LAMOTTE - FOLIGUET

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LAMOTTE - FOLIGUET
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CHRONIQUE DU TEMPS PASSE
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DES GENS DE SAULX- DE - VESOUL ( Haute-Saône) :
LES TROUILLOT – LAMOTTE - FOLIGUET .
A une époque où il est devenu de bon ton , sinon une tendance de faire un retour sur ce qui
fut notre passé, d’ essayer d’ entrevoir ce que fut la vie de nos ancêtres, et l’ ayant réalisé avec une
plus ou moins bonne fortune de le faire savoir aux autres, il nous est apparu comme un impérieux
devoir de mémoire de retracer dans ce récit la vie de gens fort honorables qui durant les 18ème, 19ème
et 20ème siècles ont été des citoyens de la ville de Saulx-de-Vesoul, un chef-lieu de canton de la
Haute-Saône. Comme beaucoup de leurs concitoyens, ils sont passés dans le temps sans éclats,
sans médailles ni distinctions honorifiques, mûs par le seul souci de faire leur métier, et de le bien
faire. A étudier leur existence et le déroulement de celle-ci, on ne peut qu’ être émerveillé par la
constatation de leur ascension , certes modeste mais tangible dans la vie sociale, fruit de leurs efforts
et de leur travail. Tout ce préambule pour aborder l’ histoire de la famille Foliguet – Lamotte - Trouillot
des années 1730 à 1935 , en la ville de Saulx.
A l’origine les Foliguet ne sont pas de Saulx, mais ce patronyme traîne dans les parages
depuis le milieu du 17ème siècle , du moins par ce qu’ on en connaît des actes administratifs existant
alors. Les localités où il se trouve réparti sont à quelques heures de marche de Saulx : Bithaine est à
9 km, Brotte-lès-Luxeuil à 8, Châteney à 2 km à peine, et plus loin Vy-lès-Lure (16 km)., pratiquement
dans un triangle délimité aujourd’ hui par la N 57 (Vesoul-Luxeuil), la D 64 (Luxeuil-Lure) et la N 19
(Lure-Vesoul). Il s’ agit très probablement d’ une population issue de la lointaine Savoie après l’
abominable guerre dite « de Dix ans », et son cortège de calamités (massacres, peste et choléra) ,
émigrant en Franche-Comté pour combler les vides et à la recherche d’un vie meilleure. Emigration
sans doute favorisée sinon provoquée par le clergé monastique de la région soucieux de redonner
aux communautés la prospérité, voire l’opulence que le précédent conflit leur a fait perdre. Ces
migrants sont de pauvres bougres accrochés au sol et à ce qu’il supporte : la forêt, leur paysage
coutumier et leur espace économique par excellence.. Car les bois sont légion aux flancs des
Vosges saônoises : « Le Grand Bois, Bois St Maurice, Bois de Vaugirard, Bois Chrétien, Bois
Impérial… » Rien d’ étonnant à ce que ces Foliguet venant d’ ailleurs soient des ruraux, mais d’ abord
des bûcherons, trouvant dans le et les bois leurs moyens d’ existence . Ils y vivent et y naissent
comme en témoignent divers actes de naissance. Puis avec le temps, sortant de leur réclusion et de
leur précarité, ils deviennent cultivateurs, artisans : tisserands, sabotiers et par dérive adaptative,
cordonniers.
La lignée qui alimentera notre propos parmi tous les Foliguet qui ont pu être recensés dans le
cadre géographique précédemment évoqué a été analysée ailleurs (1) (2). Elle a pour point de départ
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le plus ancien Foliguet connu en Haute-Saône, prénommé Félix, né vers 1664, fermier de l’ Abbaye
de Bithaine, à la Ferme du Mont-Jarrot, où il vit avec sa femme Jeanne Claude Michelet. Située sur
une hauteur à 412 mètres d’ altitude cette ferme était très importante. « Elle avait été donnée au
monastère par Girard de Quers et elle est déjà portée par F. de Lannoy sur sa carte du Comté de
Bourgogne de 1579 ». (3) L’abbaye elle-même à l’ époque parvient difficilement à se relever de ses
ruines et à recouvrer son ancienne prospérité. Bithaine par ailleurs compte, en 1790, 224 habitants.
Néanmoins Félix Foliguet, dans un acte daté de 1749, déclare posséder trente coupes de terres
labourables et un journal dont le quart en nature de vignes, le tout étant sur les droits seigneuriaux de
l’ abbaye (1). C’est Jean Claude, le quatrième enfant et troisième fils du couple, qui nait vers 1712 à
Bithaine,qui retiendra tout notre intérêt. Il devient bûcheron et s’ installe plus tard à Châteney. Le
village compte quelques 160 habitants et comme Châtenois (449 habitants en 1790), la commune
voisine à moins de un kilomètre, fait partie de la baronnie de Châtenois, tenue par la Maison de
Faucogney. En 1737 et jusqu’en 1773, c’est le marquis Charles Emmanuel Xavier de Saint Mauris qui
bénéficiera des revenus du domaine dont il a la mainmorte. Jean Claude s’ y marie , le 29 octobre
1737.avec Jeanne Claude Jouan qui a alors dix-huit ans : elle est de Châteney et y est née en juillet
1719. De cette union naîtront, au lieu même, quatre enfants : Jeanne Claude (en 1742), Françoise
Anne (en 1745), Jean Joseph (en 1747) et le dernier, François, né le 15 novembre 1751.Lui seul
nous intéressera. Il est tout d’abord tisserand, à Châteney et se marie le 7 juin 1774, à Calmoutier, à
quelques 6 km de là avec Anne Couard, âgée de 28 ans., dont il a un enfant prénommé Jacques le 18
juillet de la même année. Puis il s’installe à Breurey-lès-Faverney, toujours en Haute-Saône, vers
1776 où il devient tailleur de gypse et où il meurt à 32 ans. Le fils, Jacques Foliguet semble n’ avoir
pas suivi ses parents car il devient tisserand , au lieu-dit « Fontaine du Tillet » sur le ruisseau du Tillet,
une colline de 305 m d’ altitude, au nord du village voisin de Colombotte, une bourgade de quelques
250 habitants, que traverse par ailleurs la Colombine du nord-est à l’ ouest. Il s’y marie avec Agathe
Françoise Menuez, une jeune fille de Melincourt, née le 9 mars 1774. .De cette union naît, quelque
part dans les bois du Tillet, Foliguet Joseph, le 3 novembre 1810. Cet homme, s’il meurt à Jussey
(Haute-Saône) quelques soixante-huit ans plus tard aura eu entre temps une existence conjugale
multiple et très diversifiée. Il est bûcheron de son état. Sa vie matrimoniale débute le 29 janvier 1838
lorsqu’il passe un contrat de mariage devant Maître Petitclerc , notaire à Colombier, un village voisin,
avec
Charlotte Gentil, âgée de 28 ans, originaire de Calmoutier. Union illusoire et sans grand
lendemain, car le 18 octobre 1841, il contracte mariage avec Marguerite Bruleport de Calmoutier, née
dans ce village le 26 mai 1813. Elle lui donne quatre enfants, entre 1843 et 1852, une fille et trois
garçons dont deux faux-jumeaux, Ferréol et Joseph Jules, nés le 9 décembre 1952, à Colombotte.
