Les petits-‐déjeuners débats Roger Nkodo Dang Jean

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Les petits-‐déjeuners débats Roger Nkodo Dang Jean
Les petits-­‐déjeuners débats 20 Avril 2016, Cercle de l’Union Interalliée Compte-­‐rendu Roger Nkodo Dang Président du Parlement panafricain Jean-­‐Louis Borloo Ancien Ministre d’État et Président de la Fondation « Énergies pour l’Afrique » « ÉNERGIES POUR L’AFRIQUE : L’AVENIR DE L’EUROPE SE JOUE » Les pères fondateurs des États africains se sont dès l’origine réunis pour parler du panafricanisme dans l’objectif de faire accéder tous les pays africains à la souveraineté internationale. C’est le projet porté aujourd’hui par l’Union Africaine dont le Parlement panafricain, l’organe que préside Roger Nkodo Dang, représente les 54 pays membres, pour une population totale de plus de 1,1 milliard d’habitants. Il convient de dresser un tableau du continent africain, notamment sur la question du déficit énergétique. Près de 800 millions de personnes vivent aujourd’hui sans accès à l’électricité sur le continent. Pourtant riche en potentialités et en ressources naturelles, le développement industriel est en crise ; ce qui accentue le danger que représente pour l’avenir du continent la migration de ses jeunes en quête de Lumière. Tout extrait ou citation de ce compte-­‐rendu destiné à une utilisation collective doit faire l’objet d’une autorisation préalable d’ETHIC D’ici 30 ans, la population africaine comptera pour un quart des actifs de la planète et plus de deux milliards d’habitants. Aujourd’hui 50% des africains ont moins de 25 ans ; ce qui représente à la fois un atout mais également un défi redoutable. L’énergie est un facteur fondamental et préalable à la croissance économique et sociale ainsi qu’à l’équilibre territorial. Un projet de paix, d’énergie et de croissance Le Parlement panafricain avait salué l’initiative de Jean-­‐Louis Borloo de créer une agence en charge de l’énergie en Afrique. Ce projet se présente comme un projet fédérateur sur un continent en recherche d’intégration. Les problèmes qui sévissent aujourd’hui en Afrique – qu’ils soient de communication, sanitaires, de migration des populations, d’éducation ou de la démocratie – sont intrinsèquement liés à la question de l’électricité et de l’énergisation : la lumière entraine Les Lumières. Au-­‐delà des multiples différences entre les 54 pays représentés au Parlement panafricain, le projet pour l’énergie fait l’unanimité parmi les députés. Le développement de l’Afrique n’est possible que si nous parvenons à juguler le déficit énergétique. L’énergie et l’électricité sont des conditions sine qua non de la stabilité politique, sociale, environnementale et démocratique de l’Afrique. C’est la lumière qui amène la démocratie. Aujourd’hui, l’Afrique est un continent bouillonnant qui a connu et connait encore la plus grande croissance démographique de l’histoire de l’humanité mais qui demeure trop hétérogène. Certaines régions et sous-­‐régions attirent les talents et connaissent des réussites locales mais encore près 75% de la population n’a pas accès à l’énergie. Les échecs de la communauté internationale Jean-­‐Louis Borloo s’est dit « fasciné par le désintérêt » à l’égard de ce qui est un des enjeux les plus importants de notre futur. L’aide au développement est un échec pour Roger Nkodo Dang. Fournir des aides et donner de l’argent n’est pas suffisant. Il convient de mettre en place de véritables audits, des outils de vérification et de suivi des projets financés. L’Europe est aussi coupable du retard de l’Afrique qui n’a pas reçu le transfert de technologies nécessaires pour son développement. Christine Demessei (CD CONSEILS) a interpellé le Président du Parlement Panafricain et Jean-­‐
Louis Borloo sur la COP 21, qui est présenté comme un succès diplomatique, et notamment ses aspects pratiques et sa capacité à lever les interrogations qui subsistent encore. Roger Nkodo Dang a assisté à toutes les COP depuis 1992. La COP de Paris est en effet un succès diplomatique mais il faudra attendre de voir sur le plan pratique si les engagements sont tenus. Il convient cependant de noter que l’Afrique n’est pas mentionnée dans les accords. En tant que spécialiste des questions environnementales en Afrique, cet accord est pour lui un échec. Un brouhaha dans la salle a fait suite à la question d’un participant sur la maitrise de la natalité en Afrique et « ces chefs d’Etat africains qui roulent en Mercedes alors que leurs peuples sont dans la misère ». Cette question a cependant été accueillie par Jean-­‐Louis Tout extrait ou citation de ce compte-­‐rendu destiné à une utilisation collective doit faire l’objet d’une autorisation préalable d’ETHIC Borloo comme l’occasion de retravailler collectivement nos préjugés sur le continent africain. L’Afrique, un relais de croissance pour l’Europe Selon un sondage Opinionway, 76% des français estiment que la communauté internationale doit se mobiliser davantage pour soutenir un plan d’électrification de l’Afrique. Les enjeux sont pourtant assez simples et une comparaison peut facilement être établie entre l’Union Européenne et le continent africain. Il y a 60 ans, une communauté s’est fondée en Europe pour la paix et via un outil opérationnel qui était l’énergie (la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) et à l’établissement de laquelle les États-­‐
