La série danoise Borgen et la transmission des éléments
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La série danoise Borgen et la transmission des éléments
La série danoise Borgen et la transmission des éléments culturels : Une analyse des décisions traductionnelles au niveau de la traduction audiovisuelle Transfer of cultural specific elements A study on translational decisions with regards to audiovisual translation Un traducteur au pouvoir Auteur : Malin Sophie Weiss Matière : Français et communication Aarhus University, Business and Social Sciences EKOM, 2013 Directeur de mémoire: Patrick Leroyer Nombre de caractères (sans espaces) : 54 725 Abstract This study sets out to examine the process of transferring a text from one language to another, with focus on the analytical work before and during this process, through a hermeneutic approach to cognitive decisions in translation and subtitling. The aim is to get a deeper understanding of how translators proceed when translating, and to clarify the cognitive mechanisms that determine the choice of translation strategies. With this aim in view, the French subtitles of the Danish TV series Borgen have been investigated. The focus is especially on how the translator resolves challenges in the transferring of cultural specific references from the source culture to the target culture. In order to do so, a corpus consisting of both classical and recent translation theories has been applied, and the concept of culture has been clarified, as well as the procedure carried out by the translator before the translation process has been suggested. Finally, examples demonstrating possible obstacles in rendering cultural specific elements, found in two extracts of the series, have been examined more closely, and where shown to a French participant. Thus, not only the applied translation strategies are examined: also the perception of the translation has been taken into account, which gives an impression of the quality of the translation. The study shows that, in the case of Borgen, the translator’s aim most likely was to make a source text oriented translation, which seeks to transfer the Danish culture as it is shown in the fictional universe of the series, and thereby try to render it unchanged in the subtitles. An analysis of the source text, the medium of the target text, and of the receivers targeted, showed that a documentary translation is to be preferred. However, some particular segments in the chosen extracts were likely judged too culturally linked to the Danish culture for the French audience to understand, thus, they have required a target text oriented translation, to make sure that the message will be transmitted. In the translation process, the translator had to constantly, whether consciously or unconsciously, be aware of the needs and expectations of the audience targeted, in order to make reasonable translation strategy choices that can transfer the message to the new audience. According to the analysis of perception where the participant was asked to comment on the above mentioned examples, the translation solutions suggested for these cultural specific obstacles did not cause any misunderstandings but in one single case. However, to obtain representative results, more participants would be needed, and this analysis does not pass to draw general conclusions. Furthermore, to get a more detailed picture of how cultural specific references have been rendered from a relatively small language society as Denmark to a larger speech community like French, comparative analyses would be recommended by comparing the French subtitled version with the English subtitled version, for instance. Number of characters in abstract (without spaces): 2,574 Table des matières 1 Introduction………………………………………………………………………..5 1.1 Formulation du problème…………………………………………………………………..6 1.2 Epistémologie………………………………………………………………………………..6 1.3 Méthodologie et théories…………………………………………………………………..7 1.3.1 Méthode……………………………………………………………………………………...7 1.3.2 Théories……………………………………………………………………………………...7 1.4 Délimitation…………………………………………………………………………………...8 1.5 Disposition du mémoire……………………………………………………………………8 2 Théories de la traduction………………………………………………………..9 2.1 Le sous-titrage………………………………………………………………………………..9 2.2 Skopos………………………………………………………………………………………..10 2.3 Vinay et Darbelnet…………………………………………………………………………..12 2.4 Les théories récentes………………………………………………………………………14 2.4.1 La taxonomie de Schjoldager……………………………………………………………..14 2.4.2 Les critères d’acceptabilité par Gambier………………………………………………...16 2.5 La notion de culture………………………………..……………………………………….17 2.6 L’application des théories classiques dans la TAV…………………………………...18 3 Enjeux de la traduction………………………………………………………...19 3.1 Le texte source et son contexte………………………………………………………….19 3.1.1 Résumé…………………………………………………………………………………….19 3.1.2 L’émetteur………………………………………………………………………………….20 3.2 Le texte cible et son contexte…………………………………………………………….21 3.2.1 Le médium………………………………………………………………………………….21 3.2.2 Le récepteur………………………………………………………………………………..22 3.2.3 Le message………………………………………………………………………………..22 4 L’analyse des stratégies appliquées dans le sous-titrage de Borgen...23 4.1 La réception selon les médias français………………………………………………….23 4.2 Les décisions traductionnelles……………………………………………………………23 4.2.1 L’extrait 1…………………………………………………………………………………….24 4.2.2 L’extrait 2…………………………………………………………………………………….26 4.3 Observations générales dans les extraits………………………………………………28 5 Conclusion……………………………………………………………………….30 5.1 Implications……………………………………………………………………………………..30 5.2 Réflexions et perspectives de recherche…………………………………………………..31 6 Références……………………………………………………………………….32 7 Annexes…………………………………………………………………………..34 7.1 Annexe 1…………………………………………………………………………………………34 7.2 Annexe 2…………………………………………………………………………………………36 7.3 Annexe 3…………………………………………………………………………………………37 7.4 Annexe 4…………………………………………………………………………………………38 7.5 Annexe 5…………………………………………………………………………………………40 7.6 Annexe 6…………………………………………………………………………………………51 1 Introduction Si nous allumons la télévision, nous voyons des longs métrages internationaux, qui ont été traduits et sont émis dans toute l’Europe. Sur la chaîne DR Kultur de Danmarks Radio par exemple, beaucoup d’émissions étrangères sont diffusées. On y trouve souvent des films, des reportages ou des séries de l’Angleterre, de la France ou de l’Allemagne. Cela n’est pourtant pas très étonnant, pensant au fait que ces pays sont des « exportateurs » importants au niveau de la scène culturelle, ayant donc beaucoup à donner à la cible danoise. Cet échange international des films distractifs ou informatifs nous invite à faire partager un autre univers, ce qui en même temps lance des défis interlinguistiques et interculturels, puisque l’émetteur et les récepteurs du texte ne sont ni du même pays, ni de la même culture. La suppression des obstacles potentiels porte sur le travail détaillé des traducteurs, rendant cette forme de communication interculturelle possible. Quant à notre propre petit pays, il n’a cependant pas beaucoup à offrir au niveau culturel –ou a-t-il ? La vague des romans policiers scandinaves qui a envahit l’Europe depuis quelques années, a attiré l’attention de beaucoup de nations, qui se focalisent plus qu’auparavant sur la Scandinavie et son offre culturelle de la distraction. Pour répondre à cet intérêt international, il faut des traductions pour transmettre le message à la nouvelle cible. Parfois les récepteurs du message ne disposent pas nécessairement du savoir de base, qui permet de comprendre le contexte dans lequel les messages sont enracinés. Peut-être qu’il y a des aspects dans le texte à traduire qui nécessitent des explicitations –et le traducteur prend donc souvent le rôle d’un communicateur, prenant de décisions dans le processus de la traduction, qui rendraient la perception du message possible dans le texte cible. Etant donné le fait que le Danemark est un petit pays, tant la langue que la culture danoise sont plutôt inconnues, comparées aux pays comme la France, l’Angleterre ou l’Allemagne. Cela pourrait impliquer des explicitations importantes, par rapport à la traduction des textes scandinaves vers le français. Notamment dans les séries télévisées sous-titrées, ce n’est pourtant pas toujours possible, faute d’espace. J’ai choisi d’étudier la série danoise Borgen, qui connaît un grand succès dans toute l’Europe, y compris en France, pour éclaircir le processus de la traduction d’un texte venant d’une société linguistique mineure vers une société linguistique majeure. En plus, l’action de Borgen est fortement enracinée dans la culture danoise, un aspect qui donc pourrait donner lieu à un besoin d’expliciter certains éléments culturels pour la cible française. Comment est-ce-que cela joue un rôle dans le processus de la traduction d’un texte danois, et comment cela influence les choix des stratégies du traducteur ? Bien que Borgen soit un 5 conte fictif, la série est issue d’un environnement danois très connu au Danemark, mais probablement peu connu en France. Toutes ces pensées m’ont amenée à aborder la question, comment le sous-titreur a-t-il procédé à une traduction réussie de la série danoise, tout en respectant l’intention originelle du créateur –ce que me mène à la formulation du problème suivante : 1.1 Formulation du problème Dans ce mémoire de licence, je veux, à la lumière d’un appareil théorique composé des théories de traduction classiques et des théories supplémentaires actuelles/récentes sur le sous-titrage et la traduction multimédia, me pencher sur la question, comment des aspects culturels de la série danoise Borgen ont-ils été transmis en français grâce au sous-titrage, en vue d’éclaircir les mécanismes cognitifs 1 du processus de traduction et une éventuelle cohérence entre les défis et les choix de stratégies de traduction. 1.2 Epistémologie Je travaillerai dans cette thèse sous une approche herméneutique, puisque je cherche à comprendre des activités humaines, à savoir les choix cognitifs du traducteur et le processus de choisir les stratégies de traduction. Pour comprendre comment des aspects culturels ont été transmis, il est également pertinent de s’interroger sur la question du processus de la réception d’une série danoise et ses spécificités culturelles : la perception est, elle aussi, une activité humaine. En plus, la traduction est par définition une communication interculturelle, où les visions du monde différentes du récepteur et d’émetteur s’affrontent : le défi pour le chercheur est d’interpréter les activités humaines de ces deux acteurs en prenant en considération leurs contextes différents, tout en respectant le contexte même du message – soit le texte à traduire- (Beck Holm 2011 :97). Cela rend l’approche herméneutique pertinente pour aborder la problématique, puisque les aspects primordiaux y sont l’interprétation et la compréhension de l’humanité (Beck Holm 2011 : 84). Selon l’herméneutique, les détails d’une question à étudier sont dévoilés par une compréhension de sa globalité ; en même temps on n’est pas susceptible de comprendre la globalité sans avoir une compréhension des détails (Beck Holm 2011 :95) Par rapport à la traduction de Borgen, il faut donc éclaircir le texte, dite la traduction de Borgen, à partir d’une compréhension du contexte de Borgen dans sa globalité (En prenant en compte les récepteurs ciblés, l’émetteur et le scénario du film) –en même temps il faut comprendre le contexte à partir d’une compréhension des détails du texte cible. Selon Gadamer 2 on travaille sous une approche herméneutique en ayant des « préjuges » contre l’objet à étudier, soit une hypothèse sur la traduction de Borgen : Dans la problématique, je suggère une 1 2 Une étude des connaissances du traducteur pour prendre ses décisions Gadamer (*1900-2002), représente une approche herméneutique plus récente (Beck Holm 2011 :90) 6 éventuelle cohérence entre les défis et les stratégies de traduction choisies par le soustitreur. En outre, il est pertinent d’employer une approche constructiviste, avant tout parce que la réalité de Borgen est une réalité construite, mais aussi parce que, selon Kuhn3, la réalité en générale (celle hors la fiction) est elle-même une construction sociale (Beck Holm 2011 : 123) construite par notre langage. C'est-à-dire que nous construisons notre vision du monde -et donc aussi notre perception d’une réalité fictive- par l’utilisation du langage (Beck Holm 2011 :126). Par rapport à Borgen, il faut donc prendre en considération les différentes origines sociales d’émetteur (et donc le message qu’est issu d’une société danoise) et du récepteur (qui est enraciné dans la société française). 1.3 Méthodologie et théories Afin de répondre à la formulation du problème, cette thèse reposera à la fois sur des matériaux empiriques et sur une méthode qualitative : l’empirie se compose des extraits sélectionnés de la saison 1 de Borgen sous-titrée en français, qui serviront à exemplifier des passages où le sous-titreur pourrait s’être heurté à des obstacles dans une traduction donnée. À partir d’une analyse de ces extraits, je me propose d’exposer les stratégies de traduction choisies par le traducteur. 1.3.1 Méthode La méthode qualitative se compose d’une analyse cognitive, effectuée avec un répondant français, visant à dévoiler la réception du message des extraits sélectionnés, grâce au soustitrage. L’analyse servira à comprendre la perception des éléments estimés être particulier danois, me permettant d’évaluer la qualité de traduction perçue et d’aborder le taux de succès ou d’échec des stratégies appliquées dans la traduction. Comment les passages sélectionnés ont-ils été transmis à une société linguistique majeure ? Il convient ici de souligner que l’objet de l’expérience n’est pas d’obtenir une échelle des traductions réussies ou échouées : la méthode qualitative sert au contraire à éclaircir le processus de la réception, sachant qu’il s’agit d’un processus cognitif et interprétatif complexe : La perception elle-même a lieu sur la base d’une construction de la réalité, qui est un processus de l’interprétation individuel. 1.3.2 Théories Ce mémoire de licence est basé sur des théories tant classiques que récentes. Il se basera particulièrement sur la taxonomie de Schjoldager (2008), qui a été élaborée sur la base des théories traditionnelles, y compris sur le modèle des stratégies de traduction de Vinay et 3 Thomas S Kuhn (*1922-1996) 7 Darbelnet (1958), ainsi que sur des articles de recherche et sur la théorie de Skopos, développée par Vermeer (1970s). Vu que la traduction elle-même a fait l’objet des études depuis des centaines d’années, et que la screen-translation est toujours à ses balbutiements de recherche, ce corpus a été choisi dans le but de renfermer dans le mémoire tant le savoir de la traduction classique, que le nouveau savoir sur la traduction audiovisuelle (TAV). 1.4 Délimitation C’est un fait très connu que la France est un pays du doublage (Slate 2010). Par conséquent, j’aurais pu m’interroger sur la postsynchronisation de Borgen, ou j’aurais pu faire une analyse comparative entre le sous-titrage et le doublage de la série. Une telle analyse demanderait une étude très approfondie, tant au niveau linguistique, y compris les dialogues synchronisés et originaux, qu’au niveau visuel, y compris la mimique et notamment le mouvement des lèvres des acteurs, tout en étant conscient du niveau technique, incluant les mouvements de caméra. En plus, il serait important de respecter le fait que le sous-titrage et le doublage sont des formes de traductions très différentes, et d’en tenir compte toute au long du mémoire4. Cela dépasse les cadres d’un mémoire de licence en termes de nombres de pages maximal, et j’ai donc été forcée de faire une délimitation et de me concentrer, au premier égard, sur le sous-titrage. 1.5 Disposition du mémoire Dans la 2ème partie, des théories de traduction fondamentales du mémoire seront présentées brièvement, les mettant en rapport avec Borgen. Cette partie sert à aborder la TAV, le soustitrage et ses spécificités, et d’expliciter la notion de culture par rapport à la traduction. La 3ème partie se vouera à une présentation de Borgen, en suggérant les pensées du traducteur lors du processus de la traduction, prenant en compte les aspects présentés dans les parties précédentes. Cela me mène à la 4ème partie, où je me pencherai sur l’analyse des extraits sélectionnées et des stratégies de traduction appliquées dans le sous-titrage, et où les analyses de réception seront présentées. La conclusion contient des réflexions et perspectives de recherche. 