Rééducation de la marche et intérêt du Tai Chi Chuan chez un
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Rééducation de la marche et intérêt du Tai Chi Chuan chez un
Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de RENNES. Rééducation de la marche et intérêt du Tai Chi Chuan chez un jeune karatéka atteint d’une neuropathie motrice aigue axonale. BELLOCHE Alexis Année 2009-2010 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illicite. Ministère de la santé Région Bretagne Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes EQUILIBRE FRONTAL DU BASSIN DANS LA MARCHE ET INTERET DE L’UTILISATION DU TAI CHI CHUAN DANS LA REEDUCATION D’UN JEUNE KARATEKA ATTEINT D’UNE NEUROPATHIE MOTRICE AIGUE AXONALE Travail présenté par BELLOCHE Alexis En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire 2009-2010 Travail réalisé au centre de rééducation fonctionnel du centre Bretagne de PLEMET Directeurs du travail écrit : Hervé MERDRIGNAC : Masseur-kinésithérapeute cadre de santé au centre de rééducation du centre Bretagne de Plémet Patrice PIETTE : Masseur-kinésithérapeute, Cadre de santé, formateur à l’IFMK de RENNES SOMMAIRE -RESUME -INTRODUCTION p.1 -PARTIE 1 : ETUDE CLINIQUE p.6 I. Bilan diagnostic initiaux A. Présentation du patient B. Bilan des fonctions a) Fonction nociceptive b) Fonction cutanée et vasculaire c) Fonction de la mobilité passive d) Fonction musculaire p.6 p.6 p.7 p.7 p.7 p.7 p.7 C. Limitations d’activités a) Alimentation, toilette, habillage, transferts b) Equilibre c) Déplacements p.8 p.8 p.8 p.9 D. Restrictions de participation E. Synthèse des bilans F. Diagnostic kinésithérapique p.9 p.10 p.10 II. Principes de la prise en charge p.11 III. Prise en charge rééducative A. Objectifs de la phase 1 B. Moyens rééducatifs a) Etirements musculaires b) Renforcement musculaire analytique c) Renforcement musculaire global d) Travail de l’équilibre e) Travail de la marche f) Réentrainement à l’effort p.11 p.11 p.12 p.12 p.12 p.13 p.13 p.14 p.14 C. Bilan intermédiaire a) Déficiences de fonction b) Limitations d’activités IV. Prise en charge : phase 2 A. Objectifs de la phase 2 B. Moyens rééducatifs C. Bilan final a) Déficiences de fonctions b) Limitations d’activités -CONCLUSION DE L’ETUDE CLINIQUE p.15 p.15 p.15 p.16 p.16 p.16 p.16 p.16 p.17 p.18 -PARTIE 2 : LE TAI CHI CHUAN EN REEDUCATION I. Le Tai Chi Chuan au centre de rééducation de Propriana II. Les différentes pathologies intéressées par le Tai Chi Chuan A. Pour la rééducation de l’équilibre chez les personnes âgées B. Dans la rééducation des parkinsoniens C. Dans la rééducation des tendinopathies musculo-squelettiques D. Dans la rééducation cardio-respiratoire E. Dans la rééducation vestibulaire p.19 p.19 p.20 p.20 p.21 p.21 p.21 p.22 -CONCLUSION DE L’ETUDE p.22 -REPONSE A LA PROBLEMATIQUE p.23 -DISCUSSION p.24 -BIBLIOGRAPHIE -ANNEXES RESUME Ce mémoire témoigne de la prise en charge d’un patient de 16 ans, atteint d’une neuropathie motrice axonale aigue en phase de récupération. Le travail présente les techniques visant à améliorer la qualité et la fonctionnalité de la marche : équilibre frontal, adaptation à la marche, endurance. M. S est suivi au centre de rééducation du centre Bretagne de Plémet du lundi 11 Janvier 2010 au 19 Février 2010. Il est en hôpital de jour et sa prise en charge pluridisciplinaire à lieu les après-midi du lundi au jeudi et le vendredi matin. Il enchaine chaque jour, une séance d’ergothérapie basée sur la fonctionnalité du membre supérieur, une séance de kinésithérapie et une séance de sport dans un but plus ludique ainsi que dans celui du réentrainement à l’effort. La prise en charge kinésithérapique dure une heure par jour, pendant ces séances, le temps imparti à la stimulation de l’équilibre et au travail de la marche représente 30 minutes (15 et 15). Au cours de la prise en charge, la décision médicale d’un port de releveurs fixes a été prise, un bilan intermédiaire témoigne de l’effet de cette aide technique. Mais étant donné la récupération progressive et la continuité dans les techniques, ce mémoire ne présente qu’une phase, ciblée sur l’acquisition de l’équilibre statique et de la fonctionnalité de la marche. Seules seront décrites les techniques visant à répondre à ces objectifs. A la fin de la prise en charge, M. S a gagné en qualité et en quantité de marche. Son périmètre de marche est de plus d’un kilomètre et il arrive à marcher sans boiteries sur 10 mètres. Il doit passer en hospitalisation de jour à raison de 3 séances de kinésithérapie par semaine au centre de rééducation ou en libéral. MOTS CLES : -neuropathie motrice axonale aigue -Marche -Fonctionnel -Karaté INTRODUCTION La neuropathie motrice aigüe axonale (AMAN) est une variante axonale de polyradiculonévrite inflammatoire aigüe [1]. Elle est plus communément appelée syndrome de Guillain-Barré (SGB) en référence à ceux : Guillain, Barré et Strohl, qui l’ont décrite en 1916. Elle se caractérise par une paralysie aigüe, bilatérale et symétrique des membres par une atteinte neuromusculaire, sans troubles sensitifs. La neuropathie périphérique aigüe est définie par une dégénérescence des terminaisons des axones moteurs. Elle peut dans les formes sévères toucher l’axone sur toute sa longueur. Cette forme constitue 5 à 10% des syndromes de Guillain-Barré, ce qui représente 1 personne sur 1 000 000 sans distinction d’âge ou de sexe. On la retrouve plus fréquemment au Mexique, en Chine et au Japon. Dans 2/3 des cas, cette atteinte est déclenchée par une infection intestinale à Campilobacter Jejuni. Une sérologie présentant un fort taux d’anticorps anti-gangliosides (GM1 et GD1a) parallèle à l’évolution à pu être démontrée. Ces anticorps se fixent sur l’axone au niveau des nœuds de Ranvier déclenchant une réaction auto-immune, la destruction de l’axone étant réalisée par les macrophages. La sévérité de la destruction varie en fonction de la réponse immune. Elle peut aboutir à une dégénérescence de type Wallérien des fibres motrices. Selon certaines hypothèses, le pronostic de cette pathologie serait fonction de l’importance de ces lésions. La régénérescence axonale proximo-distale dont la vitesse est dite constante entraînerait une récupération rapide chez les enfants où les nerfs sont plus courts, et lente voir incomplète avec des séquelles chez les adultes sévèrement touchés. Cela pourrait être en lien avec un épuisement de la régénérescence Wallérienne. Cette neuropathie suit la même évolution caractéristique [1] que le syndrome de GuillainBarré. Elle présente une phase d’installation qui ne dépasse pas les 3 à 4 semaines. Elle est suivit d’une phase de plateau, où les signes cliniques s’expriment au maximum. Cette phase est souvent de courte durée. Elle est enchainée par une phase de régression, où la maladie perd petit à petit de sa virulence. La récupération se fait sur une période d’environ un an et l’on peut encore espérer une amélioration des différentes fonctions sur 2 ou 3 ans. La collection d’un certain nombre de facteurs précise le pronostic de handicap résiduel. 