMSE classes with (P value =3.618e-4);
[10-14] and [21-26] MMSE classes with (P value =0); [10-14] and [27-30]) MMSE classes with
(P value =0); and finally [15-20] and [27-30] MMSE classes with (P value =9.62578e-2). All other
interactions between the MMSE classes are not significant.
The ANOVA analysis on the factor interaction showed significant difference
F(2.626)=21.955, P value =6.082e-10, (Figure 2). Then the Tukey’s test showed that there are
significant differences between CL and CAM interaction with P value =1e-7 as well as between
the DR and CAM interaction with Pvalue=0.
Figure 1: Supplementary clicks according to the MMSE classes
Figure 2: Supplementary clicks according to the interaction
Discussion
The slip errors were higher for DR and CL than for CAM. We also observed respectively a
three times higher rate (versus 5 times higher) for CL and DR technologies for people with
severe cognitive impairment. This study supports the findings of Smith et al, (1999) who have
found that complex tasks (for instance, double clicking) are more difficult for older people.
Another issue is the low error rate observed for the CAM interaction technique independently
of the deficiency group. For subjects with cognitive impairment, the more numerous submovements are needed to realize a task, the more the risk that this task fails is important.
However, this study has demonstrated that the interactive applications can be used by people
suffering of cognitive impairment if interaction technique is usable and adaptable for them.
We plan to address some of these issues in future work on multi-touch screen.
References
Chaparro, A., Bohan, M., Fernandez, J. E., Choi, S. D., & Kattel, B. (1999). The impact of age
on computer input device use: Psychophysical and physiological measures. International Journal of
Industrial Ergonomics, 24, 503-513.
Feldmann, H. H., Woodward, M. (2005). Evolution de la maladie d’Alzheimer. Neurology,
65: S10-S17.
Smith M.W., Sharit J., Czaja S.J. (1999). Aging, Motor Control, and the Performance of
Computer Mouse Tasks, Human Factors, Vol. 41, No. 3, 389-396.
Vella F., Vigouroux N., Rumeau P (2011). Investigating drag and drop techniques for Older
People with cognitive impairment, HCI International, Orlando, Florida, USA, p. 530-538.
Walker, N., Philbin, D., Fisk, A. (1997). Age-related differences in movement control:
Adjusting sub movement structure to optimize performance. Journal of Gerontology, Psychological
Sciences 52, 40-52.
Wood, E., Willoughby, T., Rushing, A., Bechtel, L., Gilbert, J. (2005). Use of Computers
Input Devices by Older Adults. The Journal of Applied Gerontology, Vol. 24, N° 5, 419-438.
115
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
MODIFICATION DES CAPACITES ATTENTIONNELLES DE L’ENFANT
DYSLEXIQUE PAR AMELIORATION DE L’INTEGRATION DES SIGNAUX
PROPRIOCEPTIFS
Patrick Quercia2, L Demougeot1, M Dos Santos1, F Bonnetblanc1
1
INSERM U1093 Cognition, action et plasticité sensorimotrice, Université de Bourgogne,
Dijon 2Département d’Ophtalmologie, CHU, Dijon
Mots-clés : dyslexie, contrôle postural, attention
La dyslexie est un « trouble de l’apprentissage de la lecture survenant en dépit d’une
intelligence normale, de l’absence de troubles sensoriels ou neurologiques, d’une instruction
scolaire adéquate, et d’opportunités socioculturelles suffisantes » (Critchley, 1970). La
présence de troubles moteurs, concernant notamment la régulation posturale, est signalée par
certains auteurs (Kapoula & Bucci, 2007 ; Nicolson & Fawcett, 1990 ; Pozzo et al.,
2006 ; Vieira et al., 2009) mais contestée par d’autres (Ramus, 2003) Nous avons donc
cherché à savoir si l’intégration des signaux proprioceptifs, lors d’une tâche d’équilibre sur
plate-forme associée à une tâche attentionnelle, est différente chez les enfants dyslexiques par
rapport à des enfants normo-lecteurs.
Matériel et méthode.
