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Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 COMMUNICATIONS ORALES 30 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 1 : Usages et Pratiques de la stimulation cognitive Mercredi 23 mai / 17h45-19h15 Amphithéâtre Louis Mieusset Modératrice : Pr. Anne-Sophie Rigaud (Hôpital Broca, CEN STIMCO) 31 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 DE L’INTERET D’UN PARTENARIAT. RETOUR D’EXPERIENCE DANS LE CADRE DE PRISES EN CHARGE ORTHOPHONIQUES INTEGRANT UN OUTIL DE STIMULATION COGNITIVE : LE LOGICIEL PRESCO Brigitte Assorin-Aithamon Orthophoniste, Chargée de cours Formation Continue des Orthophonistes, Toulouse Mots-clés : rééducation, intérêts et limites, partenariat. Introduction L’objectif de cette communication est de présenter une expérience « de terrain » en matière de stimulation cognitive, en qualité de praticien de ville, auprès de patients atteints de déficits consécutifs à des pathologies neurologiques. Cette présentation se veut être le ressenti d’une expérience de terrain qui n’entre pas dans le cadre d’une étude formalisée. Le constat En matière d’outils de stimulation cognitive, il y a en amont des chercheurs et des concepteurs et en aval, des rééducateurs et leurs patients. Les rééducateurs établissent, avec leurs patients, des objectifs, visant à : - restaurer des fonctions ou optimiser des capacités restées intactes dans le cadre d’atteintes vasculaires - maintenir des capacités, notamment dans les pathologies dégénératives. L’utilisation des nouvelles technologies ouvre des perspectives importantes pour la rééducation et apporte des moyens techniques, qui jusqu’alors n’étaient accessibles qu’aux spécialistes de l’informatique. Il est aujourd’hui indéniable que pour certains de ces patients, et sous certaines conditions, notamment l’absence de trouble majeur de la compréhension, « la stimulation cognitive au moyen de nouvelles technologies » peut être un outil intéressant. Cependant, ces outils ne peuvent avoir de valeur et de validation que s’il existe un partenariat entre concepteurs/chercheurs et rééducateurs afin de confronter les pratiques aux approches théoriques et aux outils mis à disposition. Retours d’expérience Je souhaiterais donc partager mon expérience en vous parlant de l’utilisation d’un programme de rééducation et de stimulation cognitive, le logiciel PRESCO édité par Créasoft/SBT. Ce logiciel est constitué de modules qui font référence à la neuropsychologie et qui sont classés selon les différentes fonctions cognitives. Chaque module peut être paramétré de deux façons : soit en fonction de niveau pré-établis, soit manuellement. Plusieurs niveaux de complexité sont proposés. La vitesse de présentation est modulable. La gestion des séances est facilitée par un historique, par l’affichage de la progression et par le stockage des résultats. Enfin, il existe une version « en ligne », grâce à laquelle il est possible de proposer au patient de refaire les exercices à son domicile ; le praticien peut consulter ce qui a été fait à distance. Depuis donc plus d’un an, je propose à quinze patients, de manière ponctuelle et en fonction du domaine cognitif travaillé, des exercices issus de ce logiciel. Ces patients sont des aphasiques et des traumatisés crâniens, tranche d’âge 22-65 ans. Avec 4 autres patients, nous avons mis en place un « protocole » de répétition à domicile, via la version « en ligne » (Femme-52 ans Traumatisme crânien / Homme-75 ans Démence à 32 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 corps de Lewy-homme / Homme-51 ans Rupture d’anévrisme / Femme-62 ans Scléroses en plaques). D’un commun accord avec chacun de ces patients, nous avons établi ce protocole en fixant la durée des exercices à domicile, leur contenu et leur répétition hebdomadaire. Cette expérience de l’utilisation d’un logiciel de rééducation et de stimulation cognitive confrontée à mon expertise dans le domaine de la prise en charge des patients cérébro-lésés me permet de faire certaines remarques. L’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui de présenter ce retour d’expérience me conduit à m’adresser à tous les concepteurs de logiciels et à attirer leur attention sur les intérêts et le limites de tels outils. Les intérêts : x Référence faite aux schémas neuropsychologiques x Possibilité de proposer au patient de reprendre les exercices à domicile x Progrès du patient pouvant être enregistrés et visualisés x Possibilité de paramétrages fins (nombre, vitesse de présentation, taille etc…) x Réalisation d’exercices ne pouvant être proposés sous forme papier/crayon Les limites : x Choix des mots, des phrases doivent faire appel à des tables de fréquence. x La présentation des items en mode aléatoire n’est pas adapté à une population pathologique. x Peut-on et doit-on envisager une normalisation ? x Aspect technique : utilisation de la souris, écran ou tablette. x Sans oublier que l’outil informatique ne doit en aucun cas prendre le pas sur le relationnel. De l’intérêt d’un partenariat Ces intérêts et ces limites s’appliquent selon moi à toutes nouvelles technologies en matière de remédiation cognitive dans le cadre des pathologies neurologiques, mais peuvent également s’étendrent aux pathologies développementales. Un partenariat est indispensable ; il doit permettre les échanges et la mise en commun des connaissances de chacun. Les uns, qui de par leur fonction, ne sont jamais confrontés à des patients, et les autres, qui comme moi et bon nombre de thérapeutes ont besoin d’outils spécifiques et adaptés aux patients que nous prenons en charge. Je terminerais cet exposé en précisant que dans l’état actuel des connaissances, il n’existe aucune méthode, aucune technique univoque de rééducation. Les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) nous le rappellent. C’est pourquoi, il parait très important de valider l’utilisation de tels outils, afin qu’ils puissent obtenir toute la place qu’ils méritent. Références Haute Autorité de Santé. Recommandations de bonne pratique. www.has-sante.fr Orthophonie. Rééducation de la voix, du langage et de la parole. Décembre 2007. Rééducation du langage dans les aphasies. Rééducation des troubles du langage non aphasiques dans le cadre d’autres atteintes neurologiques. Maintien et adaptation des fonctions de communication chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge. Décembre 2011. 33 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 COMPTE RENDU D’EVALUATION DE L’ATELIER DE STIMULATION COGNITIVE MIS EN PLACE PAR LE FIL ROUGE ALZHEIMER Jennifer Partington Psychologue sociale de la santé - Le Fil Rouge Alzheimer - Aubagne Mots-clés : atelier de stimulation cognitive, thérapeutique, socialisation Introduction L’intérêt de cette évaluation est d’appréhender, au travers de différentes dimensions psychosociales (Coudin & Paicheler, 2002 ; Fischer & Tarquino, 1999), la manière dont les usagers (7 hommes et 9 femmes, atteints de troubles cognitifs légers à modérés ayant pour moyenne d’âge 80 ans), investissent et vivent l’atelier de stimulation cognitive auquel ils participent et ce, sur la base des comportements directement observables et de leurs témoignages. Ce travail de terrain s’inscrit dans la continuité d’un mémoire de recherche (Master 2, Psychologie sociale de la santé) réalisé durant l’année 2009/2010. Méthodes Abric (2008) ; Fischer & Tarquino (2006) Nous avons élaboré une grille d’observation participante permettant d’appréhender différentes dimensions (niveau d’intégration dans le groupe, bien être manifesté, sentiment de compétence etc.) et ce, pour chaque participant (Anzieu & Martin, 2007 ; Bandura, 2007 ; Ollat & Bottéro, 2000 ; Renault, 2006). Cet outil comprend plusieurs items mesurés via une échelle de likert en 5 points. Les données recueillies une fois par mois (sur une période de neuf mois) ont été traitées grâce au logiciel de traitement statistique SPSS (Statistical Package for the Social Sciences ; Beaufils, 1996). Un questionnaire d’attentes et de satisfaction, portant à la fois sur l’atelier de stimulation cognitive et d’activité physique, a également été soumis à l’ensemble des participants afin d’apporter des éléments d’informations complémentaires aux données observées. Résultats La mise en relation des témoignages des sujets avec les comportements observés (faisant référence aux dimensions de la grille) permet de mieux comprendre à partir de quel cheminement psychologique les personnes investissent et vivent cet atelier. Il a été observé une forte implication des participants dans la réalisation des exercices qui peut être mise en lien avec les bénéfices thérapeutiques perçus (maintien voire amélioration des fonctions mnésiques et sentiment de remémoration). Les résultats mettent également en évidence un haut niveau d’intégration sociale et de communication pouvant être associé à la fonction socialisante perçue au sein de l’atelier (dans sa sphère relationnelle et interactionnelle) mais aussi du dispositif en général. Ainsi, cet atelier est générateur de bien être psychologique car il permet aux usagers de créer des liens sociaux voire pour certains de rompre leur isolement (Autin, 2010) mais aussi, d’avoir le sentiment de lutter de façon concrète contre la perte de mémoire perçue (Spitz, 2002). Discussion Les résultats avaient mis en lumière une propension, de la part des sujets atteints de troubles cognitifs, à minimiser, à passer sous silence la dimension thérapeutique du dispositif au profit de bénéfices de socialisation. Concernant les résultats issus de cette présente évaluation, la dimension sociale des ateliers est toujours présente mais on observe également, au travers des témoignages des participants, que cette « minimisation » a tendance à s’atténuer. Ceci met en 34 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 évidence que progressivement, au fil des mois, les participants s’emparent du dispositif, de ses objectifs notamment thérapeutiques et ce, sur un rythme qui est le leur (Morin, 2004). Références Autin. F. (2010). Notes de lecture « La théorie de l'identité sociale de Tajfel et Turner ». Association Française des Psychologues Scolaires. Abric, JC (2008). Psychologie de la communication: théories et méthodes. Paris : Armand Colin. Anzieu, D. & Martin, JY (2007). Les méthodes. In D. Anzieu & J.Y Martin (Eds), La dynamique des groupes restreints (pp.125-157). Paris : PUF. Bandura, A. (2007). Auto-efficacité : Le sentiment d'efficacité personnelle. Paris : De Boeck. Beaufils, B, (1996). Statistiques appliquées à la psychologie : tome 1 Statistique descriptive. Rosny : Bréal Edition. Coudin G. & Paicheler, G. (2002). Santé et vieillissement : approche psychosociale. Paris : Armand colin. Fischer, G. N. & Tarquino, C. (2006). Les méthodes en psychologie de la santé. In G. N. Fischer & C. Tarquino (Eds.), Les concepts fondamentaux de la psychologie de la santé (pp. 55-68). Paris: Dunod. Fischer, G.N. & C. Tarquino, C. (1999). Les aspects psychosociaux dans les méthodologies en psychologie de la santé. Pratiques psychologiques, 4, 31-43. Spitz, G.N. (2002). Les stratégies d’adaptation face à la maladie chronique. In G.N. Fischer (Ed.), Traité de psychologie de la santé (pp. 261-282). Paris : Dunod. Morin, M.(2004). Etre malade : identité et pratiques sociales. In M. Morin (Ed.), Parcours de santé (pp. 139-167). Paris: Armand Colin. Ollat H. & Bottéro, A. (2000). Apathie et motivation. Neuropsychiatrie : tendances et débats, 9, 17-25. Renault, E. (2006). La reconnaissance au cœur du social. Lutte pour la reconnaissance, N°172, 1-7. 35 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 USAGE D’UN ESPACE MULTI SENSORIEL DE TYPE SNOEZELEN EN EHPAD : ENQUETE QUALITATIVE AUPRES D’UTILISATEURS Arianne Floriot, P. Melon, G. Pisica-Donose, F. Barthélémy Expertise & soins E.H.P.A.D. pour DomusVi, France Mots-clés : Snoezelen, démence, E.H.P.A.D., bientraitance, recommandations, douleur Introduction Les thérapies non médicamenteuses, corporelles, de détente ou de stimulation retrouvent une place de choix auprès des personnes âgées chez lesquelles les repères, le schéma corporel, l’estime de soi et l’identité peuvent se trouver bousculés. Parmi les nombreuses techniques ou approches, l’une a plus attiré notre attention en raison de sa popularité, de son implantation croissante dans les établissements, le « Snoezelen ». Il correspond à une activité qui fait appel aux cinq sens, vécue dans un espace spécialement aménagé, par exemple avec une lumière tamisée, une musique douce, etc. Cette approche, développée dans les années 70 par deux psychologues hollandais, J Hulsegge et Ad Verheul, voit au fil des années son application s’agrandir (personnes polyhandicapées ou avec des troubles autistiques, personnes âgées démentes) sans réelle preuve scientifique. Elle propose de réintroduire chez une personne accompagnée, à travers la (re)découverte d’un monde de stimulations sensorielles, les notions de plaisir et de bien être. Elle séduit aussi bien les autorités administratives, les directeurs d’établissements, les familles, que les soignants qui y trouvent, peut être, une lisibilité de leur volonté d’appliquer la bientraitance. L’objectif de cette étude de terrain a été de recueillir les retours d’expériences des professionnels afin de pouvoir accompagner les projets d’installation de ces outils et d’apporter des réponses sur le bon usage d’un espace Snoezelen au sein d’un E.H.P.A.D. Méthode Nous avons réalisé en 2011, dans des E.H.P.A.D. du groupe DomusVi une enquête auprès d’utilisateurs habituels (depuis plus de un an) de Snoezelen. La première étape a consisté en l’envoi d’un questionnaire, créé par un rééducateur et un gériatre. Il interrogeait sur la prise en charge Snoezelen, réalisée de façon régulière, aussi bien dans des espaces dédiés qu’avec du matériel portatif. La deuxième étape portait sur des entretiens téléphoniques suivis de quelques visites d’espaces Snoezelen utilisés ainsi que des rencontres avec les professionnels référents. Les principales questions posées, étaient les suivantes : Quels sont les professionnels les plus impliqués ? Pour quels résidents ? Quelles indications et avec quel projet ? Quelles contreindications ? Quelle fréquence des séances? Quels résultats ? Quels critères d’arrêt d’une prise en charge Snoezelen chez un résident ? Résultats L’étude a porté sur cinq E.H.P.A.D., répartis dans toute la France (départements 13, 51, 69, 77, 92) accueillant au total 427 résidents. Parmi eux, environ 10% étaient considérés avec l’utilisation de l’approche Snoezelen. Les 7 principaux utilisateurs questionnés se trouvaient être des psychomotriciens et psychologues. Ils étaient heureux et fiers de partager leur expérience, leurs réussites et leurs difficultés. Les réponses étaient globalement concordantes et ont été synthétisées pour la présentation. 36 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Les résidents choisis pour les séances Snoezelen étaient bien connus de l’équipe soignante, ciblés par eux. Il devait aussi exister une confiance entre eux et l’accompagnateur. Les principales caractéristiques de cette population étaient : la présence d’une démence avec des symptômes psycho comportementaux (cris, agitation, déambulation, angoisse, dépression), des difficultés de communication ou bien encore un état douloureux chronique (sans démence systématiquement associée). Les indications étaient liées aussi à la persistance d’un désir qu’il faut savoir décrypter. Les effets décrits chez les résidents par les accompagnateurs étaient les suivants: une meilleure compréhension des désirs ou des refus des personnes démentes, une communication de sujet à sujet, une détente, un effet antalgique à court terme. Les contre indications rapportées concernaient des résidents sans relation de confiance établie au préalable avec eux, les résidents épileptiques par principe, les résidents psychotiques ou les délirants très anxieux ou bien encore ceux qui refusent (dont les résidents âgés lucides). Les critères d’arrêt des séances étaient quant à eux précisés au cas par cas. La fréquence et l’organisation des séances étaient réfléchies : en individuel ou en petit groupe de 4 à 6 résidents avec alors 2 accompagnateurs, requérant au minimum 1h15 par séance. Les professionnels ou accompagnateurs étaient formés, volontaires et supervisés ; un référent était nommé. Discussion Le nombre faible et très variable de résidents accédant au Snoezelen témoigne de la difficulté d’organisation, malgré un enthousiasme qui semble porter ces projets. Le fait que les accompagnateurs soient expérimentés a renforcé ces résultats. Leur pratique en E.H.P.A.D. a enrichi les recommandations sur le bon usage d’un Snoezelen. Le choix des résidents, décidé en équipe, n’était pas laissé au hasard. Les résultats mentionnés l’étaient par des thérapeutes, psychologues et psychomotriciens, spécialistes de l’approche verbale et non verbale. C’est ce type de professionnel qui faisait vivre ces projets dans notre enquête plus que d’autres soignants ou non soignants pourtant aussi formés. Cependant, la recherche d’objectifs, thérapeutiques ou non, se discute dans cette démarche et philosophie, attachées au concept Snoezelen, qui précisent qu’il faut « ne rien attendre en particulier ». Conclusion Dans tous les cas, le Snoezelen doit s’intégrer dans un projet d’établissement et le projet individuel du résident. Le choix d’installation d’un équipement multi sensoriel de type Snoezelen doit se décider en fonction des résidents, des utilisateurs et du référent. Séduisant, certes, mais nos observations montrent que les paradoxes ne manquent pas, ce qu’il faut peut être admettre dans la prise en charge des personnes âgées en E.H.P.A.D. Références Hulsegge J, & Verheul A (1987). Snoezelen : Another world. Chesterfield: ROMPA International Ltd Padilla, R. (2011). Effectiveness of environment-based interventions for people with Alzheimer's disease and related dementias. Am J Occup Ther.; 65(5):514-22. Staal, J.A. Sacks, A. Matheis, R. Collier, L. et al. (2007). The effects of Snoezelen (multi-sensory behavior therapy) and psychiatric care on agitation, apathy, and activities of daily living in dementia patients on a short term geriatric psychiatric inpatient unit. Int J Psychiatry Med.; 37(4):357-70. 37 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 DES USAGES DES TIC À LA STIMULATION COGNITIVE EN INTERVENTIONS ÉDUCOMMUNICATIONNELLES POUR PERSONNES HANDICAPÉES MENTALES Audrey Bonjour UFR SHA, Université de Lorraine Mots-clés : Handicap mental, éducommunication, informatique, Internet. Introduction Lors d’une recherche doctorale (2011) nous avons analysé l’accès, l’appropriation et les usages de l’informatique et de l’Internet par les personnes handicapées mentales accueillies en établissements spécialisés en France. Il s’agissait de saisir la complexité d’une activité informatique et/ou Internet utilisée comme mode d’intervention spécialisée (Beynier et Chopart, 2000). Il subsiste deux niveaux d’intentionnalité : celui du professionnel encadrant la pratique (usager secondaire) et celui de l’utilisateur de l’objet (usager premier). L’informatique et l’Internet peuvent être considérés comme des outils et médias pour atteindre un motif avec une visée que nous qualifions d’éducommunicationnelle, c'est-à-dire à l’intersection de multiples champs : le socio-(ré)éducatif, l’éducation et le médiatique. Nous nous sommes inscrite dans le prolongement des travaux issus du courant des disabilities studies (entre autres, Chalghoumi et Rocque, 2007 ; Lachapelle et al., 2000) qui questionnent notamment les Assistives technology, la communication améliorée et alternative (CAA), l’éducation et les TIC(E), le design for all, la maîtrise de son environnement (domotique) et enfin l’Internet adapté. Méthode Trois choix ont guidé notre travail : un pari épistémologique, c’est-à-dire le refus de cibler un type de handicap mental, la modélisation d’une méthodologie mixte et l’ancrage dans la transdisciplinarité. Pour ce faire, une enquête exploratoire (observation participante ; trois enquêtes par questionnaires ; 34 entretiens) a appuyé la configuration d’une enquête nationale par questionnaires à destination des établissements accueillant des personnes handicapées mentales. Il s’agissait de saisir les modalités d’usage et les déterminants du non-usage de l’informatique et/ou de l’Internet : 337 réponses pour le questionnaire sur l’usage et 221 pour celui sur le non-usage ont été obtenues. À partir de cette enquête ont été réalisés 34 entretiens d’approfondissement avec des professionnels encadrant les usages et des observations au sein de neuf établissements en France (deux sur Strasbourg et sa région, un à Grenoble, deux en région lyonnaise et quatre en Moselle). La sélection des établissements à observer sur de courtes durées (de trois à cinq jours) s’est faite selon divers critères (entre autres, type d’établissement ou temps de pratique). Les questions ouvertes aux questionnaires, les retranscriptions d’entretiens et de conversations pendant les observations ont fait l’objet d’une analyse de contenus thématique et nominale ainsi que d’une analyse de discours selon l’énonciation. Nous avons mis en perspective notre méthodologie et les résultats obtenus, notamment en dressant un bilan des apports de la triangulation des données. Résultats L’analyse des significations d’usages et des pratiques observées nous conduit à dresser un bilan des résultats des stimulations cognitives. En premier lieu, les fonctions cognitives sont travaillées à plusieurs niveaux. Les professionnels mentionnent des capacités d’attention supérieures en comparaison avec d’autres activités du quotidien. De plus, la communication spontanée est développée ce qui favorise en retour l’autodétermination (c'est-à-dire les 38 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 habiletés et les attitudes requises pour agir directement sur sa vie) (Lachapelle et al., 2000 : 75 citant Wehmeyer et Sands, 1996). Enfin, l’informatique et l’Internet permettent de stimuler la lecture et l’écriture. En second lieu, la fonction sociale s’appréhende aux différents échelons macro-, méso- et microsociologiques. D’une part, les usages des TIC opèrent un processus d’intégration et d’anormalisation (Bonjour, 2011) des personnes handicapées mentales. D’autre part, les établissements d’accueil évoluent du milieu clos au milieu ouvert. Mais encore, les liens sociaux se reconfigurent. Par exemple, les liens familiaux sont renforcés ou conservés ; des personnes handicapées ressources favorisent la diffusion et l’appropriation des technologies. Enfin, une fonction psychologique est remplie via la satisfaction des besoins de reconnaissance qui passent, entre autres, par le sentiment de réussite. De surcroît, un processus de personnalisation (Tap, 1996) éclaire les pratiques des TIC à la lumière d’une quête de pouvoir, de sens, de valorisation et de réalisation de soi. Discussion Notre méthodologie réactive les débats sur les catégories, l’articulation des méthodes et le passage des connaissances entre disciplines. De plus, cette recherche avait pour enjeu de révéler les tensions cristallisées par les TIC en contexte d’interventions spécialisées. De multiples leviers d’analyse ont été mis en exergue et des études plus ciblées devraient permettre d’étayer certains de nos résultats. Notre travail met au jour des déplacements de problématiques : (1) du handicap mental aux compétences cognitives, (2) de la réadaptation cognitive à la stimulation cognitive et (3) de la stimulation précoce à la stimulation tout au long de la vie. Nous proposons donc de poursuivre la recherche à partir de ces trois axes. Conclusion Cette recherche a révélé que les usages de ces technologies avaient pour effet la stimulation cognitive des fonctions cognitives, psychologiques et/ou sociales. L’appropriation technique participe au processus plus global d’appropriation de ses capacités d’action. Cependant, cette forme de stimulation cognitive n’est pas réalisée de manière méthodique, peu de professionnels effectuent des évaluations des usages. Dès lors, la question de la qualification et des compétences est transversale car elle se pose autant pour les professionnels accompagnant la pratique que pour les personnes handicapées. Références Beynier, D. & Chopart, J-N. (2000). Déconstruction et reconstruction du champ de l’intervention sociale sur la base des tâches accomplies. In Chopart J-N. (Dir.), Les mutations du travail social. Dynamique d’un champ professionnel (pp. 57-96). Paris, Dunod. Bonjour, A. (2011). Usages et pratiques socio-(ré)éducommunicationnels pour les personnes handicapées mentales. Outils informatiques et média Internet. Université Paul Verlaine-Metz. [En ligne] sur : http://www.theses.fr/150331002 Chalghoumi, H. & Rocque, S. (2007). La recherche sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en éducation d’élèves qui ont des incapacités intellectuelles : regard critique sur leurs contributions à la recherche. Revue francophone de la déficience intellectuelle, numéro spécial, 10-16. Lachapelle, Y. Boisvert, D. Cloutier, G. Mc Kinnon, S. Lévesque, S. (2000). Favoriser le développement de l’autodétermination dans le cadre d’une pratique de la réunion du plan d’intervention éducatif d’adolescents présentant une déficience intellectuelle. Revue francophone de la déficience intellectuelle, numéro spécial, 70-75. Tap P. (1996). Souffrances et stratégies des personnes en Institution. In Espaces et Directions. Toulouse, ADC-ENSP, 221-234. 39 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 INTEGRATION DES GERONTECHNOLOGIES EN MAISONS DE RETRAITE Témoignage Didier Ghenassia1 & E. Peyroux2,3,4,5,6 1 Editions Creasoft, Grenade Centre de Neurosciences Cognitives, UMR 5229, CNRS, Lyon 3 Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs, EA 3082, Lyon 4 Universités de Lyon 5 CH Le Vinatier, Lyon 6 Scientific Brain Training, Villeurbanne 2 Mots-clés : tablette tactile, internet, lien social, stimulation, sécurité, autonomie, groupe, … On parle beaucoup actuellement des gérontechnologies, ces « technologies nouvelles susceptibles d'améliorer les pratiques gérontologiques et la vie quotidienne des malades âgés et de leur famille ». En tant qu’industriel, acteur en gérontechnologies, je souhaiterais proposer à la discussion un constat sur un focus bien précis : celui de l’intégration des nouvelles technologies en maison de retraite ou EHPAD. Visitant de bien nombreux établissements en France, publics ou privés, pouvant accueillir 20 ou 120 résidents, en ville ou milieu rural et ce depuis de nombreux années, je soumettrai ma vision de l’état de l’intégration des technologies dans ces lieux d’accueil et de soins. Nous proposons d’aborder les points suivants : x Les aspects quantitatifs comme par exemple l’évolution du nombre d’établissements équipés sur ces dernières années x mais aussi et surtout d’aspects qualitatifs : o dans quels buts sont utilisées les nouvelles technologies (lien social, stimulation, sécurité, …). o sur quels supports (ordinateur, internet, tablettes, vidéoprojecteur, …) o et par qui (autonomie, animateur, thérapeute, …). Nous pourrons aussi faire état de quelques installations remarquables et ambitieuses en s’appuyant sur des cas concrets d’utilisation en établissements (témoignages, photos, vidéo). Nous terminerons en proposant des perspectives sur ce que pourrait être la place des gérontechnologies en EHPAD demain et après-demain. 40 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 2 : Entraînement cognitif Mercredi 23 mai / 17h45-19h15 Amphithéâtre Bernard Santona Modérateur : Pr. Alain Pruski (Université de Lorraine) 41 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 THEORIE NEURONALE DE LA COGNITION ET ENTRAINEMENT COGNITIF Claude Touzet Lab. Neurosciences Adaptatives et Intégratives (UMR 7260), Pôle Cerveau-Comportement-Cognition, Aix Marseille Université Mots-clés : entraînement cognitif, critères, efficacité Introduction Touzet (2012) liste 6 critères garantissant l'efficacité d'un programme d'entraînement cognitif. L'entraînement cognitif est rendu possible parce que la mémorisation par les neurones de ce qu'ils vivent ne peut pas être empêchée, et ceci du premier jour à la dernière seconde de notre vie. De plus, le cerveau ne traite pas l'information, mais la représente. Il suffit donc de modifier le quotidien pour induire des modifications de la connectique neuronale – c'est à dire modifier (si possible améliorer) les performances des fonctions cognitives vis à vis de ce quotidien. En nous appuyant sur la Théorie neuronale de la Cognition (TnC) (Touzet, 2010), nous présentons dans cette publication les bases neuronales associées à ces 6 critères. 1) L'ajustement continu des difficultés des exercices au profil cognitif de l'utilisateur Trop facile, le nombre de neurones impliqués est faible et les effets de l'entraînement seront très limités ; trop difficile, l'exercice n'est pas fait (et donc pas d'entraînement du tout). 2) L'acquisition par l'utilisateur d'une méta-connaissance de sa cognition Il s'agit de permettre au sujet de comprendre ses limitations, de les prévoir et donc de les résoudre. Cette connaissance élimine ipso facto le stress induit par la différence entre la performance prédite (espérée) et celle effectivement réalisée. Cette différence est le signe d'un nombre de neurones impliqués plus important que strictement nécessaire, qui à terme va entraîner une baisse des performances cognitives. 3) L'utilisation de matériels et exercices écologiques (en relation avec la vie quotidienne) Un matériel non écologique (type idéogrammes abstraits) et/ou des exercices n'ayant pas de contrepartie dans le quotidien de la personne entraînée (type mesure de l'empan) impliquent des réseaux de neurones « nouveaux » puisque absents du quotidien de la personne - qui par définition ne serviront à rien dans son quotidien. 4) Un entraînement fréquent et qui s'étend sur plusieurs semaines Les modifications de la connectique neuronale (création/destruction de connexions et modifications d'efficacité synaptique) ne se comptent pas en jours, heures ou mois – mais en nombre d'évènements vécus par les neurones impliqués. Une sollicitation intense peut aboutir à une mémorisation « en un coup », tandis qu'une sollicitation tout juste liminale peut nécessiter des centaines de répétitions. L'objectif de l'entraînement cognitif est une meilleure gestion des situations nouvelles : une large variété de celles-ci doit donc avoir été vue souvent. Cela prend du temps car la modification de la connectique neuronale est incrémentale. Des semaines sont nécessaires à raison de plusieurs heures par jour. Cela ne signifie pas que l'on doive avoir l'impression de s'entraîner plusieurs heures par jour. Il suffit de quelques minutes pour initier la mise en œuvre de nouveaux réseaux qui resteront actifs tout le reste de la journée - si celle-ci inclut des situations qui les mettent en jeu. 5) Les processus cognitifs de base (mémoire et attention) sont à entraîner avant les processus de haut niveau type inhibition, planification, résolution de problème Les évènements (situations vécues), qui appartiennent à la même famille, ont par définition des ressemblances. Ils activent des réseaux neuronaux proches (voisins), et construisent des "représentations". Les représentations (appartenant à une même famille) forment une topie, et occupe une surface corticale continue baptisée "carte corticale" (type Homoncule). Les 42 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 représentations (cartes corticales) préexistent (mémoire et attention) à la construction de la hiérarchie des cartes corticales. La gestion des relations entre les cartes correspond à la mise en oeuvre des processus cognitifs de haut niveau (contrôle, planification) à entraîner dans un second temps. 