1 Figure n°1 : Photo de la marche Il s’agit : -de l’âge supérieur à 60 ans -de l’installation rapide des troubles -du besoin d’une ventilation assistée -d’une amélioration après plus de 21 jours -d’une amplitude motrice distale très faible -d’une maladie diarrhéique dans les antécédents Les déficits engendrés par cette pathologie ont de fortes répercutions fonctionnelles, notamment sur la marche et l’équilibre (Figure n°1). La marche humaine [2] nécessite un apprentissage très spécifique pour devenir quasi automatique. Elle doit répondre à plusieurs exigences, propulser le corps dans une direction, conserver un appui du début à la fin de son exercice tout en coordonnant la posture, l’équilibre et les locomotions en s’adaptant à l’environnement. Elle correspond à l’interaction du système nerveux central, de l’appareil musculo-squelettique et de l’environnement. La fonction musculaire doit donc répondre à deux questions : la gravité et le mouvement. Les muscles anti-gravitaires permettent de déterminer un point d’appui en relation avec le référentiel terrestre. A partir de cette position d’équilibre, la fonction musculaire permet le mouvement vers une autre position d’équilibre. L’équilibre, au sens de l’équilibre de la marche, correspond à une action statique (« de repos ») ainsi qu’à la fonction d’équilibration permettant de gérer le centre de gravité lors du mouvement. Lors de la marche, l’équilibre du bassin nécessite une action spécifique et différente des structures passives et actives dans chaque phase. Le bassin effectue des mouvements de faible amplitude, dans les trois plans de l’espace [2]. Il est en appui sur le (ou les) membre(s) portant(s), ou un point fixe pour le membre, lorsqu’il n’est pas en contact avec le sol. L’alternance de l’appui bipodal et unipodal dans la marche nécessite un équilibre frontal du bassin. Elle inclut une translation frontale du centre de gravité pour diminuer les contraintes sur les articulations (cf. balance de Pauwell). Lors de la phase unipodale, deux systèmes musculaires sont mis en œuvre [2], le premier au niveau de la hanche avec le moyen-fessier et le second musculo-aponévrotique, constitué du deltoïde fessier (tractus ilio-tibial, tenseur du fascia-lata et fibres superficielles et latérale du grand fessier). Pathologiquement, un déficit de ces structures entraîne la perte de l’équilibre frontal actif du bassin. 2 Dans la marche pathologique, les déficiences de l’appareil locomoteur entraîne une augmentation de la dépense énergétique au cours de la marche [2]. Pour pallier cette perte, le patient va spontanément diminuer sa vitesse de marche. Un déficit de force de certains groupes musculaires se traduit par des boiteries à des moments précis du cycle de marche. Lors de l’attaque du talon au sol (0 à 15% du cycle de marche), il se produit un roulement du talus sur le calcanéus. En cas de faiblesse des muscles de la loge antéroexterne de la jambe, on observe un claquement du pied au sol. Ces muscles n’assurent pas le freinage du pied [3]. Lors de la phase du pied à plat au sol (15 à 40%), en cas de faiblesse des abducteurs de hanche, le déplacement latéral du bassin n’est plus contrôlé et il s’effondre au moment de l’appui unipodal. La hanche est placée en adduction et elle met en tension passive le deltoïde fessier. Aucune activité ne contrôle ce mouvement, la hanche est très instable. Il s’agit d’une boiterie de hanche appelée boiterie de Trendelenburg [3]. Lors de la phase d’oscillation, au moment de l’avancée du membre oscillant (60 à 75%), la cheville est en légère flexion plantaire. Une insuffisance des muscles de la loge antéro-externe de la jambe entraine un pied qui tombe en flexion plantaire maximale. Le sujet doit alors augmenter sa flexion de hanche ainsi que sa flexion de genou pour passer le pas. On parle de steppage [3]. Cette fonction d’équilibration est aussi une composante principale dans la participation sportive. Dans les arts martiaux, le but est de porter un coup à son adversaire par l’intermédiaire des membres. Cette action doit répondre à trois grands objectifs pour être le plus efficace possible. Il s’agit : de la vitesse, de l’amplitude et de la force. -La vitesse doit permettre de surprendre l’adversaire pour éviter qu’il ne puisse contrer l’attaque portée. -L’amplitude permet de conserver de la sécurité en restant à distance de l’adversaire. -La force doit être contrôlée afin que chaque coup porté soit efficace sans que la demande énergétique ne soit trop importante. Ces trois notions nécessitent un maintien postural qui réponde à ces déséquilibres intrinsèques. Il consiste en un équilibre bipodal lors de coups portés avec un membre supérieur où lors d’esquives, et unipodal si le coup est porté avec un membre inférieur. Elles nécessitent aussi, des réactions posturales qui correspondent à des déplacements permettant de 3 Figure n°2 : Photo de Tai chi changer de position de soutien. De plus, les coups subis lors de combats représentent des déséquilibres extrinsèques qui entrainent des adaptations posturales. Dans certains sports de combat, comme le karaté, des exhibitions chorégraphiques nommées « katas », sont des démonstrations d’enchainements en solo ou en équipe (Figure n°2). Il se trouve que ces katas sont très proches dans la réalisation du mouvement des exercices de Tai Chi Chuan. La différence majeure entre ces deux pratiques est la vitesse d’exécution. Dans le Tai Chi, la vitesse est lente et le mouvement harmonieux. Dans le karaté, le mouvement est rapide et direct. Le Tai Chi Chuan est un art martial chinois qui est basé sur l’énergétique. Cette énergie provient des pieds puis elle est dirigée vers la taille avant d’être émise par la main. Pour se concentrer sur cette énergie, le Tai Chi utilise des mouvements lents inclus dans des chaînes fonctionnelles. L’intérêt en rééducation est d’utiliser cette technique pour travailler l’équilibre. Ces enchaînements font travailler le patient dans son maintien postural par des déplacements lents. Ils utilisent la proprioception en travaillant pieds nus et en centrant la concentration sur les afférences plantaires. L’équilibre est stimulé à différents degrés suivant la grandeur du polygone de sustentation. Pour M. S, pris en charge dans le cadre de ce mémoire, la neuropathie motrice aigüe axonale a entraînée une tétraparésie avec perte de l’équilibre statique et de la physiologie de la marche. Les répercutions sur son activité sportive de haut niveau, nous questionne sur la nécessité de trouver la place du traitement fonctionnel dans la prise en charge de ce patient. En effet, la demande principale du patient est de retrouver son niveau sportif. Il apparaît donc nécessaire d’orienter la rééducation vers des techniques pouvant confronter le patient à cet environnement de compétitivité, de performance mais aussi de loisir et d’intérêt. Il est important par respect de la fatigabilité et du coût énergétique qu’engendrent de telles techniques, de définir le champ de notre action. Cette approche pronostique nous interroge sur la place du thérapeute. En effet, dans le cas d’une récupération proximo-distale, la rééducation va orienter son travail sur les structures qui récupèrent spontanément : celles proximales. Le kinésithérapeute ne fait pas récupérer, il guide le patient pour que cette amélioration soit la meilleure et la plus rapide possible. Il faut donc pallier au déficit distal, pour économiser l’énergie nécessaire à un travail de qualité. 4 Afin de répondre aux attentes du patient et de réaliser une prise en charge cohérente, ne faut-il pas préférer un travail fonctionnel ciblé sur des fonctions clés ? Pourquoi est-il nécessaire d’installer des compensations ? Quel serait l’impact d’une rééducation ciblée sur la stabilité frontale du bassin dans la marche ? Comment retrouver un équilibre debout statique ? Y a-t-il un intérêt à intégrer des techniques de type Tai Chi Chuan dans la rééducation fonctionnelle d’un judoka atteint d’une neuropathie motrice aigüe axonale ? 5 PARTIE 1 : ETUDE CLINIQUE I. Bilan diagnostic initiaux M. S à débuté sa rééducation au centre de Plémet le 23/09/2009, il a bénéficié d’une fenêtre thérapeutique du 02/12/2009, au 11/01/2010. Les bilans initiaux ont été réalisés au cours de la première semaine suivant sa fenêtre thérapeutique. La neuropathie motrice aigüe axonale entraîne une paralysie musculaire et en conséquence d’autres déficiences comme une amyotrophie, une hypoextensibilité de certains groupes musculaires, une diminution du retour veineux ; mais aussi un dérèglement du système végétatif. Le bilan est donc composé d’explorations nociceptive, cutanée et vasculaire ; l’évaluation musculaire étant donné l’atteinte périphérique est faite par un testing et est précédée d’un bilan articulaire et d’un bilan de l’hypoextensibilité. Ces déficiences ont un retentissement sur les activités, une plate-forme stabilométrique a permis d’évaluer l’équilibre statique. Ce bilan a été complété par un test de Tinetti statique. Le bilan des déplacements consiste en une étude cinésiologique de la marche, ainsi que de l’étude de la montée et de la descente des escaliers. Un test de 6 minutes de marche étudie le coût énergétique de la marche. A. Présentation du patient M. S, 16 ans vit avec ses parents et ses deux petits frères de 7 et 9 ans. Il est étudiant en Seconde (doublement), et pratique le karaté à haut niveau comme sa mère qui est professeur de karaté. Son objectif professionnel est de devenir pompier. M. S est droitier et est conducteur d’un scooter. C’est un ancien fumeur et il présente des carences alimentaires qu’il compense avec des compléments alimentaires et des vitamines. M. S ne porte pas de corrections visuelle, dentaire ou orthopédique. Les premiers symptômes ont débuté le 15 septembre 2009 par de fourmillements puis par une paralysie qui s’est étendue en 2 jours. Il a été hospitalisé dans le service de réanimation de Vannes où il a reçu un traitement d’immunoglobuline pendant 5 jours, dans la crainte d’une paralysie des muscles inspirateurs, mais son état n’a pas nécessité de trachéotomie. La phase de récupération a débuté le 21 septembre 2009 et M S. est arrivé au centre de Plémet le 23 septembre 2009. 