4 Voir la partie 3.2.1 pour une présentation des différences entre le sous-titrage et le doublage 8 2 Théories de la traduction Ce chapitre fournira une vue générale sur la TAV, afin de mettre l’accent sur les spécificités qui caractérisent le sous-titrage et le distinguent des autres traductions, ainsi que des théories essentielles du mémoire qui seront présentées par rapport à Borgen. Le chapitre débouchera sur une discussion de l’application des théories classiques dans la TAV. 2.1 Le sous-titrage Le sous-titrage est un des modes de traduction qui se regroupent sous la notion de la TAV. Gambier (2004) parle de douze au totale, y compris le doublage ainsi que les traductions intralinguistiques comme par exemple l’audio-description5, ou le sous-titrage pour les sourds et malentendants. Le point commun fondamental, c’est que ce sont des traductions polysémiotiques, c’est-à-dire qu’elles comprennent plusieurs systèmes sémiotiques : Dans une traduction mono sémiotique comme la traduction textuelle par contre, le traducteur ne doit prendre en considération que la sémantique et le style du contenu (Gottlieb 1996 : 157). Par conséquent, le sous-titrage inter-linguistique est particulièrement caractérisé par ces aspects fondamentaux, le distinguant de la traduction textuelle et mono sémiotique : Gottlieb (1996 : 156) parle d’une traduction additive, car elle ajoute des expressions verbales à l’originale, qui n’est pas changée La contrainte de synchronisation : Il faut que les sous-titres correspondent à l’image (Gottlieb 1996 :152) Il faut transmettre la langue parlée à l’écrite Il faut que le traducteur prenne en considération tant l’aspect visuel –la mimique et gestique du personnage- que le son –l’intonation, dialecte, sociolecte, etc. - Le sous-titrage implique une réduction du texte à traduire, en raison d’espace limité La traduction doit être comprit du grand public (Nedergaard-Larsen 1992 : 33) Il s’agit d’une traduction ouverte : les récepteurs n’ont aucun doute qu’ils sont exposés à une traduction (Schjoldager 2008 : 31) Comme la TAV est un mode de traduction relativement nouveau comparé à la traduction textuelle, les études sur la TAV, y compris la traduction poly-sémiotique, ne sont pas encore aussi nombreuses (Gambier 2006 : 270) que celles sur ce dernier, dont des théories de traductions importantes prennent ses sources. Des théories classiques qui se basent sur les traductions textuelles, mais qui sont essentielles pour ce mémoire seront considérées brièvement ici : 5 Des descriptions d’un film pour les aveugles ou malvoyants 9 2.2 Skopos La théorie de Skopos, élaborée par Vermeer sous une approche fonctionnelle de traduction dans les années 70, a gagné une place importante dans la traductologie. Cette théorie se voue à la fonction du texte cible (Schjoldager 2008 : 152) –ce qui permet de déterminer dans quelle mesure la traduction devrait s’orienter vers le texte source ou le texte cible. La question fondamentale de cette théorie-ci est : à quoi va servir la traduction ? Ainsi, elle est un outil du traducteur en l’aidant à comprendre à quel degré le texte cible nécessite une traduction fidèle envers le texte source, et à déterminer les besoins et attentes des récepteurs (Schjoldager 2008 : 161). Vermeer accorde au texte cible un rôle plus important qu’auparavant vu dans les études de théorie dans les années 70 (Schjoldager 2008 : 159). En ce qui concerne le skopos de la traduction de Borgen, il sera esquissé ici, afin de mieux comprendre comment la série télévisée a été traduite. Considérons l’intention qu’avait Adam Price, l’auteur de la série, en la produisant : Vu qu’il s’agit d’un conte fictif, l’intention principale est d’offrir une pièce de distraction. A partir d’une analyse générale de l’action de Borgen6, qui se déroule principalement au siège du Parlement danois, il est suggéré qu’on y trouve trois intentions secondaires. D’abord, l’intention de peindre une image de la vie politique d’aujourd’hui, incluant les structures de la démocratie ; comment obtenir et maintenir le pouvoir ; et le temps de travail qu’il faut y consacrer. Puis, l’intention de décrire le conflit entre vie professionnelle et vie familiale, soit la possibilité de les concilier. Enfin, l’intention de décrire le rôle que jouent les médias dans le paysage politique, en exposant les politiciens et leur travail. Répondons à la question : A quoi va servir la traduction de la série ? Elle est bien entendue un conte fictif, et reste un offre de divertissement, aussi aux spectateurs français. Néanmoins, l’action est fortement enracinée dans la société danoise et sa culture, et on y réfère tant à des faits réels, qu’à des personnes ayant joués un notable rôle dans l’histoire danoise. C’est une société et une culture probablement peu connue pour un public français. Sur la base de tous ces aspects, et la qualité que le scénario se déroule au Danemark, il est estimé qu’on peut même parler d’un univers en quelque sorte exotique d’un point de vue français. La série fait partie de la vague d’offre de distraction de la Scandinavie, qui vient d’envahir l’Europe ; ainsi, l’intérêt pour les aspects scandinaves, et exotiques, est grand7. En même temps, la série contient des aspects qui sont plus universels, à savoir les trois intentions secondaires suggérées, qui, eux, ne sont pas particulièrement liés au Danemark et sa culture. 6 7 Voir la partie 3.1.1 pour un résumé bref de l’action Selon plusieurs médias français, par ex. Lefigaro.fr (2013) 10 Concluons que le skopos par rapport à la traduction de Borgen sera de construire un univers divertissant, palpitant et dramatique dans un contexte de politique récente, et de transmettre les trois thèmes universels, dits interculturels, tout en gardant les aspects exotiques, à condition qu’ils n’entravent pas la compréhension de l’action. C’est l’occasion d’évoquer la distinction entre la traduction documentaire et la traduction instrumentale, originellement définie par Vermeer et puis développée par Nord (Nord 1997, employé dans Scjoldager 2008 : 167). Cette distinction est particulièrement intéressante par rapport à la traduction de Borgen, car la différence culturelle entre l’émetteur et le récepteur du message y est la question primordiale. Dans ce mémoire de licence, les termes documentaire et instrumentale seront employés pour décrire la stratégie globale. On parle d’une traduction documentaire, quand elle sert avant tout à transmettre dans la langue d’arrivée une ‘documentation’ du texte source et ses spécificités culturelles –elle tente donc à exposer aux récepteurs ciblés le message du texte source comme il est comprit dans la culture source, et non d’obtenir la même fonction : une telle traduction est donc plutôt une reproduction du texte source tel qu’il est, et tente d’éviter de trop s’écarter du texte source. La traduction instrumentale par contre, sert avant tout à transmettre le message du texte source, en tenant compte des différences entre la culture source et le récepteur ciblé et les adapter à la culture ciblée en vue d’obtenir dans le texte cible une fonction équivalente à celle du texte source (Schjoldager 2008 : 167). Quant à la traduction de Borgen, on peut aborder la question si elle est l’une ou l’autre : D’un coté, comme il est suggéré ci-dessus, les aspects fortement enracinés dans la culture danoise font partie de l’expérience de regarder une série scandinave, ce qui est un argument pour la traduction documentaire. De l’autre coté, il y a des aspects dans la culture danoise, assez différents de la culture française –parfois ils sont importants pour l’action de Borgen, ajoutant un effet particulier pour le public danois, ayant le même cadre de référence : pour assurer dans le texte cible un effet équivalent, il faudrait une traduction instrumentale. Par exemple8, on peut en cet égard souligner la différence la plus évidente entre le danois et le français -le vouvoiement en France et le tutoiement au Danemark-, qui dans la plupart des cas est gardée. Dans quelques cas particuliers, le tutoiement est pourtant changé dans les sous-titres au vouvoiement : alors que les collègues au Château tutoient Birgitte, qui est Premier ministre, les journalistes la vouvoient. Il est probable que ce choix soit fait parce que la distance entre eux serait moins claire pour le public français s’ils la tutoieraient aussi. La distinction entre la traduction documentaire et instrumentale n’est pas obligatoire, et il est 8 Voir aussi exemple 10 11 possible de trouver les deux dans un texte Schjoldager (2008 : 168). Néanmoins, l’une d’eux sera dominante et sera le point de départ pour le traducteur9. L’analyse de skopos du texte source est souvent la première démarche du traducteur, avant de choisir quelle stratégie globale (soit traduction instrumentale et documentaire) s’imposerait adéquate pour la traduction (Schjoldager 2008 : 172) : ce qui aide à déterminer quelles stratégies locales seront le plus convenables pour répondre au skopos. Les stratégies locales de Vinay et Darbelnet seront présentées ici, suivie par une présentation de celles de Schjoldager dans la section 2.4.1 2.3 Vinay et Darbelnet Travaillant sous une approche linguistique, Vinay et Darbelnet ont élaboré en 1958 un modèle contribuant à mieux comprendre le processus de traduction, en suggérant sept stratégies de traduction. Alors que la théorie de Skopos s’interroge plutôt sur le rôle qui aura le texte cible, les stratégies locales de Vinay et Darbelnet se bornent d’avantage au niveau linguistique du processus de traduction (Schjoldager 2008 : 152). Le modèle a, il aussi, influé de nombreuses études sur la traduction (Schjoldager 2008 : 89/143), et forme, parmi d’autres modèles10, la base de la taxonomie élaborée par Schjoldager. Ainsi, malgré ses racines dans la traductologie classique, il est tout autant applicable dans l’analyse des TAVs. Les stratégies, esquissées ci-dessous (basé sur Schjoldager 2008 : 90) avec des exemples concrets de Borgen, se bornent au niveau linguistique, et seront utilisées dans l’analyse des extraits sélectionnés par la suite. L’emprunt : Le mot du texte source est transmit au texte cible sans le traduire. Cette stratégie est notamment utile lorsqu’il n’existe pas un mot équivalent dans la langue d’arrivée, et elle sert par ailleurs à transmettre le contexte culturel du texte source, comme le démontre cet exemple: Exemple 1 Texte source Texte cible Danmarks største erhvervsmand, fik tildelt Le storkorset af Dannebrogs ordenen plus grand homme d’affaires du Danemark, a reçu la grande croix de l’ordre de Dannebrog11 9 Approfondi dans la partie 3.1.2 Le modèle élaboré par Delabastita, qui sera esquissé brièvement par la suite 11 Episode 5, 44’ 10 12 L’équivalence : Le message est traduit, mais en trouvant une expression équivalente et plus compréhensible dans la langue d’arrivée Ceci est une stratégie notamment employée en but de rendre des expressions figées de la langue de départ. Exemple 2 Texte source Texte cible -Hvor fanden har du været? Putain, tu étais où? -På Rhodos -A Rhodos -Med pensionistklubben? -Avec le club de 3e âge?12 Dans ce cas, la stratégie a été appliquée afin d’employer une expression idiomatique de la langue d’arrivée. L’adaptation : Un mot qui est lié à un aspect culturel du texte source est remplacé par un autre aspect culturel dans le texte cible Exemple 3 Texte source Hvad fanden Texte cible sker der i baggrunden? C’est quoi derrière toi ? Tu fais la fête avec Holder du fest med Johnny Reimar og les nains de père Noël ?13 smølferne ? Johnny Reimar, un chanteur danois qui probablement n’est pas connu en France. Même si, comme il est suggéré dans la partie 2.3, le but du traducteur sera de garder les aspects culturels, il fallait en ce cas trouver une expression adaptée, afin de recréer l’effet prévu de l’émetteur (Schjoldager 2008 : 103) Ces trois stratégies sont estimées à être les plus pertinentes à propos de la traduction de Borgen. Les quatres autres sont : Le calque : Le mot du texte source est traduit littéralement. On peut parler d’une « copie » La traduction littérale : Une traduction mot à mot du texte source La transposition : La catégorie grammaticale du mot à traduire est changée dans la langue d’arrivée, tout en gardant le message 12 13 La modulation : Un changement du sens et/ou de point de vue Épisode 10, 10’ Épisode 3, 36’ 13 Il n’est pas exclut que ces stratégies sont à trouver dans la traduction de Borgen. Néanmoins, elles sont estimées moins importantes par rapport à la transmission des éléments culturels, tandis qu’elles peuvent contribuer à résoudre d’autres difficultés. 2.4 Les théories récentes Après avoir éclairci les théories classiques, considérons les théories plus récentes essentielles pour la TAV. Elles prennent ses sources dans les théories traditionnelles, et elles sont très adéquates à ce propos, car elles sont d’un coté basées sur des études sur le sous-titrage comme dans le cas de la taxonomie de Schjoldager (2008 : 92), et de l’autre coté, élaborées particulièrement en but de servir la TAV, comme dans le cas de Gambier, approfondie par la suite. 2.4.1 La taxonomie de Schjoldager Basant sur les stratégies de Vinay et Darbelnet, Schjoldager a ajouté dans sa taxonomie aussi bien quatre des stratégies élaborées par Delabastita14 que trois stratégies d’elle-même, présentées ci-dessous : Quant aux stratégies de Delabastita, il semble raisonnable de les d’omettre. La permutation (un passage à transmettre est traduit ailleurs dans le texte cible) n’est pas incluse ici, car il est estimé qu’elle ne sera utilisée que très rarement par rapport au sous-titrage, prenant en compte qu’il s’agit d’une traduction audiovisuelle, étant donc une traduction de défilement. Ces raisons ont aussi entraîné l’exclusion de l’addition (un élément de sens est ajouté au texte cible, sans aucune relation évidente au texte source). Par suite de l’analyse du soustitrage de Borgen, il est même estimé qu’elle serait périlleuse d’appliquer en cet égard. La troisième stratégie, la substitution, où un mot du texte source est remplacé par un mot plus ou moins équivalent dans le texte cible, change, selon Schjoldager le contenu, soit le sens sémantique, du segment à traduire. La dernière stratégie est par contre très pertinente concernant le sous-titrage des éléments culturels : l’effacement15 : Un mot du texte source est effacé et n’est pas transmit au texte cible. A cause de la réduction du texte source qui nécessite le sous-titrage, la stratégie d’effacement est appliquée assez souvent. Elle ressemble à la condensation, et elle n’est donc pas approfondie ici. Il est intéressant d’avoir un œil sur l’application de cette stratégie, car elle implique une perte du sens : Le traducteur doit donc sonder si ce sens est d’importance pour le scénario ou non. 14 15 Delabastita 1989; 1993: 33ff (évoqué en Schjoldager 2008: 91) Appelé „deletion“ chez Schjoldager 2008: 92 14 Par ailleurs, Schjoldager (2008 : 92) a ajouté les trois stratégies suivantes Explicitation : Une information implicite du texte source est explicitée dans le texte cible. C’est une stratégie pertinente en cet égard, surtout par rapport aux éléments liés à la culture danoise, qui ne sont pas tout clairs pour le spectateur français. Elle peut être difficile à employer dans le sous-titrage, car le traducteur est limité aux deux lignes. Pourtant, il est possible de l’utiliser pour des détails, nécessitant pas beaucoup d’espace. Voici un exemple : Exemple 4 Texte source Texte cible Min mor gik også med tørklæde, men hun Ma mère portait aussi un foulard, mais elle var fra Glømøre était paysanne16 Cette phrase est dite par Sven Aage Saltum, président d’un parti de droite nationaliste. Glømøre n’est pas forcement un village connu ou même réelle, mais un spectateur danois sera capable de l’associer à un tel : Le spectateur grandi au Danemark connait les peu grandes villes, et il est susceptible de les exclure. En plus, les danois sont familiers avec le dialecte léger paysan de Saltum, et peuvent le lier à la vie paysanne. La cible française par contre aura besoin de l’explicitation, et le traducteur a donc choisi d’utiliser le mot « paysanne » au lieu de Glømøre. Paraphrase : Une traduction plutôt libérée du texte source. Le sens est perpétué. Cette stratégie peut s’avérer très utile, car elle permet de reformuler un segment à traduire dans le texte cible, en but de le rendre plus compréhensible aux français. Exemple 5 Texte source Texte cible Med al respekt, så er det hverken moralen Avec tout mon respect, ce ne sont ni la eller studenterhuen der trykker hos Parly morale ni les diplômes universitaires qui caractérisent Parly17 Ceci est la parole du prédécesseur de Nyborg, qui se prononce sur le ministre indépendant, Parly. Bien que le mot studenterhue ne soit pas à juxtaposer au mot diplômes universitaires, 16 17 Episode 2, 8’ Épisode 3, 19’ 15 cette traduction semble être une solution de bon aloi, pour rendre un mot aussi danois que studenterhue, sans l’expliciter car cela n’est pas possible dans deux lignes. Le message, soit « Parly n’est pas très intelligent » est gardé, et la traduction et donc estimée être une paraphrase. Condensation : Une traduction plus courte du texte source, ce qui peut impliquer une omission du sens. Exemple 6 Texte source Texte cible Bayanov har lige talt om den demonstration Bayanov vient de faire un discours à la som Amnesty og Solidarisk samling har manifestation afholdt C’est une stratégie caractérisant du sous-titrage, qui souvent est forcé de réduire le texte source. Au contraire de l’effacement, la condensation n’implique pas nécessairement une perte de sens, mais parfois des informations explicitent du texte source sont présentes implicitement dans le texte cible. Les informations perdues ici (Amnesty og solidarisk samling) ne sont pas primordiales pour l’action, et l’omission est donc acceptable. 