Fiche étude et analyse

Transcription

Fiche étude et analyse
HISTOIRE DES ARTS - ANGLAIS
THEMATIQUE
Arts, rupture et continuité
DOMAINE ARTISTIQUE PROBLEMATIQUE
Arts du visuel
Tradition et modernité.
Présentation de l'oeuvre.
Rosie the Riveter ( Rosie la Riveteuse ).
Norman Rockwell, 1943.
Peinture pour illustrer la couverture du magazine The Saturday Evening Post, 29 mai 1943.
Huile sur toile, 52x40 pouces ( 132x101 cm ).
Peinture exposée au Norman Rockwell Museum, à Stockbridge, Massachussets, Etats-Unis.
CONTEXTE et INSPIRATION
Pour une présentation plus détaillée de l'artiste, voir les fiches des années
précédentes.
Illustrateur depuis les années 1920, Norman Rockwell crée en 1943 des
couvertures de magazines qui marqueront ses contemporains et passeront à la
postérité. Il s'agit en particulier de Rosie the Riveter et de The Four Freedoms.
Les Etats-Unis sont entrés en guerre en 1941 ; dans les usines, la main
d'oeuvre commence à manquer car beaucoup d'hommes sont au front. Les
femmes sont donc appelées à prendre leur place au sein des usines. C'est ce
thème que Rockwell choisit d'illustrer dans Rosie the Riveter.
Le prénom « Rosie » évoque donc les femmes qui sont allées travailler
dans les usines pendant la guerre. Ce prénom vient certainement de Rose Will
Monroe, riveteuse, qui fut engagée pour jouer dans un film de propagande
pour les bons de guerre.
La même année, une affiche créée par l'illustrateur J Howard Miller est
utilisée pour faire la promotion d'une usine. Cette affiche est peu connue à
l'époque, mais présente des points communs avec celle de Rockwell. Elle
deviendra célèbre au début des années 1980 car elle sera reprise par le
mouvement féministe.
A la même époque, le nom de Rosie pour désigner les ouvrières apparaît
dans une chanson très populaire, Rosie the Riveter, écrite par Redd Evans et
John Jacob Loeb, et interpétée en particulier par les Four Vagabonds.
cf http://www.youtube.com/watch?v=9CQ0M0wx00s
Depuis les années 1930, Rockwell utilise la photographie pour son
travail ; cela lui permet de limiter les temps de pause pour ses modèles. Pour
Rosie the Riveter, il a demandé à une opératrice téléphonique de 19 ans, Mary
Doyle, de poser pour lui.
Mary Doyle Keefe en 2002
Rockwell s'est inspiré pour la conception de cette oeuvre de la
représentation par Michel-Ange du prophète Isaïe sur la chapelle Sixtine. On
reconnaît en effet la position du personnage.
Cependant, c'est la manière dont Rockwell s'est approprié ces diverses
sources d'inspiration pour délivrer son message qui permet de comprendre
l'importance de son oeuvre.
L'OEUVRE : ROSIE LA RIVETEUSE
On voit au premier plan une femme, assise, la tête tournée de côté. On
sait qu'elle s'appelle Rosie car son nom est marqué sur sa boîte de déjeuner.
Elle porte un bleu de travail : lors de la seconde guerre mondiale, les usines
avaient besoin de main d'oeuvre pour continuer à produire. Les femmes ont
donc pris la place des hommes partis au combat.
Sur ses genoux est posé un pistolet à riveter ( d'où le titre ), qui évoque
le travail mais aussi le combat car il ressemble à une arme. Le personnage a
un bracelet au poignet gauche. Ce bracelet accentue l'impression de force que
dégage le personnage. D'ailleurs l'oeil est attiré par ses bras nus et son biceps
droit.
L'arrière-plan est entièrement constitué du drapeau américain. Le
message d'encouragement à la nation en guerre est clair et compréhensible
par tous. De plus, le drapeau semble flotter, ce qui donne du dynamisme à
l'affiche.
Rosie a relevé ses lunettes de protection le temps de sa pause-déjeuner.
Elle tient dans sa main un sandwich, alors que la main du prophète Isaiah était
vide.
Le message est sans équivoque : on remarque que Rosie foule au pied le
livre écrit par Hitler, Mein Kampf.
