Biodiversité et patrimoine bâti - Parc naturel régional du Vexin français

Transcription

Biodiversité et patrimoine bâti - Parc naturel régional du Vexin français
Biodiversité
et patrimoine bâti
Guide pratique du patrimoine bâti du Vexin français
De nombreux petits animaux et plantes vivent dans nos maisons et
leurs abords. Du fait des modifications intervenues dans la gestion des
territoires et dans nos modes de vie depuis 50 ans, le rythme d’extinction des espèces est actuellement plus de 1000 fois supérieur à ce qu’il
devrait être naturellement à tel point que certaines espèces communes,
liées à l’environnement immédiat de l’Homme, sont aujourd’hui également en régression..
Une partie de ces espèces est directement victime de notre mode de construire et de rénover. Pourtant, cette faune est bien souvent un auxiliaire indispensable pour l’Homme.
Les chauves-souris, les hirondelles dans les combles ou sous nos fenêtres ne mangent que
des insectes (mouches, moustiques, papillons de nuit…) qui peuvent devenir des nuisances pour l’Homme s’ils ne sont pas régulés. La Chouette effraie joue un rôle très important dans la régulation des populations de micro-mammifères. Le lézard des murailles,
le Crapaud commun et l’Alyte accoucheur, la Salamandre tachetée consomment quand
à eux toute une faune terrestre d’insectes, limaces, lombrics et sont donc très importants
dans les jardins. C’est le cas également des insectes pollinisateurs qui trouvent refuge
l’hiver dans les fentes des murs.
Chaque particulier et artisan du bâtiment ont un grand rôle à jouer pour permettre d’allier restauration du patrimoine et prise en compte de cette riche biodiversité.
Connaître
1
Les chauves-souris
Petit rhinolophe, Grand rhinolophe, Grand murin ou encore Murin à oreilles échancrées sont autant d’espèces de chauves-souris qui peuvent peupler les combles de nos
maisons. Non seulement sans danger pour l’Homme, elles jouent le rôle d’insecticide
naturel, en sillonnant les airs la nuit. Elles se font une petite place dans des lieux très
chauds, indispensables au maintien des populations. Les combles sont donc des lieux
propices à leur refuge.
2
Les hirondelles
Hirondelles rustiques
Fidèles à leur site de reproduction, les hirondelles de fenêtre
reviennent chaque année d’Afrique pour nicher au cœur de nos
villages. À l’extérieur des édifices, à l’angle d’une fenêtre, d’une
corniche ou d’un balcon, elles maçonnent une coupe de boue
et d’herbes qui sera utilisée également les années suivantes pour
élever une à deux nichées par an. Les hirondelles ont un régime
alimentaire strictement insectivore et éliminent ainsi naturellement beaucoup d’insectes volants.
Colonie de murins à oreilles échancrées
S
IDÉES FAUSSE
À OUBLIER
• L es chauves-souris ne sucent pas notre sang
et ne s’accrochent pas dans les cheveux .
• L es chauves-souris ne construisent pas de nid,
n’apportent pas de matériaux, ne transforment
pas leur gîte, ne déplacent pas les ardoises,
ni les tuiles, n’agrandissent pas les accès.
• Les chauves-souris ne sont pas des rongeurs
mais des mammifères. Elles ne s’attaquent
donc ni aux boiseries ni aux autres matériaux.
Leur reproduction se limite à un jeune par an,
exceptionnellement deux ; elles ne risquent
donc pas de pulluler.
3
La Chouette effraie
La Chouette effraie est un prédateur qui
consomme principalement des rongeurs mais
aussi des oiseaux, des batraciens et à l’occasion
des chauves-souris. Son pouvoir de reproduction est important mais étroitement lié à la
quantité de nourriture disponible. Un couple
peut avoir une ou deux nichées par an, entre
début avril et fin novembre, mais pas nécessairement chaque année.
Les combles de bâtiments, les clochers, les
vieilles tours, les granges, les abris pour le
bétail, les pigeonniers… sont ses gîtes principaux.
5
4
Le Martinet noir
Les martinets hivernent en Afrique et reviennent chez nous vers le début mai pour repartir fin juillet début
août. Ils sont inféodés aux bâtiments où ils colonisent les cavités situées la plupart du temps à plus de 4
mètres du sol. Le nid est choisi dans un endroit sombre et souvent étroit, dans les interstices existant entre
le toît et un mur porteur ou autres trous de mur. Il est formé d’une petite cuvette constituée de très peu de
matériaux, (parfois sur un ancien nid d’étourneau ou de moineau) et sert pour une seule ponte annuelle.