2.4.2 Les critères de l’accessibilité par (Gambier (2004) Elaborés particulièrement en but de définir à quel degré la traduction est accessible et compréhensible aux récepteurs ciblés, ces cinq critères permettent d’évaluer le taux de qualité de la traduction : Le principe de l’acceptabilité évalue la traduction au niveau linguistique, y compris les choix stylistiques et terminologiques. Reconsidérer un terme traduit est souvent efficace ; il se peut qu’on trouve un terme qu’il vaut mieux utiliser. Le principe de la lisibilité concerne le niveau technique, incluant la vitesse de défilement des sous-titres, un aspect important de prendre en considération. Il est estimé que l’importance de ce principe dépend des récepteurs ciblés ; il semble notamment pertinent au cas où les spectateurs du film n’ont pas l’habitude de voir les films sous-titrés. Puis, il y a le principe de la synchronicité, qui concerne surtout le doublage. Néanmoins, il est également important de le prendre en compte au contexte du soustitrage : la cohérence entre l’image et les sous-titres est parfois le seul aide qui peut 16 rendre une séquence de traduction accessible au spectateur ciblé lorsqu’elle contient un mot impossible à traduire. Ensuite, le principe de la pertinence, c'est-à-dire les choix d’informations primordiales ou à omettre, dues à la contrainte de la condensation par rapport aux sous-titres. Il faut considérer : quelles informations sont pertinentes pour la perception du texte ? Finalement, Gambier parle du principe de l’étrangéité (Gambier 2004 : 9), qui est de grande importance par rapport au sous-titrage d’une série telle que Borgen. A cet égard il convient de souligner aussi bien le fait que, au cas de Borgen, il s’agit d’un conte fictif et non d’une réalité objective, que le paragraphe sur le skopos, évoqué cidessus. Selon Gambier, ce principe concerne le degré de« l’accueillance des modes de narration proposées, les valeurs montrées et les comportements exhibés », alors qu’au cas de fiction, ces éléments font tout naturellement partie du genre de fiction : Bien que de nombreux aspects dans la politique occidentale se ressemblent, il y a aussi des différences entre la France et le Danemark, n’oubliant pas que le Danemark appartient à la Scandinavie. Concernant le skopos de Borgen, il est à supposer que le récepteur français même attend un certain degré d’étrangéité, dit exotique, de la Scandinavie. 2.5 La notion de Culture Bien que les modes de traduction soient de natures si différentes (contenant les modes de la traduction employés lors de la traduction d’un roman, d’un texte juridique, d’un article scientifique etc.), leur point commun est la définition de traduction : Une traduction peut toujours être définie comme de la communication interculturelle (Schjoldager 2008 :21). Cette définition souligne le rôle important que joue la culture dans la traduction, qui est donc beaucoup plus qu’une transmission d’une langue à une autre. Ainsi, il est convenable de se vouer à une présentation de la notion de culture dans un paragraphe isolé, surtout par rapport à la traduction de Borgen, qui contient de nombreux éléments culturels. Mais comment doit-on comprendre « culture » en cet égard, et comment peut-on identifier les éléments particuliers danois? Dans « translation studies » par Snell-Hornby (1995) trois aspects qui caractérisent la culture sont donnés : La culture se compose des connaissances ; des habiletés ; de la perception des expériences La culture est associée au comportement et à des événements La culture dépend des attentes et des normes, tant celles qui sont valables dans le comportement social, que celles qui sont acceptées dans l’usage de la langue (Snell-Hornby 1995 : 40) 17 Par rapport aux éléments culturels danois, la première puce implique donc qu’il y a des éléments qui nécessitent un savoir, une habileté et une possibilité de les percevoir –dite une langue- pour qu’on est susceptible de les comprendre. Un tel élément pourrait par exemple être lié à un endroit géographique, particulièrement connu au Danemark, comme par ex. Himmelbjerget. La deuxième puce indique que la culture est liée non seulement aux événements primordiaux de la communauté danoise, mais aussi au comportement valable dans cette société. Il faut donc non seulement connaitre les ‘faits’ comme les événements historiques, mais aussi avoir connaissance du comportement accepté au Danemark et en France. C'est-à-dire qu’on trouvera des exemples des convenances sociales danoises qui se distinguent de celles d’autres pays comparables. Par exemple, Birgitte Nyborg, étant ministre, va au travail à vélo, ce qui est plus vraisemblable au Danemark, où les pistes cyclables font partie du paysage urbain tout naturellement, qu’en France. A part de jouer un notable rôle au niveau linguistique sous forme de règles grammaticales, les normes sont aussi importantes dans notre vie et relations sociales, qui donc varient d’une communauté (soit culture) à l’autre (Snell-Hornby 1995 : 50), comme le souligne la dernière puce. Dans l’ensemble, les trois puces accentuent que la langue, le comportement, la vie sociale et la culture sont fortement liés l’un à l’autre. Ainsi, la culture sera présente dans la globalité de Borgen. Sur la base des trois puces, il est également possible de suggérer que le traducteur « must be home in two cultures » (Snell-Hornby 1995 : 42) : Il n’est pas suffisant d’avoir une bonne connaissance de la langue source et de la langue d’arrivée. Surtout la théorie de Skopos, précisée ci-dessous, s’appuie autant plus sur le transfèrement de la culture au texte cible, et aborde la question, dans quelle mesure la culture source devrait être transmise au texte cible. Afin de déterminer à quel degré un référent culturel est traduisible ou non, il faut donc aussi tenir en considération le contexte du récepteur. 2.6 L’application des théories classiques dans la TAV Comme les théories de traduction présentées ci-dessous l’illustrent, la traduction dans sa totalité est une affaire complexe depuis toujours. La TAV n’est pas plus difficile que les autres modes de traductions, mais elle fait face à des défis différents (Gambier 2004 : 5). Alors, est-ce qu’il est acceptable d’employer des éléments de la traductologie classique, originalement élaborés en but de servir une traduction textuelle, dans la traduction multimédia, tel que le sous-titrage de Borgen ? N’oublions pas que le sous-titrage est, lui aussi, avant tout une traduction. Les théories classiques ont fait l’objet d’études dans la traductologie depuis nombres d’années ; elles ont donc été étudiées au fond, et forment ainsi une base fiable dans la traduction. Par conséquent, il est convenable de commencer l’analyse, qui va à l’avance de la traduction, en s’appuyant sur une base des stratégies classiques : mais il faut penser aux stratégies par rapport à la traduction poly sémiotique –et 18 omettre les stratégies sans importance pour le sous-titrage. Par contre, il ne faut pas oublier que la TAV est une traduction qui, malgré tout, est différente de la traduction littérale. Il est donc indispensable de suppléer l’analyse avec les théories récentes. 3 Enjeux de la traduction Il faut beaucoup plus que la connaissance d’une langue étrangère pour effectuer une traduction, et le travail du traducteur commence bien avant la traduction elle-même. Il est donc indispensable de s’interroger sur le rôle du traducteur (Froeliger 2005). La mission du traducteur est d’assurer une communication claire entre l’émetteur et les récepteurs ciblés, et d’éviter des malentendus (Schjoldager 2008 : 125). Le processus d’atteindre ce but est marqué par des choix automatisés, pris sur la base d’intuition et de la routine, mais aussi par des choix pris sur la base d’un processus cognitif : ces sont des stratégies bien réfléchies, afin de mieux résoudre un défi donné. Les défis, ou « problèmes », ne se bornent pas nécessairement au niveau linguistique, mais concernent également le savoir qu’il faut avoir sur le contexte du texte de départ et du texte d’arrivé (Gambier 2008 : 76), et qu’il faut tenir en considération pendant le processus de la traduction. Seront présentées ici, à la lumière des théories présentées dans la partie deux, les contraintes de la tâche de la traduction effectuée de Borgen, et les démarches du processus de la traduction, inspirées par les facteurs extra- et intra-textuels de Nord et par les procédés du traducteur proposés par Schjoldager (2008 : 172-173). 3.1 Le texte source et son contexte Une analyse approfondie du texte source et son contexte donnera au traducteur une plateforme d’où il prend ses décisions : il faut d’abord se familiariser avec le contenu. Sera présenté ici, un résumé de Borgen : 3.1.1 Résumé Dans la première saison de la série, nous suivons Birgitte Nyborg, qui vit avec son époux, professeur d’économie, et les enfants de huit et 14 ans, dans son combat d’obtenir et, puis, de maintenir le poste du Premier ministre du Danemark. Après une élection réussite et éprouvante, elle accède au poste, et sa carrière au siège du Parlement danois commence. Désormais, elle est confrontée à des intrigues, à des journalistes pénétrants et au quotidien dur d’une femme au pouvoir, étant en même temps épouse et la mère de deux écoliers. Au « Château », Birgitte Nyborg fait face à la réalité politique, elle apprend les règles du jeu, en qui avoir confiance ou non, et comment s’y prendre avec la presse. Kasper Juul, son spindocteur, lui en est le soutien le plus important. Nous rencontrons aussi Katrine Fønsmark, jeune journaliste de la chaîne TV1 et l’ex copine de Kasper Juul, qui est fortement engagée dans son travail au 4ème pouvoir. Elle est une journaliste populaire, tant parmi ses collègues 19 que parmi les spectateurs, et sa grande passion est la politique –surtout la politique autour de la première femme à la tête du gouvernement danois. L’action se déroule donc particulièrement sur trois plans : le siège du Parlement, les locaux de TV1, et aux maisons privées des personnages. 3.1.2 L’émetteur A la suite du résumé, il est d’importance de se familiariser avec les intentions de l’émetteur, afin de déterminer à quoi va servir le texte cible (Schjoldager 2008 : 172) : en ce point, les intentions sont donc identifiées et mises en rapport avec la fonction principale de la traduction. Les intentions pertinentes en cet égard ont été définies dans la partie 2.5, appelées ‘les trois intentions secondaires’. Avec ce savoir, le traducteur décidera quel stratégie globale doit dominer la traduction ; ce qui correspond à la distinction entre une traduction instrumentale et –documentaire (Schjoldager 2008 : 70), discutée dans la partie 2.5. Selon les trois questions primordiales formulées par Schjoldager en vue de déterminer la stratégie globale, (Schjoldager 2008 : 71), la traduction de Borgen devrait s’orienter vers le texte source, soit être une traduction documentaire, car : -Elle est une traduction ouverte -Le traducteur prend le rôle d’un communicateur et transmet la communication de quelqu’un d’autre (Schjoldager 2008 : 2418) La dernière question peut être discutée : est-ce que le traducteur se focalisera dans la traduction sur la forme et le contenu du texte source, ou sur l’effet du texte cible ? Il est probable que le traducteur se focalisera plutôt sur le contenu du texte source, puisque le skopos dit qu’il faut garder des aspects exotiques. Etant une offre de distraction, il est pourtant également important d’obtenir un effet de divertissement dans le texte cible, ce qui nécessitera dans certains cas une orientation texte cible. Il n’est donc pas toujours aussi simple d’identifier la macro-stratégie, et il n’y a pas forcement qu’une dans une traduction. Sous quelle stratégie globale ont été traduits les trois thèmes universels (soit les trois intentions secondaires) ? Ils sont, en gros, universellement connus, tout en étant lié à un contexte danois. Par conséquent, il est suggéré qu’on y trouve aussi bien des exemples des traductions documentaires qu’instrumentales. Prenons en considération l’ensemble des données sur Borgen, la traduction documentaire sera le point de départ du traducteur dans ses décisions, et elle sera ainsi prédominante dans le processus de la traduction. 18 Voir fig. 4 p 24, élaborée sur la base du modèle de Jakobsen, Roman 1960 20 3.2 Le texte cible et son contexte En relation avec le skopos, il est indispensable de se plonger également sur le texte cible et son contexte : la détermination du skopos entraîne des questions sur le médium où le texte cible sera exposé, et sur les récepteurs visés de cette traduction (Schjoldager 2008 : 172). Ainsi, considérons le médium : 3.2.1 Le médium En 2012, la série a pris son envol en France sur la chaîne Arte –une chaîne qui se distingue d’autres offres de programmes, en sélectionnant avec précision ses émissions : on y trouve des documentaires, des séries instructives, de long métrages hors du commun, et des films culturels. Cette offre de programme est une alternative aux chaînes dont le programme reste conforme aux standards à la mode (Arte 2012)19. Avec les mots de Gambier (2004 : 7) on pourrait parler d’une « diffusion locale ou narrowcasting », ce qui décrit avec pertinence le cœur de la chaîne Arte : Elle s’adresse à un public précis, qui tient à une offre de divertissement de haute qualité, assurant en même temps un certain niveau d’esprit et de l’art de film. Ces pensées concernent la diffusion de Borgen à la télévision, où elle est émise en version doublée. Le DVD par contre, laisse le choix entre version originale, version synchronisée, et la version sous-titrée. Pourquoi un spectateur français, habitué à la postsynchronisation, favoriserait-il le sous-titrage ? Sous-titrage ou doublage ? Etant une traduction poly-sémiotique, le sous-titrage permet aux récepteurs d’entendre la langue étrangère : par conséquent, on l’accorde souvent l’avantage d’approfondir les connaissances de langues étrangères, tout en améliorant le niveau de lecture du spectateur. En revanche, il est estimé que le sous-titrage implique une perte du niveau de divertissement, puisque l’audience doit se concentrer sur l’écrite et sur l’écoute en même temps (Schjoldager 2008 : 240). En plus, le sous-titrage peut impliquer une réduction du texte source. La version sous-titrée est davantage authentique, et en la choisissant, le spectateur expérience l’univers exotique de la Scandinavie (Schjoldager 2008 : 235), ce qui compte beaucoup pour ceux qui pèsent sur l’aspect artistique des films étrangers. Au doublage, le traducteur n’est pas forcé de restreindre la traduction à deux lignes, il est donc un peu plus libre : cela permet ainsi une traduction plus orientée vers les récepteurs ciblés, et les détails particuliers danois peuvent être rendu plus accessibles auprès les français. Le doublage a tendance à changer plus l’œuvre originale (Schjoldager 2008 : 220). 19 Voir missions d’Arte 21 3.2.2 Le récepteur Selon Froeliger (2005), il faut que le traducteur ait une idée des récepteurs ciblés et qu’il ait une impression de leur savoir de base sur le thème du texte. Il est supposé que le public français de Borgen n’a pas besoin des connaissances particulières sur, par exemple, la politique, puisque ce sujet est, en gros, commun pour le Danemark et la France. De plus, l’intention majeure de la série est de divertir et non d’informer. Les considérations sur le médium peuvent entraîner la conclusion que ce qui est important aux récepteurs (ceux qui choisissent la version sous-titrée) est surtout l’art de film et l’authenticité de son contexte : ils souhaitent vivre la culture montrée, et ils s’attendent à être présentés à une culture exotique (Gottlieb 2008 : 61). Il est donc probable que le traducteur cherche à transmettre la culture danoise en gardant dans la traduction des aspects exotiques, là où il est possible. 