Trois groupes d’enfants ont participé à l’étude, respectivement composés de 30 enfants
dyslexiques non traités (âge moyen = 136.2±23.6 mois), de 51 enfants dyslexiques (âge
moyen =132.2±18.7 mois) traités avec un traitement modifiant la proprioception pendant une
durée moyenne de 16.9±17.9 mois et de 42 enfants normo-lecteurs (âge moyen = 140.2±25
mois) constituant le groupe contrôle Le diagnostic de dyslexie avait été établi à la suite d’un
bilan orthophonique et tous les enfants avaient un QI normal. Tous les enfants avaient en
outre été testés sur leurs capacités de lecture (test du Timé3). Le groupe de dyslexiques non
traités présentait un retard de -31.1±17.7 mois, alors que qu’il était de -25.4±18.5 mois pour
le groupe de dyslexiques traités. Les enfants normo-lecteurs présentaient une avance de 5±28
mois. Les déplacements du centre de pression a été enregistré pendant une durée de 30
secondes sur une plate-forme de force (Fusio Medicapteurs ®, France) utilisant une fréquence
de capture à 40Hz. Il était demandé aux enfants de rester aussi stables que possible pendant
deux tâches attentionnelles. Dans la première tâche, ils avaient à fixer un point situé à 40 cm
de leurs yeux à l’horizontale (condition servant de contrôle). Pour la deuxième tâche, les
enfants devaient explorer visuellement une feuille A4 sur laquelle étaient dessinées 40 étoiles
de grande taille (diamètre de 1.5cm) et 40 étoiles de petite taille (diamètre de 0,8cm) qui
étaient disposées d’une manière aléatoire de façon à remplir avec la même densité chaque
quart de la feuille. Les enfants devaient trouver mentalement le nombre d’étoiles de chaque
catégorie. Ces deux conditions étaient combinées avec trois conditions de vibrations
tendineuses au moyen de vibrateurs sur les tendons d’Achille et sur les tendons des muscles
tibialis des deux jambes (Techno-concept VB115).Dans une première condition (contrôle)
aucune vibration n’était utilisée. Ensuite des vibrations à 85 Hz étaient appliquées ainsi que
des vibrations à 40Hz. Les différentes conditions étaient enregistrées selon un ordre aléatoire
et une feuille présentant une distribution différente des étoiles était proposée à chaque fois. Le
traitement modifiant la proprioception (prismes de faible puissance et semelles posturales)
étaient retirés plusieurs minutes avant le test, afin de savoir si d’éventuelles modifications
étaient directement liées au traitement ou secondaires à un effet plus persistant laissant
supposer un effet de reprogrammation cérébrale.
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Résultats
Dans les conditions avec vibration, la vitesse moyenne de déplacement du centre de gravité
était différente dans les groupes des enfants dyslexiques comparé au groupe des enfants
normo-lecteurs et ce, sans effet spécifique lié à la tâche attentionnelle en cours. Dans les
conditions sans vibrations les performances attentionnelles du groupe traité était identique à
celles du groupe témoin normo-lecteur alors que celles du groupe de dyslexique était
clairement altérées.
Discussion
Cette étude montre que la co-vibration tendineuse perturbe plus le contrôle postural chez les
enfants dyslexiques traités ou non, comparés aux enfants normo-lecteurs. Ceci suggère que
l’intégration des signaux proprioceptifs est déficiente chez ces enfants. L’effet n’est pas
corrélé avec le niveau de retard de lecture. Le fait que le groupe des enfants dyslexiques
traités et le groupe des enfants non traités soient assez similaires laisse supposer que le
traitement prismatique n’agit pas directement sur les processus d’intégration des signaux
proprioceptifs. Néanmoins, cela doit être modéré par le fait que le traitement avait été enlevé
15 minutes avant l’enregistrement. Par contre les résultats attentionnels étaient
significativement améliorés dans la condition sans vibration pour le groupe traité et étaient
similaire à ceux obtenus chez les normo-lecteurs. Ceci suggère fortement que le traitement est
capable d’augmenter les capacités attentionnelles des enfants tout en maintenant leur contrôle
postural. Cet effet persiste même après 15 minutes sans port de prismes et de semelles.
Conclusion
Ces résultats suggèrent que l’intégration des signaux proprioceptifs et les capacités
attentionnelles sont altérées chez les dyslexiques. Cependant ces dernières peuvent être
significativement améliorées par un traitement modifiant proprioception oculaire et stabilité
posturale.
Références
Critchley M. (1970). The dyslexic child. Springfield III, Thomas.
Kapoula, Z. & Bucci, M.P. (2007). Postural control in dyslexic and non-dyslexic
children. J Neurol. Sep; 254 (9):1174-83.
Nicolson RI & Fawcett AJ. (1990). Automaticity: a new framework for dyslexia
research? Cognition. May; 35(2):159-82.
Pozzo, T., Vernet, P., Creuzot-Garcher, C., Robichon, F., Bron, A. & Quercia, P.
(2006). Static postural control in children with developmental dyslexia. Neurosci Lett. Aug 7;
403(3):211-5
Ramus F. (2003). Developmental dyslexia: specific phonological deficit or general
sensorimotor dysfunction? Curr Opin Neurobiol. Apr;13(2):212-8.
Vieira, S., Quercia, P., Michel, C., Pozzo, T., Bonnetblanc, F. (2009). Cognitive
demands impair postural control in developmental dyslexia: a negative effect that can be
compensated. Neurosci Lett. Sep 22; 462(2):125-9.
