Les oeuvres Stendhal et l`amour: De l`amour (1822)

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Les oeuvres Stendhal et l`amour: De l`amour (1822)
Les oeuvres
Stendhal et l’amour: De l’amour (1822)
Anxieux de comprendre les soubresauts de l’âme en proie à l’amour, il rédige un traité théorique De
l’amour (1822) afin de donner «une description détaillée et minutieuse de tous les sentiments qui
composent la passion nommée amour». La description est d’une rigueur presque clinique.
Dans le livre premier Stendhal distingue quatre t d’amour possibles:
¾ l’amour-passion
¾ l’amour-goût
¾ l’amour-physique
¾ l’amour de vanité
Il décrit ensuite les sept états par lesquels passe l’amoureux:
1. L’ADMIRATION
2. LE DÉSIR
On se dit: «Quel plaisir de lui donner des baisers, d’en recevoir etc.!»
3. L’ESPÉRANCE
4. LA NAISSANCE DE L’AMOUR
5. PREMIÈRE CRISTALLISATION
Stendhal entend par cristallisation le lent travail de l’esprit qui, modelant la réalité sur ses
désirs, couvre de perfections l’objet aimé: ainsi, lorsqu’on jette un rameau d’arbre dans les
mines de sel de Salzbourg et qu’on l’en retire deux ou trois mois plus tard, les plus petites
branches sont couvertes d’une infinité de cristallisations brillantes.
6. DOUTE
L’amant arrive à douter du bonheur qu’il se promettait. Il devient sévère sur les raisons
d’espèrer qu’il a cru voir.
7. SECONDE CRISTALLISATION
Après un moment de malheur affreux, l’amant se dit: «Oui, elle m’aime!» et la cristallisation
se tourne à découvrir de nouveaux charmes.
L’amant erre sans cesse entre ces trois idées:
1° «Elle a toutes les perfections»;
2° «Elle m’aime»;
3° «Comment faire pour obtenir d’elle la plus grande prevue d’amour possible?».
À la cristallisation s’oppose le coup de foudre, choc inattendu, qui fait atteindre tout d’un coup le
sommet de l’amour.
Le livre II est intitulé: «Des nations par rapport à l’amour». Selon Stendhal, les variétiés de
tempéraments, le régime politique, l’état des moeurs, les différences d’âge et les particularités
individuelles compliquent et nuances les espèces fondamentales d’amour.
Suivent des chapitres sur les caractères de l’amour dans les différents pays, sur l’éducation des
femmes et sur le mariage.
Stendhal: le précurseur de l’esthétique réaliste
Racine et Shakespeare
C’est un essai critique de 55 pages publié en deux éditions (1823, 1825).
Stendhal y expose ses idées sur la littérature, et en particulier sur le Romantisme.
Stendhal entre Romantisme et Réalisme
Individualiste, passionné, Stendhal est bien romantique, mais il subit aussi l’influence du XVIIIe
siècle: il réprime ses sentiments, il s’efforce d’analyser avec lucidité tout ce qu’il ressent.
Sa définition du roman est restée célèbre: «Un roman, c’est un miroir qu’on promène le long d’un
chemin». Le roman doit être un fidèle reflet de la réalité, et le romancier doit copier les personnages
et les faits d’après nature.
Mais il n’est pas nécessaire d’écrire un grand roman historique. Les faits historiques ont trop
d’ampleur pour être transcrits selon la vérité. Stendhal préfère la relation précise des «petits faits
vrais» Le roman, c’est une chronique de vie.
Il s’est inspiré de la vérité; il prend ses sujets dans la réalité, il peint les milieux qu’il connaît, il
contrôle les sentiments et les réactions de ses personnages.
Comme les philosophes du XVIIIe siècle, il n’est pas religieux, il n’aime pas le lyrisme.
Stendhal a avoué lui-même qu’il est «très passionné»; ses passions dominantes sont l’amour et la
gloire. Mais il ne se laisse pas dominer par ses passions, car, a-t-il dit, «trop de sensibilité empêche
de juger». Il réprime ses sentiments, il cache ses émotions.
Il s’est détaché bien vite du Romantisme, don’t il a condamné le charlatanisme, c’est-à-dire ce qui
est conventionnel.
Il prend comme modèle de style le Code civil pour sa sobriété.
Il est donc réaliste en même temps que romantique, il y a en lui un curieux mélange de sensibilité
romantique et d’intelligence critique.
Beylisme et égotisme
Pour Stendhal le but de l’homme c’est la chasse au bonheur et il établit ainsi la doctrine de cet
individualisme effréné qui devient l’égotisme, c’est-à-dire le culte du moi. Stendhal aime les
passions fortes, les tempéraments ardents, qui s’affirment par l’énergie, qu’il appelle en italien
«virtù».
On appelle beylisme ce mélange de chasse au bonheur, d’énergie vitale, la passion, la sincérité
qui refuse catégoriquement le mensonge et l’hypocrisie.
Stendhal a donc le culte de l’énergie: Napoléon, l’Italie du XVIe siècle, les carbonari italiens sont
des exemples qu’il faut admirer: pour être homme il faut avoir de l’énergie.
Le héros stendhalien
Le héros stendhalien conjugue le désir de grandeur et l’épicurisme. Il aspire à être quelqu’un et il
cherche le bonheur avec rage. C’est un être passionné et lucide à la fois qui aime se défier luimême. Mais il est la victime de cruels dilemmes
Stendhal et l’Italie
Stendhal a beaucoup aimé l’Italie, il était d’origine italienne, il se sentait italien et étudiait l’italien;
il a aimé surtout l’Italie du XVIe siècle et celle des carbonari, qui sont des exemples d’énergie. Il a
goûté la musique et la peinture italiennes; il admire l’Italie, où l’amour et la chasse au bonheur
prennent une si grande importance.
Pour Stendhal, le naturel du paysage italien correspond à la spontanéité des habitants, qu’il ne cesse
d’opposer aux Français, toujours guidés par la vanité et l’amour propre. C’est ainsi qu’il forge un
mythe romantique: l’Italien, individualiste, anarchiste, rebelle par nature, se réfugie, lorsqu’il est
opprimé par un gouvernement autoritarie, dans l’amour et les arts, parfaitements adaptés à son
tempérament génial et passionné.
Il a aimé notre pays à tel point qu’il l’a considère comme sa patrie d’élection et qu’il a voulu faire
inscrire sur sa tombe cette épigraphe, en italien: Arrigo Beyle, milanese. Visse, scrisse, amò.
Milan, la ville où il avait séjourné dans sa jeunesse, qui lui avait offert l’amour et la musique, est
toujours restée dans son coeur plus que toutes les autres villes d’Italie.

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