3.2.3 Le message Dans le processus de la traduction, le traducteur doit être conscient du message central du texte source, afin de le transmettre au texte cible. Par rapport au sous-titrage de Borgen, c’est surtout le contenu culturel qu’il faut transmettre. Il sera considéré ici: Il s’agit d’un thriller politique proche de la réalité danoise. On y trouve de nombreux parallèles entre la fiction et cette réalité : le journal fictif, l’express, ressemble à B.T ; Chrone ressemble à Mærsk20, etc. La série est pleine de culture danoise, et on y réfère souvent à des événements considérables de l’histoire danoise. Pour en donner quelques exemples, on y parle du Groenland, de Mogens Glistrup, et du rôle de la reine dans la formation d’un nouveau gouvernement. Pourtant, il ne faut pas oublier les trois aspects décrivant la culture, évoqués dans la partie 2.5. Ils soulignent que la culture sera présente à plusieurs niveaux – elle est aussi à trouver dans le comportement social et dans le langage appliqué. Par conséquent, aussi les intentions secondaires, soit les thèmes universels, seront influées de la culture danoise. Est-ce que le traducteur choisira de refléter dans les sous-titres la manière de parler des danois, et a-t-il appliqué des stratégies différentes en traduisant les trois thèmes? A partir de ces pensées, on pourrait tirer la supposition que le but du traducteur ne sera pas de niveler les différences entre la culture de l’émetteur et du texte source et la culture des récepteurs, qui, avant tout, souhaitent vivre la culture de la Scandinavie. 20 Voir exemple 1 22 4 L’analyse des stratégies appliquées dans le sous-titrage de Borgen Le travail d'analyse du présent mémoire est complété par une sélection qualitative de jugements critiques et opinons parues dans des journaux français et sur des médias sociaux, ce qui permet d'apporter un éclairage supplémentaire, au niveau de la réception, sur la validité des décisions traductionnelles relatives au sous-titrage, et donc sur l'efficacité présumée du sous-titrage à assurer la réception de l'œuvre auprès d'un public français en dépit de la barrière interlinguistique. 4.1 La réception selon les médias français Dans un blog sur lemonde.fr21, l’auteur évoque les trois sujets majeurs de la série, soit le rôle des médias et les spin-docteurs ; l’essai de concilier vie familiale et vie privée ; et la politique en générale. Il parle d’un point commun entre la situation politique française et danoise : la présence de deux camps politiques majeurs et des plusieurs partis mineurs, qui, eux, font la base du jeu politique du scénario. Cela correspond à l’idée de la présence des aspects interculturels, proposée dans la partie 2.2. Un article sur lemonde.fr 22 aborde par ailleurs l’aspect exotique ; le fait que le Danemark soit un pays peu connu en France, et il y’est mentionné que Borgen contribue à élargir le savoir des Français sur ce pays. Les aspects inter- et intra culturels sont en outre soulignés dans un commentaire sur television.fr23 : l’internaute décrit la démocratie danoise comme ‘exotique’, et emploie le mot ‘universel’ pour caractériser « les mécanismes de l’exercice du pouvoir » qui font partie de la série. La plupart des internautes trouve qu’elle est intéressante et remarquable, et qu’elle réussit à transmettre le jeu complexe de la politique. Ceci pourrait donc indiquer que la communication entre l’émetteur danois et les récepteurs français est, en gros, rendue possible avec succès (sachant qu’il s’agit des commentaires subjectifs, n’étant pas représentatifs). Un dernier point intéressant est la mise en discours par plusieurs internautes des avantages potentiels du sous-titrage : l’un pense que la version originale rende mieux l’atmosphère, un autre trouve dommage que la saison deux ne soit pas accessible en version sous-titrée. 4.2 Les décisions traductionnelles Seront présentés ici, plus en détail, des segments à traduire trouvés dans deux extraits de la saison 1 de Borgen. Un répondant français a été demandé de les commenter 24 , en but d’éclaircir la perception du message. Il ne s’agit pas d’une analyse représentative : les 21 Annexe 1 Annexe 2 23 Annexe 3 24 Annexe 4 22 23 commentaires du répondant servent ici à suppléer les interrogations sur les pensées du traducteur. 4.2.1 L’extrait 1 La première séquence sélectionnée 25 dure 12 minutes. Elle a été choisie parce qu’elle contient des scènes qui montrent le quotidien des journalistes à TV1, le quotidien des politiciens au « Château », et le quotidien des personnages dans leurs univers privées. Le choix n’est donc pas déterminé par la quantité d’aspects là-dedans. Voici les segments étudiés : Exemple 7 Texte source Texte cible Statsministeren har bare head huntet hende La Premier ministre l’a débouchée du fra en eller anden toppost i erhvervslivet secteur privé Le traducteur a rendu un verbe anglais avec un verbe français équivalent. Dans un contexte danois, l’application du verbe « To head hunt » est courant, et il est employé ailleurs dans la saison 1 à titre du nom : Så det er din head hunter a été traduit comme « chasseuse de tête », qui est considéré une expression idiomatique pour les récepteurs ciblés (Le marché du travail 2013). Le verbe To head hunt passe par contre mal dans la langue d’arrivée. En considérant le principe de l’acceptabilité, on aurait pu le rendre par Recruter, qui cependant semble plus proche à Hverve. La stratégie d’équivalence est ainsi suggérée la stratégie appliquée ici. Exemple 8 Texte source Texte cible -Er kvoter ikke noget man har for torsk, og -Les quotas, ne sont-ils pas plutôt destinés ikke for kvinder? aux moules ? -Man har også kvoter for studerende, og det -il y a des quotas pour les étudiants. Les er vel ikke alle studerende man kan qualifier des moules ne serait pas très karakterisere som torsk. sympathique pour eux. Ici, le traducteur a choisit de rendre Torsk par un mot équivalent, et non de le traduire avec « morue ». En France, il y a aussi des quotas pour la pêche à la morue, et si le dialogue s’arrêterait avec la comparaison entre quotas pour femmes et quotas pour morues, cette traduction serait acceptable : mais Torsk est également utilisé pour l’associer à des étudiants 25 Annexe 5 24 inintelligents. La stratégie d’équivalence a ainsi été choisie, afin de transmettre cette association. Selon le répondant, l’application de Moules rende cet effet dans ce contexte. Exemple 9 Texte source -Det er Texte cible ren drengeklub til -C’est « Bienvenue au club des machos »! nous, redaktionsmøderne -Chez -Sjovt, hos os er det ren pigeklub compagnie » c’est plutôt « nanas et Ceci est un exemple d’une traduction plutôt libre. Il serait possible de traduire drengeklub et pigeklub mot à mot. Pourtant, il semble que le traducteur ait accentué le fait que la loi de la parité veut briser des barrières pour les femmes, pour qu’elles puissent accéder plus facilement aux emplois administratifs, en appliquant la stratégie de paraphrase : drenge est rendu par machos, piger par nanas, et compagnie a été ajoutée. Vue dans le contexte, la loi vient donc du champ « nanas et compagnie », et elle va toucher les journalistes « au club des machos ». Avec une traduction directe, cet effet serait minimalisé, et en tenant compte du principe de l’acceptabilité, il parait que « club des garçons » et « club des filles » ne seraient pas des termes acceptables. Exemple 10 Texte source Texte cible -Hun er en overvintrende kvindelejr. Alt -Elle a trop hiberné chez les féministes. Le det der lugter af fælles rundbold og Femø, genre de suffragettes qui font des og kotteletter i fad i arbejderpartiet.. nej, jeg campements pour femmes avec côtes kan ikke klare hende. d’agneaux à la sauce Parti travailliste, je la blaire pas. Ce segment contient plusieurs défis, et il semble que le traducteur n’eût pas d’autres possibilités que de le récrire presque entièrement, avec une stratégie de paraphrase. L’effet de la première phrase a été rendu sans traduire Kvindelejr –qui par contre est ajouté ailleurs, au lieu de rendre Femø, un endroit géographique nécessitant un savoir issu d’un contexte danois, afin de pouvoir l’associer aux campements pour femmes. Il a donc fallu l’expliciter. Fælles rundbold a été effacé, et cède son place à Suffragettes. Ce terme recrée l’effet figuré – la parité d’hommes et de femmes – perdu avec l’omission de fælles rundbold, tout en étant le lien à Des campements pour femmes, qui remplace Femø. Le segment démontre le principe de la pertinence, que doit prendre en considération le traducteur : il a dû choisir entre des informations primordiales et lesquelles à omettre. 25 Rundbold aurait pu être traduit par La thèque, qui serait une traduction plus proche au texte source. Le traducteur a omis La thèque et ajouté Suffragettes, probablement afin d’accentuer les raisons pour lesquelles Kasper n’aime pas Madsen. La solution proposée par le traducteur renforce le discours féministe et assure un langage courant dans la langue d’arrivée. Le répondant a bien perçu le message : aux yeux de Kasper, Madsen « met trop en avant son site féministe ». L’exemple montre la complexité de la traduction, et la créativité et la capacité que doit avoir le traducteur. Ici, les obstacles ont été résolus en considérant les prémisses du spectateur français. 4.2.2 L’extrait 2 La deuxième séquence26 sélectionnée dure 14 minutes. Elle est estimée de contenir un petit conte isolé, qui est compréhensible hors le contexte de toute l’épisode. L’intention en la choisissant était de maintenir l’intérêt du répondant, respectant le fait qu’il peut être difficile de comprendre un extrait de 14 minutes, pris du contexte d’un épisode de 58 minutes, qui fait partie d’une saison à dix épisodes. Voici les segments à traduire étudiés : Exemple 11 Texte source Texte cible Min far var en grim lille fedtspiller. Han Mon père était une pauvre andouille. Il a levede et dødsygt liv i Korsør, en by Gud vécu une vie sans intérêt à Korsor, une ville har glemt. Det er dét. que Dieu a oubliée. C’est tout. Contrairement à l’exemple 4, le nom du village est ici perpétué : alors que le lien entre ‘porter un foulard’ et venir d’un village n’a pas été jugé assez fort, la phrase « une ville que Dieu a oublié » indique clairement qu’il s’agit d’une ville plutôt petite, et il n’était pas nécessaire de l’expliciter. Quant à Skrydstrup27, ce nom-ci n’a pas été explicité non plus, par exemple en éclairant qu’il s’agit d’une base aérienne. D’un coté, cela est clair à partir du contexte, de l’autre coté ce n’est pas une information primordiale pour la perception du message – comparé au cas de Femø. Le segment ici démontre le principe de l’étrangéité : il semble que le traducteur ait réfléchi à ce que le nom original de l’endroit géographique puisse entraver la compréhension du scénario ou non, tout en pensant au skopos, soit de garder l’aspect exotique de la série. 26 27 Annexe 6 Voir annexe 6 26 Exemple 12 Texte source Texte cible Jamen altså, hvad vil du så gøre, hvad hvis Dans ce cas, que vas-tu faire s’il se passe der sker noget oppe i sundhedsministeriet, quelque chose au ministre de la Santé ? skal du så bestemme hvem der skal være Tu vas aussi décider qui dirigera les direktør på Rigshospitalet, hva? hôpitaux du Royaume ? Le terme à traduire ici, Rigshospitalet, est très connu au Danemark, et grâce au savoir et la perception, voir puce 1 dans la partie 2.5, la plupart des Danois sait qu’on parle de l’hôpital de la capitale. Le traducteur a choisit de le transformer au pluriel, sachant que Rigshospitalet serait trop enraciné dans la langue danoise pour un spectateur français de pouvoir comprendre son sens. Néanmoins, demandé qu’est-ce que ‘les hôpitaux du Royaume’ signifient, le répondant associe ce segment à la santé de la famille royale. Il semble que cette perception soit due à l’application du mot ‘Royaume’, qui est choisi puisqu’il est équivalent à Riget. Exemple 13 Texte source Texte cible Du bliver altså nødt til at lade dine ministre Tu dois laisser tes ministres faire leur travail, passe deres arbejde, ik, og i værste tilfælde: et dans le pire des cas, commettre des lave fejl. For så kan du fyre dem. erreurs. Tu pourras alors les révoquer. L’élément qui se fait remarquer dans cet exemple est le verbe Fyre, qui a été traduit par Révoquer. Les deux verbes ont la même signification, mais elles se distinguent dans leur sens connotatif. Alors que Fyre serait plus proche à Virer, le terme Révoquer ressemble plutôt au verbe Afskedige. Il semble que le traducteur ait pris en considération la différence entre les normes acceptées dans l’usage de la langue de départe et celles de la langue d’arrivée, voir puce 3 partie 2.5. Dit par Kasper ailleurs dans Borgen, voir séquence 1, Fyre a été traduit par virer, probablement parce qu’il est un caractère jeune, qui est plus facilement associé à une langue quotidienne tel que virer. Dans ce cas-ci, le traducteur a employé la stratégie de modulation, probablement pour accentuer le rôle de Bent Sejrø comme ministre des Finances. Révoquer est considéré avoir un sens cognitif davantage formel, étant donc plus pertinent pour le caractère de Bent. Selon le répondant, Bent est bienveillant et juste, alors que Kasper semble plus froid et strict. Il confirme aussi la différence entre ‘virer’ et ‘révoquer’, qui est estimé plus politiquement correct. 27 4.3 Observations générale dans les extraits Dans leur totalité, chacune des deux séquences contiennent des scènes qui représentent les trois thèmes universels. Le grand succès de Borgen indique que ce sont des thèmes auxquels la plupart des spectateurs internationaux probablement peuvent se rattacher. Ainsi, ils ne se limitent pas au monde exotique de la Scandinavie. Les séquences démontrent cependant qu’aussi ces thèmes sont marqués de la culture danoise : La vie politique Le langage appliqué parmi les Danois semble plus relâché que ce des Français dans des situations comparables. Surtout parmi des politiciens au Château cette différence est visible, comme le montre l’exemple 13. En plus, le tutoiement joue un rôle dans les considérations du traducteur : alors que la conversation entre Birgitte Nyborg et son chef de cabinet est rendue avec l’application du vouvoiement, le tutoiement entre Nyborg et son ministre de parité, Pernille Madsen28, est gardé dans les sous-titres. Il est probable que ce choix soit fait puisque Madsen et Nyborg se trouvent hors les locaux du « Château », soit un environnement moins rigide, et parce qu’elles terminent la conversation en s’embrassant. La situation semble donc moins formelle entre eux qu’entre Nyborg et le chef de cabinet. La vie privée Il semble que le langage familier appliqué au Danemark au sein de la famille ou parmi des amis ne se distingue pas particulièrement du langage familier en France. Dans les séquences étudiées, deux traductions instrumentales ont néanmoins été nécessaires : quand Laura annonce qu’elle a eu 12 pour son interrogation, ceci est rendu par 20 sur 20, puisqu’un spectateur français n’est bien évidemment pas familier avec les notes scolaires du Danemark. Le terme Hygge n’a pas un équivalent dans la langue française. Il est très danois ; le répondant le connait et l’associe à la culture danoise. Skal vi ikke lige blive og hygge lidt est alors rendu par « Chérie, on est bien ensemble ». Dans la séquence 1, une modulation a été faite. Elle n’est pas due à des différences culturelles, mais plutôt à la crainte de la condensation du sous-titrage : Han var meget træt est changé à J’étais crevé, ce qui permet une traduction plus courte. 28 Voir séquence 1 28 Les médias Quant au langage appliqué dans les médias, c’est également la différence du tutoiement et du vouvoiement qui se fait valoir ; dans le texte cible, les interlocuteurs dans une interview sont vouvoyés. 29 En ce qui concerne l’agence de presse danoise, Ritzau , le traducteur n’a pas choisi de la rendre en employant l’emprunt, comme dans le cas de Dannebrog. Alors que le drapeau danois est un élément fortement lié à la culture danoise, Ritzau n’est qu’une agence de presse, comme elles existent partout –ainsi, Ritzau n’est pas associée particulièrement au monde scandinave, et l’omission n’est pas une perte de l’expérience de l’univers exotique. Le traducteur, aurait-il pu l’adapter, et le traduire avec l’AFP30 ? Non, ce terme est trop fortement lié à la société française, et serait mal choisi dans un contexte danois. L’adaptation n’a donc pas été employée qu’aux cas où une traduction documentaire entraînerait une perte de sens, comme dans l’exemple 3. Cela indique que la volonté du traducteur n’était pas de niveler les différences culturelles. Parfois, il a pourtant effectué une traduction instrumentale, afin d’assurer que les récepteurs ciblé n’échappent pas à l’aspect de divertissement. 