117
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Session orale 10 : Gérontechnologies
Vendredi 25 mai / 15h15-16h45
Amphithéâtre Bernard Santona
Modérateur : Pr. Jacques van Hoecke (Dijon, Inserm U1093)
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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
L'ASSISTANCE COGNITIVE POUR LES TACHES DE MEMOIRE PROSPECTIVE:
LE CAS D'UNE ACTIVITE DE CUISINE
Farah Arab1, H. Pigot2, P. Rabardel1, J. Bauchet3, S. Giroux2
1
Université Paris 8, Laboratoire PARAGRAPHE, Equipe C3U, France
Farah Arab est Lauréate du Prix de thèse 2011 de la Fondation Médéric Alzheimer
2
Université de Sherbrooke, Laboratoire DOMUS, Québec, Canada
3
FRE3405, AGIM, CNRS-UJF-EPHE-UPMF, France
Mots-clés : Mémoire prospective, déficits cognitifs, environnement intelligent.
Introduction
Les personnes ayant une déficience intellectuelle et les personnes âgées souffrant de démence
de type Alzheimer présentent, à différents degrés, des déficits mnésiques, attentionnels et
exécutifs (initiative, planification). L'affaiblissement des fonctions cognitives entraîne une
diminution de leur autonomie et une désorganisation de leur vie quotidienne. Ces personnes
éprouvent en particulier des difficultés pour les tâches de mémoire prospective qui nécessitent
de se souvenir des activités à réaliser et des modalités d'exécution.
Cette communication présente les résultats d'une étude de cas portant sur l'activité d'un sujet
qui réalise une activité de cuisine dans un environnement intelligent. Le premier objectif est
d'évaluer, en situation réelle, la capacité d'une personne atteinte de troubles cognitifs à utiliser
des informations d'assistance diffusées et dispersées dans l'environnement. Le second objectif
est d'analyser la compréhension de ces modes de communication.
Méthode
Nous avons filmé puis analysé une personne ayant une déficience intellectuelle modérée
réalisant deux recettes de cuisine équivalentes, la première avec le support de l’environnement
intelligent, la deuxième sans. Cette personne, âgée entre 45 et 50 ans (pour des considérations
éthiques, il ne nous a pas été possible de connaître l’âge exact) travaille dans la restauration
rapide et ne présente aucune déficience physique associée ou troubles de santé mentale.
Système d'assistance étudié
Le dispositif d'assistance étudié vise à assister et à promouvoir l'autonomie fonctionnelle des
personnes atteintes de troubles cognitifs, particulièrement celles souffrant de pertes de
mémoire et d'incapacité à planifier. L'assistance cognitive suit la personne pas à pas et
intervient grâce à une intervention diffusée dans toute la maison. Un ensemble de capteurs
non intrusifs suit la réalisation d'une activité prédéfinie, conseille la personne en cas d'erreur,
agit directement sur l'environnement en cas de danger ou avise un tiers. L'assistance peut être
automatique ou à la demande. Par exemple, la personne peut demander au système de lui
indiquer la localisation du couteau de cuisine en cliquant sur une image. Aussitôt, un voyant
lumineux indique le tiroir concerné.
Recueil des données
La méthodologie choisie est l'analyse, sur la base des enregistrements vidéo de
l’expérimentation, de l'activité du sujet et de ses échanges spontanés avec l'expérimentateur
(verbalisations concernant la tâche, le système d’assistance, etc.). Le sujet exprime facilement
les éléments facilitants et les obstacles qu’il rencontre pendant la réalisation de l’activité.
L'analyse des transcripts issus de l'observation des enregistrements vidéo s'appuie sur une
grille d'évaluation du contenu informationnel basée sur une liste d'indicateurs verbaux et
comportementaux. Elle a permis d'élaborer un questionnement autour de la nature des
119
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
difficultés rencontrées par le sujet et de réfléchir sur les caractéristiques fonctionnelles et
sémantiques d'un dispositif d'assistance cognitive. Elle a permis par ailleurs de distinguer le
type et la quantité d'informations échangées ainsi que le type et le degré d'assistance sollicité
ou proposé. Les données ont fait l'objet d'analyses quantitative et qualitative pensées de façon
conjointe.
Résultats
L'analyse de l'activité montre que l'assistance technologique permet de suivre et d'assister le
sujet au cours de la réalisation de sa recette en compensant ses difficultés. Dans la condition
sans assistance technologique (SA), le sujet, qui s'appuie principalement sur la fiche recette et
l'aide de l'expérimentateur pour réaliser son plat, rencontre des difficultés pour suivre la
recette et planifier ses actions. Il a constamment du mal à savoir où il se situe dans le
déroulement de son activité et ce qu'il doit faire. Malgré la mise en œuvre de stratégies, il se
perd et tourne souvent en rond dans la cuisine sans trouver le moyen de progresser. En
particulier, à plusieurs reprises, le sujet lit l'étape de la recette, initie une tâche en décidant
d'aller chercher un ustensile ou un ingrédient, mais oublie rapidement ce qu'il voulait et finit
par ne plus savoir ce qu'il faisait. Ses difficultés ne résident pas dans la réalisation des tâches
individuelles mais dans la construction de liens entre ces tâches. Dans la situation avec
assistance technologique (AA), le sujet se repose sur le système et se laisse progressivement
guider par lui. Dès qu'il se trouve dans une impasse, le sujet utilise le dispositif d'assistance
comme point d'appui afin de consulter ou de confirmer l'étape suivante ou les étapes
effectuées. Les résultats montrent une diminution de l'aide de l'expérimentateur entre la
condition SA (65 interventions) et AA (25 interventions).
