La série danoise Borgen et la transmission des éléments

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La série danoise Borgen et la transmission des éléments
La série danoise Borgen et la transmission des éléments
culturels :
Une analyse des décisions traductionnelles au niveau de la traduction
audiovisuelle
Transfer of cultural specific elements
A study on translational decisions with regards to audiovisual translation
Un traducteur au pouvoir
Auteur : Malin Sophie Weiss
Matière : Français et communication
Aarhus University, Business and Social Sciences
EKOM, 2013
Directeur de mémoire: Patrick Leroyer
Nombre de caractères (sans espaces) : 54 725
Abstract
This study sets out to examine the process of transferring a text from one language to
another, with focus on the analytical work before and during this process, through a
hermeneutic approach to cognitive decisions in translation and subtitling. The aim is to get a
deeper understanding of how translators proceed when translating, and to clarify the
cognitive mechanisms that determine the choice of translation strategies. With this aim in
view, the French subtitles of the Danish TV series Borgen have been investigated. The focus
is especially on how the translator resolves challenges in the transferring of cultural specific
references from the source culture to the target culture. In order to do so, a corpus consisting
of both classical and recent translation theories has been applied, and the concept of culture
has been clarified, as well as the procedure carried out by the translator before the
translation process has been suggested. Finally, examples demonstrating possible obstacles
in rendering cultural specific elements, found in two extracts of the series, have been
examined more closely, and where shown to a French participant. Thus, not only the applied
translation strategies are examined: also the perception of the translation has been taken
into account, which gives an impression of the quality of the translation.
The study shows that, in the case of Borgen, the translator’s aim most likely was to make a
source text oriented translation, which seeks to transfer the Danish culture as it is shown in
the fictional universe of the series, and thereby try to render it unchanged in the subtitles. An
analysis of the source text, the medium of the target text, and of the receivers targeted,
showed that a documentary translation is to be preferred. However, some particular
segments in the chosen extracts were likely judged too culturally linked to the Danish culture
for the French audience to understand, thus, they have required a target text oriented
translation,
to
make
sure
that
the
message
will
be
transmitted.
In the translation process, the translator had to constantly, whether consciously or
unconsciously, be aware of the needs and expectations of the audience targeted, in order to
make reasonable translation strategy choices that can transfer the message to the new
audience. According to the analysis of perception where the participant was asked to
comment on the above mentioned examples, the translation solutions suggested for these
cultural specific obstacles did not cause any misunderstandings but in one single case.
However, to obtain representative results, more participants would be needed, and this
analysis does not pass to draw general conclusions.
Furthermore, to get a more detailed picture of how cultural specific references have been
rendered from a relatively small language society as Denmark to a larger speech community
like French, comparative analyses would be recommended by comparing the French
subtitled version with the English subtitled version, for instance.
Number of characters in abstract (without spaces): 2,574
Table des matières
1 Introduction………………………………………………………………………..5
1.1 Formulation du problème…………………………………………………………………..6
1.2 Epistémologie………………………………………………………………………………..6
1.3 Méthodologie et théories…………………………………………………………………..7
1.3.1 Méthode……………………………………………………………………………………...7
1.3.2 Théories……………………………………………………………………………………...7
1.4 Délimitation…………………………………………………………………………………...8
1.5 Disposition du mémoire……………………………………………………………………8
2 Théories de la traduction………………………………………………………..9
2.1 Le sous-titrage………………………………………………………………………………..9
2.2 Skopos………………………………………………………………………………………..10
2.3 Vinay et Darbelnet…………………………………………………………………………..12
2.4 Les théories récentes………………………………………………………………………14
2.4.1 La taxonomie de Schjoldager……………………………………………………………..14
2.4.2 Les critères d’acceptabilité par Gambier………………………………………………...16
2.5 La notion de culture………………………………..……………………………………….17
2.6 L’application des théories classiques dans la TAV…………………………………...18
3 Enjeux de la traduction………………………………………………………...19
3.1 Le texte source et son contexte………………………………………………………….19
3.1.1 Résumé…………………………………………………………………………………….19
3.1.2 L’émetteur………………………………………………………………………………….20
3.2 Le texte cible et son contexte…………………………………………………………….21
3.2.1 Le médium………………………………………………………………………………….21
3.2.2 Le récepteur………………………………………………………………………………..22
3.2.3 Le message………………………………………………………………………………..22
4 L’analyse des stratégies appliquées dans le sous-titrage de Borgen...23
4.1 La réception selon les médias français………………………………………………….23
4.2 Les décisions traductionnelles……………………………………………………………23
4.2.1 L’extrait 1…………………………………………………………………………………….24
4.2.2 L’extrait 2…………………………………………………………………………………….26
4.3 Observations générales dans les extraits………………………………………………28
5 Conclusion……………………………………………………………………….30
5.1 Implications……………………………………………………………………………………..30
5.2 Réflexions et perspectives de recherche…………………………………………………..31
6 Références……………………………………………………………………….32
7 Annexes…………………………………………………………………………..34
7.1 Annexe 1…………………………………………………………………………………………34
7.2 Annexe 2…………………………………………………………………………………………36
7.3 Annexe 3…………………………………………………………………………………………37
7.4 Annexe 4…………………………………………………………………………………………38
7.5 Annexe 5…………………………………………………………………………………………40
7.6 Annexe 6…………………………………………………………………………………………51
1 Introduction
Si nous allumons la télévision, nous voyons des longs métrages internationaux, qui ont été
traduits et sont émis dans toute l’Europe. Sur la chaîne DR Kultur de Danmarks Radio par
exemple, beaucoup d’émissions étrangères sont diffusées. On y trouve souvent des films,
des reportages ou des séries de l’Angleterre, de la France ou de l’Allemagne. Cela n’est
pourtant pas très étonnant, pensant au fait que ces pays sont des « exportateurs »
importants au niveau de la scène culturelle, ayant donc beaucoup à donner à la cible
danoise. Cet échange international des films distractifs ou informatifs nous invite à faire
partager un autre univers, ce qui en même temps lance des défis interlinguistiques et
interculturels, puisque l’émetteur et les récepteurs du texte ne sont ni du même pays, ni de la
même culture. La suppression des obstacles potentiels porte sur le travail détaillé des
traducteurs, rendant cette forme de communication interculturelle possible.
Quant à notre propre petit pays, il n’a cependant pas beaucoup à offrir au niveau culturel –ou
a-t-il ? La vague des romans policiers scandinaves qui a envahit l’Europe depuis quelques
années, a attiré l’attention de beaucoup de nations, qui se focalisent plus qu’auparavant sur
la Scandinavie et son offre culturelle de la distraction.
Pour répondre à cet intérêt international, il faut des traductions pour transmettre le
message à la nouvelle cible. Parfois les récepteurs du message ne disposent pas
nécessairement du savoir de base, qui permet de comprendre le contexte dans lequel les
messages sont enracinés. Peut-être qu’il y a des aspects dans le texte à traduire qui
nécessitent des explicitations –et le traducteur prend donc souvent le rôle d’un
communicateur, prenant de décisions dans le processus de la traduction, qui rendraient la
perception du message possible dans le texte cible.
Etant donné le fait que le Danemark est un petit pays, tant la langue que la culture danoise
sont plutôt inconnues, comparées aux pays comme la France, l’Angleterre ou l’Allemagne.
Cela pourrait impliquer des explicitations importantes, par rapport à la traduction des textes
scandinaves vers le français. Notamment dans les séries télévisées sous-titrées, ce n’est
pourtant pas toujours possible, faute d’espace.
J’ai choisi d’étudier la série danoise Borgen, qui connaît un grand succès dans toute l’Europe,
y compris en France, pour éclaircir le processus de la traduction d’un texte venant d’une
société linguistique mineure vers une société linguistique majeure. En plus, l’action de
Borgen est fortement enracinée dans la culture danoise, un aspect qui donc pourrait donner
lieu à un besoin d’expliciter certains éléments culturels pour la cible française.
Comment est-ce-que cela joue un rôle dans le processus de la traduction d’un texte danois,
et comment cela influence les choix des stratégies du traducteur ? Bien que Borgen soit un
5
conte fictif, la série est issue d’un environnement danois très connu au Danemark, mais
probablement peu connu en France. Toutes ces pensées m’ont amenée à aborder la
question, comment le sous-titreur a-t-il procédé à une traduction réussie de la série danoise,
tout en respectant l’intention originelle du créateur –ce que me mène à la formulation du
problème suivante :
1.1 Formulation du problème
Dans ce mémoire de licence, je veux, à la lumière d’un appareil théorique composé des
théories de traduction classiques et des théories supplémentaires actuelles/récentes sur le
sous-titrage et la traduction multimédia, me pencher sur la question, comment des aspects
culturels de la série danoise Borgen ont-ils été transmis en français grâce au sous-titrage, en
vue d’éclaircir les mécanismes cognitifs 1 du processus de traduction et une éventuelle
cohérence entre les défis et les choix de stratégies de traduction.
1.2 Epistémologie
Je travaillerai dans cette thèse sous une approche herméneutique, puisque je cherche à
comprendre des activités humaines, à savoir les choix cognitifs du traducteur et le processus
de choisir les stratégies de traduction. Pour comprendre comment des aspects culturels ont
été transmis, il est également pertinent de s’interroger sur la question du processus de la
réception d’une série danoise et ses spécificités culturelles : la perception est, elle aussi, une
activité humaine. En plus, la traduction est par définition une communication interculturelle,
où les visions du monde différentes du récepteur et d’émetteur s’affrontent : le défi pour le
chercheur est d’interpréter les activités humaines de ces deux acteurs en prenant en
considération leurs contextes différents, tout en respectant le contexte même du message –
soit le texte à traduire- (Beck Holm 2011 :97). Cela rend l’approche herméneutique
pertinente pour aborder la problématique, puisque les aspects primordiaux y sont
l’interprétation et la compréhension de l’humanité (Beck Holm 2011 : 84). Selon
l’herméneutique, les détails d’une question à étudier sont dévoilés par une compréhension
de sa globalité ; en même temps on n’est pas susceptible de comprendre la globalité sans
avoir une compréhension des détails (Beck Holm 2011 :95) Par rapport à la traduction de
Borgen, il faut donc éclaircir le texte, dite la traduction de Borgen, à partir d’une
compréhension du contexte de Borgen dans sa globalité (En prenant en compte les
récepteurs ciblés, l’émetteur et le scénario du film) –en même temps il faut comprendre le
contexte à partir d’une compréhension des détails du texte cible. Selon Gadamer 2 on
travaille sous une approche herméneutique en ayant des « préjuges » contre l’objet à étudier,
soit une hypothèse sur la traduction de Borgen : Dans la problématique, je suggère une
1
2
Une étude des connaissances du traducteur pour prendre ses décisions
Gadamer (*1900-2002), représente une approche herméneutique plus récente (Beck Holm 2011 :90)
6
éventuelle cohérence entre les défis et les stratégies de traduction choisies par le soustitreur.
En outre, il est pertinent d’employer une approche constructiviste, avant tout parce que la
réalité de Borgen est une réalité construite, mais aussi parce que, selon Kuhn3, la réalité en
générale (celle hors la fiction) est elle-même une construction sociale (Beck Holm 2011 : 123)
construite par notre langage. C'est-à-dire que nous construisons notre vision du monde -et
donc aussi notre perception d’une réalité fictive- par l’utilisation du langage (Beck Holm
2011 :126). Par rapport à Borgen, il faut donc prendre en considération les différentes
origines sociales d’émetteur (et donc le message qu’est issu d’une société danoise) et du
récepteur (qui est enraciné dans la société française).
1.3 Méthodologie et théories
Afin de répondre à la formulation du problème, cette thèse reposera à la fois sur des
matériaux empiriques et sur une méthode qualitative : l’empirie se compose des extraits
sélectionnés de la saison 1 de Borgen sous-titrée en français, qui serviront à exemplifier des
passages où le sous-titreur pourrait s’être heurté à des obstacles dans une traduction
donnée. À partir d’une analyse de ces extraits, je me propose d’exposer les stratégies de
traduction choisies par le traducteur.
1.3.1 Méthode
La méthode qualitative se compose d’une analyse cognitive, effectuée avec un répondant
français, visant à dévoiler la réception du message des extraits sélectionnés, grâce au soustitrage. L’analyse servira à comprendre la perception des éléments estimés être particulier
danois, me permettant d’évaluer la qualité de traduction perçue et d’aborder le taux de
succès ou d’échec des stratégies appliquées dans la traduction. Comment les passages
sélectionnés
ont-ils
été
transmis
à
une
société
linguistique
majeure ?
Il convient ici de souligner que l’objet de l’expérience n’est pas d’obtenir une échelle des
traductions réussies ou échouées : la méthode qualitative sert au contraire à éclaircir le
processus de la réception, sachant qu’il s’agit d’un processus cognitif et interprétatif
complexe : La perception elle-même a lieu sur la base d’une construction de la réalité, qui
est un processus de l’interprétation individuel.
1.3.2 Théories
Ce mémoire de licence est basé sur des théories tant classiques que récentes. Il se basera
particulièrement sur la taxonomie de Schjoldager (2008), qui a été élaborée sur la base des
théories traditionnelles, y compris sur le modèle des stratégies de traduction de Vinay et
3
Thomas S Kuhn (*1922-1996)
7
Darbelnet (1958), ainsi que sur des articles de recherche et sur la théorie de Skopos,
développée
par
Vermeer
(1970s).
Vu que la traduction elle-même a fait l’objet des études depuis des centaines d’années, et
que la screen-translation est toujours à ses balbutiements de recherche, ce corpus a été
choisi dans le but de renfermer dans le mémoire tant le savoir de la traduction classique, que
le nouveau savoir sur la traduction audiovisuelle (TAV).
1.4 Délimitation
C’est un fait très connu que la France est un pays du doublage (Slate 2010). Par conséquent,
j’aurais pu m’interroger sur la postsynchronisation de Borgen, ou j’aurais pu faire une
analyse comparative entre le sous-titrage et le doublage de la série. Une telle analyse
demanderait une étude très approfondie, tant au niveau linguistique, y compris les dialogues
synchronisés et originaux, qu’au niveau visuel, y compris la mimique et notamment le
mouvement des lèvres des acteurs, tout en étant conscient du niveau technique, incluant les
mouvements de caméra. En plus, il serait important de respecter le fait que le sous-titrage et
le doublage sont des formes de traductions très différentes, et d’en tenir compte toute au
long du mémoire4. Cela dépasse les cadres d’un mémoire de licence en termes de nombres
de pages maximal, et j’ai donc été forcée de faire une délimitation et de me concentrer, au
premier égard, sur le sous-titrage.
1.5 Disposition du mémoire
Dans la 2ème partie, des théories de traduction fondamentales du mémoire seront présentées
brièvement, les mettant en rapport avec Borgen. Cette partie sert à aborder la TAV, le soustitrage et ses spécificités, et d’expliciter la notion de culture par rapport à la traduction. La
3ème partie se vouera à une présentation de Borgen, en suggérant les pensées du traducteur
lors du processus de la traduction, prenant en compte les aspects présentés dans les parties
précédentes. Cela me mène à la 4ème partie, où je me pencherai sur l’analyse des extraits
sélectionnées et des stratégies de traduction appliquées dans le sous-titrage, et où les
analyses de réception seront présentées.
La conclusion contient des réflexions et perspectives de recherche.
4
Voir la partie 3.2.1 pour une présentation des différences entre le sous-titrage et le doublage
8
2 Théories de la traduction
Ce chapitre fournira une vue générale sur la TAV, afin de mettre l’accent sur les spécificités
qui caractérisent le sous-titrage et le distinguent des autres traductions, ainsi que des
théories essentielles du mémoire qui seront présentées par rapport à Borgen. Le chapitre
débouchera sur une discussion de l’application des théories classiques dans la TAV.
2.1 Le sous-titrage
Le sous-titrage est un des modes de traduction qui se regroupent sous la notion de la TAV.
Gambier (2004) parle de douze au totale, y compris le doublage ainsi que les traductions
intralinguistiques comme par exemple l’audio-description5, ou le sous-titrage pour les sourds
et malentendants. Le point commun fondamental, c’est que ce sont des traductions polysémiotiques, c’est-à-dire qu’elles comprennent plusieurs systèmes sémiotiques : Dans une
traduction mono sémiotique comme la traduction textuelle par contre, le traducteur ne doit
prendre en considération que la sémantique et le style du contenu (Gottlieb 1996 : 157). Par
conséquent, le sous-titrage inter-linguistique
est particulièrement caractérisé par ces
aspects fondamentaux, le distinguant de la traduction textuelle et mono sémiotique :

Gottlieb (1996 : 156) parle d’une traduction additive, car elle ajoute des expressions
verbales à l’originale, qui n’est pas changée

La contrainte de synchronisation : Il faut que les sous-titres correspondent à l’image
(Gottlieb 1996 :152)

Il faut transmettre la langue parlée à l’écrite

Il faut que le traducteur prenne en considération tant l’aspect visuel –la mimique et
gestique du personnage- que le son –l’intonation, dialecte, sociolecte, etc. -

Le sous-titrage implique une réduction du texte à traduire, en raison d’espace limité

La traduction doit être comprit du grand public
(Nedergaard-Larsen 1992 : 33)