29 30 Voir séquence 2 Agence France-Presse 29 5 Conclusion Le but du mémoire était d’éclaircir les mécanismes cognitifs du processus de traduction par rapport à la transmission des éléments culturels du texte source à la nouvelle cible, grâce au sous-titrage. Pour ce faire, un corpus des théories essentielles a été employé, la notion de culture a été approfondie, et les procédés du traducteur lors de la traduction ont été proposés. Ainsi, le traducteur et le processus de la traduction sont au centre de l’étude, et les résultats de la traduction passent au second plan, en contribuant, dans l’analyse, à comprendre les choix du traducteur dans la traduction effectuée. En plus, les commentaires parus dans des médias français et ceux d’un répondant ont contribué à interroger la qualité de la traduction perçue. L’hypothèse était qu’il y’a, éventuellement, une cohérence entre les défis et les choix de stratégies de traduction. Il ressort de l’étude, que des éléments culturels ont été transmis, en premier lieu, sous une approche documentaire. L’analyse suggérée qui précède la traduction démontre qu’il est très probable que les récepteurs ciblés souhaitent vivre la culture scandinave, et l’application d’une stratégie globale orientée vers le texte source est ainsi pertinente : cette approche contribue à réaliser le skopos de créer un univers exotique pour les spectateurs français. En même temps, l’analyse de deux séquences sélectionnées démontre qu’il a fallu faire une traduction instrumentale dans certains cas. Il s’agit des segments du texte source, qui ont été estimés trop incompréhensible pour les récepteurs français pour qu’on aurait pu les garder dans le texte cible. En relation aux contraintes du sous-titrage, notamment la contrainte de la condensation, il a donc été nécessaire d’appliquer une stratégie globale orientée vers le texte cible, afin d’assurer que le message est transmis. Cela contribue à réaliser le skopos de créer un univers divertissant, en omettant d’avoir dans le texte cible des éléments qui pourraient entraver la réception. Ces éléments sont aussi trouvés dans trois thèmes universels de la série, puisque Borgen est issue d’une société danoise. Dans le processus de la traduction, le traducteur a donc fallu naviguer entre une approche documentaire et instrumentale, afin de répondre aux skopoi qui ont été déterminés. 5.1 Implications La méthode qualitative proposée a été effectuée afin d’éclaircir la perception du message. Puisque la perception a lieu sur la base d’un processus individuel, la perception varie d’un individu à l’autre. Pour obtenir une étude représentative, il aurait donc fallu plusieurs répondants. En plus, faute de temps, l’analyse n’est pas tout à fait acceptable dans l’approche herméneutique, puisque le participant a répondu aux questions d’un questionnaire, et non lors d’une interview orale. Il s’agit donc d’une problématique de représentativité. Pourtant, les commentaires du répondant ont été inclus, sachant qu’ils ne conviennent pas à une généralisation. 30 5.2 Réflexions et perspectives de recherche Les deux séquences étudiées ne constituent qu’une petite partie de l’ensemble de la saison 1 de Borgen. Elles donnent une idée du travail de traducteur, pendant qu’une analyse profonde de la saison complète pourrait démontrer une image plus nuancée des défis rencontrés dans le processus de la traduction, et alors aussi des mécanismes cognitifs du traducteur. En outre, une analyse supplémentaire de la traduction de Borgen vers une autre langue permettrait d’examiner plus profondément les procédés réfléchis du traducteur, lors d’une traduction d’une langue mineur vers une langue majeur, par exemple en comparant les sous-titres français aux sous-titres anglais. Nombre de caractères (sans espaces) : 54 725 31 6 Références Arte (2012) La Mission d’Arte Accessible sur http://www.arte.tv/fr/le-groupe-arte/2153580.html Vu le 20.04.13 Beck Holm, Andreas (2011) Videnskab i virkeligheden –en grundbog i videnskabsteori Samfundslitteratur Borgen, une femme au pouvoir (2012) Réalisateurs : Søren Kragh-Jacobsen, Rumle Hammerich, Annette K. Olesen, Mikkel Nørgaard. Auteurs : Adam Price, Tobias Lindholm, Jeppe Gjervig Gram [DVD], ARTE France Froeliger, Nicolas (2005) Placer le traducteur au cœur de la traductologie Meta : Journal des traducteurs, vol. 50, n° 4, 2005 Erodit.org Gambier, Yves (2004) La traduction audiovisuelle : un genre en expansion Meta : journal des traducteurs, vol 49, n° 1, p. 1-11 Erudit.org Gambier, Yves ( 2006) Orientations de la recherche en traduction audiovisuelle Target, 18 (2), p 261-293 Gambier, Yves (2008) Stratégies et tactiques en traduction et interprétation In Chesterman, Andrew et. al, 2008: Efforts and Models in Interpreting and Translation Research Amsterdam: Benjamins, p 63-82 Gottlieb, Henrik (1996) In Medierne og sproget Rédigé par Finn Frandsen Aalborg universitetsforlag Gottlieb, Henrik (2008) Multidimensional translation In Understanding translation af Anne Schjoldager Academica Aarhus Le Figaro (2013) Les Vikings passent à l’attaque Par : Lena Lutaud accessible sur : http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/03/21/03002-20130321ARTFIG00320-les-vikingspassent-a-l-attaque.php Vu le 19.04.13 32 Le marché du travail (2013) Tout savoir sur les chasseurs de têtes Accessible sur http://www.lemarchedutravail.fr/news/article_tout_savoir_sur_les_chasseurs_de_t%C3%AAt es_9548.html Vu le 19.04.13 Nedergaard-Larsen, Birgit et Gottlieb, Henrik (1992) TV-teskter: oversættelse efter mål Danske afhandlinger om oversættelse, nr 3 Center for oversættelse, Københavns Universitet 1992 Schjoldager, Anne (2008) Understanding translation Academica, Aarhus Slate (2010) Pourquoi la France double-t-elle tout le monde? Par : Pierre Langlais Accessible sur : http://www.slate.fr/story/18195/pourquoi-la-france-double-t-elle-tout-le-monde Vu le 19.04.13 Snell-Hornby, Mary (1995) Translation studies John Benjamins Publishing Co 33 7 Annexes 7.1 Annexe 1 Blog sur lemonde.fr Trouvé ici: http://seriestv.blog.lemonde.fr/2012/01/25/borgen-le-pouvoir-a-visage-feminin/ 08.04.13 25 janvier 2012, par Pierre Sérisier Borgen – Le pouvoir à visage féminin Après nous avoir offert deux saisons de The Killing(Forbrydelsen), Arte poursuit son exploration de la fiction télévisée danoise avec Borgen, une série politique narrant l'accession au poste de chef du gouvernement d'une femme quadragénaire, épouse et mère de famille qui découvre les rouages du pouvoir. Les dix épisodes se regardent comme unthriller politique mais également comme une lente réflexion sur cet univers dans lequel les hommes entendent demeurer les maîtres et sous-estiment trop souvent le talent des femmes. La série, qui sera diffusée à partir du mois de février, avait été présentée lors du festival Séries Mania l'an passé. En cette période de campagne électorale, elle prend une pertinence particulière et peut être mise en regard des Hommes de l'Ombre, production de France 2 qui apparaît trop caricaturale et simpliste, dont nous parlions la semaine dernière. L'un des premiers intérêts de Borgen (qui est le surnom donné au palais de Christiansborg abritant les trois grandes institutions du pays) est la ressemblance qui peut être établie avec la situation française. On y retrouve deux grands camps, la droite libérale et la gauche sociale dominant le jeu politique face à des formations plus petites: des centristes, des écologistes et une droite nationaliste. Cette géométrie oblige à des alliances de circonstance et à des tractations afin de dégager une majorité de gouvernement. Tout commence à la faveur d'élections législatives qui voient le petit parti centriste de Birgitte Nyborg (Sidse Babett Knudsen) réussir une percée inattendue et se placer en position d'arbitre entre les conservateurs au pouvoir et les socialistes en embuscade. Entre un Premier ministre qui n'entend pas céder sa place sans obtenir des compensations et une gauche qui estime que c'est à son tour de bénéficier de l'alternance, Nyborg va avoir bien du mal à dégager une troisième voie. Outre la misogynie affirmée de ces messieurs, Birgitte se trouve confrontée à sa situation familiale. Le poids des habitudes lui impose de continuer à être une mère et une épouse en plus d'être à la tête de son pays. On n'imagine pas qu'elle puisse délaisser sa vie privée au profit de son activité. Et lorsqu'elle n'a d'autre choix , son mari se monte compréhensif, mais un temps seulement. Sans que cela ne soit jamais dit clairement, ses rivaux et adversaires estiment qu'elle serait bien mieux derrière ses fourneaux à élever ses progénitures. Etrangement, le meilleur conseil qui lui est donné vient du représentant de la droite nationaliste: quand on veut apparaître comme le chef, il faut s'asseoir au bout de la table. La constitution du gouvernement est passionnante de ce point de vue, d'autant qu'elle se double d'une histoire secondaire impliquant son conseiller en communication, personnage trouble mais indispensable à la mise en place d'une stratégie de gouvernement. Si les "spin doctors" sont 34 devenus des faiseurs de roi, la série évite le piège de surestimer leur importance et de les présenter comme les nouveaux maîtres du jeu. Le caractère éminemment humain des acteurs est restitué avec justesse: le pouvoir est exercé par des hommes et par des femmes, qui se trompent, qui changent d'avis, qui élaborent des stratagèmes et qui composent avec leurs convictions et les principes auxquels ils croient. Bien sûr, les entorse sont fréquentes et parfois douloureuses, mais elles ne signifient pas que le cynisme et l'ambition dévorante sont les seuls moteurs d'une carrière. Borgen a ceci de rassurant qu'elle puise son inspiration à la même source que l'excellent film L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller qui rappelle que ministre est d'abord un métier et pas seulement une sinécure pour laquelle on vendrait père et mère. Là, comme dans Borgen, les protagonistes apparaissent avec leurs forces, leurs talents, leurs faiblesses et leurs défauts. Ils apparaissent tout simplement humains. (Dessin, Martin Vidberg) 35 7.2 Annexe 2 Accessible à : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2012/11/16/series-tv-le-modeledanois_1791180_3236.html Vu le 08.04.13 Séries TV : le modèle danois M le magazine du Monde | 16.11.2012 à 12h34 • Mis à jour le 19.11.2012 à 18h22Par Macha Séry Il existe plusieurs manières de visiter Copenhague : louer une bicyclette et suivrela courbe des canaux, flâner à Tivoli puis ricocher d'un musée à l'autre. Ou emboîter le pas à Sarah Lund et Birgit Nyborg, les héroïnes des séries télévisées de "The Killing" et "Borgen", comme le propose l'office de tourisme de la ville. Plébiscitées par les téléspectateurs du monde entier, couvertes de prix internationaux, ces séries ont subitement braqué les projecteurs sur un petit Etat du nord de l'Europe comptant moins de six millions d'habitants. Or, du Danemark, que connaissait-on jusque-là ? Les jeux de Lego, les contes d'Andersen, les films de Carl Dreyer et de Lars Von Trier, son modèle social, ses fermes éoliennes ? Avouons-le, peu de chose. Pas même la famille royale, bien loin des frasques de la monarchie britannique. Or ces deux séries scandinaves nous ont fait découvrir un pays aux nuages bas, trempé de pluie, où les meurtres dissimulent des secrets crapoteux, où les partis politiques se déchirent. Cela, sans rythme effréné ni effets spéciaux, sans rebondissement à tout-va ni maquillage glamour. De quoi rendre perplexes les Américains, qui se sont empressés d'acheter les droits pour réaliser des remakes. Au Danemark, le succès ne se dément pas. La troisième saison de "The Killing", actuellement en cours de diffusion, rassemble toutes les semaines 1,7 million de téléspectateurs. "Vous imaginez ça en France ? Un tiers de lapopulation devant le poste ?", s'amuse le réalisateur Mikkel Serup dans un café ducentre-ville. Soit l'équivalent en France de la finale de la Coupe du monde defootball en 2006... Le pull tricoté main aux îles Féroé que porte Sofie Grabol dans la série s'est arraché au point que la firme Gudrun & Gudrun a été en rupture de stock. "Tout le monde voulait le même. Il est devenu le symbole de la série", poursuit Mikkel Serup. Son héroïne est une femme flic quasi asociale, aux cheveux et traits tirés, inspirée de Clint Eastwood dans Dirty Harry. Son interprète, elle, est reçue telle une ambassadrice à l'étranger. Même phénomène pour "Borgen", qui dévoile les coulisses de Christiansborg, siège du Parlement danois, à travers le parcours deBirgit Nyborg, élue premier ministre un an avant que, dans la réalité, Helle Thorning-Schmidt, présidente des sociaux-démocrates (SD), n'accède au poste en novembre 2011. En Angleterre, la BBC a diffusé les deux séries en version originale sous-titrée, comme le veut la tradition. Histoire, semble-t-il, d'en conserver toute l'authenticité. Et "Borgen" a été suivi assidûment par le premier ministre britannique David Cameron et Nick Clegg, chef du Parti libéral démocrate. Posséder un coup d'avance, déjouer les attentes, captiver le public avec d'ardues négociations relatives à la nomination d'un commissaire européen à Bruxelles : c'est d'abord ça, la réussite de cette série et de la fiction danoise 36 7.3 Annexe 3 Commentaires sur Borgen et les aspects exotiques et universels : Bretonparisien | 01/03/2012 à 18h47 Je ne sors plus le jeudi soir, je regarde "Borgen"... En suivant les tourments et les valeurs, les victoires et les défaites de Birgit Nyborg, premier ministre du beau royaume du Danemark, on suit le fonctionnement très exotique, pour nous, Français, de la démocratie danoise et les mécanismes de l'exercice du pouvoir, qui, eux, sont universels. Avec, en prime, les cafouillages d'une famille qui n'en demandait pas tant ! La scénarisation rend les principaux personnages, pas tous attachants, mais tous très humains. C'est tout l'art des séries. Et c'est ça qui rend 'addict". Commentaires concernant le sous-titrage par rapport à Borgen : mariefc | 02/03/2012 à 12h16 Une très bonne série que j'ai la chance de pouvoir regarder en VO sous-titrée ,ce qui me plonge tout à fait dans l'atmosphère,et qui nous fait entrer dans les arcanes de la politique,en découvrir les rouages,parfois complexes,avec la "relation" entre la presse,le pouvoir et les conseillers.....C'est d'autant plus intéressant que l'action se passe dans un autre pays et l'on voit bien que partout les choses ne sont pas si simples,même dans une société avancée comme le Danemark!!!C'est du solide,du sérieux ,merci à ARTE!Et si on n'a pas pu la voir le soir de la diffusion ,il y a une session de rattrapage,cela devrait se généraliser! (Les deux commentaires ont été trouvé sur http://television.telerama.fr/tele/serie/borgen-une-femme-au-pouvoir,7839033.php (08.04.13) De la grande télévision, 8 mai 2012 Par Delicatessen - Voir tous mes commentaires Achat authentifié par Amazon(De quoi s'agit-il ?) Ce commentaire fait référence à cette édition : Borgen - Saison 1 (DVD) Remarquable ! De la très grande télévision, adulte, passionnante, jamais mièvre ni simplificatrice. Ce n'est pourtant pas simple de traiter des jeux complexes du pouvoir et de leur cruauté. Les auteurs réussissent à donner chair avec brio à un thème aussi abstrait que la politique et ses enjeux contradictoires, à nous faire toucher du doigt le conflit entre idéologie et réalité. Sans jamais basculer dans le théorique, en restant toujours dans l'action. Tout le contenu du discours passe par les situations. C'est très bien écrit, à un rythme toujours soutenu, la tension ne se relâche jamais. Interprétation au-dessus de tout éloge, réalisation très efficace et sans effet superflu. Bravo ! De la télé qui ne prend pas le spectateur pour un imbécile. Dommage, dommage que la saison 2 n'existe pas en version soustitrée en français. Quelle frustration ! Trouvé sur amazon.fr, accessible à : http://www.amazon.fr/productreviews/B006QP0C6U/ref=cm_cr_dp_see_all_btm?ie=UTF8&showViewpoints=1&sortBy=b ySubmissionDateDescending 37 7.4 Annexe 4 L’interrogation a eu lieu le 17 avril 2013, à Fuglsangsallé, la faculté Business and social sciences à Aarhus. Le répondant a vu les deux séquences. Ensuite, il a été présenté aux questions suivantes. Questionnaire: Borgen Nom : Thomas (Le surnom est connu par l’auteur) Age : 20 Profession/études : Etudiant Connaissances de langues étrangères : Anglais et allemand [Les premières questions ont le but de donner une idée du répondant comme récepteur de Borgen, puisqu’il se peut qu’il y ait des informations importantes par rapport à la réception] Quel genre de film préfères-tu ? Action As-tu l’habitude de voir des films sous-titrés ou postsynchronisés ? Quelle version préfères-tu, et pourquoi ? Oui, et je préfère les films en Version Originale, parce qu’ils sont plus réalistes. Est-ce-que tu connais la chaîne Arte, et as-tu l’habitude de la voire ? Comment la décriraistu ? Je connais Arte, c’est une chaîne culturelle, mais je la regarde très peu. Connais-tu des films danois ? Est-ce qu’ils se distinguent d’autres films internationaux ? Non, je n’en connais aucun Est-ce-que tu maitrises le danois ? Non Qu’est ce que tu sais sur le Danemark ? (Gouvernement, histoire, industrie etc) Je ne connais pas beaucoup. Des notions de base et la culture générale. Quelle relation as-tu avec le Danemark ? J’habite à Aarhus, je suis étudiant étranger pour un an. Quels mots associes-tu à la culture danoise ? Les deux mots danois que je connais : Hygge et øl. Comment décrirais-tu les danois ? Sympathiques, polis. Mais dur à connaître. Quelles différences penses-tu qu’il y’a entre les danois et les français ? (Comportement sociale, normes de langage, etc) Les danois sont plus courtois, polis et positifs. Les français sont plus ouverts. 