6 Tableau I : bilan articulaire des membres inférieurs du 12 Janvier. Droite Gauche Normes selon KAMINA 120° 60° 15° 50° 30° 25° 60° 120° 60° 15° 50° 30° 30° 60° 120° 90° 15° 45° 20° 45° 35° 150° 120° 0° 150° 120° 0° 150° 140° 0° 20° 0° 30° 20° 0° 30° 20°/30° 20°/30° 50° 50° 90° 30°/40° 90° Coxo-fémorale Flexion genou fléchi Flexion genou tendu Extension Abduction Adduction Rotation latérale Rotation médiale Genou Flexion hanche fléchie Flexion hanche tendue Extension Talo-crurale Flexion genou fléchi Flexion genou tendu Extension Métatarso-plalangienne de l'hallux Flexion Extension 50° 90° B. Bilan des fonctions a) Fonction nociceptive M. S ne ressent aucune douleur, que ce soit spontanée ou provoquée. b) Fonction cutanée et vasculaire La peau de M. S ne présente pas de signes de déficiences mais M. S se plaint de froideur au niveau des extrémités distales des membres inférieurs. c) Fonction de la mobilité passive Articulaire Il n’y a pas de limitations articulaires en liens avec des rétractions capsulo-ligamentaires, à droite comme à gauche que ce soit au niveau des membres inférieurs ou supérieur (Cf. tableau I). Hypoextensibilités D’après la mobilité passive et le type d’arrêt de fin de mouvement qui est mou, on note une hypoextensibilité bilatérale des ischio-jambiers (-50° d’extension de genou, hanche à 90° de flexion), ainsi que des gastrochnémiens (0° de flexion de cheville, genou en extension, contre 20° genou fléchi), des droits fémoraux (20 cm de distance talon-fesse) et des ilio-psoas (en décubitus, décollement de la cuisse lorsque la hanche controlatérale est en flexion maximale). d) Fonction musculaire Amyotrophie On note une amyotrophie globale que ce soit au niveau des cuisses et des mollets, mais aussi des membres supérieurs notamment au niveau de la main où l’on distingue nettement les métacarpes. 7 II: Testing musculaire des membres inférieurs selon Daniels et Worthingham du 18 Février Tableau II Tableau : Testing musculaire des membres inférieurs selon Daniels et Worthingham du 18 Février Muscles Ilio psoas Grand-fessier Moyen-fessier Adducteurs Quadriceps Ichio-jambiers Triceps sural Tibial postérieur Fonction Flexion de hanche Extension de hanche Abduction de hanche Adducteurs de hanche Extension de genou Flexion de genou Extension de cheville Extension de chevile Abduction et pronation de la subtalaire Extension de cheville Abduction et pronation de la subtalaire Inversion de cheville Long fléchisseur des orteils Flexion des orteils Tibial L5/S1 1+ 1+ Long fléchisseur de l'hallux Flexion de l'hallux Tibial L5 à S2 1+ 1+ Tibial antérieur Long extenseur des orteils Long extenseur de l'hallux Flexion de cheville Extension des orteils Extension de l'hallux L4 à S1 L4 à S1 L4 à S1 32+ 2 32+ 2+ Intrinsèques du pied Fonctions des articulations du pied Fibulaire profond Fibulaire profond Fibulaire profond Nerfs plantaires et fibulaire profond S1/S2 1 1 Long fibulaire Court fibulaire Innervation Plexus crural Sciatique Glutéal supérieur Obturateur Fémoral Sciatique Tibial Racines L1 à L4 L5/S1 L5/S1 L2 à S1 L2/L3 L5/S3 S1/S2 Droite 4 3 3 4 4 3 2+ Gauche 4 3 34 4 3 2+ Fibulaire superficiel L4/S1 2 2 Fibulaire superficiel L4/S1 2 2 Tibial L5/S1 2+ 2+ Tableau III : Epreuve de Tinetti du 12 Janvier et du 01 Février. Tableau III : épreuve de Tinetti du 12 Janvier et du 1 Février Date: 12/01/2010 Date: 01/02/2010 Avec releveurs rigides Normal Adapté Anormal Normal Adapté (=1) (=2) (=3) (=1) (=2) * * * * Résistance à une poussée sternale yeux ouverts * * * * * Résistance à une poussée sternale yeux fermés * équilibre assis (sur table de Bobath) Se relever d'une chaise * * équilibre immédiatement après s'être levé * équilibre debout yeux ouverts équilibre debout yeux fermés * * équilibre après rotation de la tête équilibre après 360° * * * * équilibre en station unipodal (5sec) * équilibre avec extension de la colonne cervicale et élévation des membres supérieurs * * équilibre penché en avant * * * équilibre en s'asseyant * Figure n° 3 : Plate-forme stabilométrique Anormal (=3) Evaluation musculaire L’évaluation de la force musculaire (Cf. tableau II) est réalisée avec les cotations musculaires de Daniels et Worthingham (Cf. annexe 1). Au niveau des membres inférieurs, on note un net déficit du moyen fessier et des releveurs, l’étude comparative ne montre pas distinctement de côté dominant, mais montre une récupération proximo-distale flagrante : les psoas et les quadriceps sont cotés à 4, les fibulaires à 2. Plus analytiquement, on peut relever des moyen-fessiers côtés à 3 à droite et à 3- à gauche, et des tibiaux antérieurs côtés à 3-. Au niveau du tronc, le test de Ito et Shirado est tenu 30 secondes et celui de Sorensen 35 secondes. C. Limitations d’activités a) Alimentation, toilette, habillage, transferts M. S est complètement autonome en ce qui concerne les repas, l’habillage, la toilette et les transferts. Le score de la MIF (Cf. annexe 3) est de 124/126. M. S présente des boiteries pour la marche et dans les escaliers. b) Equilibre M. S présente un équilibre normal assis que ce soit face à des déséquilibres intrinsèques ou extrinsèques, les réflexes posturaux sont adaptés, par contre, lorsqu’il est debout, il n’arrive pas à rester statique et il doit toujours être en mouvement pour tenir l’équilibre. Le score de test de Tinetti statique est de 28/39 (Cf. tableau III). Les réflexes posturaux sont ralentis, mais il n’y a pas de troubles visuels, vestibulaires ou proprioceptifs. Sur la plateforme stabilométrique (Figure n°3), on s’aperçoit que M. S est en rétropulsion. 8 Figure n°4 : Bilan de la marche c) Déplacements Niveau d’Evolution Motrice (NEM) Les NEMS bas (retournement/quadrupédie) sont maîtrisés. Le passage genoux dressés à chevalier servant est acquis et stable. Le passage de chevalier servant à debout est acquis mais la station debout est instable en statique. Marche Le périmètre de marche de M. S est de plus de 500 mètres et il fait 270 mètres au test des 6 minutes. Il présente une boiterie bilatérale de type Trendelenburg (boiterie de hanche) au moment de l’oscillation de la phase d’appui unipodal (Figure n°4). Un steppage bilatéral est visible au moment du passage du pied dans la phase de non-appui. Une augmentation du roulement talaire, au moment de l’attaque du talon lors de la phase de double appui, entraine un bruit de claquement du pied au sol. Il n’y a pas de ballant des bras ni de pas pelvien lors de la marche, la longueur et la largeur du pas sont normales. La hauteur du pas est aussi normale, la chute du bassin et le déficit de flexion active de cheville étant compensés par une augmentation de la flexion de hanche de 20°. Les escaliers sont montés avec un valgus bilatéral des genoux au moment de l’appui unipodal. Ils sont descendus en rotation externe de hanche, mais M. S n’a pas besoin de la rampe pour monter ou descendre un escalier. D. Restrictions de participation M. S est en hospitalisation de jour ce qui perturbe sa vie familiale et sociale. Sa fatigabilité, ses troubles musculaires, ses troubles de l’équilibre entrainent une restriction de participation professionnelle, il ne peut plus suivre normalement ses cours. M. S va en cours à raison de demi-journée hebdomadaire. De même, ces limitations d’activités engendrent des restrictions de participation au niveau de ses activités sportives, M. S ne peut plus pratiquer de combats de karaté ni d’autres sports. Facteurs contextuels positifs M. S est jeune et très motivé notamment pour retrouver son niveau de karaté, d’ailleurs cette pratique est aussi bénéfique par le fait que M. S a une très bonne connaissance de son corps et de ses capacités. 