6) Tous les processus cognitifs doivent faire l'objet d'un entraînement (même si l'objectif initial est l'amélioration d'un seul d'entre eux) Mémoires, attentions, contrôle, planification, etc. sont intimement liés. Il s'agit de la même hiérarchie de cartes corticales vue selon une perspective différente. La TnC estime à environ 600 le nombre de cartes corticales organisées sur un peu plus d'une douzaine de niveaux. Environ 80 de ces cartes ont déjà été découvertes (Silver and Kastner, 2009). Ces cartes sont construites au cours du développement de l'individu en fonction de son vécu. Les cartes de bas niveau d'abstraction (au sein du cortex primaire) avant des cartes de niveaux plus élevés qui représentent des informations issues d'une ou plusieurs cartes (cortex secondaires). Les cartes de niveaux plus élevés forment le cortex associatif et sont les dernières à s'organiser. De ce point de vue, les capacités cognitives de l'individu (langage) sont directement dépendantes de l'organisation de ces cartes, laquelle dépend du nombre d'évènements vécus. Ce que nous appelons les processus cognitifs, sont la mise en jeu des représentations entre elles. La mémoire est la simple « relaxation » du système vis à vis d'une information présente en entrée. L'inhibition est le contrôle de l'activation d'une connectivité normale entre deux cartes, afin de faire disparaître la réponse la plus « naturelle » (en fait la plus rapide), les fonctions exécutives consistent en la supervision de activations inter-cartes pour respecter soit des contraintes d'usage (contrôle), soit des contraintes de résultats (planification). La construction de la connectique neuronale par des synapses obéissant à la loi de Hebb (1949) impose (du fait de la fenêtre temporelle, source d'a-causalité) un ajustement des synapses à la fois dans le sens « bottom-up » et dans le sens « top-down ». L'attention endogène (facilitation) est donc automatique dès qu'une représentation au niveau « associatif » est activée (qui utilisera les connexions top-down). Si l'on veut bien se souvenir que les cartes corticales réalisent une cartographie respectant la fréquence d'apparition des évènements ainsi que leur similarité, on comprend alors qu'un événement « nouveau » (dans le contexte courant) générera d'autant plus d'activation neuronale qu'il est hors norme, et que cette activation parviendra aux plus hauts niveaux (puisqu'elle n'a pas pu être prédite – et donc filtrée). C'est l'attention exogène, tout aussi automatique que la précédente (mais via les connexions bottom-up). Le fait qu'une unique représentation seulement puisse être active à la fois sur une carte induit un accès limité aux cartes codant pour le langage (représentations orthographiques des mots, représentations phonologiques des mots, etc). Ceci oblige à une verbalisation automatique (i.e., conscience) sérialisée (qui donne l'illusion de ressources attentionnelles limitées). De fait, deux individus (aux vécus différents), dans la même situation, ne seront pas attentifs de la même façon. Références Hebb, D. (1949) The Organization of Behavior : A Neuropsychological Theory, Wiley. Silver, M. and Kastner, S. (2009). Topographic maps in human frontal and parietal cortex, Trends in Cognitive Sciences, Vol. 13, n°11, 488-495. Touzet, C. (2012). Six critères à respecter pour l'entraînement cognitif. In Congrès Européen de Stimulation Cognitive, Dijon. Touzet, C. (2010). Conscience, intelligence, libre-arbitre ? Les réponses de la Théorie neuronale de la Cognition, 156 pages, éd. la Machotte. 43 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 CONDITIONS POUR OPTIMISER LES EFFETS D’UN ENTRAINEMENT COGNITIF DE 90 JOURS Franck Tarpin-Bernard1,3, B. Croisile2,3, S. Bélier3 1 2 Université de Grenoble, CNRS, LIG, Grenoble, France Laboratoire de neuropsychologie - Hôpital Neurologique - Lyon, France 3 Scientific Brain Training, Villeurbanne, France Mots-clés : Entraînement cérébral, Conditions d’efficacité de la stimulation cognitive, Programme informatique Introduction Des études récentes ont mis en évidence des améliorations des fonctions cognitives en utilisant des programmes informatisés d’entraînement cérébral (pour une revue de la littérature, Papp, Walsh & Snyder, 2009). Mais peu d’études se sont focalisées sur les conditions nécessaires pour maximiser l’efficacité d’un programme d’entraînement cérébral chez des adultes. Le but de la présente étude est plus particulièrement d’identifier ces conditions. En d’autres termes, est-ce que la fréquence d’entraînement a un effet significatif sur l’amélioration des performances, et donc sur l’efficacité de l’entraînement ? Est-ce que toutes les populations (âge, genre, niveau d’éducation, langue maternelle) sont concernées par une amélioration des performances ? Méthode Le programme www.happy-neuron.com, créé en 2000 et accessible par abonnement (environ 10 euros par mois), propose 37 exercices à multiples niveaux de difficultés autour des 5 principales fonctions cognitives (Mémoire, Attention, Langage, Fonctions exécutives et Visuo-spatiales). Ces exercices ont été créés par une équipe spécialisée dans les sciences cognitives (neuropsychologue, docteurs en psychologie cognitive). Chaque exercice mesure l’exactitude ainsi que les temps de réponse. Le programme est doté d’un coach virtuel personnalisé et interactif permettant de proposer des activités cognitives et des niveaux de difficulté adaptés aux compétences de chaque utilisateur. Le programme vise des particuliers, en bonne santé. Nous avons analysé les profils cognitifs, les formes d’entraînement et les résultats de 350 membres (anglais 47%, français 47% et allemands 6% / hommes 33% femmes 67%) de ce site internet international d’entrainement cognitif sur une période de 90 jours d’entraînement. Seuls les résultats des membres s’entraînant de façon régulière ont été analysés, à savoir au moins 180 exercices joués durant les 90 premiers jours d’entraînement, et au moins 12 séances d’entraînement réalisées, soit au moins une séance par semaine. Le nombre moyen de séances d’entraînement était de 5. Résultats Les données montrent une amélioration significative du profil cognitif (aucune baisse observée) sur les 90 jours, d’autant plus forte que l’entraînement est intense. L’amélioration ne dépend pas des facteurs genre, niveau d’éducation, langue maternelle, et âge. L’analyse montre que les personnes ayant le plus de difficultés étaient celles qui s’entraînaient le plus régulièrement. S’améliore-t-on simplement à la tâche ou améliore-t-on la fonction cognitive globale ? Le fait que chacun des 37 exercices soit doté de 3 à 50 niveaux de difficulté engendre qu’en moyenne les sujets réalisent chaque exercice environ 15 fois sur 90 jours, ce 44 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 qui veut dire que chaque exercice est exécuté seulement une fois par semaine en moyenne pour les joueurs modérés et environ deux fois par semaine pour les joueurs les plus assidus. Mais comme chaque exercice comporte de 3 à 50 niveaux de difficulté, la probabilité qu’un exercice soit réalisé à un même niveau est très faible. Nous considérons donc que l’effet d’apprentissage à la tâche est mineur comparativement à l’amélioration de la fonction. Le nombre d’exercices disponibles est un facteur crucial du programme d’entraînement cérébral pour s’assurer d’une amélioration transversale et non seulement d’une amélioration à l’exercice. Discussion L’analyse des données suggère une recommandation d’entraînement de 30-40 minutes par jour, 3 à 5 fois par semaine, afin de maximiser les effets d’un entraînement cérébral de 90 jours. L’intérêt d’un tel entraînement est un meilleur confort cognitif personnel lors du vieillissement naturel (Ball et al, 2002 ; Wilson et al, 2002), sous réserve que l’ensemble des capacités cognitives soient stimulées (la variété est essentielle, et l’entraînement cognitif Happyneuron répond à cet objectif) et qu’il s’inscrive dans un ensemble (loisirs stimulants, hygiène de vie, vie sociale). Références Ball, K., Berch, D.B., Helmers, K.F., Jobe, J.B., Leveck, M.D., Marsiske, M., Morris, J.N., Rebok, G.W., Smith, D.M., Tennstedt, S.L., Unverzagt, F.W., & Willis, S.L. (2002). For the ACTIVE Study Group. Effects of Cognitive Training Interventions With Older Adults. A Randomized Controlled Trial. JAMA, 288, 2271-2281. Papp, K. V., Walsh, S. J., & Snyder, P. J. (2009). Immediate and delayed effects of cognitive interventions in healthy elderly: A review of current literature and future directions. Alzheimer’s & Dementia, 50-60. Wilson, R.S., Mendes De Leon, C.F., Barnes, L.L., Schneider, J.A., Bienias, J.L., Evans, D.A., & Bennett, D.A. (2002). Participation in Cognitively Stimulating Activities and Risk of Incident Alzheimer Disease. JAMA, 287, 742-748. 45 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 TWO DIFFERENT APPROACHES OF COGNITIVE TRAINING IN OUTPATIENTS AFFECTED BY MILD COGNITIVE IMPAIRMENT (MCI): A PILOT STUDY WITH FMRI Elisabetta.Farina1, F. Baglio1, L. Griffanti2, MG Preti2, F.L. Saibene1, A. D’Amico1, R. Critelli1, M. Alberoni1, P. Cecconi3, G. Baselli2, R. Nemni1,4 1 2 Don Gnocchi Foundation, Neurorehabilitation Unit, Milan, Italy Polytechinique of Milan, Bioengineering Department, Don Gnocchi Foundation, Milan, Italy 3 Don Gnocchi Foundation, Neuroimaging Unit, Milan, Italy | 4 Study University of Milan, Milan Italy Keywords: Mild Cognitive Impairment, Cognitive Stimulation, individual and group treatment Introduction Several studies have suggested that cognitive interventions can improve neuropsychological performances in MCI and maybe delay dementia. However, it is not clear what kind of treatment (e.g. individual training vs. group stimulation) can obtain better results. The aim of this study was to evaluate the impact of two cognitive training programs (Individual Cognitive Training -ICT- or Multidimensional Stimulation Group Therapy - MSGT-) on MCI subjects and their brain functioning studied with fMRI. Method 42 MCI subjects were randomized in treated (ICT:15 subjects, MSGT:6) and non-treated groups (21 subjects). Both ICT and MSGT consisted of 12 sessions (2 sessions/week). ICT was centered on memory (learning strategies, spaced retrieval, noun-face association, use of external aids) and attention (selective, sustained and divided) and was tailored to patient need according to the main functional impairment. MSGT involved reality orientation, physical, recreational, and occupational activities. Neuropsychological assessment and fMRI with verbal fluency paradigm were performed in both groups (before and after rehabilitation in treated groups or observation period in non treated one). Results The ICT/MSGT groups did not differ from the non-treated group in MMSE and MOCA values at baseline and after rehabilitation (p=.53). However, at neuropsychological tests ICT and MSGT showed a different effect. ICT group improved in Verbal and non verbal longterm memory (Rey’s Auditory Verbal learning task immediate recall p0.04; Rey Osterreith Complex figure recall p0.05), language (phonemic fluency p0.02) and visuospatial attention (Complex Barrage p0.05). MSGT showed an effect on language (semantic and phonemic fluency p0.001) and executive functions (Raven Colored Matrices p0.001). Despite a statistical comparable performance on correct responses during the task, direct comparison of fMRI results (flexible factorial analysis) showed a positive effect of both treatments in bilateral temporal cortex right>left(p<.005).In Lombardy region, the cost of a group therapy is about ¼ of the cost of an individual one. 46 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Discussion Both ICT and MSGT showed a positive effect on language functions of MCI subjects. Only ICT was able to improve memory and attention. These results are coherent with the treatment characteristics. On the other hand, group therapy improved executive functions maybe because it incorporates occupational-recreational therapy. As memory impairment is usually the main complain of MCI subjects, ICT could obtain more ecologically relevant results than MSGT. However, treatment cost is a limit. Increased fMRI activations only in treated groups support the contention that ICT/MSGT promote cognitive functions (above all language). References Jean L, Bergeron ME, Thivierge S, Simard M. (2010). Cognitive intervention programs for individuals with mild cognitive impairment: systematic review of the literature. American Journal of Geriatric Psychiatry, 18, 281-96. 47 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 MENTAL IMAGERY TRAINING EFFECT ON EPISODIC MEMORY IN ALZHEIMER DISEASE Hind Boumlak1&2, J. Kopp3 1 Association Delta 7, Paris UFR de Psychologie, Université Paris 8 3 UFR de Psychologie, Université Sophia Antipolis 2 Key-words: mental imagery, cognitive stimulation, Alzheimer dementia. Background Episodic memory is deteriorated in Alzheimer disease. In this frame mental imagery would compensate recall abilities by reinforcing encoding skills using double encoding theory. Psychological treatments for Alzheimer dementia patients such as cognitive stimulation therapy lead to engage patient’s memory in order to reinforce and preserve it (Spector et al., 2003, 2006a, 2006b, 2010, 2011 ; Van der Linden, 2006; Aguirre et al., 2011; Knapp et al., 2005; Orrell et al., 2005). The aim of the study reported here is to evaluate the mental imagery training effect on episodic memory in Alzheimer disease. Method Participants Twenty AD patients from one Adults Day Health Care Centre (Casa Delta 7 Paris) were selected and separated into two groups: 10 AD patients (Age: 84,5 (3,27), MMSE:21,4 (2,32)) comprised the experimental group to undergo the mental imagery training The remaining 10 patients comprised the control group (Age: 85,8 (3,55), MMSE: 21,9(2,51)), which, instead of the imagery training, underwent simple drawing exercises. Both groups were similar in age, education and disease duration. Materials: 8 lists including 20 words. Each list was comprised of 10 concrete terms (eg: guitar) and 10 abstracts terms (eg: truth). All words were matched for the lexical frequency. Procedure The experiment was conducted in 3 steps: Step 1: neuropsychological tests (MMSE, MILL HILL, VVIQ, MCNAIR, DO80, EMPAN D/V, TMT, RL-RI16), were submitted to both groups, before the 4 weeks training. Step 2: Experimental group: Mental imagery training was conducted over a 4 week period (two sessions per week). The participants had to create an image of each single term presented term on A6 paper and then write down a description. Control group participated in drawing activities, they had to copy random concrete objects images such as hats, flowers, horses, etc. Step 3: RL-RI16 test was conducted individually across both groups after 4 weeks training. RL-RI16 is a verbal episodic memory, inspired from the Grober & Buschke Test. Results The results of this study supported 4 findings : 1) score’s analysis of the (RL-RI 16) before and after the 4 weeks training showed that patients who underwent mental imagery activity scored higher than the control group (p<0.052); 2) A contrario, the control group scored 48 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 lower after the 4 weeks training; 3) the experimental group significantly improved scores in the free recall (RL1 : p<0.01 and RL2 : p<0.01); and lastly 4, consistency analysis revealed that on one hand control group demonstrated lower scores (60.3(16.36) words vs. 16.35(22.61)). On the other hand experimental group improved significantly the consistency recall (p<0.05) in free recall (0(0) vs. 25.91 (33.61) words). The experimental group shows a significant increase during the 8th session, in their capacity to memorize terms. Results show that concrete terms are more easily remembered than abstract terms. Discussion This study demonstrated clearly that AD patients benefit from mental imagery training. After 4 weeks the experimental group showed higher scores than control group. This contrast with the significantly declining scores of the control group giving us sufficient grounds supporting that mental imagery training helps to maintain episodic memory skills thus offsetting the deleterious effects of AD. At the same time, the very fact that the experimental group showed higher consistency in free recall (RL) allowed us to postulate that the AD patients benefit from double encoding reinforcing their deeper encoding. Lastly, the inter-session analysis showed that experimental group started to improve word recollection as of the 8th session allowing us to postulate that at early stages of AD, this technique reinforces memorisation. We also believe that this technique can be extended to more general daily living activities, helping to improve the life-style of AD patients. References Aguirre E, Spector A, Streater A, Hoe J, Woods B and Orrell M (2011). Making a Difference 2. UK: Hawker Publications. Knapp M, Thorgrimsen L, Patel A, Spector A, Hallam A, Woods B and Orrell M (2006). Cognitive Stimulation Therapy for people with dementia: Cost Effectiveness Analysis. British Journal of Psychiatry, 188: 574-580 doi: 10.1192/bjp.bp.105.010561 Orrell M, Spector A, Thorgrimsen L and Woods B (2005). A pilot study examining the effectiveness of maintenance Cognitive Stimulation Therapy (MCST) for people with dementia. International Journal of Geriatric Psychiatry, 20, 446-451. Spector A, Thorgrimsen L, Woods B, Royan L, Davies S, Butterworth M and Orrell M (2003). Efficacy of an evidence-based cognitive stimulation therapy programme for people with dementia: Randomised Controlled Trial. British Journal of Psychiatry, 183, 248-254. Spector A, Thorgrimsen L, Woods B and Orrell M (2006).Making a difference: An evidence-based group programme to offer Cognitive Stimulation therapy (CST) to people with dementia. Uk : Hawker Publications. Spector A and Orrell M (2006). A review of the use of cognitive stimulation therapy in dementia management. British Journal of Neuroscience Nursing, 2 (8),381-385. Spector A, Orrell M and Woods B (2010). Cognitive Stimulation Therapy (CST): effects on different areas of cognitive function for people with dementia. International Journal of Geriatric Psychiatry, 25 (12): 1253-1258. Spector A, Gardner C & Orrell M (2011). The impact of Cognitive Stimulation Therapy groups on people with dementia: views from participants, their carers and group facilitators. Ageing & Mental Health, 15 (8): 945-949. Van der Linden, M., Juillerat, A.C., & Delbeuck, X. (2006). La prise en charge des troubles de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer. In C. Belin, A. M. Ergis, & O. Moreaud (Eds). Actualités sur les démences : aspects cliniques et neuropsychologiques. (167-197). Marseille : Solal. 49 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 REHABILITATION COGNITIVE : UNE PRATIQUE METACOGNITIVE Jacqueline Champredonde Psychologue du travail- Exercice libéral en cabinet Maître de Conférences honoraire – Université Toulouse1Capitole Mots-clés: images mentales, représentations mentales et sociales, entraînement et plasticité cérébrale. Introduction En réponse opérationnelle aux craintes ou constats de défaillance cognitive du sujet, c'est sur la voie de la connaissance des processus cognitifs qui président à la connaissance que nous nous sommes engagés, initiant le rapprochement entre psychologie sociale et du travail d'une part, et les travaux d'Antoine de La Garanderie (1982) sur la «Gestion Mentale» d'autre part. Au quotidien, notre intervention sur le terrain du dysfonctionnement cognitif nous conduit à obtenir très concrètement des résultats particulièrement probants, par une démarche que nous nous proposons d’exposer ici brièvement. L’objectif de cette démarche est d'affiner l'identification des procédures singulières propres à chacun, sous-tendant le traitement de l'information, au service de la réhabilitation cognitive, voire à titre préventif. Ainsi, notre préoccupation est-elle centrée sur l'exploration du continuum interactif des « représentations mentales » («images mentales») aux «représentations sociales», tant implicites qu'explicites. Dans ses travaux, Antoine de La Garanderie a montré que, pour traiter l'information saisie en activité perceptive, chacun de nous doit suivre l'enchaînement des «actes de l'activité cognitive» qui sont des «gestes mentaux techniques»:attention, mémorisation, compréhension, réflexion et imagination créatrice. Mais, pour effectuer ces mêmes actes, les uns se donnent mentalement des images, les autres des mots, d'autres encore des mouvements,… C’est dire que pour un traitement de l’information opérant, nous devons mettre en œuvre les stratégies mentales qui, pour nous, sont performantes. Les stratégies mentales sont les modes opératoires, niveau méta-cognitif, définis sur le plan du fond par « le projet de sens »et, sur le plan de la forme, par l’exécution de ce projet. 1. « Projet de sens » : le sujet a à se proposer explicitement de faire exister mentalement l’information qu’il veut ou doit prendre, « d’opérer mentalement la réexpression du perçu pour en assurer la conservation en même temps que la mise en rapport d’intelligibilité possible des éléments mentalement promus» (de La Garanderie, 1989). 2. « Exécution de ce projet de sens »: « faire exister mentalement », c’est recourir aux images mentales pour l’encodage de ses perceptions dans son « langage évocatif ». Par la pratique de nos habitudes évocatives propres, nous accédons à l'information, à la connaissance: perception et «évocation explicite» sont à considérer dans leur complémentarité. Prise en charge Il s'agit d'amener le sujet en souffrance cognitive, (domaines scolaire, professionnel ou sportif, vie quotidienne), à saisir explicitement pour lui-même ses stratégies métacognitives, et à savoir y recourir au besoin et de manière adéquate. Ce travail est conduit selon la méthodologie de l’introspection expérimentale, au cours d’entretiens structurés, semidirectifs. 50 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Bilan de profil cognitif Au cours de cette démarche, il convient d'identifier la nature et les paramètres spécifiques de son encodage cognitif, dans des situations aux performances contrastées: 1) comment procède-t-il pour traiter l'information dans les situations où il obtient des résultats qui le satisfont, lui, mais aussi ses évaluateurs ? 2) et quelles sont, a contrario, les stratégies cognitives qu'il met en œuvre dans les situations où il est peu ou pas performant ? Suivi Informé, guidé, le sujet s’entraîne lors de séances hebdomadaires d’une heure, échelonnées sur six semaines en moyenne, sur fond d’appropriation progressive de ses outils cognitifs, à mesure qu’il les « découvre », jusqu’au transfert de son habileté cognitive retrouvée dans les types de situations où elle faisait défaut L'aspect fondamental, ici, réside dans le rôle primordial mais non exclusif de la nature de l'encodage (conforme au profil cognitif: auditif, visuel, ...) : en effet, il s'agit, dans une seconde étape, d'étayer l'encodage, quel qu'il soit, par tous nos autres sens au service du traitement de l'information. C'est cet ensemble indissociable (mais non indiscernable) qui va être maîtrisé progressivement au fil de l'entraînement. Illustration Exemple d’entraînement à l’acte d’attention pour un sujet dont le bilan de fonctionnement cognitif fait apparaître, entre autres :- la nécessité d’encoder l’information en Images Mentales Visuelles -(I .M.V.)- pour en « obtenir » le sens.- ainsi qu’un déficit de ressources mentales pour encoder l’information abstraite. L’entraînement aura pour premier objectif d’apprendre au sujet:- à dissocier l’activité perceptive (ex ; « j’entends un commentaire ») de l’évocation explicite à laquelle il doit se livrer pour traduire fidèlement le propos en I.M.V. - mais également à opérer l’encodage des informations abstraites en I.M.V. concrètes,- enfin, à enrichir le SENS que ses I.M.V. lui donnent par le recours complémentaire aux autres sens perceptifs. Projet de réalisation Dès lors que le sujet a fait sien l’impératif de projet de sens, par le constat du savoir-faire retrouvé, il convient de l’accompagner dans la mise en œuvre des intentions d’actions nées de ce traitement de l’information, de telle sorte que, désormais, il sache mettre en œuvre ses procédures mentales pour réussir à :1) «se mettre en projet de réaliser», 2) «passer à l'action». Conclusion et perspectives Pour le demandeur en consultation, la découverte puis le transfert de ses stratégies mentales efficaces aux situations dans lesquelles il a besoin d'accroître sa performance, est une démarche vers l'autonomie du fonctionnement cognitif, solide prélude à une image de soi restaurée et présage d'une conduite marquée du sceau de la confiance en soi. Dans la perspective d’un approfondissement de cette voie d'exploration de la connaissance des processus cognitifs et de son éventuelle étendue à d’autres domaines d’application, ne serait-il pas envisageable de conjuguer ces recherches avec les technologies comme l'IRMf et cognitive ? Élargir ainsi l'éventail des chemins à emprunter pour prévenir, freiner, remédier ou même compenser les déficits cognitifs, c'est le souhait que je formule ici. Références de La Garanderie, A. (1982). Pédagogie des moyens d’apprendre. Bayard (1ère édition). de La Garanderie, A. (1989). Défense et illustration de l’introspection au service de la gestion mentale. Centurion. 51 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 3 : Aides cognitives et évaluation Jeudi 24 mai / 10h-11h30 Amphithéâtre Louis Mieusset Modératrice : Brigitte Le Pevedic (Université Bretagne Sud) 52 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EFFETS GENERAUX ET DIFFERENTIELS D’UN PROGRAMME DE STIMULATION COGNITIVE SUR LES PERFORMANCES DE MEMOIRE PROSPECTIVE DE PERSONNES AGEES EN BONNE SANTE Barbara Azzopardi1, C. Auffray2 & J. Juhel1 1 CRPCC, Université Rennes 2 2 CRPCC, Université de Bretagne Occidentale Mots-clés : Mémoire prospective, stimulation cognitive, vieillissement Introduction La mémoire prospective (MP) renvoie à notre capacité de nous souvenir d’initier et d’exécuter une action que nous avons prévu d’accomplir dans le futur (Ellis & Freeman, 2008), comme nous souvenir par exemple d’honorer un rendez-vous ou encore de prendre un médicament tous les jours à un moment précis. De nombreux auteurs ont mis en évidence une diminution de l’efficacité de cette mémoire avec l’avancée en âge (voir la méta-analyse d’Henry et al., 2004). Cette diminution pourrait être en partie expliquée par l’implication de deux fonctions cognitives sensibles aux effets du vieillissement : la mémoire épisodique et le contrôle cognitif. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’apprentissage de stratégies mnésiques pouvait avoir un effet positif sur les performances de MP chez la personne âgée (Schmidt, Berg, & Deelman, 2001 ; Troyer, 2001 ; Villa & Abelès, 2000). Malgré l’amélioration des connaissances concernant les mécanismes cognitifs impliqués dans la performance de MP chez la personne âgée en bonne santé et en dépit de son rôle essentiel dans la vie quotidienne, seules deux recherches ont, à notre connaissance, testé l’efficacité de programmes de stimulation visant à améliorer de façon spécifique la performance de MP auprès de ce public (Schmidt et al., 2001 ; Villa & Abelès, 2000). Si les résultats de ces deux études semblent suggérer qu’il est possible d’améliorer la performance de MP de la personne âgée, certaines limites méthodologiques (e.g., absence de groupe contrôle, absence de suivi) en réduisent toutefois la portée. L’objectif de l’étude dont nous présenterons les résultats est d’évaluer les effets généraux et différentiels d’un programme de stimulation, basé sur le renforcement du contrôle cognitif, de la mémoire épisodique et des connaissances méta-mnésiques (i.e., connaissance du fonctionnement de la mémoire prospective, connaissance des stratégies), sur la performance de MP de personnes âgées en bonnes santé. Méthode L’échantillon est constitué de 42 personnes âgées de 60 à 90 ans, en bonne santé et vivant de façon autonome à domicile ou en foyer logement. Les participants du groupe expérimental (n=27 ; âge moyen = 73.11 ans, E.T. = 9.32 ; MMSE moyen = 28.93, E.T. = 1.03 ; nombre moyen d’années de scolarisation = 11.52, E.T. = 3.67) participent à 10 séances de stimulation, en petit groupe, à raison d’une heure par semaine. Le programme repose d’une part, sur la réalisation d’exercices d’entraînement visant à renforcer la mémoire épisodique et le contrôle cognitif et d’autre part, sur des éléments psychoéducatifs destinés à améliorer les connaissances méta-mnésiques (e.g., explication du fonctionnement de la mémoire prospective, apprentissage de stratégies). Les participants du groupe contrôle (n=15 ; âge moyen = 71,6 ans, E.T. = 8.85 ; MMSE moyen = 28.80, E.T. = 0.94 ; nombre moyen d’années de scolarisation = 10.93, E.T. = 3.99), appariés au groupe expérimental, ne bénéficient d’aucune prise en charge particulière. L’étude est construite selon un plan expérimental longitudinal de type pré-test / administration du programme / post-test. Le pré-test et le post-test sont composés d’épreuves permettant 53 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 d’évaluer la MP en situation artificielle (tâches informatisées de type time-based et eventbased) et en situation écologique (se souvenir d’appeler un répondeur téléphonique, à une heure précise ; se souvenir de poster une lettre à l’expérimentateur, un jour prédéfini). Ils comportent également des épreuves classiques permettant d’évaluer la mémoire épisodique et le contrôle cognitif ainsi que deux questionnaires d’auto-évaluation des stratégies mnésiques internes et externes et de la mémoire prospective. Les épreuves du pré-test sont administrées juste avant la participation au programme. Un premier post-test est effectué immédiatement après la participation au programme, un second, trois mois après. Résultats Nous envisageons de présenter lors du congrès les résultats du premier post-test (disponibles en février 2012) et ceux du second post-test (disponibles en mai 2012). Les données recueillies (précision et latences des réponses aux tâches de MP, de mémoire épisodique et de contrôle cognitif) seront analysées avec des modèles mixtes linéaires généralisés permettant d’analyser simultanément les effets de la stimulation au niveau du groupe et au niveau individuel. De façon générale, nous nous attendons à ce que l’amélioration des performances des participants du groupe ayant bénéficié de l’entraînement soit supérieure à celle, due à l’effet test/re-test, des performances des participants du groupe contrôle. Une hypothèse de niveau différentiel complète la précédente. Nous faisons en effet l’hypothèse que les participants qui ont une capacité de réserve cognitive (Kalpouzos, Eustache, & Desgranges, 2008) plus élevée (haut niveau d’éducation, niveau de contrôle cognitif initial élevé) que leurs homologues, bénéficient proportionnellement plus que ces derniers du programme de remédiation. Discussion Les résultats seront discutés au regard des recherches récentes concernant d’une part, les effets du vieillissement sur la mémoire prospective et d’autre part, l’efficacité des interventions cognitive chez la personne âgée en bonne santé. Références Ellis, J. A., & Freeman, J. E. (2008). Ten years on: Realizing delayed intentions. In M. Kliegel, M. A. McDaniel, G. O. Einstein, M. Kliegel, M. A. McDaniel, G. O. Einstein (Eds.) , Prospective memory: Cognitive, neuroscience, developmental, and applied perspectives (pp. 1-27). New York, NY: Taylor & Francis Group/Lawrence Erlbaum Associates. Henry, J.D., MacLeod, M. S., Phillips, L. H., & Crawford J. R. (2004). A MetaAnalytic Review of Prospective Memory and Aging. Psychology and aging, 19(1), 27-39. Kalpouzos, G., Eustache, F., & Desgranges, B. (2008). Réserve cognitive et fonctionnement cérébral au cours du vieillissement normal et de la maladie d'Alzheimer. Psychologie & Neuropsychiatrie Du Vieillissement, 6(2), 97-105. Schmidt, I., Berg, I., & Deelman, B. (2001). Prospective memory training in older adults. Educational Gerontology, 27(6), 455-478. Troyer, A. (2001). Improving Memory Knowledge, Satisfaction, and Functioning Via an Education and Intervention Program for Older Adults. Aging, Neuropsychology & Cognition, 8(4), 256-268. Villa, K., & Abeles, N. (2000). Broad spectrum intervention and the remediation of prospective memory declines in the able elderly. Aging & Mental Health, 4(1), 21-29. 