38 Séquence 1 (épisode 5 : Les hommes qui aiment les femmes. Min 7-19) Birgitte Nyborg a débouché Henriette Klitgaard du secteur privé. Qu’est-ce que ca veut dire ? Elle est allée la chercher dans le secteur privé Est ce que le mot « moule » signifie qqch par rapport aux étudiants ? Est-ce qu’il indique que les étudiants sont « inintelligents » ? Dans ce contexte, oui. Mais on ne le dit pas en France As-tu remarqué des sous-titres dont la langue n’est pas tout compréhensible ou que tu trouves bizarre ? A part « carotte », non. Décrirez pourquoi Kasper n’aime pas Pernille Madsen ; Pourquoi ? Elle est comment aux yeux de Kasper ? Elle met trop en avant son coté féministe, et elle en profite. Décrivez Kasper : Quel genre de caractère est-il ? Il semble assez froid et strict. Séquence 2 (épisode 9 : Divise et règne. Min 5-19) Est-ce que cette séquence montre une image du comportement des danois, et peux-tu le décrire ? Sandwich dans le parc, au bord de l’eau Décrivez Bent Sejro : Quel genre de caractère est-il ? Il semble bienveillant et juste Quelle est sa relation avec Birgitte ? Il la conseille, la guide Rigshospitalet, c’est quoi ? Qu’est-ce que « les hôpitaux du Royaume » signifient ? Il s’agit de la santée de la famille royale. Penses-tu qu’il y’a une différence entre ‘virer’ et ‘révoquer’ ? laquelle ? Selon toi, pourrais Bent employer le mot ‘virer’ ? Révoquer, c’est plus politiquement correct. 39 7.5 Annexe 5 Annexe Texte marqué en jaune : Des segments à traduire présentés dans l’analyse (la partie 4.2) du mémoire Texte marqué en bleu : Des passages auxquels il a été référé dans la partie 4.3 Texte marqué en vert : Quelques-uns des segments appliqués pour esquisser les microstratégies dans la partie 2.1.3 Personnages : Birgitte Nyborg (Birgitte) : Premier Ministre Henriette Klitgaard (Klitgaard) : Ministre de l’industrie Kasper Juul (Kasper) : Le spin docteur de Birgitte Nyborg et l’ex-copain de Katrine Fønsmark Katrine Fønsmark (Katrine): Journaliste à la chaîne TV1 et ex-copine de Kasper Juul Laura : Fille de Birgitte Nyborg et Phillip, elle a environ 13 ans Magnus : Fils de Birgitte Nyborg et Phillip, il a environ 7 ans Pernille Madsen (Pernille) : ministre des Affaires sociales et de la Parité Phillip: L’époux de Birgitte Nyborg, professeur d’économie Pia : Journaliste à la chaîne TV1 et responsable de la rédaction Sanne : Secrétaire de Birgitte Nyborg Torben Friis (Torben) : Journaliste et chef de rédaction de la chaîne TV1 Ulrik : Journaliste à la chaîne TV1 XX : Chef de cabinet de Birgitte Nyborg Séquence 1: Épisode 5, « les hommes qui aiment les femmes » minute 7’-19’ À la rédaction de TV1. Trois journalistes discutent. Texte source Pia: Har I set hendes CV? Se her. Denne her dame ik? Hun er tidligere fotomodel. Hun har fire overbygninger fra udenlandske universiteter. Mor til tre. Og hun er ikke fyldt 40 endnu. Texte cible Pia: Vous avez vu son CV ? Regardez. Madame a été mannequin Elle a quatre diplômes d’universités étrangères. Mère de 3 enfants et pas encore 40 ans. Katrine: Tilgengæld er hun sikker elendig til at lave mad. Katrine : Elle doit être nulle en cuisine Torben: Det jeg i virkeligheden synes er interessant, det er: hun er den eneste i ministerregeringen som IKKE er valgt direkte ind i folketinget. Statsministeren har bare head huntet hende fra en eller anden toppost i erhvervslivet. Det kunne vi godt lige lave et indslag omkring. [..uforståeligt] Det er der ingen tvivl om. 18 eller 20.30? Torben : Ce que je trouve intéressant, ce qu’elle est la seule ministre qui n’a pas été élue. La Premier ministre l’a débouchée du secteur privé. On devrait faire un reportage là-dessus. C’est pour le 18h ou pour le 20h30 qu’on la programme ? Katrine: Eh, vi vil gerne være først, så hun skal vel ind til mig i 18eren ik? Katrine : On veut être les premiers, donc avec moi à 18h, non ? 40 Ulrik: Vi ku også bare angribe den ud fra hvad der er bedst TV. Ulrik : On peut être plus percutants. Katrine: Undskyld? Katrine : Pardon ? Ulrik: Ja hvad der ser bedst ud. Også rent journalistisk. Ulrik : Avoir plus d’impact Torben : Hvad mener du? Ulrik: (prøv li at hør’,) det er en kvindelig minister der lancerer et feministisk lovforslag, skal vi så sætte hende sammen med en kvindelig vært, og lade det blive sådan noget rent Girl Power, eller skal vi prøve at afbalancere det lidt, og lade mig tage den i 20.30’eren? Torben : Explique ! Ulrik : C’est une femme ministre qui fait un projet de loi féministe. Est-ce qu’on la met en face d’une femme, et c’est le « Girl Power », ou alors je présente le 20h30 ? Torben: [tager et magazin hvor hun er på forsiden] Hun ser jo fantastisk ud. [kigger på Ulrik] det er da et argument, helt klart. Torben : Elle est superbe. Ca tient la route. Katrike: Girl Power? Hvad er det vi taler om, ”vi vil hellere have nyheden til sidst fordi det skal være en mand der interviewer hende”?! Ulrik: Nej nej, det handler om signalværdien. Du er kvinde, hun er kvinde, sagen handler om at begundstige kvinder, altså det kan godt hurtig gå hen og blive sådan lidt eeeh ost med ost. Katrine : Girl Power ? On retarde l’interview pour que ce soit un home face à elle ? Katrine: Prøv nu at høre, siden hvornår har værtens køn været noget vi tillægger journalistisk betydning? Katrine : Le sexe du journaliste a un impact rédactionnel maintenant ? Ulrik: Når selve sagen den handler om køn, så er det vel noget vi bør tage hensyn til. Ulrik : Le sujet est précisément le sexe, c’est donc le critère que nous devons prendre en compte. Pia : Ecoute, le sujet, c’est la parité, hein ? Et ce ne serait pas pour Katrine parce que c’est une femme ? Ca ne tient pas la route. Pia: Hør nu her, sagen handler om ligestilling ik? Altså vi står og snakker om at Katrine ikke må tage den, fordi hun er kvinde?? Det holder sgu da ikke! Ulrik : L’important c’est le signal qu’on envoie. Vous êtes deux femmes. On aurait l’air de favoriser les femmes. Ce serrait comme mettre du fromage avec fromage. Ulrik: Det holder da fint! Ulrik : Ca la tient très bien. Katrine [og Pia i munden på hinanden]: ej det gør da ej, det er da grotesk. Katrine : On croit rêver, c’est pas vrai ! Torben [ironisk] Jamen jeg kan da også tage hende [Ulrik og Torben ser på hinanden] Torben : Je peux aussi la prendre 41 Katrine: Hvad gør vi så, Torben? Ulrik: Ja, hvad så? Torben: Ulrik, 20.30 Katrine : Bon, on fait quoi, Torben ? Ulrik : Oui, alors ? Torben : Ulrik, 20h30 Dans les locaux de TV1, pendant l’interview avec Klitgaard Texte source Texte cible Klitgaard: Og vi forventer derfor at kunne Klitgaard: Nous espérons que ce projet de vedtage forslaget inden folketinget går på loi sera adopté avant que ce ne soit les sommerferie. vacances d’été pour le Parlement Ulrik: Men altså, er kvoter ikke noget man har for torsk og ik for kvinder? Ulrik : Les quotas ne sont-ils pas plutôt destinés aux moules ? [bag kameraet] : Hold kæft! Han er god! [Putain il est bon. Génial, non ?] Klitgaard: Kvoter er et værktøj, som vi anvender på områder, som ik ka regulere sig selv. Man har også kvoter for studerende, og det er vel ikke alle studerende man kan karakterisere som torsk. Klitgaard : Nous utilisions les quotas dans les secteurs incapables de se réguler. Il y a des quotas pour les étudiants. Les qualifier des moules ne serait pas très sympathique pour eux. [bag kameraet, Katrine:] tag den Ulrik! Ulrik: Godt, så hvis jeg har forstået det rigtigt, så mener du simpelthen at kvinder de har brug for et lovforslag for at komme til fadet? [Katrine : Prends ca, Ulrik !] Ulrik : Si je comprends bien, votre projet estime que les femmes ont besoin d’une loi pour réussir ? Klitgaard: Det handler om at få brudt nogle lukkede systemer, som nok navnligt gør sig gældende i dele af erhvervslivet. Så højtuddannede kvinder i ledende stillinger ikke skal vente i årevis på at tingene ændrer sig. Klitgaard : L’objectif est de briser des systèmes plus ou moins fermés qui sont cruciaux dans le secteur privé. Ainsi, les femmes diplômées n’ont pas à attendre des années pour que les choses changent. Ulrik: Det er klart... Ulrik : C’est clair, mais…. Klitgaard:.. Det er visse ting man må lovgive om! Vi har løbende lovgivet om barselsorlov, og for nylig stemte vi om ligestilling i kongehuset. Så det er måske ikke så farligt Ulrik [smiler] Ulrik: Henriette... Klitgaard : Pour avancer, il faut légiférer. Nous légiférons sur le congé parental. Récemment, nous avons voté pour la parité dans la monarchie, donc ce n’est pas si dangereux, Ulrik. Ulrik : Henriette.. [Bag kameraet, Katrine: Hold kæft man, han æder jo af hendes hånd! En anden journalist: ja, men hun er kraft dælme også lækker det skider jeg på] [Katrine : Putain, il lui mange dans la main. autre journaliste : Oui, mais elle est sexe. Moi, je trouve en tout cas.] 42 Klitgaard: Guleroden er skattemæssige fordele for de selskaber, som hurtigt lukker det ønskede antal kvinder ind i bestyrelserne. Stoppen derimod er en hårdere beskatning af de selskaber der IKKE vil. Og i yderste konsekvens så kan de selskaber MÅSKE fratages retten til at operere i Danmark. Men lad os nu se om det ikke går med guleroden alene. Klitgaard : La carotte, ce sont les avantages financiers dont les entreprises pourront bénéficier si elles respectent le quota de femmes. Le bâton, ce sont de plus lourdes taxes pour celles qui refusent. Et en dernier recours, il reste la possibilité de leur retirer le droit d’avoir toute activité. Mais voyons déjà comment la carotte peut fonctionner. [Katrine bag kameraet: Kom nu Ulrik gå nu til hende!] [Katrine : Vas-y, Ulrik, attaque-la !] Ulrik: Det bliver spændende at følge. Tak til dig, Henriette Klitgaard. -Ulrik: Og fra kvoter og lovforslag til taler og fællessang. Idag er det som bekendt kvindernes kampdag, og i den forbindelse er vores reporter, Julie Sylvest, på gaden –med BH Ulrik : Ca va être palpitant, merci à vous, Henriette Klitgaard. Ulrik : passons des quotas et de ce projet de loi aux chants féministes. C’est la journée de la femme. A cette occasion, nous avons envoyé Julie Sylvest dans la rue, et avec soutien-gorge. Katrine sort du studio, elle veut rentrer. Elle rencontre Benjamin. Ils parlent. Cette scène n’a pas été transcrite. Le petit déjeuné chez Birgitte Nyborg : Texte source Birgitte: Hvad er det du spiser? Magnus: Koko pops. Phillip: Ja altså han var meget træt da vi købte ind igår, og jeg orkede ikke den diskusion. Texte cible Birgitte : Qu’est-ce que tu manges? Magnus : des Coco Pops Phillip : J’étais crevé au supermarché hier. J’ai pas voulu discuter. Laura: Skal du have overskrifterne mor? Birgitte: Ja, kom med dem. Laura: ”Voldsomme demonstrationer i Burma”, ”nationalbanken varsler rentestigninger”, og.. øhm.. Magnus: Hvem er det? Laura: Det er.. erhvervsministeren i mors regering. Magnus: Hvorfor har hun ikke noget tøj på? Laura : Tu veux les gros titres, maman ? Birgitte : Oui, lis-les-moi. Laura : « démonstration de violence en Birmanie ». Là, c’est la banque nationale qui annonce la hausse des taux d’intérêt. Magnus : c’est qui ? Laura : Le ministre du Commerce de maman. Magnus : Pourquoi elle a pas de vêtements ? Phillip: Ja, så begynder det. Phillip : Ca commence Petit déjeuné dans un café, où Kasper et Katrine ont un rendez-vous : Texte source Texte cible Kasper: God morgen! Jeg har købt et Kasper : Salut. Bonjour. Je t’ai commandé morgensæt til dig. un petit-déj’ 43 Katrine: Tak! Jeg tror ikke jeg skal have croissant. Katrine : Merci. Je crois que je ne vais pas prendre de croissant. Kasper: Er du syg? Kasper : Tu es malade ? Katrine: Nej, jeg prøver bare at spise lidt mere fornuftigt. Måske skal jeg i virkeligheden bare have noget vand. Katrine : Non. J’essaie de manger plus intelligemment pour ma santé. Un verre d’eau suffira. Kasper: Vand! Går det så dårligt i TVbranchen? Kasper : Un verre d’eau ! Ca va si mal à la télé en ce moment ? Katrine: ja. Det er fandme hårdt at trænge igennem lige for tiden. Det er ren drengeklub til redaktionsmøderne. Katrine : L’ambiance est lourdingue dans l’équipe en ce moment. C’est « Bienvenue au club des machos » ! Kasper: Sjovt, hos os er det ren pigeklub. Katrine: Hun er da ellers en hot lille sag hende erhvervs-Henriette, hva? Sådan én man får akut mindreværd over. Kasper : Chez nous, c’est plutôt « nanas et compagnie » Katrine : C’est une petite bombe industrielle, Henriette, hein ? A coté d’elle, on a vite un complexe d’infériorité. Kasper: Du er heller ik den enester der har det sådan. Kan du stave til Pernille Madsen? Kasper : Tu n’es pas la seule à penser ca. Si je te dis Pernille Madsen ? Katrine: Jamen det burde vel også være hendes område, eftersom hun er social og ligestillingsminister, burde det ik? Katrine : En tant que ministre des Affaires sociales et de la Parité, c’est plutôt son domaine, non ? Kasper: Jeg siger ikke noget. – Hun er pi-sse sur. Men det er fortroligt. Okay? Nu skal du fortælle mig lidt om dig. Kasper : Je ne dis rien. – elle est méga énervée. Mais c’est confidentiel. OK ? Maintenant, parle-moi de toi. Katrine: Virkelighed, eller det du gerne vil høre? Katrine : La vérité ou ce que tu préférais entendre ? Kasper: Hvad vil jeg gerne høre? Kasper : Je préférais entendre quoi ? Katrine: At jeg lever i cølibat. Og savner én jeg kendte engang. Og at jeg ikke mener Ole. Katrine : Que je suis célibataire. Et que je regrette quelqu’un. Et je ne parle pas d’Ole Kasper: Jeg ku godt lide Ole. Kasper : Je l’aimais bien, Ole. Katrine: Men du kan også godt lide tanken om at du er svær at komme sig over, ik? Katrine : Mais tu aimes bien aussi penser qu’on ne t’oublie pas facilement. Kasper: [griner] Ævl! Kasper : Absurde. 44 Au « Château », Kasper Juul, Birgitte Nyborg, Henriette Klitgaard Texte source Klitgaard: Det er fra min tid som model, jeg var 21, studerede, skulle bruge pengene. Birgitte: Naturligvis. Kasper: Er der mere end det? Texte cible Klitgaard: J’avais 21 ans. J’étais étudiante et je posais pour gagner ma vie. Birgitte : Naturellement Kasper : Il y a pire que ca ? Klitgaard: Altså jeg har ikke været miss wet T-shirt, hvis det er det du tænker på. Jeg arbejdede kun for de store anerkendte bureauer. Der er sikkert masser af undertøjsbilleder, det lavede jeg meget af dengang. Klitgaard : Je n’ai pas été Miss Tee-shirt mouillé si c’est ce que tu penses. Je ne travaillais que pour les grandes agences. Il doit y avoir plein de photos de lingerie, j’en ai fait beaucoup. Kasper: Vi ku måske mødes, og så diskutere noget generelt presse strategi i fh til din fortid som undertøjsmodel? Kasper : On pourrait prendre rendez-vous pour parler stratégie médiatique au sujet de ton passé de mannequin pour lingerie ? Klitgaard: Altså ved du hvad, det tror jeg godt Rune kan klare. Klitgaard : Rune pourra s’en sortir. Kasper: Selvfølgelig kan han det. Kasper : Oui, j’en suis sûr. Birgitte: Godt, bare husk at der er ekstrem bevågenhed på det her ikke også, og koordiner alle udmeldinger med os. Birgitte : N’oublions pas que le sujet suscite de l’intérêt, alors coordonnons nos communiqués. Kasper et Birgitte au bureau de Birgitte. Texte source Birgitte: ”Ah måske ku vi lige mødes og tale om din fortid som model”! Texte cible Birgitte: « On pourrait parler de ton passé de mannequin pour lingerie. » Kasper: Det var ik det jeg sagde! Kasper : Ce n’est pas ce que j’ai dit Birgitte: ”Ah jeg kan godt hjælpe dig med noget pressestrategi. Altså, hvis du sku have brug for noget..”