Ferréol est l’aîné, plus joufflu, Joseph est plus malingre. Il le restera sa vie durant, du moins donnerat-il cette impression !. Marguerite Foliguet meurt à 50 ans, le 23 octobre 1863 laissant au moins trois
enfants à la charge de Joseph . Lequel sans attendre signe un nouveau contrat de mariage, qui subit
le même sort que le premier et en définitive le conduit à se remarier à Françoise Rosine Ducret, née
à Mollans (Haute - Saône) le 10 octobre 1834 (elle a 30 ans , il en a 54 !). Mais cette situation
matrimoniale nouvelle ne plait pas du tout aux jumeaux qui sont dans leur douzième année, très
malheureux d’être orphelins et livrés à cette belle-mère .Ferréol et Joseph réclament à cor et à cri à
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être pris en charge par leur oncle François Bruleport dit « l’ Ami » et leur tante Marie Vivier son
épouse qui habitent aussi Calmoutier. Ainsi, obtenant gain de cause, seront-ils accueillis et élevés
avec leur cousine germaine Marie Bruleport, fille des précédents , née en 1856 . Dans cette famille d’
accueil on les appelle désormais « les petits Foliguet », un sobriquet sans malice ni moquerie qu’ils
porteront jusqu’à un âge fort avancé. De là va s’ établir un lien parental affectif durable et profond
qui bien des années après marquera la vie à Saulx de manifestations festives où il leur plaira de
rappeler cette période de leur vie
Et ces petits vont grandir, devenant après apprentissage, mais toujours ensemble des artisans
cordonniers, qui s’installent
à Saulx, qui devient alors leur cité d’ adoption à tel point qu’ils y
acquerront en août 1885, puis en mai 1893 deux corps de logis qui deviendront leur résidence
principale dont il sera question plus loin.
Dans le même temps , apparaît, toujours dans les suites de la Guerre de « Dix ans » dans l’
est de la France et plus précisément dans le Jura, le Doubs et la Haute-Saône, disons vers 1650, un
patronyme
assez agressif quant à sa distribution territoriale ultérieure, celui de Trouillot. Dans la
périphérie de Saulx, qui reste notre point de mire, on les trouve , dès 1700 à Bithaine et Colombe-lèsBithaine. D’autres s‘installent dans les cantons voisins de Lure ( à Adelans) et de Luxeuil ( à Citers et
à Dambenoît). (4) (5) Comme leurs contemporains, ces migrants sont laboureurs ou cultivateurs.
L’ancêtre de la lignée, prénommé Jacques, trouve son origine présumée dans le Haut-Doubs (région
de Villers-Chief, Villers-la-Combe, Vellerot-lès-Vercel, voire Courtetain [Doubs] ) Il est marié à
Françoise Vonnin (ou Voüenin) du même coin. Des huit enfants issus de leur union, deux, Jacques et
François Trouillot vont se retrouver en Haute-Saône. C’est ainsi que dans la lignée qui est notre
propos et en fonction des données d’archives disponibles on découvre Jacques, qui épouse à
Châtenois le 25 octobre 1701, Françoise Simonin. Il est dans la culture. Le couple va avoir une
prolifique descendance:qui verra le jour tant à Châtenois pour les uns qu’ à Saulx pour les autres :
Denis ( en1702), Elisabeth ( en 1704), Anne ( en 1705), Claude François ( en 1707) , Jacques
(en1708), François (en 1711) , Marie Françoise ( en 1713) ; Jean ( en 1715), Claude François (en
1717), Françoise (en 1719), enfin Eléonore ( en 1721). Après le décès, sans doute prématuré, de son
épouse Françoise, il se remariera le mardi 4 mai 1723 avec Françoise Clément de Saulx dont, par
contre, ne sortira aucune progéniture. Il mourra à Saulx le 31 mars 1743 où il sera inhumé en
présence de ses fils François et Jean. Notre intérêt se fixera d‘abord sur son frère François (° 1711),
installé à Châtenois (70) et qui le 15 octobre 1709, dans cette même localité prendra femme en la
personne de Sébastienne Bresson originaire du lieu. L’ événement se concrétisera par la rédaction
d’un contrat de mariage de quelques cinq pages dont les termes témoignent à l’ évidence d’un esprit
de solidarité familiale dans le présent et le futur qui mérite d’ être souligné. Et qui plus est illustre
parfaitement le dynamisme expansif de cette patronymie Trouillot. Ensuite, fermant cette parenthèse
de fratrie, nous revenons
à son sixième enfant prénommé François,
cultivateur, qui bien qu’
originaire de Châtenois, va s’ installer à Saulx, s’ y marier le 4 mars 1737 avec Marguerite Privey,
native du lieu le 26 avril 1714. Si l’on en juge par divers actes notariés dont on dispose encore
aujourd’hui, ce François Trouillot , durant les 73 ans de sa laborieuse existence, plus précisément le
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couple Trouillot-Privey, va manifester à son tour un dynamisme indéniable, une opiniâtreté
incontestable à édifier un patrimoine et partant une certaine réussite sociale au finage de Saulx. Dans
le même temps, signe évident d’un certain bien-être, les enfants se feront nombreux neuf connus de
1737 à 1757, qui ne vivront pas tous . Jacques naît en 1737, puis
Marguerite en 1742, Pierre
François en 1743, Elisabeth en 1745, Anne en 1747, Hermeline en 1748, Marguerite en 1751, Claude
François en 1754 et Anne Elisabeth en 1757 Il convient de préciser que Marguerite Privey est la fille
de Jean et d’ Elisabeth Ferrier qui se sont épousés le 14 février 1708 à Saulx. Elle a, par ailleurs, un
frère Pierre , né le 1er novembre 1728. Les Privey et les Ferrier sont implantés dans ce village depuis
un certain temps déjà, bien que leur origine reste imprécise faute des pièces administratives
nécessaires. Ce que l’on sait c’est qu’ Etienne Privey, le père de Jean, s’est marié le 30 avril 1672 à
Saulx avec Marguerite Viney du même lieu et que de cette union naîtront sept enfants de 1672 à