Discussion
Cette étude a permis d'analyser l'impact d'un dispositif d'assistance cognitive sur la réalisation
d'une activité de cuisine. Nos résultats montrent que l'environnement d'assistance aide à
l'orientation dans l'espace et le temps lorsque le sujet est désorganisé et ne sait pas ce qu'il doit
faire. En particulier, cette étude montre l'intérêt de ce type de dispositif pour assister les
personnes qui ont besoin d'être guidées et rassurées. Les tâches de mémoire prospective
impliquent une gestion et une perception des intervalles de temps. Le sujet doit être capable
de savoir qu'il est disponible pour faire autre chose et s'il est disponible, de savoir quelles
tâches il peut faire. Cela suppose de connaître la nature et la durée de la tâche à réaliser et des
intervalles de temps libres, etc. Cette étude ouvre sur un questionnement autour des outils
d'assistance cognitive qui aident à la structuration et à l'orientation de l'activité afin d'assister
les sujets dans des activités complexes où les tâches se chevauchent. Le système d'assistance
étudié offre un socle méthodologique intéressant pour réfléchir et enrichir la conception de
futurs dispositifs d'assistance et de supervision afin de permettre aux personnes de vivre à
domicile de manière autonome et en toute sécurité.
Références
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pour la conception et l'évaluation des aides capacitantes. Thèse de Doctorat en ergonomie et en
informatique. Université Paris 8 et Université de Sherbrooke (Québec).
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53(1), Feb. 2012, 7-13.
120
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
DEMARCHE DE DEVELOPPEMENT DE TECHNOLOGIES AMBIANTES POUR
LE MAINTIEN A DOMICILE DES PERSONNES DEPENDANTES :
VERS UNE TRIANGULATION DES METHODES ET DES APPROCHES
Marc-Eric Bobillier Chaumon1, B. Cuvillier2, S. Bouakaz 3 & M. Vacher 4
1&2
Université Lyon 2 / GREPS
3
Université Lyon 1 / LIRIS-UMR 5205
4
LIG - UMR 5217
Mots-clés : Maintien à domicile, Technologies Ambiantes, Personnes dépendantes
Introduction
L'objectif scientifique du projet CIRDO (Financement ANR TECSAN 2010 / ANR-2010-TECS-012)
est de concevoir une nouvelle technologie ambiante de téléassistance pour le maintien à domicile de
personnes dépendantes (âgées, empêchées, handicapées…) qui pourrait permettre de repérer les
incidents domestiques, voire d'anticiper les conduites risquées et dangereuses à partir d’analyses
sonores et vidéos automatisées. Ce dispositif devrait ainsi être capable d’identifier une situation
anormale pour une personne âgée vivant dans son environnement quotidien, ceci grâce à la détection
du mouvement et à l’analyse de ses gestes et/ou de ses paroles ; et d’envoyer des alertes pour une
prise de décision en conséquence. Dans ce cadre, plusieurs approches issues de différentes disciplines
sont convoquées pour une analyse des situations et des personnes à équiper ainsi que pour la
conception du dispositif technique CIRDO. Ces approches (issues des sciences informatiques,
linguistiques, de psychologie ergonomique, psychologie sociale...) font appel à diverses méthodes
d'analyse que nous nous proposons d’exposer dans le cadre de cette communication.
Démarche déployée et disciplines impliquées dans l’étude
Reconnaissance automatique de la parole âgée
Cette étude s’inscrit dans le cadre de l’intégration du système de reconnaissance de la parole pour le
système E-lio de télélien social pour personnes âgées. Du fait de l’évolution des caractéristiques
acoustiques de la voix en fonction de l’âge, les taux d’erreurs-mots des systèmes de reconnaissance
automatique de la parole sont plus grands lors du décodage de parole pour des personnes âgées que
non-âgées. Notre étude consiste à caractériser les différences de comportement d’un système de
reconnaissance pour les personnes âgées et non-âgées, définir les phonèmes les moins bien reconnus,
et recueillir un corpus spécifique pour permettre l’adaptation des modèles acoustiques à la voix âgée.
Les résultats que nous avons obtenus montrent que certains phonèmes tels que les plosives sont plus
spécifiquement affectés par l’âge, et que le recueil des données ciblées permet de procéder à une
adaptation à la voix âgée qui diminue de 5% le taux d’erreur mot (Aman, Vacher, Rossato, & Portet,
2012) Pour approfondir ces premiers résultats, nous allons enregistrer la parole de personnes âgées
chez elles ou dans des institutions spécialisées.