9 Musculaire - Perte de force Cardio-respiratoire Système nerveux autonome Articulaires - Limitation d’amplitudes Dégénerescence des axones moteurs Hypoextensibilité Déficiences de fonction Déficiences de structure Boiteries à la marche Equilibre statique instables Rétropulsion Limitations d’activité Figure n°5 : Tableau diagnostic Fatigabilité Hospitalisation de jour Karaté Restrictions de participation Négati - Moral fluctuant - Age Positif - Motivation - Sportifs de haut niveau Facteurs contextuels Facteurs contextuels négatifs M. S est très fatigable et l’association de son hospitalisation de jour au suivi de ses cours est très couteuse sur le plan énergétique. De plus, le fait que le pronostic de cette pathologie est flou a des répercussions sur le moral de M. S. A cela s’ajoute l’âge de M. S, pour qui le regard de ses camarades est très important. E. Synthèse des bilans La neuropathie motrice axonale aigue a entrainé diverses déficiences : Hypoextensibilités des ischio-jambiers, des triceps suraux et des ilio-psoas. Troubles de la commande volontaire par déficit musculaire notamment au niveau distal des membres inférieurs. Troubles vasculaires, particulièrement de retour veineux. Troubles de la trophicité musculaire Troubles de l’équilibre statique sagittal. Boiteries à la marche. Diminution de la tolérance à l’effort. F. Diagnostic kinésithérapique (Figure n°5) La neuropathie axonale aigue a entrainé chez M. S une dégénérescence des axones moteurs. La force musculaire des muscles stabilisateurs du bassin et des muscles distaux des membres inférieurs ne permet pas un équilibre debout statique, ni une marche physiologique. Les rétractions musculaires résultant des différents déséquilibres musculaires provoquent une rétropulsion du centre de gravité ce qui augmente les troubles de la statique. Cette atteinte a également engendré des déficits de la fonction de tolérance à l’effort, ce qui génère une importante fatigabilité. Ces différentes déficiences de fonction aboutissent à des limitations des activités de la vie quotidienne ainsi qu’à des restrictions de participation : ses troubles de l’équilibre empêchent la pratique du karaté et la rééducation qu’il suit quotidiennement, réduit sa participation scolaire. 10 II. Principes de la prise en charge Principes généraux - Respecter la prescription médicale et le projet du patient. - Tenir compte de la phase de la pathologie dans la rééducation du patient. - Rester vigilant vis-à-vis des signes de complications secondaires comme une altération de l’état général du patient. - Ne pas placer le patient en situation d’échec. - Principes spécifiques à la pathologie Surveiller la fatigabilité et l’apparition de douleurs neuropathiques en mettant en place les temps de repos nécessaires. - Etre prudent face aux risques de chute. - Stimuler l’équilibre tout en respectant la progressivité des exercices. - Préférer un renforcement analytique pour les muscles dont la cotation est inférieure à 3. - Etre attentif aux rétractions musculaires des muscles les plus forts. III. Prise en charge rééducative : phase 1 A. Objectifs de la phase 1 -Canaliser et optimiser la récupération musculaire. -Intégrer des aides techniques pour les déficits distaux. -Lutter contre les hypoextensibilités. -Développer l’équilibre debout statique et dynamique. -Corriger les défauts de marche. -Réinsérer les segments dans une fonction normalisée en rapport avec les centres d’intérêt du patient. 11 Figure n°6 : étirement des ischio-jambiers B. Moyens rééducatifs a) Etirements musculaires Etirements passifs Des étirements passifs sont réalisés tous les jours, en insistant sur la chaîne postérieure des membres inférieurs et principalement sur les ischio-jambiers qui présentent le plus de raideur (Figure n°6). Le but de ces étirements est de diminuer la rétropulsion, qui augmente le déséquilibre lors de la station debout ou lors de la marche. L’étirement des ischio-jambiers est souvent réalisé en décubitus, avec une prise en berceau au niveau postérieur de la jambe et une contre prise au-dessus de la patella. Il consiste en une flexion progressive de hanche genou tendu, la position est ensuite tenue 10 secondes. On y combine des contractés-relâchés pour obtenir une détente musculaire maximale, pour gagner en amplitude et pour que le patient prenne conscience de son état de contraction. Etirements auto-passifs Des étirements auto-passifs doivent-être réalisés quotidiennement par M. S, les différents groupes musculaires ciblés sont les ischio-jambiers, les triceps, les adducteurs, les fessiers, les psoas iliaques et les quadriceps. Ils ont été mis en place dans un but préventif, mais aussi dans un but de performance en relation avec le karaté et pour gagner du temps sur les séances de kinésithérapie étant donné le temps qui lui est imparti et l’importance de la rétraction de ses ischio-jambiers notamment. b) Renforcement musculaire analytique Le renforcement musculaire est réalisé de différentes manières suivant la cotation du muscle travaillé. Les principaux muscles renforcés analytiquement sont : les moyen-fessiers. Ils sont renforcés en latérocubitus, en appui sur le coude pour inhiber la contraction du carré des lombes, avec une résistance proximale au niveau latérale de la cuisse. On recherche une contraction statique ou légèrement excentrique dans un secteur de 0° à 5° d’adduction de hanche, ce qui correspond aux amplitudes utiles à la marche. La résistance est calculée en se plaçant sur une balance et est généralement de trois kilogrammes. 12 Figure n°7 : Exercice de Tai Chi c) Renforcement musculaire global Le renforcement musculaire global à deux buts principaux, le premier étant de recruter la contraction de muscles faibles, et le deuxième est d’inclure les muscles dans des chaines fonctionnelles. Pour cela, on utilise des diagonales de Kabat, avec une résistance surtout proximale, ou des chaines parallèles comme des mouvements de triple flexion ou de triple extension, mais aussi plus fonctionnellement avec de la marche résistée ou des escaliers, ainsi que par un travail en balnéothérapie avec l’éducatrice sportive. d) Travail de l’équilibre Travail autour des NEMS Le travail des NEMS hauts est principalement réalisé en chevalier servant avec différentes modalités : yeux fermés, poussées déséquilibrantes. L’intérêt de ces exercices est de stimuler l’équilibre frontal du bassin. Stimulation de l’équilibre en position debout L’équilibre statique debout étant précaire, il est travaillé avec un polygone de sustentation élargi, genoux légèrement fléchis, ou avec l’aide du kinésithérapeute qui tient l’auriculaire de M. S, dans ce dernier cas, le travail est basé sur les fentes, les transferts d’appui. Travail inspiré du Tai Chi Chuan (Figure n°7) Etant donné le déficit distal et le temps d’apprentissage trop long, la pratique du Tai Chi Chuan n’est pas réalisée de la façon dont il peut être décrit. Sur tapis, M. S reproduit les chorégraphies de ses katas de karaté à une vitesse adaptée en fonction de ses capacités d’équilibration. Les mouvements doivent être harmonieux et ils demandent une grosse concentration. Plus le mouvement est stable : appui bipodal, augmentation du polygone de sustentation ; plus M. S doit maintenir des temps de posture ou ralentir la vitesse d’exécution. Au contraire, plus le mouvement est déséquilibrant : appui unipodal, réduction du polygone de sustentation ; plus M. S peut accélérer la vitesse d’exécution du mouvement. Un travail sur la respiration est couplé à ces exercices. Généralement, les mouvements lents et stables sont associés à une inspiration. L’expiration intéresse plus les phases instables ou moins stables. L’intérêt de cet exercice est multiple. Il permet de stimuler l’équilibre statique et le maintien postural à vitesse lente. Un autre but, est de travailler des chaînes fonctionnelles pour recruter 13 Figure n°8 : Travail ludique de Tennis de table Figure n°9 : Travail de marche certains groupes musculaires déficients. De plus, la concentration