1687. Dans cette fratrie on relève la présence d’ Anne Claude ,venue au monde le vendredi 28 février
1687, qui épousera le 23 novembre 1708 à Saulx Jean François Dunand et qui mettra au monde le
14 janvier 1711 un fils prénommé Balthazard. L’ intérêt de cette discrète digression familiale réside
dans le fait que ce Balthazard sera bien des années après le témoin assidu d’un bon nombre d’
évènements funéraires touchant les familles Privey, Trouillot et Lamotte. Du côté Ferrier, Elisabeth,
qui est née vers 1680 et décédée le 19 février 1758
présentera comme parenté une sœur
prénommée Marguerite, dont l’ existence est révélée ci-après. En effet l’appétit d’ expansion
immobilière évoquée plus haut de François Trouillot semble s’initier à partir d’un acte de donation que
va faire cette Marguerite Ferrier , le 3 mai 1748, à ses neveu (Pierre Privey) et nièce ( Marguerite
Privey, épouse François Trouillot) , par devant Adrien Briffaut, notaire royal à Saulx (pièce n°9)
donation faite « en considération des services qu’elle a reçu de l’un et de l’ autre et qu’elle espère
recevoir ensuite » Donation assez conséquente, qui s’ étale sur sept feuillets de texte, et n’en
comporte pas moins « sept quartes et demi, trente quatre coupes, trois boissels et une faulx de
prés », le tout disséminé sur le territoire de la commune en des lieux-dits divers, et qui
approximativement correspondrait à quelques 138 ares d’ unités agraires actuelles estimée à trois
cent cinquante livres , en monnaie de France. Le tout dépendant de la seigneurie mainmortable de
Messire Charles Emmanuel , marquis de Saint-Mauris , baron et seigneur de Châtenois, Saulx , La
Villeneuve et autres lieux, qui en fixe tous les droits. L’année suivante , le 11 mars, sous la plume de
Claude Etienne Froidot, tabellion du précédent marquisat , est rédigé un acte de cession à François
Trouillot, d’une demi-faulx de prés (environ 20 ares) de Françoise Clément, veuve Jacques Trouillot,
sa belle-mère, d’une valeur de quarante-cinq livres royales (pièce n° 1). Quatre ans plus tard, le trente
avril 1753, François Trouillot achète à Antoine Faivre, de Saulx, un champ de cinq quartes et demies (
soit 58 , 5 ares de Luxeuil ) pour la somme de 195 livres tournois, par devant le même tabellion de la
même juridiction seigneuriale de Châtenois (pièce n°2). Opiniâtre, il récidive le 21 mars 1758, en
acquérant pour quarante huit livres en monnaie royale, de la tante de son épouse, Marguerite Ferrier,
dont il a été question plus haut, un champ de trois boisseaux ( approximativement huit ares Luxeuil),
situé « En Viétable » sur le territoire de Saulx : opération foncière qui requiert néanmoins
un
consentement spécial du marquis de Châtenois parce que le bien relève de la franchise de
Faucogney. On notera qu’ au niveau notarial intervient le fils du notaire, qualifié de praticien, qui a
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rédigé l’ acte contresigné par son père, devenu notaire royal (pièce n°3). L’extension immobilière se
poursuit la même année, la 20 juillet, par l’ achat à Paul François Py de Saulx, d’un champ de trois
boisseaux , mesure de Luxeuil, ( 8 ares) au lieudit « Au haut Caubillet », pour la somme de quarante
deux livres royales et deux livres dix sols de vin : opération passée par devant Maître Claude Antoine
Parisot , notaire royal du lieu , lequel instrumente à cette occasion avec Claude Etienne Froidot. La
mainmorte relève cette fois de la seigneurie de Genevrey ( pièce n°4). Dans la foulée des
acquisitions, quelques mois plus tard, le 21 décembre 1758, son beau-frère Pierre Privey lui cède cinq
boisseaux « En Biegelaux » et un boisseau 4 coupes « En Rossey », toujours sur le finage de Saulx
(pièce n° 5). Le 11 octobre 1762, il acquiert (pièce n°6) de son frère Jean, âgé de 47 ans, marié le 9
mars 1743 à Luxeuil (Haute-Saône) à Françoise Valot, deux quartes de champ, au lieu-dit « Au
champ du poirie »
pour la somme de vingt-quatre livres en monnaie royale , de la seigneurie
mainmortable de Châteney L’ acte est signé en l’ étude de Claude Etienne Froidot, notaire royal à
Saulx en présence de Claude François et Pierre Luc, témoins requis. Là encore les droits du marquis
de Saint-Mauris sont implicitement réservés. Le dit marquis lui vend à son tour, le 20 décembre de la
même année, un boisseau de chenevière située sur le finage de Saulx au lieu-dit « En la vie » en
mitoyenneté avec Claude Luc et les héritiers de Jean Noë, provenant de l’ « échute » d’une certaine
Françoise Ferriere de Saulx, sujette mainmortable de sa seigneurie ( pièce n°7), décédée à l’ âge de
67 ans, le 14 novembre 1762 (Inhumation en présence de Pierre Privey, 1728-1772, époux Janney
Anne Françoise – Besançon ?).Dans un acte de vente en date du 28 février 1763, par devant Me
Claude Antoine Parisot, notaire royal à Saulx (pièce n° 8) Jean Trouillot et son épouse Françoise
Valot cèdent à nouveau à leur frère et belle-sœur une vigne vignotte, sise « au champ d’ augrange »,
d’une contenance de six ouvrées. Cette pièce de terrain relève pour partie de la mainmorte de SaintMauris (4 ouvrées)(a) et de celle de l’ Abbaye royale Notre-Dame de Bithaine ( 2 ouvrées ) de l’ autre.
Nicolas Cautenet et Antoine Savarin de Saulx sont les témoins requis pour cette tractation.
Quoiqu’il en soit, Marguerite Privey, épouse François Trouillot, meurt à Saulx le 3 juin 1777, à 63
ans .Lui, décédera sept ans plus tard. L ‘évolution successorale de ce couple est mal connue. Pierre
François Trouillot épousera à Saulx le 24 janvier 1769 Anne Deile Gatey qui lui donnera neuf enfants .