54 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 REMÉDIATION DE L’ATTENTION ET DE LA MÉMOIRE DE TRAVAIL AVEC COGMED : APPLICATION À LA CLINIQUE DES RECHERCHES EN NEUROSCIENCES ET DE L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE Delphine Bachelier Neuropsychologue, Editions du Centre de Psychologie Appliquée (ECPA) Enseignante Ecole Psychologues Praticiens, Lyon, Hôpital Hôtel Dieu, Paris Mots-clés : neuropsychologie, remédiation, mémoire de travail Contenu Suite aux travaux de Dr Michael Merzenich (Université de Californie) portant sur la plasticité cérébrale, Dr Torkel Klingberg (Karolinska Institute) a développé en 1999 le premier prototype de Cogmed, programme de remédiation de la mémoire de travail, définie par Baddeley et Hitch (1974) comme étant un système responsable du stockage temporaire et de la manipulation de l’information lors de la réalisation de tâches cognitives (raisonnement, compréhension, apprentissage). Cogmed a rapidement suscité l’intérêt tant des chercheurs (21 recherches publiées, plus de 40 en cours) que des cliniciens, ce qui a permis la validation et la distribution du programme dans 35 pays. Celui-ci a été décliné en trois versions (Cogmed JM, Cogmed RM et Cogmed QM) en fonction de l’âge et des performances cognitives des patients. Le programme Cogmed peut être proposé à partir de 4 ans et se poursuit à l’âge adulte. En proposant à ses patients le programme de remédiation de l’attention et de la mémoire de travail Cogmed, le praticien s’engage dans le processus élaboré par l’équipe du Dr Klinberg : 25 sessions sont proposées sur ordinateur, au rythme de 5 sessions par semaine (comprenant un nombre définis d’exercices, dont les contenus peuvent varier d’une session à l’autre) pendant 5 semaines (20 à 45 minutes par session selon l’âge). Le professionnel prend contact avec son patient une fois par semaine pour le soutenir et lui faire un retour sur l’évolution de ses performances. A la fin des 25 sessions, le professionnel fait avec son patient le bilan de ses progrès et des améliorations ressenties en vie quotidienne. La consolidation de la mémoire de travail se poursuivant pendant plusieurs mois après l’arrêt du programme, le professionnel reçoit à nouveau le patient 6 mois plus tard afin de réaliser un nouveau bilan. La méthode de suivi du patient est enseignée aux praticiens Cogmed lors d’une formation obligatoire d’une journée. En effet, une plateforme internet permet au patient et à son thérapeute de visualiser le déroulement des sessions (jours travaillés, horaires de début et de fin, temps de travail effectif/ temps de pauses, ordre de réalisation des exercices, répartition des items réussis ou échoués au sein des exercices…), et l’analyse de ces données permet au praticien de préparer ses entrevues hebdomadaires. La valeur ajoutée de ce programme de remédiation réside dans l’adaptabilité du logiciel au niveau cognitif du patient : la difficulté des items proposés au sein de chaque exercice s’ajuste automatiquement aux capacités maximales de celui-ci pour l’obliger à fournir un effort cognitif. Les retours proposés à la fois par le logiciel lui-même et par le praticien en charge de la remédiation sont toujours positifs et valorisants. Outre l’augmentation durable des compétences en mémoire de travail, on peut également s’attendre à une amélioration de l’estime de soi du patient, définie par Coopersmith (1975), comme l’expression d’une 55 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 approbation ou d’une désapprobation portée sur soi-même. Elle indique dans quelle mesure un individu se croit capable, valable, important. Les parents des enfants ayant bénéficié du programme Cogmed font pour la plupart état d’une amélioration de leur attention, de leur concentration ainsi que de leurs performances à l’école, en français et en mathématiques. En effet, de nombreux auteurs, comme Dr Susan Gathercole et Dr Steven Pickering (2003) ont montré que les performances au niveau de la mémoire de travail prédisent la réussite scolaire chez l’enfant tout venant. Après la remédiation, les enfants sont de manière générale plus calmes et moins impulsifs. Les adultes ayant participé à l’entraînement expliquent pour leur part mieux se concentrer sur les différentes activités ou conversations, mieux s’organiser ou d’être davantage capable de mener deux activités de front. Si le programme de remédiation Cogmed peut-être proposé à tout sujet présentant une faiblesse de la mémoire de travail, les plus nombreuses recherchent portent sur l’utilisation de la méthode auprès d’enfant TDA/H. Lors de cette communication, nous présenterons en détails le contenu des exercices proposés, la méthode de remédiation et les bénéfices attendus. Une étude de cas permettra d’illustrer l’exposé. Nous présenterons enfin les données issues de la recherche. Références Baddeley, A.D., & Hitch, G. (1974). Working memory. In G.H. Bower (Ed.), The psychology of learning and motivation: Advances in research and theory (Vol. 8, pp. 47–89). New York: Academic Press. Coopersmith, S. (1975) Building self-esteem in the classroom. In Developing Motivation in Young Children. San Francisco : Albion Publishing Company. Pp 95-132. Now distributed by Consulting psychologists Press. Inc.. Palo Alto. CA. Gathercole, S.E. & Alloway, T.P. (2008). Working memory and learning: A practical guide for teachers. London: Sage. Gathercole, S.E., Brown, L. & Pickering, S.J. (2003). Working memory assessments at school entry as longitudinal predictors of National Curriculum attainment levels. Educational and Child Psychology, 20, 109–122. Klingberg, T. (2008). The Overflowing Brain: Information Overload and the Limits of Working Memory. Oxford University Press. Klingberg, T. Fernell, E. Olesen, P.J. Johnson, M. Gustafsson, P. Dahlstrom, K. Gillberg, C.G. Forssberg, H. (2005). Computerized Training of Working Memory in Children With ADHD—A Randomized, Controlled Trial. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry, 44:2. 56 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EVALUATION ERGONOMIQUE COMPAREE DE DEUX LOGICIELS DE STIMULATION COGNITIVE Melissa Brun, G. Michel & E. Brangier ETIC (Expérience utilisateur dans le Traitement des Interactions technologiques et des Conduites humaines et sociales) - EA 4432. InterPsy. Université de Lorraine - UFR Sciences Humaines et Arts. BP 30309. Île du Saulcy - 57006 Metz (France) Mots-clés : Séniors, ergonomie cognitive, évaluation ergonomique, stimulation cognitive Introduction Plusieurs recherches ont souligné que la pratique d’activités stimulantes permet de freiner les effets négatifs du vieillissement, encore faut-il que les logiciels de stimulation soient adaptés du point de vue ergonomique. L’objectif de cette communication est de restituer et d’analyser les résultats de l’évaluation de deux logiciels de stimulation cognitive, à savoir Presco et un produit en cours de conception. Ces logiciels sont destinés à stimuler, par divers exercices ludiques, différentes dimensions et fonctions cognitives. Méthode Procédure et échantillon L’évaluation a été menée à l’aide d’un test utilisateur sur un groupe de 32 séniors (âge moyen 78.19 ans) et à un groupe de 15 personnes (âge moyen de 30.47 ans). Matériel Le logiciel Presco comprend trente exercices ciblant différentes aptitudes cognitives. Le second logiciel, stimulant la mémoire visuelle, a été conçu par notre équipe à travers une conception centrée utilisateur. Les différentes performances de ces interfaces ont été mesurées grâce à un questionnaire de satisfaction et une grille d’observation, type inspection heuristique basée sur les critères ergonomiques. Les scores obtenus par chaque groupe, pour le groupe âgé et le groupe contrôle, et par chaque méthode de recueil de données ont été calculés et comparés. 57 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Résultats Un résultat important est que le nombre de difficultés rencontrées par les utilisateurs dans des tâches de stimulation cognitive qui est de 10.09 en moyenne avec Presco, une utilisatrice âgée est même restée une dizaine de minutes bloquée sur un écran de paramétrage. Les résultats du questionnaire de satisfaction soulignent également des problèmes notamment d’ergonomie visuelle, de guidage, de charge de travail, de contrôle et gestion des erreurs, d’homogénéité et cohérence, de signifiance et de compatibilité. Pris dans leur globalité, les résultats de l’inspection montrent enfin que les logiciels présentent des caractéristiques ergonomiques différentes, celles de Presco ayant un niveau d’utilisabilité faible sur le plan de l’efficience et des erreurs d’utilisation. Discussion Cette expérience met en évidence l’importance de certaines dimensions ergonomiques des logiciels de stimulation cognitive. Leur adaptation à un public à besoin spécifique est souvent insuffisante. Cette expérience souligne également qu’il est nécessaire de s’appuyer sur des recommandations ergonomiques (feed-back, intention d’usage, formes de persuasion pour poursuivre l’interaction, renforcement…) et plus généralement d’utiliser une approche ergonomique pour améliorer la qualité des interfaces et donc l’utilisation de ces outils. Conclusion Notre étude a donc permis de voir l’apport positif de l’ergonomie des interactions humainmachine à la stimulation cognitive. Au-delà de l’effet réel de la stimulation cognitive qui n’est plus à prouver, l’enjeu est de favoriser l’intention d’utilisation. Ceci n’est possible qu’en créant des interactions adaptées sur le plan ergonomique. 58 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 MNEMOZYNE Pour une compensation de la mémoire prospective Claude Dumas & B. Malafosse CEREMH Mots-clés : Tâche, Géolocalisation, Mémoire Introduction Au cours d’un travail portant sur la compensation des déficits de mémoire présents dans certaines pathologies (traumatisme crânien, maladie d’Alzheimer…). Nous avons été amenés à envisager l’utilisation d’applications pour smartphone. Cette réflexion nous a conduits à isoler des fonctionnalités pouvant faire l’objet du développement d’applications spécifiques. Il existe actuellement des applications disponibles sur smartphone permettant la gestion et le rappel de tâche et des applications ayant des fonctions de géolocalisation. Le couplage de ces fonctions permet d’envisager une application pouvant constituer une aide à la planification et à la mémorisation de tâches. Planification des tâches et mémoire prospective Le gestionnaire de tâche est un outil permettant la planification d’action dans le temps et assure un soutien à la mémoire prospective. La mémoire prospective, « mémoire du futur », permet d’anticiper sur une action à réaliser dans le futur ; elle est liée à la capacité du rappel au moment où l’action doit être réalisée. Il s’agit donc de deux tâches étroitement liées : • La planification de l’action en amont afin de se souvenir de la tâche à réaliser. • Le rappel de l’action à réaliser à l’instant prévu. La limite de ces applications est liée au fait qu’une tâche doit pouvoir être rappelée au moment où il est possible de la réaliser Spontanément, nous utilisons des moyens mnémotechniques (le nœud au mouchoir, la liste sur post-it…). Cependant, lorsque la tâche à réaliser survient dans un moment de stress ou de forte charge mentale, il arrive souvent qu’elle soit oubliée. Les gestionnaires de tâche existants permettent de planifier dans le temps les tâches à réaliser et leur rappel au moment déterminé. Cependant, la tâche n’est pas forcément réalisable au moment du rappel (notamment si l’on n’est pas à l’endroit prévu pour sa réalisation) ou le rappel peut survenir à un moment de stress ou de charge mentale importante. D’autre part, il est souvent difficile de prévoir l’heure à laquelle la tâche sera réalisable (exemple : rappel d’achat à réaliser le soir lorsque les horaires ne sont fixes). 59 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 L’application Mnémozyne Nous avons développé sur cette base l’application Mnémozyne, disponible sur les plateformes iOs et Android, permettant d’associer à la planification temporelle une planification géolocalisée qui permet de réaliser un rappel de la tâche en fonction de la proximité du point localisé. Exemple : rappel d’achat du pain le soir en passant devant sa boulangerie. Intérêt et Perspectives Cette application aura ainsi plusieurs intérêts : • assister ou compenser la mémoire prospective • limiter les déplacements en optimisant les trajets (évite les oublis et les allers-retours inutiles) L’application va également permettre de faire du partage de tâche pour une communauté à laquelle l’utilisateur est associé (exemple : famille, aidants…) Elles peuvent être de plusieurs types : • Individuelle : la tâche doit être réalisée par un des destinataires. Les destinataires sont informés lors de la réalisation de celle-ci par un des membres. • Multiple : Tous les destinataires doivent réaliser la tâche. L’expéditeur est au courant de sa réalisation, ou pas, par chacun. Nous envisageons à partir de cette application dédiée au grand public de proposer une adaptation de cette application qui pourra être utilisée pour des programmes de réadaptation. Cette application pourrait constituer une prothèse mnésique utilisable dans la vie quotidienne afin de compenser ces déficits. Références Reed, K.S. (1999). Cognition : Théorie et application. DeBoeck Université. Baddeley, A. (1993). La mémoire humaine. Pug. . 60 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EVALUATION DES BESOINS EN DISPOSITIFS NUMERIQUES DE REEDUCATION COGNITIVE ET DE L’IMPACT D’UNE METHODE SPECIFIQUE CHEZ DES PATIENTS TRAUMATISES CRANIENS Marie-Hélène Ferrer1, M.O.Mery2, & B. Alescio-Lautier3 1 Dpt SMCF, Institut de Recherche Biomédicale des Armées, BP 73, 91223 Brétigny-sur-Orge 2 ADAPT-Var, Espace Santé 2, 489 Av Rome, 83500 La Seyne sur Mer 3 UMR 7260, Laboratoire de Neurosciences intégratives et adaptatives, Aix-Marseille Université, 3 place Victor Hugo, 13331 Marseille Mots-clés : Mémoire, Attention, Handicap cognitif, Fonctions exécutives, Remédiation. Notre étude s’intéresse à la fois aux besoins en dispositifs numériques de stimulation cognitive d’une population spécifique celle des Traumatismes Crâniens (TC) et à l’impact d’une méthode spécifique de réhabilitation cognitive (Alescio-Lautier B. & Touzet C., 2007). Cette méthode de rééducation s’appuie sur un programme d’entraînement cognitif de la mémoire et de l’attention personnalisé, via les technologies de l’information et de la communication, dont les effets bénéfiques ont été montré sur une population de patients MCI (Herrera et al., sous-presse). Nous avons adapté et évalué ce programme chez des patients aux antécédents de TC graves. Les TC représentent de part leur nombre, de part l’âge des patients et leurs atteintes cognitives potentielles, un problème important de santé publique. Les mécanismes de survenue des lésions cérébrales au cours des TC sont multiples et occasionnent des lésions focalisées et diffuses qui génèrent des troubles cognitifs très variés dont des troubles mnésiques, attentionnels et exécutifs. Cette population est une population jeune qui est souvent familière de l’utilisation des nouvelles technologies via Internet et les jeux vidéo pour laquelle la rééducation doit permettre si possible le retour à l’emploi ou une meilleure qualité de vie. Diverses stratégies visant à améliorer les fonctions cognitives lors de la réhabilitation des TC ont été étudiées (Thornton et al., 2008) comme les effets de rééducations cognitives à des habiletés basiques transférables à différents comportements de la vie quotidienne ou à des habiletés spécifiques améliorant la réalisation de tâches très particulières. Certains programmes informatisés ont eu un effet favorable chez les patients, particulièrement sur les fonctions attentionnelles mais les effets sur les fonctions mnésiques sont encore discutés (Rohling et al., 2009). Les programmes de réhabilitation cognitive intensive ont des bénéfices cliniques non négligeables (Cicerone et al., 2004). Toutefois, dans un contexte clinique traditionnel, en fonction de la situation géographique du patient et de la distance temporelle du traumatisme, il est parfois difficile pour les professionnels de santé de proposer un grand nombre de séances au cabinet médical à un patient. Le type d’entraînement testé dans notre étude pourrait permettre d’intensifier la rééducation cognitive d’un patient sous la supervision d’un professionnel de santé, paramétrant via internet un programme personnalisé que le patient pourrait suivre seul ou avec l’aide d’un aidant à domicile. Cette méthode d’entraînement cognitif qui a été développée au sein du Laboratoire de Neurosciences Intégrative et Adaptative à Marseille (Alescio-Lautier B. &Touzet C., 2007) permet une stimulation cognitive mnésique et attentionnelle personnalisée via les Technologie de l’Information et de la Communication. Nous avons évalué l’impact de cette méthode chez des TC à la fois sur la mémoire en différenciant la reconnaissance différée, le rappel immédiat et le rappel différé, mais aussi sur les fonctions attentionnelles et exécutives à l’aide de tests utilisés en pratique clinique avec des résultats quantifiables. 61 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Cette étude a été conduite sur cinq sujets, âgés de 27 à 44 ans, deux femmes et trois hommes aux antécédents de TC grave remontant à plus de 10 ans, en deux périodes de deux mois chacune : une période blanche (programme standard de réhabilitation dispensé au sein de l’ADAPT du Var) suivie d’une période de rééducation incluant notre programme personnalisé en ligne. Les résultats de trois bilans neuropsychologiques prenant en compte les capacités mnésiques (Empans, BEM84), les capacités attentionnelles (TMT A, Barrage des cloches) et les capacités exécutives (TMT B, Test de Stroop, Double Tâche de Baddeley, Fluences verbales de Cardebat) ont été recueillis : avant et après la rééducation contrôle, avant et après la période expérimentale. Nos résultats ont montré à l’aide d’une analyse statistique non paramétrique (Test de Wilcoxon), une amélioration significative des capacités mnésiques pour les mécanismes de reconnaissance et de rappel immédiat. En revanche, nos données logicielles montrent une amélioration attentionnelle et exécutive au cours de notre entraînement que nous n’avons pas retrouvée lors des tests neuropsychologiques. Nous avons pu réévaluer un an après l’arrêt de notre programme de stimulation l’un de nos sujets. Celui-ci présentait des progrès mnésiques majeurs après notre programme de stimulation aussi bien pour la reconnaissance et le rappel immédiat que pour le rappel différé. On observe une persistance des effets sur la reconnaissance et le rappel immédiat mais un retour aux performances antérieures pour le rappel différé. Ces résultats préliminaires semblent mettre en avant la persistance d’effets à long terme de la méthode testée mais la nécessité de maintenir une stimulation de base pour conserver les effets positifs sur des processus plus fragiles et éviter leur dégradation au stade antérieur à la stimulation testée. En conclusion, un véritable besoin existe au sein de la population de traumatisés crâniens de dispositifs qui permettraient d’intensifier les programmes de rééducation cognitive standards. Nos résultats sont prometteurs. Suite à la stimulation cognitive informatisée que nous avons testée un transfert du processus de reconnaissance au processus de rappel apparaît chez nos TC au sein du bilan neuropsychologique ainsi qu’une amélioration des processus attentionnels et exécutifs entraînés au sein de notre programme. Une étude à plus grande échelle est prévue chez des TC graves mais aussi légers et modérés afin de mieux caractériser l’impact cognitif et social de notre méthode de rééducation. Références Alescio-Lautier, B. & Touzet C. (2007). Brevet. Système de mesure et de stimulation de l’activité neurologique. Date de dépôt le 28/06/2006. Publication n°2902917 du 28/12/2007. Déposant : Université de Provence. Catellani, R., Zettin, M., Zoccolotti, P. (2010). Rehabilitation Treatments for Adults with Behavioral and Psychosocial Disorders Following Acquired Brain Injury: A Systematic Review. Neuropsychol Rev. 20, 52-85. Cicerone, K.D., Mott, T., Azulay, J., Friel, J.C. (2004). Community integration and satisfaction with functioning after intensive cognitive rehabilitation for traumatic brain injury. Arch Phys Med Rehabil. 85, 943-950. Herrera, C., Chambon C., Paban, V., Michel B., Alescio-Lautier, B. Efficiency assessment of a computer-based cognitive training in patients with Amnestic Mild Cognitive Impairment. Neuropsychologia. In press. Rohling, M.L, Faust, M.E, Beverly, B., Demakis, G. (2009). Effectiveness of Cognitive Rehabilitation Following Acquired Brain Injury: A Meta-Analytic Re-Examination of Cicerone et al.’s (2000,2005). Neuropsychology. 23, 1, 20-39. Thornton K.E., Carmody, D.P. (2008). Efficacy of Traumatic Brain Injury Rehabilitation: Interventions of QEEG-guided Biofeedback, Computers, Strategies and Medications. Appl Psychophysiol Biofeedback. 33, 101-124. 62 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 4 : Cognition et Déplacements Jeudi 24 mai / 10h-11h30 Amphithéâtre Bernard Santona Modérateur : Florent Fouque (Dijon, Inserm U1093) 63 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EVALUATION DES CAPACITES DE CONDUITE APRES LESION CEREBRALE Véronique Bourrat-Salducci1, M. Enjalbert1, P. Delhomme2 1 USSAP Centre Bouffard Vercelli, Cerbère 2 IFSTTAR, LPC Mots-clés : revue de littérature, AVC, conduite automobile Introduction Nous présentons une revue de littérature portant sur l’évaluation des capacités de reprise de la conduite automobile après une lésion cérébrale, ainsi qu’un recueil des pratiques mené principalement dans les différents établissements du réseau Comète en France. Les équipes de médecine physique et de réadaptation sont régulièrement confrontées à cette problématique. Or, si la nécessité d’une évaluation pluridisciplinaire (médecin, neuropsychologue, ergothérapeute, moniteur auto-école) semble acquise, un important travail de recherche reste à réaliser afin de permettre une harmonisation des tests à appliquer auprès de cette population pour prédire leur retour à la conduite et peut-être une évolution de la réglementation actuelle. Méthode Revue de littérature La revue de littérature a été menée sur une période 10 ans, de 2002 à 2011, à partir des motsclés : « Automobile driving » ; « Traumatic brain injury » ; « Stroke » (sources : Pubmed et Cochrane). Recueil des pratiques Les pratiques de chaque établissement, en termes d’évaluation des capacités de conduite après lésion cérébrale (TC, AVC, etc.), ont été recueillies grâce à un questionnaire portant sur le nombre d’évaluations annuelles, le type d’intervenant (médecin, neuropsychologue, ergothérapeute, formateur à la conduite), la durée et le contenu de l’évaluation. Résultats Revue de littérature 78 articles ont été retenus parmi 107 abstracts, dont 4 revues de littérature (Classen et al, 2009 ; Devos et al, 2011 ; Marshall et al, 2007 ; Tamietto et al, 2006). Les études sont très hétérogènes et souvent de faible niveau de preuve. Un consensus se dessine toutefois, tant sur la nécessité d’une évaluation « on road » (en situation de conduite sur route) et « off road » (évaluation papier-crayon) (Akinwuntan et al, 2002 ; Coleman et al, 2002 ; Ponsford et al, 2008), que sur les différentes fonctions cognitives à évaluer (Innes et al, 2007 ; Marshall et al, 2007). Recueil des pratiques 30 établissements dont les 3 établissements nationaux possédant une auto-école interne, ont répondu à ce questionnaire, ce qui représente un total d’environ 1200 évaluations par an. Les méthodes utilisées sont extrêmement variables d’un établissement à l’autre. Il en est de même pour la durée de l’évaluation. Le nombre et la nature des intervenants est également hétérogène. Il existe toutefois un relatif consensus sur le contenu de l’évaluation, en particulier sur la nature des fonctions à évaluer, et une volonté de parvenir à un standard en vue d’une amélioration des pratiques. 64 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Discussion L’importance d’optimiser les évaluations est mise en avant par plusieurs études rétrospectives qui retrouvent un risque accru d’accident dans la population cérébrolésée (Lundvist et al, 2007 ; Schanke et al, 2008). Divers auteurs montrent également que la reprise de la conduite est fortement corrélée à la qualité de vie (Novack et al, 2010 ; Patomella et al, 2008). L’harmonisation des pratiques pour prédire le retour à la conduite semble donc s’imposer : elle fait actuellement l’objet d’un travail mené conjointement par « COMETE FAIR » et le CEREMH, travail auquel le CEN STIMCO est associé. Références Akinwuntan, Abiodun E, Feys, H., DeWeerdt, W., Pauwels, J., Baten, G., & Strypstein, E. (2002). Determinants of driving after stroke. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 83(3), 334-341. Classen, S., Levy, C., McCarthy, D., Mann, W. C., Lanford, D., & Waid-Ebbs, J. K. (2009). Traumatic brain injury and driving assessment: an evidence-based literature review. The American Journal of Occupational Therapy.: Official Publication of the American Occupational Therapy Association, 63(5), 580-591. Coleman, R. D., Rapport, L. J., Ergh, T. C., Hanks, R. A., Ricker, J. H., & Millis, S. R. (2002). Predictors of driving outcome after traumatic brain injury. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 83(10), 1415-1422. Devos, H, Akinwuntan, A. E., Nieuwboer, A., Truijen, S., Tant, M., & De Weerdt, W. (2011). Screening for fitness to drive after stroke: a systematic review and meta-analysis. Neurology, 76(8), 747-756. Innes, C. R. H., Jones, R. D., Dalrymple-Alford, J. C., Hayes, S., Hollobon, S., Severinsen, J., Smith, G., et al. (2007). Sensory-motor and cognitive tests predict driving ability of persons with brain disorders. Journal of the Neurological Sciences, 260(1-2), 188198. Lundqvist, Anna, Alinder, J., & Rönnberg, J. (2008). Factors influencing driving 10 years after brain injury. Brain Injury: [BI], 22(4), 295-304. Marshall, S. C., Molnar, F., Man-Son-Hing, M., Blair, R., Brosseau, L., Finestone, H. M., Lamothe, C., et al. (2007). Predictors of driving ability following stroke: a systematic review. Topics in Stroke Rehabilitation, 14(1), 98-114. Novack, T. A., Labbe, D., Grote, M., Carlson, N., Sherer, M., Arango-Lasprilla, J. C., Bushnik, T., et al. (2010). Return to driving within 5 years of moderate-severe traumatic brain injury. Brain Injury: [BI], 24(3), 464-471. Patomella, A.-H., Johansson, K., & Tham, K. (2009). Lived experience of driving ability following stroke. Disability and Rehabilitation, 31(9), 726-733. Ponsford, A.-S., Viitanen, M., Lundberg, C., & Johansson, K. (2008). Assessment of driving after stroke--a pluridisciplinary task. Accident; Analysis and Prevention, 40(2), 452460. Schanke, A.-K., Rike, P.-O., Mølmen, A., & Osten, P. E. (2008). Driving behaviour after brain injury: a follow-up of accident rate and driving patterns 6-9 years post-injury. Journal of Rehabilitation Medicine: Official Journal of the UEMS European Board of Physical and Rehabilitation Medicine, 40(9), 733-736. Tamietto, M., Torrini, G., Adenzato, M., Pietrapiana, P., Rago, R., & Perino, C. (2006). To drive or not to drive (after TBI)? A review of the literature and its implications for rehabilitation and future research. NeuroRehabilitation, 21(1), 81-92. 65 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 INTERACTION ENTRE EMOTION ET ATTENTION LORS DE L’INITIATION DE LA MARCHE Laure Coudrat, T. Gélat, A. Le Pellec Centre de Recherche sur le Sport et le Mouvement (CeRSM), EA 2931, Equipe Motricité et Comportements, UFR STAPS Paris Ouest Nanterre – La Défense Mots-clés : initiation de la marche, émotion, attention. Introduction Il s’agit d’étudier les relations entre émotion et attention lors de la production d’un mouvement de l’ensemble du corps, l’initiation de la marche vers l’avant. Dans le cadre de la théorie biphasique des émotions (Lang et al., 1997), plusieurs études portant sur ce mouvement (e.g Gélat et al., 2011) ont mis en évidence un conflit émotionnel entre l’information visuelle émotionnelle (images plaisantes vs déplaisantes) et la direction du mouvement à réaliser. Ce conflit se traduit par une diminution des performances en terme de temps de réaction (TR) et d’amplitude des réponses posturales précoces dans une situation non congruente (NCO), i.e., s’approcher d’une image déplaisante, comparée à une situation congruente (CO), i.e., s’approcher d’une image plaisante. Lorsque le stimulus émotionnel est présenté comme un distracteur, la question est de savoir s’il est possible de faire abstraction de cette information afin de ne pas altérer la performance du mouvement. Pour pouvoir traiter cette question, il est nécessaire que la tâche cognitive conduisant à la décision d’action possède une charge perceptive suffisamment élevée de façon à surcharger notre système de traitement de l’information visuelle à capacité limitée (Lavie, 1995). Cette condition est vérifiée lorsque le pourcentage d’erreur dans la tâche est suffisamment important (Pessoa, 2002). Dans ce cadre, les multiples informations visuelles rentrent en compétition pour être traitées. L’information gagnante sera celle jugée prioritaire au regard des caractéristiques de la tâche. L’objectif de cette étude est de savoir si, dans une condition de charge cognitive élevée (N2), le conflit émotionnel disparaît ou s’il est maintenu comparativement à une condition de charge cognitive faible (N1). Si l’émotion requiert de l’attention, alors le conflit devrait diminuer ou disparaître en condition N2 (hypothèse 1). A l’inverse, si l’émotion est traitée de façon automatique, ce conflit serait maintenu dans les deux conditions N1 et N2 (hypothèse 2). Méthode 9 jeunes adultes droitiers en bonne santé (âgés de 18 à 35 ans, dont 5 femmes) se tenaient sur une plateforme de force, prolongée par un chemin de marche de 5m menant à un mur blanc sur lequel étaient projetées des images issues de « l’International Affective Picture System » (IAPS) (Lang et al., 2005). Après une croix de fixation de 2 sec, une image centrale (plaisante vs déplaisante) et deux carrés en périphérie de l’image apparaissaient pendant 200ms. La tâche consistait à marcher sur une distance de 3,25 m jusqu’à une table en initiant la marche avec le pied droit. Un paradigme go/no-go était utilisé pour que le sujet ne puisse pas anticiper le mouvement à réaliser : si le sujet percevait les carrés d’une taille identique alors il ne devait pas bouger (no go) ; s’il percevait une différence dans la taille des carrés alors il devait avancer (go) immédiatement, en faisant le moins d’erreur possible. Le sujet avait pour consigne d’ignorer l’image centrale. Les deux conditions N1 et N2 étaient réalisées de façon randomisée. Dans la condition N1, la différence de taille entre les carrés était importante (90%), alors que dans la condition N2, la différence était seulement de 10%. 