Il s’agit d’une traduction ouverte : les récepteurs n’ont aucun doute qu’ils sont
exposés
à
une
traduction
(Schjoldager
2008 :
31)
Comme la TAV est un mode de traduction relativement nouveau comparé à la traduction
textuelle, les études sur la TAV, y compris la traduction poly-sémiotique, ne sont pas encore
aussi nombreuses (Gambier 2006 : 270) que celles sur ce dernier, dont des théories de
traductions importantes prennent ses sources.
Des théories classiques qui se basent sur les traductions textuelles, mais qui sont
essentielles pour ce mémoire seront considérées brièvement ici :
5
Des descriptions d’un film pour les aveugles ou malvoyants
9
2.2 Skopos
La théorie de Skopos, élaborée par Vermeer sous une approche fonctionnelle de traduction
dans les années 70, a gagné une place importante dans la traductologie. Cette théorie se
voue à la fonction du texte cible (Schjoldager 2008 : 152) –ce qui permet de déterminer dans
quelle mesure la traduction devrait s’orienter vers le texte source ou le texte cible. La
question fondamentale de cette théorie-ci est : à quoi va servir la traduction ? Ainsi, elle est
un outil du traducteur en l’aidant à comprendre à quel degré le texte cible nécessite une
traduction fidèle envers le texte source, et à déterminer les besoins et attentes des
récepteurs (Schjoldager 2008 : 161). Vermeer accorde au texte cible un rôle plus important
qu’auparavant vu dans les études de théorie dans les années 70 (Schjoldager 2008 : 159).
En ce qui concerne le skopos de la traduction de Borgen, il sera esquissé ici, afin de mieux
comprendre comment la série télévisée a été traduite. Considérons l’intention qu’avait Adam
Price, l’auteur de la série, en la produisant :
Vu qu’il s’agit d’un conte fictif, l’intention principale est d’offrir une pièce de distraction. A
partir d’une analyse générale de l’action de Borgen6, qui se déroule principalement au siège
du Parlement danois, il est suggéré qu’on y trouve trois intentions secondaires.
D’abord, l’intention de peindre une image de la vie politique d’aujourd’hui, incluant les
structures de la démocratie ; comment obtenir et maintenir le pouvoir ; et le temps de travail
qu’il faut y consacrer.
Puis, l’intention de décrire le conflit entre vie professionnelle et vie familiale, soit la possibilité
de les concilier.
Enfin, l’intention de décrire le rôle que jouent les médias dans le paysage politique, en
exposant les politiciens et leur travail.
Répondons à la question : A quoi va servir la traduction de la série ? Elle est bien entendue
un conte fictif, et reste un offre de divertissement, aussi aux spectateurs français. Néanmoins,
l’action est fortement enracinée dans la société danoise et sa culture, et on y réfère tant à
des faits réels, qu’à des personnes ayant joués un notable rôle dans l’histoire danoise. C’est
une société et une culture probablement peu connue pour un public français. Sur la base de
tous ces aspects, et la qualité que le scénario se déroule au Danemark, il est estimé qu’on
peut même parler d’un univers en quelque sorte exotique d’un point de vue français. La série
fait partie de la vague d’offre de distraction de la Scandinavie, qui vient d’envahir l’Europe ;
ainsi, l’intérêt pour les aspects scandinaves, et exotiques, est grand7. En même temps, la
série contient des aspects qui sont plus universels, à savoir les trois intentions secondaires
suggérées, qui, eux, ne sont pas particulièrement liés au Danemark et sa culture.
6
7
Voir la partie 3.1.1 pour un résumé bref de l’action
Selon plusieurs médias français, par ex. Lefigaro.fr (2013)
10
Concluons que le skopos par rapport à la traduction de Borgen sera de construire un univers
divertissant, palpitant et dramatique dans un contexte de politique récente, et de transmettre
les trois thèmes universels, dits interculturels, tout en gardant les aspects exotiques, à
condition qu’ils n’entravent pas la compréhension de l’action.
C’est l’occasion d’évoquer la distinction entre la traduction documentaire et la traduction
instrumentale, originellement définie par Vermeer et puis développée par Nord (Nord 1997,
employé dans Scjoldager 2008 : 167). Cette distinction est particulièrement intéressante par
rapport à la traduction de Borgen, car la différence culturelle entre l’émetteur et le récepteur
du message y est la question primordiale. Dans ce mémoire de licence, les termes
documentaire et instrumentale seront employés pour décrire la stratégie globale.
On parle d’une traduction documentaire, quand elle sert avant tout à transmettre dans la
langue d’arrivée une ‘documentation’ du texte source et ses spécificités culturelles –elle
tente donc à exposer aux récepteurs ciblés le message du texte source comme il est comprit
dans la culture source, et non d’obtenir la même fonction : une telle traduction est donc plutôt
une reproduction du texte source tel qu’il est, et tente d’éviter de trop s’écarter du texte
source.
La traduction instrumentale par contre, sert avant tout à transmettre le message du texte
source, en tenant compte des différences entre la culture source et le récepteur ciblé et les
adapter à la culture ciblée en vue d’obtenir dans le texte cible une fonction équivalente à
celle du texte source (Schjoldager 2008 : 167).
Quant à la traduction de Borgen, on peut aborder la question si elle est l’une ou l’autre :
D’un coté, comme il est suggéré ci-dessus, les aspects fortement enracinés dans la culture
danoise font partie de l’expérience de regarder une série scandinave, ce qui est un argument
pour la traduction documentaire. De l’autre coté, il y a des aspects dans la culture danoise,
assez différents de la culture française –parfois ils sont importants pour l’action de Borgen,
ajoutant un effet particulier pour le public danois, ayant le même cadre de référence : pour
assurer dans le texte cible un effet équivalent, il faudrait une traduction instrumentale. Par
exemple8, on peut en cet égard souligner la différence la plus évidente entre le danois et le
français -le vouvoiement en France et le tutoiement au Danemark-, qui dans la plupart des
cas est gardée. Dans quelques cas particuliers, le tutoiement est pourtant changé dans les
sous-titres au vouvoiement : alors que les collègues au Château tutoient Birgitte, qui est
Premier ministre, les journalistes la vouvoient. Il est probable que ce choix soit fait parce que
la distance entre eux serait moins claire pour le public français s’ils la tutoieraient aussi.
La distinction entre la traduction documentaire et instrumentale n’est pas obligatoire, et il est
8
Voir aussi exemple 10
11
possible de trouver les deux dans un texte Schjoldager (2008 : 168). Néanmoins, l’une d’eux
sera dominante et sera le point de départ pour le traducteur9.
L’analyse de skopos du texte source est souvent la première démarche du traducteur, avant
de choisir quelle stratégie globale (soit traduction instrumentale et documentaire)
s’imposerait adéquate pour la traduction (Schjoldager 2008 : 172) : ce qui aide à déterminer
quelles stratégies locales seront le plus convenables pour répondre au skopos. Les
stratégies locales de Vinay et Darbelnet seront présentées ici, suivie par une présentation de
celles de Schjoldager dans la section 2.4.1
2.3 Vinay et Darbelnet
Travaillant sous une approche linguistique, Vinay et Darbelnet ont élaboré en 1958 un
modèle contribuant à mieux comprendre le processus de traduction, en suggérant sept
stratégies de traduction. Alors que la théorie de Skopos s’interroge plutôt sur le rôle qui aura
le texte cible, les stratégies locales de Vinay et Darbelnet se bornent d’avantage au niveau
linguistique du processus de traduction (Schjoldager 2008 : 152). Le modèle a, il aussi, influé
de nombreuses études sur la traduction (Schjoldager 2008 : 89/143), et forme, parmi
d’autres modèles10, la base de la taxonomie élaborée par Schjoldager. Ainsi, malgré ses
racines dans la traductologie classique, il est tout autant applicable dans l’analyse des TAVs.
Les stratégies, esquissées ci-dessous (basé sur Schjoldager 2008 : 90) avec des exemples
concrets de Borgen, se bornent au niveau linguistique, et seront utilisées dans l’analyse des
extraits sélectionnés par la suite.

L’emprunt : Le mot du texte source est transmit au texte cible sans le traduire.
Cette stratégie est notamment utile lorsqu’il n’existe pas un mot équivalent dans la langue
d’arrivée, et elle sert par ailleurs à transmettre le contexte culturel du texte source, comme le
démontre cet exemple:
Exemple 1
Texte source
Texte cible
Danmarks største erhvervsmand, fik tildelt Le
storkorset af Dannebrogs ordenen
plus
grand
homme
d’affaires
du
Danemark, a reçu la grande croix de l’ordre
de Dannebrog11
9
Approfondi dans la partie 3.1.2
Le modèle élaboré par Delabastita, qui sera esquissé brièvement par la suite
11
Episode 5, 44’
10
12

L’équivalence : Le message est traduit, mais en trouvant une expression équivalente
et plus compréhensible dans la langue d’arrivée
Ceci est une stratégie notamment employée en but de rendre des expressions figées de la
langue de départ.
Exemple 2
Texte source
Texte cible
-Hvor fanden har du været?
Putain, tu étais où?
-På Rhodos
-A Rhodos
-Med pensionistklubben?
-Avec le club de 3e âge?12
Dans ce cas, la stratégie a été appliquée afin d’employer une expression idiomatique de la
langue d’arrivée.

L’adaptation : Un mot qui est lié à un aspect culturel du texte source est remplacé par
un autre aspect culturel dans le texte cible
Exemple 3
Texte source
Hvad
fanden
Texte cible
sker
der
i
baggrunden? C’est quoi derrière toi ? Tu fais la fête avec
Holder du fest med Johnny Reimar og les nains de père Noël ?13
smølferne ?
Johnny Reimar, un chanteur danois qui probablement n’est pas connu en France. Même si,
comme il est suggéré dans la partie 2.3, le but du traducteur sera de garder les aspects
culturels, il fallait en ce cas trouver une expression adaptée, afin de recréer l’effet prévu de
l’émetteur (Schjoldager 2008 : 103)
Ces trois stratégies sont estimées à être les plus pertinentes à propos de la traduction de
Borgen. Les quatres autres sont :

Le calque : Le mot du texte source est traduit littéralement. On peut parler d’une
« copie »

La traduction littérale : Une traduction mot à mot du texte source

La transposition : La catégorie grammaticale du mot à traduire est changée dans la
langue d’arrivée, tout en gardant le message

12
13
La modulation : Un changement du sens et/ou de point de vue
Épisode 10, 10’
Épisode 3, 36’
13
Il n’est pas exclut que ces stratégies sont à trouver dans la traduction de Borgen. Néanmoins,
elles sont estimées moins importantes par rapport à la transmission des éléments culturels,
tandis qu’elles peuvent contribuer à résoudre d’autres difficultés.
2.4 Les théories récentes
Après avoir éclairci les théories classiques, considérons les théories plus récentes
essentielles pour la TAV. Elles prennent ses sources dans les théories traditionnelles, et
elles sont très adéquates à ce propos, car elles sont d’un coté basées sur des études sur le
sous-titrage comme dans le cas de la taxonomie de Schjoldager (2008 : 92), et de l’autre
coté, élaborées particulièrement en but de servir la TAV, comme dans le cas de Gambier,
approfondie par la suite.
2.4.1 La taxonomie de Schjoldager
Basant sur les stratégies de Vinay et Darbelnet, Schjoldager a ajouté dans sa taxonomie
aussi bien quatre des stratégies élaborées par Delabastita14 que trois stratégies d’elle-même,
présentées ci-dessous :
Quant aux stratégies de Delabastita, il semble raisonnable de les d’omettre. La permutation
(un passage à transmettre est traduit ailleurs dans le texte cible) n’est pas incluse ici, car il
est estimé qu’elle ne sera utilisée que très rarement par rapport au sous-titrage, prenant en
compte qu’il s’agit d’une traduction audiovisuelle, étant donc une traduction de défilement.
Ces raisons ont aussi entraîné l’exclusion de l’addition (un élément de sens est ajouté au
texte cible, sans aucune relation évidente au texte source). Par suite de l’analyse du soustitrage de Borgen, il est même estimé qu’elle serait périlleuse d’appliquer en cet égard. La
troisième stratégie, la substitution, où un mot du texte source est remplacé par un mot plus
ou moins équivalent dans le texte cible, change, selon Schjoldager le contenu, soit le sens
sémantique, du segment à traduire.
La dernière stratégie est par contre très pertinente concernant le sous-titrage des éléments
culturels : l’effacement15 : Un mot du texte source est effacé et n’est pas transmit au texte
cible. A cause de la réduction du texte source qui nécessite le sous-titrage, la stratégie
d’effacement est appliquée assez souvent. Elle ressemble à la condensation, et elle n’est
donc pas approfondie ici. Il est intéressant d’avoir un œil sur l’application de cette stratégie,
car elle implique une perte du sens : Le traducteur doit donc sonder si ce sens est
d’importance pour le scénario ou non.
14
15
Delabastita 1989; 1993: 33ff (évoqué en Schjoldager 2008: 91)
Appelé „deletion“ chez Schjoldager 2008: 92
14
Par ailleurs, Schjoldager (2008 : 92) a ajouté les trois stratégies suivantes

Explicitation : Une information implicite du texte source est explicitée dans le texte
cible.
C’est une stratégie pertinente en cet égard, surtout par rapport aux éléments liés à la culture
danoise, qui ne sont pas tout clairs pour le spectateur français. Elle peut être difficile à
employer dans le sous-titrage, car le traducteur est limité aux deux lignes. Pourtant, il est
possible de l’utiliser pour des détails, nécessitant pas beaucoup d’espace. Voici un exemple :
Exemple 4
Texte source
Texte cible
Min mor gik også med tørklæde, men hun Ma mère portait aussi un foulard, mais elle
var fra Glømøre
était paysanne16
Cette phrase est dite par Sven Aage Saltum, président d’un parti de droite nationaliste.
Glømøre n’est pas forcement un village connu ou même réelle, mais un spectateur danois
sera capable de l’associer à un tel : Le spectateur grandi au Danemark connait les peu
grandes villes, et il est susceptible de les exclure. En plus, les danois sont familiers avec le
dialecte léger paysan de Saltum, et peuvent le lier à la vie paysanne. La cible française par
contre aura besoin de l’explicitation, et le traducteur a donc choisi d’utiliser le mot
« paysanne » au lieu de Glømøre.

Paraphrase : Une traduction plutôt libérée du texte source. Le sens est perpétué.
Cette stratégie peut s’avérer très utile, car elle permet de reformuler un segment à traduire
dans le texte cible, en but de le rendre plus compréhensible aux français.
Exemple 5
Texte source
Texte cible
Med al respekt, så er det hverken moralen Avec tout mon respect, ce ne sont ni la
eller studenterhuen der trykker hos Parly
morale ni les diplômes universitaires qui
caractérisent Parly17
Ceci est la parole du prédécesseur de Nyborg, qui se prononce sur le ministre indépendant,
Parly. Bien que le mot studenterhue ne soit pas à juxtaposer au mot diplômes universitaires,
16
17
Episode 2, 8’
Épisode 3, 19’
15
cette traduction semble être une solution de bon aloi, pour rendre un mot aussi danois que
studenterhue, sans l’expliciter car cela n’est pas possible dans deux lignes. Le message, soit
« Parly n’est pas très intelligent » est gardé, et la traduction et donc estimée être une
paraphrase.

Condensation : Une traduction plus courte du texte source, ce qui peut impliquer une
omission du sens.
Exemple 6
Texte source
Texte cible
Bayanov har lige talt om den demonstration Bayanov vient de faire un discours à la
som Amnesty og Solidarisk samling har manifestation
afholdt
C’est une stratégie caractérisant du sous-titrage, qui souvent est forcé de réduire le texte
source. Au contraire de l’effacement, la condensation n’implique pas nécessairement une
perte de sens, mais parfois des informations explicitent du texte source sont présentes
implicitement dans le texte cible. Les informations perdues ici (Amnesty og solidarisk samling)
ne
sont
pas
primordiales
pour
l’action,
et
l’omission
est
donc
acceptable.
2.4.2 Les critères de l’accessibilité par (Gambier (2004)
Elaborés particulièrement en but de définir à quel degré la traduction est accessible et
compréhensible aux récepteurs ciblés, ces cinq critères permettent d’évaluer le taux de
qualité de la traduction :

Le principe de l’acceptabilité évalue la traduction au niveau linguistique, y compris les
choix stylistiques et terminologiques. Reconsidérer un terme traduit est souvent
efficace ; il se peut qu’on trouve un terme qu’il vaut mieux utiliser.

Le principe de la lisibilité concerne le niveau technique, incluant la vitesse de
défilement des sous-titres, un aspect important de prendre en considération. Il est
estimé que l’importance de ce principe dépend des récepteurs ciblés ; il semble
notamment pertinent au cas où les spectateurs du film n’ont pas l’habitude de voir les
films sous-titrés.

Puis, il y a le principe de la synchronicité, qui concerne surtout le doublage.
Néanmoins, il est également important de le prendre en compte au contexte du soustitrage : la cohérence entre l’image et les sous-titres est parfois le seul aide qui peut
16
rendre une séquence de traduction accessible au spectateur ciblé lorsqu’elle contient
un mot impossible à traduire.

Ensuite, le principe de la pertinence, c'est-à-dire les choix d’informations primordiales
ou à omettre, dues à la contrainte de la condensation par rapport aux sous-titres. Il
faut considérer : quelles informations sont pertinentes pour la perception du texte ?