Sa sœur Hermeline convolera en justes noces avec Nicolas Baudouin à Saulx le 4 janvier 1774 et
aura cinq enfants . Marguerite l’ autre sœur deviendra Madame Beauquier Jean, à Saulx le 11 janvier
1780 et aura elle-même sept enfants. Quant au dernier fils Claude François, il nous intéressera au
premier chef. Après un premier mariage , à Saulx , le 5 février 1782, avec Françoise Baudouin, née en
1760 qui se soldera après la naissance d’un quatrième enfant au décès de celle-ci le 4 juillet 1791,
Claude François se remarie à Saulx le 11 février 1794 avec Anne Françoise Magrey, née le 8
décembre 1766 à Dambenoit-lès-Colombe ( Haute-Saône). Elle est la fille de Thomas, un laboureur et
de Montagnon Marie Françoise. Si le couple ne s’ avère pas très prolifique en progéniture , deux
filles : Félicitée qui verra le jour le 3 floréal an XIII ( 23 avril 1805) et Marie Françoise., il n’en poursuit
pas moins l’ acquisition d’un certain domaine agricole. On peut s’ étonner que ce soit la femme qui
traite des affaires, avec le consentement et sous l’autorité juridique du mari certes, et sa signature ,
« elle ne sait pas la faire » : une question de contrat de mariage sans doute ! Sont ainsi acquis sur le
territoire de Saulx : un champ de 14 ares 76 ca « En Champ Vanney » en décembre 1805 (pièce
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n°10) , un champ de 31 ares 1 ca (pièce n°11) au lieu-dit « Courcelle » et 17 ares 72 ca de terres
labourables en « Patenezeaux » (pièce n°12) en janvier et mars 1807. Par contre sont cédées des
parcelles de terre sur le territoire de Dambenoit (d’ où est originaire la « venderesse ») et de Citers,
d’ une surface totale de 60 ares 30 ca, pour une somme de 1590 livres( pièce n°13). Le couple s’
éteindra en avril 1827, elle le 1er, lui le 5. laissant deux filles célibataires. C’est alors que Félicitée,
l’aînée (la trisaïeule de l’ auteur), âgée de trente ans, rencontre Joseph Gabriel Lamotte de Saulx.
Leur union y est célébrée le 6 janvier 1835. Quelques jours plus tôt, le 2 janvier 1835, les deux sœurs
avaient procédé au partage amiable de la succession de leurs parents, champs et prés ayant été
divisés en deux lots sensiblement équivalents, puis tirés au sort. Le tout établi sur un papier timbré
royal à 35 centimes non notarié (pièce n°14). A Marie Françoise, épouse Claude Etienne Lalette
échoit le 2ème lot, de 17 parcelles. Le lot de Félicitée comprend 15 sections : 1) « Aux Fourches », de
4 ares 34 c, entre les aboutissants et un Servigney .2) « En Bas Guenerey », 28 ares 56 ca entre
François Gillet et Jean Baptiste Bertrand.3) « Aux Grandes Corvées », 18 ares 63 ca entre les
héritiers Jeanney et M. Bailly 4) « En Praré le haut », 13 ares 16 ca entre son partage et M. Gravier 5)
« En la Grère », la moitié de 12 ares 9 ca joignant les héritiers Luc 6) « En Bainville », la moitié de 20
ares 23 ca, joignant les héritiers Thomas. 7) « En Champ Bozon », 29 ares 70 ca - la Vve Bertrand
et Py.8) Au même lieu , 8 ares 97 ca entre Jeanney Bonaventure et les héritiers Saintigny.9) « En
Champ Vanney », 13 ares 46 ca – son partage et la renverse 10) « En Praré le bas, 8 ares 61 ca –
Bertrand Etienne et les Giroz 11) « En Chêneliétas », tant champ que pré, 14 ares 21 ca entre Duprez
et Charles Luc. 12) « En Patenaiseau », 9 ares 24 ca son partage et Jos.Parain. 13) « En Bigeaileau »
9 ares 71 ca son partage et les Trouillot 14) « En la Saute », 12 ares 89 ca à prendre la rive du côté
du bois 15) « En Pré d’ Ossot » , 10 ares 76 ca entre Courbey et les Bin. Soit au total une surface de
188 ares 40 ca. Voilà donc les Trouillot de Saulx affiliés aux Lamotte.
Le patronyme Lamotte ou encore Lamothe , très fréquent sur tout le territoire n’apparaît
cependant dans le finage de Saulx, sur les documents existants, que vers 1733, date où une certaine
Antonia Lamotte est marraine au baptême de Lamotte Charles, né le 9 mars 1733 à Châteney de
Jean François et de Anjeux Marie. Jusqu’à présent on ignore tout de leur origine. Des Lamotte il en
existe certes dans la région haut-saônoise à cette époque : Jussey, Oiselay, Rosières-sur-Mance,
Melin, Poyans, Colombier. Mais aucune filiation plausible n’ a pu être établie entre Saulx, Châteney et
ces diverses paroisses. Quoiqu’il en soit un certain Lamotte Pierre François, né vers 1702, épouse à
Saulx une dénommée Dunand Ondette, dans les années 1730. Les Dunand semble une famille
implantée au lieu depuis un certain temps déjà ! A été soulignée plus haut leur parenté avec les Privey
par Anne Claude et Jean François Dunand. Ondette ( Odette) Dunand est née le lundi 5 mars 1703 à
Saulx
(70).Elle
est
la
fille
légitime
de
Pierre
Dunand
et
de
Jeanne
Huin
(Guin)
Sur le microfilm des Registres paroissiaux de Saulx B.M.S. 1716-1792 N°1115809 (origine Mormons)
on note des incohérences et des « lapsus calami » concernant l'époux et la progéniture d'
Ondette
Dunand, une certaine similitude d'orthographe, voire de prononciation semblant avoir entraîné des
erreurs de transcriptions de patronyme: celui de Mouttote se substituant, à plusieurs reprises, à celui
de
Lamotte.
On
peut
élaborer
plusieurs
hypothèses
concernant
ces
anomalies:
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est mariée deux fois: la première avec Pierre François Moutotte dont on ne
1ère hypothèse: Ondette s'
trouve aucune filiation avec les Moutotte existant préalablement dans la commune et dont elle aurait
eu trois enfants; la deuxième avec Pierre François Lamotte. Du premier lit seraient nés:Françoise, °
23.09.1739 à Saulx, enregistrement précisant que Pierre François Moutotte est manouvrier, François °
9.03.1737, document où le prénom de l'épouse Dunand n'est pas lisible ni traduisible en Ondette et
enfin Marie Madeleine, °22.02.1735 à Saulx, le prénom de la mère évoquant vaguement Odète. L'
absence de trace de décès de ce Moutotte après cette date et par ailleurs le manque des registres de
mariages de 1734, 1735 et 1736, ne permettent guère d '
apporter une réponse formelle à ce dilemme.