! Birgitte : « Je t’aiderais à mettre au point une stratégie. Enfin, si tu avais besoin de quelque chose.. » Kasper: Birgitte! Jeg flirter ik! Kasper : Birgitte. Ce n’est pas de la drague ! Birgitte: Du flirter! Birgitte : Tu dragues. Kasper: Jeg flirter ik! Kasper : Je ne drague pas. Birgitte: Åh du flirter! Birgitte : Si, tu dragues. [Sanne, sekretæren, banker på] [Sanne, la secrétaire, frappe la porte] 45 Kasper: Sanne –flirter jeg? Kasper : Sanne. Je drague ? Sanne: Nej.. ik med mig i hvert fald. Pernille Madsen har ringet hele morgenen. Hun vil meget gerne have et møde. Hun var meget insisterende. Sanne : Non, enfin pas moi, en tout cas. Pernille Madsen a téléphoné ce matin. Elle voudrait un rendez-vous. Elle a beaucoup insisté. Birgitte: Jeg ringer til hende. Altså et eller andet sted har Pernille Madsen jo en pointe. Hun er ligestillingsminister, og vi holder hende udenfor. Hvad mener du? Kasper: Fyr hende. Jeg kan ik snuppe hende der, Madsen. Birgitte : Je l’appelle. Il faut reconnaitre que Pernille Madsen a quelques raisons. Elle est ministre de la Parité et on la tient à l’écart. Qu’en pensestu ? Kasper : Vire-la. Je ne peux pas la blairer, Madsen. Birgitte: Hvad er problemet? Birgitte : C’est quoi, le problème ? Kasper: Hun er en overvintrede kvindelejr. Alt det der lugter af fælles rundbold og Femø, og kotteletter i fad i arbejderpartiet.. nej, jeg kan ikke klare hende. Birgitte: Er det noget du lige tager med din psykolog, Kasper? Kasper : Elle a trop hiberné chez les féministes. Le genre de suffragettes qui font des campements pour femmes avec côtes d’agneaux à la sauce Parti travailliste, je la blaire pas. Birgitte : Tu voudrais en parler à un psy, Kasper ? Kasper: Jeg siger bare at det er den slags kvinder der ryger først op ad muren når revolutionen kommer. Du spurgte, jeg svarede. Birgitte: Ej hvor du flirter! Kasper : Je dis simplement que ce genre de femme est la première à grimper au mur quand vient la révolution. Tu me demandes, je réponds. Birgitte : Qu’est-ce que tu dragues ! Birgitte parle avec Pernille Madsen, ministre des Affaires sociales et de la Parité. Elles se trouvent dans le parc du « Château » Texte source Texte cible Pernille Madsen : Jeg er glad for du tog dig Pernille Madsen: Ravie que tu aies pris le tid til en lille snak. Arbejderpartiets ledelse temps de cette conversation. Le bureau du undrer sig mere og mere over dit valg af parti travailliste s’interroge sur ce qui t’a minister til at profilere lovforslaget. poussée à choisir ce ministre pour défendre ce projet de loi. Birgitte: Ja, men det må ledelsen jo så tage op med mig. Birgitte : Le bureau n’a qu’à s’adresser à moi. Pernille: Det gør vi så nu. Jeg er jo næstformand. Og jeg vil gerne forstå, hvorfor så stor en sag, som så åbenlyst hører ind under mit område, gives til erhvervsministeriet. Pernille : C’est ce que nous faisons on ce moment. Je suis vice-secrétaire et je ne comprends pas pourquoi ce dossier qui est de mon ressort atterrit au ministère du Commerce et de l’Industrie. 46 Birgitte: Jeg ønsker at flytte fokus i debatten, Pernille. Mit valg af ministerium er taktisk. Ved at vælge en kvindelig minister der nyder stor respekt i erhvervslivet, så gør vi os selv mindre sårbare. Birgitte : J’aimerais situer le débat autre part, Pernille. Ce choix de ministre est tactique. En choisissant une femme respectée dans le secteur privé, nous sommes moins vulnérables. Pernille: Synes du? En minister der har været tidligere undertøjsmodel? De kunne ihvert fald ikke have fundet sådan nogle billeder af mig. Men bortset fra det, så kunne jeg godt tænke mig at vide hvorfor du ikke efterlever dit eget løfte om ligestilling i regeringens ledelse. Pernille : Tu crois ? Un ministre, ancien mannequin pour lingerie ? On n’aurait pas pu trouver des photos comme ca de moi. Mais à part ca, j’aimerais savoir pourquoi tu ne respectes pas ta promesse sur la parité dans la direction du gouvernement. Birgitte: Hvad mener du? Birgitte : Comment ca ? Pernille: Ja, der er syv pladser i kommisionsudvalget, og kun to kvinder? Pernille : Il y a 7 postes à la commission de coordination et que 2 femmes. Birgitte: Jeg går ud fra at du tænker på dig selv, Pernille? Socialministeren har aldrig siddet i Kudvalget, ikke i nogen regering, uanset partifarve. Birgitte : J’imagine que tu penses à toimême, Pernille. Ton ministère n’a jamais siégé à la commission C, quel que soit le parti représenté. Pernille: Jeg kan kun sige at min indflydelse i arbejderpartiet er temmelig stor. Og vi vil jo nødigt skabe uro i regeringsamarbejdet. Birgitte. Du skylder for at have givet denne her sag til Henriette. Det er ren favorisering. Pernille : Mon influence au parti est énorme, et il ne faudrait pas provoquer de troubles dans la coalition gouvernementale. Birgitte. Tu as une dette envers moi pour avoir favorisé Henriette. Birgitte: Hvad er det du vil have? Pernille: Jeg vil med til samtlige møder som Henriette deltager i i denne sag. Og mit navn skal ligge øverst i bunken til at komme i Kudvalget næste gang der er ministerrokade. Aller øverst. [giver BN et knus] det var en god snak. Birgitte : Qu’est-ce que tu veux ? Pernille : Je veux être aux mêmes réunions qu’Henriette sur ce dossier. Et je dois être en tête de liste pour entrer à la commission C au prochain remaniement. Bien en tête. Discussion très constructive. 47 Au « Château » Texte source XX: Birgitte vi har fået en henvendelse af Chrone. Tecte cible XX : Birgitte, nous avons reçu en message de Chrone. Birgitte: Dén Chrone? Birgitte : Le « Chrone » ? XX: Chrone industri, ja. Han vil gerne mødes XX : « Chrone industrie » , oui. Il voudrait med dig for at give sin mening til kende. Jeg un rendez-vous pour vous donner son avis. Je foreslår at vi lader ham komme kl 18 i dag. suggère que vous le voyiez en fin de journée, à 18h. Birgitte: Er vi enige om at det er svært at få et møde med statsministeren i Danmark? Og du tilbyder ham et møde samme dag han ringer? Birgitte : C’est difficile de voir le Premier ministre du Danemark, non ? Et vous lui offrez un rendez-vous le jour même de son appel ? XX: Vi plejer at mødes med Chrone. XX : Nous avons l’habitude avec Chrone. Birgitte: Vi? Birgitte : Nous ? XX: Ja, det her ministerium. XX : Oui, ce ministère. Birgitte: Jeg ved godt Hesselboe mødtes ofte med ham. Birgitte : Je sais que Hesselboe le voyait fréquemment. XX: Ja de to havde et godt forhold. XX : Oui, ils avaient de bonnes relations tous les deux. Birgitte : Si bonnes que la presse disait que Chrone dictait directement la politique fiscale, commerciale et industrielle du gouvernement. Birgitte: Så godt at pressen mente, at Chrone direkte dikterede den daværende regerings skatte- og erhvervspolitik. XX: Chrone er en af de mest indflydelsesrige personer i det danske samfund. Passer kl 18? Birgitte: Nej, der skal jeg spise middag med min familie. Jeg kan være her kl 20. XX : Chrone est l’une des personnalités les plus influentes de la société danoise. 18h vous conviendrait ? Birgitte : Non, je dois dîner avec ma famille. Je peux être ici à 20h. Chez Birgitte Nyborg, la famille est ressemblée. Texte source Texte cible Birgitte: Hvordan gik det med den der stil? Birgitte: Comment ca s’est passé pour ton interrogation ? Laura: Det gik fint. Jeg fik tolv. Laura : Bien. J’ai eu 20 sur 20. Birgitte: Det er da virkelig godt. Tillykke! Birgitte : Très bien ! Félicitations ! 48 Laura: Tak. Det fik jeg også i den sidste. Laura : Merci. C’est ce que j’ai eu aussi à la dernière. Magnus: Må jeg godt gå ind og spille computer? Magnus : Je peux aller jouer à l’ordi ? Birgitte: Ej skat, skal vi ikke lige blive og hygge lidt? Birgitte : Chérie, on est bien ensemble. Phillip: Har du lektier til i morgen? Så bare stik af. Phillip : Tu as des devoirs pour demain ? Alors, vas-y. Laura: Må jeg ik også godt gå op og øve klaver så. Jeg skal nok tage høretelefoner på. Laura : Je peux monter aussi pour jouer du piano ? Je mettrai le casque. Phillip: Jo jo, det er fint. Phillip : Oui, oui, c’est bon. Birgitte: Hvem fanden var det der opfandt begrebet kvalitetstid? Syge stodder altså! Birgitte : Qui a invité le concept du repas familial ? Quelle andouille ! Phillip: Det er jo bare fordi du har været så meget væk. Bar vent til i aften når vi ser en film, så ligger de og spinder op ad dig i sofaen. Phillip: C’est parce que tu es souvent absente. Ce soir, en regardant le film, ils se blottiront contre toi. Birgitte: Jeg har et møde. Prøv at gætte med hvem? Birgitte : J’ai un rendez-vous. Devine avec qui ? Phillip: Ja med hvem? Phillip: Avec qui ? Birgitte: Joachim Chrone. Birgitte: Joachim Chrone. Phillip: Okay! Jamen han er jo vandt til at have direkte indflydelse på landets love. Phillip : Mais il a l’habitude d’avoir une influence sur les lois du pays. Birgitte: Min departementchef var ufatteligt insisterende. Birgitte : Mon chef de cabinet a insisté. Phillip: Det er da klart han er insisterende, han sidder jo i VL gruppe med Chrones administrerende direktør. Phillip : Je comprends qu’il ait insisté. Il siège avec le patronat aux cotés du bras droit de Chrone. Birgitte: Gør han dét? Birgitte : Ah bon ? Phillip: Ja, VL gruppe 3 såvidt jeg husker. Phillip : Oui. Le groupe 3, je crois. Birgitte: Nå, okay. Det lyder somom du synes det er direkte usundt for demokratiet Birgitte : Ah, d’accord. Tu me dis ca en pensant que c’est malsain pour la démocratie ? 49 Phillip: Nej, men jeg synes jo bare ikke at ministre og embedsmænd skal være alt for intime med erhvervslivet. Phillip : Non, mais les ministres et les hauts fonctionnaires ne devraient pas être trop intimes avec le secteur privé. Birgitte: Nå, skal vi to så skilles eller hvad? Birgitte : Il faudrait qu’on divorce, alors ? Phillip: Nu er jeg jo ikke erhvervsliver vel, jeg underviser bare. – i øvrigt så er det sgu lidt småprovokerende at se hvor lækker du gør dig for en anden mand. Phillip : En ce moment, je ne suis pas dans le privé, j’enseigne. – C’est agacant que tu te fasses belle pour un autre homme. Birgitte: For Chrone? Han er 600 år gammel. Birgitte : Pour Chrone ? Il a 600 ans, au moins. Phillip: Du har jo altid haft det godt med Phillip: Mais tu as toujours eu un faible pour modne mænd, har du ik? Du skynder dig les hommes mûrs. Dépêche-toi de rentrer. hjem! 50 7.6 Annexe 6 Annexe Texte marqué en jaune : Des segments à traduire présentés dans l’analyse (la partie 4.2) du mémoire Texte marqué en bleu : Des passages auxquels il a été référé dans la partie 4.3 Personnages : Bent Sejrø (Bent) : Ministre des Finances. Il a une relation proche avec Birgitte, et il la guide. Birgitte Nyborg (Birgitte) : Premier Ministre Dan: Cadreur Hans Christian Thorsen (HC) : Ministre de la Défense Kasper Juul (Kasper) : Le spin docteur de Birgitte Nyborg et l’ex-copain de Katrine Fønsmark Katrine Fønsmark (Katrine): Journaliste à la chaîne TV1 et ex-copine de Kasper Juul Phillip: L’époux de Birgitte Nyborg, professeur d’économie Pia : Journaliste à la chaîne TV1 et responsable de la rédaction Simon : Journaliste à la chaîne TV1 Torben Friis (Torben) : Journaliste et chef de rédaction de la chaîne TV1 Ulrik : Journaliste de la chaîne TV1 Séquence 2: Épisode 9: « Divise et règne » minute 5’-19’ A la rédaction du journal télévisé, dans les locaux de TV1 Texte source Texte cible Torben Friis: Ok, prøv at høre her kære Torben Friis: OK, écoutez, chers amis. venner. Dansk tophistorie er at vi L’histoire du jour, c’est qu’apparemment on tilsyneladende endelig har fundet frem til sait quel avion de chasse le Danemark va hvilke jægerfly Danmark skal købe. Pia? acheter. Pia ? Pia: Ja, pressemeddelelsen er på trapperne. Forsvarsministeren kommer ind til Katrine i 18.eren og fortæller om flyet. Pia : On attend le communiqué. Le ministre de la Défense passe chez Katrine au 18h. Torben: eh Katrine, er du forberedt? Torben : Katrine, tu t’es préparée ? Katrine: Ja. Men alt tyder på at det bliver F26 Defenderen vi vælger, hvilket samtidig sikrer dansk erhvervsliv en ordre for minimum 9 miliarder kroner. [Pias telefon ringer: Ups, den skal jeg lige tage..ja?] Katrine : Toute porte à croire que ce sera le Defender F-26, ce qui garantit à notre industrie une commande de 9 milliards. Torben: Hvordan har du tænkt dig at skære den? Torben : Comment tu attaques le sujet ? Katrine: Jamen, køber vi det bedste fly til vores piloter, eller den bedste aftale til vores erhvervsliv? Katrine : C’est le meilleur pour nos pilotes ou le meilleur contrat pour notre industrie ? [Pia : Je dois répondre..] 51 Ulrik: ”Jeg er bange for de store stærke mænd, og bilerne der dytter i trafiken..” Ulrik : J’ai peur des bonshommes et des voitures qui klaxonnent… Torben: [griner] Hvad skete der dér? Torben : Qu’est-ce qui se passe ? Ulrik: Jamen altså, helt seriøst, prøv at høre, vores tilgang til militærhandler det er sgu da ikke at Danmark skal være et eller andet afmilitariseret maoistisk bondesamfund. Ulrik : Notre engagement militaire… C’est pas comme si le Danemark était une société maoïste démilitarisée. Katrine: Det forstår jeg simpelthen ikke, hvad er det du mener? Katrine : Qu’est-ce que tu veux dire ? Ulrik: Det jeg siger, det er at der også er en anden vinkel. Altså ”nyt jægerfly sikrer dansk erhvervsliv store ordrer” Ulrik : Ces avions assurent à l’industrie danoise de grosses commandes. Katrine: Ej hvor er det en god idé. Jeg synes at vi skal allesammen være spin-doktorer for regeringen. Katrine : On devrait être spin docteurs Ulrik:[mumler] Ja eller vi kan jo bare lade være med at knalde dem. Ulrik : Alors, ne baise plus avec lui. Torben: Hey hey, helt rolig ik? Vi lægger cutet midt imellem noget konspirationsteori og så ”hurra-journalistik”, og Dan jeg har virkelig brug for nogle billeder der sparker røv, godt med lir på, ik? Torben : Du calme. On arrête la théorie du complot et le journalisme patriotique. Dan, j’ai besoin d’images qui trouent le cul. Dan: Jeg har de mest fantastiske billeder, det bliver ren ”top gun”. Dan : J’ai des images géniales. Du pour « Top Gun ». Torben: Fantastisk, sovs og kartofler dér. Eeh, vi skal tale med nogle piloter. Simon? Torben : Fantastique. On doit interviewer quelques pilotes. Simon ? Simon: Ja, jeg tager til Skrydstrup senere i dag, og jeg har allerede fået lov til at komme op i et cockpit. Simon : Je vais à Skrydstrup et je pourrai monter dans le cockpit. [Alle: der var han heldig hva. Nå nå nå nå, så er han glad. Tillykke med det] [les autres : T’en as de la chance. Félicitations !] Torben: Perfekt. Pia? Torben : - - - - Pia: Ja, det var fra forsvarsministeriet [opkaldet hun fik lige inden] Der kommer ikke nogen pressemeddelse i dag alligevel. Ja, så interviewet er vel udskudt? Pia : C’était le ministère de la Défense. Aucun communiqué de presse ne sortira aujourd’hui, donc l’interview est reportée. 52 Katrine: Hvad giver de som begrundelse? Katrine : Pour quel motif ? Pia: Det sadvanlige: ”De har desværre ikke fået alle detaljer på plads endnu” Pia : Habituel : « Tout n’est pas réglé. » Katrine: Det er jo noget fis. Katrine : C’est des conneries. Ulrik: Godt, Friis, hvad gør vi så? Ulrik : Friss, on fait quoi ? Torben: Jaaaaae, hvad gør vi, hvad gør vi, Friis, Friis, Friis. Øøh, vi rykker historien om bankdirektørenes lønninger helt op i toppen Torben : Oui. On fait quoi ? Friis, Friss, Friis. On passe l’histoire des salaires des directeurs de banque. Katrine et Kasper ont un rendez-vous dans un parc, où ils déjeunent Texte source Texte cible Kasper: Hvorfor har du egentlig tid til Kasper : Pourquoi tu as le temps de frokost i dag? déjeuner, aujourd’hui ? Katrine: Fordi jeres kære forsvarsminister alligevel ikke kan beslutte sig for hvilket jægerfly han gerne vil købe. Du er ikke overrasket? Det vil sige statsministeren har noget med det at gøre? Katrine : Parce que votre cher ministre de la Défense n’arrive pas à choisir quel avion il va pouvoir se payer. Ca ne t’étonne pas ? Donc le Premier ministre est dans le coup ? Kasper: Jeg siger ikke noget. Kasper : Je ne dis rien. Katrine: Hun har lidt at se til for tiden, Birgitte Nyborg, hva? Katrine : Elle stagne en ce moment, non ? Kasper: Hun er statsminister. Kasper : Elle est Premier ministre. Katrine: ”Vi er blevet meget professionelle alle os der står her”. Det er et citat fra din chef. Jeg genså partilederrunden fra sidste valg forleden dag. Kan du huske det? Du var ved at gå baglæns da hun sked på jeres aftaler og talte udenfor manus’et. ”Jeg tror vi skal være den vi er ind i mellem. Jeg tror ikke det forhindrer os i også at være gode politikere”. Gælder det stadig for hende? Katrine : « Nous sommes professionnels, nous tous qui sommes ici. » C’est une citation de ta chef. J’ai revu le débat final de la dernière élection. Tu te souviens ? Elle ne disait pas un mot de ton discours, ca te faisait flipper. « Je pense que nous devons être tels que nous sommes. Je ne crois pas que ce soit incompatible avec la politique. » Elle est encore concernée ? Kasper: Jeg siger stadig ikke noget. Kasper : Je ne dis toujours rien. Katrine: Og hvad med din far? Der siger du heller ikke noget. Katrine : Et sur ton père ? Tu ne dis rien, non plus. Kasper: Der er ikke så meget at sige. Han er død. Kasper : Il n’y a pas grand-chose à dire. Il est mort. 53 Katrine: Men du sagde heller ikke noget den dag han blev brændt. Du har faktisk ikke sagt noget overhovedet. Katrine : Mais tu n’as rien dit, le jour où on l’a incinéré. Kasper: Det er vel ikke helt usædvanligt at man bliver lidt tavs, når man mister. Kasper : Ce n’est pas anormal d’être silencieux en plein deuil. Katrine: Jeg tænkte bare at det måske kunne være meget godt at snakke lidt om det. Kasper, din far blev brændt i et lille kapel i Korsør, og ud over dig og mig der var der en bedemand, det er lidt svært at tro på at han var en stor erhvervsmand i Frankrig. Vil du ikke fortælle mig hvem han var? Katrine : Je pensais que ca serait bien d’en parler un peu. Ton père a été incinéré dans une petite chapelle à Korsor. A part toi et moi, il n’y avait qu’un conseiller funéraire. Difficile de croire à l’homme d’affaires en France. Tu ne veux pas m’en dire plus ? Kasper: Nej. Kasper : Non Katrine: Du kunne ikke lide ham, vel? Kunne du det? Kasper, kunne du lide din far? Katrine : Tu ne l’aimais pas ? N’est-ce pas ? Kasper, tu aimais ton père ? Kasper: Min far var en grim lille fedtspiller. Han levede et dødsygt liv i Korsør, en by Gud har glemt. Det er dét. Kasper : Mon père était une pauvre andouille. Il a vécu une vie sans intérêt à Korsor, une ville que Dieu a oubliée. C’est tout. Katrine : Mais pourquoi avoir menti à son sujet ? Kasper ? Katrine: men hvorfor har du løjet om ham? Kasper? Kasper: Fordi jeg hadede det liv med ham! Så jeg begyndte at fortælle historier om det liv jeg hellere ville have. Og jeg har været til psykologer Katrine, jeg kan alle fortolkninger i hele verden, og jeg orker ikke mere. Kasper : Parce que je haïssais cette vie avec lui ! J’ai raconté des histoires sur la vie que j’aurais préféré avoir. J’ai été chez le psychologue, Katrine. Je connais par cœur toutes les analyses et je n’en peux plus. A la maison de Birgitte Nyborg. Elle est en train de lire un dossier avec le titre : « Le Danemark a besoin d’avions de chasse » (Danmarks behov for kampfly) Texte source Texte cible Philip: Er det virkelig meningen at du skal Phillip : Il faut vraiment que tu lises tout ca ? læse alt det dér? Birgitte: Hvad siger du? Birgitte : Qu’est-ce que tu dis ? Phillip: Er der ikke én der kan læse det for dig, og så referere det vigtigste for dig? Phillip : Il n’y a pas quelqu’un qui pourrait le lire pour toi, et qui te le résumerait ? Birgitte: Jo Birgitte : Si. Phillip: Jeg går ind i seng nu. Phillip : Je vais me coucher. 