nécessaire à cette pratique est très intéressante par rapport aux notions d’apprentissage et de schéma moteurs. Travail ludique basé sur le tennis de table (Figure n°8) Etant donné l’intérêt pour le sport en général de M. S, la pratique du tennis de table est utilisée quotidiennement. Elle permet de travailler l’équilibre avec un faible coût énergétique. Cette pratique nécessite un équilibre debout et des déplacements qui sont principalement latéraux. e) Travail de la marche M. S va quotidiennement au lycée, il marche donc beaucoup en dehors du centre, et le travail de marche est plus qualitatif. Il consiste en une correction des différentes boiteries. Il s’agit par exemple, de marcher face à un miroir ou de filmer la marche, pour montrer à M. S et le sensibiliser sur les différentes boiteries. Le travail consiste ensuite à corriger d’abord analytiquement puis globalement les différents défauts de marche (Figure n°9). En plus de la pratique en ligne droite et en terrain plat, l’aspect qualitatif de la marche est travaillé en terrain varié, dans des escaliers, ou au sein de parcours de marche. Ces exercices sont très courts, car ils sont coûteux sur le plan énergétique. L’intégration de ces corrections est basée sur la répétition de ce travail à chaque séance. f) Réentraînement à l’effort Le réentrainement à l’effort est réalisé sur tapis roulant, le but est de travailler quantitativement la marche pour que M. S stimule son appareil cardio-pulmonaire et diminue sa fatigabilité à l’effort. Suivant la forme du patient, la vitesse varie entre 3 et 4 kilomètres par heure et la durée entre 10 et 15 minutes. Un bilan intermédiaire est réalisé afin d’objectiver l’intérêt des releveurs fixes et de permettre de ré-axer les objectifs de la prise en charge. 14 Figure n°10 : Releveurs fixes Figure n°11 : Stabilométrie avec releveurs Figure n°12 : Marche avec releveurs C. Bilan intermédiaire Etant donné le déficit distal et la récupération proximo-distale, une prescription de releveurs rigides (Figure n°10) a été faite le 21/01/2010. Des bilans intermédiaires ont été faits pour mettre en évidence l’intérêt de ces orthèses sur l’équilibre statique, la qualité de la marche et le coût énergétique de la marche. Les bilans initiaux présentant une déficience ont donc été repris : testing musculaire, bilan articulaire et d’hypoextensibilité, stabilométrie, étude cinésiologique de la marche, Tinetti statique, test de 6 minutes de marche. M. S est très intéressé par cette aide, notamment car ils ne sont pas visibles sous un pantalon et dans ses chaussures. a) Déficience de fonctions Hypoextensibilité M. S s’est globalement assoupli, il reste des hypoextensibilités au niveau des ischio-jambiers et des droits fémoraux mais plus au niveau des gastrochnémiens, ou des ilio-psoas. Fonction musculaire Il n’y a pas eu de récupération significative sur les muscles dont la cotation était inférieure à 4, et l’amyotrophie reste marquée. On peut noter une amélioration en termes de force et d’endurance pour les muscles dont la cotation était de 4. b) Limitations d’activités Equilibre Avec les releveurs fixes, la projection du centre de gravité sur plate-forme stabilométrique (Figure n°11) est moins rétropulsée, il n’y a plus de gîte frontal, le score du test de Tinetti statique est de 15/39 (Cf. tableau III). Marche L’analyse de la marche avec les releveurs fixes montre une perte du steppage et du claquement du pied au sol, ainsi qu’une diminution nette de la boiterie de hanche (Figure n°12) sur quelques pas et significative sur une plus longue durée. On note aussi une meilleure 15 Tableau IV : bilan des membres inférieurs du 18 février. Tableau IV :articulaire Bilan articulaire des membres inférieurs du 18 février Droite Gauche Normes selon KAMINA 120° 80° 15° 50° 30° 25° 60° 120° 80° 15° 50° 30° 30° 60° 120° 90° 15° 45° 20° 45° 35° 150° 130° 0° 150° 130° 0° 150° 140° 0° 20° 0° 30° 20° 0° 30° 20°/30° 20°/30° 50° 50° 90° 30°/40° 90° Coxo-fémorale Flexion genou fléchi Flexion genou tendu Extension Abduction Adduction Rotation latérale Rotation médiale Genou Flexion hanche fléchie Flexion hanche tendue Extension Talo-crurale Flexion genou fléchi Flexion genou tendu Extension Métatarso-plalangienne de l'hallux Flexion Extension 50° 90° V : Testing des membres inférieurs du 18dufévrier Tableau VTableau : Testing musculaire des musculaire membres inférieurs selon Daniels et Worthingham 18 Février Muscles Ilio psoas Grand-fessier Moyen-fessier Adducteurs Quadriceps Ichio-jambiers Triceps sural Fonction Innervation Plexus crural Sciatique Glutéal supérieur Obturateur Fémoral Sciatique Tibial Racines L1 à L4 L5/S1 L5/S1 L2 à S1 L2/L3 L5/S3 S1/S2 Droite 4 4 3+ 4 4 4 3+ Gauche 4 4 3 4 4 4 3+ Fibulaire superficiel L4/S1 2 2 Fibulaire superficiel L4/S1 2 2 Tibial L5/S1 3 3 Tibial postérieur Flexion de hanche Extension de hanche Abduction de hanche Adducteurs de hanche Extension de genou Flexion de genou Extension de cheville Extension de chevile Abduction et pronation de la subtalaire Extension de cheville Abduction et pronation de la subtalaire Inversion de cheville Long fléchisseur des orteils Flexion des orteils Tibial L5/S1 2- 2- Long fléchisseur de l'hallux Flexion de l'hallux Tibial L5 à S2 2 2 Tibial antérieur Long extenseur des orteils Long extenseur de l'hallux Flexion de cheville Extension des orteils Extension de l'hallux L4 à S1 L4 à S1 L4 à S1 32+ 2+ 3 2+ 2+ Intrinsèques du pied Fonctions des articulations du pied Fibulaire profond Fibulaire profond Fibulaire profond Nerfs plantaires et fibulaire profond S1/S2 1+ 1+ Long fibulaire Court fibulaire giration des ceintures. Lors du test des 6 minutes, la distance parcourue est de 360 mètres, globalement, le périmètre de marche a été doublé voir triplé, avec un confort de marche amélioré et un coût énergétique largement diminué. IV. Prise en charge : phase 2 A. Objectifs de la phase 2 Les objectifs de la phase 2 sont sensiblement les mêmes que ceux de la phase 1. B. Moyens rééducatifs Les techniques de cette phase sont aussi les mêmes que lors de la phase 1, avec quelques modifications en termes de progressivité et de performance pour les exercices effectués avec les releveurs. C. Bilan final a) Déficiences de fonctions Fonctions cutanée et vasculaire Le port des releveurs a provoqué des plaies au niveau du tiers moyen de la crête tibiale antérieure des deux jambes. M. S se plaint toujours d’avoir froid aux extrémités. Hypoextensibilité (Cf. tableau IV) M. S est à – 35° d’extension de genou, hanche à 90° de flexion bilatéralement, ce qui témoigne d’une meilleure souplesse de ses ischio-jambiers. La flexion dorsale de cheville genou tendu, est de 15° de chaque côté, alors qu’elle est de 30° genou fléchi. Les ilio-psoas et droits fémoraux ne présentent plus d’hypoextensibilité. Fonction musculaire (Cf. tableau V) M. S a toujours une amyotrophie globale. Le test de Ito est maintenu 55 secondes et celui de Shirado 2 minutes. Ces valeurs témoignent de l’amélioration en termes d’endurance des groupes musculaires qui sont côtés à 4. Le moyen-fessier est à 3+ à droite et à 3 à gauche. 16 Tableau : épreuve de Tinetti 18 février Tableau VI :VI Epreuve de Tinetti du 18du Février. Date: 18/02/2010 Sans releveurs rigides Date: 18/02/2010 Avec releveurs rigides Normal Adapté Anormal Normal Adapté (=1) (=2) (=3) (=1) (=2) équilibre assis (sur table de Bobath) Se relever d'une chaise équilibre immédiatement après s'être levé équilibre debout yeux ouverts * * * * * * * * * * * équilibre debout yeux fermés Résistance à une poussée sternale yeux ouverts * Résistance à une poussée sternale yeux fermés * * * équilibre après rotation de la tête équilibre après 360° * * * * équilibre en station unipodal (5sec) * équilibre avec extension de la colonne cervicale et élévation des membres supérieurs * * équilibre penché en avant * * * équilibre en s'asseyant * Figure n°13 et 14 : Stabilométrie avec (gauche) et sans (droite) releveurs Anormal (=3) Le tibial antérieur reste à 3- à droite et est à 3 à gauche. Les ischio-jambiers et les grands fessiers sont passés de la cotation 3 à 4. M. S conserve un gros déficit musculaire distal. b) Limitations d’activités Equilibre M. S arrive à rester debout en statique pendant 4 à 5 secondes. Le score de test de Tinetti statique est de 24/39 (Cf. tableau VI) sans les releveurs fixes et de 14/39 avec. Les réflexes posturaux sont toujours ralentis. Sur la plateforme stabilométrique, M. S garde une rétropulsion avec ou sans les releveurs fixes (Figure n°13 et 14). Marche Sans les releveurs, la marche de M. S, au niveau quantitatif, a peu évolué. Le périmètre de marche est toujours de plus de 500 mètres et il fait 300 mètres au test des 6 minutes. Qualitativement, la boiterie bilatérale de type Trendelenburg (boiterie de hanche) n’existe plus sur quelque pas mais réapparait rapidement avec la fatigabilité (10/15 mètres). Le steppage bilatéral ainsi que le non contrôle du roulement talaire sont toujours présents ainsi que les compensations de flexion de hanche et de genou. Le ballant des bras et le pas pelvien sont présents. Les escaliers sont montés et descendus normalement. Avec les releveurs fixes les résultats sont les mêmes que lors des bilans intermédiaires. 