Finalement, Gambier parle du principe de l’étrangéité (Gambier 2004 : 9), qui est de
grande importance par rapport au sous-titrage d’une série telle que Borgen. A cet
égard il convient de souligner aussi bien le fait que, au cas de Borgen, il s’agit d’un
conte fictif et non d’une réalité objective, que le paragraphe sur le skopos, évoqué cidessus. Selon Gambier, ce principe concerne le degré de« l’accueillance des modes
de narration proposées, les valeurs montrées et les comportements exhibés », alors
qu’au cas de fiction, ces éléments font tout naturellement partie du genre de fiction :
Bien que de nombreux aspects dans la politique occidentale se ressemblent, il y a
aussi des différences entre la France et le Danemark, n’oubliant pas que le
Danemark
appartient
à
la
Scandinavie.
Concernant le skopos de Borgen, il est à supposer que le récepteur français même
attend un certain degré d’étrangéité, dit exotique, de la Scandinavie.
2.5 La notion de Culture
Bien que les modes de traduction soient de natures si différentes (contenant les modes de la
traduction employés lors de la traduction d’un roman, d’un texte juridique, d’un article
scientifique etc.), leur point commun est la définition de traduction : Une traduction peut
toujours être définie comme de la communication interculturelle (Schjoldager 2008 :21).
Cette définition souligne le rôle important que joue la culture dans la traduction, qui est donc
beaucoup plus qu’une transmission d’une langue à une autre. Ainsi, il est convenable de se
vouer à une présentation de la notion de culture dans un paragraphe isolé, surtout par
rapport à la traduction de Borgen, qui contient de nombreux éléments culturels. Mais
comment doit-on comprendre « culture » en cet égard, et comment peut-on identifier les
éléments particuliers danois? Dans « translation studies » par Snell-Hornby (1995) trois
aspects qui caractérisent la culture sont donnés :

La culture se compose des connaissances ; des habiletés ; de la perception des
expériences

La culture est associée au comportement et à des événements

La culture dépend des attentes et des normes, tant celles qui sont valables dans le
comportement social, que celles qui sont acceptées dans l’usage de la langue
(Snell-Hornby 1995 : 40)
17
Par rapport aux éléments culturels danois, la première puce implique donc qu’il y a des
éléments qui nécessitent un savoir, une habileté et une possibilité de les percevoir –dite une
langue- pour qu’on est susceptible de les comprendre. Un tel élément pourrait par exemple
être lié à un endroit géographique, particulièrement connu au Danemark, comme par ex.
Himmelbjerget. La deuxième puce indique que la culture est liée non seulement aux
événements primordiaux de la communauté danoise, mais aussi au comportement valable
dans cette société. Il faut donc non seulement connaitre les ‘faits’ comme les événements
historiques, mais aussi avoir connaissance du comportement accepté au Danemark et en
France. C'est-à-dire qu’on trouvera des exemples des convenances sociales danoises qui se
distinguent de celles d’autres pays comparables. Par exemple, Birgitte Nyborg, étant ministre,
va au travail à vélo, ce qui est plus vraisemblable au Danemark, où les pistes cyclables font
partie du paysage urbain tout naturellement, qu’en France. A part de jouer un notable rôle au
niveau linguistique sous forme de règles grammaticales, les normes sont aussi importantes
dans notre vie et relations sociales, qui donc varient d’une communauté (soit culture) à
l’autre (Snell-Hornby 1995 : 50), comme le souligne la dernière puce. Dans l’ensemble, les
trois puces accentuent que la langue, le comportement, la vie sociale et la culture sont
fortement liés l’un à l’autre. Ainsi, la culture sera présente dans la globalité de Borgen. Sur la
base des trois puces, il est également possible de suggérer que le traducteur « must be
home in two cultures » (Snell-Hornby 1995 : 42) : Il n’est pas suffisant d’avoir une bonne
connaissance de la langue source et de la langue d’arrivée. Surtout la théorie de Skopos,
précisée ci-dessous, s’appuie autant plus sur le transfèrement de la culture au texte cible, et
aborde la question, dans quelle mesure la culture source devrait être transmise au texte cible.
Afin de déterminer à quel degré un référent culturel est traduisible ou non, il faut donc aussi
tenir en considération le contexte du récepteur.
2.6 L’application des théories classiques dans la TAV
Comme les théories de traduction présentées ci-dessous l’illustrent, la traduction dans sa
totalité est une affaire complexe depuis toujours. La TAV n’est pas plus difficile que les
autres modes de traductions, mais elle fait face à des défis différents (Gambier 2004 : 5).
Alors, est-ce qu’il est acceptable d’employer des éléments de la traductologie classique,
originalement élaborés en but de servir une traduction textuelle, dans la traduction
multimédia, tel que le sous-titrage de Borgen ? N’oublions pas que le sous-titrage est, lui
aussi, avant tout une traduction. Les théories classiques ont fait l’objet d’études dans la
traductologie depuis nombres d’années ; elles ont donc été étudiées au fond, et forment ainsi
une base fiable dans la traduction. Par conséquent, il est convenable de commencer
l’analyse, qui va à l’avance de la traduction, en s’appuyant sur une base des stratégies
classiques : mais il faut penser aux stratégies par rapport à la traduction poly sémiotique –et
18
omettre les stratégies sans importance pour le sous-titrage. Par contre, il ne faut pas oublier
que la TAV est une traduction qui, malgré tout, est différente de la traduction littérale. Il est
donc indispensable de suppléer l’analyse avec les théories récentes.
3 Enjeux de la traduction
Il faut beaucoup plus que la connaissance d’une langue étrangère pour effectuer une
traduction, et le travail du traducteur commence bien avant la traduction elle-même. Il est
donc indispensable de s’interroger sur le rôle du traducteur (Froeliger 2005). La mission du
traducteur est d’assurer une communication claire entre l’émetteur et les récepteurs ciblés,
et d’éviter des malentendus (Schjoldager 2008 : 125). Le processus d’atteindre ce but est
marqué par des choix automatisés, pris sur la base d’intuition et de la routine, mais aussi par
des choix pris sur la base d’un processus cognitif : ces sont des stratégies bien réfléchies,
afin de mieux résoudre un défi donné. Les défis, ou « problèmes », ne se bornent pas
nécessairement au niveau linguistique, mais concernent également le savoir qu’il faut avoir
sur le contexte du texte de départ et du texte d’arrivé (Gambier 2008 : 76), et qu’il faut tenir
en considération pendant le processus de la traduction.
Seront présentées ici, à la lumière des théories présentées dans la partie deux, les
contraintes de la tâche de la traduction effectuée de Borgen, et les démarches du processus
de la traduction, inspirées par les facteurs extra- et intra-textuels de Nord et par les procédés
du traducteur proposés par Schjoldager (2008 : 172-173).
3.1 Le texte source et son contexte
Une analyse approfondie du texte source et son contexte donnera au traducteur une plateforme d’où il prend ses décisions : il faut d’abord se familiariser avec le contenu. Sera
présenté ici, un résumé de Borgen :
3.1.1 Résumé
Dans la première saison de la série, nous suivons Birgitte Nyborg, qui vit avec son époux,
professeur d’économie, et les enfants de huit et 14 ans, dans son combat d’obtenir et, puis,
de maintenir le poste du Premier ministre du Danemark. Après une élection réussite et
éprouvante, elle accède au poste, et sa carrière au siège du Parlement danois commence.
Désormais, elle est confrontée à des intrigues, à des journalistes pénétrants et au quotidien
dur d’une femme au pouvoir, étant en même temps épouse et la mère de deux écoliers. Au
« Château », Birgitte Nyborg fait face à la réalité politique, elle apprend les règles du jeu, en
qui avoir confiance ou non, et comment s’y prendre avec la presse. Kasper Juul, son spindocteur, lui en est le soutien le plus important. Nous rencontrons aussi Katrine Fønsmark,
jeune journaliste de la chaîne TV1 et l’ex copine de Kasper Juul, qui est fortement engagée
dans son travail au 4ème pouvoir. Elle est une journaliste populaire, tant parmi ses collègues
19
que parmi les spectateurs, et sa grande passion est la politique –surtout la politique autour
de la première femme à la tête du gouvernement danois.
L’action se déroule donc particulièrement sur trois plans : le siège du Parlement, les locaux
de TV1, et aux maisons privées des personnages.
3.1.2 L’émetteur
A la suite du résumé, il est d’importance de se familiariser avec les intentions de l’émetteur,
afin de déterminer à quoi va servir le texte cible (Schjoldager 2008 : 172) : en ce point, les
intentions sont donc identifiées et mises en rapport avec la fonction principale de la
traduction.
Les intentions pertinentes en cet égard ont été définies dans la partie 2.5, appelées ‘les trois
intentions secondaires’. Avec ce savoir, le traducteur décidera quel stratégie globale doit
dominer la traduction ; ce qui correspond à la distinction entre une traduction instrumentale
et –documentaire (Schjoldager 2008 : 70), discutée dans la partie 2.5. Selon les trois
questions primordiales formulées par Schjoldager en vue de déterminer la stratégie globale,
(Schjoldager 2008 : 71), la traduction de Borgen devrait s’orienter vers le texte source, soit
être une traduction documentaire, car :
-Elle est une traduction ouverte
-Le traducteur prend le rôle d’un communicateur et transmet la communication de quelqu’un
d’autre (Schjoldager 2008 : 2418)
La dernière question peut être discutée : est-ce que le traducteur se focalisera dans la
traduction sur la forme et le contenu du texte source, ou sur l’effet du texte cible ? Il est
probable que le traducteur se focalisera plutôt sur le contenu du texte source, puisque le
skopos dit qu’il faut garder des aspects exotiques. Etant une offre de distraction, il est
pourtant également important d’obtenir un effet de divertissement dans le texte cible, ce qui
nécessitera dans certains cas une orientation texte cible.
Il n’est donc pas toujours aussi simple d’identifier la macro-stratégie, et il n’y a pas forcement
qu’une dans une traduction. Sous quelle stratégie globale ont été traduits les trois thèmes
universels (soit les trois intentions secondaires) ? Ils sont, en gros, universellement connus,
tout en étant lié à un contexte danois. Par conséquent, il est suggéré qu’on y trouve aussi
bien des exemples des traductions documentaires qu’instrumentales. Prenons en
considération l’ensemble des données sur Borgen, la traduction documentaire sera le point
de départ du traducteur dans ses décisions, et elle sera ainsi prédominante dans le
processus de la traduction.
18
Voir fig. 4 p 24, élaborée sur la base du modèle de Jakobsen, Roman 1960
20
3.2 Le texte cible et son contexte
En relation avec le skopos, il est indispensable de se plonger également sur le texte cible et
son contexte : la détermination du skopos entraîne des questions sur le médium où le texte
cible sera exposé, et sur les récepteurs visés de cette traduction (Schjoldager 2008 : 172).
Ainsi, considérons le médium :
3.2.1 Le médium
En 2012, la série a pris son envol en France sur la chaîne Arte –une chaîne qui se distingue
d’autres offres de programmes, en sélectionnant avec précision ses émissions : on y trouve
des documentaires, des séries instructives, de long métrages hors du commun, et des films
culturels. Cette offre de programme est une alternative aux chaînes dont le programme reste
conforme aux standards à la mode (Arte 2012)19. Avec les mots de Gambier (2004 : 7) on
pourrait parler d’une « diffusion locale ou narrowcasting », ce qui décrit avec pertinence le
cœur de la chaîne Arte : Elle s’adresse à un public précis, qui tient à une offre de
divertissement de haute qualité, assurant en même temps un certain niveau d’esprit et de
l’art de film.
Ces pensées concernent la diffusion de Borgen à la télévision, où elle est émise en version
doublée. Le DVD par contre, laisse le choix entre version originale, version synchronisée, et
la version sous-titrée. Pourquoi un spectateur français, habitué à la postsynchronisation,
favoriserait-il le sous-titrage ?
Sous-titrage ou doublage ?
Etant une traduction poly-sémiotique, le sous-titrage permet aux récepteurs d’entendre la
langue étrangère : par conséquent, on l’accorde souvent l’avantage d’approfondir les
connaissances de langues étrangères, tout en améliorant le niveau de lecture du spectateur.
En revanche, il est estimé que le sous-titrage implique une perte du niveau de divertissement,
puisque l’audience doit se concentrer sur l’écrite et sur l’écoute en même temps (Schjoldager
2008 : 240). En plus, le sous-titrage peut impliquer une réduction du texte source. La version
sous-titrée est davantage authentique, et en la choisissant, le spectateur expérience l’univers
exotique de la Scandinavie (Schjoldager 2008 : 235), ce qui compte beaucoup pour ceux qui
pèsent sur l’aspect artistique des films étrangers.
Au doublage, le traducteur n’est pas forcé de restreindre la traduction à deux lignes, il est
donc un peu plus libre : cela permet ainsi une traduction plus orientée vers les récepteurs
ciblés, et les détails particuliers danois peuvent être rendu plus accessibles auprès les
français. Le doublage a tendance à changer plus l’œuvre originale (Schjoldager 2008 : 220).
19
Voir missions d’Arte
21
3.2.2 Le récepteur
Selon Froeliger (2005), il faut que le traducteur ait une idée des récepteurs ciblés et qu’il ait
une impression de leur savoir de base sur le thème du texte. Il est supposé que le public
français de Borgen n’a pas besoin des connaissances particulières sur, par exemple, la
politique, puisque ce sujet est, en gros, commun pour le Danemark et la France. De plus,
l’intention
majeure
de
la
série
est
de
divertir
et
non
d’informer.
Les considérations sur le médium peuvent entraîner la conclusion que ce qui est important
aux récepteurs (ceux qui choisissent la version sous-titrée) est surtout l’art de film et
l’authenticité de son contexte : ils souhaitent vivre la culture montrée, et ils s’attendent à être
présentés à une culture exotique (Gottlieb 2008 : 61).
Il est donc probable que le traducteur cherche à transmettre la culture danoise en gardant
dans la traduction des aspects exotiques, là où il est possible.
3.2.3 Le message
Dans le processus de la traduction, le traducteur doit être conscient du message central du
texte source, afin de le transmettre au texte cible. Par rapport au sous-titrage de Borgen,
c’est surtout le contenu culturel qu’il faut transmettre. Il sera considéré ici:
Il s’agit d’un thriller politique proche de la réalité danoise. On y trouve de nombreux
parallèles entre la fiction et cette réalité : le journal fictif, l’express, ressemble à B.T ; Chrone
ressemble à Mærsk20, etc. La série est pleine de culture danoise, et on y réfère souvent à
des événements considérables de l’histoire danoise. Pour en donner quelques exemples, on
y parle du Groenland, de Mogens Glistrup, et du rôle de la reine dans la formation d’un
nouveau gouvernement. Pourtant, il ne faut pas oublier les trois aspects décrivant la culture,
évoqués dans la partie 2.5. Ils soulignent que la culture sera présente à plusieurs niveaux –
elle est aussi à trouver dans le comportement social et dans le langage appliqué. Par
conséquent, aussi les intentions secondaires, soit les thèmes universels, seront influées de
la culture danoise. Est-ce que le traducteur choisira de refléter dans les sous-titres la
manière de parler des danois, et a-t-il appliqué des stratégies différentes en traduisant les
trois thèmes?
A partir de ces pensées, on pourrait tirer la supposition que le but du traducteur ne sera pas
de niveler les différences entre la culture de l’émetteur et du texte source et la culture des
récepteurs, qui, avant tout, souhaitent vivre la culture de la Scandinavie.
20
Voir exemple 1
22
4 L’analyse des stratégies appliquées dans le sous-titrage de Borgen
Le travail d'analyse du présent mémoire est complété par une sélection qualitative de
jugements critiques et opinons parues dans des journaux français et sur des médias sociaux,
ce qui permet d'apporter un éclairage supplémentaire, au niveau de la réception, sur la
validité des décisions traductionnelles relatives au sous-titrage, et donc sur l'efficacité
présumée du sous-titrage à assurer la réception de l'œuvre auprès d'un public français en
dépit de la barrière interlinguistique.
4.1 La réception selon les médias français
Dans un blog sur lemonde.fr21, l’auteur évoque les trois sujets majeurs de la série, soit le rôle
des médias et les spin-docteurs ; l’essai de concilier vie familiale et vie privée ; et la politique
en générale. Il parle d’un point commun entre la situation politique française et danoise : la
présence de deux camps politiques majeurs et des plusieurs partis mineurs, qui, eux, font la
base du jeu politique du scénario. Cela correspond à l’idée de la présence des aspects
interculturels, proposée dans la partie 2.2. Un article sur lemonde.fr 22 aborde par ailleurs
l’aspect exotique ; le fait que le Danemark soit un pays peu connu en France, et il y’est
mentionné que Borgen contribue à élargir le savoir des Français sur ce pays.
Les aspects inter- et intra culturels sont en outre soulignés dans un commentaire sur
television.fr23 : l’internaute décrit la démocratie danoise comme ‘exotique’, et emploie le mot
‘universel’ pour caractériser « les mécanismes de l’exercice du pouvoir » qui font partie de la
série. La plupart des internautes trouve qu’elle est intéressante et remarquable, et qu’elle
réussit à transmettre le jeu complexe de la politique. Ceci pourrait donc indiquer que la
communication entre l’émetteur danois et les récepteurs français est, en gros, rendue
possible avec succès (sachant qu’il s’agit des commentaires subjectifs, n’étant pas
représentatifs). Un dernier point intéressant est la mise en discours par plusieurs internautes
des avantages potentiels du sous-titrage : l’un pense que la version originale rende mieux
l’atmosphère, un autre trouve dommage que la saison deux ne soit pas accessible en
version sous-titrée.
4.2 Les décisions traductionnelles
Seront présentés ici, plus en détail, des segments à traduire trouvés dans deux extraits de la
saison 1 de Borgen. Un répondant français a été demandé de les commenter 24 , en but
d’éclaircir la perception du message. Il ne s’agit pas d’une analyse représentative : les
21
Annexe 1
Annexe 2
23
Annexe 3
24
Annexe 4
22
23
commentaires du répondant servent ici à suppléer les interrogations sur les pensées du
traducteur.
4.2.1 L’extrait 1
La première séquence sélectionnée 25 dure 12 minutes. Elle a été choisie parce qu’elle
contient des scènes qui montrent le quotidien des journalistes à TV1, le quotidien des
politiciens au « Château », et le quotidien des personnages dans leurs univers privées. Le
choix n’est donc pas déterminé par la quantité d’aspects là-dedans. Voici les segments
étudiés :
Exemple 7
Texte source
Texte cible
Statsministeren har bare head huntet hende La Premier ministre l’a débouchée du
fra en eller anden toppost i erhvervslivet
secteur privé
Le traducteur a rendu un verbe anglais avec un verbe français équivalent. Dans un contexte
danois, l’application du verbe « To head hunt » est courant, et il est employé ailleurs dans la
saison 1 à titre du nom : Så det er din head hunter a été traduit comme « chasseuse de
tête », qui est considéré une expression idiomatique pour les récepteurs ciblés (Le marché
du travail 2013). Le verbe To head hunt passe par contre mal dans la langue d’arrivée. En
considérant le principe de l’acceptabilité, on aurait pu le rendre par Recruter, qui cependant
semble plus proche à Hverve. La stratégie d’équivalence est ainsi suggérée la stratégie
appliquée ici.
Exemple 8
Texte source
Texte cible
-Er kvoter ikke noget man har for torsk, og -Les quotas, ne sont-ils pas plutôt destinés
ikke for kvinder?
aux moules ?
-Man har også kvoter for studerende, og det -il y a des quotas pour les étudiants. Les
er vel ikke alle studerende man kan qualifier des moules ne serait pas très
karakterisere som torsk.
sympathique pour eux.
Ici, le traducteur a choisit de rendre Torsk par un mot équivalent, et non de le traduire avec
« morue ». En France, il y a aussi des quotas pour la pêche à la morue, et si le dialogue
s’arrêterait avec la comparaison entre quotas pour femmes et quotas pour morues, cette
traduction serait acceptable : mais Torsk est également utilisé pour l’associer à des étudiants
25
Annexe 5
24
inintelligents. La stratégie d’équivalence a ainsi été choisie, afin de transmettre cette
association. Selon le répondant, l’application de Moules rende cet effet dans ce contexte.
Exemple 9
Texte source
-Det
er
Texte cible
ren
drengeklub
til -C’est « Bienvenue au club des machos »!
nous,
redaktionsmøderne
-Chez
-Sjovt, hos os er det ren pigeklub
compagnie »
c’est
plutôt
« nanas
et
Ceci est un exemple d’une traduction plutôt libre. Il serait possible de traduire drengeklub et
pigeklub mot à mot. Pourtant, il semble que le traducteur ait accentué le fait que la loi de la
parité veut briser des barrières pour les femmes, pour qu’elles puissent accéder plus
facilement aux emplois administratifs, en appliquant la stratégie de paraphrase : drenge est
rendu par machos, piger par nanas, et compagnie a été ajoutée. Vue dans le contexte, la loi
vient donc du champ « nanas et compagnie », et elle va toucher les journalistes « au club
des machos ». Avec une traduction directe, cet effet serait minimalisé, et en tenant compte
du principe de l’acceptabilité, il parait que « club des garçons » et « club des filles » ne
seraient pas des termes acceptables.
Exemple 10
Texte source
Texte cible
-Hun er en overvintrende kvindelejr. Alt -Elle a trop hiberné chez les féministes. Le
det der lugter af fælles rundbold og Femø, genre
de
suffragettes
qui
font
des
og kotteletter i fad i arbejderpartiet.. nej, jeg
campements pour femmes avec côtes
kan ikke klare hende.
d’agneaux à la sauce Parti travailliste, je la
blaire pas.
Ce segment contient plusieurs défis, et il semble que le traducteur n’eût pas d’autres
possibilités que de le récrire presque entièrement, avec une stratégie de paraphrase. L’effet
de la première phrase a été rendu sans traduire Kvindelejr –qui par contre est ajouté ailleurs,
au lieu de rendre Femø, un endroit géographique nécessitant un savoir issu d’un contexte
danois, afin de pouvoir l’associer aux campements pour femmes. Il a donc fallu l’expliciter.
Fælles rundbold a été effacé, et cède son place à Suffragettes. Ce terme recrée l’effet
figuré – la parité d’hommes et de femmes – perdu avec l’omission de fælles rundbold, tout
en étant le lien à Des campements pour femmes, qui remplace Femø.
Le segment démontre le principe de la pertinence, que doit prendre en considération le
traducteur : il a dû choisir entre des informations primordiales et lesquelles à omettre.
25
Rundbold aurait pu être traduit par La thèque, qui serait une traduction plus proche au texte
source. Le traducteur a omis La thèque et ajouté Suffragettes, probablement afin d’accentuer
les raisons pour lesquelles Kasper n’aime pas Madsen. La solution proposée par le
traducteur renforce le discours féministe et assure un langage courant dans la langue
d’arrivée. Le répondant a bien perçu le message : aux yeux de Kasper, Madsen « met trop
en avant son site féministe ».
L’exemple montre la complexité de la traduction, et la créativité et la capacité que doit avoir
le traducteur. Ici, les obstacles ont été résolus en considérant les prémisses du spectateur
français.
4.2.2 L’extrait 2
La deuxième séquence26 sélectionnée dure 14 minutes. Elle est estimée de contenir un petit
conte isolé, qui est compréhensible hors le contexte de toute l’épisode. L’intention en la
choisissant était de maintenir l’intérêt du répondant, respectant le fait qu’il peut être difficile
de comprendre un extrait de 14 minutes, pris du contexte d’un épisode de 58 minutes, qui
fait partie d’une saison à dix épisodes. Voici les segments à traduire étudiés :
Exemple 11
Texte source
Texte cible
Min far var en grim lille fedtspiller. Han Mon père était une pauvre andouille. Il a
levede et dødsygt liv i Korsør, en by Gud vécu une vie sans intérêt à Korsor, une ville
har glemt. Det er dét.
que Dieu a oubliée. C’est tout.
Contrairement à l’exemple 4, le nom du village est ici perpétué : alors que le lien entre ‘porter
un foulard’ et venir d’un village n’a pas été jugé assez fort, la phrase « une ville que Dieu a
oublié » indique clairement qu’il s’agit d’une ville plutôt petite, et il n’était pas nécessaire de
l’expliciter. Quant à Skrydstrup27, ce nom-ci n’a pas été explicité non plus, par exemple en
éclairant qu’il s’agit d’une base aérienne. D’un coté, cela est clair à partir du contexte, de
l’autre coté ce n’est pas une information primordiale pour la perception du message –
comparé au cas de Femø. Le segment ici démontre le principe de l’étrangéité : il semble que
le traducteur ait réfléchi à ce que le nom original de l’endroit géographique puisse entraver la
compréhension du scénario ou non, tout en pensant au skopos, soit de garder l’aspect
exotique de la série.
26
27
Annexe 6
Voir annexe 6
26
Exemple 12
Texte source
Texte cible
Jamen altså, hvad vil du så gøre, hvad hvis
Dans ce cas, que vas-tu faire s’il se passe
der sker noget oppe i sundhedsministeriet, quelque chose au ministre de la Santé ?
skal du så bestemme hvem der skal være Tu vas aussi décider qui dirigera les
direktør på Rigshospitalet, hva?
hôpitaux du Royaume ?
Le terme à traduire ici, Rigshospitalet, est très connu au Danemark, et grâce au savoir et la
perception, voir puce 1 dans la partie 2.5, la plupart des Danois sait qu’on parle de l’hôpital
de la capitale. Le traducteur a choisit de le transformer au pluriel, sachant que Rigshospitalet
serait trop enraciné dans la langue danoise pour un spectateur français de pouvoir
comprendre son sens. Néanmoins, demandé qu’est-ce que ‘les hôpitaux du Royaume’
signifient, le répondant associe ce segment à la santé de la famille royale. Il semble que
cette perception soit due à l’application du mot ‘Royaume’, qui est choisi puisqu’il est
équivalent à Riget.
Exemple 13
Texte source
Texte cible
Du bliver altså nødt til at lade dine ministre Tu dois laisser tes ministres faire leur travail,
passe deres arbejde, ik, og i værste tilfælde: et dans le pire des cas, commettre des
lave fejl. For så kan du fyre dem.
erreurs. Tu pourras alors les révoquer.
L’élément qui se fait remarquer dans cet exemple est le verbe Fyre, qui a été traduit par
Révoquer. Les deux verbes ont la même signification, mais elles se distinguent dans leur
sens connotatif. Alors que Fyre serait plus proche à Virer, le terme Révoquer ressemble
plutôt au verbe Afskedige. Il semble que le traducteur ait pris en considération la différence
entre les normes acceptées dans l’usage de la langue de départe et celles de la langue
d’arrivée, voir puce 3 partie 2.5. Dit par Kasper ailleurs dans Borgen, voir séquence 1, Fyre a
été traduit par virer, probablement parce qu’il est un caractère jeune, qui est plus facilement
associé à une langue quotidienne tel que virer. Dans ce cas-ci, le traducteur a employé la
stratégie de modulation, probablement pour accentuer le rôle de Bent Sejrø comme ministre
des Finances. Révoquer est considéré avoir un sens cognitif davantage formel, étant donc
plus pertinent pour le caractère de Bent. Selon le répondant, Bent est bienveillant et juste,
alors que Kasper semble plus froid et strict. Il confirme aussi la différence entre ‘virer’ et
‘révoquer’, qui est estimé plus politiquement correct.
27
4.3 Observations générale dans les extraits
Dans leur totalité, chacune des deux séquences contiennent des scènes qui représentent les
trois thèmes universels. Le grand succès de Borgen indique que ce sont des thèmes
auxquels la plupart des spectateurs internationaux probablement peuvent se rattacher. Ainsi,
ils ne se limitent pas au monde exotique de la Scandinavie. Les séquences démontrent
cependant

