Originaire de la Nièvre, Obtention du bac en 1941, il se

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Originaire de la Nièvre, Obtention du bac en 1941, il se
Le témoignage du doyen : M. René BOUILLOT, Promo 1948
Originaire de la Nièvre, René obtient son baccalauréat en 1941 et se destine initialement à
l’aviation, mais cela n’est pas des mieux vus à cette époque.
Il tombe alors sur une réclame du gouvernement de Pétain faisant la promotion de l’enseignement
scientifique et notamment pour l’école d’horlogerie de Besançon.
Il passe des tests et entre à l’Ecole Nationale d’Horlogerie (ENH) où la scolarité normale est de 3
ans et où l’hébergement se fait dans les dortoirs de l’actuel Lycée J. Haag (au 3°étage, coté sud).
A l’époque, l’ENH est une Ecole Nationale Professionnelle (ENP), mais sera transformée en Lycée
Technique, comme toutes les ENP, suite à une des réformes de l’enseignement. Les élèves qui
avaient satisfaits à toute la scolarité avaient le titre d’élève breveté.
L’ENH de Besançon a été inauguré en 1937 et son directeur, M. Trincano, ancien élève, avait
beaucoup œuvré pour sa construction.
Elle comprenait alors plusieurs sections : horlogerie, bijouterie, petite mécanique de précision,
technicien et préparation à l’Institut de Chronométrie (avec lequel elle cohabitait, et qui avait son
entrée avenue Villarceau).
En 1942, Besançon passe en zone rouge, un laissez-passer doit être présenté à Dole pour aller à
l’école, ce qui complique la tâche de bien des élèves originaires de toute la France (voire même une
expédition de plus de 24h pour l’un d’entre eux, originaire d’Hendaye).
Après avoir été mobilisé, René reprend ses études fin 1945 et intègre l’Institut de Chronométrie (IC)
en 1946, pour 2 ans.
Pour l’anecdote, une des épreuves pratiques d’entrée à l’IC, après un stage en horlogerie, consistait
à démonter et remonter sa montre, mécanique bien entendue !
A cette époque, le diplôme est un bac +5 et l’institut est reconnu au niveau national pour ses
compétences techniques.
René se retrouve alors dans une promotion de 7 élèves originaires de toute la France (Le Creusot,
Saint-Etienne, Paris, Besançon, Cluse) et qui ont eu, généralement, comme lui, des études
interrompues.
Parmi ses enseignants, il compte Jules Haag et Pierre Mesnage.
Ce dernier marquera l’esprit de l’étudiant, lorsqu’il annonce, dès 1947, des découvertes
fondamentales dans le domaine des transistors. Il comprendra cette annonce une dizaine d’années
plus tard, en voyant une personne écouter la radio dans un train en marche, c’est une révolution
dans les années 50 !
Mais aussi pour la qualité de ses cours qui rendaient accessibles les théories de thermodynamique
d’Y. Rocard (un de ses enseignants).
Quant à Jules Haag, il donne des cours de mécanique rationnelle, partagés aves les universitaires.
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René partage également des chambres à la cité U, quai Veil-Picard, avec les élèves de la fac.
Cela lui fera prendre conscience qu’il existe un esprit différent entre les étudiants de l’université et
ceux de l’école ! Et la crainte de l’époque est de voir l’université de Besançon se faire annexer par
celle de Dijon !...
Pour revenir aux cours, chaque année était dédiée à une matière, mélangeant premières et
deuxièmes années, de permettant, de ce fait, une grande complicité entre 2 promotions successives.
En 1948, René se dirige vers ses premières amours… l’aéronautique. Et bien que l’industrie
horlogère ouvre grandes ses portes à la promotion, ou que Monsieur A.Lip l’invite à un dimer, seul
un de ses diplomés choisira cette voie.
René entre donc à l’Office Nationale de l’Aéronautique, dans la division physique, section
instrument de mesures. Il y travaille pour l’Onera et développe un compteur statistique
d’accélération qui sert à comprendre la fatigue des avions en vol. A cette époque, les avions de
transport à réaction n’existent pas encore.
Il participe donc au perfectionnement des mesures en vol pour connaitre au mieux la réalité de ce
qui se passe en vol.
Début 1957, René intègre les laboratoires Dervault, PME travaillant dans les domaines de
l’électronique, l’optique et le matériel médical. Il y travaille sur un viseur de bombardement optique
et radar, dans une politique d’entreprise, dictée par M. Dervault, qui refusait les Brevets et le
justifiait : « mes ingénieurs trouveront ». Mais la société étant mise en liquidation judiciaire en
1958, René est embauché par le LMT.
Le LMT sera racheté par Thomson CSF avant d’être séparé en Thalès et Thomson.
Il travaille sur l’étude de simulateur de mirage 3 entièrement à transistor en remorque. Il passe alors
de responsable de projet à responsable de la qualité pour finir en mettant en place la normalisation
après avoir participé à l’installation de divers simulateurs dans le monde, et notamment en Suisse.
A 87 ans, après avoir vu de nombreuses industries, de LMT à Renault, quitté Paris et notamment
Billancourt, il suit toujours avec intérêt l’actualité scientifique et garde une grande affection pour
l’école et l’association. Coté projet, il pense bientôt se mettre à internet afin de permettre à sa
femme d’accéder au catalogue des grands magasins !
Je tiens particulièrement à remercier M. Bouillot pour le temps consacré à cet entretien ainsi qu’à
nos échanges pour la préparation de ce témoignage.
Je tiens également à lui laisser le mot de la fin concernant son avis sur les associations d’anciens
élèves :
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« L’association m’a rendu service en 1958, au moment où la liquidation des Laboratoires Dervault
m’avait mis au chômage. A cette époque, les offres d’emploi étaient rares, bien que leur rareté ait
été sans commune mesure avec la quasi absence actuelle. Cela a été un soutien moral important
bien que ces offres aient été incompatibles géographiquement avec ma vie de famille.
Les associations d’anciens élèves ont toutes le même rôle qui peut se caractériser par trois mots :
défense, aide, solidarité. Si les anciens élèves ne font pas eux-mêmes les associations, personne ne
les fera à leur place ! Ce n’est pas pour cela qu’une association doit se transformer en secte !
Explicitons un peu les rôles et les moyens :
- Grouper les personnes ayant un intérêt et /ou objectif commun pour pouvoir les faire valoir
en tous lieux et toutes instances,
- Publier un annuaire des anciens élèves (très utile pour suivre la vie de l’école et de ses
anciens élèves, ou chercher des camarades perdus de vue),
- Recueillir et diffuser les offres d’emploi pour les anciens élèves, ou de stage pour les élèves,
- Assurer une certaine veille technologique et informer du progrès des microtechniques et
bientôt des nanotechnologies. »
A. Vestini, µ04
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