17 CONCLUSION DE L’ETUDE CLINIQUE A la fin de la prise en charge, M. S reconduit son scooter, il a grandement augmenté son périmètre de marche. Il conserve un gros déficit musculaire distal, alors qu’au niveau proximal, on note une nette progression en termes de force et d’endurance. La boiterie de Trendelenburg a diminué et a même disparu sur les quelques premiers pas. A ce jour, son équilibre statique est de très bonne qualité avec les releveurs, mais reste fragile sans, ce qui l’empêche toujours de reprendre le karaté. La rééducation de M. S va donc se concentrer sur les mêmes objectifs que dans cette prise en charge, c'est-à-dire le travail musculaire, la stimulation de l’équilibre et la correction de la marche. Il est important que cette rééducation soit en phase avec la récupération proximo-distale pour qu’il se sèvre progressivement de ses releveurs fixes. M. S a aussi bénéficié d’une fenêtre thérapeutique de sept jours, à la suite de cette semaine il passera en hôpital de jour à raison de 3 jours par semaine. Une prise en charge libérale est aussi envisagée. 18 PARTIE 2 : LE TAI CHI CHUAN EN REEDUCATION Cette étude documentaire cherche à mettre en avant les pathologies pour lesquelles le Tai Chi Chuan est utilisé. Elle couvre un domaine très large qui intéresse aussi bien la gériatrie, ou la neurologie, que la cardiologie ou la rhumatologie. En préambule de cette étude, il a été mené une enquête auprès de Mr Sultana, qui est une référence française en termes de Tai Chi Chuan, dans le but de comprendre l’utilisation de la technique, mais aussi sa mise en place au sein d’un centre de rééducation. I. Le Tai Chi Chuan au centre de rééducation de Pomponiana Le centre de rééducation de Pomponiana à Hyères, dans le Var (83), est un établissement polyvalent. Mr Sultana est masseur-kinésithérapeute cadre de santé dans cette établissement. Il a obtenu son diplôme d’état en masso-kinésithérapie en 1972 et s’est formé au Tai Chi Chuan en 1980. Il possède donc 30 années d’expérience dans la pratique et la formation de cette technique. De plus, il est aussi formé en de nombreuses autres techniques comme le shiatsu et le karaté do. Au sein du centre, c’est le seul kinésithérapeute qui pratique le Tai Chi Chuan. Dans ce centre, une séance type de Tai Chi Chuan peut être réalisée avec un seul patient ou en groupe. Elle dure de 10 à 30 minutes en fonction de la pathologie. Les pathologies ciblées par cette technique sont principalement : les scléroses en plaque et les hémiplégiques en voie de récupération, mais peut intéresser un public très large. En général, les patients pratiquent en fonction du temps qu’il y a de disponible dans leur planning et dans celui de Mr Sultana. En effet, cette technique est utilisée comme une activité de complément. Cette pratique, souvent appréciée des patients, peut être utilisée comme une sorte de récompense ludique et sportive de fin de séance. Pour Mr Sultana [4], le kinésithérapeute doit considérer le handicap et l’évolution de sa pathologie, mais aussi l’âge du patient et ses attentes pour choisir, adapter et personnaliser des exercices fonctionnels. Puis il doit organiser un apprentissage sérieux de ces activités, tout en évaluant par des bilans les progrès du patient. L’activité doit être motivante et aménagée, il est donc nécessaire d’en comprendre les bénéfices par la connaissance des bases théoriques. Les moyens mis en place pour objectiver l’aptitude des patients à ces exercices de Tai Chi Chuan sont qu’ils doivent marcher. Les améliorations ne sont pas objectivées car cette technique n’est pas considérée comme un moyen de rééducation, mais comme une technique annexe qui entre dans le cadre de la rééducation sportive et ludique. Il en ressort quand même des bénéfices notamment dans les pathologies comme la sclérose en 19 plaque et l’hémiplégie en voie de récupération, principalement sur le moral des patients. Pour Mr Sultana, le Tai Chi Chuan est une activité de complément qui doit rester une activité de complément. Dans la rééducation moderne en neurologie, le programme mis en place peut se résumer en trois mots : l’utile, l’agréable et l’expertise. L’utile correspond aux activités de la vie quotidienne. C’est en travaillant ces activités que l’on optimise leur exécution. Dans les écrits de Mr Sultana, le grand axe de rééducation que l’on retrouve toujours, est que pour récupérer la marche, il faut marcher, pour retrouver l’équilibre, il faut travailler l’équilibre… Cette philosophie récente a bousculé ce qui pouvait se faire par le passé. L’agréable doit permette de susciter l’acceptation du patient et prend en compte son aspect psychologique. L’expertise nécessite un apprentissage sérieux basé sur la répétition d’exercice fonctionnel. En effet ces exercices doivent correspondre à des gestes de la vie quotidienne, c’est comme cela que le geste sera optimisé. Pour conclure sur l’expérience de Mr Sultana, le défaut principal qu’il relate avec cette technique résulte du fait que le Tai Chi Chuan est une activité anaérobie. II. Les différentes pathologies intéressées par le Tai Chi Chuan Dans la littérature, l’utilisation du Tai Chi Chuan en rééducation, bien qu’étant une technique peu connue en occident, intéresse de nombreuses pathologies. Dans les différents travaux qui ont pu être fait, il revient souvent une utilisation dans les problèmes d’équilibre, que ce soit chez les personnes âgées, ou chez les parkinsoniens, mais aussi pour les problèmes cardiorespiratoires et rhumatismaux. A. Pour la rééducation de l’équilibre chez les personnes âgées Les problèmes d’équilibre chez les personnes âgées ont des origines diverses. Différentes pathologies, comme le syndrome cérébelleux, entrainent des troubles de l’équilibre. Il peut s’agir aussi de trouble visuel ou d’oreille interne, de la dégénérescence musculo-squelettique, d’un déconditionnement à l’effort, mais aussi de troubles d’ordre psychologique comme un syndrome post-chute, ou neurologique par la diminution de la proprioception ou des réflexes d’adaptation. Une étude [9] montre notamment au niveau du genou, que la pratique du Tai Chi Chuan chez des personnes âgées augmente la stabilité, la force musculaire et abouti à une plus grande confiance dans leurs activités de la vie quotidienne. Une autre étude [10] montre que le Tai Chi Chuan présente autant d’intérêt dans la stimulation de l’équilibre chez les personnes âgées qu’un programme d’équilibre standard. Une dernière étude [11] intéresse des exercices de pointage, les résultats indiquent une meilleure coordination œil-main chez les 20 pratiquants de Tai Chi Chuan. Ce dernier résultat est intéressant par rapport aux bénéfices de la sensibilité kinesthésique avec cette technique. B. Dans la rééducation des parkinsoniens Dans la maladie de Parkinson, la qualité de vie peut-être améliorée par de l’activité physique. Dans une étude [12] concernant des parkinsoniens, il a été comparé l’intérêt de la pratique du Tai Chi Chuan et du tango, par rapport à un groupe témoin. Les résultats de cette étude ont montré que la pratique du Tai Chi Chuan comme celle du tango améliore la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Une autre étude [13] a montré les bénéfices du Tai Chi sur l’équilibre et la mobilité de