qu’aussi
ces
thèmes
sont
marqués
de
la
culture
danoise :
La vie politique
Le langage appliqué parmi les Danois semble plus relâché que ce des Français dans
des situations comparables. Surtout parmi des politiciens au Château cette différence
est visible, comme le montre l’exemple 13. En plus, le tutoiement joue un rôle dans
les considérations du traducteur : alors que la conversation entre Birgitte Nyborg et
son chef de cabinet est rendue avec l’application du vouvoiement, le tutoiement entre
Nyborg et son ministre de parité, Pernille Madsen28, est gardé dans les sous-titres. Il
est probable que ce choix soit fait puisque Madsen et Nyborg se trouvent hors les
locaux du « Château », soit un environnement moins rigide, et parce qu’elles
terminent la conversation en s’embrassant. La situation semble donc moins formelle
entre

eux
qu’entre
Nyborg
et
le
chef
de
cabinet.
La vie privée
Il semble que le langage familier appliqué au Danemark au sein de la famille ou
parmi des amis ne se distingue pas particulièrement du langage familier en France.
Dans les séquences étudiées, deux traductions instrumentales ont néanmoins été
nécessaires : quand Laura annonce qu’elle a eu 12 pour son interrogation, ceci est
rendu par 20 sur 20, puisqu’un spectateur français n’est bien évidemment pas
familier avec les notes scolaires du Danemark. Le terme Hygge n’a pas un équivalent
dans la langue française. Il est très danois ; le répondant le connait et l’associe à la
culture danoise. Skal vi ikke lige blive og hygge lidt est alors rendu par « Chérie, on
est
bien
ensemble ».
Dans la séquence 1, une modulation a été faite. Elle n’est pas due à des différences
culturelles, mais plutôt à la crainte de la condensation du sous-titrage : Han var
meget træt est changé à J’étais crevé, ce qui permet une traduction plus courte.
28
Voir séquence 1
28