66 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Les variables analysées étaient : les erreurs ont été comptabilisées en pourcentage (les essais associés aux erreurs n’ont pas été analysés), le temps de réaction, l’amplitude des réponses posturales précoces en terme de quantité de recul du centre des pressions 300ms après le début du mouvement t0 (IyP300ms). Résultats Un effet de la charge cognitive de la tâche est observé pour le TR et le pourcentage d’erreur (p<0.0001). Ces deux variables augmentent dans la condition N2 (TR=810 + 131ms, 44% d’erreur) vs N1 (TR=667 + 62 ms, 2% d’erreur). La charge cognitive en N2 est donc clairement supérieure à celle observée en N1. Pour le TR, un effet de congruence est également observé (p<0.001). Le TR augmente en condition NCO vs CO. De plus, une interaction (p=0.046) entre la charge et le conflit montre que l’effet de congruence est plus important en N2 (p=0.0014) qu’en N1 (p=0.087). En revanche, pour l’amplitude des réponses posturales précoces (IyP300ms), aucun effet de congruence ni aucune interaction ne sont observés. Discussion Malgré une charge cognitive importante en condition N2, l’effet de congruence observé sur le TR augmente dans la condition N2 comparé à la condition N1. L’information émotionnelle n’a donc pu être ignorée malgré la charge attentionnelle élevée de la tâche. Ce résultat valide notre seconde hypothèse selon laquelle l’émotion serait traitée de manière automatique, suggérant que l’information émotionnelle est prioritaire dans notre tâche, même lorsque la charge perceptive est élevée. Dans notre tâche, la production d’un mouvement vers le stimulus émotionnel (i.e., comportement d’approche) est intimement liée à l’information émotionnelle (plaisante vs déplaisante), à la différence des études demandant de presser une touche sur un clavier (Pessoa, 2002). En effet, selon la théorie biphasique des émotions, les comportements d’approche et d’évitement résultent des systèmes motivationnels appétitif vs défensif activés respectivement dans des contextes plaisant vs déplaisant. Nous retrouvons ainsi une caractéristique du modèle de l’attention de Kahneman (1973), selon lequel la signification d’une information (émotionnelle) dirige involontairement notre attention vers son traitement. Aucun effet de congruence ne s’observe sur l’amplitude des réponses posturales précoces quel que soit le niveau de charge cognitive. En conclusion, la durée de la préparation de la réponse (planification et programmation) est affectée par l’émotion même lorsque la charge cognitive est élevée, alors que l’amplitude des réponses posturales précoces est indépendante de l’émotion. Références Gélat, T. et al. (2011). Gait initiation is affected during emotionnal conflict. Neuroscience Letters, 497(1), 64-67. Kahneman, D. (1973). Attention and effort. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall. Lang, P.J., Bradley, M.M., Cuthbert, B.N. (1997). Motivated attention: affect, activation and action, Attention and Orienting: Sensory and motivational processes, Lawrence Erlbaum Associates, Mahwah, NJ. 97-135. Lavie, N. (1995). Perceptual load as a necessary condition for selective attention. Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance, 21(3), 451-468. Pessoa, L. et al. (2002). Attentional control of the processing of neutral and emotional stimuli. Cognitive Brain Research, 15, 31-45. 67 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 APPRENTISSAGE IMPLICITE D’UNE STRUCTURE MOTRICE DE DEPLACEMENT ET ABSTRACTION SEMIOTIQUE Jean Keller & G. Lacelle GEPECS, UFR STAPS, Université Paris Descartes 1, rue Lacretelle, 75015 Paris, France Mots-clés : apprentissage implicite, enfant, lecture. Introduction L’apprentissage ne se limite pas à son aspect explicite, conscient, mais implique un mode implicite. Ce processus suppose que le système est capable d’extraire des régularités parmi des situations variées dont les traits structurant se répètent dans chacune de ces situations. Cet apprentissage ne présente pas d’explication intentionnelle de connaissances et n’implique pas l’utilisation de boucles de rétroaction. L’extraction de règles par le système nerveux s’accompagne de la constitution de connaissances abstraites, toujours selon un mode inconscient. L'apprentissage du langage par l'enfant est l’exemple type de ce mode de processus d’apprentissage inconscient de règles (grammaticales) qui se traduit par des connaissances abstraites (Reber, 1976). Les protocoles expérimentaux sont souvent basés sur la répétition de sons ou de symboles. Il a été peu abordé dans le cadre de la motricité. Les tâches motrices sont appliquées au tracking manuel, mais selon Wulf et Shea (2004), une différence existerait entre les tâches impliquant tout le corps et celles impliquant le mouvement d’un membre (la main de manière générale). Nous avons montré (Benzarti & Keller, 2009) que des enfants de 11 à 12 ans étaient capables de repérer une structure spatiale répétée dans un espace de déplacement locomoteur. Cette structure qui représentait une lettre, le « J », pouvait également être reconnue sous sa forme abstraite, manuscrite. L’objectif de ce travail est de déterminer la validité de ce type d’apprentissage pour des enfants plus jeunes à l’âge de huit ans, période d’intériorisation des opérations mentales. Protocole 8 filles et 11 garçons âgés de 8 et 9 ans, scolarisés dans un collège de la banlieue parisienne ont participé à l’expérience. Ils devaient se déplacer dans un espace quadrillé, délimité par des marques au sol. Les lignes étaient espacées de 30 cm. L’ensemble comprenait sept lignes parallèles (Figure 1). Les dix premiers itinéraires étaient différents, excepté un passage qui représentaient une forme commune : la lettre « J », située au même endroit et possédant une orientation identique pour chaque parcours. Deux trajets « contrôles » ont ensuite été effectués par les participants. L’un d’entre eux ne possédait pas la structure Figure n°1 : Exemple d’un déplacement en fonction précédemment répétée. Chaque sujet de six lignes en carré. En pointillé, le parcours qui devait ensuite identifier entre les deux change, en ligne continue, le parcours constant (J). 68 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 parcours contrôle le parcours correspondant le plus aux dix parcours tests précédemment réalisés (un seul de ces deux parcours comprenait le « J »). Puis, il devait choisir parmi trois plaques contenant chacune 5 lettres, afin de changer l’ordre de présentation et éviter l’effet de primauté de l’information, la lettre qui ressemblait le plus au parcours réalisé (c’est-à-dire le J). Résultats 14 enfants reconnaissent le parcours contrôle possédant la structure (74 % en tout). Pour le Ȥ²(1, N = 19) = 4.3, p < .05. L’hypothèse théorique est donc vérifiée, les enfants réussissent à identifier une structure répétée. Il est à noter que pris séparément chaque groupe de genre n’est pas validé statistiquement, les filles ont un Ȥ²(1, N = 8) = 2, p > .05 et les garçons, Ȥ²(1, N = 11) = 2.3, p > .05. Il n’y a pas de différence statistique entre les filles et les garçons, Ȥ²(1, N = 19) = 1.17, p > .05. 11 enfants (4 filles et 7 garçons, soit 58%) reconnaissent la lettre J préférentiellement, Ȥ²(4, N = 19) = 18.8, p < .001, mais la différence n’est pas vérifiée statistiquement pour les filles, Ȥ²(4, N = 8) = 5.75, p > .05, alors qu’elle l’est pour les garçons, Ȥ²(4, N = 11) = 13.1, p < .01 et qu’il n’y a pas de différence entre filles et garçons, Ȥ²(4, N = 19) = 2.75, p > .05. Discussion L’observation réalisée avec les enfants de 11-12 ans est confirmée pour les enfants de 8 ans dans leur ensemble. Cette observation sera complétée pour augmenter le nombre d’enfants par genre. L’apprentissage moteur implicite implique le corps entier. Les enfants détectent des régularités spatiales pour établir des relations entre un mouvement et un événement (Magill, 1998). Ainsi, les enfants sont capables de reconnaître la structure répétée de déplacements dans l’espace, mais sans qu’il ne puisse dire pourquoi ou comment. Il est intéressant d’observer que l’enfant a la possibilité de passer de l’espace du déplacement de son corps à la représentation figurale de lettres car il s’agit de reconnaissance d’une régularité de structure de forme. La démarche montre également le processus inconscient de cet apprentissage. Ce passage d’un niveau moteur à un niveau perceptif soutient l’hypothèse de Reber (1976) sur la constitution de connaissances abstraites sur un mode inconscient. Il est donc envisageable d’étendre l’étude à un plus grand empan de population afin de déterminer à quel âge le phénomène est perceptible. Ainsi, des implications pédagogiques seraient envisageables dès les petites classes. Lors de l'apprentissage, il est important que les élèves acquièrent certaines régularités de l'environnement par les connaissances implicites. Cela pourrait aider l’apprentissage de la lecture en faisant reproduire avec le corps, des parties du corps ou toutes sortes d’objets, des formes géométriques, notamment de lettres, pendant les cours d’éducation physique à l’école. Références Benzarti, S., & Keller, J. (2007). Apprentissage implicite d’une structure motrice de déplacement et représentation. Congrès de la SFPS, Montpellier, 4-7 juillet. Magill, R. A. (1998). Knowledge is more than we can talk about: implicit learning in motor skill acquisition. Research Quarterly for Exercise & Sport, 69(2), 104-110. Reber, A. S. (1976). Implicit learning of synthetic languages: the role of instructional set. Journal of Experimental Psychology: Human Learning and Memory, 2(1), 88-94. Wulf, G., & Shea, C. H. (2004). Understanding the role of augmented feedback: The good, the bad, and the ugly. In A. M. Williams & N. J. Hodges (Eds.), Skill acquisition in sport: Research, theory and practice (pp. 121-144). London: Routledge. 69 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 CAN THE STROOP TEST FOR DUAL TASK LOCOMOTOR PERFORMANCE REVEAL THE EXISTENCE OF COGNITIVE DECLINE? Anaick Perrochon1,2,3, G. Kemoun1,2, A. Berthoz3 1 ISIS : institut de recherche sur l’autonomie fonctionnelle, Paris 2 MOVE : EA3813 – Université de Poitiers 3 Collège de France, Paris Keywords: locomotion, stroop, inhibition, dual-task. Introduction The Stroop test consists in a mental inhibition task that is affected by normal and pathological aging (Fournet, 2007). The objective is to determine whether or not the Stroop interference effect is heightened in various walking situations according to the type of cognitive impairment. Method Population 35 older aged, autonomous volunteers without any pathology likely to influence walking or posture were given a psychometric test (MMSE ; BREF ; 5 words of Dubois), an evaluation of the inhibitory functions (Stroop), and an instrumented 10m walking test (GaitRite). We divided the participants into 3 groups according to their levels of performance with regard to the executive functions (EF): 9 low EF patients (memory and EF impairment), 17 older age high EF subjects (7 memory impaired and 10 healthy older adults) and 9 middle EF patients. Protocol In dual-task performance (DT), the Stroop test is applied to walking tasks through different procedures: - Walking Stroop Carpet (WSC), with displacement towards the stepping targets constituted by words and colors on the floor. Two versions of WSC were used that differed in the pattern of placement of words and colors. Three subsequent subtasks were tested on the mat (walk on the words, on the colors and on the ink color of the printed words). - Walking Stroop Verbal (WSV), in which, while walking, the participants were instructed read the words, name the colors, and finally, name the ink color of the printed words as quickly and as accurately as possible in the three subsequent subtasks projected on a screen. Results The only correlation observed is the one between WSV motor performances and the psychomotor version of the Stroop test (R = 0.39 à 0.62). With regard to the WSC test, it was observed that the low EF groups performed less satisfactorily than the other groups, and there also existed a significant difference between the middle EF and the high EF participants. The WSV test did not allow for differentiation between the groups. DT cost under congruent conditions (reading) and non-congruent conditions (name the ink color of the printed words) showed no significant difference between the two forms of exercise. 70 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Conclusions The Stroop interference effect is markedly modified during the walking exercise. WSC is a complex DT task facilitating early detection of dysexecutive impairment. References Fournet, N., Mosca, C., & Moreaud, O. (2007). [Deficits in inhibitory processes in normal aging and patients with Alzheimer's disease: a review]. Psychol Neuropsychiatr Vieil, 5(4), 281-294. 71 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 INTERVENTION D’UN REFLEXE MUQUEUX A POINT DE DEPART ORAL DANS LA LOCALISATION SPATIALE VISUELLE Alfredo Marino1 & P. Quercia2 1 Cabinet d’orthodontie, Viale Verdi 4, Vicenza, Italie Département d’Ophtalmologie, CHU, Dijon, France 2 Mots-clés : déficience posturale, stimulation muqueuse, localisation spatiale. Introduction Le test de Maddox postural, évaluant les hétérophories verticales lors de la stimulation des capteurs posturaux (Matheron E, 2009) est devenu un critère clinique essentiel de l’évaluation du syndrome de déficience posturale (Martins Da Cunhà H, 1979), notamment dans le cadre des troubles sensori-moteurs présentés par les dyslexiques (Marino A, Quercia P, 2006). Une de ces stimulations consiste à mettre en contact la pointe de la langue avec la muqueuse palatine en arrière des incisives. Ce réflexe linguo-palatin permet d’apprécier si la bouche peut être utilisée comme accès à une information normalisatrice dans les syndromes de déficience posturale, à l’instar de la sole plantaire ou de la motricité oculaire. Le mécanisme exact de ce phénomène d’observation est encore obscur même si, hypothèse vraisemblable, la régulation mise en jeu à partir de la bouche peut emprunter la proprioception oculaire, les informations de ces deux entrées étant véhiculées par le nerf trijumeau. Le présent travail a cherché à savoir si cette réponse est liée à la position de la langue (c’est-à-dire une information proprioceptive dont le départ serait les fuseaux neuromusculaires des muscles de la langue) ou au contact des deux muqueuses, celle de la pointe de la langue étant plaquée contre la muqueuse palatine rétro-incisive (information extéroceptive dont le point de départ serait les récepteurs muqueux). Matériel et méthodes Trente-cinq enfants, 15 garçons et 20 filles, âgés de 6 à 13 ans, ont participé au protocole : 25 enfants dans le cadre d’une dyslexie de développement et 10 enfants dans celui de troubles de l’articulé dentaire. Ils présentaient tous un syndrome de déficience posturale à l’examen clinique. La localisation spatiale au test de Maddox postural était normalisée chez tous les patients par le contact entre la pointe de la langue et les papilles palatines rétro-incisives. La sensibilité de la pointe de la langue a été modifiée en appliquant sur sa muqueuse soit une solution d’anesthésique de contact visant à supprimer les informations extéroceptives codant la pression entre les 2 muqueuses (chlorhydrate de mépivacaïne à 1% - 25 sujets) soit de l’acide acétique à 10% (10 sujets), ces 2 solutions donnant la même sensation gustative de picotement au niveau de la pointe de la langue. L’observateur ignorait laquelle de ces deux solutions, tirées au sort par une tierce personne, était appliquée. Le test de Maddox postural a été répété au moment de l’application du produit (immédiatement), 30 secondes puis 2, 5, 15 et 30min plus tard. Résultats L’anesthésie de la langue a immédiatement modifié la réponse au test de Maddox postural avec un retour à l’hétérophorie verticale chez tous les sujets sauf un. A 30 min, la majorité (92%) des sujets a retrouvé un réflexe linguo-palatin normalisant la localisation spatiale. Le contact de la langue avec l’acide acétique a modifié l’orthophorie chez 2 patients pendant un temps très court (inférieur à 30 secondes) et n’a modifié en rien celle des 8 autres. 72 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Evolution de l’orthophorie du groupe contrôle et du groupe expérimental Discussion Le rôle du réflexe linguo-palatin dans les hétérophories verticales, dont Matheron (2009) a montré le rôle dans la régulation posturale, est une donnée nouvelle à intégrer à l’étude des relations sensori-motrices complexes qui interviennent dans cette régulation. L’action de l’anesthésie de la pointe de la langue au chlorhydrate de mévipacaïne sur le réflexe linguopalatin montre que c’est le contact entre les deux muqueuses qui se manifeste sur la régulation des hétérophories verticales labiles. La position de la langue, dépendante de la proprioception des muscles qui la composent, ne semble pas jouer de rôle direct. Ces résultats conduisent à envisager le capteur oculaire et le capteur stomatognatique comme un capteur unique dont les informations sont véhiculées par le nerf trijumeau. Ils renforcent l’idée que, pour ce qui concerne la régulation posturale, la bouche ne doit plus être considérée seulement d’un point de vue morpho-mécanique (critères de forme et type d’occlusion) mais aussi sous son aspect sensoriel. Conclusion Ces résultats semblent indiquer que les muqueuses linguale et palatine, comme probablement toutes les structures orales sensorielles de la bouche, font partie des mécanismes fondamentaux d’intégration sensori-motrices qui interviennent dans la localisation spatiale visuelle. Il parait nécessaire de prendre en compte cette notion dans toutes les études et thérapeutiques où l’on doit intervenir sur cette caractéristique visuelle. Références Da Cunhà H.M. (1979). Syndrome de déficience posturale, Actualité en rééducation fonctionnelle et en réadaptation, 4° série, 27-31, Masson, Paris. Marino A., Quercia P. (2007). Stimulations trigéminales bipolaires : vers une orthodontie neuro-sensorielle au cours de la dyslexie de développement. Dysfonctions motrices et cognitives, B. Weber, Ph. Villeneuve, 76-81, Masson, Paris. Matheron E. (2009). Incidence des phories verticales sur le contrôle postural en vision binoculaire. Thèse neurosciences, Paris V Descartes. 73 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 5 : Performance Cognitive, Entraînement Physique Vendredi 25 mai / 10h-11h30 Amphithéâtre Louis Mieusset Modérateur : Romuald Lepers (Dijon, Inserm U1093) 74 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 PROLONGED COGNITIVE STIMULATION INCREASES PERCEPTION OF EFFORT AND REDUCES ENDURANCE PERFORMANCE DURING A PHYSICAL TASK Benjamin Pageaux1,2, S. Marcora1, R. Lepers2 1 Centre for Sport Studies, University of Kent, Chatham Maritime, Kent, United Kingdom INSERM U1093, Faculty of Sport Sciences, University of Burgundy, Dijon, Burgundy, France 2 Keywords: mental fatigue, endurance, based-decision making. Introduction Cognitive stimulation could be defined as the stimulation of mental process, such as attention, memories, language, resolving problem or making decision. The AX-continuous performance test (AX-CPT) is a cognitive task that requires sustained attention, working memory, response inhibition and error monitoring (Carter et al.1998). The AX-CPT is used to induce mental fatigue, which is well known to decrease cognitive performance after a prolonged and demanding cognitive task (Boksem et al. 2006). A recent study (Marcora et al. 2009) demonstrated that mental fatigue also reduces endurance performance during high-intensity cycling exercise. This negative effect of mental fatigue on endurance performance may be mediated by its effects on neuromuscular function. The first hypothesis is that prolonged mental exertion induces significant central fatigue defined as a reduced ability of the central nervous system to fully recruit the active muscles during a maximal effort. The second hypothesis is that mental fatigue exacerbates the central fatigue induced by prolonged submaximal exercise and consequently reduces endurance performance. The aim of this study was to test these two hypotheses by assessing neuromuscular function. Methods Neuromuscular function was assessed for ten males subjects in two different conditions: A) before and after a prolonged and demanding cognitive task known to induce mental fatigue (AX-CPT); B) before and after an easy cognitive task (watching a movie). Both cognitive tasks were followed by a submaximal knee extensors contraction performed until exhaustion, and a third assessment of peripheral and central fatigue. Rating of perceived exertion (RPE) was measured during the time to exhaustion test. Results are presented as means ± SD, and analysed by paired t-tests or two-way repeated-measure ANOVAs. Results Time to exhaustion was 13% shorter in the mental fatigue condition (230 ± 72 s) compared to control condition (266 ± 82 s) (P<0.01). However, prolonged and demanding cognitive activity did not have any significant effect on maximal voluntary contraction (MVC), voluntary activation level (VAL) and peripheral parameters of neuromuscular function. Neuromuscular alterations induced by the endurance exercise were in accordance with the literature (Place et al. 2005). However, a similar decrease in MVC (mental fatigue -26.7 ± 17.9 %, control -27.6 ± 10.3 %) and VAL (mental fatigue -10.6 ± 13.5 %, control – 11.2 ± 16.4 %) occurred in both conditions (Fig 1). Evolution of EMG indexes (RMS/M) of vastus lateralis and rectus femoris muscles activation was similar to VAL values. Mentally fatigued subjects rated perception of effort higher during the endurance performed after the cognitive task compared to the control condition (Fig 2). 75 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Fig 1 : Evolution of knee extensors VAL #: Significant Effect of time (P<0.05). CT = Cognitive Task and ET = Endurance Task. Data are presented as means r SD Fig 1: Evolution of perceived exertion (RPE) during the submaximal contraction of knee extensors until exhaustion. ### : Significant effect of time (P<0.001) ; $ : significant effect of condition (P<0.05). Data are presented as means r SD Discussion The present data corroborated the finding of Marcora et al. (2009) obtained for a dynamic cycling exercise. These results provide the first experimental evidence that inducing mental fatigue, with a prolonged demanding cognitive stimulation, does not induce or exacerbate central or peripheral fatigue. Therefore, the reduction in endurance performance observed in mentally fatigued subject cannot be mediated by a reduction in neuromuscular function. The most likely mechanism for the negative effect of mental fatigue on time to exhaustion would be the increase in perception of effort experienced following a prolonged and demanding cognitive stimulation task, which requires based-decision making. This increase in perception of effort could be closely linked to an activity of the anterior cingular cortex. This cortex area is directly involved during the AX-CPT (Carter et al. 2008) and functional magnetical resonance imagery studies have shown its link with the perception of effort (Williamson et al. 2001). These results are supporting the psychobiological model of endurance performance (Marcora et al. 2008) and demonstrated an eventual negative impact of a prolonged high demanding cognitive stimulation on endurance performance during a physical task in humans. References Boksem M.A., Meijman T.F., and Lorist M.M. (2006) Mental fatigue, motivation and action monitoring. Biol Psychol, 72, 123-132. Carter CS, Braver TS, Barch DM, Botvinick MM, Noll D., and Cohen J.D. (1998) Anterior cingulate cortex, error detection, and the online monitoring of performance. Science, 280, 747-749. Marcora SM, Bosio A, and de Morree HM (2008) Locomotor muscle fatigue increases cardiorespiratory responses and reduces performance during intense cycling exercise independently from metabolic stress. Am J Physiol Regul Integr Comp Physiol 294: R874883. Marcora SM, Staiano W, and Manning V (2009) Mental fatigue impairs physical performance in humans. J Appl Physiol 106: 857-864. Place N, Maffiuletti NA, Ballay Y, Lepers R (2005) Twitch potentiation is greater after a fatiguing submaximal isometric contraction performed at short vs. long quadriceps muscle length. J Appl Physiol 98: 429-436. Williamson JW, McColl R, Mathews D, Mitchell JH, Raven PB, and Morgan WP (2001) Hypnotic manipulation of effort sense during dynamic exercise: cardiovascular responses and brain activation. J Appl Physiol 90: 1392-1399. 76 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 CEREBRAL OXYGENATION, EXERCISE CAPACITY, CARDIAC OUTPUT AND COGNITIVE PERFORMANCE IN PATIENTS WITH CORONARY HEART DISEASE Joffrey Drigny 1, M. Gayda 1,2, A. Nigam 1,2, M. Juneau 1,2, L. Bherer 3,4, V. Gremeaux 1,2,5,6,7 1 Montreal Heart Institute Cardiovascular and Prevention Centre (Centre ÉPIC), Montreal, Quebec, Canada; 2 Research Center, Montreal Heart Institute and "Université de Montréal", Montreal, Quebec, Canada 3 Département de Psychologie, Université du Québec à Montréal, Montréal, Québec, Canada 4 Research Center, Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal, Montréal, Québec, Canada 5 Pôle Rééducqtion-Réadaptation du CHU de Dijon, France 6 INSERM - U1093 “Cognition, Action, et Plasticité Sensorimotrice”, Dijon, France 7 INSERM CIC-P 803, Plateforme d’Investigation Technologique, CHU Dijon, France Keywords: coronary artery disease, cognitive function, cerebral oxygenation. Introduction Cognitive impairment and dementia are a growing source of morbidity and reduced quality of life. These states are often preceded by a period of mild cognitive impairment (MCI) (Luck et al. 2010). Recent data suggest that coronary heart disease (CHD) is associated with nonamnesic mild cognitive impairment (Roberts et al. 2010). The purposes of this study were: 1/ to assess VO 2 max, cardiac output, and cerebral hemodynamic changes during maximal exercise in patients with stable CHD and healthy adults; 2/ to assess potential relationships between those parameters and cognitive performance. Method Participants: Ten stable fit CHD patients (67.1±10.5 years) and 9 age-matched controls (62.2± 1.9 years). Measures: cognitive performance (standart battery of validated neuropsychological tests); maximal exercise test on ergocycle with gas exchange analysis, non-invasive cardiac output measurement (cardiac bioimpedance) and Near Infrared Spectroscopy (NIRS) signals at the brain level (oxyhaemoglobin: O 2 Hb, deoxyhaemoglobin: HHb, total haemoglobin: THb, and differential haemoglobin: Hbdiff). Results There were no intergroup differences in VO 2 max or maximal cardiac output. With respect to NIRS signals, we observed a higher amplitude for O 2 Hb (p<0.01); THb (p<0.05) and Hbdiff (p<0.05) in CHD patients. We also observed a higher amplitude for O 2 Hb, THb, and Hbdiff (p<10-4) in younger (<62 years) vs. older (>62 years) participants. HHb (p<10-4 ) and Hbdiff (p<0.01) amplitude were also higher in more fit (120% theoretical VO 2 max) vs. less fit subjects (<120%). Cognitive tests results were lower in CHD group, especially regarding executive functions (Backward digit span score, p<0.05; Trail Making Test B (TMT-B), p=0.05; Stroop test (inhibition/flexibility condition), p<0.05). When considering all 19 participants, maximal cardiac output correlated with Forward digit span score (r=0.6, p<0.0001), and TMT-B (r=-0.61, p<0.01), whereas VO 2 max correlated with Forward and Backward scores (r=0.48, p<0.05; and r=0.49, p<0.05) and TMTB (r=0.-0.57, p=0.01). 77 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Discussion Compared to age-matched controls, stable fit CHD patients have a comparable maximal exercise tolerance and cardiac output, with higher NIRS cerebral signals amplitude. However, they present reduced cognitive performance at rest, especially with respect to executive functions. An important inter-individual variability of cerebral NIRS signal amplitude was observed, with age and fitness appearing as major contributors. A larger sample size is required to assess more clearly relationships between exercise, hemodynamic parameters and cognitive performance. References Luck, T., Luppa, M., Briel, S., Riedel-Heller, S.G (2010). Incidence of Mild Cognitive Impairment: A Systematic Review. Dement Geriatr Cogn Disord, 29(2):164-175. Roberts, R.O., Knopman, D.S., Geda, Y.E., Cha, R.H., Roger, V.L., Petersen, R.C (2010). Coronary heart disease is associated with non-amnestic mild cognitive impairment. Neurobiol Aging, 31(11):1894-902. 78 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EFFETS D’UNE STRATEGIE COGNITIVE DISSOCIATIVE AVEC FEEDBACK VIDEO SUR LE TEMPS DE MAINTIEN DE LA VITESSE MAXIMALE AEROBIE Vincent Hagin & A. Groslambert Laboratoire Culture – Sport – Santé – Société (C3S) Université de Franche-Comté, UPFR – Sports, Besançon Mots-clés: dissociation, RPE, VMA. Introduction De nombreux travaux ont été menés sur la problématique des stratégies cognitives dans le sport, principalement dans les disciplines d’endurance (Salmon, Hanneman, & Harwood, 2010). Ces études montrent, que pour améliorer leurs performances, les sujets ont recours à des stratégies attentionnelles appelées i) stratégie associative où l’attention est fixée sur des sensations somatiques, ii) stratégie dissociative où l’attention est fixée sur des informations extérieures (L. Scott; D. Scott, Bedic, & Dowd, 1999). Ces études montrent que le recours à l’une de ces stratégies varie en fonction du niveau de pratique ou de l’intensité de l’exercice. Une seule étude a utilisé la vidéo comme stratégie dissociative (Scott et al., 1999), mais aucune, à notre connaissance, n’a mesuré l’effet d’un feedback vidéo de la tâche à réaliser. Le but de la présente étude est d’évaluer l’impact sur le temps de maintien de la vitesse maximale aérobie (VMA), d’une stratégie dissociative utilisant la visualisation d’une vidéo montée en boucle montrant le sujet en train de courir. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle la visualisation d’un modèle extérieur pourrait atténuer la fatigue perçue du sujet et permettre ainsi de maintenir plus longtemps son effort. Méthode Onze sujets sportifs entraînés, de sexe masculin, (âge: 24.5 ± 4 ans, poids: 72.8 ± 7.5kg; taille: 1.77 ± 0.1m; IMC: 22.64 ± 1.5) ont participé à cette étude. Afin de déterminer la VMA chaque sujet a effectué sur tapis roulant un test progressif de course mené jusqu’à épuisement. Ensuite, le sujet a réalisé, à une semaine d’intervalle et dans un ordre aléatoire, i) un test de temps limite où il devait courir sur tapis roulant aussi longtemps que possible à 100 % de sa VMA, sans stratégie attentionnelle particulière (condition contrôle), ii) un test de temps limite, identique à la condition contrôle, mais le sujet était invité à fixer son attention sur une vidéo en boucle montrant le sujet en train de courir de dos lors du dernier palier de son test VMA (condition vidéo). Il était demandé au sujet de synchroniser sa foulée sur celle du modèle. La fréquence cardiaque a été mesurée en continu et la perception de l’effort a été évaluée (RPE 6-20, Borg, 1998) toutes les 30 sec. Un test-t apparié a permis de comparer les temps limites enregistrés dans les 2 conditions. Comme les sujets n’ont pas atteint le même temps limite, les résultats ont été présentés sous la forme d’un temps relatif à la condition de contrôle. Afin de pouvoir déterminer les valeurs manquantes nous avons, à l’aide d’une régression linéaire (Robertson et al., 2002) et sur la base de la condition de contrôle, interpolé les valeurs pour le RPE et la fréquence cardiaque. Ces dernières ont été exprimées en % de la condition contrôle. Une ANOVA à deux facteurs (2 conditions et 10 mesures) et un test de Fisher post-hoc ont été utilisés pour déterminer les effets. La probabilité a été fixée à P < 0.05. 79 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Perception de l’effort (UA) Résultats Les résultats montrent une augmentation significative du temps limite (P < 0.05; t= 3.75) de 51.6 ± 47.6 s. (soit un gain de + 19.2 %) pour le groupe vidéo comparé au groupe contrôle. On observe aussi un effet condition (F (1, 9) = 26.79; P < 0.05, Puissance = 1) un effet mesure (F (1, 9) = 92.74; P < 0.05, Puissance = 1) mais pas d’interactions (F (1, 9) = 0.29; P > 0.05, Puissance = 0.15) pour le RPE. Comme indiqué dans la Figure 1, la perception de l’effort enregistrée dans la condition vidéo est significativement plus basse que celle du groupe contrôle à 50, 60, 70, 80, 90, 100 % du temps limite de la condition contrôle. En revanche, aucune différence significative n’a été trouvée pour la fréquence cardiaque. * * * * * * 20 18 16 14 12 10 8 6 Contrôle Vidéo 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 % du temps limite de la condition contrôle Figure 1: RPE calculé à différents pourcentages de la condition contrôle Discussion Cette étude montre que l’utilisation d’une stratégie attentionnelle dissociative utilisant un modèle extérieur familier permet de prolonger de manière significative un exercice de course réalisé à haute intensité. Cette stratégie a pour conséquence d’une part, d’atténuer la perception de l’effort en détournant l’attention du sujet sans diminuer pour autant sa fréquence cardiaque. D’autre part, l’utilisation de la vidéo permet au sujet de se concentrer sur un modèle extérieur qui, sans doute par l’intermédiaire des neurones miroirs (Rizzolatti et al., 1996) contrôle l’amplitude et la fréquence de sa foulée. Cette stratégie attentionnelle dissociative utilisant un modèle vidéo pourrait être intéressante pour les athlètes cherchant à développer leurs capacités à prolonger un exercice de type aérobie réalisé à haute intensité. Des perspectives encourageantes se profilent aussi dans le domaine de la rééducation et des Activités Physiques Adaptées. Cependant, des mesures complémentaires réalisées sur un effectif plus large et impliquant d’autres modes d’exercice s’avèrent nécessaire pour confirmer les résultats de la présente étude. Références Borg, G. (1998). Perceived exertion and pain scale. Champaign, IL: Human kinetics. Robertson, R.J., Goss, F.L., Bell, J.A., Dixon, C.B., Gallagher, K.I., et al. (2002). Selfregulated cycling using the children’s OMNI Scale of Perceived Exertion. Medicine and Science in Sports and Exercise, 34, 1168-75. Salomon, P., Hanneman, S., & Harwood, B. (2010). Associative / dissociative cognitive strategies in sustained physical activity: literature review and proposal for a mindfulness-based conceptual model. The Sport Psychologist, 24, 127-156. Scott, L.M., Scott, D., Bedic, S.P., & Dowd, J. (1999). The effect of associative and dissociative strategies on rowing ergometer performance. The Sport Psychologist, 13, 57-68. Rizzolatti, G., Fadiga, L., Matelli, M., Bettinardi, V., Paulesu E., et al. (1996). Localization of grasp representations in humans by PET: 1. Observation versus execution. Experimental Brain Research, 111, 246–252. 