personnes avec une maladie de Parkinson modérée. Ces personnes présentent des améliorations à différents tests comme le test de 6 minutes de marche ou des tests d’équilibre. Cet article conclu même en disant que le Tai Chi Chuan est une forme d’exercice appropriée, sûre et efficace pour des personnes présentant un syndrome parkinsonien modéré. C. Dans la rééducation des tendinopathies musculo-squelettiques (TMS) Il a été réalisé une étude [14] pour mesurer l’incidence que pouvait avoir un programme de Tai Chi Chuan chez des opératrices de saisi présentant des tendinopathies musculosquelettiques. Le déconditionnement à l’effort et le mal-être d’ordre psychologique sont les causes principales d’apparition de TMS sur des postes à risques. La mise en place d’un programme de Tai Chi Chuan sur les lieux de travail a été testée sur un échantillon de grande taille. Les résultats ont montré des améliorations physiologiques sur cet échantillon comme une diminution de la fréquence cardiaque de repos, une diminution du tour de taille ou d’une augmentation de la force de préhension. Des échelles ont pu mettre en avant une amélioration de la forme physique et du bien-être psychologique. Au final, cette étude a montré qu’un programme de Tai Chi Chuan sur les lieux de travail pouvait-être un moyen rentable de prévenir les TMS et de diminuer les arrêts de travail. D. Dans la rééducation cardio-respiratoire Une étude [15] met en parallèle l’intérêt d’un travail de Tai Chi Chuan à celui d’un travail de marche dans la rééducation cardio-vasculaire. Les résultats de cette étude mettent en évidence qu’un travail de Tai Chi Chuan présente des effets bénéfiques similaires à ceux engendrés par un travail de marche. Les critères mis en avant sont : la capacité aérobie, la force musculaire, la glycémie ainsi que le métabolisme de repos. De plus les exercices de Tai Chi Chuan 21 permettent une dépense énergétique moindre. Pour une intensité modérée, un exercice de marche à un cout énergétique d’environ 46% plus élevé qu’un exercice de Tai Chi Chuan. Une deuxième étude [16] a pu montrer l’amélioration en termes d’équilibre, de force et de souplesse musculaire. Dans certains pays, ces programmes de 12 semaines sont des initiatives courantes de santé publique permettant de réduire les pathologies chroniques, qui sont sources d’arrêts de travail prolongés. E. Dans la rééducation vestibulaire Une première étude [17] met en avant que le Tai Chi Chuan est souvent décrit comme spécifique des pathologies vestibulaires périphériques. Pourtant, peu d’études s’intéressent aux bénéfices du Tai Chi Chuan sur l’équilibre non vestibulaire. Cet article propose donc de pousser la recherche dans ce sens. Un second article [28] soutient l’intérêt du Tai Chi Chuan dans la rééducation vestibulaire notamment par la présence d’adaptations neuro-musculaires améliorant cette fonction. CONCLUSION DE L’ETUDE La littérature propose un domaine d’action très large en faveur de l’utilisation du Tai Chi Chuan en rééducation. Les arguments avancés dans ce sens sont que cet exercice est ludique, qu’il est à la porté d’une population très grande, que le cout énergétique est faible, qu’il ne présente pas de contre-indications majeures. Cependant, cette technique nécessite la participation et l’acceptation de patients qui ont la capacité intellectuelle nécessaire, ainsi que de professeurs formés. La pratique du Tai Chi Chuan réclame chez un même individu détente et alignement corporel, force et douceur, redressement et relâchement, stabilité et disponibilité. Il en découle un arsenal de bienfaits thérapeutiques à la disposition du masseur-kinésithérapeute. A partir de ces études et de leurs résultats, on peut ressortir plus spécifiquement des bénéfices dans la rééducation de l’équilibre et de la marche et son utilisation en neurologie périphérique mérite d’être approfondie. Mais comme en témoigne l’expérience de Mr Sultana, cette technique doit être utilisée en complément car elle ne constitue pas à elle seule, un moyen de rééducation. 22 REPONSE A LA PROBLEMATIQUE Bien que l’utilisation du Tai Chi Chuan n’a pas été pratiquée de la manière dont elle est décrite et que l’apport recherché était autant fonctionnel que rééducatif, sa mise en place au sein d’une rééducation basée sur la récupération de l’équilibre frontal du bassin dans la marche, et de l’équilibre statique debout, chez un jeune judoka atteint d’une neuropathie motrice, s’est révélée positive. En effet, cette technique convient parfaitement dans le cadre de la rééducation ludique et sportive, surtout si elle associée à d’autres moyens, notamment aérobie. De plus, cet art martial rentre parfaitement dans le cadre de la rééducation fonctionnelle pour un karatéka. En cela, la pratique du Tai Chi Chuan en rééducation doit être incluse en tant qu’activité de complément qui ne doit pas empiéter sur les axes principaux de la rééducation et qui nécessite l’adhésion du patient, tout en respectant sa fatigabilité. Ainsi dans la rééducation de M. S, elle doit être fondue dans un programme permettant un entraînement optimum des situations d’équilibre et des coordinations les plus utiles au patient. 23 DISCUSSION La prise en charge de M. S a été axée sur des techniques permettant de stimuler l’équilibre et d’améliorer la qualité de marche. Un bilan positif ressort de cette rééducation. La récupération naturelle associée aux exercices thérapeutiques, ont permis, en 6 semaines, de corriger différentes boiteries, de retrouver un équilibre statique debout et d’augmenter le périmètre de marche. De cette évolution découle donc une augmentation de l’autonomie de M. S qui va donc pouvoir accéder à une hospitalisation de jour réduite et donc pouvoir augmenter son temps de présence en cours. Durant cette période thérapeutique, la fatigabilité de M. S et la relation patient-thérapeute, ont été les questions au centre de mon raisonnement de soin. En effet, le déconditionnement à l’effort de M. S m’a obligé à adapter mes techniques, les exercices, les temps de repos, pour ne jamais le mettre en situation d’échec ou faire entrave à sa récupération. De la même façon, étant donné le peu d’écart d’âge entre le patient et moi-même, il était nécessaire de motiver, stimuler, orienter et être à l’écoute du patient tout en gardant la distance nécessaire à la qualité de la prise en charge. Même si la cohérence de la prise en charge a été mise en avant par l’évolution positive de M. S, l’apport de certaines approches thérapeutiques supplémentaires est à évaluer. Dans un cas de pathologie périphérique de déficience exclusivement motrice, l’intérêt d’un outil bilan représenté par l’électromyographie semble clair dans l’objectivation de la récupération. De plus, étant donné la fatigabilité de M. S est du matériel disponible sur la plate-forme, les techniques que sont la balnéothérapie et l’électrothérapie n’ont pas pu être utilisées. Ces différents points vont donc être abordés au sein de la discussion pour définir leurs rôles dans une telle prise en charge. 1- Les explorations électromyographiques dans les neuropathies motrices 2- L’intérêt et la complémentarité de la balnéothérapie dans avec la kinésithérapie à sec 3- Le rôle de l’électrothérapie dans la récupération nerveuse L’électromyographie [5] consiste à recueillir graphiquement les courants d’action des fibres musculaires. Les variations enregistrées sont de faible voltage (microvolts) et de courte durée (millisecondes). La dérivation des courants est établie par électrodes cutanées (méthode très globale) ou par aiguille mono ou bifilaire directement enfoncé dans le muscle dont on veut faire l’étude. Il y a ensuite un amplificateur qui permet de visualiser le signal. 