Les
médias
Quant au langage appliqué dans les médias, c’est également la différence du
tutoiement et du vouvoiement qui se fait valoir ; dans le texte cible, les interlocuteurs
dans
une
interview
sont
vouvoyés.
29
En ce qui concerne l’agence de presse danoise, Ritzau , le traducteur n’a pas choisi
de la rendre en employant l’emprunt, comme dans le cas de Dannebrog. Alors que le
drapeau danois est un élément fortement lié à la culture danoise, Ritzau n’est qu’une
agence de presse, comme elles existent partout –ainsi, Ritzau n’est pas associée
particulièrement au monde scandinave, et l’omission n’est pas une perte de
l’expérience de l’univers exotique. Le traducteur, aurait-il pu l’adapter, et le traduire
avec l’AFP30 ? Non, ce terme est trop fortement lié à la société française, et serait mal
choisi dans un contexte danois. L’adaptation n’a donc pas été employée qu’aux cas
où une traduction documentaire entraînerait une perte de sens, comme dans
l’exemple
3.
Cela indique que la volonté du traducteur n’était pas de niveler les différences
culturelles. Parfois, il a pourtant effectué une traduction instrumentale, afin d’assurer
que les récepteurs ciblé n’échappent pas à l’aspect de divertissement.
29
30
Voir séquence 2
Agence France-Presse
29
5 Conclusion
Le but du mémoire était d’éclaircir les mécanismes cognitifs du processus de traduction par
rapport à la transmission des éléments culturels du texte source à la nouvelle cible, grâce au
sous-titrage. Pour ce faire, un corpus des théories essentielles a été employé, la notion de
culture a été approfondie, et les procédés du traducteur lors de la traduction ont été
proposés. Ainsi, le traducteur et le processus de la traduction sont au centre de l’étude, et
les résultats de la traduction passent au second plan, en contribuant, dans l’analyse, à
comprendre les choix du traducteur dans la traduction effectuée. En plus, les commentaires
parus dans des médias français et ceux d’un répondant ont contribué à interroger la qualité
de la traduction perçue.
L’hypothèse était qu’il y’a, éventuellement, une cohérence entre les défis et les choix de
stratégies de traduction.
Il ressort de l’étude, que des éléments culturels ont été transmis, en premier lieu, sous une
approche documentaire. L’analyse suggérée qui précède la traduction démontre qu’il est très
probable que les récepteurs ciblés souhaitent vivre la culture scandinave, et l’application
d’une stratégie globale orientée vers le texte source est ainsi pertinente : cette approche
contribue à réaliser le skopos de créer un univers exotique pour les spectateurs français.
En même temps, l’analyse de deux séquences sélectionnées démontre qu’il a fallu faire une
traduction instrumentale dans certains cas. Il s’agit des segments du texte source, qui ont
été estimés trop incompréhensible pour les récepteurs français pour qu’on aurait pu les
garder dans le texte cible. En relation aux contraintes du sous-titrage, notamment la
contrainte de la condensation, il a donc été nécessaire d’appliquer une stratégie globale
orientée vers le texte cible, afin d’assurer que le message est transmis. Cela contribue à
réaliser le skopos de créer un univers divertissant, en omettant d’avoir dans le texte cible des
éléments qui pourraient entraver la réception. Ces éléments sont aussi trouvés dans trois
thèmes universels de la série, puisque Borgen est issue d’une société danoise.
Dans le processus de la traduction, le traducteur a donc fallu naviguer entre une approche
documentaire et instrumentale, afin de répondre aux skopoi qui ont été déterminés.
5.1 Implications
La méthode qualitative proposée a été effectuée afin d’éclaircir la perception du message.
Puisque la perception a lieu sur la base d’un processus individuel, la perception varie d’un
individu à l’autre. Pour obtenir une étude représentative, il aurait donc fallu plusieurs
répondants. En plus, faute de temps, l’analyse n’est pas tout à fait acceptable dans
l’approche herméneutique, puisque le participant a répondu aux questions d’un
questionnaire, et non lors d’une interview orale. Il s’agit donc d’une problématique de
représentativité. Pourtant, les commentaires du répondant ont été inclus, sachant qu’ils ne
conviennent pas à une généralisation.
30
5.2 Réflexions et perspectives de recherche
Les deux séquences étudiées ne constituent qu’une petite partie de l’ensemble de la saison
1 de Borgen. Elles donnent une idée du travail de traducteur, pendant qu’une analyse
profonde de la saison complète pourrait démontrer une image plus nuancée des défis
rencontrés dans le processus de la traduction, et alors aussi des mécanismes cognitifs du
traducteur. En outre, une analyse supplémentaire de la traduction de Borgen vers une autre
langue permettrait d’examiner plus profondément les procédés réfléchis du traducteur, lors
d’une traduction d’une langue mineur vers une langue majeur, par exemple en comparant les
sous-titres français aux sous-titres anglais.
Nombre de caractères (sans espaces) : 54 725
31
6 Références
Arte (2012)
La Mission d’Arte
Accessible sur
http://www.arte.tv/fr/le-groupe-arte/2153580.html
Vu le 20.04.13
Beck Holm, Andreas (2011)
Videnskab i virkeligheden –en grundbog i videnskabsteori
Samfundslitteratur
Borgen, une femme au pouvoir (2012)
Réalisateurs : Søren Kragh-Jacobsen, Rumle Hammerich, Annette K. Olesen, Mikkel
Nørgaard.
Auteurs : Adam Price, Tobias Lindholm, Jeppe Gjervig Gram
[DVD], ARTE France
Froeliger, Nicolas (2005)
Placer le traducteur au cœur de la traductologie
Meta : Journal des traducteurs, vol. 50, n° 4, 2005
Erodit.org
Gambier, Yves (2004)
La traduction audiovisuelle : un genre en expansion
Meta : journal des traducteurs, vol 49, n° 1, p. 1-11
Erudit.org
Gambier, Yves ( 2006)
Orientations de la recherche en traduction audiovisuelle
Target, 18 (2), p 261-293
Gambier, Yves (2008) Stratégies et tactiques en traduction et interprétation
In Chesterman, Andrew et. al, 2008:
Efforts and Models in Interpreting and Translation Research
Amsterdam: Benjamins, p 63-82
Gottlieb, Henrik (1996)
In Medierne og sproget
Rédigé par Finn Frandsen
Aalborg universitetsforlag
Gottlieb, Henrik (2008) Multidimensional translation
In Understanding translation af Anne Schjoldager
Academica Aarhus
Le Figaro (2013)
Les Vikings passent à l’attaque
Par : Lena Lutaud
accessible sur :
http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/03/21/03002-20130321ARTFIG00320-les-vikingspassent-a-l-attaque.php
Vu le 19.04.13
32
Le marché du travail (2013)
Tout savoir sur les chasseurs de têtes
Accessible sur
http://www.lemarchedutravail.fr/news/article_tout_savoir_sur_les_chasseurs_de_t%C3%AAt
es_9548.html
Vu le 19.04.13
Nedergaard-Larsen, Birgit et Gottlieb, Henrik (1992)
TV-teskter: oversættelse efter mål
Danske afhandlinger om oversættelse, nr 3
Center for oversættelse, Københavns Universitet 1992
Schjoldager, Anne (2008)
Understanding translation
Academica, Aarhus
Slate (2010)
Pourquoi la France double-t-elle tout le monde?
Par : Pierre Langlais
Accessible sur :
http://www.slate.fr/story/18195/pourquoi-la-france-double-t-elle-tout-le-monde
Vu le 19.04.13
Snell-Hornby, Mary (1995)
Translation studies
John Benjamins Publishing Co
33
7 Annexes
7.1 Annexe 1
Blog sur lemonde.fr
Trouvé ici:
http://seriestv.blog.lemonde.fr/2012/01/25/borgen-le-pouvoir-a-visage-feminin/
08.04.13
25 janvier 2012, par Pierre Sérisier
Borgen – Le pouvoir à visage féminin
Après nous avoir offert deux saisons de The Killing(Forbrydelsen), Arte poursuit son exploration
de la fiction télévisée danoise avec Borgen, une série politique narrant l'accession au poste de
chef du gouvernement d'une femme quadragénaire, épouse et mère de famille qui découvre les
rouages du pouvoir. Les dix épisodes se regardent comme unthriller politique mais également
comme une lente réflexion sur cet univers dans lequel les hommes entendent demeurer les
maîtres et sous-estiment trop souvent le talent des femmes.
La série, qui sera diffusée à partir du mois de février, avait été présentée lors du festival Séries
Mania l'an passé. En cette période de campagne électorale, elle prend une pertinence
particulière et peut être mise en regard des Hommes de l'Ombre, production de France 2 qui
apparaît trop caricaturale et simpliste, dont nous parlions la semaine dernière.
L'un des premiers intérêts de Borgen (qui est le surnom donné au palais de Christiansborg
abritant les trois grandes institutions du pays) est la ressemblance qui peut être établie avec la
situation française. On y retrouve deux grands camps, la droite libérale et la gauche
sociale dominant le jeu politique face à des formations plus petites: des centristes, des
écologistes et une droite nationaliste. Cette géométrie oblige à des alliances de circonstance
et à des tractations afin de dégager une majorité de gouvernement.
Tout commence à la faveur d'élections législatives qui voient le petit parti centriste de Birgitte
Nyborg (Sidse Babett Knudsen) réussir une percée inattendue et se placer en position d'arbitre
entre les conservateurs au pouvoir et les socialistes en embuscade. Entre un Premier ministre
qui n'entend pas céder sa place sans obtenir des compensations et une gauche qui estime que
c'est à son tour de bénéficier de l'alternance, Nyborg va avoir bien du mal à dégager une
troisième voie.
Outre la misogynie affirmée de ces messieurs, Birgitte se trouve confrontée à sa situation
familiale. Le poids des habitudes lui impose de continuer à être une mère et une épouse
en plus d'être à la tête de son pays. On n'imagine pas qu'elle puisse délaisser sa vie privée au
profit de son activité. Et lorsqu'elle n'a d'autre choix , son mari se monte compréhensif, mais un
temps seulement. Sans que cela ne soit jamais dit clairement, ses rivaux et adversaires estiment
qu'elle serait bien mieux derrière ses fourneaux à élever ses progénitures. Etrangement, le
meilleur conseil qui lui est donné vient du représentant de la droite nationaliste: quand on veut
apparaître comme le chef, il faut s'asseoir au bout de la table.
La constitution du gouvernement est passionnante de ce point de vue, d'autant qu'elle se double
d'une histoire secondaire impliquant son conseiller en communication, personnage trouble mais
indispensable à la mise en place d'une stratégie de gouvernement. Si les "spin doctors" sont
34
devenus des faiseurs de roi, la série évite le piège de surestimer leur importance et de les
présenter comme les nouveaux maîtres du jeu. Le caractère éminemment humain des acteurs
est restitué avec justesse: le pouvoir est exercé par des hommes et par des femmes, qui se
trompent, qui changent d'avis, qui élaborent des stratagèmes et qui composent avec leurs
convictions et les principes auxquels ils croient.
Bien sûr, les entorse sont fréquentes et parfois douloureuses, mais elles ne signifient pas que le
cynisme et l'ambition dévorante sont les seuls moteurs d'une carrière. Borgen a ceci de rassurant
qu'elle puise son inspiration à la même source que l'excellent film L'Exercice de l'Etat de Pierre
Schoeller qui rappelle que ministre est d'abord un métier et pas seulement une sinécure pour
laquelle on vendrait père et mère. Là, comme dans Borgen, les protagonistes apparaissent avec
leurs forces, leurs talents, leurs faiblesses et leurs défauts. Ils apparaissent tout simplement
humains.
(Dessin, Martin Vidberg)
35
7.2 Annexe 2
Accessible à :
http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2012/11/16/series-tv-le-modeledanois_1791180_3236.html
Vu le 08.04.13
Séries TV : le modèle danois
M le magazine du Monde | 16.11.2012 à 12h34 • Mis à jour le 19.11.2012 à 18h22Par Macha Séry
Il existe plusieurs manières de visiter Copenhague : louer une bicyclette et suivrela courbe des
canaux, flâner à Tivoli puis ricocher d'un musée à l'autre. Ou emboîter le pas à Sarah Lund et
Birgit Nyborg, les héroïnes des séries télévisées de "The Killing" et "Borgen", comme le propose
l'office de tourisme de la ville. Plébiscitées par les téléspectateurs du monde entier, couvertes de
prix internationaux, ces séries ont subitement braqué les projecteurs sur un petit Etat du nord de
l'Europe comptant moins de six millions d'habitants. Or, du Danemark, que connaissait-on
jusque-là ? Les jeux de Lego, les contes d'Andersen, les films de Carl Dreyer et de Lars
Von Trier, son modèle social, ses fermes éoliennes ? Avouons-le, peu de chose. Pas
même la famille royale, bien loin des frasques de la monarchie britannique.
Or ces deux séries scandinaves nous ont fait découvrir un pays aux nuages bas, trempé
de pluie, où les meurtres dissimulent des secrets crapoteux, où les partis politiques se
déchirent. Cela, sans rythme effréné ni effets spéciaux, sans rebondissement à tout-va ni
maquillage glamour. De quoi rendre perplexes les Américains, qui se sont empressés
d'acheter les droits pour réaliser des remakes. Au Danemark, le succès ne se dément pas. La
troisième saison de "The Killing", actuellement en cours de diffusion, rassemble toutes les
semaines 1,7 million de téléspectateurs. "Vous imaginez ça en France ? Un tiers de
lapopulation devant le poste ?", s'amuse le réalisateur Mikkel Serup dans un café ducentre-ville.
Soit l'équivalent en France de la finale de la Coupe du monde defootball en 2006...
Le pull tricoté main aux îles Féroé que porte Sofie Grabol dans la série s'est arraché au point que
la firme Gudrun & Gudrun a été en rupture de stock. "Tout le monde voulait le même. Il est
devenu le symbole de la série", poursuit Mikkel Serup. Son héroïne est une femme flic quasi
asociale, aux cheveux et traits tirés, inspirée de Clint Eastwood dans Dirty Harry. Son interprète,
elle, est reçue telle une ambassadrice à l'étranger. Même phénomène pour "Borgen", qui
dévoile les coulisses de Christiansborg, siège du Parlement danois, à travers le parcours deBirgit
Nyborg, élue premier ministre un an avant que, dans la réalité, Helle Thorning-Schmidt,
présidente des sociaux-démocrates (SD), n'accède au poste en novembre 2011.
En Angleterre, la BBC a diffusé les deux séries en version originale sous-titrée, comme le
veut la tradition. Histoire, semble-t-il, d'en conserver toute l'authenticité. Et "Borgen" a été
suivi assidûment par le premier ministre britannique David Cameron et Nick Clegg, chef du
Parti libéral démocrate. Posséder un coup d'avance, déjouer les attentes, captiver le public
avec d'ardues négociations relatives à la nomination d'un commissaire européen à Bruxelles :
c'est d'abord ça, la réussite de cette série et de la fiction danoise
36
7.3 Annexe 3
Commentaires sur Borgen et les aspects exotiques et universels :
Bretonparisien | 01/03/2012 à 18h47
Je ne sors plus le jeudi soir, je regarde "Borgen"... En suivant les tourments et les valeurs, les victoires et les
défaites de Birgit Nyborg, premier ministre du beau royaume du Danemark, on suit le fonctionnement très
exotique, pour nous, Français, de la démocratie danoise et les mécanismes de l'exercice du pouvoir, qui,
eux, sont universels. Avec, en prime, les cafouillages d'une famille qui n'en demandait pas tant ! La
scénarisation rend les principaux personnages, pas tous attachants, mais tous très humains. C'est tout l'art des
séries. Et c'est ça qui rend 'addict".
Commentaires concernant le sous-titrage par rapport à Borgen :
mariefc | 02/03/2012 à 12h16
Une très bonne série que j'ai la chance de pouvoir regarder en VO sous-titrée ,ce qui me plonge tout à fait
dans l'atmosphère,et qui nous fait entrer dans les arcanes de la politique,en découvrir les rouages,parfois
complexes,avec la "relation" entre la presse,le pouvoir et les conseillers.....C'est d'autant plus intéressant
que l'action se passe dans un autre pays et l'on voit bien que partout les choses ne sont pas si
simples,même dans une société avancée comme le Danemark!!!C'est du solide,du sérieux ,merci à ARTE!Et
si on n'a pas pu la voir le soir de la diffusion ,il y a une session de rattrapage,cela devrait se généraliser!
(Les deux commentaires ont été trouvé sur
http://television.telerama.fr/tele/serie/borgen-une-femme-au-pouvoir,7839033.php
(08.04.13)
De la grande télévision, 8 mai 2012
Par Delicatessen - Voir tous mes commentaires
Achat authentifié par Amazon(De quoi s'agit-il ?)
Ce commentaire fait référence à cette édition : Borgen - Saison 1 (DVD)
Remarquable ! De la très grande télévision, adulte, passionnante, jamais mièvre ni
simplificatrice. Ce n'est pourtant pas simple de traiter des jeux complexes du pouvoir
et de leur cruauté. Les auteurs réussissent à donner chair avec brio à un
thème aussi abstrait que la politique et ses enjeux contradictoires, à nous
faire toucher du doigt le conflit entre idéologie et réalité. Sans jamais basculer dans
le théorique, en restant toujours dans l'action. Tout le contenu du discours passe par
les situations. C'est très bien écrit, à un rythme toujours soutenu, la tension ne se
relâche jamais. Interprétation au-dessus de tout éloge, réalisation très efficace et
sans effet superflu. Bravo ! De la télé qui ne prend pas le spectateur pour un
imbécile. Dommage, dommage que la saison 2 n'existe pas en version soustitrée en français. Quelle frustration !
Trouvé sur amazon.fr, accessible à :
http://www.amazon.fr/productreviews/B006QP0C6U/ref=cm_cr_dp_see_all_btm?ie=UTF8&showViewpoints=1&sortBy=b
ySubmissionDateDescending
37
7.4 Annexe 4
L’interrogation a eu lieu le 17 avril 2013, à Fuglsangsallé, la faculté Business and social
sciences à Aarhus. Le répondant a vu les deux séquences. Ensuite, il a été présenté aux