2ème hypothèse : Une erreur d'inscription de la part du prêtre officiant qui tient au fait que le
7.04.1743 un enfant prénommé Claude François est enregistré sous le patronyme de Moutotte et le
14.04.1743 est inhumé sous la patronyme de Lamotte avec les mêmes géniteurs. La même erreur se
retrouve avec Françoise, née Moutotte le 23.09.1739 et inhumée le 16.05.1752 sous le patronyme de
Lamotte avec les mêmes parents. De même avec les mêmes père et mère, le 11.03.1744, naît
Julienne "Moutotte", alors que le 01.02 1747, une fille Anne Claude est enregistrée sous le patronyme
de Lamotte.3ème hypothèse: Il reste encore plausible qu'
une autre Dunand, prénommée par hasard
Ondette
ou
Odette
ait
épousé
entre
1734
et
1736
un
Moutotte
Pierre
François.
On relève par ailleurs une anomalie identique avec Grattepin (Gratepain) Françoise, décédée le
09.05.1772, âgée d'
environ 98 ans et veuve de Lamotte Pierre et inhumée en présence d'
un NIcolas
Lamotte. Or le couple a eu un enfant François, né le 12.04.1727, enregistré sous le patronyme
"Moutote".
Quoiqu’il en soit l’ histoire des Lamotte de Saulx se poursuit par le mariage à Saulx le 1er
décembre 1757 du 2ème enfant , François, manouvrier, avec Jeanne Blanche, née à Pomoy (HauteSaône) , le 15 décembre 1733. Le couple très prolifique aura dix enfants, tous nés à Saulx, entre
1758 et 1776 dont quatre seulement survivront et auront une descendance notable : Claude Etienne
(° 11 décembre 1768), Jeanne Claude (°12 février 1771), Marguerite Pierrette (° 22 juin 1775) et
Pierre (° 13 avril 1776). Le premier d’entre eux, Claude Etienne épousera le 23 janvier 1797, à Saulx,
Etiennette Gilliet, née dans la même localité le 1er novembre 1768, fille de Jean François, et de
Michel Jeanne Antoinette du hameau de La Montoillotte, au voisinage de Saulx. Neuf enfants verront
le jour de cette union, entre 1799 et 1814. Seul le cinquième, Joseph Gabriel retiendra notre intérêt
ultérieurement. Claude Etienne Lamotte meurt à 51 ans le 13 mars 1819. Sa veuve n’ en enrichit pas
moins le patrimoine immobilier en acquérant d’un Mr Pierre Aimé Lamotze, propriétaire à Bithaine
(Haute-Saône) un champ de 25 ares 99 ca au lieudit « Au Pâtis » sur le haut de Saulx jouxtant la
route de Luxeuil pour la somme de 160 francs en numéraire (pièce n°16). Etiennette Gilliet Vve
Lamotte décède le 28 mai 1836, à 68 ans, soit 17 ans après son époux. Dès le 5 juillet suivant, les
enfants vivants du couple engagent le partage de la succession de leur mère et père : soit Anne
Claude, Joseph Gabriel, François, Marie et Claude Françoise.
A Joseph Gabriel, né le 3 germinal An XIII (24 mars 1805), échouera par le sort le deuxième
lot du partage consistant en : 1) Moitié du champ du « Courbot », une quarte entre la Veuve Chavet
et son partage ; 2) « En la Picarde » deux quartes entre les héritiers Bin de part et d’autre et 3) « Au
Patis » la moitié d’un champ de trois quartes le rive contre Hubert Jacquey (pièce n°17). Il a épousé
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Félicitée Trouillot, de 3 mois sa cadette (23 avril 1805), rappelons-le, le 6 janvier 1835 à Saulx. Entre
temps il est devenu facteur de la poste aux lettres. Ils auront cinq enfants entre cette date et 1850,
tous nés à Saulx : Marie Emilie ° 11 septembre 1835 ; Etienne ° 9 octobre 1837 ; Claude François ° 5
avril 1840 ; Marie Victorine °12 février 1845 et Jeanne Marie ° 26 novembre 1850. Des documents
ultérieurs feront état de l’ existence de deux personnages, Sébille Félicie et Lamotte Esther Vve Girard
comme faisant partie de cette fratrie. Dans les années qui suivent ils acquièrent encore quelques
terres : 1) Permutation le 21 novembre 1838, « En Champ Bosson » d’une terre labourable de 4 ares
45 ca entre Chapelot et Lamotte-Trouillot avec François Aubert (pièce n°18) ; 2) Achat aux enchères,
le 8 mars 1840, au couple Mersiguet Louis-Ferrière Françoise, d’un pièce de 19 ares 59 ca « En la
Bougeaille », entre Vieuxmaire et Mathieu, adjugé 320 francs en principal (pièce n°19) et enfin (3)
Acquisition , le 18 juillet 1841, d’un champ situé au lieu-dit « En Bijélleau » de 17 ares 82 Ca aux
sieurs C.L. Matthieu, E. Saintigny et J.Lalette, pour deux cents francs (pièce n°20). Joseph Gabriel
décède à Saulx le 29 mars 1856, à l’ âge de 51 ans . Sa veuve Félicité n’en achète pas moins à son
beau-frère Claude Etienne Lalette, veuf lui aussi, par adjudication, le 3 janvier 1858, pour 140 fr la
terre lieudit « Au travers la Grère », section E n° 898, d’une contenance de 6 ares 48 ca ( pièce n° 15).
Son fils Etienne, âgé de 24 ans, facteur de la poste lui aussi, se marie le 4 juin 1862, avec une
fille de Vellefrie, localité à 5 km de Saulx, Marie Emélie Breuillin. Née le 16 février 1837, elle est la fille
de Jean Auguste ( ° Vesoul , 02.04.1807) et Marie Josèphe Lanfumey. Le couple aura deux enfants :
Marie Olympe, couramment Olympe (aïeule de l’ auteur), née à Vellefrie, le 30 mars 1863 et Auguste
Victor né à Saulx le 3 octobre 1864. Etienne Lamotte va, sa vie durant, patiemment, méthodiquement,
édifier son domaine rural pour devenir propriétaire. Dès décembre 1858, Samuel Wolf, demeurant à
Besançon, mandataire des frères Mathieu, lui cède pour 680 francs un champ en sombre au lieudit de
Saulx « Bigeailleau », section C n°498, de 52 ares 79 ca (entre Perrin et Vve Lamotte) (pièce n°21).