24 L’électromyographie de détection nécessite la participation volontaire du sujet pour pouvoir recueillir les potentiels d’action. Les tracés peuvent-être simples, intermédiaires ou d’interférences. -Le tracé simple traduit une contraction de faible intensité. Les unités motrices sont recrutées en nombre très faible et à basse fréquence. Il y a donc une facilité d’individualisation sur le tracé. -Le tracé intermédiaire correspond à une contraction de moyenne intensité. Il y a une augmentation du nombre d’unité motrice ainsi que de la fréquence de leur battement. L’individualisation devient difficile. -Le tracé d’interférence signale un effort maximal où les potentiels se chevauchent. La stimulation de détection [6] est réalisée sans participation du sujet. Le nerf est stimulé en un ou deux points. L’amplitude des potentiels témoigne du nombre d’unités motrices fonctionnelles, la forme et la durée indiquent les qualités conductrices. Le but de l’EMG est de confirmer le type de déficit moteur, de préciser sa topographie, d’indiquer le siège et le type d’une potentielle lésion, mais aussi d’apprécier l’évolutivité de la lésion pour établir le pronostic de l’affection. Dans les neuropathies axonales, l’EMG permet de mettre en évidence un ralentissement de la conduction motrice, avec la présence de potentiels de fibrillations au repos. Dans ce cas, son but est principalement de contrôler la récupération, elle mette en évidence la réinnervation [5]. -Au début, l’activité spontanée est importante (fibrillations). Des potentiels de faibles amplitudes sont groupés et se superpose lors de contractions volontaires. -L’évolution se caractérise par une diminution de la fibrillation, le tracé est pauvre. Puis leur durée diminue, leur amplitude et leur nombre augmentent. C’est la comparaison régulière qui permet d’évaluer la récupération. -A la stabilisation, l’EMG donne le niveau de récupération, avec ou sans séquelles. Dans les techniques qu’il convient d’utiliser dans la prise en charge de neuropathies, la balnéothérapie [7] tient une place démontrée. Dans le cas de M. S, la pratique de la marche en balnéothérapie a été explorée. En raison de l’augmentation de la fatigabilité et du faible intérêt que M. S témoignait pour cette pratique, il a été décidé par la kinésithérapeute et l’éducatrice sportive de préférer la rééducation à sec pendant cette période. Il est intéressant d’avoir une idée sur la place que pourra prendre la balnéothérapie dans la suite de la prise en charge. L’immersion, par la décharge qu’elle provoque, facilite certaines actions en charge comme le 25 maintien du tonus postural dans la marche. Cette diminution du poids correspond à la poussée d’Archimède. Cette force centrifuge au référentiel terrestre permet la flottaison. Pour un objet, elle est égale au poids du liquide déplacé. Ce qui correspond au poids du liquide que l’on pourrait mettre dans le volume immergé de l’objet. Cela induit qu’en fonction de la hauteur d’immersion, le corps est plus ou moins déchargé. Par exemple, une immersion sternale équivaut à une charge égale à 20% du poids total du corps, alors qu’une immersion xiphoïdienne équivaut à 40% du poids total du corps. A partir de ces données, la balnéothérapie pourra être utilisée pour travailler la qualité de la marche. Le patient libéré des contraintes liées à l’apesanteur peut alors exécuter une marche physiologique. Cela permet de stimuler la mémoire kinesthésique pour intégrer un bon schéma de marche. Le deuxième intérêt est du à la résistance hydrostatique. Elle correspond, lors de mouvements, à la force qu’il faut mettre en jeu pour déplacer l’eau. Cette force est proportionnelle à la vitesse et à la surface de l’objet en mouvement. Cela permet un travail musculaire soit analytique ou global avec des chaînes séries. Ces résistances peuvent-être augmentées en utilisant des frites en mousse ou des planches par exemple. En neurologie périphérique, dans le cas d’un patient qui marche, la question importante à se pauser est de savoir s’il n’est pas préférable de privilégier le travail à sec, notamment en considérant le paramètre de la fatigabilité. Une autre technique, qu’il convient d’utiliser, est l’électrothérapie [8]. Le terme d’électrothérapie désigne l’ensemble des utilisations thérapeutique du courant. Le courant électrique est un déplacement de particules chargées d’électricité. Dans certains corps, les électrons sont très liés, la conductivité y est donc nulle, on parle d’isolant. A l’inverse, certains corps possèdent des propriétés de conduction forte, comme les métaux. L’activité électrique des cellules du corps humain résulte des ions positifs et négatifs qui composent le milieu intra et extra-cellulaire. Les courants excitomoteurs permettent de recréer une contraction musculaire lorsque la volonté ne le permet pas ou d’en générer une lorsque la contraction volontaire est insuffisante. Leur but est avant tout de conserver la trophicité musculaire. Ainsi pendant la phase de dénervation, on obtient une réponse musculaire par stimulation directe. L’atrophie de dénervation touche essentiellement les fibres de type II, ce qui explique en parti la fatigabilité importante des patients. La trophicité du muscle est obtenue en stimulant avec une seule formule de stimulation qui permet d’obtenir une contraction musculaire vigoureuse mais avec des intensités aussi faibles que possible. Le traitement des fibres en cours de réinnervation consiste en des courants excitomoteurs impulsionnels en application monopolaire. L’électrode positive est située en proximale et 26 celle négative au niveau du point moteur. Le courant est triangulaire de durée de 100 ms. L’intensité est supraliminaire pour les fibres dénervées et infraliminaire pour celles réinnervées. En plus de l’action directe de l’électrostimulation sur la trophicité musculaire et le régénérescence nerveuse, l’électrothérapie peut être bénéfique pour la prise en charge des phénomènes douloureux ainsi que des troubles trophiques. Cet outil est intéressant notamment car il peut être associé à du renforcement musculaire. Finalement, il existe un grand nombre de techniques qui peuvent-être mises en place dans ce type de rééducation. L’essentiel est que le kinésithérapeute respecte bien la récupération spontanée du patient. Il faut qu’il reste modeste notamment quant-à son rôle dans cette récupération. Ainsi, il est important d’être à l’écoute de la fatigabilité du patient et d’être vigilant face à d’éventuelles fluctuations de l’état général. On peut se poser la question quantà la place d’échelle d’état de forme dans ce type de prise en charge. 27 BIBLIOGRAPHIE Extraits de livres -[1] BOUCHE P, LEGER JM, VALLAT JM. Traité de neurologie : Neuropathies périphériques. Vol 2. Paris : Doin, 2004. P 197-214 -[2] VIEL E. La marche humaine, la course et le saut. Paris : Masson, 2000. P 9-10-32-45137. -[3] BLANC Y, PLAS F et VIEL E. La marche humaine : kinésiologie, dynamique, biomécanique et pathomécanique. Paris : Masson, 1989. P 12-108-112-114. -[4] MESURE S, SULTANA R. 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Tai Chi and vestibular rehabilitation improve vestibulopathic gait via different neuromuscular mechanisms: preliminary report. 2005. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15717934 Consulté en Avril 2010. ANNEXE 1 : Cotation du testing selon Daniels et Worthingham Cotation 0 : Aucune activité, il n’y a pas de contraction musculaire visible ou palpable. Cotation 1 : Présence d’une contraction visible et/ou palpable sans mouvement de l’articulation. Cotation 2 : Contraction musculaire avec mouvement dans toute l’amplitude permise par l’articulation, sans l’effet de la pesanteur. Cotation 3 : Contraction musculaire avec mouvement dans toute l’amplitude permise par l’articulation et contre l’effet de la pesanteur. Cotation 4 : Contraction musculaire et mouvement dans toute l’amplitude articulaire contre résistance manuelle mais avec une notion de fatigabilité ou de déficit de force. Cotation 5 : Contraction musculaire et mouvement dans toute l’amplitude articulaire contre une résistance égale à celle que l’on pourrait exercée sur le côté sain. Dans un souci de précision certaines cotations ont été rajoutées : Cotation 1+ : Contraction musculaire avec ébauche de mouvement sans l’effet de la pesanteur. Cotation 2- : Contraction musculaire et mouvement incomplet sans l’effet de la pesanteur. Cotation 2+ : Contraction musculaire et ébauche de mouvement contre pesanteur. Cotation 3- : Contraction musculaire et mouvement incomplet sous l’effet de la pesanteur. Cotation 3+ : Contraction musculaire et mouvement incomplet contre une résistance légère. Annexe 2 : épreuve de Tinetti statique Annexe 3 : Mesure de l’indépendance fonctionnelle (MIF)