questions suivantes.
Questionnaire: Borgen
Nom : Thomas (Le surnom est connu par l’auteur)
Age : 20
Profession/études : Etudiant
Connaissances de langues étrangères : Anglais et allemand
[Les premières questions ont le but de donner une idée du répondant comme récepteur de
Borgen, puisqu’il se peut qu’il y ait des informations importantes par rapport à la réception]
Quel genre de film préfères-tu ?
Action
As-tu l’habitude de voir des films sous-titrés ou postsynchronisés ? Quelle version préfères-tu,
et pourquoi ?
Oui, et je préfère les films en Version Originale, parce qu’ils sont plus réalistes.
Est-ce-que tu connais la chaîne Arte, et as-tu l’habitude de la voire ? Comment la décriraistu ?
Je connais Arte, c’est une chaîne culturelle, mais je la regarde très peu.
Connais-tu des films danois ? Est-ce qu’ils se distinguent d’autres films internationaux ?
Non, je n’en connais aucun
Est-ce-que tu maitrises le danois ? Non
Qu’est ce que tu sais sur le Danemark ? (Gouvernement, histoire, industrie etc)
Je ne connais pas beaucoup. Des notions de base et la culture générale.
Quelle relation as-tu avec le Danemark ?
J’habite à Aarhus, je suis étudiant étranger pour un an.
Quels mots associes-tu à la culture danoise ?
Les deux mots danois que je connais : Hygge et øl.
Comment décrirais-tu les danois ?
Sympathiques, polis. Mais dur à connaître.
Quelles différences penses-tu qu’il y’a entre les danois et les français ? (Comportement
sociale, normes de langage, etc)
Les danois sont plus courtois, polis et positifs. Les français sont plus ouverts.
38
Séquence 1 (épisode 5 : Les hommes qui aiment les femmes. Min 7-19)
Birgitte Nyborg a débouché Henriette Klitgaard du secteur privé. Qu’est-ce que ca veut dire ?
Elle est allée la chercher dans le secteur privé
Est ce que le mot « moule » signifie qqch par rapport aux étudiants ? Est-ce qu’il indique que
les étudiants sont « inintelligents » ?
Dans ce contexte, oui. Mais on ne le dit pas en France
As-tu remarqué des sous-titres dont la langue n’est pas tout compréhensible ou que tu trouves
bizarre ?
A part « carotte », non.
Décrirez pourquoi Kasper n’aime pas Pernille Madsen ; Pourquoi ? Elle est comment aux
yeux de Kasper ?
Elle met trop en avant son coté féministe, et elle en profite.
Décrivez Kasper : Quel genre de caractère est-il ?
Il semble assez froid et strict.
Séquence 2 (épisode 9 : Divise et règne. Min 5-19)
Est-ce que cette séquence montre une image du comportement des danois, et peux-tu le
décrire ?
Sandwich dans le parc, au bord de l’eau
Décrivez Bent Sejro : Quel genre de caractère est-il ?
Il semble bienveillant et juste
Quelle est sa relation avec Birgitte ?
Il la conseille, la guide
Rigshospitalet, c’est quoi ? Qu’est-ce que « les hôpitaux du Royaume » signifient ?
Il s’agit de la santée de la famille royale.
Penses-tu qu’il y’a une différence entre ‘virer’ et ‘révoquer’ ? laquelle ? Selon toi, pourrais
Bent employer le mot ‘virer’ ?
Révoquer, c’est plus politiquement correct.
39
7.5 Annexe 5
Annexe
Texte marqué en jaune : Des segments à traduire présentés dans l’analyse (la partie 4.2) du
mémoire
Texte marqué en bleu : Des passages auxquels il a été référé dans la partie 4.3
Texte marqué en vert : Quelques-uns des segments appliqués pour esquisser les microstratégies dans la partie 2.1.3
Personnages :
Birgitte Nyborg (Birgitte) : Premier Ministre
Henriette Klitgaard (Klitgaard) : Ministre de l’industrie
Kasper Juul (Kasper) : Le spin docteur de Birgitte Nyborg et l’ex-copain de Katrine Fønsmark
Katrine Fønsmark (Katrine): Journaliste à la chaîne TV1 et ex-copine de Kasper Juul
Laura : Fille de Birgitte Nyborg et Phillip, elle a environ 13 ans
Magnus : Fils de Birgitte Nyborg et Phillip, il a environ 7 ans
Pernille Madsen (Pernille) : ministre des Affaires sociales et de la Parité
Phillip: L’époux de Birgitte Nyborg, professeur d’économie
Pia : Journaliste à la chaîne TV1 et responsable de la rédaction
Sanne : Secrétaire de Birgitte Nyborg
Torben Friis (Torben) : Journaliste et chef de rédaction de la chaîne TV1
Ulrik : Journaliste à la chaîne TV1
XX : Chef de cabinet de Birgitte Nyborg
Séquence 1:
Épisode 5, « les hommes qui aiment les femmes » minute 7’-19’
À la rédaction de TV1. Trois journalistes discutent.
Texte source
Pia: Har I set hendes CV? Se her. Denne her
dame ik? Hun er tidligere fotomodel. Hun
har fire overbygninger fra udenlandske
universiteter. Mor til tre. Og hun er ikke fyldt
40 endnu.
Texte cible
Pia: Vous avez vu son CV ? Regardez.
Madame a été mannequin
Elle a quatre diplômes d’universités
étrangères. Mère de 3 enfants et pas encore
40 ans.
Katrine: Tilgengæld er hun sikker elendig til
at lave mad.
Katrine : Elle doit être nulle en cuisine
Torben: Det jeg i virkeligheden synes er
interessant, det er: hun er den eneste i
ministerregeringen som IKKE er valgt
direkte ind i folketinget. Statsministeren har
bare head huntet hende fra en eller anden
toppost i erhvervslivet. Det kunne vi godt
lige lave et indslag omkring. [..uforståeligt]
Det er der ingen tvivl om. 18 eller 20.30?
Torben : Ce que je trouve intéressant, ce
qu’elle est la seule ministre qui n’a pas été
élue. La Premier ministre l’a débouchée du
secteur privé.
On devrait faire un reportage là-dessus. C’est
pour le 18h ou pour le 20h30 qu’on la
programme ?
Katrine: Eh, vi vil gerne være først, så hun
skal vel ind til mig i 18eren ik?
Katrine : On veut être les premiers, donc
avec moi à 18h, non ?
40
Ulrik: Vi ku også bare angribe den ud fra
hvad der er bedst TV.
Ulrik : On peut être plus percutants.
Katrine: Undskyld?
Katrine : Pardon ?
Ulrik: Ja hvad der ser bedst ud. Også rent
journalistisk.
Ulrik : Avoir plus d’impact
Torben : Hvad mener du?
Ulrik: (prøv li at hør’,) det er en kvindelig
minister der lancerer et feministisk
lovforslag, skal vi så sætte hende sammen
med en kvindelig vært, og lade det blive
sådan noget rent Girl Power, eller skal vi
prøve at afbalancere det lidt, og lade mig
tage den i 20.30’eren?
Torben : Explique !
Ulrik : C’est une femme ministre qui fait un
projet de loi féministe. Est-ce qu’on la met
en face d’une femme, et c’est le « Girl
Power », ou alors je présente le 20h30 ?
Torben: [tager et magazin hvor hun er på
forsiden] Hun ser jo fantastisk ud. [kigger på
Ulrik] det er da et argument, helt klart.
Torben : Elle est superbe. Ca tient la route.
Katrike: Girl Power? Hvad er det vi taler
om, ”vi vil hellere have nyheden til sidst
fordi det skal være en mand der interviewer
hende”?!
Ulrik: Nej nej, det handler om
signalværdien. Du er kvinde, hun er kvinde,
sagen handler om at begundstige kvinder,
altså det kan godt hurtig gå hen og blive
sådan lidt eeeh ost med ost.
Katrine : Girl Power ? On retarde
l’interview pour que ce soit un home face à
elle ?
Katrine: Prøv nu at høre, siden hvornår har
værtens køn været noget vi tillægger
journalistisk betydning?
Katrine : Le sexe du journaliste a un impact
rédactionnel maintenant ?
Ulrik: Når selve sagen den handler om køn,
så er det vel noget vi bør tage hensyn til.
Ulrik : Le sujet est précisément le sexe, c’est
donc le critère que nous devons prendre en
compte.
Pia : Ecoute, le sujet, c’est la parité, hein ?
Et ce ne serait pas pour Katrine parce que
c’est une femme ? Ca ne tient pas la route.
Pia: Hør nu her, sagen handler om
ligestilling ik? Altså vi står og snakker om at
Katrine ikke må tage den, fordi hun er
kvinde?? Det holder sgu da ikke!
Ulrik : L’important c’est le signal qu’on
envoie. Vous êtes deux femmes. On aurait
l’air de favoriser les femmes. Ce serrait
comme mettre du fromage avec fromage.
Ulrik: Det holder da fint!
Ulrik : Ca la tient très bien.
Katrine [og Pia i munden på hinanden]: ej
det gør da ej, det er da grotesk.
Katrine : On croit rêver, c’est pas vrai !
Torben [ironisk] Jamen jeg kan da også tage
hende [Ulrik og Torben ser på hinanden]
Torben : Je peux aussi la prendre
41
Katrine: Hvad gør vi så, Torben?
Ulrik: Ja, hvad så?
Torben: Ulrik, 20.30
Katrine : Bon, on fait quoi, Torben ?
Ulrik : Oui, alors ?
Torben : Ulrik, 20h30
Dans les locaux de TV1, pendant l’interview avec Klitgaard
Texte source
Texte cible
Klitgaard: Og vi forventer derfor at kunne
Klitgaard: Nous espérons que ce projet de
vedtage forslaget inden folketinget går på
loi sera adopté avant que ce ne soit les
sommerferie.
vacances d’été pour le Parlement
Ulrik: Men altså, er kvoter ikke noget man
har for torsk og ik for kvinder?
Ulrik : Les quotas ne sont-ils pas plutôt
destinés aux moules ?
[bag kameraet] : Hold kæft! Han er god!
[Putain il est bon. Génial, non ?]
Klitgaard: Kvoter er et værktøj, som vi
anvender på områder, som ik ka regulere sig
selv. Man har også kvoter for studerende, og
det er vel ikke alle studerende man kan
karakterisere som torsk.
Klitgaard : Nous utilisions les quotas dans
les secteurs incapables de se réguler. Il y a
des quotas pour les étudiants. Les qualifier
des moules ne serait pas très sympathique
pour eux.
[bag kameraet, Katrine:] tag den Ulrik!
Ulrik: Godt, så hvis jeg har forstået det
rigtigt, så mener du simpelthen at kvinder de
har brug for et lovforslag for at komme til
fadet?
[Katrine : Prends ca, Ulrik !]
Ulrik : Si je comprends bien, votre projet
estime que les femmes ont besoin d’une loi
pour réussir ?
Klitgaard: Det handler om at få brudt nogle
lukkede systemer, som nok navnligt gør sig
gældende i dele af erhvervslivet. Så
højtuddannede kvinder i ledende stillinger
ikke skal vente i årevis på at tingene ændrer
sig.
Klitgaard : L’objectif est de briser des
systèmes plus ou moins fermés qui sont
cruciaux dans le secteur privé. Ainsi, les
femmes diplômées n’ont pas à attendre des
années pour que les choses changent.
Ulrik: Det er klart...
Ulrik : C’est clair, mais….
Klitgaard:.. Det er visse ting man må
lovgive om! Vi har løbende lovgivet om
barselsorlov, og for nylig stemte vi om
ligestilling i kongehuset. Så det er måske
ikke så farligt Ulrik [smiler]
Ulrik: Henriette...
Klitgaard : Pour avancer, il faut légiférer.
Nous légiférons sur le congé parental.
Récemment, nous avons voté pour la parité
dans la monarchie, donc ce n’est pas si
dangereux, Ulrik.
Ulrik : Henriette..
[Bag kameraet, Katrine: Hold kæft man, han
æder jo af hendes hånd!
En anden journalist: ja, men hun er kraft
dælme også lækker det skider jeg på]
[Katrine : Putain, il lui mange dans la main.
autre journaliste : Oui, mais elle est sexe.
Moi, je trouve en tout cas.]
42
Klitgaard: Guleroden er skattemæssige
fordele for de selskaber, som hurtigt lukker
det ønskede antal kvinder ind i bestyrelserne.
Stoppen derimod er en hårdere beskatning af
de selskaber der IKKE vil. Og i yderste
konsekvens så kan de selskaber MÅSKE
fratages retten til at operere i Danmark. Men
lad os nu se om det ikke går med guleroden
alene.
Klitgaard : La carotte, ce sont les avantages
financiers dont les entreprises pourront
bénéficier si elles respectent le quota de
femmes. Le bâton, ce sont de plus lourdes
taxes pour celles qui refusent. Et en dernier
recours, il reste la possibilité de leur retirer le
droit d’avoir toute activité. Mais voyons déjà
comment la carotte peut fonctionner.
[Katrine bag kameraet: Kom nu Ulrik gå nu
til hende!]
[Katrine : Vas-y, Ulrik, attaque-la !]
Ulrik: Det bliver spændende at følge. Tak til
dig, Henriette Klitgaard.
-Ulrik: Og fra kvoter og lovforslag til taler og
fællessang. Idag er det som bekendt
kvindernes kampdag, og i den forbindelse er
vores reporter, Julie Sylvest, på gaden –med
BH
Ulrik : Ca va être palpitant, merci à vous,
Henriette Klitgaard.
Ulrik : passons des quotas et de ce projet de
loi aux chants féministes. C’est la journée de
la femme. A cette occasion, nous avons
envoyé Julie Sylvest dans la rue, et avec
soutien-gorge.
Katrine sort du studio, elle veut rentrer. Elle rencontre Benjamin. Ils parlent. Cette scène n’a
pas été transcrite.
Le petit déjeuné chez Birgitte Nyborg :
Texte source
Birgitte: Hvad er det du spiser?
Magnus: Koko pops.
Phillip: Ja altså han var meget træt da vi
købte ind igår, og jeg orkede ikke den
diskusion.
Texte cible
Birgitte : Qu’est-ce que tu manges?
Magnus : des Coco Pops
Phillip : J’étais crevé au supermarché hier.
J’ai pas voulu discuter.
Laura: Skal du have overskrifterne mor?
Birgitte: Ja, kom med dem.
Laura: ”Voldsomme demonstrationer i
Burma”, ”nationalbanken varsler
rentestigninger”, og.. øhm..
Magnus: Hvem er det?
Laura: Det er.. erhvervsministeren i mors
regering.
Magnus: Hvorfor har hun ikke noget tøj på?
Laura : Tu veux les gros titres, maman ?
Birgitte : Oui, lis-les-moi.
Laura : « démonstration de violence en
Birmanie ». Là, c’est la banque nationale qui
annonce la hausse des taux d’intérêt.
Magnus : c’est qui ?
Laura : Le ministre du Commerce de
maman.
Magnus : Pourquoi elle a pas de vêtements ?
Phillip: Ja, så begynder det.
Phillip : Ca commence
Petit déjeuné dans un café, où Kasper et Katrine ont un rendez-vous :
Texte source
Texte cible
Kasper: God morgen! Jeg har købt et
Kasper : Salut. Bonjour. Je t’ai commandé
morgensæt til dig.
un petit-déj’
43
Katrine: Tak! Jeg tror ikke jeg skal have
croissant.
Katrine : Merci. Je crois que je ne vais pas
prendre de croissant.
Kasper: Er du syg?
Kasper : Tu es malade ?
Katrine: Nej, jeg prøver bare at spise lidt
mere fornuftigt. Måske skal jeg i
virkeligheden bare have noget vand.
Katrine : Non. J’essaie de manger plus
intelligemment pour ma santé. Un verre
d’eau suffira.
Kasper: Vand! Går det så dårligt i TVbranchen?
Kasper : Un verre d’eau ! Ca va si mal à la
télé en ce moment ?
Katrine: ja. Det er fandme hårdt at trænge
igennem lige for tiden. Det er ren drengeklub
til redaktionsmøderne.
Katrine : L’ambiance est lourdingue dans
l’équipe en ce moment. C’est « Bienvenue au
club des machos » !
Kasper: Sjovt, hos os er det ren pigeklub.
Katrine: Hun er da ellers en hot lille sag
hende erhvervs-Henriette, hva? Sådan én
man får akut mindreværd over.
Kasper : Chez nous, c’est plutôt « nanas et
compagnie »
Katrine : C’est une petite bombe
industrielle, Henriette, hein ? A coté d’elle,
on a vite un complexe d’infériorité.
Kasper: Du er heller ik den enester der har
det sådan. Kan du stave til Pernille Madsen?
Kasper : Tu n’es pas la seule à penser ca. Si
je te dis Pernille Madsen ?
Katrine: Jamen det burde vel også være
hendes område, eftersom hun er social og
ligestillingsminister, burde det ik?
Katrine : En tant que ministre des Affaires
sociales et de la Parité, c’est plutôt son
domaine, non ?
Kasper: Jeg siger ikke noget. – Hun er pi-sse sur. Men det er fortroligt. Okay? Nu skal
du fortælle mig lidt om dig.
Kasper : Je ne dis rien. – elle est méga
énervée. Mais c’est confidentiel. OK ?
Maintenant, parle-moi de toi.
Katrine: Virkelighed, eller det du gerne vil
høre?
Katrine : La vérité ou ce que tu préférais
entendre ?
Kasper: Hvad vil jeg gerne høre?
Kasper : Je préférais entendre quoi ?
Katrine: At jeg lever i cølibat. Og savner én
jeg kendte engang. Og at jeg ikke mener Ole.
Katrine : Que je suis célibataire. Et que je
regrette quelqu’un. Et je ne parle pas d’Ole
Kasper: Jeg ku godt lide Ole.
Kasper : Je l’aimais bien, Ole.
Katrine: Men du kan også godt lide tanken
om at du er svær at komme sig over, ik?
Katrine : Mais tu aimes bien aussi penser
qu’on ne t’oublie pas facilement.
Kasper: [griner] Ævl!
Kasper : Absurde.
44
Au « Château », Kasper Juul, Birgitte Nyborg, Henriette Klitgaard
Texte source
Klitgaard: Det er fra min tid som model, jeg
var 21, studerede, skulle bruge pengene.
Birgitte: Naturligvis.
Kasper: Er der mere end det?
Texte cible
Klitgaard: J’avais 21 ans. J’étais étudiante et
je posais pour gagner ma vie.
Birgitte : Naturellement
Kasper : Il y a pire que ca ?
Klitgaard: Altså jeg har ikke været miss wet
T-shirt, hvis det er det du tænker på. Jeg
arbejdede kun for de store anerkendte
bureauer. Der er sikkert masser af
undertøjsbilleder, det lavede jeg meget af
dengang.
Klitgaard : Je n’ai pas été Miss Tee-shirt
mouillé si c’est ce que tu penses. Je ne
travaillais que pour les grandes agences. Il
doit y avoir plein de photos de lingerie, j’en
ai fait beaucoup.
Kasper: Vi ku måske mødes, og så diskutere
noget generelt presse strategi i fh til din
fortid som undertøjsmodel?
Kasper : On pourrait prendre rendez-vous
pour parler stratégie médiatique au sujet de
ton passé de mannequin pour lingerie ?
Klitgaard: Altså ved du hvad, det tror jeg
godt Rune kan klare.
Klitgaard : Rune pourra s’en sortir.
Kasper: Selvfølgelig kan han det.
Kasper : Oui, j’en suis sûr.
Birgitte: Godt, bare husk at der er ekstrem
bevågenhed på det her ikke også, og
koordiner alle udmeldinger med os.
Birgitte : N’oublions pas que le sujet suscite
de l’intérêt, alors coordonnons nos
communiqués.
Kasper et Birgitte au bureau de Birgitte.
Texte source
Birgitte: ”Ah måske ku vi lige mødes og tale
om din fortid som model”!
Texte cible
Birgitte: « On pourrait parler de ton passé de
mannequin pour lingerie. »
Kasper: Det var ik det jeg sagde!
Kasper : Ce n’est pas ce que j’ai dit
Birgitte: ”Ah jeg kan godt hjælpe dig med
noget pressestrategi. Altså, hvis du sku have
brug for noget..”!
Birgitte : « Je t’aiderais à mettre au point
une stratégie. Enfin, si tu avais besoin de
quelque chose.. »
Kasper: Birgitte! Jeg flirter ik!
Kasper : Birgitte. Ce n’est pas de la drague !
Birgitte: Du flirter!
Birgitte : Tu dragues.
Kasper: Jeg flirter ik!
Kasper : Je ne drague pas.
Birgitte: Åh du flirter!
Birgitte : Si, tu dragues.
[Sanne, sekretæren, banker på]
[Sanne, la secrétaire, frappe la porte]
45
Kasper: Sanne –flirter jeg?
Kasper : Sanne. Je drague ?
Sanne: Nej.. ik med mig i hvert fald. Pernille