Détection et analyse de la gestuelle
Les travaux sur le suivi et l’interprétation du mouvement se font habituellement dans des
environnements contrôlés. En effet, le sujet se trouve en général dans une pièce relativement vide ou à
« décor très épuré » avec un éclairage plus ou moins spécial et contrôlé. Dans le cadre de notre étude,
la personne se trouve dans un environnement domestique avec tous les problèmes que cela peut
impliquer :
- aucun contrôle des conditions d’éclairage a priori : lumière naturelle ou éclairage artificielle
par des lampes ordinaires et qui peut changer au cours du temps ;
- aucune contrainte sur les modifications topologiques de l’environnement (déplacement ou
ajout d’un meuble, présence d’animal de compagnie, ...).
Notre étude porte sur la recherche de méthodes permettant de localiser le sujet d’intérêt (i.e. la
personne âgée) et l’analyse de l’action et quelque soient les conditions de l’acquisition de la séquence
vidéo. Les algorithmes mis en œuvre devront alors s’adapter automatiquement aux changements. Dans
un premier temps nous nous sommes attachés à extraire le fond. Dans un second temps nous nous
sommes attachés à résoudre le problème de l’extraction du sujet d’intérêt de la scène filmée
121
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
(Barnachon, Bouakaz, Guillou & Boufama, 2012 ; Deeb & Desserée, & Bouakaz 2012). Les résultats
de cette étape de localisation/identification du personnage obtenu en condition d’expérimentation de
laboratoire sont concluants. Pour valider ces premiers résultats dans des conditions réelles
d’utilisation, nous allons réaliser des séquences vidéo de personnes âgées chez elles ou dans des
institutions spécialisées, en suivant un protocole qui est mis en collaboration avec le laboratoire de
sciences humaines de GREPS.
Analyses des conditions et des situations effectives de vie des personnes âgées
Afin de permettre de spécifier et de paramétrer les dispositifs de reconnaissance automatique de la
parole et des gestes, une analyse des pratiques réelles (risquées, anormales, inhabituelles, voire
exceptionnelles) des personnes âgées, et susceptibles de représenter ou d’engendrer un danger, est
déployée. Cette analyse consiste à établir, sur la base d’une série de 57 entretiens semi-directifs et à
partir d’une vingtaine d’observations d’incidents scénarisés filmés, une classe de situations et
d’activités à risque, de les spécifier (pré-requis, modalités d’action, conséquences…) et d’identifier les
différentes gestuelles, postures et paroles typiques à ces situations.
Analyse des usages des dispositifs techniques déployés au domicile des personnes âgées
Deux temps d’évaluation des usages sont également privilégiés : Dans un premier temps, cela
consiste à évaluer l’utilisabilité actuelle du dispositif E-lio sur lequel va venir se greffer le projet
CIRDO. Ces tests d’usage (Brangier & Barcenilla, 2003), réalisés auprès de 15 personnes âgées (PA)
cherchent à évaluer la qualité ergonomique du dispositif et à améliorer ses fonctionnalités et ses
services. L’acceptabilité future probable du système (Dubois & Bobillier Chaumon, 2009) est
également évaluée auprès des usagers, de leur famille et des aidants (via des entretiens individuels et
des focus group). Dans un second temps, après la mise en place du système CIRDO, il s’agira
d’évaluer l’acceptation effective du dispositif (ce qu’il apporte réellement, ce qu’il enlève, ce qu’il
limite dans les habitudes et conditions de vie de la PA) ainsi que sa qualité d’usage.
Conclusion
Concernant l’innovation technologique, comme il a été souligné ci-dessus, il ne suffit pas d’adapter
une technologie existante à un environnement d’applications particulières mais de mener des
recherches dans le domaine des sciences informatiques aussi bien pour le traitement de la parole et
l’interprétation de l’image dans des conditions d’acquisition non contrôlées. La démarche
pluridisciplinaire engagée dans ce projet repose sur une conception pour l’usage et par l’usage d’un
nouveau système (Béguin, 2005). En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement de développer un
environnement technologique à partir des seules méthodes de conception orientées utilisateurs
éprouvées. Il s’agira aussi de prendre en compte les conditions effectives de son usage ainsi que les
modalités sociales de son implémentation et appropriation pour réajuster le dispositif en conséquence
(Bobillier Chaumon & Ciobanu, 2009). C’est à ces conditions que le système pourra s’intégrer au
contexte de vie de la personne âgée dépendante et contribuer ainsi efficacement à l’amélioration de sa
qualité de vie.
Références
Aman, F, Vacher, M., Rossato, S., & Portet R. (2012), Contribution à l’étude de la variabilité de la voix des
personnes âgées en reconnaissance automatique de la parole, Actes de la conférence JEP-TALN, Grenoble, France, 4-8 juin
2012.
Barnachon, M ; Bouakaz, S. Guillou, S. & Boufama, B. (2012) Interprétation de Mouvements Temps Réel. RFIA,
Lyon 2012, http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00656544.
Bobillier Chaumon, M.E, & Ciobanu, R. (2009). Les nouvelles technologies au service des personnes âgées : Entre
promesses et interrogations : une revue de questions. Psychologie Française. 54/3, 271-285.