Le 29 février 1864, il achète dans le même secteur « En Bigeaillaux » à Balthazard Gilliet un champ
de 4 ares 45 ca pour la somme de 40 francs. (pièce n° 22). Le 10 mars 1872, au cours d’ enchères
publiques , par devant Me Noirot, notaire à Saulx, lui est attribuée solidairement avec Charles Luc
propriétaire cultivateur, pour 820 francs, une vigne sise au lieu-dit « Champ d’ Augrange » de 25 ares
40 ca (section A, n° 82 et 83)( origine Luc François) (pièce n°23). Le 28 juillet 1875 a lieu la répartition
à part égale de la précédente vigne entre les deux copropriétaires, qu’ accompagne à l’ appui un plan
« intelligible » (pièce n° 24). Le 21 janvier 1880, suivant un acte reçu par Me Noirot, notaire à Saulx la
communauté légale Lamotte – Breuillin achète aux époux Edouard Lecomte et Céleste François de
Paris, un petit immeuble , qui comporte deux pièces en rez-de-chaussée, et deux pièces à l’ étage,
grenier, cuverie séparée, cour, jardin et verger, le tout couvrant une superficie de 28 ares 56 centiares
et figurant au cadastre sous les Nos 102p, 103, 106,109, 112, 113p, 128p, A, au lieu-dit « Champ d’
Augrange » Cette propriété dérivait des avoirs antérieurs de Claude François Trouillot., époux Magrey
(cf ci-dessus).
Une telle acquisition va entraîner quelques années plus tard des relations de voisinage et de
mitoyenneté avec les deux frères Foliguet, devenus propriétaires au même lieudit, le 27 août 1885
d’un corps de bâtiment, avec ses dépendances et jardin ( section A, N° 98 du cadastre), origine
Legrand, cédé par les époux Léon Benjamin Biot, agent voyer – Alice Bailly, demeurant à Vesoul,
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devant Me Lamboley, notaire en cette ville. L’ acte de vente d’ alors stipule : 1°) que la maison « est
composée de deux chambres au rez-de-chaussée, deux à l’ étage, grenier au-dessus, une écurie
joignant le corps de logis ; grenier à fourrage sur cette écurie ; d’une petite chambre au bout, four,
d’une cave à côté de cette chambre, avec hébergeage au-dessus des deux pièces ; de la moitié de la
grange et des éperchés au-dessus, à partager par bout du côté nord (ou bout de derrière). Enfin un
jardin derrière la maison . La grange est comprise au cadastre sous le N° 99 ( origine de propriété
Dunand) , en contenance de trente quatre centiares environ et le jardin sous les Nos 88 et 90,section
A , environ un are le tout, est confiné par les héritiers Gillet, Charles Girod et Claude François Robert.
2°) Une cour située entre le jardin et la maison, et le puits qui s’ y trouve ». ( plan 1) - ( plan2 ). L’
acquisition était faite pour la somme de deux mille quatre cent cinquante francs, réglables en huit
termes égaux avec intérêts annuels à 5%, le marché étant en outre assujetti à certaines clauses
restrictives, en particulier dans la propriété et l’ utilisation du puits. Témoins : Mrs Jean Baptiste
Vincent, instituteur en retraite et Antoine Maussire, clerc d’ avoué (pièce n°35b).
Ladite maison, fortement hypothéquée, avait été acquise par héritage du sieur Biot de son
père Bernard, décédé à Vesoul le 12 novembre 1879, lequel l’ avait achetée aux époux Robert Claude
François et Thiédey Charles Françoise de Saulx, le 12 mars 1869, pour la somme de mille deux cents
francs (pièce 35a) .
Voisinage, puis idylle qui aboutiront le 15 février 1888 à l’ union entre Olympe, 25 ans,
couturière, fille aînée du couple Etienne Lamotte - Marie Emélie Breuillin, en l’ église de Saulx avec
Ferréol Foliguet, 35ans, cordonnier. Joseph, le jumeau , cordonnier lui aussi inséparable de son frère,
s’installera alors avec le ménage.
Cet événement n’ altère nullement l’ appétit expansionniste d’ Etienne. Le 17 décembre 1891,
c’est Charles Bin propriétaire de Saulx qui lui cède , pour 30 francs, une vigne au lieu dit précédent
de 6 ares 35 ca confinée de toute part par François Jacquey ( pièce n°25). Qu’à cela ne tienne ! Des
tractations bien conduites aboutissent le 8 avril 1893 à la cession par le ménage François JacqueyEuphrasie Luc à notre facteur de la parcelle de vigne gênante de 10 ares 35 ca pour la somme de 40
francs payés comptant (pièce n°26). Puis s’ajoute le verger de Mrs Eugène et Gabriel Chobard,
suivant acte reçu par Me Broillet, notaire à Saulx, le 28 avril 1894. La mise à la retraite de l’ intéressé
ne tarit pas son appétit d’ agrandissement domanial. En témoigne l’ achat qu’il fait le 17 novembre
1902 (pièce n°27), devant Me Joseph Ferdinand Girardot, notaire à Meurcourt (Haute-Saône) de
biens appartenant à son neveu Eugène Lucien Lamotte, fils de Claude François, décédé en 1882 et
demeurant à Bentaron, commune de Luzancy (Seine-et-Marne). Il s’agit de : a) Section B, n° 247, en
Champ Bozon d’une terre de 14 ares 85 ca ; b) Section C, n°764, en Bainville, d’une terre de 4 ares
86 ca ; c) Section E, n° 1274, en Praré-le-Bas, d’une terre de 8 ares 60 ca ; d) Section E, n° 1968, en
La Croix de la Louvière, d’une terre de 9 ares 15 ca et enfin en e) Section C, n° 195, Sous la Vigne,
d’un pré de 18 ares 19 ca soit une augmentation de contenance de 55 ares 65 ca pour la somme de
450 francs comptant. Un mois plus tard, le 7 décembre 1902, il achète (pièce n°28) les deux tiers
d’indivision qui le lie à deux sœurs , Félicie Sibille et Esther Lamotte (cf ci-dessus) et qui consiste en
a) Section B, n° 198, En Champ Beauzon, une terre de 8 ares 97 ca ; b) 1ére section des Pâtis, B
n°1023, une terre de 13 ares 5 ca ; c) En Bigeailaux, section C n° 499, 500,501 8 ares 4 ca et en d)
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Au Travers de la Grère, section E, n° 898 une terre de 12 ares 95 ca., pour un total de 100 francs, soit
50 francs « pour chacune des venderesses ». Le 1er avril 1903, c’est lors d’ une nouvelle sortie
d’indivision conjointement à sa parente Sibille Félicie et un cousin, Jules Besançon de Creveney, que
le sort dans le partage lui attribue ( pièce n° 29) : a) Section D, n°644, Bougeaille, une terre de 20 ares
20 ca ; b) Section C,n°1330, La Saute, une terre de 12 ares 83 ca ; c) Section C, n°847 p Bigeailaux,
une terre de 9 ares 1 ca ; d) Section B, n°247 p, Champ Beauzon, une terre de 14 ares 85 ca ; e)
Section E, n°1274, En Praré le Haut, une terre de 13 ares 16 ca et f) Section E n°1998, La Ravère,
une terre de 9 ares 23 c, le lot , d’une contenance totale de 29 ares 28 ca, estimé à 150 francs. Dans
la foulée, et pour effectuer un mini-remembrement de ses biens , il procède à un échange de terres
avec Jules Besançon son cousin de Creveney ( pièce n°30). Il lui cède 4 ares 10 ca en Bigeaillaux
(pièce n° 22), 8 ares 4 ca au même lieu (pièce n° 28) et 29 ares 70 ca en Champ Beauzon (pièce n°
29) ; Il reçoit, toujours sur le territoire de Saulx : a) Section D, n°1499, lieudit Corne de la Prayotte, un
pré d’une surface de 22 ares 25 ca ; b) Section D, n°1563, même lieudit un pré de 60 ca ;c) Section E,
n° 1857, lieudit Baraque Jean Lambert, une terre labourable de 23 ares 59 ca. Le même jour (pièce n°
31) Félicie Sibille, déjà nommée, lui vend pour 50 francs comptant une terre labourable de 13 ares 46
ca , Section B, n°353 p, En champ Vanney et une autre de 9 ares 15 ca , Section n°1968, Croix de la
Louvière, provenant du partage évoqué pièce n° 29. Enfin le 8 mai 1903, Aux Grandes corvées,
Section B, n° 501, une terre de 18ares 63 ca.