Madsen har ringet hele morgenen. Hun vil
meget gerne have et møde. Hun var meget
insisterende.
Sanne : Non, enfin pas moi, en tout cas.
Pernille Madsen a téléphoné ce matin. Elle
voudrait un rendez-vous. Elle a beaucoup
insisté.
Birgitte: Jeg ringer til hende.
Altså et eller andet sted har Pernille Madsen
jo en pointe. Hun er ligestillingsminister, og
vi holder hende udenfor. Hvad mener du?
Kasper: Fyr hende. Jeg kan ik snuppe hende
der, Madsen.
Birgitte : Je l’appelle.
Il faut reconnaitre que Pernille Madsen a
quelques raisons. Elle est ministre de la
Parité et on la tient à l’écart. Qu’en pensestu ?
Kasper : Vire-la. Je ne peux pas la blairer,
Madsen.
Birgitte: Hvad er problemet?
Birgitte : C’est quoi, le problème ?
Kasper: Hun er en overvintrede kvindelejr.
Alt det der lugter af fælles rundbold og
Femø, og kotteletter i fad i arbejderpartiet..
nej, jeg kan ikke klare hende.
Birgitte: Er det noget du lige tager med din
psykolog, Kasper?
Kasper : Elle a trop hiberné chez les
féministes. Le genre de suffragettes qui font
des campements pour femmes avec côtes
d’agneaux à la sauce Parti travailliste, je la
blaire pas.
Birgitte : Tu voudrais en parler à un psy,
Kasper ?
Kasper: Jeg siger bare at det er den slags
kvinder der ryger først op ad muren når
revolutionen kommer. Du spurgte, jeg
svarede.
Birgitte: Ej hvor du flirter!
Kasper : Je dis simplement que ce genre de
femme est la première à grimper au mur
quand vient la révolution. Tu me demandes,
je réponds.
Birgitte : Qu’est-ce que tu dragues !
Birgitte parle avec Pernille Madsen, ministre des Affaires sociales et de la Parité. Elles se
trouvent dans le parc du « Château »
Texte source
Texte cible
Pernille Madsen : Jeg er glad for du tog dig Pernille Madsen: Ravie que tu aies pris le
tid til en lille snak. Arbejderpartiets ledelse
temps de cette conversation. Le bureau du
undrer sig mere og mere over dit valg af
parti travailliste s’interroge sur ce qui t’a
minister til at profilere lovforslaget.
poussée à choisir ce ministre pour défendre
ce projet de loi.
Birgitte: Ja, men det må ledelsen jo så tage
op med mig.
Birgitte : Le bureau n’a qu’à s’adresser à
moi.
Pernille: Det gør vi så nu. Jeg er jo
næstformand.
Og jeg vil gerne forstå, hvorfor så stor en
sag, som så åbenlyst hører ind under mit
område, gives til erhvervsministeriet.
Pernille : C’est ce que nous faisons on ce
moment. Je suis vice-secrétaire et je ne
comprends pas pourquoi ce dossier qui est de
mon ressort atterrit au ministère du
Commerce et de l’Industrie.
46
Birgitte: Jeg ønsker at flytte fokus i debatten,
Pernille. Mit valg af ministerium er taktisk.
Ved at vælge en kvindelig minister der nyder
stor respekt i erhvervslivet, så gør vi os selv
mindre sårbare.
Birgitte : J’aimerais situer le débat autre
part, Pernille. Ce choix de ministre est
tactique. En choisissant une femme respectée
dans le secteur privé, nous sommes moins
vulnérables.
Pernille: Synes du? En minister der har
været tidligere undertøjsmodel? De kunne
ihvert fald ikke have fundet sådan nogle
billeder af mig. Men bortset fra det, så kunne
jeg godt tænke mig at vide hvorfor du ikke
efterlever dit eget løfte om ligestilling i
regeringens ledelse.
Pernille : Tu crois ? Un ministre, ancien
mannequin pour lingerie ? On n’aurait pas pu
trouver des photos comme ca de moi. Mais à
part ca, j’aimerais savoir pourquoi tu ne
respectes pas ta promesse sur la parité dans la
direction du gouvernement.
Birgitte: Hvad mener du?
Birgitte : Comment ca ?
Pernille: Ja, der er syv pladser i
kommisionsudvalget, og kun to kvinder?
Pernille : Il y a 7 postes à la commission de
coordination et que 2 femmes.
Birgitte: Jeg går ud fra at du tænker på dig
selv, Pernille?
Socialministeren har aldrig siddet i Kudvalget, ikke i nogen regering, uanset
partifarve.
Birgitte : J’imagine que tu penses à toimême, Pernille.
Ton ministère n’a jamais siégé à la
commission C, quel que soit le parti
représenté.
Pernille: Jeg kan kun sige at min indflydelse
i arbejderpartiet er temmelig stor. Og vi vil jo
nødigt skabe uro i regeringsamarbejdet.
Birgitte. Du skylder for at have givet denne
her sag til Henriette. Det er ren favorisering.
Pernille : Mon influence au parti est énorme,
et il ne faudrait pas provoquer de troubles
dans la coalition gouvernementale.
Birgitte. Tu as une dette envers moi pour
avoir favorisé Henriette.
Birgitte: Hvad er det du vil have?
Pernille: Jeg vil med til samtlige møder som
Henriette deltager i i denne sag. Og mit navn
skal ligge øverst i bunken til at komme i Kudvalget næste gang der er ministerrokade.
Aller øverst.
[giver BN et knus] det var en god snak.
Birgitte : Qu’est-ce que tu veux ?
Pernille : Je veux être aux mêmes réunions
qu’Henriette sur ce dossier. Et je dois être en
tête de liste pour entrer à la commission C au
prochain remaniement.
Bien en tête.
Discussion très constructive.
47
Au « Château »
Texte source
XX: Birgitte vi har fået en henvendelse af
Chrone.
Tecte cible
XX : Birgitte, nous avons reçu en message
de Chrone.
Birgitte: Dén Chrone?
Birgitte : Le « Chrone » ?
XX: Chrone industri, ja. Han vil gerne mødes XX : « Chrone industrie » , oui. Il voudrait
med dig for at give sin mening til kende. Jeg un rendez-vous pour vous donner son avis. Je
foreslår at vi lader ham komme kl 18 i dag.
suggère que vous le voyiez en fin de journée,
à 18h.
Birgitte: Er vi enige om at det er svært at få
et møde med statsministeren i Danmark? Og
du tilbyder ham et møde samme dag han
ringer?
Birgitte : C’est difficile de voir le Premier
ministre du Danemark, non ? Et vous lui
offrez un rendez-vous le jour même de son
appel ?
XX: Vi plejer at mødes med Chrone.
XX : Nous avons l’habitude avec Chrone.
Birgitte: Vi?
Birgitte : Nous ?
XX: Ja, det her ministerium.
XX : Oui, ce ministère.
Birgitte: Jeg ved godt Hesselboe mødtes ofte
med ham.
Birgitte : Je sais que Hesselboe le voyait
fréquemment.
XX: Ja de to havde et godt forhold.
XX : Oui, ils avaient de bonnes relations tous
les deux.
Birgitte : Si bonnes que la presse disait que
Chrone dictait directement la politique
fiscale, commerciale et industrielle du
gouvernement.
Birgitte: Så godt at pressen mente, at Chrone
direkte dikterede den daværende regerings
skatte- og erhvervspolitik.
XX: Chrone er en af de mest indflydelsesrige
personer i det danske samfund. Passer kl 18?
Birgitte: Nej, der skal jeg spise middag med
min familie. Jeg kan være her kl 20.
XX : Chrone est l’une des personnalités les
plus influentes de la société danoise. 18h
vous conviendrait ?
Birgitte : Non, je dois dîner avec ma famille.
Je peux être ici à 20h.
Chez Birgitte Nyborg, la famille est ressemblée.
Texte source
Texte cible
Birgitte: Hvordan gik det med den der stil?
Birgitte: Comment ca s’est passé pour ton
interrogation ?
Laura: Det gik fint. Jeg fik tolv.
Laura : Bien. J’ai eu 20 sur 20.
Birgitte: Det er da virkelig godt. Tillykke!
Birgitte : Très bien ! Félicitations !
48
Laura: Tak. Det fik jeg også i den sidste.
Laura : Merci. C’est ce que j’ai eu aussi à la
dernière.
Magnus: Må jeg godt gå ind og spille
computer?
Magnus : Je peux aller jouer à l’ordi ?
Birgitte: Ej skat, skal vi ikke lige blive og
hygge lidt?
Birgitte : Chérie, on est bien ensemble.
Phillip: Har du lektier til i morgen? Så bare
stik af.
Phillip : Tu as des devoirs pour demain ?
Alors, vas-y.
Laura: Må jeg ik også godt gå op og øve
klaver så. Jeg skal nok tage høretelefoner på.
Laura : Je peux monter aussi pour jouer du
piano ? Je mettrai le casque.
Phillip: Jo jo, det er fint.
Phillip : Oui, oui, c’est bon.
Birgitte: Hvem fanden var det der opfandt
begrebet kvalitetstid? Syge stodder altså!
Birgitte : Qui a invité le concept du repas
familial ? Quelle andouille !
Phillip: Det er jo bare fordi du har været så
meget væk. Bar vent til i aften når vi ser en
film, så ligger de og spinder op ad dig i
sofaen.
Phillip: C’est parce que tu es souvent
absente. Ce soir, en regardant le film, ils se
blottiront contre toi.
Birgitte: Jeg har et møde.
Prøv at gætte med hvem?
Birgitte : J’ai un rendez-vous.
Devine avec qui ?
Phillip: Ja med hvem?
Phillip: Avec qui ?
Birgitte: Joachim Chrone.
Birgitte: Joachim Chrone.
Phillip: Okay! Jamen han er jo vandt til at
have direkte indflydelse på landets love.
Phillip : Mais il a l’habitude d’avoir une
influence sur les lois du pays.
Birgitte: Min departementchef var ufatteligt
insisterende.
Birgitte : Mon chef de cabinet a insisté.
Phillip: Det er da klart han er insisterende,
han sidder jo i VL gruppe med Chrones
administrerende direktør.
Phillip : Je comprends qu’il ait insisté. Il
siège avec le patronat aux cotés du bras droit
de Chrone.
Birgitte: Gør han dét?
Birgitte : Ah bon ?
Phillip: Ja, VL gruppe 3 såvidt jeg husker.
Phillip : Oui. Le groupe 3, je crois.
Birgitte: Nå, okay. Det lyder somom du
synes det er direkte usundt for demokratiet
Birgitte : Ah, d’accord. Tu me dis ca en
pensant que c’est malsain pour la
démocratie ?
49
Phillip: Nej, men jeg synes jo bare ikke at
ministre og embedsmænd skal være alt for
intime med erhvervslivet.
Phillip : Non, mais les ministres et les hauts
fonctionnaires ne devraient pas être trop
intimes avec le secteur privé.
Birgitte: Nå, skal vi to så skilles eller hvad?
Birgitte : Il faudrait qu’on divorce, alors ?
Phillip: Nu er jeg jo ikke erhvervsliver vel,
jeg underviser bare. – i øvrigt så er det sgu
lidt småprovokerende at se hvor lækker du
gør dig for en anden mand.
Phillip : En ce moment, je ne suis pas dans le
privé, j’enseigne. –
C’est agacant que tu te fasses belle pour un
autre homme.
Birgitte: For Chrone? Han er 600 år gammel. Birgitte : Pour Chrone ? Il a 600 ans, au
moins.
Phillip: Du har jo altid haft det godt med
Phillip: Mais tu as toujours eu un faible pour
modne mænd, har du ik? Du skynder dig
les hommes mûrs. Dépêche-toi de rentrer.
hjem!
50
7.6 Annexe 6
Annexe
Texte marqué en jaune : Des segments à traduire présentés dans l’analyse (la partie 4.2) du
mémoire
Texte marqué en bleu : Des passages auxquels il a été référé dans la partie 4.3
Personnages :
Bent Sejrø (Bent) : Ministre des Finances. Il a une relation proche avec Birgitte, et il la guide.
Birgitte Nyborg (Birgitte) : Premier Ministre
Dan: Cadreur
Hans Christian Thorsen (HC) : Ministre de la Défense
Kasper Juul (Kasper) : Le spin docteur de Birgitte Nyborg et l’ex-copain de Katrine Fønsmark
Katrine Fønsmark (Katrine): Journaliste à la chaîne TV1 et ex-copine de Kasper Juul
Phillip: L’époux de Birgitte Nyborg, professeur d’économie
Pia : Journaliste à la chaîne TV1 et responsable de la rédaction
Simon : Journaliste à la chaîne TV1
Torben Friis (Torben) : Journaliste et chef de rédaction de la chaîne TV1
Ulrik : Journaliste de la chaîne TV1
Séquence 2: Épisode 9: « Divise et règne »
minute 5’-19’
A la rédaction du journal télévisé, dans les locaux de TV1
Texte source
Texte cible
Torben Friis: Ok, prøv at høre her kære
Torben Friis: OK, écoutez, chers amis.
venner. Dansk tophistorie er at vi
L’histoire du jour, c’est qu’apparemment on
tilsyneladende endelig har fundet frem til
sait quel avion de chasse le Danemark va
hvilke jægerfly Danmark skal købe. Pia?
acheter. Pia ?
Pia: Ja, pressemeddelelsen er på trapperne.
Forsvarsministeren kommer ind til Katrine i
18.eren og fortæller om flyet.
Pia : On attend le communiqué. Le ministre
de la Défense passe chez Katrine au 18h.
Torben: eh Katrine, er du forberedt?
Torben : Katrine, tu t’es préparée ?
Katrine: Ja. Men alt tyder på at det bliver F26 Defenderen vi vælger, hvilket samtidig
sikrer dansk erhvervsliv en ordre for
minimum 9 miliarder kroner.
[Pias telefon ringer: Ups, den skal jeg lige
tage..ja?]
Katrine : Toute porte à croire que ce sera le
Defender F-26, ce qui garantit à notre
industrie une commande de 9 milliards.
Torben: Hvordan har du tænkt dig at skære
den?
Torben : Comment tu attaques le sujet ?
Katrine: Jamen, køber vi det bedste fly til
vores piloter, eller den bedste aftale til vores
erhvervsliv?
Katrine : C’est le meilleur pour nos pilotes
ou le meilleur contrat pour notre industrie ?
[Pia : Je dois répondre..]
51
Ulrik: ”Jeg er bange for de store stærke
mænd, og bilerne der dytter i trafiken..”
Ulrik : J’ai peur des bonshommes et des
voitures qui klaxonnent…
Torben: [griner] Hvad skete der dér?
Torben : Qu’est-ce qui se passe ?
Ulrik: Jamen altså, helt seriøst, prøv at høre,
vores tilgang til militærhandler det er sgu da
ikke at Danmark skal være et eller andet
afmilitariseret maoistisk bondesamfund.
Ulrik : Notre engagement militaire…
C’est pas comme si le Danemark était une
société maoïste démilitarisée.
Katrine: Det forstår jeg simpelthen ikke,
hvad er det du mener?
Katrine : Qu’est-ce que tu veux dire ?
Ulrik: Det jeg siger, det er at der også er en
anden vinkel. Altså ”nyt jægerfly sikrer
dansk erhvervsliv store ordrer”
Ulrik : Ces avions assurent à l’industrie
danoise de grosses commandes.
Katrine: Ej hvor er det en god idé. Jeg synes
at vi skal allesammen være spin-doktorer for
regeringen.
Katrine : On devrait être spin docteurs
Ulrik:[mumler] Ja eller vi kan jo bare lade
være med at knalde dem.
Ulrik : Alors, ne baise plus avec lui.
Torben: Hey hey, helt rolig ik? Vi lægger
cutet midt imellem noget konspirationsteori
og så ”hurra-journalistik”, og Dan jeg har
virkelig brug for nogle billeder der sparker
røv, godt med lir på, ik?
Torben : Du calme. On arrête la théorie du
complot et le journalisme patriotique. Dan,
j’ai besoin d’images qui trouent le cul.
Dan: Jeg har de mest fantastiske billeder, det
bliver ren ”top gun”.
Dan : J’ai des images géniales. Du pour
« Top Gun ».
Torben: Fantastisk, sovs og kartofler dér.
Eeh, vi skal tale med nogle piloter. Simon?
Torben : Fantastique. On doit interviewer
quelques pilotes. Simon ?
Simon: Ja, jeg tager til Skrydstrup senere i
dag, og jeg har allerede fået lov til at komme
op i et cockpit.
Simon : Je vais à Skrydstrup et je pourrai
monter dans le cockpit.
[Alle: der var han heldig hva. Nå nå nå nå, så
er han glad. Tillykke med det]
[les autres : T’en as de la chance.
Félicitations !]
Torben: Perfekt. Pia?
Torben : - - - -
Pia: Ja, det var fra forsvarsministeriet
[opkaldet hun fik lige inden] Der kommer
ikke nogen pressemeddelse i dag alligevel.
Ja, så interviewet er vel udskudt?
Pia : C’était le ministère de la Défense.
Aucun communiqué de presse ne sortira
aujourd’hui, donc l’interview est reportée.
52
Katrine: Hvad giver de som begrundelse?
Katrine : Pour quel motif ?
Pia: Det sadvanlige: ”De har desværre ikke
fået alle detaljer på plads endnu”
Pia : Habituel : « Tout n’est pas réglé. »
Katrine: Det er jo noget fis.
Katrine : C’est des conneries.
Ulrik: Godt, Friis, hvad gør vi så?
Ulrik : Friss, on fait quoi ?
Torben: Jaaaaae, hvad gør vi, hvad gør vi,
Friis, Friis, Friis. Øøh, vi rykker historien om
bankdirektørenes lønninger helt op i toppen
Torben : Oui. On fait quoi ? Friis, Friss,
Friis. On passe l’histoire des salaires des
directeurs de banque.
Katrine et Kasper ont un rendez-vous dans un parc, où ils déjeunent
Texte source
Texte cible
Kasper: Hvorfor har du egentlig tid til
Kasper : Pourquoi tu as le temps de
frokost i dag?
déjeuner, aujourd’hui ?
Katrine: Fordi jeres kære forsvarsminister
alligevel ikke kan beslutte sig for hvilket
jægerfly han gerne vil købe. Du er ikke
overrasket? Det vil sige statsministeren har
noget med det at gøre?
Katrine : Parce que votre cher ministre de la
Défense n’arrive pas à choisir quel avion il
va pouvoir se payer. Ca ne t’étonne pas ?
Donc le Premier ministre est dans le coup ?
Kasper: Jeg siger ikke noget.
Kasper : Je ne dis rien.
Katrine: Hun har lidt at se til for tiden,
Birgitte Nyborg, hva?
Katrine : Elle stagne en ce moment, non ?
Kasper: Hun er statsminister.
Kasper : Elle est Premier ministre.
Katrine: ”Vi er blevet meget professionelle
alle os der står her”. Det er et citat fra din
chef. Jeg genså partilederrunden fra sidste
valg forleden dag. Kan du huske det? Du var
ved at gå baglæns da hun sked på jeres
aftaler og talte udenfor manus’et. ”Jeg tror vi
skal være den vi er ind i mellem. Jeg tror
ikke det forhindrer os i også at være gode
politikere”. Gælder det stadig for hende?
Katrine : « Nous sommes professionnels,
nous tous qui sommes ici. » C’est une
citation de ta chef. J’ai revu le débat final de
la dernière élection. Tu te souviens ? Elle ne
disait pas un mot de ton discours, ca te faisait
flipper.
« Je pense que nous devons être tels que nous
sommes. Je ne crois pas que ce soit
incompatible avec la politique. » Elle est
encore concernée ?
Kasper: Jeg siger stadig ikke noget.
Kasper : Je ne dis toujours rien.
Katrine: Og hvad med din far? Der siger du
heller
ikke noget.
Katrine : Et sur ton père ? Tu ne dis rien,
non plus.
Kasper: Der er ikke så meget at sige. Han er
død.
Kasper : Il n’y a pas grand-chose à dire. Il
est mort.
53
Katrine: Men du sagde heller ikke noget den
dag han blev brændt. Du har faktisk ikke sagt
noget overhovedet.
Katrine : Mais tu n’as rien dit, le jour où on
l’a incinéré.
Kasper: Det er vel ikke helt usædvanligt at
man bliver lidt tavs, når man mister.
Kasper : Ce n’est pas anormal d’être
silencieux en plein deuil.
Katrine: Jeg tænkte bare at det måske kunne
være meget godt at snakke lidt om det.
Kasper, din far blev brændt i et lille kapel i
Korsør, og ud over dig og mig der var der en
bedemand, det er lidt svært at tro på at han
var en stor erhvervsmand i Frankrig. Vil du
ikke fortælle mig hvem han var?
Katrine : Je pensais que ca serait bien d’en
parler un peu. Ton père a été incinéré dans
une petite chapelle à Korsor. A part toi et
moi, il n’y avait qu’un conseiller funéraire.