Béguin, P. (2005). Concevoir pour les genèses professionnelles. In P. Rabardel, & P. Pastré (Eds.), Modèle du sujet
pour la conception. Dialectiques activités développement (pp. 31-52). Toulouse: Octarès Editions.
Brangier, E. & Barcenilla, J. (2003) Concevoir un produit facile à utiliser. Adapter les technologies à l'homme.
Paris : Edition d’organisation.
Deeb, R & Desserée, E. & Bouakaz, S. (2012). Real-time two level foreground detection and person silhouette
extraction enhanced by body parts tracking. SPIE Electronic Imaging, Intelligent Robots and Computer Vision XXIX:
Algorithms and Techniques, Burlingame, California, USA. 2012.
Dubois, M. & Bobillier-Chaumon, M.E. (eds). (2009). L’acceptabilité des Technologies : Bilans et nouvelles
perspectives. Numéro spéciale Le Travail Humain, 72/4.
122
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
EVALUATION DES ROBOTS COMPAGNONS
Blandine Boudet1, N. Vigouroux2, G. Fazekas3, G. Lepicard2, D. Mathieu1, P. Coquerel1, F.
Vella2, F. Nourhashemi1, P. Rumeau2
1
Laboratoire de Gérontechnologie CHU Toulouse / UMR1027 Inserm-Université de Toulouse
2
IRIT, UMR CNRS 5505-Université Paul Sabatier
3
National Institute for Medical Rehabilitation, Budapest, Hungary
Mots-clés : Robots compagnons, évaluation, utilisabilité, personnes âgées
Introduction
Les robots compagnons ont pour objet de lutter contre l’isolement lié à des défauts de
participation sociale causés par des déficiences physiques et mentales. Ils ont été proposés
particulièrement pour des personnes âgées présentant des troubles cognitifs. Par rapport aux
jouets robotisés (chien AIBO, phoque PARO, ours Huggable}), ils se caractérisent par des
fonctions de levée de doute et de communication avec l’environnement (e.g., Kompaï, CareO-bot, Nao et Romeo}). Odetti et al. (2007) et Bemelmans et al. (2012) ont rapporté
l’utilisabilité et l’acceptabilité des robots par des personnes âgées. Ces robots sont le support
d’un service à la personne, et leur évaluation, dès la phase de faisabilité en milieu réel, doit
s’inscrire dans cet objectif. Cette phase serait par analogie entre la phase I (réglages et
adaptations techniques liés au passage en environnement réel) et la phase II (étude d’usage sur
un petit nombre de volontaires représentatifs des bénéficiaires envisagés). Cette évaluation de
faisabilité est divisée en deux phases : dans la première une série de fonctions clés sont testées
par des scénarios en environnement réel, la seconde suit ces fonctions lors d’un usage à long
terme. Ces deux phases sont précédées par une phase de déploiement qui va les conditionner.
Nous présentons ci-après la méthodologie des essais français d’évaluation du robot Kompaï
(projet AAL DOMEO, http://www.aal-domeo.eu) et les résultats initiaux de la phase de
déploiement.
Méthode
Kompaï est un robot humanoïde développé par Robosoft SA (http://www.robosoft.fr/). Il
comporte une base mobile à roues, capable de naviguer et d’atteindre des lieux prédéfinis, sur
commande vocale, en évitant des obstacles ; un système de commande à distance par serveur
Internet sécurisé, avec un affichage de l’image captée par une webcam située dans la base du
robot ; un ordinateur à écran tactile donnant accès à diverses fonctions (liste de course, jeux,
rappel de médicaments…) ; des périphériques audio et vidéo permettant d’utiliser un logiciel
de webconferencing pour de la visioconférence conviviale ou un logiciel de télémédecine
norme H323. Kompaï collecte par Bluetooth les mesures réalisées par un pèse personne et un
appareil d’auto mesure de la tension artérielle adaptés par Meditech.
Critères d’inclusion
Nous avons équipé un sujet volontaire de plus de 85 ans avec handicap moteur (vitesse de
marche à moins de 1m/s) et cognitif (MMSE < 26) ; en maintien à domicile avec un aidant
naturel principal. Si l’usager principal de l’étude (U1) est accompagné d’un conjoint
présentant le même type de déficiences (U1’), celui-ci est inclus dans l’étude sauf pour
l’usage des capteurs biomédicaux (individuels). Les critères d’exclusion sont des effets
secondaires, le retrait de consentement ou l’institutionnalisation.
Déploiement et évaluation
Le déploiement a été réalisé dans les conditions d’un fonctionnement opérationnel ; un
manuel en français a été rédigé et proposé aux installateurs n’ayant pas participé aux tests en
laboratoire. Il a été fait appel au fabriquant pour les situations d’échec (mauvaise détection
d’objets, contraintes de navigation…). Toutes les fonctions de base ont été validées
123
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
localement par l’installateur. L’écosystème de l’usager a été décrit en termes d’activités
usuelles horodatées et d’interactions sociales; il a été affiné par l’observation directe sur site.