L'opposition entre le livre qui symbolise l'ennemi allemand ( petit, tout en
bas ) et le drapeau, puissant et victorieux, vise à encourager les Américains
dans l'effort de guerre.
Certains détails accentuent encore cette impression. Le fait que Rosie
soit assise et non debout ( position ordinaire du héros ) suggère qu'elle peut
vaincre l'Allemagne sans faire d'effort. Elle n'est pas en train de se battre mais
de prendre sa pause déjeuner. Elle a le menton levé et semble regarder de
haut un éventuel ennemi. Rosie est bien une héroïne ( contre-plongée, visage
volontaire, accentuation de la perspective pour mettre les bras en valeur … ),
mais elle a un côté très réaliste car elle semble un peu prétentieuse, comme si
elle n'était pas une icône impersonnelle mais une vraie femme américaine. Le
fait de la faire manger son sandwich est comme un clin d'oeil de la part de
l'artiste car ce n'est pas une position impériale !
PROPAGANDE ET OEUVRE D'ART
L'illustrateur a repris des codes clairs pour ses contemporains. Le but est
de soutenir le moral de la population et d'encourager ceux qui restent au pays
pour produire le matériel dont les soldats ont besoin sur le front.
Mais l'artiste a aussi choisi de reprendre un détail de la chapelle Sixtine
de Michel-Ange, un des artistes les plus connus au monde, et qui appatient au
patrimoine artistique mondial, et il l'a modifié de manière subtile. Le prophète
Isaïe tient un livre dans ses mains ( qu'il a écrit ), et chez Rockwell c'est Mein
Kampf qui est foulé au pied. Le nom du messie apparaît dans un encart comme
il est de coutume dans les fresques, mais il apparait sur la boîte chez Rockwell.
Rockwell a ajouté a posteriori une sorte de halo au-dessus de la tête de Rosie,
ce qui fait d'elle une sainte. Ainsi, le message reste fort, mais il est empreint
d'humour et de réalisme, ce qui le rend d'autant plus puissant.
Les couleurs, bleu et rouge, sont importantes. Le bleu symbolise le
travail, mais avec le rouge il rappelle le drapeau américain. Au départ, le
personnage devait porter des sandales et une chemise blanche, mais Rockwell
a ensuite préféré un chemise bleue et des mocassins. On remarque aussi le
contraste entre la chemise bleue et le bracelet de force d'un côté, et le rouge à
lèvres et les cheveux roux de l'autre. Rosie symbolise à la fois la féminité et la
force.
Rockwell d'ailleurs a modifié l'apparence de son modèle, une jeune
femme plutôt menue. Il l'a rendue plus forte, plus musclée, non seulement
pour qu'il soit vraisemblable qu'elle puisse utiliser un pistolet à riveter, mais
aussi pour suggérer la force dont fait preuve le pays.
Enfin, il n'a pas souhaité montrer un ennemi humain. L'ennemi est
représenté par Mein Kampf ; tandis que l'Amérique est représentée par Rosie.
Ce choix est peut-être ce qui permet de passer de la propagande à l'art :
l'ennemi n'est pas tout à fait le peuple allemand mais la doctrine, les idées
nazies. Représenter l'ennemi par de « vraies » personnes aurait rendu l'oeuvre
moins forte, car elle n'aurait plus été perçue de la même manière après la
guerre.
Les oeuvres de Norman Rockwell font partie de
américain. Avec Rosie the riveter, il s'est inspiré d'une
pour faire passer un message à la nation. Mais il réussit
réalité contemporaine difficile avec humour et tendresse,
oeuvres de perdurer.
l'imaginaire collectif
oeuvre d'art célèbre
aussi à évoquer une
et cela permet à ses
COMPARAISONS et PRECISIONS
➢ Comparer Rosie à Liberty Girl, puis à Four Freedoms, deux oeuvres de
Norman Rockwell faites en 1943.
Puis comparer Rosie à la couverture de Captain America n°78,
septembre 1954.
➢
➢
➢
➢
Qu'est-ce qu'une riveteuse ?
Quand et comment les Etats-Unis sont-ils rentrés en guerre ?
Norman Rockwell était-il féministe ?
Que penses-tu de la chanson des Four Vagabonds ?

Documents pareils