Faire venir des martinets là où ils ne sont pas implantés reste une gageure. Il faut donc absolument les maintenir là où ils nichent.
1
5
Sur les murs,
Lézards des murailles,
pollinisateurs et fougères rupicoles
Sur les murs eux-mêmes, Lézard des murailles,
insectes pollinisateurs en hiver trouvent refuge
dans les anfractuosités des murs. C’est aussi l’espace exclusif ou s’installent de petites fougères
qui affectionnent les murs calcaires ensoleillés.
Certaines de ces espèces sont d’ailleurs considérées comme rares en Ile-de-France comme le
Ceterach officinal. Dans le cadre de réfection
des murs, les enduits conduisent à l’obstruction
des murs. La conservation de certaines cavités
dans les murs lorsque celles-ci ne portent pas
atteinte à la cohésion de l’édifice est vivement
conseillée.
3
4
2
5
Lézard des murailles
Ceterach officinal
6
2
Au pied des murs, amphibiens et hérissons
L’Alyte accoucheur, le Crapaud commun, la Salamandre tachetée mais aussi le Hérisson occupent les anfractuosités au pied des vieux murs. Ils y trouvent un refuge
appréciable sans risquer de nuire à l’équilibre du mur. La réfection des murs fait
disparaître des gîtes importants pour ces espèces. Réalisés à la mauvaise période, les
travaux piègent les animaux.
Salamandre
6
Alyte accoucheur
Diagnostiquer
Avant de débuter vos travaux, une inspection complète
de votre propriété est nécessaire, afin de déterminer
si vous avez la chance d’accueillir une ou plusieurs
espèces animales ou végétales. Inspectez tous les recoins,
même les plus petits. Il existe de nombreux endroits
sur les bâtiments qui servent d’entrée à l’édifice
ou encore d’abri. Il peut être intéressant de connaître
les espèces qui peuplent votre parcelle pour ensuite
déterminer efficacement comment votre projet peut prendre
en compte la biodiversité, en trouvant les solutions
qui permettront une cohabitation pérenne, ou encore
en mettant en œuvre des dispositifs qui favoriseront
l’installation de nouvelles espèces qui ne sont pas encore
présentes chez vous. Ce diagnostic peut être fait par
une multitude de moyens. Vous pouvez vous faire aider
par les techniciens du Parc ou par des associations
naturalistes de votre secteur.
Accès habituels
Quelques exemples
où peuvent se trouver des chauves-souris Entre les chevrons
et les ardoises ou tuiles
Dans des mortaises de fixation
entre pannes et liens
entre le lambrissage
et les ardoises ou tuiles
Dans les angles
entre chevrons d’arêtiers,
les empanons et le lambrissage
Dans les mortaises de fixation
des poinçons et arbalétiers
Espaces subsistants dans
les logements des pannes
dans la maçonnerie
Entre les linteaux sur le passage
de la tour aux combles par exemple
Intervenir
1 Exemples de chiroptières
Voici quelques idées très simples, peu coûteuses qui vous permettront
de développer votre projet sans contraintes particulières tout en préservant cette riche biodiversité qui vous remerciera en repoussant les
espèces indésirables pour vous.
Les chauves-souris
Il est important de savoir que les animaux peuvent être présents dans
les combles du début avril à la fin septembre. La période la plus sensible est l’été, au moment où les colonies, constituées uniquement de
femelles et de leur unique jeune de l’année, sont en place. Évitez donc
d’intervenir l’été et tentez de privilégier des interventions dans des
combles dans une période comprise entre octobre et mars.
Enfin, un petit entretien est nécessaire afin d’enlever de temps à autre
les déjections. Cela vous permettra de fertiliser gratuitement votre
jardin avec un engrais naturel de très grande qualité. L’entretien sera
d’autant plus facile que vous aurez placé en hiver une bâche plastique
sous le gîte des sujets.
2
Aménagement
d’une partie des combles
Comment permettre un accès à des combles non habités
(granges, dépendances…) ?
Aménagez une fente fine horizontale de 7 cm de haut maximum et
40 cm de large minimum. 1
Comment permettre un accès à des combles à aménager ?