Le service proposé résulte, au vu des fonctionnalités de Kompaï, de l’analyse de l’écosystème
et d’un entretien avec l’aidant principal en présence de U1 et U1’.
La première phase d’évaluation scénarisée s’appuiera sur les critères de succès de Fazekas qui
sont pertinents, pour les fonctions robotiques et fonctionnalités, et utiles pour le service prévu.
Des scénarios propres au domicile des utilisateurs, à leurs incapacités et défauts de
participation ont été définis.
La deuxième phase d’évaluation sera une évaluation en libre usage, prenant en compte, outre
les critères déjà étudiés par scénario, les outils suivants : évaluation subjective par
interrogatoire des patients et de leur aidant principal ; analyse des logs du robot ; cahier
d’incidents tenu tout au long de l’usage ; recueil libre lors de visites programmées ou à la
demande des usagers et de leurs aidants.
Résultats.
U1 : femme de 94 ans, détentrice du bac Math Elem, ayant eu une courte activité
d’institutrice, 4 mètres de marche départ sur ordre (4m= 0,38 m/s), MMSE = 25, suivie pour
hypertension, ayant présenté un accident vasculaire ischémique temporal. U1’ : homme de 97
ans, médecin retraité, 4m = 0,58 m/s, MMSE = 19, suivi pour insuffisance cardiaque,
présentant une surdité, non appareillée. Ils bénéficient d’un passage infirmier quotidien
(groupe de sept infirmiers). Leur fille est l’aidant principal, présente lors du repas du midi et
du soir sauf le jeudi où une garde malade intervient ; leur fils les couche le soir, leur gendre
fait la cuisine. Une femme de ménage est présente le mardi matin. Leur petit gendre
généraliste est le médecin traitant, leur gendre, médecin retraité peut assurer les urgences. Ils
sont seuls entre les repas. Ils ne se rendent plus à l’étage de leur domicile dont ils sont
propriétaires. Le service principal demandé chez ces personnes, qui entendent mal le
téléphone et l’utilisent de façon inconstante, est la possibilité de communiquer entre l’aidant
principal et ses parents, ainsi que la possibilité de les chercher au cas où ils ne répondraient
pas (levée de doute). Le déploiement du robot a débuté le 6 mars 2012. Des points d’intérêt
ont été définis en fonction des divers lieux de vie de U1 et de U1’ (zéro repère d’initialisation
du robot, fauteuil, salle à manger, etc…). Le lieu de rechargement, initialement placé dans
l’entrée a été déplacé dans la lingerie. Il est à noter qu’il n’a pas été possible de supprimer les
tapis comme demandé par le fabriquant. Le dispositif de commande à distance a été installé
sur l’ordinateur personnel de l’aidant principal bénéficiant d’une connexion ADSL.
Le mode d’emploi du robot a dû être amendé pour tenir compte des retours d’expérience de
déploiement : insister sur la nécessité de lancer le VPN (Virtual Private Network) pour
permettre le lancement du logiciel commandant les fonctions du robot ; lors de la réalisation
de déplacements avec la manette de veiller à appuyer très progressivement pour éviter les
embardées ; protéger les surfaces réfléchissantes et éviter les ensoleillements brutaux lors de
la réalisation de la cartographie ; marquer au sol une place de référence des fauteuils qui sont
régulièrement déplacés.
Le déploiement de Kompaï® montre que si les robots ont atteint une certaine maturité, les
impératifs sociaux liés au déploiement du service imposent des contraintes techniques qui
orienteront les améliorations attendues.
Références
Odetti L, Anerdi G, Barbieri MP, Mazzei D, Rizza E, Dario P, Rodriguez G, Micera S,
(2007) Preliminary experiments on the acceptability of animaloid companion robots by older
people with early dementia, Conf Proc IEEE Eng Med Biol Soc. 2007;2007:1816-9.
Bemelmans R, Gelderblom GJ, Jonker P, de Witte L.(2012), Socially assistive robots
in elderly care: a systematic review into effects and effectiveness, J Am Med Dir Assoc. 2012
Feb;13(2):114-120.
124
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
INTERACTION MULTI-TOUCH POUR LES PERSONNES AGEES :
PREMIERS RETOURS D’EXPERIENCE
Guillaume Lepicard & N. Vigouroux
IRIT, UMR CNRS 5505, Université Paul Sabatier, Toulouse
Mots-clés : Interaction multi-touch, mono-touch, personnes âgées, utilisabilité
Introduction
Un domaine en pleine émergence est celui de l’interaction tactile, omni présente sur les
téléphones portables, les ordinateurs, les systèmes de navigation, l’iPhone, etc. Le
vieillissement normal s’accompagne de déficiences physiques (visuelles, auditives et
motrices), cognitives (attention, mémoire, raisonnement, etc.) mais également psychologiques
et sociales (Fisk et al., 2009). Les études de Wood et al.(2005), Taveira & Choi (2009), Piper
et al. (2010) et Loureiro & Rodrigues (2011) démontrent toutes une plus grande utilisabilité
de l’interaction tactile par rapport à celle de la souris chez les personnes âgées ainsi qu’une
facilité d’apprentissage et de mémorisation (Hollinworth, 2009). Cet article complète ces
travaux en présentant une expérimentation qui compare l’interaction mono-touch (1 doigt) à
une interaction multi-touch (2 doigts d’une même main) pour trois actions élémentaires
d’interaction sur un écran tactile et ce pour deux populations. Enfin, nous discuterons l’effet
des diverses conditions expérimentales sur le temps de réalisation des actions sur écran tactile.
