L`étude des peintures murales

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L`étude des peintures murales
extrait
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Les peintures murales de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi
L’étude des peintures murales
Dans le cadre du programme de restauration
de la cathédrale d’Albi, le LRMH a e≠ectué
une étude sur les peintures murales
de la tribune 12 N. L’objectif de ces analyses
était d’en connaître les matériaux constitutifs
et de proposer des hypothèses quant
à la technique d’exécution du décor. Il fallait
aussi répondre à des questions ponctuelles
sur l’état de conservation de ces peintures
afin d’apporter une aide à la restauration.
Si ces analyses ont pu confirmer la chronologie
avancée par les historiens, elles ont aussi
apporté des éléments utiles à la connaissance
des matériaux et des techniques employés.
Les di≠érentes étapes de la mise
en œuvre des peintures
L’étude stratigraphique fait apparaître
un certain nombre de couches qui témoignent
des états successifs de cette tribune.
1. Mur en briques rouges dont les joints
sont recouverts du même ton que les briques.
2. Campagne de décoration de 1314-1333 :
deux enduits fins avec un décor peint
dont il ne reste que d’infimes traces.
3. Campagne de décoration de 1509-1512 :
cette deuxième grande campagne de décoration
qui correspond à l’état actuel des tribunes
a été réalisée selon une technique à fresque,
avec trois couches d’enduits. Certaines parties
sont toutefois exécutées à sec. Nous n’avons
pas observé de repeints anciens ou modernes.
Il semble donc que cette tribune n’ait pas été
concernée par la restauration du xixe siècle.
26.
5
4
2
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27.
L’étude de la stratigraphie
D’après les analyses, nous pouvons observer quatre
parties distinctes du décor auxquelles correspondent
des techniques picturales et des matériaux spécifiques.
Une étude plus fine de la forme, de la composition
et de la disposition des couches nous permet d’établir
une chronologie dans l’exécution de ces peintures.
Elle nous renvoie à une organisation de la décoration
très méthodique et rigoureuse :
25.
Figure 25
Schéma de reconstitution
de la stratigraphie
complète du décor.
Illustration S. Treilhou, 2007.
1. Mur de briques.
2. Couche rouge brique
sur les joints.
Décor 1 (1314-1333)
3. Enduit 1 grossier.
4. Enduit 2 fin, riche en chaux.
5. Couche picturale.
Décor 2 (1512)
6. Enduit 1 grossier.
7. Enduit 2 grossier.
8. Enduit 3 fin, riche en chaux.
9. Couche picturale.
1. Les nervures et la clef de voûte :
la première couche jaune semble avoir été passée
à fresque alors que les suivantes le sont à l’huile.
2. Les voûtains ont pu comporter une première couche
à fresque mais le fond bleu est passé avec une détrempe
à la colle sur une couche grisâtre qui sert d’apprêt.
3. La technique picturale observée sur le bandeau
est proche de celle des voûtains mais avec une couche
uniforme jaune passée à fresque qui sert de fond.
4. Les caissons et les balustres semblent, quant à eux,
entièrement exécutés à fresque.
(cf. l’article de J.-M. Stou≠s)
L’intensité de la couleur bleue, composée d’azurite naturelle
– carbonate basique de cuivre Cu(OH)2, CuCO3) –,
est liée autant à la pureté du pigment qu’à sa
granulométrie (plus le pigment est finement broyé
plus il s’éclaircit). Les peintres semblent avoir exploité
ces propriétés afin d’obtenir la teinte la plus intense.
Le bleu est alors passé en deux couches, la première
étant plus pâle et plus fine que la seconde.
Paulette Hugon, ingénieur au LRMH
Stéphane Treilhou, restaurateur de peintures
28.
Figure 26
Coupe stratigraphique
d’une écaille prise sur la nervure.
On observe l’enduit blanc
et le fond jaune et ensuite une
couche noire correspondant aux
décors, surmontée d’un rehaut
rouge de vermillon. Microscopie
optique. Grossissement x 100.
© LRMH, 2000.
Figure 27
Pigment bleu. Frise. Coupe
stratigraphique, microscopie
optique grossissement x 200.
© LRMH, 1999.
1. Enduit fin.
2. Couche d’ocre jaune
servant de fond.
3. Couche grisâtre très fine.
4. Couche bleu d’azurite
avec des grains fins.
5. Couche bleu foncé
avec de gros grains d’azurite.
Figure 28
Pigment bleu. Image MEB
(microscope électronique
à balayage) électrons
rétrodi≠usés. En clair,
les grains d’azurite avec
les di≠érentes granulométries.
Grossissement x 200.
© LRMH, 2007.