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Le Parlement européen a adopté le 15 janvier 2009 une résolution appelant tous les
pays de l’Union européenne à faire du 11 juillet une
Journée de commémoration
du génocide de Srebrenica
« … parce qu’il ne saurait y avoir de paix véritable sans justice… » 1
Photo Michael Büker
Cimetière des Victimes du génocide au Mémorial Sebrenica-Potočari �
Que savons nous de ce qui s’est passé le 11 juillet 1995 à Srebrenica ?
L’affaire n’est pas close : recherche des disparus, identification des corps retrouvés quinze ans après les
faits, criminels en liberté ...
Mieux comprendre ce qui s’est passé à Srebrenica, c’est aussi mieux comprendre ce qui se passe
aujourd’hui,
en Bosnie, dans les Balkans, en Europe, ici même...
Le MRAP invite ses adhérents à une projection - débat du film
Nino’s place de Aude Léa Rapin et Adrien Selbert
(52 min., France, 2010)
le mardi 29 juin à 19h
au siège national 43, boulevard Magenta Paris 10ème
( Métro : République, Jacques Bonsergent ou Gare de l’Est )
Hajra Catic, fondatrice du mouvement des Femmes de Srebrenica, quatorze ans après la disparition
de son fils qui avait rejoint le 11 juillet 1995 la colonne des hommes partis à pied en direction des
territoires libres, reçoit une carte lui indiquant le lieu où se trouve le corps de Nino… Le film s’attache aux
événements de 1995 et à la lutte que mères, épouses, compagnes, mènent aujourd’hui pour rechercher les
corps des disparus et obtenir justice.
« Nino’s place » a obtenu le prix du meilleur grand reportage au 8ème Festival du film et Forum
international sur les droits humains à Genève en mars 2010.
<?>
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&reference=P6-TA-2009-0028&language=FR
11 juillet 1995 : début du génocide de Srebrenica
Le Parlement européen a adopté le 15 janvier 2009 une résolution dans laquelle il
appelle tous les pays de l’Union européenne à faire du 11 juillet une « journée de
commémoration du génocide de Srebrenica, dans toute l’Union européenne » , rend
hommage aux victimes, souligne le fait que traduire les responsables des massacres
devant la justice serait un pas important vers la stabilité et la paix dans la région et
insiste sur l'importance de la réconciliation qui "tient une place importante dans le
processus d’intégration européenne".
Que s'est -il passé à Srebrenica le 11 juillet 1995 ?
Ce jour fut le premier d'un massacre de plus de 8000 hommes, reconnu comme un
génocide par le Tribunal Pénal International pour l'Ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour
internationale de justice.
Srebrenica, une ville du Nord-Est de la Bosnie Herzégovine, non loin de la Drina qui
marque la frontière avec la Serbie, était habitée comme la plupart des villes du pays
par des Musulmans de Bosnie, ou Bosniaques1 et des Serbes. Dès les débuts de la
guerre, en 1992, les troupes des nationalistes serbes de Bosnie avaient occupé la
région. La ville et la zone qui l'entoure, qui résistaient, furent proclamées 'Zone de
sécurité' par les Nations Unies le 16 avril 1993 suite à une initiative du général
Morillon, qui, retenu par les habitants, s'engagea à les protéger. La 'zone de sécurité'
étant donc théoriquement protégée par la présence de casques bleus, les habitants
et les militaires bosniaques qui assuraient sa défense furent désarmés. En 1995, un
bataillon de casques bleus néerlandais était installé dans une usine désaffectée à
Potočari, à six kilomètres au nord de la ville. Dès le 6 juillet 1995, les Serbes
commencèrent à pilonner l'enclave et les postes des Nations Unies. Le bataillon
hollandais demanda un soutien aérien aux autorités de l'ONU, qui le refusèrent. Le
11 juillet 1995, agissant sous l'autorité de Radovan Karadžić, président de la
1
Les habitants de la Bosnie quelle que soit le groupe auquel il se rattachent sont appelés Bosanci,
correspondant au français Bosniens. Ils se définissaient avant la guerre comme Serbes, Croates, Musulmans,
ou Yougoslaves pour ceux qui ne se reconnaissaient pas dans les premières désignations. Le terme
"Musulmans", du fait de sa connotation religieuse, a été officiellement remplacé en 1993 par celui de
Bošniak, terme utilisé anciennement qui désignait exclusivement les Musulmans. En français, ce terme
correspond à Bosniaques, mais il est souvent employé pour Bosnien. L'ouvrage de Thierry Mudry, Histoire
de la Bosnie-Herzégovine : faits et controverses. Paris, Ellipses, 1999 (Collection L'Orient politique) ,
apporte un éclairage sur la constitution des identités 'cristallisées' au XIXe s. sur une dimension religieuse.