54 Birgitte: God nat, skat. Birgitte : Bonne nuit, chéri. Philip: God nat, Birgitte. Phillip : Bonne nui, Birgitte. B: Sov godt. B : Dors bien. Au « Château », Birgitte Nyborg les ministres responsables de l’achat des avions de chasse. Après avoir vu un film en anglais sur le Defender F-26, ils commencent la réunion : Texte source Texte cible Birgitte: Ja tak! Hans Christian. Vil du Birgitte : Bien, merci. Hans Christian. Veuxstarte? tu commencer ? Hans Christian (HC): Selvfølgelig. Fremtidens fjendebillede peger entydigt på at vi har brug for flyvende teknologiske platforme, som ikke kan spores af nutidens radarsystemer. Og der er F-26 Defenderen det eneste fly der kan leve op til de krav. Hans Christian (HC) : Bien sûr. L’image de l’ennemi du futur montre que nous avons besoin de plateformes technologiques aériennes qui ne puissent pas être détectables par les systèmes radar actuels. Le Defender F-26 est le seul qui répond à ces exigences. Birgitte: Når jeg læser om de tre flytyper der er på tale, så er Defenderen jo den eneste der endnu ikke er på vingerne. Det indebærer vel en risiko for eh, tekniske børnesygdomme? Birgitte : Quand je regarde les trois types d’avions dont nous parlons, le Defender est le seul qui n’ait pas encore volé. On court le risque d’avoir des défauts de jeunesse. HC: nu har Trident-fabrikkerne garanteret os, at sådan noget ikke vil ske. HC : Trident, le constructeur, nous a garanti que ca n’arriverait pas. Birgitte: Det er vel i sagens natur dét fabrikker altid gør.—desuden påpejer adskillige analyser, at der i løbet af få år vil findes radarsystemer som kan spore den stealth- teknologi som er Defenderens største fordel pt. Birgitte : C’est assez naturel de le dire, pour un constructeur. Plusieurs études soulignent que, d’ici peu, les systèmes radar seront capables de tracer sa technologie furtive qui est, pour l’instant, le plus gros avantage du Defender. HC: Nu kan vi jo som sagt ikke spå om fremtiden, men vi kan koncentrere os om nutiden. Bent, vi har sgu da godkendt at vi skal have nye fly! HC : Oui, on ne peut pas prédire l’avenir, mais nous pouvons nous concentrer sur le présent. Bent, nous étions convenus qu’il nous faillait de nouveaux avions ! Birgitte: Jeg ved godt at I ved meget mere om det her end jeg. Men før vi kan forklare og forsvare en investering på over 130 miliarder bør vi holde alle døre åbne. Birgitte : Bien sûr, vous en savez plus que moi sur le sujet. Mais avant de justifier cet investissement de 130 milliards, laissonsnous une ouverture. HC: Med al respekt, forsvarskommandoen har arbejdet på det her projekt igennem flere år nu. HC : Avec tout mon respect, l’état-major travaille dessus depuis plusieurs années. 55 Birgitte: Med al respekt, så har forsvarskommandoen jo også en perlerække af fejlkøb bag sig. Landskabsvogne der væltede. Helikoptere der heletiden skulle repareres, og ubemannede fly der aldrig kom på vingerne. – vi sparker den her til hjørne, og undersøger sagen. Mine herrer. [hun forlader rummet] HC: Bent? Birgitte : Avec tout mon respect, l’étatmajor a une ribambelle de dépenses aberrantes à son actif. Des camions logistiques qui se renversent, des hélicoptères défectueux, des drones qui n’ont jamais volé. On botte en touche, et on examine l’affaire. Messieurs. HC : Bent ? Au bureau de Birgitte Nyborg, Bent entre pour lui parler Texte source Texte cible Birgitte: Bent, har vi et møde nu? Birgitte : On a rendez-vous ? Bent: Nej. Og jeg kommer heller ikke som din finansminister. Jeg kommer som din ven. Har du to minuter? -Bent: Birgitte.. Du skal jo have det store overblik. Men jeg synes at du skal passe på at du ikke fortaber dig i detaljer og enkeltsager. Birgitte: 130 miliarder er ikke ligefrem detaljer, vel? Bent : Non. Je ne viens pas en tant que ministre des Finances. Je viens en ami. Tu as deux minutes ? Bent : Birgitte, tu dois tout maîtriser, bien sûr. Mais je pense que tu dois faire attention à ne pas te perdre dans des détails, ni dans chaque dossier. Birgitte : 130 milliards, un détail ? Bent: Jo. Det er detaljer i det store regnskab. Thorsen er din forsvarsminister. Bent : Oui. Un détail dans le budget final. Thorsen est ton ministre de la Défense. Birgitte: Ja, men dét er jo ikke videre betryggende. Jeg synes flere gange vi har oplevet at han er direkte i lommen på forsvaret. CIA-flyvningerne på Grønland for eksempel. Birgitte : Ce qui n’est pas des plus rassurant. Nous savons qu’il est en cheville avec les militaires. Les avions de la CIA au Groenland, par exemple. Bent: Hvis du gør dig ansvarlig for alle regeringens beslutninger, så falder alle fejlene også tilbage på dig, ik. Og det er der ingen statsminister der kan holde til i længden. De gamle romere kaldte det ”del og hersk”. Du bliver altså nødt til at lade dine ministre passe deres arbejde, ik, og i værste tilfælde: lave fejl. For så kan du fyre dem. Bent : Si tu es responsable de toutes les décisions du gouvernement, alors toutes les erreurs vont te retomber dessus. Et aucun Premier ministre ne peut tenir ainsi longtemps. Les Romains appelaient ca « diviser pour régner ». Tu dois laisser tes ministres faire leur travail, et dans le pire des cas, commettre des erreurs. Tu pourras alors les révoquer. Birgitte: Min erfaring viser mig desværre at der ganske tit ER noget at komme efter. Birgitte : Mais mon expérience prouve, malheureusement, qu’il y a souvent des choses à redire. Bent: Jamen altså, hvad vil du så gøre, hvad Bent : Dans ce cas, que vas-tu faire s’il se 56 hvis der sker noget oppe i sundhedsministeriet, skal du så bestemme hvem der skal være direktør på Rigshospitalet, hva? Altså lad nu forsvarsministeriet købe de skide fly. Ja, godkend den pressemeddelse, ikke, og lad os se at komme videre. Herre Gud de forhandlinger de har sgu da været igang i de sidste 7-8 år ikke? Og du er bare tilfældigvis den statsminister der sidder på posten netop nu hvor ordren skal gives. passe quelque chose au ministre de la Santé ? Tu vas aussi décider qui dirigera les hôpitaux du Royaume ? Laisse le ministre de la Défense acheter ces putains d’avions. Approuve le communiqué de presse, et avançons. Bon Dieu, ces négociations traînent depuis 7-8 ans. Tu n’es que le Premier ministre en place au moment où cette commande est finalisée. Birgitte: ja, og det er den siddende statsminister som det hele falder tilbage på. Birgitte : Oui, et c’est le Premier ministre en place qui est responsable. Bent: For helvede Birgitte, du bliver sgu nødt til at stole på de fagfolk,.. Bent : Putain, Birgitte, il faut que tu fasses confiance aux experts, Birgitte: Det er jo det jeg ikke kan, Bent! Birgitte : C’est justement ce que je ne peux pas, Bent. Bent: Nå. Men sååe.. så svar mig på én ting: hvem er statsminister, mens du render rundt og passer vores andres arbejde? Bent : Eh bien alors.. Dis-moi… Qui est Premier ministre pendant que tu fais notre boulot ? Devant les locaux de TV1, Torben Friss fume Texte source Texte cible Katrine: Jeg troede du var holdt op. Igen. Katrine : Je croyais que tu avais arrêté. Encore. Torben: Ja, det troede jeg sådan set også. Torben : Oui. Je croyais aussi. Katrine: Pressemeddelelsen fra forsvarsministeriet er kommet på Ritzau. De har valgt Defenderen, og forsvarsministeren kommer ind til mig i 18’eren. Katrine : Le communiqué de la Défense est arrivé par dépêche. Ils ont choisi le Defender et le ministre vient chez moi, au 18h. Torben: Det er fint. Så gør vi bare som vi har aftalt. Torben : C’est bien. Donc on fait comme on avait décidé. Katrine: Klart. Jeg har i øvrigt søgt aktindsigt hos forsvarskommandoen for at få overblik over hele udvælgelsesprocessen for flyet. Katrine : C’est clair. J’ai aussi fait une recherche sur les documents du ministère pour avoir une idée du processus de sélection de l’avion. Torben: Katrine for helvede.. Torben : Katrine, merde… Katrine:.. jeg ved godt .. Katrine : Je sais bien. 57 Torben: Prøv nu at høre her, der sidder mindst ti medarbejdere nede på redaktionen, som drømmer om at få dit job, ik? De vil rigtig gerne på skærmen, det kommer de bare ikke for de har ikke det du har. Så lad dem forhelvede gøre deres arbejde, ikke? Og så vis tillid til at de rentfaktisk gør det ordentligt. Torben : Il y a au moins 10 collaborateurs qui rêvent d’avoir ton job et de se retrouver à l’antenne. Mais ca n’arrivera pas car ils n’ont pas ce que tu as. Laisse-les faire leur boulot. Et considère qu’ils vont le faire correctement. Au « Château », Birgitte Nyborg vient de découvrir que l’entreprise « Via electronics », où son époux est engagé, a livré les matériaux pour les avions de chasse que le gouvernement vient d’acheter. Elle rentre à la maison pour parler avec Phillip sur cette situation. Il est soir. A la maison de Birgitte Nyborg. Phillip téléphone. Texte source Texte cible Phillip: Yes, I signed my contract yesterday. Phillip : Oui, j’ai signé mon contrat hier. But I will not start until next month, so I Mais je ne commencerai pas avant le mois have plenty of time to read everything. – prochain, j’ai le temps de tout lire. Oui, mais Yes, yes, but listen I have to go no, so. Okay, écoutez… Je dois vous laisser… D’accord, fine then, thank you, bye, bye. bien. Merci. Au revoir. Birgitte: Det er noget rigtig lort det her, Phillip. Jeg har lige opdaget, at dit firma har leveret hard ware til cockpit’et i Defenderen for 5,5 millioner Euro. Birgitte : C’est vraiment la merde. Je viens de découvrir que ta société avait fourni du hardware pour le Defender donc à hauteur de 5,5 millions d’euros. Phillip: Ja? Og hvad så? Via electronics er jo bare underleverandør til en anden underleverandør. Phillip : Oui ? Et alors ? Via Electronics est sous-traitant d’un autre sous-traitant. Birgitte: Jo, men er det ikke ligemeget, der er et eller andet fra dit firma, som sidder i de jægerfly min regering har besluttet at købe, altså så I tjener jo penge på at min regering tager en beslutning... Birgitte : Ce n’est pas sans importance. Ta société a fabriqué du matériel à bord des avions de chasse que mon gouvernement a choisis. Vous gagnez de l’argent grâce à la décision que nous avons prise. Phillip:.....Birgitte, Birgitte. Du ser spøgelser her. Via electronics har ingen direkte aftale med Trident-fabrikkerne. Vi er underleverandører til et andet selskab der har lavet den her aftale. Beløbet er jo fuldkommen peanuts i forhold til den danske regerings ordre. Der er ikke noget problem. Tro mig nu. Phillip : Tu te trompes là. Via Electronics n’a pas d’accord direct avec le constructeur Trident. Nous sommes sous-traitants d’une autre entreprise qui a le contrat. Le montant, ce peanuts par rapport à la commande de ton gouvernement. Il n’y a aucun problème. Crois-moi. Birgitte: Okay. – jeg ringer lige og tjekker med Kasper. Birgitte : OK. J’appelle Kasper pour vérifier. 58 [Kasper i telefonen: Det er en bagatel. Som jeg ser det, så svarer det til at du køber benzin til ministerbilen på en tilfældig tank i Jylland, og at det så viser sig at Phillip er chef for benzinselskabet. [Kasper : C’est une peccadille. C’est comme si une voiture du ministère achetait de l’essence dans une station quelconque au Jutland, et que Phillip soit le patron de la compagnie pétrolière. Birgitte: Er du sikker, vi bliver ikke slagtet i pressen? Kasper: Nul. Din regering er nu dydsmønstre hvad den slags angår, der er intet at komme efter, det lover jeg dig Birgitte. Birgitte : On ne va pas nous massacrer ? Kasper : Zéro. Ton gouvernement est un modèle de probité dans cette affaire, il n’y a rien à te reprocher, je te le promets, Birgitte. Birgitte: Tak skal du have, Kasper. Måske har du lige redet mit ægteskab. Birgitte : Je te remercie, Kasper. Tu viens peut-être de sauver mon mariage. Kasper: Ja. Husk nu at se Thorsen i aften, ikke? Birgitte: ja, hej.] Kasper : Et regarde Thorsen, ce soir. Birgitte : Oui. Salut.] Dans les locaux de TV1, pendant l’émission des journaux télévisés. Une interview avec Hans Christian, ministre de la Défense : Texte source HC: Altså de fleste af vore Nato-allierede har jo allerede investeret i Defenderen. Og det er selvsagt en meget stor fordel når vi skal samarbejde om de internationale opgaver. Texte source HC : La plupart de nos alliés de l’OTAN ont déjà investi dans le Defender, et cela constitue un avantage lorsque nous collaborons dans des opérations internationales. Katrine: Dansk erhvervsliv kommer til at tjene store summer på de modkøbsaftaler der følger med et køb af F-26-Defenderen hos Trident-fabrikkerne. Har dét været med til at påvirke beslutningen? Katrine : L’industrie danoise va gagner énormément d’argent grâce à l’achat du Defender F-26 du constructeur Trident. Cela a-t-il influencé votre décision ? HC: Ikke direkte. Men, er det en negativ ting at erhvervslivet også tjener penge? HC : Pas directement. Mais est-ce négatif que l’industrie gagne de l’argent ? Katrine: Men, Hans Christian Thorsen, er det det bedste fly til vores piloter, eller er det den bedste aftale til vores erhvervsliv? Katrine : Mais est-ce que nous négocions les meilleurs avions pour nos pilotes ou le meilleur contrat pour notre industrie ? HC: Det er så afgjort det bedste fly. Og må jeg lige minde om at det handler om at... HC : C’est certainement le meilleur avion. Il s’agit de la sécurité de nos pilotes. [Rekationen siger til Katrine i øresneglen: Godt Katrine, vi runder af efter svaret og fortsætter med næste indslag. ] [Bien, Katrine, après sa réponse, on passe au sujet suivant.] HC: .. Også rigets sikkerhed. HC : … et du royaume, cela va sans dire. 59 Katrine: Tak fordi du kom.—købet af nye jægerfly er en del af nye forsvarforliget og vil derfor blive forelagt forligspartierne i det nye Folketingsår. [interviewet er slut] Katrine : Merci d’être venu. – Cet achat de nouveaux avions fait partie des accords de défense et sera présenté aux différents partis lors de la rentrée parlementaire. HC[til Katrine]: Så lærte du også lidt om jægerfly i dag, pigebarn. HC : [à Katrine] Maintenant, tu en sais un peu plus sur les avions, ma petite fille. [i Ks øresnegl: standby studiet igen. Er du klar Katrine? Og værsgo.] [Stand-by sur le plateau. Prête, Katrine ? A toi Katrine.] [efter udsendelsen, i studiet] Katrine: Forsvarsministeren skjuler et eller andet. Katrine : Le ministre cache quelque chose. Torben: Nååe? Og hvad skulle det så være? Torben : Ah ? Et ce serait quoi ? Katrine: Jamen jeg ved det ikke, der er et eller andet der ikke passer Katrine : Il y’a un truc qui cloche. Torben: Tror du ikke bare du er en lillebitte følsom omkring den dér afskedsbemærkning som han lige fyrede af? Torben : Tu ne crois pas que c’est parce que tu es un peu à cran après ce qu’il vient de te dire ? Pia: Det var da også for meget, altså.. Pia : Il faut dire que c’était… Torben: jamen for fanden, sådan er Thorsen, ik. Militærmand og manchovanist, det er sgu da meget forfriskende engang i mellem, ikke? Torben : Il est comme ca, Thorsen. Militaire et macho. C’est rafraîchissant de temps en temps, non ? Katrine: hvis vi kan komme os over det friske pust og manchovanisme, så kan man da spørge sig selv hvorfor en gammel militærmand overhovedet interesserer sig for hvad erhververvsliver får ud af at et køb af jægerfly. Katrine : Passons sur le rafraîchissement et le machisme, et demandons-nous pourquoi il a intérêt à ce que notre industrie gagne ce contrat. Torben: Katrine, jeg hører tydeligt hvad du siger, og jeg kan sagtens mærke hvor du er på vej hen ad, men tro mig: der er ikke noget i det. Kan vi komme videre? Torben : Katrine, je vois où tu veux en venir, mais il n’y a rien là-dessous. On passe à autre chose ? 60