Ayant ainsi constitué un conséquent héritage, le couple Lamotte-Breuillin décide, sans doute
pour des questions de santé, le 15 septembre 1904, une donation-partage entre leurs deux enfants,
Olympe, épouse Ferréol Foliguet et Auguste Victor, qui ayant suivi comme son père et grand-père la
carrière des postes, est devenu commis de ladite administration et habite à Paris 212 ,boulevard
Raspail .Le détail , tel que le rapporte l’ extrait notarial de Me Edmond Burcey, de Saulx, indique que
le 1er lot qui échoit à Mme Foliguet comporte une contenance globale
répartition est explicitée dans la pièce n° 32. Le 2
ème
de 253 ares 75 ca. La
lot, à Auguste Victor Lamotte, comporte des
biens principalement sur le territoire de Vellefrie .La mère, Marie Emélie Breuillin meurt à Saulx, le 21
mars 1905 à 68 ans et un inventaire estimatif du mobilier existant alors aux domicile du ménage s’
avère d’une relative médiocrité : un lit monté (50 frs), un buffet (25 frs), une table en sapin (5 frs), 6
chaises à 0,50 fr l’une, un fourneau (5 frs), un stère de bois de chauffage (6 frs), linge de table et de lit
(10 frs), ustensiles de cuisine (6 frs), 2 habillements à 20 frs l’un, soit un total de 150 frs, pour la
succession (pièce n°33). Etienne Lamotte décède à son tour, à 69 ans , le 6 juin 1907. Et le 13 juin , il
est procédé au partage par les deux enfants Olympe et Victor, par devant Me Joseph Ferdinand
Girardot, notaire à Meurcourt (Haute-Saône), de la succession de leurs parents ( pièce n° 34). Alors
que la maison et le verger sont attribués à Victor Lamotte, en contrepartie d’une soulte de 1080 francs
payés comptant à sa sœur, ainsi que des biens sur la commune de Vellefrie, Olympe, épouse Ferréol
Foliguet, reçoit : a) Section E, n° 1983, en La Ravère, une vigne de 8 ares 57 ca (acquise le 20 janvier
1880, par acte recu de Me Noirot) ; b) Section B, n°1, en Le Courbot, une terre de 9 ares 76 ca ; c)
Section B, n°1018 p, 1018 bis, 1ère section des Pâtis, une terre de 17 ares 68 ca ; d) Section E,
n°1858, en Baraque Saint-Lambert, une terre de 18 ares 52 ca ; e) Section B, n°1023, , en 1ère section
des Pâtis, une terre de 13 ares 5 ca. Le patrimoine immobilier Lamotte-Foliguet s’enrichit donc ainsi
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de 67 ares 58 ca. S’y ajouteront les acquisitions : 1) le 21 mai 1907, à Victor Lamotte, d’un pré
(Section C, n°295) Sous la vigne, de 18 ares 19 ca, originaire de la donation-partage antérieure 2) le
1er mars 1910 en Prés du Viétable, diverses pièces de 31 ares 31 ca (Section E, 1031,1032,1033) et
enfin en Bainville (Section C, n°799, de 10 ares 12 ca Acquisitions qui sont consignées dans l’ acte
de vente établi le 16 février 1936, chez Me Renard, notaire à Monthureux-sur-Saône (Vosges) portant
les biens à environ 380 ares.
Entre temps les deux frères Foliguet ont de leur côté enrichi aussi leur patrimoine, en
effectuant l’ achat de la partie mitoyenne de leur propre corps d’ habitation. L’opération fut réalisée
par devant Me Henri Woehling, successeur de Me Henri Heitz, notaire à Saulx, le 17 mai 1893 entre
eux et Melle Augustine Robert, femme de chambre, demeurant à Besançon ; 18 rue Saint-Vincent ,
pour la somme de deux mille francs à régler en quatre termes égaux avec intérêts annuels de 5%
(pièce n°38).
Cette vente comportait : 1°) Une maison cadastrée 88, 90, 98, 98, 99,99 100,100,101,101, au
lieu-dit « Champ d’ Augrange », maison,sol, jardin, le tout d’un seul tenant, composée d’une cuisine
et d’une chambre au rez-de-chaussée, d’une chambre au-dessus de la cuisine, grange mitoyenne
avec la précédente, écurie et cave au bout de la chambre, aisances et dépendances, acquise par
licitation des propriétaires antérieurs Robert-Thiédey, le 27 octobre 1887, dont Melle Robert était l’
héritière pour partie. 2°) Un petit jardin, situé section A n°101, au lieu-dit « Champ d’ Augrange », d’un
are environ, au bout des aisances et dépendances de la maison, avec droit de passage dans un
« treige » (mot franc-comtois signifiant passage à travers, chemin le plus court ) ( 7), allant chez Mr
Lamotte pour y arriver. Ce jardin avait été acheté pour 80 frcs (pièce 38 a), le 4 février 1889 à Mr
Viard, négociant à Saulx ; lequel l’ avait lui-même acquis de Jean, Jeanne et Marguerite Trouillot, par
devant Me Noirot, notaire à Saulx le 20 octobre 1880.