Unis ont participé au travers du plan Marshall. Aujourd’hui, c’est à l’Europe de s’engager pour le continent africain. L’Afrique demeure le meilleur partenaire de l’Europe. Le Parlement panafricain veut d’une Afrique utile en elle-­‐même, utile pour l’Europe et pour le reste du monde. L’Afrique et l’Europe partagent une grande histoire culturelle et linguistique. Cependant, on note une absence totale de stratégie européenne à l’égard de l’Afrique alors même que l’Europe est le premier donateur en aide au développement. Les systèmes et programmes mis en place sont « inadaptés, éparses et inefficaces ». Avec seulement 25% d’accès à l’énergie, l’Afrique connait pourtant un taux de croissance moyen de 5%. Un continent avec 100% d’accès à l’énergie tournerait entre 10 et 15% de croissance endogène, créatrice de richesses, de stabilité et de paix ; c’est-­‐à-­‐dire un véritable relais de croissance et de développement pour l’Europe. La Commission Européenne estime qu’avec une Afrique électrifiée, l’Europe pourrait gagner jusqu’à deux points de croissance marginale. L’Union Européenne ne pourra continuer sans avoir de projets pour l’Afrique. Énergies pour l’Afrique : Les projets ne manquent pas en Afrique mais la question est aujourd’hui de savoir comment faire pour qu’ils soient rentables, notamment pour les peuples africains. Il y a un véritable besoin d’espoir. Les raisons du retard en Afrique s’expliquent notamment par le fait que ces jeunes nations africaines, qui ne correspondent pas toujours aux réalités ethniques et géographiques, ont connu un choc démographique d’une telle violence que le système s’est épuisé avant même de se mettre en place. Cependant, « il faudrait moins de 8 ans pour électrifier 80% du continent africain parce que les projets existent partout » déclare Jean-­‐Louis Borloo. Un plan massif d’électrification ne se fait pas uniquement sur des considérations de rentabilité intrinsèque. Il existe des ressources naturelles, des projets et des liquidités en Afrique ; ce qui pêche encore c’est l’instabilité de l’administration publique. L’électricité est une succession de décisions méthodiques publiques. Un programme d’électrification à 100% du continent coûterait 250 milliards de dollars, soit 50 milliards de fonds propres, ce qui Tout extrait ou citation de ce compte-­‐rendu destiné à une utilisation collective doit faire l’objet d’une autorisation préalable d’ETHIC équivaut à 4 milliards de dollars par an pendant douze années. Cela représente la moitié de l’aide européenne qui est à ce jour votée et non-­‐utilisée faute de projets en Afrique. L’établissement d’un tel plan de paix, de fraternité et de croissance n’est pas un débat technique, théorique ou de financement mais un problème de gestion d’agenda au quotidien, de trouver le temps pour se poser et pour définir les projets et actions à mettre en place. Il convient d’établir un partenariat transparent, traçable et évaluable. En réponse à une question de Léonidas Kalogeropoulos (Vice-­‐président d’Ethic et Président de Médiation & Arguments), Jean-­‐Louis Borloo a déclaré que la mobilisation de la société va de « l’entrepreneur et des politiques à Stromae ». Il est temps de changer nos modes de fonctionnement parce que c’est aussi notre avenir et notre croissance qui sont en jeu. En réponse à une autre question de Léonidas Kalogeropoulos sur les ghettos urbains, Jean-­‐
Louis Borloo a tracé un parallèle entre les ghettos français (avant 2005) et les ghettos dans les banlieues des grandes métropoles africaines aujourd’hui. En France, nous avons réussi à améliorer la situation à partir du moment où un tiers de confiance, transparent et garantissant que l’argent soit utilisé pour les projets définis : l’agence nationale de la rénovation urbaine. C’est l’objectif derrière l’établissement de l’agence panafricaine d’électricité. Les chefs d’États africains sont aujourd’hui unanimes sur la nécessité d’une agence panafricaine unifiée servant de réceptacle pour que les financements puissent être traçables, évaluables et vérifiables. L’aide au développement ne peut fonctionner que dans une logique de partenariat où les bénéficiaires sont les décideurs opérationnels et puissent juger de la pertinence des projets envisagés. Une délibération sur le plan devrait avoir lieu en juin au Parlement Européen. La Commission Européenne serait également d’accord pour engager 12 milliards d’ici la fin de la maquette budgétaire 2020. Il manque aujourd’hui la cristallisation et la mobilisation politique pour valider la création de l’Agence panafricaine. Roger Nkodo Dang invite donc à la prise de conscience collective sur le sujet afin de sauver l’humanité. Il est question aujourd’hui de soigner le mal à sa racine en donnant une chance à la nouvelle génération et en nous tendant la main afin que nous puissions décider de ce qu’il nous est possible de faire, collectivement et individuellement, pour le continent africain. i
Christine Demesse a été nommée Ambassadrice d’Ethic pour les questions liées à l’Afrique et contact officiel du mouvement avec la fondation Énergies pour l’Afrique. Tout extrait ou citation de ce compte-­‐rendu destiné à une utilisation collective doit faire l’objet d’une autorisation préalable d’ETHIC 

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