Souss Massa Drâa Initiative, tête de pont du réseau Initiative au Maroc

dossier
Initiative France développe son modèle à l’international
Le transfert de méthodologie nous a obligés à travailler la formalisation », indique
Carole Forestier. « Répondre à ses interlocuteurs, trouver des arguments oblige à se
réinterroger sur ses propres pratiques »,
constate Grégory Retz. « On apprend
beaucoup, ça ouvre les yeux sur pas mal
de choses. Sur bien des points, Tenkodogo
Initiative peut nous inspirer : sur l’étendue des activités financées, sur le parrainage. Chaque bénéficiaire d’un prêt a un
parrain ; ce n’est pas encore le cas chez
nous », observe Daniel Durand.
Lorsque la mission se fait dans le cadre
de la coopération décentralisée, les plateformes se sentent investies d’une responsabilité supplémentaire : « Il y a un enjeu
fort à réussir vis-à-vis de la collectivité qui
est aussi notre partenaire local », remarque
Vincent Arvis. Lui et sa collègue d’Initiative Thau ont travaillé en partenariat étroit
avec la direction des relations internationales du conseil général. « Nous avons
découvert des plateformes très investies
dans leur rôle d’accompagnement. Ce
projet est venu se greffer sur une coopération déjà ancienne, mais pour le mener
dans de bonnes conditions, il fallait un
contexte porteur – l’ouverture apportée
par la révolution de Jasmin –, un financement du ministère des Affaires étrangères et une expertise, celle des plateformes Initiative », souligne Jean-Luc Fabre,
directeur des relations internationales du
conseil général de l’Hérault.
Sollicité pour accompagner la création de
la prochaine plateforme tunisienne à Gafsa
dans le cadre de la coopération décentralisée de la région Pays de la Loire avec le
gouvernorat de Gafsa, Jean-Pierre Lucas,
président de la coordination Initiative
Pays de la Loire, estime « que cela ne peut
qu’être bénéfique pour l’image de la coordination tant vis-à-vis du conseil régional
que du gouvernorat de Gafsa. La région
Pays de la Loire nous fait confiance sur
son territoire et sait que notre modèle
peut marcher ailleurs ».
Même en dehors du cadre de la coopération décentralisée, les nouvelles compétences acquises apportent une nouvelle
dimension à la plateforme et la positionnent d’une nouvelle façon auprès de ses
partenaires traditionnels. Depuis la mission de Grégory Retz à Oujda, le président
de la plateforme Initiative Lille Métropole
Sud, Alain Mahieu, déclare avoir « une
autre histoire à raconter à la ville de Lille.
La plateforme n’est pas seulement un outil
de sa politique économique mais un partenaire dans les relations internationales. Cela
nous donne davantage d’épaisseur ! »
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l no 195 l juin 2014
Mohamed Aberghaz
a pu ouvrir son atelier de menuiserie berbère employant
six personnes grâce au soutien de Souss Massa Drâa Initiative.
focus
Souss Massa Drâa Initiative, tête
de pont du réseau Initiative au Maroc
Première plateforme créée hors de France, Souss Massa Drâa Initiative réalise
aujourd’hui la grande majorité de l’activité au Maroc. Portée par des acteurs
politiques et économiques que sont la région de Souss Massa Drâa (Sud du Maroc,
capitale Agadir) et la chambre de commerce, d’industrie et des services (CCIS),
elle a financé, de 2008 à aujourd’hui, 245 entreprises qui ont créé 639 emplois.
Montant du prêt moyen : 6 500 euros. Taux de remboursement : 85 %.
Une réussite qui donne des arguments à la plateforme pour convaincre les banques
de participer davantage au cofinancement des prêts d’honneur. « Nous avons débuté
dans un environnement peu favorable, après l’échec d’un programme mis en place
par l’État avec la participation de banques dont la plupart des prêts n’avaient pas
été remboursés. Nos résultats nous permettent aujourd’hui de susciter l’intérêt
des banques. Nous avons d’ailleurs intégré dans notre conseil d’administration
le directeur d’une banque régionale », indique Mohamed El Moudene, président
de Souss Massa Drâa Initiative, vice-président de la CCIS et vice-président
du conseil régional de Souss Massa Drâa.
Autre point fort de la plateforme : elle a contribué à sortir l’activité locale du secteur
informel (qui représente 40 % du tissu économique au Maroc). « Pour bénéficier
de notre apport, il faut mener une activité déclarée. Nous participons ainsi à l’effort,
mené aussi au niveau national, pour sortir l’économie de l’informel », souligne
le président de la plateforme.
Les liens entre Souss Massa Drâa Initiative et le réseau Initiative sont étroits.
Ces deux dernières années (en 2012 et 2013), Initiative Béziers Ouest Hérault
est intervenu sur le thème du parrainage et de la recherche de financement
(en partenariat avec le conseil général de l’Hérault). Tout récemment, la plateforme
a signé, avec la coordination régionale Île-de-France, une convention facilitant
le financement et l’accompagnement croisé d’entrepreneurs marocains dans
la région Île-de-France et d’entrepreneurs français dans celle de Souss Massa Drâa.