80 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EFFET DE LA STIMULATION COGNITIVE ASSCOCIEE A UN PROGRAMME D’ENTRAINEMENT PHYSIQUE CHEZ DES PATIENTS PRESENTANT UNE DEMENCE DE TYPE ALZHEIMER Virginie Postal1, S. Mathey1, E. Lapre1, C. Boisson2, P. Fisher2, A. Rieger3 & I. BourdelMarchasson3 1 Laboratoire de Psychologie, Santé et Qualité de vie EA 4139, Université Bordeaux 2 EHPAD Manon Cormier, Bordeaux 3 Pôle de Gérontologie Clinique, CHU de Bordeaux Mots-clés : stimulation cognitive, entraînement physique, Alzheimer. Introduction Depuis plusieurs décennies, les prises en charge non médicamenteuses se sont développées afin de compléter voire de suppléer les traitements pharmacologiques aux résultats perfectibles. La question de l’efficacité de ces méthodes se pose tant du point de vue du professionnel que du chercheur. Deux grands types de prise en charge semblent particulièrement développés dans le domaine de la démence de type Alzheimer : la stimulation cognitive et l’activité physique. Si les effets de la stimulation cognitive sont avérés dans le vieillissement normal (Valenzuela et al., 2009), les résultats sont moins probants dans les pathologies démentielles. On se heurte souvent au problème de la généralisation des résultats, les études étant rarement menées sur des effectifs importants et des différences méthodologiques entre les activités rendent les comparaisons difficiles (études souvent non randomisées, sans groupe contrôle)(Cf. meta-analyse Sitzer et al., 2006). De même, les études sur les effets de l’activité physique rendent compte de résultats divergents et se heurtent aux mêmes problèmes méthodologiques que la stimulation cognitive (e.g. Forbes et al. 2008). Un autre enjeu concerne également les effets des activités menées conjointement. En effet, dans de nombreux établissements, l’offre de prise en charge permet aux résidents de mener plusieurs activités en parallèle. Peut-on alors en déduire un effet cumulé de ces prises en charge ? L’objectif du projet BISCEP (Bénéfices d’une Intervention de Stimulation Cognitive associé à un Entraînement Physique pour des patients Alzheimer) est de répondre à cette problématique. Observe-t-on dans une étude quasi-randomisée des effets bénéfiques de deux prises en charge, la stimulation cognitive et l’activité physique sur le fonctionnement cognitif, exécutif et thymique ? Ces effets sont-ils majorés lors d’une prise en charge associant les deux activités ? Méthode Participants L’étude a été réalisée auprès de 67 participants âgés (M= 88 ans, Į= 5.1) diagnostiqués Alzheimer probable ou possible selon les critères du NINCDS-ADRDA. Les critères d’inclusion imposent un MMSE compris entre 15 et 21, l’absence de troubles auditifs et visuels sévères ainsi que l’absence de troubles dépressifs et comportementaux majeurs. Procédure Les participants ont été assignés de façon quasi-aléatoire dans un des quatre groupes du projet BISCEP. Le groupe 1 correspond aux participants impliqués dans la stimulation cognitive et l’entraînement physique (SC+ AP), le groupe 2 correspond à la stimulation cognitive seule (SC), le groupe 3 est celui de l’activité physique (AP) et enfin le groupe 4 est le groupe contrôle (C). 81 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Dispositif Une pré-évaluation du fonctionnement cognitif général (MMSE, MATTIS), des fonctions exécutives (inhibition, mise à jour, flexibilité, panification) et de l’état thymique (anxiété et dépression) a été administrée à l’ensemble des participants. Les groupes SC et AP ont respectivement suivis 12 séances de stimulation cognitive dérivées du Pac-Fng (De Rotrou) et adaptées à l’institution et 12 séances d’activité physique basées sur le renforcement des capacités biomécaniques et d’équilibre. Le groupe SC+AP a suivi en parallèle les deux activités. Enfin le groupe C n’a pris part à aucune des activités précédentes mais à continué à bénéficier des autres activités de l’institution. A l’issue des 12 semaines, une post-évaluation a été administrée à l’ensemble des participants. Résultats Concernant le fonctionnement cognitif général, les performances au MMSE augmentent significativement après les 12 semaines de stimulation cognitive (groupe SC) alors qu’elles diminuent pour le groupe C. Les performances à la MATTIS confirment l’augmentation pour le groupe SC. La participation aux deux activités (groupe SC+AP) est associée à une augmentation des performances au MMSE et à la MATTIS. Concernant le fonctionnement exécutif, les performances d’inhibition (tâche de Hayling) restent stables dans les groupes SC et C entre les deux évaluations mais s’améliorent de façon significative pour les groupes AP et SC+ AP. Les performances d’alternance (Connection Test) suivent un profil similaire avec une stabilité des performances pour le groupe SC et une augmentation pour le groupe SC+AP. Toutefois, le groupe AP ne montre pas de variation et les performances du groupe C diminuent. Les tâches de mise à jour (empan alphabétique) et de planification (Tour de Londres) ne semblent pas sensibles aux différentes activités et ne varient également pas pour le groupe C. Des nuances sont cependant à apporter en fonction de la difficulté de la tâche de planification et tendent à valider un effet des prises en charge conjointe (groupe SC+AP). Enfin concernant l’état thymique, ni la dépression (GDS) ni l’anxiété (STAI-état) ne montre de variation, qu’il s’agisse du groupe C ou des groupes d’intervention. Discussion Cette recherche montre une influence bénéfique des prises en charge non médicamenteuses sur les performances cognitives de patients présentant une démence de type Alzheimer. Bien qu’une étude pilote ait montré les effets de la stimulation cognitive sur le fonctionnement cognitif et exécutif (Lapre et al., sous presse), la présente étude souligne qu’une prise en charge associant la stimulation cognitive et l’activité physique est plus efficace que la stimulation cognitive seule. L’étude confirme également que certaines fonctions exécutives bénéficient plus des activités que les autres. Références Forbes, D., Forbes, S, Morgan D.G., Markle-Reid, M, Wood. J, & Culum, I (2008) Physical activity programs for persons with dementia. Cochrane Database of systematic Reviews , Isue3. Lapre, E., Postal, V., Bourdel-Marchasson, I, Boisson, C, & Mathey, S (sous presse). Stimulation cognitive et fonctions exécutives dans la maladie d’Alzheimer : une étude pilote, Revue de neuropsychologie. Sitzer, D.I., Twanley, E.W. & Jeste, D.V (2006). Cognitive training in Alzheimer’s disease: a meta-analysis of the literature, Acta Psychitr Scand, 114, 75-90. Valenzuela,M. & Sachdev, P. (2009). Can cognitive exercise prevent the onset of dementia? Systematic review of randomized clinical trials with longitudinal follow-up. Am. J. Gerietr. Psychiatry, 17, 179-187. 82 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 FEINTE DE CORPS AU RUGBY : ANALYSE PERCEPTIVE ET MOTRICE DE L’ACTIVITE DU DEFENSEUR EN ENVIRONNEMENT VIRTUEL Sébastien Brault1, B. Bideau1, C. Craig2 & R. Kulpa1 1 Laboratoire « Mouvement, Sport, Santé » (M2S), UFR-APS, Université de Rennes 2-ENS Cachan, Rennes. 2 School of Psychology, Queen’s University of Belfast, Northern Ireland Mots-clés : perception-action, feinte de corps, rugby, biomécanique. Introduction Ce travail est issu de plusieurs constats. Premièrement, il est admis aujourd’hui que la capacité à percevoir et à retirer les informations visuelles les plus pertinentes d’une action adverse est un facteur déterminant de la performance sportive et ce d'autant plus si l'action est incertaine et faussée. Le second constat, découlant du premier, est que la tromperie est mise en jeu dans bon nombre d'interactions humaines, mais qu'elle est particulièrement déterminante et prépondérante dans le cadre des stratégies sportives. Enfin, le dernier constat est que l'exploration de la performance sportive, pour des raisons méthodologiques ou théoriques, ne permet pas dans certains cas d'expliquer pourquoi un expert est meilleur qu'un novice. L’objectif de notre travail est de comprendre ces déterminants (perceptivo-moteurs) de l'expertise lors d’un duel 1 vs. 1 en rugby présentant une tentative de feinte de l’attaquant. Nous résumons ce travail en trois questions concrètes auxquelles nous répondons: Comment réaliser une feinte de corps en rugby? Comment la détecter? Comment y faire face? L'ensemble de ce processus nous permet de témoigner de l'effet de l'expertise mais surtout d'expliquer pourquoi l'expert est meilleur en dressant les différences de stratégie perceptivomotrice le caractérisant. Si les implications concernent majoritairement le domaine du rugby (connaissances fondamentales et entrainement), elles présentent au sens plus large, un éclairage justifié et démontré des processus mis en jeu lors de toute interaction, humaine ou animal, sollicitant la tromperie. Nous en sommes persuadés; un prédateur animal, un joueur de poker, un défenseur de basket... se doivent de présenter des stratégies quasi-similaires pour détecter l'intention de bluff chez l'opposant. D'un point de vue méthodologique, nous investissons un outil pointu et pertinent à notre sens : la réalité virtuelle. Le degré de présence qu’elle peut engendrer ainsi que sa qualité à pouvoir reproduire fidèlement une situation sont des atouts indispensables à l’étude du domaine perceptif et à la stimulation cognitive en situation sportive. Méthode Etude 1 La première étude s’attache à comparer biomécaniquement les stratégies de changement de direction avec et sans mouvement de feinte lors du duel 1 vs.1 (Brault, 2010). Plus précisément, nous poursuivons un double objectif, à savoir, évaluer à l’aide du système de captures de mouvement Vicon MX: (i) la gestion des paramètres exagérés et minimisés lors des différents types de mouvements (avec et sans feinte) (ii) les critères de réussites biomécaniques d'un mouvement de feinte. Toute la richesse d’une situation sportive comme celle-ci est qu’elle contraint de manière conséquente le sujet d’un point de vue spatial et temporel, l’obligeant à composer avec ce que les lois de la biomécanique lui imposent et ses propres choix tactiques. Dans une logique de performance, l’objectif final est donc de maximiser l'aspect tactique tout en essayant de se détacher de l’influence des contraintes biomécaniques. 83 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Etude 2 Notre seconde étude a pour but d’explorer les différences en terme de prise de décision et de stratégies perceptives entre experts et novices durant un duel 1 vs. 1 en rugby. Plus précisément, nous proposons un cadre d’analyse: i) utilisant une situation de rugby virtuel ii) présentant une méthodologie nous permettant de comprendre quelles informations dynamiques de l’organisation corporelle de l’opposant semblent être utilisées « online » par les participants pour détecter les mouvements de feinte (Brault, 2012). Nous utilisons pour cela la technique de l’occultation temporelle. Grâce à cette dernière nous pouvons comprendre l’évolution de la prise de décision en lien avec l’évolution de certains paramètres cinématiques. Nous sommes ainsi en mesure de déduire les sources d’informations principales pour les experts et les novices. Etude 3 Enfin, en se basant sur une méthodologie quasi-similaire, la troisième étude vient immerger les participants dans une situation complète de défense, nous permettant d'explorer leur stratégie perceptivo-motrice face à un attaquant virtuel (Brault, 2012). Résultats Les résultats émanant de la première étude nous on permis de déterminer clairement deux stratégies propres à chaque type de mouvements. Les mouvements de feinte laissaient ainsi transparaître deux types d'informations cinématiques. Les premières, minimisées, ont été qualifiées d' "honnêtes", car elles expriment la véritable intention de direction de l'attaquant. Les secondes, exagérées, ont-elles été qualifiées de "trompeuses", car elles reflètent une volonté de l'attaquant d'induire en erreur le défenseur. Les résultats de la seconde étude témoignent d'une supériorité des experts à détecter tôt une intention de feinte de l'attaquant. Enfin, les résultats de notre troisième étude montrent que l'expert est en mesure d'attendre plus longtemps avant d'initier un déplacement pour intercepter l'attaquant virtuel. Il est par conséquent capable de faire un nombre sensiblement inférieur d'erreurs de déplacement dans la mauvaise direction ainsi que des déplacements avec une amplitude significativement plus faible dans la mauvaise direction. Discussion Ceci suggère que les joueurs de rugby exagèrent certains paramètres de leurs mouvements de feinte dans le but de faire croire à une fausse direction de course tout en minimisant certains autres paramètres plus fondamentaux dans le but de préserver une posture permettant un changement de direction soudain. Par ailleurs, nous notons que les défenseurs experts sont meilleurs dans la détection des intentions de feinte, et ce pour deux raisons. Premièrement, de part une stratégie visuelle optimisée, c'est à dire orientée principalement vers les informations les plus pertinentes et fondamentales (honnêtes) dans le mouvement de l’attaquant. Deuxièmement, de part une sensibilité perceptive accrue des experts face à une même quantité d’informations. Enfin, en lien avec les résultats de notre troisième étude, notons que la faculté des experts à attendre plus longtemps pour initier un mouvement est au service de la performance, car elle lui confère une source d'informations plus fiable car plus proche du dénouement final. La réalité virtuelle s’est avérée, ici, être une alternative pertinente à la situation « in situ ». De part le haut degré de présence qu'elle engendre et la reproductibilité qu'elle autorise elle nous a permis de stimuler de manière crédible les facultés cognitives au sens large des participants. Références Brault, S., Bideau, B., Craig, C. & Kulpa, R. (2010). Balancing Deceit and Disguise: How to successfully fool the defender in a 1 vs. 1 situation in rugby. Human Movement Science, 29(3), 412-425. Brault, S., Bideau, B., Kulpa, R. & Craig, C. (2012). Detecting deception in movement: The case of the side-step in rugby. PlosOne, in press. 84 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 6 : Stimulation cognitive et jeux Vendredi 25 mai / 10h-11h30 Amphithéâtre Bernard Santona Modératrice : France Mourey (Dijon, Inserm U1093) 85 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 VIEILLISSEMENT NORMAL ET STIMULATION COGNITIVE : UNE APPROCHE MULTIMODALE PAR LES ACTIVITES DE LOISIRS Elisabeth Grimaud1,2, D. Clarys2 1 2 C.R.C. Centre de Ressources pour la Cognition, 1 rue Léo Delibes, 37200 Tours UMR-CNRS 7295 Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage, Université de Poitiers Mots-clés : Vieillissement normal ; stimulation cognitive ; activités de loisirs Introduction Les fonctions exécutives (flexibilité mentale, inhibition et mise à jour de la mémoire de travail) sont impliquées dans de nombreuses tâches de la vie quotidienne (Miyake et al., 2000). Lors du vieillissement normal, l’hypothèse dysexécutive met en avant leur rôle majeur dans le déclin des facultés cognitives (West, 1996). Pour limiter ce déclin, les fonctions exécutives sont susceptibles d’être améliorées par le biais d’un programme de stimulation cognitive. Cependant, les programmes actuels se heurtent à l’obstacle du transfert des bénéfices obtenus aux tâches entraînées sur les tâches non entraînées. L’approche multimodale (entrainement combiné de plusieurs activités) pourrait permettre de contourner cet obstacle. Certaines activités de loisirs semblent en effet constituer un bon support pour l’entrainement cognitif en raison de leur incidence sur le fonctionnement cognitif et psychocognitif. Wilson et al. (2002, 2007) ont montré que la pratique d’activités cognitivement stimulantes (lecture, échecs, bridge, visites de musées) permettait de retarder le déclin cognitif chez les personnes âgées. Plus récemment, le programme d’intervention AKTIVA, destiné à encourager la participation à des activités de loisirs cognitivement stimulantes, a mis en évidence une amélioration du fonctionnement cognitif lié à une augmentation de la participation à des activités de loisirs (Tesky et al., 2011), ce qui tend à souligner l’impact positif des activités de loisirs sur la réserve cognitive et sur l’autonomie liée au maintien des fonctions exécutives. Sur le plan psycho-affectif, ce type de support pourrait également permettre d’agir sur le levier motivationnel à court terme (Green et al., 2008) permettant ainsi d’améliorer l’intervention en stimulation cognitive. Par ailleurs, les activités de loisirs étant par nature des tâches écologiques et complexes, elles constituent une approche multimodale par opposition aux tâches d’entrainement classiques ciblant une fonction exécutive particulière. Ce type d’approche ludique et multimodale semble offrir la possibilité de transferts des bénéfices à d’autres tâches de la vie quotidienne (Craik et al., 2007). L’objectif de notre étude est de comparer deux méthodes d’entrainement portant sur les fonctions exécutives, l’une utilisant la stimulation cognitive classique (programme classique), l’autre se basant sur la stimulation cognitive par le biais d’activités de loisirs (programme EnCéfaL®), et d’étudier le transfert des bénéfices obtenus aux tâches entraînées sur des tâches non entraînées et l’impact psycho-affectif pour l’un et l’autre des programmes. Méthode Participants L’étude porte sur 3 groupes de 30 personnes âgées de plus de 60 ans, ne présentant pas de troubles dépressifs majeurs (HADS<11) ni de troubles apparentés à la Maladie d’Alzheimer (MMSE>27), recrutés en collaboration avec la ville de Montbazon (37). Les participants sont répartis en 3 groupes : 1 groupe de stimulation cognitive classique, 1 groupe de stimulation cognitive par les activités de loisirs et 1 groupe contrôle (10 participants par groupe). 86 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Procédure Les séances de stimulation cognitive se font en collaboration avec le Centre de Ressources pour la Cognition sur 10 sessions hebdomadaires d’1h15 à 1h30. Dispositif Le programme classique utilise des exercices qui ciblent directement les fonctions exécutives. Le programme EnCéfaL® (Entrainement Cérébral Fonctionnel par les Activités de Loisirs) utilise les activités de loisirs pour stimuler les fonctions exécutives : les arts plastiques (3 séances), la musique et du chant (3 séances), l’expression par l’écriture (3 séances) et la médiation culturelle au Musée des Beaux Arts de la ville de Tours (1 séance). Mesures Les fonctions exécutives sont évaluées en pré-test (1 semaine avant le début des programmes) et post-test (1 semaine après la fin des programmes) avec les tests classiques : Stroop pour l’inhibition, Trail Making Test pour la flexibilité mentale, N-Back pour la mise à jour de la mémoire de travail, Wisconsin Card Sorting Test pour la persévération, Zoo map pour la planification, et Comparaison de lettres pour la vitesse de traitement. Des mesures d’empan (chiffres), de la mémoire épisodique verbale (RL/RI16), métamnésiques (MIA abrégé), psycho-affectives (plainte mnésique et estime de soi), et des activités quotidiennes (IADL) sont ajoutées. Résultats Les programmes d’entraînement ont démarré début février et les résultats préliminaires seront disponibles fin avril. Nous postulons pour une incidence égale de l’entrainement direct et par les activités de loisirs sur les mesures des fonctions exécutives. Toutefois, nous posons l’hypothèse que seule l’approche multimodale améliorera les mesures psycho-affectives et permettra un transfert des bénéfices sur les tâches quotidiennes. Références Craik F. I. M., Winocur G., Palmer H., Binns M. A., Edwards M., Bridges K., Glazer P., Chavannes R., Stuss D. T. (2007). Cognitive rehabilitation in the elerly: Effects on memory. Journal of the International Neuropsychological Society, 13, 120-131. Green C.S., Bavelier D. et al. (2008). Exercising your brain : A review of human brain training-induced learning. Psychology and Aging, 23, 692-701. Miyake A., Friedman N., Emerson M., Witzki A., Howerter A., & Wager, T. D. (2000). The unity and diversity of executive functions and their contributions to complex “frontal lobe” tasks: A latent variable analysis. Cognitive Psychology, 41, 49 –100. Tesky V.A., Thiel C., et al. (2011). Effect of a group Program to Increase Cognitive Performance Through Cognitively Stimulating Leisure Activities in Healthy Older Subjetcs. GeroPsych, 24, 83-92. West R.L. (1996). An application of prefrontal cortex function theory to cognitive aging. Psychological Bulletin, 120, 272–292. Wilson, R.S., Mendes de Leon C.F., Barnes L.L., et al. (2002). Participation in cognitively stimulating activies and risk of Alzheimer’s disease. Journal of the American Medical Association, 287, 742-748. Wilson, R.S., Scherr P.A., et al. (2007) Relation of cognitive activity to risk of developping Alzheimer disease. Neurology, 69, 1911-1920. 87 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EXPOSITION DIFFERENTIELLE AUX JEUX VIDEO A L’ADOLESCENCE ET STIMULATION COGNITIVE : UNE ARTICULATION DYNAMIQUE ? Adeline Mathieu 1, AM Berardi 2 & A-M Toniolo1 1 2 Laboratoire de psychologie INTERPSY – EA 4432, Nancy, France Département de Psychologie, Université de Lorraine, Metz, France Mots-clés : jeux vidéo, vulnérabilité, stimulation Introduction Les jeux vidéo sont des sources de stimulation cognitive, psychologique et sociale, parce qu’ils offrent un espace d’expérience virtuelle et sont massivement consommés par les adolescents. Ils stimulent favorablement certaines compétences visuospatiales (Green & Bavelier, 2003) et leur caractère parfois violent augmente l’agressivité (Anderson et al, 2010). Les différents types de jeux vidéo entraînent probablement des stimulations spécifiquement recherchées par les utilisateurs car ils y seraient sensibles en fonction de leurs caractéristiques personnelles (Chory & Goodboy, 2011). Ainsi, la présente étude vise à déterminer si les joueurs en ligne, hors ligne et les non-joueurs ont des traits de personnalité spécifiques, qui les rendraient plus ou moins sensibles à certains types de stimulations offertes par ces jeux vidéo. Méthode L’autorégulation et les traits de personnalité selon la préférence vidéoludique (jeux en ligne, jeux hors-ligne, non-joueurs) ont été étudiées dans trois groupes appariés pour le sexe, l’âge et le niveau d’étude (tous les p>.10). Seize sujets préféraient les jeux hors-ligne (âge, en années : 16,69±1,35, éducation, en années : 10,81±0,98, sexe: 13H, 3F), 27 préféraient les jeux en ligne (âge : 16,26±1,20, éducation : 10,78±1,16, sexe : 20H, 7F), et 11 étaient non-joueurs (âge : 16,27±1,56, éducation : 10,73±0,91, sexe : 5H, 6F). Les Inventaires de Risque et d’Activation (Taylor & Hamilton, 1997 ; Lafollie, Lescanff & Lafontayne, 2008), d’Estime de Soi (Coopersmith, 1981, ECPA, 1983), de Dépression (Beck et al, 1996, ECPA, 1998), d’Anxiété Etat-Trait (Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg, & Jacobs, 1993 ; BruchonSchweitzer & Paulhan, 1993), du Big Five (John, Donahue & Kentle, 1991 ; Plaisant, Courtois, Réveillère, Mendelsohn & John, 2010) et l’Echelle de Recherche de Sensations pour Adolescents (Michel, Mouren-Siméoni, Perez-Diaz, Carton, & Jouvent, 1998) ont été administrés de façon contrebalancée. Résultats Les résultats révèlent que les joueurs aux jeux en ligne possèdent des scores supérieurs à ceux des joueurs hors-ligne pour la fuite de la réalité (p=.05), la désinhibition (p=.01), la recherche de sensation totale (p=.02), et qu'ils ont une image idéalisée de soi supérieure à celle des nonjoueurs (p=.03), mesurée par l’échelle de mensonge (Coopersmith, 1981). Discussion Le besoin de fuite de la réalité renvoie à une capacité des jeux en ligne à orienter l’attention vers l’espace virtuel. L’exposition à ces jeux serait également motivée par la recherche de sensations. Le contenu narratif, la possibilité d’incarner un héros puissant et d’exposer sa réussite aux autres valorise narcissiquement l’individu alimentant une image idéalisée de soi. 88 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 L’implication des traits de personnalité et de l’autorégulation dans le processus d’exposition sélective révèle une recherche de stimulations spécifiques. La pratique vidéoludique relève d’une recherche de plaisir et peut être utilisée dans un but autothérapeutique ou à des fins psychothérapeutiques, car elle peut motiver l’entrée dans un processus de soin et permet d’observer la dynamique du sujet lors de son engagement vis-à-vis de ce média. Références Anderson, C.A., Shiyuba, A., Ihori, N., Swing, E.L., Bushman, B.J., Sakamoto, A., et al. 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Pozzo1, 3, 4, 5 1 Université de Bourgogne, UFR STAPS, Campus Universitaire, Dijon, France 2 Centre d’Expertise de la Performance “Gilles Cometti’’, Dijon, France 3 INSERM U1093, Cognition, Action Plasticité sensorimotrice, Dijon, France 4 Italian Institute of Technology, RBCS Dept., Genova, Italy 5 Institut Universitaire de France, Dijon, France Mots-clés : couplage action perception, contagion motrice, régulation posturale Introduction L’observation et l’exécution de l’action sont fortement couplées à l’échelle neurophysiologique et comportementale, de telle manière que la perception visuelle d’une action peut contaminer simultanément et ultérieurement son exécution. Dans une étude précédente, nous avons examiné ces effets de contagion motrice vis-à-vis des fonctions d’équilibration. Le contrôle de l’équilibre orthostatique fait principalement intervenir des structures sous-corticales pour le maintien du tonus postural et l’intégration multisensorielle ; ces substrats neuronaux seraient, de la même manière que les fonctions végétatives indépendantes du contrôle volontaire, plus facilement contaminés par les mouvements observés. Cependant les mécanismes de régulation posturale ayant pour fonction de restreindre le déséquilibre, se surajoutent à des processus inhibiteurs prévenant l’imitation compulsive. Cette première étude a révélé que chez des sujets jeunes, sains, l'observation d'un modèle en déséquilibre postural est susceptible de contaminer le balancement postural des observateurs et d’induire une augmentation de la surface de déplacement du centre de pression (Tia et al., 2011). Suite à ces résultats, nous avons mené une deuxième étude dans le but d’évaluer l’impact du répertoire moteur sur les réactions de contagion posturale. Les processus perceptifs et de résonance motrice sont dépendants du répertoire moteur du sujet (Aglioti et al., 2008; CalvoMerino et al., 2006; Shiffrar et Freyd, 1990; Viviani et Stucchi, 1989, 1992), suggérant qu’il en est de même pour les effets de contagion motrice. Cependant l’influence du répertoire moteur sur les réactions d’imitation automatique reste une question à part entière. Méthode Dans cette étude ont participé 22 sujets (15 femmes, 11 hommes ; âge = 24.2 ± 3.7 ans). Des séquences de déséquilibre antéro-postérieur et médio-latéral ont été présentées à des observateurs, dont le balancement postural a été enregistré et analysé. Les stratégies d’équilibration posturale sont associées à des contraintes différentes selon ces deux axes, avec une symétrie médio-latérale et une asymétrie antéropostérieure – asymétrie résultant d’une position du centre de masse en avant de l’articulation de la cheville, qui induit une sollicitation accrue des muscles du plan postérieur pour la stabilisation posturale. Un impact du système moteur sur le processus de contagion serait donc susceptible de se traduire par des réactions posturales différentes dans nos deux conditions d’observation. 90 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Résultats Les résultats ont révélé un effet de contagion plus important lors de l’observation d’un déséquilibre antéro-postérieur comparé à médiolatéral. Précisément, nous avons enregistré une plus grande zone de déplacement du centre de pression (CdP) lorsque les sujets regard un déséquilibre en avant / arrière par rapport un à la gauche / droite. En outre, après la normalisation de déplacements de CdP AP et ML par une condition de contrôle (croix de fixation), la longueur AP de la trajectoire du CdP lors d’une observation d’un déséquilibre vers l’avant a tendance à être plus élevée que la longueur ML lors d’une observation d’un déséquilibre vers la gauche ou la droite ( 0.22 ± 0.062 versus 0.05 ± 0.0071 d’une unité arbitraire). Discussion Dans cette étude, nous avons soulevé la question de l’impact du répertoire moteur de l’observateur sur les réactions de contagion motrice. Nous avons remarqué que l’observation d’un déséquilibre antéro-postérieur comparé à medio-latéral a un effet de contagion plus important (i.e. un déplacement du centre de pression plus important). Ce résultat démontre l’influence de la stratégie d’équilibration - stratégie faisant davantage intervenir les muscles du plan postérieur (soléaires et gastrocnémiens) - sur la contagion motrice. L’orientation préférentielle des déplacements (marche, course) est dirigée selon l’axe antéro-postérieur ; c’est aussi l’observation d’un déséquilibre orienté selon cet axe qui a l’effet de contagion le plus important. Notre résultat se rapproche des travaux réalisés sur les mouvements volontaires, où une action observée identique à l’action exécutée entraîne une facilitation de cette exécution (Brass et al., 2000; Kilner et al., 2003). En termes d'application clinique, cette étude apporte de nouvelles indications pour l'adaptation de dispositifs d’entrainement par observation dans les programmes de réadaptation. Références Aglioti, S.M. Cesari, P. Romani, M. & Urgesi, C. (2008). Action anticipation and motor resonance in elite basketball players. Nat Neurosci., 11(9):1109-16. Brass, M. Bekkering, H. Wohlschläger, A. & Prinz, W. (2000). Compatibility between observed and executed finger movements: comparing symbolic, spatial, and imitative cues. Brain Cogn., 44(2):124-43. 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Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 18(3), 603-623. 