Méthode
L’expérimentateur explique la procédure du test au sujet et procède à la vérification des règles
éthiques (consentement) et ergonomiques (réglage adéquat de la hauteur de la chaise et de la
distance entre le sujet et la tablette). L’expérimentation est constituée de trois parties : une
session pour chacune des interactions testées (mono et multi-touch) et un questionnaire.
Chaque session se subdivise en trois : apprentissage, test et questionnaire. Ce dernier a pour
objectif de recueillir les préférences, difficultés et ressentis sur chacune des interactions.
Les interactions et le dispositif
L’interaction avec un doigt utilise une grille de 3x3 zones (Figure 1). Chacune d’elles a la
même taille et une seule action y est associée : D pour déplacer dans la zone centrale, T pour
tourner dans les quatre coins et Z pour zoomer sur les zones restantes. L’interaction multitouch avec deux doigts de la même main utilise les mêmes gestes que Windows 7 pour
réaliser les trois actions précitées: Figure 4, Figure 5 et Figure 6 (Wroblewski, 2010).
Figure 3 - Mono touche basée
sur la grille
Figure 4 Multitouche
pour D
Figure 5 Multitouche
pour T
Figure 6 - Multitouche pour
Z
Les participants ont réalisé les tests sur une tablette PC Dell Latitude XT2 sous le système
Windows 7. Elle dispose d’un écran de 12.1 pouces avec une résolution de 1280x800 pixels
(124.7dpi). Les interactions de gestes multi-touch de Windows 7 ont été désactivées pour ne
pas interférer avec notre test. La tablette PC a été disposée sur un plan incliné de 30°.
125
Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012
Populations et test
Douze personnes jeunes entre 23 et 33 ans (moyenne 28.08 ; écart-type de 3.48) et douze
personnes âgées entre 63 et 89 ans (moyenne 77.58 ; écart-type de 7.89) ont participé. Tous
avaient une vision normale ou corrigée et aucun d’entre eux n’avait de déficience motrice ou
cognitive. Chaque sujet a effectué 54 actions correspondant à : pour le pré-test (8D, 4Z et4T);
puis pour le test, deux séries de (8D, 4 Z et 7T) selon un tirage aléatoire. L’ordre des
techniques d’interaction est inversé pour chaque paire de sujet pour éviter un effet d’ordre.
Résultats
Les paramètres indépendants sont la population (jeunes et personnes âgées), l’interaction
(mono-touch ou multi-touch) et l’action (Déplacer, Tourner et Zoomer). Dans cet article, seul
le temps total de réalisation est reporté. L’analyse ANOVA montre qu’il existe deux
interactions : une entre l’action et la population : F(2,2580)=11,92 et p=7,01e-6 ; et une
interaction entre le type d’interaction et la population : F(1,2580)=75,56 et p<2,2e-16. L’étude
de ces interactions montrent que : a) les personnes âgées sont plus lentes que les jeunes à
réaliser toutes les actions ; b) l’action D en multi-touch est plus performante que les actions Z
et T pour les personnes âgées alors que ce n’est pas le cas pour les jeunes ; c) l’interaction
multi-touch est plus lente que l’interaction mono-touch pour les deux populations mais la
différence entre les deux interactions est plus importante chez les personnes âgées.
Discussion
L’utilisation de deux doigts de la même main engendre une surface cachée de l’écran tactile
plus importante, ce qui demande une plus grande attention. L’interaction multi-touch requiert
une plus grande flexibilité et habilité motrice ce qui va généralement à l’encontre des
capacités motrices des personnes âgées : les actions T et Z ont effectivement posé des
difficultés aux personnes âgées. Ces résultats confirment ceux de Piper et al. (2010) qui ont
également montré que l’action Z avec deux doigts entrainait des difficultés chez les personnes
âgées. De plus, notre analyse montre que ce sont les sous-mouvements qui sont la cause
majeure de l’augmentation de la durée de l’exécution de l’action : (Morgan et al., 1994) ont
expliqué que les personnes âgées ont des hésitations et réalisent plus de sous-mouvements.
Tous ces résultats nous amènent à postuler que l’interaction mono-touch serait plus efficiente
que l’interaction multi-touch, et par conséquent plus adaptée aux personnes âgées.
Références
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