Difficile de croire à l’homme d’affaires en
France. Tu ne veux pas m’en dire plus ?
Kasper: Nej.
Kasper : Non
Katrine: Du kunne ikke lide ham, vel?
Kunne du det? Kasper, kunne du lide din far?
Katrine : Tu ne l’aimais pas ? N’est-ce pas ?
Kasper, tu aimais ton père ?
Kasper: Min far var en grim lille fedtspiller.
Han levede et dødsygt liv i Korsør, en by
Gud har glemt. Det er dét.
Kasper : Mon père était une pauvre
andouille. Il a vécu une vie sans intérêt à
Korsor, une ville que Dieu a oubliée. C’est
tout.
Katrine : Mais pourquoi avoir menti à son
sujet ?
Kasper ?
Katrine: men hvorfor har du løjet om ham?
Kasper?
Kasper: Fordi jeg hadede det liv med ham!
Så jeg begyndte at fortælle historier om det
liv jeg hellere ville have. Og jeg har været til
psykologer Katrine, jeg kan alle
fortolkninger i hele verden, og jeg orker ikke
mere.
Kasper : Parce que je haïssais cette vie avec
lui ! J’ai raconté des histoires sur la vie que
j’aurais préféré avoir. J’ai été chez le
psychologue, Katrine. Je connais par cœur
toutes les analyses et je n’en peux plus.
A la maison de Birgitte Nyborg. Elle est en train de lire un dossier avec le titre : « Le
Danemark a besoin d’avions de chasse » (Danmarks behov for kampfly)
Texte source
Texte cible
Philip: Er det virkelig meningen at du skal
Phillip : Il faut vraiment que tu lises tout ca ?
læse alt det dér?
Birgitte: Hvad siger du?
Birgitte : Qu’est-ce que tu dis ?
Phillip: Er der ikke én der kan læse det for
dig, og så referere det vigtigste for dig?
Phillip : Il n’y a pas quelqu’un qui pourrait
le lire pour toi, et qui te le résumerait ?
Birgitte: Jo
Birgitte : Si.
Phillip: Jeg går ind i seng nu.
Phillip : Je vais me coucher.
54
Birgitte: God nat, skat.
Birgitte : Bonne nuit, chéri.
Philip: God nat, Birgitte.
Phillip : Bonne nui, Birgitte.
B: Sov godt.
B : Dors bien.
Au « Château », Birgitte Nyborg les ministres responsables de l’achat des avions de chasse.
Après avoir vu un film en anglais sur le Defender F-26, ils commencent la réunion :
Texte source
Texte cible
Birgitte: Ja tak! Hans Christian. Vil du
Birgitte : Bien, merci. Hans Christian. Veuxstarte?
tu commencer ?
Hans Christian (HC): Selvfølgelig.
Fremtidens fjendebillede peger entydigt på at
vi har brug for flyvende teknologiske
platforme, som ikke kan spores af nutidens
radarsystemer. Og der er F-26 Defenderen
det eneste fly der kan leve op til de krav.
Hans Christian (HC) : Bien sûr. L’image de
l’ennemi du futur montre que nous avons
besoin de plateformes technologiques
aériennes qui ne puissent pas être détectables
par les systèmes radar actuels. Le Defender
F-26 est le seul qui répond à ces exigences.
Birgitte: Når jeg læser om de tre flytyper der
er på tale, så er Defenderen jo den eneste der
endnu ikke er på vingerne. Det indebærer vel
en risiko for eh, tekniske børnesygdomme?
Birgitte : Quand je regarde les trois types
d’avions dont nous parlons, le Defender est
le seul qui n’ait pas encore volé. On court le
risque d’avoir des défauts de jeunesse.
HC: nu har Trident-fabrikkerne garanteret
os, at sådan noget ikke vil ske.
HC : Trident, le constructeur, nous a garanti
que ca n’arriverait pas.
Birgitte: Det er vel i sagens natur dét
fabrikker altid gør.—desuden påpejer
adskillige analyser, at der i løbet af få år vil
findes radarsystemer som kan spore den
stealth- teknologi som er Defenderens største
fordel pt.
Birgitte : C’est assez naturel de le dire, pour
un constructeur. Plusieurs études soulignent
que, d’ici peu, les systèmes radar seront
capables de tracer sa technologie furtive qui
est, pour l’instant, le plus gros avantage du
Defender.
HC: Nu kan vi jo som sagt ikke spå om
fremtiden, men vi kan koncentrere os om
nutiden. Bent, vi har sgu da godkendt at vi
skal have nye fly!
HC : Oui, on ne peut pas prédire l’avenir,
mais nous pouvons nous concentrer sur le
présent. Bent, nous étions convenus qu’il
nous faillait de nouveaux avions !
Birgitte: Jeg ved godt at I ved meget mere
om det her end jeg. Men før vi kan forklare
og forsvare en investering på over 130
miliarder bør vi holde alle døre åbne.
Birgitte : Bien sûr, vous en savez plus que
moi sur le sujet. Mais avant de justifier cet
investissement de 130 milliards, laissonsnous une ouverture.
HC: Med al respekt, forsvarskommandoen
har arbejdet på det her projekt igennem flere
år nu.
HC : Avec tout mon respect, l’état-major
travaille dessus depuis plusieurs années.
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Birgitte: Med al respekt, så har
forsvarskommandoen jo også en perlerække
af fejlkøb bag sig. Landskabsvogne der
væltede. Helikoptere der heletiden skulle
repareres, og ubemannede fly der aldrig kom
på vingerne. – vi sparker den her til hjørne,
og undersøger sagen. Mine herrer.
[hun forlader rummet]
HC: Bent?
Birgitte : Avec tout mon respect, l’étatmajor a une ribambelle de dépenses
aberrantes à son actif. Des camions
logistiques qui se renversent, des hélicoptères
défectueux, des drones qui n’ont jamais volé.
On botte en touche, et on examine l’affaire.
Messieurs.
HC : Bent ?
Au bureau de Birgitte Nyborg, Bent entre pour lui parler
Texte source
Texte cible
Birgitte: Bent, har vi et møde nu?
Birgitte : On a rendez-vous ?
Bent: Nej. Og jeg kommer heller ikke som
din finansminister. Jeg kommer som din ven.
Har du to minuter?
-Bent: Birgitte.. Du skal jo have det store
overblik. Men jeg synes at du skal passe på at
du ikke fortaber dig i detaljer og enkeltsager.
Birgitte: 130 miliarder er ikke ligefrem
detaljer, vel?
Bent : Non. Je ne viens pas en tant que
ministre des Finances. Je viens en ami. Tu as
deux minutes ?
Bent : Birgitte, tu dois tout maîtriser, bien
sûr. Mais je pense que tu dois faire attention
à ne pas te perdre dans des détails, ni dans
chaque dossier.
Birgitte : 130 milliards, un détail ?
Bent: Jo. Det er detaljer i det store regnskab.
Thorsen er din forsvarsminister.
Bent : Oui. Un détail dans le budget final.
Thorsen est ton ministre de la Défense.
Birgitte: Ja, men dét er jo ikke videre
betryggende. Jeg synes flere gange vi har
oplevet at han er direkte i lommen på
forsvaret. CIA-flyvningerne på Grønland for
eksempel.
Birgitte : Ce qui n’est pas des plus rassurant.
Nous savons qu’il est en cheville avec les
militaires. Les avions de la CIA au
Groenland, par exemple.
Bent: Hvis du gør dig ansvarlig for alle
regeringens beslutninger, så falder alle
fejlene også tilbage på dig, ik. Og det er der
ingen statsminister der kan holde til i
længden. De gamle romere kaldte det ”del og
hersk”. Du bliver altså nødt til at lade dine
ministre passe deres arbejde, ik, og i værste
tilfælde: lave fejl. For så kan du fyre dem.
Bent : Si tu es responsable de toutes les
décisions du gouvernement, alors toutes les
erreurs vont te retomber dessus. Et aucun
Premier ministre ne peut tenir ainsi
longtemps. Les Romains appelaient ca
« diviser pour régner ». Tu dois laisser tes
ministres faire leur travail, et dans le pire des
cas, commettre des erreurs. Tu pourras alors
les révoquer.
Birgitte: Min erfaring viser mig desværre at
der ganske tit ER noget at komme efter.
Birgitte : Mais mon expérience prouve,
malheureusement, qu’il y a souvent des
choses à redire.
Bent: Jamen altså, hvad vil du så gøre, hvad
Bent : Dans ce cas, que vas-tu faire s’il se
56
hvis der sker noget oppe i
sundhedsministeriet, skal du så bestemme
hvem der skal være direktør på
Rigshospitalet, hva? Altså lad nu
forsvarsministeriet købe de skide fly. Ja,
godkend den pressemeddelse, ikke, og lad os
se at komme videre. Herre Gud de
forhandlinger de har sgu da været igang i de
sidste 7-8 år ikke? Og du er bare tilfældigvis
den statsminister der sidder på posten netop
nu hvor ordren skal gives.
passe quelque chose au ministre de la Santé ?
Tu vas aussi décider qui dirigera les hôpitaux
du Royaume ? Laisse le ministre de la
Défense acheter ces putains d’avions.
Approuve le communiqué de presse, et
avançons. Bon Dieu, ces négociations
traînent depuis 7-8 ans. Tu n’es que le
Premier ministre en place au moment où
cette commande est finalisée.
Birgitte: ja, og det er den siddende
statsminister som det hele falder tilbage på.
Birgitte : Oui, et c’est le Premier ministre en
place qui est responsable.
Bent: For helvede Birgitte, du bliver sgu
nødt til at stole på de fagfolk,..
Bent : Putain, Birgitte, il faut que tu fasses
confiance aux experts,
Birgitte: Det er jo det jeg ikke kan, Bent!
Birgitte : C’est justement ce que je ne peux
pas, Bent.
Bent: Nå. Men sååe.. så svar mig på én ting:
hvem er statsminister, mens du render rundt
og passer vores andres arbejde?
Bent : Eh bien alors.. Dis-moi… Qui est
Premier ministre pendant que tu fais notre
boulot ?
Devant les locaux de TV1, Torben Friss fume
Texte source
Texte cible
Katrine: Jeg troede du var holdt op. Igen.
Katrine : Je croyais que tu avais arrêté.
Encore.
Torben: Ja, det troede jeg sådan set også.
Torben : Oui. Je croyais aussi.
Katrine: Pressemeddelelsen fra
forsvarsministeriet er kommet på Ritzau. De
har valgt Defenderen, og forsvarsministeren
kommer ind til mig i 18’eren.
Katrine : Le communiqué de la Défense est
arrivé par dépêche. Ils ont choisi le Defender
et le ministre vient chez moi, au 18h.
Torben: Det er fint. Så gør vi bare som vi
har aftalt.
Torben : C’est bien. Donc on fait comme on
avait décidé.
Katrine: Klart. Jeg har i øvrigt søgt
aktindsigt hos forsvarskommandoen for at få
overblik over hele udvælgelsesprocessen for
flyet.
Katrine : C’est clair. J’ai aussi fait une
recherche sur les documents du ministère
pour avoir une idée du processus de sélection
de l’avion.
Torben: Katrine for helvede..
Torben : Katrine, merde…
Katrine:.. jeg ved godt ..
Katrine : Je sais bien.
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Torben: Prøv nu at høre her, der sidder
mindst ti medarbejdere nede på redaktionen,
som drømmer om at få dit job, ik? De vil
rigtig gerne på skærmen, det kommer de bare
ikke for de har ikke det du har. Så lad dem
forhelvede gøre deres arbejde, ikke? Og så
vis tillid til at de rentfaktisk gør det
ordentligt.
Torben : Il y a au moins 10 collaborateurs
qui rêvent d’avoir ton job et de se retrouver à
l’antenne. Mais ca n’arrivera pas car ils n’ont
pas ce que tu as. Laisse-les faire leur boulot.
Et considère qu’ils vont le faire
correctement.
Au « Château », Birgitte Nyborg vient de découvrir que l’entreprise « Via electronics », où
son époux est engagé, a livré les matériaux pour les avions de chasse que le gouvernement
vient d’acheter. Elle rentre à la maison pour parler avec Phillip sur cette situation. Il est soir.
A la maison de Birgitte Nyborg. Phillip téléphone.
Texte source
Texte cible
Phillip: Yes, I signed my contract yesterday. Phillip : Oui, j’ai signé mon contrat hier.
But I will not start until next month, so I
Mais je ne commencerai pas avant le mois
have plenty of time to read everything. –
prochain, j’ai le temps de tout lire. Oui, mais
Yes, yes, but listen I have to go no, so. Okay, écoutez… Je dois vous laisser… D’accord,
fine then, thank you, bye, bye.
bien. Merci. Au revoir.
Birgitte: Det er noget rigtig lort det her,
Phillip. Jeg har lige opdaget, at dit firma har
leveret hard ware til cockpit’et i Defenderen
for 5,5 millioner Euro.
Birgitte : C’est vraiment la merde. Je viens
de découvrir que ta société avait fourni du
hardware pour le Defender donc à hauteur
de 5,5 millions d’euros.
Phillip: Ja? Og hvad så? Via electronics er jo
bare underleverandør til en anden
underleverandør.
Phillip : Oui ? Et alors ? Via Electronics est
sous-traitant d’un autre sous-traitant.
Birgitte: Jo, men er det ikke ligemeget, der
er et eller andet fra dit firma, som sidder i de
jægerfly min regering har besluttet at købe,
altså så I tjener jo penge på at min regering
tager en beslutning...
Birgitte : Ce n’est pas sans importance. Ta
société a fabriqué du matériel à bord des
avions de chasse que mon gouvernement a
choisis. Vous gagnez de l’argent grâce à la
décision que nous avons prise.
Phillip:.....Birgitte, Birgitte. Du ser spøgelser
her. Via electronics har ingen direkte aftale
med Trident-fabrikkerne. Vi er
underleverandører til et andet selskab der har
lavet den her aftale. Beløbet er jo
fuldkommen peanuts i forhold til den danske
regerings ordre. Der er ikke noget problem.
Tro mig nu.
Phillip : Tu te trompes là. Via Electronics
n’a pas d’accord direct avec le constructeur
Trident. Nous sommes sous-traitants d’une
autre entreprise qui a le contrat. Le montant,
ce peanuts par rapport à la commande de ton
gouvernement. Il n’y a aucun problème.
Crois-moi.
Birgitte: Okay. – jeg ringer lige og tjekker
med Kasper.
Birgitte : OK. J’appelle Kasper pour vérifier.
58
[Kasper i telefonen: Det er en bagatel. Som
jeg ser det, så svarer det til at du køber
benzin til ministerbilen på en tilfældig tank i
Jylland, og at det så viser sig at Phillip er
chef for benzinselskabet.
[Kasper : C’est une peccadille. C’est comme
si une voiture du ministère achetait de
l’essence dans une station quelconque au
Jutland, et que Phillip soit le patron de la
compagnie pétrolière.
Birgitte: Er du sikker, vi bliver ikke slagtet i
pressen? Kasper: Nul. Din regering er nu
dydsmønstre hvad den slags angår, der er
intet at komme efter, det lover jeg dig
Birgitte.
Birgitte : On ne va pas nous massacrer ?
Kasper : Zéro. Ton gouvernement est un
modèle de probité dans cette affaire, il n’y a
rien à te reprocher, je te le promets, Birgitte.
Birgitte: Tak skal du have, Kasper. Måske
har du lige redet mit ægteskab.
Birgitte : Je te remercie, Kasper. Tu viens
peut-être de sauver mon mariage.
Kasper: Ja. Husk nu at se Thorsen i aften,
ikke? Birgitte: ja, hej.]
Kasper : Et regarde Thorsen, ce soir.
Birgitte : Oui. Salut.]
Dans les locaux de TV1, pendant l’émission des journaux télévisés. Une interview avec Hans
Christian, ministre de la Défense :
Texte source
HC: Altså de fleste af vore Nato-allierede
har jo allerede investeret i Defenderen. Og
det er selvsagt en meget stor fordel når vi
skal samarbejde om de internationale
opgaver.
Texte source
HC : La plupart de nos alliés de l’OTAN ont
déjà investi dans le Defender, et cela
constitue un avantage lorsque nous
collaborons dans des opérations
internationales.
Katrine: Dansk erhvervsliv kommer til at
tjene store summer på de modkøbsaftaler der
følger med et køb af F-26-Defenderen hos
Trident-fabrikkerne. Har dét været med til at
påvirke beslutningen?
Katrine : L’industrie danoise va gagner
énormément d’argent grâce à l’achat du
Defender F-26 du constructeur Trident. Cela
a-t-il influencé votre décision ?
HC: Ikke direkte. Men, er det en negativ ting
at erhvervslivet også tjener penge?
HC : Pas directement. Mais est-ce négatif
que l’industrie gagne de l’argent ?
Katrine: Men, Hans Christian Thorsen, er
det det bedste fly til vores piloter, eller er det
den bedste aftale til vores erhvervsliv?
Katrine : Mais est-ce que nous négocions les
meilleurs avions pour nos pilotes ou le
meilleur contrat pour notre industrie ?
HC: Det er så afgjort det bedste fly. Og må
jeg lige minde om at det handler om at...
HC : C’est certainement le meilleur avion. Il
s’agit de la sécurité de nos pilotes.
[Rekationen siger til Katrine i øresneglen:
Godt Katrine, vi runder af efter svaret og
fortsætter med næste indslag. ]
[Bien, Katrine, après sa réponse, on passe au
sujet suivant.]
HC: .. Også rigets sikkerhed.
HC : … et du royaume, cela va sans dire.
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Katrine: Tak fordi du kom.—købet af nye
jægerfly er en del af nye forsvarforliget og
vil derfor blive forelagt forligspartierne i det
nye Folketingsår.
[interviewet er slut]
Katrine : Merci d’être venu. – Cet achat de
nouveaux avions fait partie des accords de
défense et sera présenté aux différents partis
lors de la rentrée parlementaire.
HC[til Katrine]: Så lærte du også lidt om
jægerfly i dag, pigebarn.
HC : [à Katrine] Maintenant, tu en sais un
peu plus sur les avions, ma petite fille.
[i Ks øresnegl: standby studiet igen. Er du
klar Katrine? Og værsgo.]
[Stand-by sur le plateau. Prête, Katrine ? A
toi Katrine.]
[efter udsendelsen, i studiet]
Katrine: Forsvarsministeren skjuler et eller
andet.
Katrine : Le ministre cache quelque chose.
Torben: Nååe? Og hvad skulle det så være?
Torben : Ah ? Et ce serait quoi ?
Katrine: Jamen jeg ved det ikke, der er et
eller andet der ikke passer
Katrine : Il y’a un truc qui cloche.
Torben: Tror du ikke bare du er en lillebitte
følsom omkring den dér afskedsbemærkning
som han lige fyrede af?
Torben : Tu ne crois pas que c’est parce que
tu es un peu à cran après ce qu’il vient de te
dire ?
Pia: Det var da også for meget, altså..
Pia : Il faut dire que c’était…
Torben: jamen for fanden, sådan er Thorsen,
ik. Militærmand og manchovanist, det er sgu
da meget forfriskende engang i mellem,
ikke?
Torben : Il est comme ca, Thorsen. Militaire
et macho. C’est rafraîchissant de temps en
temps, non ?
Katrine: hvis vi kan komme os over det
friske pust og manchovanisme, så kan man
da spørge sig selv hvorfor en gammel
militærmand overhovedet interesserer sig for
hvad erhververvsliver får ud af at et køb af
jægerfly.
Katrine : Passons sur le rafraîchissement et
le machisme, et demandons-nous pourquoi il
a intérêt à ce que notre industrie gagne ce
contrat.
Torben: Katrine, jeg hører tydeligt hvad du
siger, og jeg kan sagtens mærke hvor du er
på vej hen ad, men tro mig: der er ikke noget
i det. Kan vi komme videre?
Torben : Katrine, je vois où tu veux en
venir, mais il n’y a rien là-dessous. On passe
à autre chose ?
60

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