91 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 COGNIBULLE : REMEDIATION COGNITIVE PAR SERIOUS GAMES Claudine Wierzbicki2 & B.Virole1 1 Docteur en psychopathologie – Paris - VII, Docteur en sciences du langage – Paris – III 2 Docteur en psychologie du développement, Expert Recherche et Développement des Editions du Centre de Psychologie Appliquée – 75020 Paris Mots-clés : remédiation cognitive, serious game, troubles cognitifs Une part importante des difficultés scolaires de l'enfant sont dues à des troubles des fonctions exécutives et à des difficultés attentionnelles qui vont du manque de concentration devant une tâche séquentielle répétitive à des déficits majeurs de l'attention, accompagnées ou non d'hyperactivité ou d'impulsivité. Ces troubles affectent de nombreux autres aspects du fonctionnement cognitif (Baddeley, 1986 ; Brown, 1996 ; Baddeley et al., 2001 ; Thorell et al., 2009). Pourtant, lorsque ces enfants sont mis en présence de situations environnementales attractives pour eux, ils parviennent, généralement, à maintenir leur attention. Le fait est observable chez les jeunes qui, tout en présentant des difficultés d'attention à l'école, peuvent se concentrer pendant de longs moments, chez eux, sur des jeux vidéos. L'utilisation d'environnements virtuels, avec des règles fixées par des spécialistes de la cognition, apporte d'excellentes conditions pour les remédiations (Gee, 2003). La remédiation est alors définie comme une sollicitation contrôlée invitant le sujet à une décision d’action dont l’effet est la modification d’un environnement perçu. Il s’agit donc d’une réduction contrôlée des situations dans lesquelles la cognition est sollicitée. Le maniement de commandes stimule de façon naturelle les processus cognitifs, et en particulier les différentes composantes de l'attention et des fonctions exécutives. Par exemple, la coexistence de buts à atteindre et la nécessité de les séquentialiser sollicitent la mémoire de travail et entraînent le sujet à aborder des tâches cognitives de haut niveau (raisonnement, planification, théorie de l'esprit, etc.). Cognibulle developpé et édité par les ECPA (2012), est un outil de remédiation cognitive informatisé, proposant des Ateliers vidéo destinés aux enfants de 5 à 12 ans (ou plus). La Plateforme de remédiation cognitive des ECPA permet à un professionnel de se connecter à Cognibulle, via Internet, afin d’utiliser les Ateliers en séance avec l’enfant ; l’enfant peut ensuite utiliser les Ateliers chez lui, selon les préconisations du professionnel qui suivra, à distance, ses progrès. Les dix Ateliers présentent un environnement virtuel, graphique, interactif et ludique susceptible d'activer une motivation du sujet pour entreprendre une action intentionnelle par les commandes numériques. Cette action nécessite une allocation de ressources attentionnelles et mnésiques ainsi qu’une mobilisation des fonctions exécutives, progressives selon les niveaux (10 niveaux par ateliers) tout en impliquant une inhibition de stimuli distracteurs. Les bénéfices attendus sont de deux ordres : (1) amélioration des capacités attentionnelles avec augmentation de la capacité de mémoire de travail, augmentation de la flexibilité des fonctions exécutives, augmentation de la capacité métacognitive ; (2) amélioration de l'estime de soi et des capacités à réaliser progressivement des tâches cognitives de plus en plus complexes et donc de prendre confiance dans ses capacités d'apprentissage. 92 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Nous présentons les résultats psychométriques d’une première étude de remédiation par Cognibulle, portant sur 39 sujets ; la comparaison des données pré- et post-remédiation montre des améliorations significatives aux Indices de Raisonnement Perceptif et de Vitesse de Traitement. Une étude de cas montre également comment l’utilisation de Cognibulle peut améliorer l’estime de soi lorsque sa fonction de médiateur est utilisée. Références Baddeley, A.D. (1996). Exploring the central executive. The Quarterly Journal of Experimental Psychology, 49A, 5-28 Baddeley, A.D., Chincotta, D., Adlam, A. (2001).Working memory and the control of action: Evidence from task switching. Journal of Experimental Psychology : General, 130(4), 641-657. Brown T.E. (1996). Attention deficit disorders and comorbidities in children, adolescents, and adults, Washington, DC : American Psychiatric Press. Cognibulle. (2012). www.ecpa.fr Gee, J. P. (2003). What Video Games Have to Teach Us About Learning and Literacy. New York : Palgrave Macmillan. Thorell L., Lindqvist S., Nutley S. B., Bohlin G, Klingberg T. (2009). Training and transfert effect of executive functions in preschool children. Developmental Science, 12:1, 106-113. Virole B. (1997). Attention sélective et psychopathologie clinique. Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, 45 (11-12), 793-795. Virole B. (2003). Du bon usage des jeux vidéo et autres aventures virtuelles. Paris : Hachette Littératures. Virole B., Radillo A. (2010). Cyberpsychologie. Paris : Dunod. Virole B. (2011). La complexité de soi, Charielleditions. www.benoitvirole.com 93 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 STIMULATION PHYSIQUE ET COGNITIVE EN SITUATION VIRTUELLE CHEZ LES PERSONNES AGEES 1 Evelyne Klinger1 & Y. Boumenir1 LAMPA EA1427–Arts et Métiers ParisTech, Angers-Laval, FRANCE Mots-clés : stimulation cognitive, activité physique, réalité virtuelle. Introduction De nos jours, le vieillissement de la population est en hausse, en France (Robert-Bobée, 2007) comme partout dans le monde. Les effets de l’âge et des maladies qui l’accompagnent entraînent des altérations physiques et cognitives, comme dans la maladie d’Alzheimer (Dubois, 2008) . Le déclin physique et mental à donc tendance à s’accroître. Dans ce contexte, plusieurs travaux ont été menés proposant des interventions de stimulation physique et cognitive pour améliorer ou retarder l’expression de ces altérations qui réduisent l’autonomie et mènent progressivement à la dépendance (Pichierri et al, 2011). Des études menées auprès de personnes âgées montrent que le volume cérébral s’accroît après un entraînement cardiovasculaire (Colcombe et al, 2006) et que la pratique d’exercices physiques aérobic combinés à des activités cognitives donnent des effets bénéfiques sur les fonctions cognitives (Ball and Birge, 2002), dont la mémoire (Fabre et al, 2002). De plus, la marche dans des environnements naturels ou le fait de visionner des images de la nature augmente l’attention comparée aux mêmes tests en milieu urbain (Berman et al, 2008). Par conséquent, l’association d’activités physiques et cognitives semble permettre d’améliorer et de maintenir les capacités fonctionnelles motrices et cognitives (Larson, 2008). La stimulation cognitive consiste en une sollicitation méthodique des fonctions cognitives, psychologiques et sociales (de Rotrou, 2001). Elle vise à appliquer des stratégies de rééducation aux personnes âgées, en capitalisant sur les capacités cognitives préservées et sur la plasticité cérébrale pour stimuler l’encodage de l’information, sa consolidation et sa récupération (Breuil et al, 1994; Wenisch et al, 2007). Aujourd’hui, les procédures de rééducation sont de plus en plus associées à des technologies informatisées, et notamment celles de la réalité virtuelle (Rizzo and Kim, 2005; Rose et al, 2005; Klinger and Joseph, 2008) qui permettent de combiner activités physiques et cognitives avec sollicitation multisensorielle. Une étude récente menée chez des personnes âgées a montré que le cyclisme virtuel, réalisé deux à trois fois par semaine pendant une durée de trois mois, a donné des résultats cognitifs très bénéfiques et une protection éventuelle contre les troubles cognitifs légers (Anderson-Hanley et al, 2012). Dans ce contexte global, nous avons initié le projet « Balade à l’EHPAD » qui vise la stimulation physique et cognitive de personnes âgées et de patients atteints de la maladie d’Alzheimer résidant en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). « Balade à l’EHPAD » est une application de réalité virtuelle qui propose une promenade récréative à vélo dans des univers variés qui représentent des espaces naturels, avec leurs ambiances lumineuses et sonores. L’objectif principal du projet est de procurer du bien être et de la détente tout en assurant une activité physique et en stimulant les fonctions cognitives via des activités simples et sans situation d’échec. Le travail de co-conception des activités a été réalisé avec les soignants et les résidants du CIGMA, Centre Intergénérationnel Multi Accueil situé à Laval. Des premiers tests in situ de la maquette initiale ont été réalisés. 94 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Références Anderson-Hanley, C., Arciero, P.J., Brickman, A.M., Nimon, J.P., Okuma, N., Westen, S.C., Merz, M.E., Pence, B.D., Woods, J.A., Kramer, A.F., Zimmerman, E.A. (2012). Exergaming and Older Adult Cognition: A Cluster Randomized Clinical Trial. American journal of preventive medicine, 42(2), 109-119. Ball, L.J., Birge, S.J. (2002). Prevention of brain aging and dementia. Clin Geriatr Med, 18(3), 485-503. Berman, M.G., Jonides, J., Kaplan, S. (2008). The cognitive benefits of interacting with nature. Psychol Sci, 19(12), 1207-1212. Breuil, V., De Rotrou, J., Forette, F., Tortrat, D., Ganansia-Ganem, A., Frambourt, A., Moulin, F., Boller, F. (1994). 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Paille1 1 2 Service d’addictologie, CHU de Nancy, France Service de Soins de Suite et de Réadaptation, Saint Nicolas de Port, France Mots-clés : remédiation cognitive, alcoologie, thérapies cognitivo-comportementales Le présent document a pour alcoolodépendants et leurs présentation est de montrer remédiation cognitive avant comportementales. Introduction but d’exposer les troubles cognitifs observés chez les patients conséquences sur la prise en charge. L’objectif de cette l’intérêt de développer des soins spécifiques centrés sur la que les patients puissent bénéficier des thérapies cognitivo- Troubles cognitifs chez le sujet alcoolodépendant : impact sur la prise en charge et perspectives thérapeutiques Les effets délétères de la consommation chronique d’alcool sur le fonctionnement cérébral et cognitif sont bien recensés au sein la littérature depuis plusieurs dizaines d’années (e.g Fitzhugh, Fitzhugh & Reitan, 1960). Au niveau morphologique, on retrouve fréquemment chez les patients alcoolodépendants une atrophie cérébrale diffuse affectant particulièrement les lobes frontaux, le cortex médio-temporal et pariétal, les structures sous-corticales (thalamus, noyaux gris centraux) et le cervelet (Chanraud et al., 2007 pour revue). Ces perturbations structurelles sont associées à des troubles cognitifs qui touchent 50 à 80% des patients alcoolodépendants (Bates, Voelbel, Buckman, Labouvie, & Barry, 2005). Ces déficits concernent les fonctions exécutives (abstraction, résolution de problème, flexibilité mentale, planification, inhibition, jugement), la mémoire épisodique, la mémoire de travail ainsi que les habilités visuo-spatiales (e.g Parsons, 1998 ; Sullivan, Rosenbloom & Pfefferbaum, 2000). De plus, la présence d’une atteinte cognitive conditionne l’efficacité de la prise en charge (Goldman, 1990 ; Pitel, Beaunieux, Witkowski et al., 2007) et la sévérité de cette atteinte compromettrait le pronostic d’abstinence (Allen, Goldstein & Seaton, 1997). Dans ce contexte, le repérage des déficits cognitifs alcoolo-induits permettrait d’adapter le projet thérapeutique et d’éviter les mises en échec par des techniques de soin inadaptées au handicap du patient. En effet, les thérapies cognitivo-comportementales nécessitent de bonnes capacités mnésiques et attentionnelles, par conséquent l’atteinte de ces fonctions a un effet direct sur l’efficacité de ces prises en charge. Malgré l’influence observée des déficits cognitifs sur le déroulement de la prise en charge, rares sont les structures addictologiques qui proposent une évaluation neuropsychologique avant d’intégrer un patient dans un programme de soin et très peu d’études se sont intéressées à la prise en charge cognitive des patients alcoolodépendants. En effet, dans la pratique clinique, la réhabilitation cognitive chez ces patients reste encore exceptionnelle bien que des travaux, certes anciens, montrent des résultats très encourageants (Allen et al, 1997). L’expérience acquise auprès des sujets cérébrolésés ou psychiatriques dans le domaine de la rééducation neuropsychologique (Adam, Allain, Aubin & Coyette, 2009) ouvre des perspectives concernant la prise en charge des patients alcoolodépendants avec des déficits cognitifs. En effet, l’exigence des prises en charge cognitives a évolué (recherche d’effets de généralisation aux fonctions cognitives non ciblées, de bénéfices en milieu écologique, de maintien à long terme des acquis). Au même titre, la méthodologie employée s’est améliorée 97 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 (lignes de bases, contrôle de l’efficacité spécifique de la prise en charge cognitive) et nous avons à disposition de nouveaux outils qui se développent (logiciels informatisés : CogniPlus, Rehacom par exemple). Il convient donc d’adapter les techniques actuelles de remédiation cognitive chez ces patients. Ainsi, nous pouvons d’une part transposer des programmes de rééducation déjà existant chez le patient traumatisé crânien (e.g Vallat-Azouvi, Azouvi & Pradat-Diehl, 2007) mais également créer des outils spécifiques comme un questionnaire d’autoévaluation centré sur les relations entre troubles cognitifs et consommation pour s’assurer de l’impact de la prise en charge cognitive sur le quotidien. Enfin, il est primordial d’évaluer l’apport spécifique de la prise en charge cognitive sur le recouvrement des capacités en terme qualitatif (impact au quotidien) et quantitatif (amélioration du bilan neuropsychologique) mais également sur la rapidité de la récupération de ces déficits cognitifs selon le type de prise en charge proposé. Conclusion Au final, la consommation chronique d’alcool entraîne de multiples dommages au niveau cérébral qui se traduisent cliniquement par des troubles cognitifs touchant principalement la mémoire épisodique et les fonctions exécutives. Cette atteinte influencerait l’efficacité de la prise en charge et pourrait être un des facteurs expliquant le fort taux de rechute observé chez ces patients. Le caractère potentiellement réversible de ces troubles, en l’absence de la poursuite de la conduite addictive, est un argument supplémentaire pour effectuer un dépistage systématique. Les repérer et les prendre en charge restent la première étape nécessaire et indispensable dans le parcours de soin du patient avant d’intégrer une prise en charge cognitivo-comportementale. Références Adam, S., Allain, P., Aubin, G., & Coyette, F. (2009). Actualités en rééducation neuropsychologique : études de cas. Marseille : Solal. Allen, D.N., Goldstein, G., & Seaton, B.E. (1997). Cognitive rehabilitation of chronic alcohol abusers. Neuropsychol Rev, 7, 21-39. Bates, M.E, Voelbel, G.T., Buckman, J.F., Labouvie, E.W., & Barry, D. (2005). Short term neuropsychological recovery in substance use disordered clients. 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Pitel, A-L., Beaunieux, H., Witkowski, T., Vabret, F., Guillery-Girard, B., Quinette, P., Desgranges, B., & Eustache, F. (2007). Genuine episodic memory deficits and executive dysfunctions in alcoholic subjects early in abstinence. Alcohol Clin Exp Res, 31, 1169-1178. Sullivan, E.V., Rosenbloom, M.J., & Pfefferbaum, A. (2000a) A pattern of motor and cognitive deficits in detoxified alcoholic men. Alcoholism, Clinical and Experimental Research 24(5):611-621. Vallat-Azouvi, C., Azouvi, P., & Pradat-Diehl, P. (2007). Rééducation cognitive de la mémoire de travail. In Aubin, G., Coyette, F., Pradat-Diehl, P., & Vallat-Azouvi, C. (2007). Neuropsychologie de la mémoire de travail. Marseille : Solal. 98 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 INCREASED EMPLOYABILITY OF THE UNEMPLOYED AGED 50+ THROUGH COGNITIVE TRAINING? Benjamin Godde, C. M. G. Noack, C. Windisch & C. Voelcker-Rehage Jacobs Center on Lifelong Learning & Institutional Development, Jacobs University Bremen, Germany Keywords: cognitive training, computer based training, older unemployed. Introduction In most industrial countries the actual demographic development results in an increasing shortage of skills. Thus employability not only of older workers but also of older unemployed people gains increasing relevance. Against this background it is important that abilities in different dimensions of fluid intelligence not only show age-related decline but that also a loss of cognitive stimulation in everyday life can have similar effects (e.g., Baltes, Lindenberger, & Staudinger, 2006). On the contrary Schooler and colleagues revealed a positive influence of complex and cognitively demanding jobs on mental abilities which was even stronger in older adults (Schooler et al., 1999). Recent studies also showed positive effects of cognitive training interventions in young adults and older retired persons (Schmiedek, Lövdén, & Lindenberger, 2010). It remains unclear, however, to which degree performance gains in the trained tasks can be transferred to untrained tasks of same or different dimensions, i.e. whether a general improvement of cognitive functioning can be achieved. Whereas a large online study with 11.430 participants could not show any transfer effect on untrained tasks, even if they were very similar to the trained ones (Owen et al., 2010), some laboratory studies revealed that observing transfer effects requires both the trained and the transfer task to rely on same brain structures (Dahlin et al., 2008) or the acquisition of general strategies (Persson & ReuterLornez, 2008). Also variable training regimes are of advantage. With our study we aimed to investigate whether software-based cognitive training interventions have the potential to increase cognitive abilities in older unemployed persons who tend to be less used to further training. We were particularly interested in possible transfer effects from trained to untrained tasks in different domains of fluid intelligence. Method Participants (42-64 years, 58.6% women) were enrolled in general further education measures of the federal state of Brandenburg (“Academy 50plus”) and were course-wise assigned to either a control (n = 36) or an experimental group (n = 51). In addition to their normal course work, the experimental group received a 4-week cognitive training applied with help of the internet platform Happyneuron (Scientific Brain Training, Villeurbanne Cedex, Frankreich). This platform was chosen after extensive evaluation of three alternative providers of cognitive training software in respect to how much training and transfer effects could be expected. Sixteen training sessions of 45 minutes each were performed over 31 days on average. In each training session the participants performed four so-called core exercises from the four cognitive dimensions perceptual speed, working memory, episodic memory, and reasoning. These exercises were complimented on a daily basis by a selection from 16 additional exercises from the same four cognitive dimensions as well as exercises from the dimensions perception and language. Transfer was tested in pre and post sessions with nine standard cognitive tests. Performance changes in the trained and transfer tasks were analyzed with 99 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 repeated measures ANOVA for experimental and control group as well as with additional factors gender and age (younger and older than 54 years). Results All participants of the experimental group increased their performance levels in the four core tasks from pre to post session (p<.001; effect size between .26 and .74). There was no effect of gender or age. In the nine transfer tests no difference between experimental and control group in the pretest was observed. Participants in the experimental group showed transfer effects (indicated as stronger performance increase from pre to posttest than the control group) in tests of perceptual speed (p<.001; effects size=.26) and spatial perception (p<.001; effect size=.07). Again there was no age or gender effect. No transfer was found for the dimensions working memory, episodic memory and reasoning. Interestingly, also subjective well-being and subjective estimates of own cognitive abilities increased during the training. Discussion The performance increases for the trained tasks confirm prior findings for larger samples and different age groups. With respect to transfer effects results are mixed. We were able to show that transfer is possible if transfer tasks are similar to trained tasks (“near transfer”) but also for “far transfer” (transfer to more different tasks) as shown for the spatial perception task. We assume that the conceptual design of the training which was characterized by high variability (many different tasks), high repetition number or the core tasks, and high adaptability (dynamic adaptation of difficulty to individual performance levels) was the key to induce such transfer effects (cf. Schmiedeck et al., 2010; Jaeggi et al., 2008). We conclude that cognitive interventions, embedded in general further education measures, have positive effects on objective and subjective cognitive performance, motivation, and self-efficacy of older unemployed persons and therefore are effective to increase or regain their employability. References Baltes, P.B., Lindenberger, U., & Staudinger, U.M. (2006). Lifespan theory in developmental psychology. In R. M. Lerner (Ed.), Handbook of Child Psychology (6th ed., Vol. 1, pp. 569-664). Dahlin, E., Stigsdotter Neely, A., Larsson, A., Bäckman, L. & Nyberg, L. (2008). Transfer of Learning After Updating Training mediated by the Striatum, Science, 320(5882), 1510-1512. Jaeggi, S. M., Buschkuehl, M., Jonides, J. & Perring, W. J. (2008). Improving fluid intelligence with training on working memory. Proceedings of the National Academy of Science 105, 6829-6833. Owen, A.M., Hampshire, A., Grahn, J.A., Stenton, R., Dajani, S., Burns, A.S., Howard, R.J. & Ballard, C.G. (2010). Putting brain testing to the test. Nature 465, 775-779. Persson, J. & Reuter-Lorenz, P.A. (2008). Gaining Control. Training Executive Function and Far Transfer of the Ability to Resolve Interference. Psychological Science 19 (9), 881-888. Schmiedek, F., Lövden, M. & Lindenberger, U. (2010). Hundred days of cognitive training nhance broad cognitive abilities in adulthood: findings from the COGITO study. Frontiers in Aging Neuroscience 2, Article 27. Schooler, C., Mulatu, M.S., & Oates, G. (1999). The continuing effects of substantively complex work on the intellectual functioning of older workers. Psychology and Aging, 14, 483-506. 100 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 RC2S : REMEDIATION COGNITIVE DE LA COGNITION SOCIALE DANS LA SCHIZOPHRENIE Elodie Peyroux1,2,3,4,5, N. Franck,1,3,4, & I. Tapiero,2,3 1 2 Centre de Neurosciences Cognitives, UMR 5229, CNRS, Lyon Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs, EA 3082, Lyon 3 Universités de Lyon 4 CH Le Vinatier, Lyon 5 Scientific Brain Training, Villeurbanne Mots-clés : remédiation cognitive, cognition sociale, réalité virtuelle Retours théoriques La cognition sociale (CS), définie par Penn et al. (2008) comme : « la faculté de comprendre soi-même et autrui dans le monde social » est une des compétences déficitaires caractéristiques de la schizophrénie (APA, 2000). Les personnes atteintes de schizophrénie présentent notamment des déficits dans 3 domaines de la CS : la perception des émotions (faciales et vocales), la théorie de l’esprit (c'est-à-dire les processus permettant aux individus de comprendre et de prédire les comportements et les états mentaux d’autrui) et le style attributionnel qui réfère aux explications que l’on génère par rapport aux événements positifs et négatifs de nos vies. Etant donné l’importance de la CS dans le fonctionnement quotidien (Fett et al., 2011) cette compétence est une cible thérapeutique primordiale pour la réinsertion sociale des personnes souffrant de schizophrénie. Pourtant, alors que plusieurs programmes de remédiation cognitive (RC) ont prouvé leur efficacité dans la remédiation de la cognition froide (McGurk et al., 2007 ; Wykes et al., 2011), aucun programme ne propose aujourd’hui de cibler l’ensemble des composantes de la CS. Présentation du programme RC2S est un programme qui a pour objectif d'améliorer les composantes de la cognition sociale déficitaires dans la schizophrénie. Il est développé par l'entreprise SBT et sera mis en œuvre au Centre de Réhabilitation du Centre Hospitalier Le Vinatier, Lyon avec des patients souffrant de schizophrénie. Le programme RC2S tient compte des multiples modalités qui entrent en jeu dans le fonctionnement quotidien et les interactions sociales (le contenu du discours, la prosodie, les gestes, les attitudes corporelles et faciales, ainsi que les éléments contextuels). L’utilisation de l’informatique est indispensable car, contrairement aux méthodes papier/crayon, il permet de modifier progressivement le niveau de difficulté de la tâche en fonction d'une ligne de base individuelle, de fournir un feed-back immédiat, d'utiliser des méthodes de renforcement multiples et enfin d'avoir la possibilité de contrôler précisément les processus d'apprentissage (Tomas et al., 2010). RC2S est composé de 3 modules. Les modules textuels et auditifs ont pour objectif d’entraîner les patients à comprendre les intentions, les états d’esprit et les émotions d’autrui à travers une modalité spécifique. Ainsi, le module textuel permet aux patients de prendre en considération le contexte, d’améliorer leurs capacités empathiques, et de formuler des hypothèses alternatives. Le module auditif permet de s’entraîner à tenir compte, de la prosodie émotionnelle et linguistique, et du contexte. Enfin le module de réalité virtuelle a pour objectif d’intégrer l’ensemble des composantes précédemment exercées de manière 101 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 individuelle dans un environnement unique. Le patient devra ainsi prendre la place d’un avatar, et résoudre des situations problématiques de la vie quotidienne. RC2S propose donc un environnement écologique permettant de favoriser le transfert des compétences acquises en RC à la vie quotidienne. L'utilisation de l'outil informatique dans ce protocole de RC est ainsi tout à fait pertinente, d’une part parce que les stimulations multimédia prolongées semblent améliorer la plasticité neuronale (Grynszpan et al., 2011), et d’autre part parce qu’il offre de meilleures opportunités dans l’acquisition de stratégies compensatoires, élément primordial et central des techniques de RC. Références American Psychiatric Association (2000). Diagnostic and statistical manual of mental disorders, 4th ed., text revision.Washington, DC: American Psychiatric Association. Fett, A.K., Viechtbauer, W., Dominguez, M., Penn, D.L., van Os, J. & Krabbendam, L. (2011). The relationship between neurocognition and social cognition with functional outcomes in schizophrenia: a meta-analysis. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 35, 573- 588. Grynszpan, O., Perbal, S., Pelissolo, A., Fossati, P., Jouvent, R., Dubal, S. & PerezDiaz, F. (2011). Efficacy and specificity of computer-assisted cognitive remediation in schizophrenia : a meta-analytical study. Psychological Medicine, 41,163-173. McGurk, S.R.,Twamley, E.W., Sitzer, D.I., McHugo, G.J. & Mueser, K.T. (2007). A meta-analysis of cognitive remediation in schizophrenia. Psychiatry, 164, 1791-1802. Penn, D.L., Sanna, L.J., & Roberts, D.L. (2008). Social cognition in schizophrenia: an overview. Schizophrenia bulletin, 34, 408-411. Tomas, P., Fuentes, I., Roder, V. & Ruiz, J. C. (2010). Cognitive rehabilitation programs in schizophrenia: current status and perspectives. International journal of psychology and psychological therapy, 10, 191-204. Wykes, T., Huddy, V., Cellard, C., McGurk, S.R. & Czobor, P. (2011). A metaanalysis of cognitive remediation for schizophrenia: methodology and effect sizes. American Journal of Psychiatry, 168, 472-785. 102 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 LA REMEDIATION COGNITIVE EN VUE DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES DEFICIENTS INTELLECTUELS Adriana de Oliveira & B. Jean-Marie &. F. Johnny Université Lumière Lyon 2 Mots-clés : déficient intellectuel, insertion professionnelle, remédiation cognitive Introduction Le but de notre recherche était de trouver une nouvelle méthode pour aider à l'adaptation des DI (déficients intellectuels) au marché de travail. Quand ils confrontés à de nouvelles situations comme par exemple un souci ou quelqu'un auquel ils ne sont pas habitués, cela provoque chez eux une déstabilisation qui les empêche bien souvent de se maintenir au sein de leur entreprise. Notre population est constituée de déficients intellectuels légers, âgés de 18 à 30 ans qui travaillent en milieu protégé dans l’ESAT Hélène Rivet à Lyon 9è. Cette étude exploratoire veut contribuer à l'avancement d'une problématique que nous pensons importante pour la psychologie du développement. Nous nous sommes appuyés lors de cette étude sur les travaux de Piaget et Inhelder. Méthode Nous avons utilisé la méthode de la remédiation cognitive Le travail de remédiation cognitive va consister à présenter au sujet des tâches qui d’une part vont mobiliser certaines compétences acquises et d’autre part susciter l’emploi et l’usage répété des fonctions cognitives déficientes, en utilisant un matériel attrayant et en faisant participer le sujet à la définition des objectifs de travail. Le but est tout à la fois d’aider à la prise de conscience des capacités existantes et de dépasser certains échecs en proposant des tâches de difficultés croissantes qui favorisent la réussite, la persévérance et le plaisir d’apprendre. Les performances obtenues permettent de replacer le sujet dans un contexte dynamique où il n’est plus question d’«incapacités» mais de «potentialités». Cela permet aux déficients intellectuels de construire des structures cognitives et d’acquérir de nouvelles connaissances afin de faciliter leur insertion professionnelle. Cette méthode a été développée par Dolle et Bellano en 1989 à l’Université de Lyon2 à l’Institut de Psychologie. Nous avons créé un atelier de remédiation cognitive. Lors de cet atelier, nous avons sollicité chaque sujet en exploitant ses capacités cognitives. Résultats Suite aux séances en ateliers de remédiation cognitive, nous avons pu constater que cette méthode est un moyen de solliciter leur potentiel intellectuel. Celle-ci leur permet également d’élaborer des conduites systématiques, transposables et généralisables à n'importe quel contenu ou situation comme par exemple s’équiper du matériel de protection pour certaines tâches. Ce qui nous permet d’affirmer que la remédiation cognitive, au travers des sollicitations, s’est avéré une méthode de préparation des DI en vue de leur insertion professionnelle. En effet, une prise de conscience est observée après les six séances. Pour une recherche suivante, il faudra au moins doubler le nombre de séances. Nous n’avons pu observer in situ si les sujets s’étaient appropriés les connaissances acquises en séances de remédiation. Nous avons constaté que notre recherche était très importante pour l’insertion professionnelle des DI car cela leur donne la possibilité d’adapter ou de mettre en place de nouvelles stratégies lors de situations nouvelles et inconnues. 