Le couple Ferréol Foliguet-Olympe Lamotte s’ était aussi agrandi : étaient venus au monde le
18 octobre 1891, Joseph Victor et le 27 janvier 1896 Jules Etienne. Par ailleurs le 1er mai 1907,
Ferréol Foliguet effectue avec Joseph Laurent propriétaire demeurant à Creveney (Haute-Saône) un
échange de parcelles (un pré en Bigeaillaux de 9 ares 1 ca – n° 847 p contre une terre labourable de
20 ares 1 ca au lieu-dit Bainville- n° 799 section C), sans autre formalité (pièce n° 39).
Foliguet Joseph Victor, suivant la tradition familiale versant maternel Lamotte, deviendra
commis des P.T.T. et subira les turpitudes de la Grande guerre comme matelot télégraphiste à Toulon
(Var) et en Tunisie. Il épousera le 8 octobre 1917, à Arbecey (Haute-Saône), une jeune surnuméraire
des Postes et Télégraphes, Jeanne Germaine Augusta Thomas. Son frère Jules Etienne , employé
des chemins de fer (Compagnie de l’ Est), finira la grande épreuve mobilisé au service de cette
administration. Il prendra femme le 7 mars 1925 à Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne) en la personne d’
Yvonne Elisabeth Lutz. Leur oncle Auguste Victor Lamotte, après un premier mariage avec Marthe
Genève, en retraite des P.T.T. au début des années 20, épousera en secondes noces Berthe Rose
Octavie Genève, en 1899, et ira habiter Clairvaux-du-Jura ( aujourd’hui Clairvaux-lès-Lacs)(Jura).
Le 17 mars 1928, par devant Me Louis Cretien, notaire à Saulx, et comme mandataire des
époux Lamotte, Mr Jean Baptiste Vieuxmaire, charron demeurant au même lieu, les deux frères,
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Joseph habitant alors Vesoul (Haute-Saône) et Jules à la Varenne-Saint-Hilaire ( Val-de-Marne),
acquièrent solidairement la propriété que cet oncle avait reçu en héritage de ses parents (cf cidessus) et ce pour la somme de 8.000 frcs qui seront réglés moitié comptant, l’autre moitié en deux
échéances de 2.000 frs avec intérêts à 6% l’ an .
L’ histoire des Foliguet de Saulx va soudain se modifier et s’infléchir lorsque Joseph Foliguet,
cordonnier-cultivateur de son état, à la suite d’une attaque vasculaire cérébrale, fait une hémiplégie , l’
obligeant à s’ aliter,sans qu’il s’ensuive une rémission réelle et le conduit à la tombe le 30 décembre
1931. Le trio (frère et belle-sœur) s’en trouve brutalement disloqué. Quelque chose d’indéfinissable s’
est rompu et la santé d’ Olympe Lamotte, épouse Ferréol Foliguet s’ aggrave à son tour entraînant
son décès le 23 mars 1933. Elle avait 70 ans. Voilà donc Ferréol, le jumeau, brutalement seul à 81
ans. Difficile d’imaginer à l’ époque une désinsertion du sujet de son milieu familier ! Aussi son petitfils, auteur du présent texte, va-t-il devoir, durant l ‘année scolaire 1933, effectuer le trajet du domicile
de son grand-père à la gare ( 2 bons km , même à vélo, et quel vélo !) matin et soir, dans la nuit
noire ; le trajet en train omnibus et celui de la gare de Vesoul au Lycée Gérôme . On imagine mal les
sentiments d’un adolescent de quinze ans confronté à une telle situation. Bien qu’il fût très heureux de
retrouver le vieil homme, ce n’ était pas sans quelque appréhension, redoutant par dessus tout qu’il
tombe brusquement malade, le mettant alors en face de décisions à prendre dont il n’ avait pas la
moindre idée. Les évènements ultérieurs lui épargnèrent ce cas de conscience : c’est alors qu’il
cueillait des cerises dans son verger juché sur une échelle appelée pied-de-chèvre, que Ferréol
Foliguet fut victime à son tour d’une attaque cérébrale tant redoutée , qui détermina son transfert chez
son fils aîné, à Monthureux-sur-Saône (Vosges) en 1934. Mais le dépaysement, la désinsertion
brutale de son environnement habituel , une situation médicale récidivante, quoiqu’ au début bien
améliorée et régressive eurent néanmoins raison de sa santé et ce Foliguet de Saulx, âgé de 83 ans ,
mourut le 12 avril 1935. On rapatria son corps sur son lieu d’ habitat pour l’ inhumer à côté des deux
êtres qui l’ avaient accompagné une grande partie de son existence. Jules Foliguet, le second fils,
mourut prématurément le 12 mai 1935, ce qui incita son frère Joseph à racheter sa part de
succession.
Néanmoins, génératrices de charges trop élevées,
les biens de la famille furent vendus à
autrui (les familles Trudet, Roussey et autres) après quelques années de location, dispersant ainsi le
patrimoine que les générations de Trouillot, Lamotte et Foliguet avaient si patiemment édifié. Ainsi s’
acheva sur la commune de Saulx-de-Vesoul l’ histoire de cette parenté.
Notes
(a) l’ ouvrée concernait seulement les vignes et correspondait à 1/16 de journal ou au travail d’un
ouvrier pendant un an dans une vigne ( 6).
Bibliographie.
1 – Foliguet René – Famille Foliguet – 1664 – 1989 – Publication familiale restreinte., 1989.
2 - Foliguet Jean Marie - Généalogie des Foliguet hauts-saônois – http:// foliguet.free.
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3 – Société d’ Agriculture, Lettres, Sciences et Arts de la Haute-Saône (SALSA) – La
HauteSaône – Nouveau Dictionnaire des Communes , Tome I, p.303.
4 – Trouillot Yvette, épouse Murat ( Communication personnelle à Foliguet René)
5 - Trouillot Christophe (Ibid.).
6 - Le site de Dune . Anciens poids et mesures
en Haute-
Saône.http://pierre.blandel.chez.tiscali.fr/mesures.htm
7 – Dondaine Colette - Trésor étymologique des mots de la Franche-Comté – SLR,
Strasbourg 2002, p.527.
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