Vous pouvez consacrer au moins une travée de chevron (soit 50 cm
minimum de largeur) sur au moins 1,5 m de sa hauteur à un local
pour les chauves-souris. Il s’agira alors d’aménager un trou d’accès,
une paroi étanche entre la zone habitée et le local et enfin une porte
de visite permettant l’entretien des lieux. 2
Certaines chauves-souris de petite taille nichent souvent dans les interstices entre les tuiles et l’isolation de la toiture. Réaliser un nichoir
en bois placé sur une façade orientée plein sud pourrait être une alternative à leur installation sous les tuiles. 3
3
Réaliser un nichoir
pour pipisterelle commune
Dans de nombreux cas, le traitement du bois, bien qu’il soit couramment pratiqué, n’est pas forcément nécessaire. Veillez donc à traiter
avec le produit qu’il faut, en quantité adaptée et durant les périodes
les plus adéquates pour ne pas risquer de tuer les chauves-souris.
Définition du type traitement
Deux types de traitement sont à distinguer, le traitement préventif, avant
une attaque, et le traitement curatif en cas d’attaque sérieuse. Les techniques à mettre en place varient en fonction du type de problème.
Période de traitement
Dans les deux cas, le traitement peut globalement commencer à
la mi-novembre (date où les chauves-souris ont généralement gagné leurs gîtes d’hiver) pour s’achever avant fin janvier. Mais avant
d’envisager tout traitement il est impératif de vérifier qu’aucune
chauve-souris ne reste cachée dans la charpente.
La Chouette effraie
La pose de nichoirs est possible. La meilleure saison est l’automne, d’autant
que les jeunes de l’année sont alors en quête de territoire. L’installation
d’un couple dans le nichoir peut mettre plusieurs années, qu’il ne soit pas
occupé au printemps suivant ne veut pas dire qu’il ne fonctionnera jamais.
Le site adéquat est :
• à au moins 1 km à vol d’oiseau d’une route nationale et 3 km d’une autoroute de manière à limiter le risque de collision avec les véhicules ;
• sur un bâtiment tranquille où l’activité humaine est limitée, ou au pire,
régulière : une ferme, une grange, un hangar, un grenier, un rebord de
toiture, un clocher, un pigeonnier désaffecté ;
• sur un bâtiment disposant d’une cavité intérieure (le nichoir) accessible
de l’extérieur, bien abritée des intempéries, du vent et du dérangement ;
• en hauteur, afin d’être autant que possible inaccessible aux prédateurs
(chats, fouines, pilleurs essentiellement).
Exemple de nichoir à chouette
Le choix du produit
Sans revenir sur les causes, tous les produits classiques à base de
produits dérives du pétrole sont à bannir. Le sel de Bore semble le
plus adapté pour le traitement du bois.
Au pied des murs, les amphibiens et hérissons,
sur les murs les lézards et fougères
La réfection des murs fait disparaître des gîtes importants
pour ces espèces. Réalisés à la mauvaise période, les travaux piègent les animaux. La conservation de quelques
cavités dans les murs, lorsque celles-ci ne portent pas atteinte à la cohésion de l’édifice, est vivement conseillée.
Au cours de la construction du muret, divers petits aménagements aideront les plantes et les animaux à fréquenter le muret. Tout d’abord au ras du sol, on pourra laisser
des interstices plus ou moins gros, en oubliant volontairement de mettre quelques joints. Les plus bricoleurs pourront encastrer un gîte en bois à hérisson dans un parpaing
préalablement taillé. Quelques interstices par-ci par-là à
mi-hauteur permettront aux lézards de trouver refuge.
Enfin, vous pouvez même imaginer créer un hôtel à insectes avec du bois et différentes matières.
Les hirondelles
Quelques conseils
• Laisser les nids qui sont réutilisés
d’une année à l’autre.
• Mettre en place des planchettes
contre les déjections.
• Dans les granges non aménagées,
laisser un accès au-dessus de la porte.
Ces aménagements sont à réaliser
hors période de nidification,
soit d’octobre à mars.
Cette fiche a été réalisée en partenariat
avec l’Agence d’Urbanisme et de Développement
de la Seine Aval. Merci aux CAUE du Val d’Oise,
des Yvelines, aux Services Départementaux
de l’Architecture et du Patrimoine du Val d’Oise
et des Yvelines, à l’Association de Sauvegarde
de la Vallée du Sausseron et aux Amis du Vexin
pour leur contribution.
Crédits photos : Parc naturel du Vexin français, S. Perera-Alizari Images, Lhomel, Galand N., Trunet G., Ricanet C., Delorme Q. / Illustrations : crescend’O, dessins d’après Région Wallonne, Région Rhônes-Alpes
Imprimé avec des encres végétales conformes à la législation européenne 94/62 EC sur les emballages et leurs déchets, support papier 100 % recyclé labellisé FSC • Impression • Imprimerie Lamazière, certifiée FSC et Imprim’Vert
EMENTS
T
I
A
R
T
X
U
A
N
ATTENTIO
ES
DES CHARPENT

Documents pareils