103 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Discussion Pour conclure, cette étude ouvre d'autres possibilités aussi bien de recherche que de prise en charge des déficients intellectuels. L'application de la remédiation cognitive se montre un instrument fiable concernant le développement de leur potentiel intellectuel et leur bien-être personnel. Cependant, une étude plus approfondie de cette méthode serait nécessaire pour avoir des résultats plus fiables, stables et généralisables concernant le développement des structures cognitives chez les DI. Notre prochaine étape consistera à poursuivre notre recherche dans le cadre de DI en milieu protégé, toujours dans le but de l'insertion professionnelle. Références Bellano, D. et Dolle, J-M., (1989). Ces Enfants qui n’Apprennent Pas – Diagnostique et Remédiations. Paris : Centurion. Besse, J-M., (2004). Évaluer l’illettrisme : diagnostic des modes d’appropriation de l'écrit : guide pratique. Paris : Retz. Blanc, A., (1998). L'insertion professionnelle des personnes handicapées en France. Paris : Dunod. Favre, J. (1997). Construction des Valeurs chez l’Enfant : une étude transversale sur les valeurs spontanées chez les enfants de 3 à 5 ans en situation scolaire. Thèse de doctorat en psychologie non publiée. Université Lumière Lyon 2. Inhelder, B., (1969). Le diagnostic du raisonnement chez les débilis mentaux. Paris : Delachaux et Niestlé. Paour, J-L et Büchel, F., (2005). Déficience intellectuelle : déficits et remédiation cognitive. Article. Paris : Presses Universitaires de France. Enfance. Volume 57. www.cairn.info/article. Piaget, J. et collaborateurs. (1977). Rechercher sur L’abstraction Réfléchissante. T1 / Vol-34, L’abstraction des relations logico-arithmétiques. Paris : Presse Universitaires de France. Piaget, J. et collaborateurs. (1977). Rechercher sur L’abstraction Réfléchissante. T2 / Vol-35, L’abstraction de l’ordre et des relations spatiales. Paris : Presse Universitaires de France. Piaget, J., (1947). Psychologie de l’intelligence. Paris : A. Colin. Piaget, J. et Inhelder, B., (1991). La Genèse des Structures Logiques Elémentaires. Paris : Delachaux et Niestlé S.A. Piaget, J, (1991). La Genèse du Nombre Chez L’enfant. Avec le concours de sept collaborateurs. Paris : Delachaux et Niestlé S.A. Piaget, J., (1997). La Naissance de L’Intelligence Chez L’Enfant. Paris : Delachaux et Niestlé S.A Piaget, J et Inhelder, B (1978). Le Développement des Quantités Physiques Chez L’enfant. Paris : Delachaux et Niestlé Seps. Piaget, J et collaborateurs, (1978). Recherche sur la Généralisation. Paris : Presse Universitaires de France. Piaget, J, (1977). Etudes Sociologiques. Genève: Librairie Droz. Piaget, J, (1978). Le Jugement Moral Chez l’Enfant. Paris : Presse Universitaires de France. Ramozzi-Chirottino, Z., (1984). Em busca do sentido da obra de Jean-Piaget. São Paulo: Editora Ática. 104 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 8 : Stimulation cognitive et hôpital de jour Vendredi 25 mai / 11h30-12h30 Amphithéâtre Bernard Santona Modératrice : Pr. Anne Marie Ergis (Paris V) 105 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 ORGANISATION DES SOINS EN HOPITAL DE JOUR GERIATRIQUE SSR Florence Bonté Gériatre, médecin adjoint Hôpital de Jour Psychogériatrique, FH Ste Marie, Paris 14 Association Pour la Promotion des Hôpitaux de Jour pour Personnes Âgées Mots-clés : hôpital de Jour SSR, démences, organisation des soins La prise en charge des patients dans les hôpitaux de jour gériatriques (HJG) est dictée par le mode de tarification de ces derniers. A côté des HJG tarifiés en court séjour (médecine chirurgie obstétrique, MCO) avec une activité diagnostique prédominante, les HJG tarifiés en soins de suite et réadaptation (SSR) ont une activité organisée autour d’une prise en soins hebdomadaire ou pluri-hebdomadaire de patients atteints de pathologies chroniques, sur une durée variable. Dans près de 2/3 des cas, ceux-ci prennent en charge des patients atteints de démences et dispensent des interventions non pharmacologiques, dont certaines à but de stimulation des fonctions cognitives. Une enquête, multicentrique, rétrospective portant sur les 40 derniers séjours achevés, et organisée conjointement par l’APHJPA et la direction générale de l’organisation des soins (DGOS), a permis de dresser un état des lieux des contenus des séjours parmi 50 HJG français disposant de places tarifiées SSR. Les objectifs étaient de mieux définir les missions de ces unités, les interventions pratiquées, le type d’intervenant, ou la durée moyenne de séjour, et de les démarquer des Accueils de Jour, Les résultats montrent une nette différence entre Hôpital de Jour et Accueil de Jour. En effet les patients sont adressés par un médecin, bénéficient d’une évaluation pluridisciplinaire médico-psycho-sociale, aboutissant à un projet thérapeutique avec des objectifs ciblés. Deux à six intervenants spécialistes rééducateurs ou d’un haut niveau de compétences interviennent auprès de chaque journée patient. L’aidant est invité à participer au projet thérapeutique et à apprendre à mieux gérer les handicaps et besoins de son proche. La durée moyenne de séjour est de 40 journées. La traçabilité des interventions est systématique dans le dossier patient. Un suivi de l’efficacité et des réévaluations sont systématiques. Dès que les objectifs sont atteints, un projet de sortie est élaboré en équipe avec le patient et son aidant, et accompagné jusqu’à son terme. Les Hôpitaux de Jour SSR font partie intégrante de la filière de soins Alzheimer, et se démarquent des Accueils de Jour, dont ils constituent la structure d’amont. Ils assurent une évaluation pluridisciplinaire et dispensent des interventions variées afin de stimuler les fonctions cognitives et les capacités préservées des personnes malades. Deux exemples d’interventions ciblées sur les fonctions cognitives de personnes atteintes de pathologies neurodégènératives apparentées à l’Alzheimer sont proposés dans les interventions suivantes. Références DGOS, 2012 : Enquête descriptive des Hôpitaux de Jour SSR ( à paraître). DurandGasselin, B. (2002). Les Hôpitaux de jour gériatriques en France, Revue de Gériatrie, 27:319-322 106 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EXEMPLE DE STIMULATION COGNITIVE AU SEIN D’UN PROGRAMME SPECIFIQUE POUR L’ATROPHIE CORTICALE POSTERIEURE Marie-Hélène Coste PH, Gériatre Centre Mémoire Recherche et Ressource, Hôpital des Charpennes Hospices Civils de Lyon, France Mots-clés : atrophie corticale postérieure, stimulation cognitive, hôpital de jour L'Atrophie Corticale Postérieure (ACP) est un syndrome clinico-radiologique d'origine dégénérative caractérisée par l'altération progressive des fonctions visuelles supérieures et une atrophie corticale ou un hypométabolisme de la partie postérieure des hémisphères cérébraux. Les symptômes majeurs concernent le contrôle du regard et la perception visuelle ainsi que les praxies gestuelles, mais le tableau clinique peut associer des troubles complexes comme un syndrome de Balint, un syndrome de Gertsman, une atteinte praxique multiple et sévère et peut évoluer jusqu'au stade de la cécité corticale. L'extension lésionnelle touche les aires langagières allant de l'anomie à l'aphasie transcorticale sensorielle. Le processus histopathologique sous jacent consiste en des lésions de type Alzheimer pour la grande majorité des cas avec une localisation postérieure préférentielle des lésions dégénératives. Rare et mal connue, référencée parmi les maladies orphelines, l'ACP touche principalement des malades jeunes, souvent confrontés à une errance diagnostique et une prise en charge tardive. Ses caractéristiques cliniques complexes posent des problèmes spécifiques de prise en soin. Longtemps conscient de leurs troubles responsables de multiples déficits au quotidien désorganisant leur vie professionnelle, personnelle et familiale, mais qu'ils appréhendent difficilement, les malades et leurs proches présentent fréquemment des états dépressifs et des troubles anxieux qui peuvent être sévères. Nous proposons depuis quelques années à ces malades un programme thérapeutique pluridisciplinaire spécifique de stimulation cognitive en hôpital de jour, combinant plusieurs approches à travers diverses médiations : cognitives, cognitivo-comportementales, stratégies réadaptatives et environnementales, stimulation motrice, psychothérapie de soutien… Nous associons des temps psycho-éducatifs, de parole et de soutien pour les aidants familiaux. Les hôpitaux de jour peuvent être des lieux de soins privilégiés et contribuer à une prise en charge de qualité dans ce cadre des atrophies focales dégénératives. Références Croisile, B. & Mollion, H. (2011). Q-ACP : un questionnaire d'évaluation des plaintes visuelles et gestuelles des patients ayant une atrophie corticale postérieure. Revue Neurologique, 165 (6-7), 485-494. Formaglio, M. , Krolak-Salmon, P., Tilikete, C. & al. (2009). Hémianopise latérale homonyme et atrophie corticale postérieure. Revue Neurologique, 165 (3), 256-262. Seguin, J., Formaglio, M., Perret-Liaudet, A. & al. (2011). Cerebrospinal Fluid biomarkers in posterior cortical atrophy. Neurology, 76 (21), 1782-1788. 107 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 PRISE EN CHARGE NEUROPSYCHOLOGIQUE DE PATIENTS ATTEINTS DE PATHOLOGIES NEURODEGENERATIVES Audrey Chevalier, psychologue-neuropsychologue Hôpital de jour pôle de Gérontologie Clinique Hôpitaux Civils de Colmar Après l’annonce d’un diagnostic d’une pathologie neurodégénérative, le patient et les familles sont très souvent en demande par rapport à une prise en charge spécifique des troubles de la mémoire, du langage et du comportement. La neuropsychologie a sa place dans cette prise en charge. Son objectif premier est de favoriser la plus grande autonomie possible du patient pour les activités de la vie quotidienne. Elle vise également à renforcer l’estime de soi, à améliorer la qualité de vie, à maintenir les capacités préservées, à agir sur l’apathie et à soutenir l’aidant. Le patient a un rôle actif dans sa prise en charge, puisque les objectifs, qui se doivent réalistes, sont fixés en collaboration avec le neuropsychologue. Ceci implique que tout en ayant plusieurs techniques à disposition (ex : récupération espacée, estompage, apprentissage sans erreur, mise en place d’aides externes…), le professionnel adapte et élabore le programme thérapeutique spécifiquement pour le patient et pour le trouble qu’il présente. Outre la prise en charge du patient, des séances psycho-éducatives et de soutien psychologique peuvent être proposées aux aidants, en particulier pour ceux qui vivent au jour le jour avec un patient atteint de maladie d’Alzheimer ; situation particulièrement éprouvante qui génère une « charge » ou un « fardeau » important pour les proches. L’objectif ici est de travailler avec l’aidant afin d’améliorer sa compréhension des comportements problématiques, ses réactions face à certaines situations et de lui apprendre à résoudre par luimême les problèmes rencontrés. Dans le but d’illustrer ces propos je présenterai mon travail réalisé auprès de trois patients : deux atteints de démence sémantique (atrophie temporale gauche vs atrophie temporale droite) et auprès de l’épouse d’un patient porteur d’une maladie d’Alzheimer. 108 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 9 : Multisensorialité Vendredi 25 mai / 15h15-16h45 Amphithéâtre Louis Mieusset Modérateur : Pr. Harris Papaxanthis (Dijon, Inserm U1093) 109 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 ADAPTATION PRISMATIQUE PAR IMAGERIE MOTRICE Carine Michel1,2, J. Gaveau1,2, T. Pozzo1,2,3,4, & C. Papaxanthis1,2 1 Université de Bourgogne, Dijon, UFR STAPS INSERM, U1093 Cognition action et plasticité sensorimotrice, Dijon, F-21078 3 Italian Institute of Technology, Department of Robotics, Brain and Cognitive Sciences, Genoa, Italy, 4 Institut Universitaire de France, Université de Bourgogne, UFR STAPS, Dijon 2 Mots-clés : adaptation prismatique, imagerie motrice, plasticité sensorimotrice Introduction L’adaptation prismatique est un paradigme expérimental bien connu pour étudier la plasticité sensorimotrice. Pendant l’exposition aux prismes qui dévient latéralement le champ visuel, nous corrigeons progressivement nos erreurs en comparant les réafférences sensorielles aux prédictions faites à partir de la commande motrice (Redding et al., 2005). Cependant il est possible d’abolir cette relation en utilisant l’imagerie motrice qui est la capacité de préparer mentalement une action sans la réaliser physiquement (Papaxanthis et al., 2002). Lors de l’exposition aux prismes, la préparation de la commande motrice tient compte du conflit intersensoriel de la position de la main entre l’image visuelle déplacée et la position proprioceptive réelle (Rossetti et al. 1995). Sachant que l’imagerie motrice utilise les informations sensorielles pour la préparation de l’action, l’adaptation peut-elle se développer lorsque nous imaginons réaliser des mouvements lors de l’exposition aux prismes au lieu de les exécuter physiquement, c'est-à-dire sans détection ni correction des erreurs ? Méthode Expérience 1 : 54 sujets sains sont répartis en 6 groupes qui différent selon les conditions d’expositions aux lunettes : Prismes-Actifs, Prismes-Imagerie, Prismes-Stationnaire, PrismesStationnaire-Attention, Prismes sans conflit-Imagerie, Sans prismes-Imagerie. Dans toutes les conditions la cible et la main sont vues à travers les lunettes à l’exception de la condition Prismes sans conflit-Imagerie. Les effets consécutifs ont été évalués par pointages visuomanuels en boucle ouverte. Expérience 2 : 20 sujets sains ont été soumis aux conditions d’exposition Prismes-Actif et Prismes-Imagerie. Les effets consécutifs ont été étudiés sur le pointage visuo-manuel en boucle ouverte et l’estimation des droits-devants proprioceptifs (actif et passif) et visuel. Nous avons évalué le décours temporel de l’adaptation en interposant régulièrement des pointages en boucle ouverte lors de l’exposition. Résultats Expérience 1 : Les résultats principaux montrent une interaction significative entre le groupe et la session (pré-test vs post-test) (p<0,0001). L’adaptation est significative dans les groupes Prismes-Actifs et Prismes-Imagerie (post-hoc Scheffé ; ps<0,001). Une analyse complémentaire montre que les effets sont plus importants dans le groupe Prismes-Actif et sont stables au cours du temps. Expérience 2 : l’ANOVA à mesures répétées montre un effet de la session sur le pointage en boucle ouverte (p<0,0001). L’adaptation est significative dans les deux groupes (post-hoc Scheffé ;ps<0.001) et se développe progressivement lors de l’exposition aux prismes. L’ANOVA à mesures répétées sur les droits-devants proprioceptifs actif et passif montre une interaction significative entre le type de droit-devant et la session (p<0,01). Aucun effet n’est observé sur le droit-devant visuel. 110 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Discussion Ces travaux sont la première démonstration de l’adaptation prismatique par imagerie motrice. Deux conditions minimales doivent être réunies pour le développement de l’adaptation : la présence du conflit intersensoriel de la position de la main et la préparation motrice. Les effets consécutifs résulteraient d’un réalignement intersensoriel. Lors de l’exposition aux prismes, la programmation du mouvement tient compte de la position intermédiaire entre la position visuelle décalée et la position réelle proprioceptive (Rossetti et al. 1995). L’utilisation répétée du conflit intersensoriel lors de la pratique mentale mènerait à une interprétation erronée de la position de la main dans le sens de la déviation visuelle. Au retrait des lunettes, lorsque la vision de la main est abolie, la programmation des mouvements de pointage en boucle ouverte et de pointage du droit-devant va tenir compte de l’interprétation biaisée de la position de la main. Les mouvements ainsi réalisés sont de direction opposée à la déviation optique. Cette première démonstration d’effets consécutifs sensorimoteurs de l’adaptation prismatique par imagerie motrice pose la question du transfert de la plasticité sensorimotrice ainsi sollicitée à la cognition spatiale. Nos résultats ouvrent notamment des perspectives de recherche dans le cadre de la simulation (e.g. Michel et al. 2003, pour revue Michel, 2006) et de la rééducation de la négligence spatiale unilatérale (Rossetti et al., 1998) par la technique d’adaptation prismatique par imagerie. Références Michel, C. (2006). Simulating unilateral neglect in normals: myth or reality? Restorative Neurology Neuroscience, 2, 419-30. Michel, C., Pisella, L., Halligan, P.W., Luaute, J., Rode, G., Boisson, D., & Rossetti, Y. (2003). Simulating unilateral neglect in normals using prism adaptation: Implications for theory. Neuropsychologia, 41, 25-39. Redding, G.M., Rossetti, Y., & Wallace, B. (2005). Applications of prism adaptation: A tutorial in theory and method. Neuroscience and biobehavioral reviews, 29, 431-444. Rossetti, Y., Desmurget, M., & Prablanc C. (1995). Vectorial coding of movement: Vision, proprioception, or both? Journal of neurophysiology, 74, 457-463. Rossetti, Y., Rode, G., Pisella, L., Farne; A., Li, L., Boisson, D., & Perenin, M.T. (1998). Prism adaptation to a rightward optical deviation rehabilitates left hemispatial neglect. Nature, 395, 166-169. Papaxanthis, C, Schieppati, M., Gentili, R., & Pozzo, T. (2002). Imagined and actual arm movements have similar durations when performed under different conditions of direction and mass. Experimental brain research, 143, 447-452. 111 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 HOW SPECFIC ARE COGNITIVE DEFICITS IN SHORT-TERM VISUOSPATIAL MEMORY IN MCI PATIENTS? Anaick Perrochon1,2,3, A. Berthoz3, G. Kemoun1,2 1 ISIS : Institut de recherche sur l’autonomie fonctionnelle, Paris 2 MOVE : EA3813 – Université de Poitiers 3 Collège de France, Paris Keywords: dual-task, walking corsi test, posture, corsi block-tapping task Introduction MCI is characterized by impairments in constructive abilities, short-term spatial memory deficits, and disorders of spatial orientation (topographical disorientation) (Iachini et al, 2009). The aim of the study is to determine whether short-term visuospatial memory deficit in dual tasking (locomotion, posture) could constitute a good indicator in detection of MCI patients. Method Population 35 older adult autonomous volunteers, without any pathology likely to influence walking or posture, were given a psychometric test (MMSE, BREF, Dubois, WAIS, electronic version Corsi Block Test) and an instrumented 10m walking test (GaitRite). We divided the participants into subgroups by applying the Petersen criteria (Petersen et al, 2004): 14 healthy older adults (HO), 7 amnesic MCI (aMCI), 9 non-amnesic MCI with executive function impairment (naMCI), 6 multi-domain MCI (multiMCI). Protocol In dual task (DT), we used a recently devised psychometric instrument (Walking Corsi Test: W-CBT) to assess the specific contribution of spatial memory to the complex task of retrieving route knowledge (Piccardi et al, 2011). The participants were asked to maintain their balance on a force platform while visually carrying out the task involving the Corsi block-tapping Test projected on a wall (P-CBT). Cognitive performance was evaluated by an eye tracker on spans of increasing complexity (from 3 to 6) on all subjects. Results In single task (ST) from a postural and locomotor standpoint, we noted no significant difference between the groups. The cognitive CBT and W-CBT test performances were significantly less satisfactory in the multiMCI (m = 4) in comparison with the other naMCI (m = 4.6), aMCI (m = 4.6) and HO (m = 4.8) subjects. Short-term visuospatial memory capacities were more strongly altered in the W-CBT (M WalCT = 4.0) than in the CBT (M CBT = 4.8) and P-CBT (M P-CBT = 4.5) tests. In the P-CBT test, the strategies put into place when the cognitive task became increasingly complex (span growing from 3 to 6) trended towards diminution of the posturographic 112 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 parameters (length, speed) in all the pathological groups, whereas the healthy subjects did not present any significant differences for these parameters between ST and DT. Conclusions In all the tests, alterations of multi-domain MCI performances (vs. those of the other groups) show that the cognitive functions involved in the double-task CBT associate working memory with the other executive functions. The postural strategies observed in DT (P-CBT) are shared by all the pathological groups (aMCI, naMCI, multiMCI). They entail involuntary postural hypercontrol that may be an early motor-based indicator of cognitive disorders. References Iachini, I., Iavarone, A., Senese, V. P., Ruotolo, F., & Ruggiero, G. (2009). Visuospatial memory in healthy elderly, AD and MCI: a review. Curr Aging Sci, 2(1), 43-59. Petersen, R. C. (2004). Mild cognitive impairment as a diagnostic entity. J Intern Med, 256(3), 183-194. Piccardi, L., Bianchini, F., Iasevoli, L., Giannone, G., & Guariglia, C. (2011). Sex differences in a landmark environmental re-orientation task only during the learning phase. Neurosci Lett, 503(3), 181-185. 113 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 COGNITIVE IMPAIRMENT OF OLDER PEOPLE: ISSUES FOR COMPUTER HUMAN INTERACTION DESIGN Frédéric Vella2, B. Boudet1, G. Lepicard2, P. Rumeau1, F. Nourhashemi1, N. Vigouroux2 1 Laboratoire de Gérontechnologie, La Grave CHU Toulouse, UMR 1027 (INSERM /UPS) 2 IRIT, UMR CNRS 5505, Université Paul Sabatier Mots-clés: Cognitive impairment, human computer interaction, older people, usability Introduction Older people with visual and cognitive impairment are a challenging user group to study the accessibility and the usability of human computer interaction for elders. Many studies have examined age-related declines in motor control through experimental observations showing that older people have slower movement times and greater difficulty for producing fine motor adjustments (Walker et al., 1997). Several studies (Smith et al., 1999; Chaparro et al., 1999; Wood et al., 2005) have examined the effects of age on the usability of computer interaction. (Chaparro & al., 2005) have investigated age-related differences using two devices (e.g. mouse and trackball) on two groups of adults (younger < 40 years of age and older > 65 years older). The results showed that older people moved more slowly than younger adults but no age difference were found in movement time and error between these two devices. (Smith & al., 1999) have also examined age differences in the performance of the mouse for complex tasks (clicking and double-clicking). Vella et al. (2011) have reported that movement time and movement distance are dependant of the severity of the cognitive impairment of older people. These related works postulate that indirect computer interactions need more attention and seem less efficient for older people. The aim of this paper is to analyze the “slip errors” (i.e. extra clicks produced to move an object to a specific area on the screen). This ongoing study will present the analysis of the slip errors according to two factors: the point-select-drag interaction techniques and the severity of the cognitive impairment. Method Study participants have been asked to perform some serial pointing and moving tasks by means of three interaction techniques: Click to click (CL), Drag and drop (DR) and Click magnetization (CAM) by means of mouse, with only one active click. The experiment consisted of two steps: training and test. The training phase ending is decided by the subject. He/she had to do three times the action for interaction. Interaction techniques were presented in a predefined order. See Vella et al. (2011) for a fine description of the experiment. Participants Physicians’ geriatrics division of the Hospital Centre of Toulouse recruited 97 subjects, aged over 65 years with and without Alzheimer's disease. The Mini Mental State Examination (MMSE) was made by physicians’ geriatrics expert in Alzheimer disease. Number of subjects 8 16 19 26 28 MMS <10 [10-14] [15-20] [21-26] [27-30] Age of subjects recruited 82± 5.45 83±5.96 83±7.88 83±7.54 79±7.53 Failure (F) and 7F/1A 7F/9A 9F/10A 3F/23A 1F/27A Achievement (A) Age of subjects who 79 82±7.26 79.9±6.8 82.66±7.15 78.74±7.5 succeeded in the training phase Table 1 : Participants who succeeded and failed in the exercise according to MMSE The subjects were classified into five groups according the Feldmann and Woodward’s distribution (2005). Subjects, who cannot understand the instructions or cannot communicate, 114 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 have not been recruited. The table 1 confirms that the lower the MMSE is, the more the subjects were forced to withdraw the exercise (7/16 in the [10-14] and 7/8 in the [0-9] intervals). The exercise abandonment is not dependant of the training order of the interaction. ANOVA Analysis on slip errors The ANOVA analysis on the factor MMSE classes show significant difference (F(3.626)=18.067 P value =3.001e-11), (Figure 1). However the Tukey’s test showed that there are significant differences between [10-14] and [15-20] MMSE classes with (P value =3.618e-4); [10-14] and [21-26] MMSE classes with (P value =0); [10-14] and [27-30]) MMSE classes with (P value =0); and finally [15-20] and [27-30] MMSE classes with (P value =9.62578e-2). All other interactions between the MMSE classes are not significant. The ANOVA analysis on the factor interaction showed significant difference F(2.626)=21.955, P value =6.082e-10, (Figure 2). Then the Tukey’s test showed that there are significant differences between CL and CAM interaction with P value =1e-7 as well as between the DR and CAM interaction with Pvalue=0. Figure 1: Supplementary clicks according to the MMSE classes Figure 2: Supplementary clicks according to the interaction Discussion The slip errors were higher for DR and CL than for CAM. We also observed respectively a three times higher rate (versus 5 times higher) for CL and DR technologies for people with severe cognitive impairment. This study supports the findings of Smith et al, (1999) who have found that complex tasks (for instance, double clicking) are more difficult for older people. Another issue is the low error rate observed for the CAM interaction technique independently of the deficiency group. For subjects with cognitive impairment, the more numerous submovements are needed to realize a task, the more the risk that this task fails is important. However, this study has demonstrated that the interactive applications can be used by people suffering of cognitive impairment if interaction technique is usable and adaptable for them. We plan to address some of these issues in future work on multi-touch screen. References Chaparro, A., Bohan, M., Fernandez, J. E., Choi, S. D., & Kattel, B. (1999). The impact of age on computer input device use: Psychophysical and physiological measures. International Journal of Industrial Ergonomics, 24, 503-513. Feldmann, H. H., Woodward, M. (2005). Evolution de la maladie d’Alzheimer. Neurology, 65: S10-S17. Smith M.W., Sharit J., Czaja S.J. (1999). Aging, Motor Control, and the Performance of Computer Mouse Tasks, Human Factors, Vol. 41, No. 3, 389-396. Vella F., Vigouroux N., Rumeau P (2011). Investigating drag and drop techniques for Older People with cognitive impairment, HCI International, Orlando, Florida, USA, p. 530-538. Walker, N., Philbin, D., Fisk, A. (1997). Age-related differences in movement control: Adjusting sub movement structure to optimize performance. Journal of Gerontology, Psychological Sciences 52, 40-52. Wood, E., Willoughby, T., Rushing, A., Bechtel, L., Gilbert, J. (2005). Use of Computers Input Devices by Older Adults. The Journal of Applied Gerontology, Vol. 24, N° 5, 419-438. 115 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 MODIFICATION DES CAPACITES ATTENTIONNELLES DE L’ENFANT DYSLEXIQUE PAR AMELIORATION DE L’INTEGRATION DES SIGNAUX PROPRIOCEPTIFS Patrick Quercia2, L Demougeot1, M Dos Santos1, F Bonnetblanc1 1 INSERM U1093 Cognition, action et plasticité sensorimotrice, Université de Bourgogne, Dijon 2Département d’Ophtalmologie, CHU, Dijon Mots-clés : dyslexie, contrôle postural, attention La dyslexie est un « trouble de l’apprentissage de la lecture survenant en dépit d’une intelligence normale, de l’absence de troubles sensoriels ou neurologiques, d’une instruction scolaire adéquate, et d’opportunités socioculturelles suffisantes » (Critchley, 1970). La présence de troubles moteurs, concernant notamment la régulation posturale, est signalée par certains auteurs (Kapoula & Bucci, 2007 ; Nicolson & Fawcett, 1990 ; Pozzo et al., 2006 ; Vieira et al., 2009) mais contestée par d’autres (Ramus, 2003) Nous avons donc cherché à savoir si l’intégration des signaux proprioceptifs, lors d’une tâche d’équilibre sur plate-forme associée à une tâche attentionnelle, est différente chez les enfants dyslexiques par rapport à des enfants normo-lecteurs. Matériel et méthode. Trois groupes d’enfants ont participé à l’étude, respectivement composés de 30 enfants dyslexiques non traités (âge moyen = 136.2±23.6 mois), de 51 enfants dyslexiques (âge moyen =132.2±18.7 mois) traités avec un traitement modifiant la proprioception pendant une durée moyenne de 16.9±17.9 mois et de 42 enfants normo-lecteurs (âge moyen = 140.2±25 mois) constituant le groupe contrôle Le diagnostic de dyslexie avait été établi à la suite d’un bilan orthophonique et tous les enfants avaient un QI normal. Tous les enfants avaient en outre été testés sur leurs capacités de lecture (test du Timé3). Le groupe de dyslexiques non traités présentait un retard de -31.1±17.7 mois, alors que qu’il était de -25.4±18.5 mois pour le groupe de dyslexiques traités. Les enfants normo-lecteurs présentaient une avance de 5±28 mois. Les déplacements du centre de pression a été enregistré pendant une durée de 30 secondes sur une plate-forme de force (Fusio Medicapteurs ®, France) utilisant une fréquence de capture à 40Hz. Il était demandé aux enfants de rester aussi stables que possible pendant deux tâches attentionnelles. Dans la première tâche, ils avaient à fixer un point situé à 40 cm de leurs yeux à l’horizontale (condition servant de contrôle). Pour la deuxième tâche, les enfants devaient explorer visuellement une feuille A4 sur laquelle étaient dessinées 40 étoiles de grande taille (diamètre de 1.5cm) et 40 étoiles de petite taille (diamètre de 0,8cm) qui étaient disposées d’une manière aléatoire de façon à remplir avec la même densité chaque quart de la feuille. Les enfants devaient trouver mentalement le nombre d’étoiles de chaque catégorie. Ces deux conditions étaient combinées avec trois conditions de vibrations tendineuses au moyen de vibrateurs sur les tendons d’Achille et sur les tendons des muscles tibialis des deux jambes (Techno-concept VB115).Dans une première condition (contrôle) aucune vibration n’était utilisée. Ensuite des vibrations à 85 Hz étaient appliquées ainsi que des vibrations à 40Hz. Les différentes conditions étaient enregistrées selon un ordre aléatoire et une feuille présentant une distribution différente des étoiles était proposée à chaque fois. Le traitement modifiant la proprioception (prismes de faible puissance et semelles posturales) étaient retirés plusieurs minutes avant le test, afin de savoir si d’éventuelles modifications étaient directement liées au traitement ou secondaires à un effet plus persistant laissant supposer un effet de reprogrammation cérébrale. 116 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Résultats Dans les conditions avec vibration, la vitesse moyenne de déplacement du centre de gravité était différente dans les groupes des enfants dyslexiques comparé au groupe des enfants normo-lecteurs et ce, sans effet spécifique lié à la tâche attentionnelle en cours. Dans les conditions sans vibrations les performances attentionnelles du groupe traité était identique à celles du groupe témoin normo-lecteur alors que celles du groupe de dyslexique était clairement altérées. Discussion Cette étude montre que la co-vibration tendineuse perturbe plus le contrôle postural chez les enfants dyslexiques traités ou non, comparés aux enfants normo-lecteurs. Ceci suggère que l’intégration des signaux proprioceptifs est déficiente chez ces enfants. L’effet n’est pas corrélé avec le niveau de retard de lecture. Le fait que le groupe des enfants dyslexiques traités et le groupe des enfants non traités soient assez similaires laisse supposer que le traitement prismatique n’agit pas directement sur les processus d’intégration des signaux proprioceptifs. Néanmoins, cela doit être modéré par le fait que le traitement avait été enlevé 15 minutes avant l’enregistrement. Par contre les résultats attentionnels étaient significativement améliorés dans la condition sans vibration pour le groupe traité et étaient similaire à ceux obtenus chez les normo-lecteurs. Ceci suggère fortement que le traitement est capable d’augmenter les capacités attentionnelles des enfants tout en maintenant leur contrôle postural. Cet effet persiste même après 15 minutes sans port de prismes et de semelles. Conclusion Ces résultats suggèrent que l’intégration des signaux proprioceptifs et les capacités attentionnelles sont altérées chez les dyslexiques. Cependant ces dernières peuvent être significativement améliorées par un traitement modifiant proprioception oculaire et stabilité posturale. Références Critchley M. (1970). The dyslexic child. Springfield III, Thomas. Kapoula, Z. & Bucci, M.P. (2007). Postural control in dyslexic and non-dyslexic children. J Neurol. Sep; 254 (9):1174-83. Nicolson RI & Fawcett AJ. (1990). Automaticity: a new framework for dyslexia research? Cognition. May; 35(2):159-82. Pozzo, T., Vernet, P., Creuzot-Garcher, C., Robichon, F., Bron, A. & Quercia, P. (2006). Static postural control in children with developmental dyslexia. Neurosci Lett. Aug 7; 403(3):211-5 Ramus F. (2003). Developmental dyslexia: specific phonological deficit or general sensorimotor dysfunction? Curr Opin Neurobiol. Apr;13(2):212-8. Vieira, S., Quercia, P., Michel, C., Pozzo, T., Bonnetblanc, F. (2009). Cognitive demands impair postural control in developmental dyslexia: a negative effect that can be compensated. Neurosci Lett. Sep 22; 462(2):125-9. 117 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Session orale 10 : Gérontechnologies Vendredi 25 mai / 15h15-16h45 Amphithéâtre Bernard Santona Modérateur : Pr. Jacques van Hoecke (Dijon, Inserm U1093) 118 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 L'ASSISTANCE COGNITIVE POUR LES TACHES DE MEMOIRE PROSPECTIVE: LE CAS D'UNE ACTIVITE DE CUISINE Farah Arab1, H. Pigot2, P. Rabardel1, J. Bauchet3, S. Giroux2 1 Université Paris 8, Laboratoire PARAGRAPHE, Equipe C3U, France Farah Arab est Lauréate du Prix de thèse 2011 de la Fondation Médéric Alzheimer 2 Université de Sherbrooke, Laboratoire DOMUS, Québec, Canada 3 FRE3405, AGIM, CNRS-UJF-EPHE-UPMF, France Mots-clés : Mémoire prospective, déficits cognitifs, environnement intelligent. Introduction Les personnes ayant une déficience intellectuelle et les personnes âgées souffrant de démence de type Alzheimer présentent, à différents degrés, des déficits mnésiques, attentionnels et exécutifs (initiative, planification). L'affaiblissement des fonctions cognitives entraîne une diminution de leur autonomie et une désorganisation de leur vie quotidienne. Ces personnes éprouvent en particulier des difficultés pour les tâches de mémoire prospective qui nécessitent de se souvenir des activités à réaliser et des modalités d'exécution. Cette communication présente les résultats d'une étude de cas portant sur l'activité d'un sujet qui réalise une activité de cuisine dans un environnement intelligent. Le premier objectif est d'évaluer, en situation réelle, la capacité d'une personne atteinte de troubles cognitifs à utiliser des informations d'assistance diffusées et dispersées dans l'environnement. Le second objectif est d'analyser la compréhension de ces modes de communication. Méthode Nous avons filmé puis analysé une personne ayant une déficience intellectuelle modérée réalisant deux recettes de cuisine équivalentes, la première avec le support de l’environnement intelligent, la deuxième sans. Cette personne, âgée entre 45 et 50 ans (pour des considérations éthiques, il ne nous a pas été possible de connaître l’âge exact) travaille dans la restauration rapide et ne présente aucune déficience physique associée ou troubles de santé mentale. Système d'assistance étudié Le dispositif d'assistance étudié vise à assister et à promouvoir l'autonomie fonctionnelle des personnes atteintes de troubles cognitifs, particulièrement celles souffrant de pertes de mémoire et d'incapacité à planifier. L'assistance cognitive suit la personne pas à pas et intervient grâce à une intervention diffusée dans toute la maison. Un ensemble de capteurs non intrusifs suit la réalisation d'une activité prédéfinie, conseille la personne en cas d'erreur, agit directement sur l'environnement en cas de danger ou avise un tiers. L'assistance peut être automatique ou à la demande. Par exemple, la personne peut demander au système de lui indiquer la localisation du couteau de cuisine en cliquant sur une image. Aussitôt, un voyant lumineux indique le tiroir concerné. Recueil des données La méthodologie choisie est l'analyse, sur la base des enregistrements vidéo de l’expérimentation, de l'activité du sujet et de ses échanges spontanés avec l'expérimentateur (verbalisations concernant la tâche, le système d’assistance, etc.). Le sujet exprime facilement les éléments facilitants et les obstacles qu’il rencontre pendant la réalisation de l’activité. L'analyse des transcripts issus de l'observation des enregistrements vidéo s'appuie sur une grille d'évaluation du contenu informationnel basée sur une liste d'indicateurs verbaux et comportementaux. Elle a permis d'élaborer un questionnement autour de la nature des 119 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 difficultés rencontrées par le sujet et de réfléchir sur les caractéristiques fonctionnelles et sémantiques d'un dispositif d'assistance cognitive. Elle a permis par ailleurs de distinguer le type et la quantité d'informations échangées ainsi que le type et le degré d'assistance sollicité ou proposé. Les données ont fait l'objet d'analyses quantitative et qualitative pensées de façon conjointe. Résultats L'analyse de l'activité montre que l'assistance technologique permet de suivre et d'assister le sujet au cours de la réalisation de sa recette en compensant ses difficultés. Dans la condition sans assistance technologique (SA), le sujet, qui s'appuie principalement sur la fiche recette et l'aide de l'expérimentateur pour réaliser son plat, rencontre des difficultés pour suivre la recette et planifier ses actions. Il a constamment du mal à savoir où il se situe dans le déroulement de son activité et ce qu'il doit faire. Malgré la mise en œuvre de stratégies, il se perd et tourne souvent en rond dans la cuisine sans trouver le moyen de progresser. En particulier, à plusieurs reprises, le sujet lit l'étape de la recette, initie une tâche en décidant d'aller chercher un ustensile ou un ingrédient, mais oublie rapidement ce qu'il voulait et finit par ne plus savoir ce qu'il faisait. Ses difficultés ne résident pas dans la réalisation des tâches individuelles mais dans la construction de liens entre ces tâches. Dans la situation avec assistance technologique (AA), le sujet se repose sur le système et se laisse progressivement guider par lui. Dès qu'il se trouve dans une impasse, le sujet utilise le dispositif d'assistance comme point d'appui afin de consulter ou de confirmer l'étape suivante ou les étapes effectuées. Les résultats montrent une diminution de l'aide de l'expérimentateur entre la condition SA (65 interventions) et AA (25 interventions). Discussion Cette étude a permis d'analyser l'impact d'un dispositif d'assistance cognitive sur la réalisation d'une activité de cuisine. Nos résultats montrent que l'environnement d'assistance aide à l'orientation dans l'espace et le temps lorsque le sujet est désorganisé et ne sait pas ce qu'il doit faire. En particulier, cette étude montre l'intérêt de ce type de dispositif pour assister les personnes qui ont besoin d'être guidées et rassurées. Les tâches de mémoire prospective impliquent une gestion et une perception des intervalles de temps. Le sujet doit être capable de savoir qu'il est disponible pour faire autre chose et s'il est disponible, de savoir quelles tâches il peut faire. Cela suppose de connaître la nature et la durée de la tâche à réaliser et des intervalles de temps libres, etc. Cette étude ouvre sur un questionnement autour des outils d'assistance cognitive qui aident à la structuration et à l'orientation de l'activité afin d'assister les sujets dans des activités complexes où les tâches se chevauchent. Le système d'assistance étudié offre un socle méthodologique intéressant pour réfléchir et enrichir la conception de futurs dispositifs d'assistance et de supervision afin de permettre aux personnes de vivre à domicile de manière autonome et en toute sécurité. Références Arab, F. (2010). Quelles ressources pour le sujet vieillissant? Les ontologies: une perspective pour la conception et l'évaluation des aides capacitantes. Thèse de Doctorat en ergonomie et en informatique. Université Paris 8 et Université de Sherbrooke (Québec). Bauchet, J.; Pigot, H.; Giroux, S.; Lussier-Desrochers, D.; Lachapelle, Y. & Mokhtari, M. (2009). Designing Judicious Interactions for Cognitive Assistance: the Acts of Assistance Approach. Assets'09: Proceedings of the 11th international ACM SIGACCESS conference on Computers and accessibility, 2009, 11-18. Graf, P. (2012). Prospective memory: Faulty brain, flaky person. Psychologie canadienne, Vol 53(1), Feb. 2012, 7-13. 120 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 DEMARCHE DE DEVELOPPEMENT DE TECHNOLOGIES AMBIANTES POUR LE MAINTIEN A DOMICILE DES PERSONNES DEPENDANTES : VERS UNE TRIANGULATION DES METHODES ET DES APPROCHES Marc-Eric Bobillier Chaumon1, B. Cuvillier2, S. Bouakaz 3 & M. Vacher 4 1&2 Université Lyon 2 / GREPS 3 Université Lyon 1 / LIRIS-UMR 5205 4 LIG - UMR 5217 Mots-clés : Maintien à domicile, Technologies Ambiantes, Personnes dépendantes Introduction L'objectif scientifique du projet CIRDO (Financement ANR TECSAN 2010 / ANR-2010-TECS-012) est de concevoir une nouvelle technologie ambiante de téléassistance pour le maintien à domicile de personnes dépendantes (âgées, empêchées, handicapées…) qui pourrait permettre de repérer les incidents domestiques, voire d'anticiper les conduites risquées et dangereuses à partir d’analyses sonores et vidéos automatisées. Ce dispositif devrait ainsi être capable d’identifier une situation anormale pour une personne âgée vivant dans son environnement quotidien, ceci grâce à la détection du mouvement et à l’analyse de ses gestes et/ou de ses paroles ; et d’envoyer des alertes pour une prise de décision en conséquence. Dans ce cadre, plusieurs approches issues de différentes disciplines sont convoquées pour une analyse des situations et des personnes à équiper ainsi que pour la conception du dispositif technique CIRDO. Ces approches (issues des sciences informatiques, linguistiques, de psychologie ergonomique, psychologie sociale...) font appel à diverses méthodes d'analyse que nous nous proposons d’exposer dans le cadre de cette communication. Démarche déployée et disciplines impliquées dans l’étude Reconnaissance automatique de la parole âgée Cette étude s’inscrit dans le cadre de l’intégration du système de reconnaissance de la parole pour le système E-lio de télélien social pour personnes âgées. Du fait de l’évolution des caractéristiques acoustiques de la voix en fonction de l’âge, les taux d’erreurs-mots des systèmes de reconnaissance automatique de la parole sont plus grands lors du décodage de parole pour des personnes âgées que non-âgées. Notre étude consiste à caractériser les différences de comportement d’un système de reconnaissance pour les personnes âgées et non-âgées, définir les phonèmes les moins bien reconnus, et recueillir un corpus spécifique pour permettre l’adaptation des modèles acoustiques à la voix âgée. Les résultats que nous avons obtenus montrent que certains phonèmes tels que les plosives sont plus spécifiquement affectés par l’âge, et que le recueil des données ciblées permet de procéder à une adaptation à la voix âgée qui diminue de 5% le taux d’erreur mot (Aman, Vacher, Rossato, & Portet, 2012) Pour approfondir ces premiers résultats, nous allons enregistrer la parole de personnes âgées chez elles ou dans des institutions spécialisées. Détection et analyse de la gestuelle Les travaux sur le suivi et l’interprétation du mouvement se font habituellement dans des environnements contrôlés. En effet, le sujet se trouve en général dans une pièce relativement vide ou à « décor très épuré » avec un éclairage plus ou moins spécial et contrôlé. Dans le cadre de notre étude, la personne se trouve dans un environnement domestique avec tous les problèmes que cela peut impliquer : - aucun contrôle des conditions d’éclairage a priori : lumière naturelle ou éclairage artificielle par des lampes ordinaires et qui peut changer au cours du temps ; - aucune contrainte sur les modifications topologiques de l’environnement (déplacement ou ajout d’un meuble, présence d’animal de compagnie, ...). Notre étude porte sur la recherche de méthodes permettant de localiser le sujet d’intérêt (i.e. la personne âgée) et l’analyse de l’action et quelque soient les conditions de l’acquisition de la séquence vidéo. Les algorithmes mis en œuvre devront alors s’adapter automatiquement aux changements. Dans un premier temps nous nous sommes attachés à extraire le fond. Dans un second temps nous nous sommes attachés à résoudre le problème de l’extraction du sujet d’intérêt de la scène filmée 121 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 (Barnachon, Bouakaz, Guillou & Boufama, 2012 ; Deeb & Desserée, & Bouakaz 2012). Les résultats de cette étape de localisation/identification du personnage obtenu en condition d’expérimentation de laboratoire sont concluants. Pour valider ces premiers résultats dans des conditions réelles d’utilisation, nous allons réaliser des séquences vidéo de personnes âgées chez elles ou dans des institutions spécialisées, en suivant un protocole qui est mis en collaboration avec le laboratoire de sciences humaines de GREPS. Analyses des conditions et des situations effectives de vie des personnes âgées Afin de permettre de spécifier et de paramétrer les dispositifs de reconnaissance automatique de la parole et des gestes, une analyse des pratiques réelles (risquées, anormales, inhabituelles, voire exceptionnelles) des personnes âgées, et susceptibles de représenter ou d’engendrer un danger, est déployée. Cette analyse consiste à établir, sur la base d’une série de 57 entretiens semi-directifs et à partir d’une vingtaine d’observations d’incidents scénarisés filmés, une classe de situations et d’activités à risque, de les spécifier (pré-requis, modalités d’action, conséquences…) et d’identifier les différentes gestuelles, postures et paroles typiques à ces situations. Analyse des usages des dispositifs techniques déployés au domicile des personnes âgées Deux temps d’évaluation des usages sont également privilégiés : Dans un premier temps, cela consiste à évaluer l’utilisabilité actuelle du dispositif E-lio sur lequel va venir se greffer le projet CIRDO. Ces tests d’usage (Brangier & Barcenilla, 2003), réalisés auprès de 15 personnes âgées (PA) cherchent à évaluer la qualité ergonomique du dispositif et à améliorer ses fonctionnalités et ses services. L’acceptabilité future probable du système (Dubois & Bobillier Chaumon, 2009) est également évaluée auprès des usagers, de leur famille et des aidants (via des entretiens individuels et des focus group). Dans un second temps, après la mise en place du système CIRDO, il s’agira d’évaluer l’acceptation effective du dispositif (ce qu’il apporte réellement, ce qu’il enlève, ce qu’il limite dans les habitudes et conditions de vie de la PA) ainsi que sa qualité d’usage. Conclusion Concernant l’innovation technologique, comme il a été souligné ci-dessus, il ne suffit pas d’adapter une technologie existante à un environnement d’applications particulières mais de mener des recherches dans le domaine des sciences informatiques aussi bien pour le traitement de la parole et l’interprétation de l’image dans des conditions d’acquisition non contrôlées. La démarche pluridisciplinaire engagée dans ce projet repose sur une conception pour l’usage et par l’usage d’un nouveau système (Béguin, 2005). En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement de développer un environnement technologique à partir des seules méthodes de conception orientées utilisateurs éprouvées. Il s’agira aussi de prendre en compte les conditions effectives de son usage ainsi que les modalités sociales de son implémentation et appropriation pour réajuster le dispositif en conséquence (Bobillier Chaumon & Ciobanu, 2009). C’est à ces conditions que le système pourra s’intégrer au contexte de vie de la personne âgée dépendante et contribuer ainsi efficacement à l’amélioration de sa qualité de vie. Références Aman, F, Vacher, M., Rossato, S., & Portet R. (2012), Contribution à l’étude de la variabilité de la voix des personnes âgées en reconnaissance automatique de la parole, Actes de la conférence JEP-TALN, Grenoble, France, 4-8 juin 2012. Barnachon, M ; Bouakaz, S. Guillou, S. & Boufama, B. (2012) Interprétation de Mouvements Temps Réel. RFIA, Lyon 2012, http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00656544. Bobillier Chaumon, M.E, & Ciobanu, R. (2009). Les nouvelles technologies au service des personnes âgées : Entre promesses et interrogations : une revue de questions. Psychologie Française. 54/3, 271-285. Béguin, P. (2005). Concevoir pour les genèses professionnelles. In P. Rabardel, & P. Pastré (Eds.), Modèle du sujet pour la conception. Dialectiques activités développement (pp. 31-52). Toulouse: Octarès Editions. Brangier, E. & Barcenilla, J. (2003) Concevoir un produit facile à utiliser. Adapter les technologies à l'homme. Paris : Edition d’organisation. Deeb, R & Desserée, E. & Bouakaz, S. (2012). Real-time two level foreground detection and person silhouette extraction enhanced by body parts tracking. SPIE Electronic Imaging, Intelligent Robots and Computer Vision XXIX: Algorithms and Techniques, Burlingame, California, USA. 2012. Dubois, M. & Bobillier-Chaumon, M.E. (eds). (2009). L’acceptabilité des Technologies : Bilans et nouvelles perspectives. Numéro spéciale Le Travail Humain, 72/4. 122 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 EVALUATION DES ROBOTS COMPAGNONS Blandine Boudet1, N. Vigouroux2, G. Fazekas3, G. Lepicard2, D. Mathieu1, P. Coquerel1, F. Vella2, F. Nourhashemi1, P. Rumeau2 1 Laboratoire de Gérontechnologie CHU Toulouse / UMR1027 Inserm-Université de Toulouse 2 IRIT, UMR CNRS 5505-Université Paul Sabatier 3 National Institute for Medical Rehabilitation, Budapest, Hungary Mots-clés : Robots compagnons, évaluation, utilisabilité, personnes âgées Introduction Les robots compagnons ont pour objet de lutter contre l’isolement lié à des défauts de participation sociale causés par des déficiences physiques et mentales. Ils ont été proposés particulièrement pour des personnes âgées présentant des troubles cognitifs. Par rapport aux jouets robotisés (chien AIBO, phoque PARO, ours Huggable}), ils se caractérisent par des fonctions de levée de doute et de communication avec l’environnement (e.g., Kompaï, CareO-bot, Nao et Romeo}). Odetti et al. (2007) et Bemelmans et al. (2012) ont rapporté l’utilisabilité et l’acceptabilité des robots par des personnes âgées. Ces robots sont le support d’un service à la personne, et leur évaluation, dès la phase de faisabilité en milieu réel, doit s’inscrire dans cet objectif. Cette phase serait par analogie entre la phase I (réglages et adaptations techniques liés au passage en environnement réel) et la phase II (étude d’usage sur un petit nombre de volontaires représentatifs des bénéficiaires envisagés). Cette évaluation de faisabilité est divisée en deux phases : dans la première une série de fonctions clés sont testées par des scénarios en environnement réel, la seconde suit ces fonctions lors d’un usage à long terme. Ces deux phases sont précédées par une phase de déploiement qui va les conditionner. Nous présentons ci-après la méthodologie des essais français d’évaluation du robot Kompaï (projet AAL DOMEO, http://www.aal-domeo.eu) et les résultats initiaux de la phase de déploiement. Méthode Kompaï est un robot humanoïde développé par Robosoft SA (http://www.robosoft.fr/). Il comporte une base mobile à roues, capable de naviguer et d’atteindre des lieux prédéfinis, sur commande vocale, en évitant des obstacles ; un système de commande à distance par serveur Internet sécurisé, avec un affichage de l’image captée par une webcam située dans la base du robot ; un ordinateur à écran tactile donnant accès à diverses fonctions (liste de course, jeux, rappel de médicaments…) ; des périphériques audio et vidéo permettant d’utiliser un logiciel de webconferencing pour de la visioconférence conviviale ou un logiciel de télémédecine norme H323. Kompaï collecte par Bluetooth les mesures réalisées par un pèse personne et un appareil d’auto mesure de la tension artérielle adaptés par Meditech. Critères d’inclusion Nous avons équipé un sujet volontaire de plus de 85 ans avec handicap moteur (vitesse de marche à moins de 1m/s) et cognitif (MMSE < 26) ; en maintien à domicile avec un aidant naturel principal. Si l’usager principal de l’étude (U1) est accompagné d’un conjoint présentant le même type de déficiences (U1’), celui-ci est inclus dans l’étude sauf pour l’usage des capteurs biomédicaux (individuels). Les critères d’exclusion sont des effets secondaires, le retrait de consentement ou l’institutionnalisation. Déploiement et évaluation Le déploiement a été réalisé dans les conditions d’un fonctionnement opérationnel ; un manuel en français a été rédigé et proposé aux installateurs n’ayant pas participé aux tests en laboratoire. Il a été fait appel au fabriquant pour les situations d’échec (mauvaise détection d’objets, contraintes de navigation…). Toutes les fonctions de base ont été validées 123 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 localement par l’installateur. L’écosystème de l’usager a été décrit en termes d’activités usuelles horodatées et d’interactions sociales; il a été affiné par l’observation directe sur site. Le service proposé résulte, au vu des fonctionnalités de Kompaï, de l’analyse de l’écosystème et d’un entretien avec l’aidant principal en présence de U1 et U1’. La première phase d’évaluation scénarisée s’appuiera sur les critères de succès de Fazekas qui sont pertinents, pour les fonctions robotiques et fonctionnalités, et utiles pour le service prévu. Des scénarios propres au domicile des utilisateurs, à leurs incapacités et défauts de participation ont été définis. La deuxième phase d’évaluation sera une évaluation en libre usage, prenant en compte, outre les critères déjà étudiés par scénario, les outils suivants : évaluation subjective par interrogatoire des patients et de leur aidant principal ; analyse des logs du robot ; cahier d’incidents tenu tout au long de l’usage ; recueil libre lors de visites programmées ou à la demande des usagers et de leurs aidants. Résultats. U1 : femme de 94 ans, détentrice du bac Math Elem, ayant eu une courte activité d’institutrice, 4 mètres de marche départ sur ordre (4m= 0,38 m/s), MMSE = 25, suivie pour hypertension, ayant présenté un accident vasculaire ischémique temporal. U1’ : homme de 97 ans, médecin retraité, 4m = 0,58 m/s, MMSE = 19, suivi pour insuffisance cardiaque, présentant une surdité, non appareillée. Ils bénéficient d’un passage infirmier quotidien (groupe de sept infirmiers). Leur fille est l’aidant principal, présente lors du repas du midi et du soir sauf le jeudi où une garde malade intervient ; leur fils les couche le soir, leur gendre fait la cuisine. Une femme de ménage est présente le mardi matin. Leur petit gendre généraliste est le médecin traitant, leur gendre, médecin retraité peut assurer les urgences. Ils sont seuls entre les repas. Ils ne se rendent plus à l’étage de leur domicile dont ils sont propriétaires. Le service principal demandé chez ces personnes, qui entendent mal le téléphone et l’utilisent de façon inconstante, est la possibilité de communiquer entre l’aidant principal et ses parents, ainsi que la possibilité de les chercher au cas où ils ne répondraient pas (levée de doute). Le déploiement du robot a débuté le 6 mars 2012. Des points d’intérêt ont été définis en fonction des divers lieux de vie de U1 et de U1’ (zéro repère d’initialisation du robot, fauteuil, salle à manger, etc…). Le lieu de rechargement, initialement placé dans l’entrée a été déplacé dans la lingerie. Il est à noter qu’il n’a pas été possible de supprimer les tapis comme demandé par le fabriquant. Le dispositif de commande à distance a été installé sur l’ordinateur personnel de l’aidant principal bénéficiant d’une connexion ADSL. Le mode d’emploi du robot a dû être amendé pour tenir compte des retours d’expérience de déploiement : insister sur la nécessité de lancer le VPN (Virtual Private Network) pour permettre le lancement du logiciel commandant les fonctions du robot ; lors de la réalisation de déplacements avec la manette de veiller à appuyer très progressivement pour éviter les embardées ; protéger les surfaces réfléchissantes et éviter les ensoleillements brutaux lors de la réalisation de la cartographie ; marquer au sol une place de référence des fauteuils qui sont régulièrement déplacés. Le déploiement de Kompaï® montre que si les robots ont atteint une certaine maturité, les impératifs sociaux liés au déploiement du service imposent des contraintes techniques qui orienteront les améliorations attendues. Références Odetti L, Anerdi G, Barbieri MP, Mazzei D, Rizza E, Dario P, Rodriguez G, Micera S, (2007) Preliminary experiments on the acceptability of animaloid companion robots by older people with early dementia, Conf Proc IEEE Eng Med Biol Soc. 2007;2007:1816-9. Bemelmans R, Gelderblom GJ, Jonker P, de Witte L.(2012), Socially assistive robots in elderly care: a systematic review into effects and effectiveness, J Am Med Dir Assoc. 2012 Feb;13(2):114-120. 124 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 INTERACTION MULTI-TOUCH POUR LES PERSONNES AGEES : PREMIERS RETOURS D’EXPERIENCE Guillaume Lepicard & N. Vigouroux IRIT, UMR CNRS 5505, Université Paul Sabatier, Toulouse Mots-clés : Interaction multi-touch, mono-touch, personnes âgées, utilisabilité Introduction Un domaine en pleine émergence est celui de l’interaction tactile, omni présente sur les téléphones portables, les ordinateurs, les systèmes de navigation, l’iPhone, etc. Le vieillissement normal s’accompagne de déficiences physiques (visuelles, auditives et motrices), cognitives (attention, mémoire, raisonnement, etc.) mais également psychologiques et sociales (Fisk et al., 2009). Les études de Wood et al.(2005), Taveira & Choi (2009), Piper et al. (2010) et Loureiro & Rodrigues (2011) démontrent toutes une plus grande utilisabilité de l’interaction tactile par rapport à celle de la souris chez les personnes âgées ainsi qu’une facilité d’apprentissage et de mémorisation (Hollinworth, 2009). Cet article complète ces travaux en présentant une expérimentation qui compare l’interaction mono-touch (1 doigt) à une interaction multi-touch (2 doigts d’une même main) pour trois actions élémentaires d’interaction sur un écran tactile et ce pour deux populations. Enfin, nous discuterons l’effet des diverses conditions expérimentales sur le temps de réalisation des actions sur écran tactile. Méthode L’expérimentateur explique la procédure du test au sujet et procède à la vérification des règles éthiques (consentement) et ergonomiques (réglage adéquat de la hauteur de la chaise et de la distance entre le sujet et la tablette). L’expérimentation est constituée de trois parties : une session pour chacune des interactions testées (mono et multi-touch) et un questionnaire. Chaque session se subdivise en trois : apprentissage, test et questionnaire. Ce dernier a pour objectif de recueillir les préférences, difficultés et ressentis sur chacune des interactions. Les interactions et le dispositif L’interaction avec un doigt utilise une grille de 3x3 zones (Figure 1). Chacune d’elles a la même taille et une seule action y est associée : D pour déplacer dans la zone centrale, T pour tourner dans les quatre coins et Z pour zoomer sur les zones restantes. L’interaction multitouch avec deux doigts de la même main utilise les mêmes gestes que Windows 7 pour réaliser les trois actions précitées: Figure 4, Figure 5 et Figure 6 (Wroblewski, 2010). Figure 3 - Mono touche basée sur la grille Figure 4 Multitouche pour D Figure 5 Multitouche pour T Figure 6 - Multitouche pour Z Les participants ont réalisé les tests sur une tablette PC Dell Latitude XT2 sous le système Windows 7. Elle dispose d’un écran de 12.1 pouces avec une résolution de 1280x800 pixels (124.7dpi). Les interactions de gestes multi-touch de Windows 7 ont été désactivées pour ne pas interférer avec notre test. La tablette PC a été disposée sur un plan incliné de 30°. 125 Congrès Européen de Stimulation Cognitive – Dijon 2012 Populations et test Douze personnes jeunes entre 23 et 33 ans (moyenne 28.08 ; écart-type de 3.48) et douze personnes âgées entre 63 et 89 ans (moyenne 77.58 ; écart-type de 7.89) ont participé. Tous avaient une vision normale ou corrigée et aucun d’entre eux n’avait de déficience motrice ou cognitive. Chaque sujet a effectué 54 actions correspondant à : pour le pré-test (8D, 4Z et4T); puis pour le test, deux séries de (8D, 4 Z et 7T) selon un tirage aléatoire. L’ordre des techniques d’interaction est inversé pour chaque paire de sujet pour éviter un effet d’ordre. Résultats Les paramètres indépendants sont la population (jeunes et personnes âgées), l’interaction (mono-touch ou multi-touch) et l’action (Déplacer, Tourner et Zoomer). Dans cet article, seul le temps total de réalisation est reporté. L’analyse ANOVA montre qu’il existe deux interactions : une entre l’action et la population : F(2,2580)=11,92 et p=7,01e-6 ; et une interaction entre le type d’interaction et la population : F(1,2580)=75,56 et p<2,2e-16. L’étude de ces interactions montrent que : a) les personnes âgées sont plus lentes que les jeunes à réaliser toutes les actions ; b) l’action D en multi-touch est plus performante que les actions Z et T pour les personnes âgées alors que ce n’est pas le cas pour les jeunes ; c) l’interaction multi-touch est plus lente que l’interaction mono-touch pour les deux populations mais la différence entre les deux interactions est plus importante chez les personnes âgées. Discussion L’utilisation de deux doigts de la même main engendre une surface cachée de l’écran tactile plus importante, ce qui demande une plus grande attention. L’interaction multi-touch requiert une plus grande flexibilité et habilité motrice ce qui va généralement à l’encontre des capacités motrices des personnes âgées : les actions T et Z ont effectivement posé des difficultés aux personnes âgées. Ces résultats confirment ceux de Piper et al. (2010) qui ont également montré que l’action Z avec deux doigts entrainait des difficultés chez les personnes âgées. De plus, notre analyse montre que ce sont les sous-mouvements qui sont la cause majeure de l’augmentation de la durée de l’exécution de l’action : (Morgan et al., 1994) ont expliqué que les personnes âgées ont des hésitations et réalisent plus de sous-mouvements. Tous ces résultats nous amènent à postuler que l’interaction mono-touch serait plus efficiente que l’interaction multi-touch, et par conséquent plus adaptée aux personnes âgées. Références Fisk, A., Rogers, W., Charmes, N., Czaja, S. J., & Sharit, J. (2009), Designing for Older Adults. Human Factors (Second.). Atlanta, Georgia: Taylor & Francis Group, LLC. Hollinworth N. (2009), Improving computer interaction for older adults, ACM SIGACCESS Accessibility and Computing, 2009, p. 11–17. Loureiro B, Rodrigues R. (2011), Multi-Touch as a Natural user Interface for Elders: A Survey, 6th Iberian Conference on Information Systems and Technologies Morgan, M., Phillips, J. G., Bradshaw, J. L., Mattingley, J. B., Iansek, R., Bradshaw, J. A. (1994). Age-related motor slowness: simply strategic? Journal of Gerontology: Medical Sciences, 49(3), 133-139. Taveira D., Choi, S.D., (2009), Review Study of Computer Input Devices and Older Users, International Journal of Human-Computer Interaction, vol. 25, 2009, pp. 455-474. Piper, A. M., Campbell, R., Hollan, J. D. (2010), Exploring the accessibility and appeal of surface computing for older adult health care support. In Proceedings of the 28th international Conference on Human Factors in Computing Systems, 907-916. Wagner N., Hassanein K., Head M., (2010), Computer use by older adults: A multidisciplinary review, Computers in Human Behavior,vol. 26, 870-882 Wood, E., Willoughby, T., Rushing, A., Bechtel, L. and Gilbert, J. (2005). Use of Computer Input Devices by Older Adults. In Journal of Applied Gerontology, 24(5): 419-438. Wroblewski, L. (2010). Récupéré de http://www.lukew.com/ff/entry.asp?1071 126