'Republika srpska'2 proclamée en 1992, et commandant suprême de ses forces
armées, le général Ratko Mladić, chef de l'état major de l'armée des Serbes de
Bosnie, et Radislav Krstić, alors commandant et chef d'état major du "Corps de la
Drina" entrèrent dans la ville. La population civile tenta de chercher refuge auprès
des casques bleus de la FORPRONU et se dirigea vers Potočari. De là, les hommes
du 'Corps de la Drina' furent autorisés par les soldats hollandais à faire monter dans
des autobus 25 000 femmes, enfants et personnes âgées, tous Musulmans de
Bosnie, qui furent emmenés à Kladanj, près de Tuzla, en territoire contrôlé par le
gouvernement de Bosnie. Les hommes furent exécutés, les uns sur place, par petits
groupes, ou emmenés sur différents sites, près de Bratunac, puis jusqu'à Zvornik à
70 km au nord de la ville, où eurent lieu des exécutions par centaines ou milliers
d'hommes. Le soir du 11 juillet, une colonne de 15 000 personnes composée pour
moins d'un cinquième de "soldats" équipés de fusils de chasse et armes de fortune,
et pour le reste de civils, hommes, femmes et enfants, tenta de rejoindre à pied à
travers la forêt un territoire non contrôlé par les Serbes, à une centaine de kilomètres
de là. La colonne était harcelée par les bombardements, et suivait un chemin miné.
Seuls les premiers partis purent arriver. Les Serbes ne tardèrent pas à couper la
route et capturèrent un grand nombre d'hommes auxquels ils firent croire, grâce a
des uniformes volés aux casques bleus, qu'ils étaient accompagnés par des soldats
des Nations Unies qui allaient les protéger. Mais ces hommes connurent le même
sort que ceux de Potočari. Informés du fait qu'ils allaient être échangés contre des
prisonniers serbes, ils ne protestèrent pas quand on leur lia les mains dans le dos
avec des fils métalliques. Les meurtres continuèrent jusqu'au 17 juillet, sous le
commandement et le contrôle de Radovan Karadžić et Ratko Mladić, accomplis par
le Corps de la Drina et d'autres milices paramilitaires, dont les "Scorpions", venus de
Serbie. Les victimes furent d'abord enterrées sur place dans des fosses communes,
puis déplacées en petit nombre vers des charniers dits 'secondaires', parfois à
plusieurs reprises, afin de dissimuler le caractère massif des exécutions. Le nombre
de victimes de ces sept journées s'élève à plus de 8 0003.
2
3
Installée d'abord à Pale près de Sarajevo, sa capitale sera transférée après la fin de la guerre à Banja Luka.
Jean-René Ruez, commissaire français chargé de l'enquête pour le TPIY dès 1996, raconte le déroulement des
massacres dans une entretien avec Isabelle Delpla publié dans Cultures & Conflits 2007/1 (n° 65) et
accessible en ligne : http://www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits-2007-1.htm. L'ouvrage Srebrenica
1995 : l'été d'une agonie, des femmes témoignent. Paris, L'esprit des péninsules, Arte éditions, 2000, rapporte
104 témoignages recueillis par l'Association des Femmes de Srebrenica, concernant le déroulement des faits
tel que les ont vécus les femmes. La participation de l'unité des "Scorpions" est prouvée par une video
tournée par l'un d'eux et remise en 1995 au TPIY, montrant le meurtre de plusieurs Bosniaques. Les
Le génocide de Srebrenica n'appartient pas encore au passé.
En Bosnie-Herzégovine, la Commission fédérale pour les personnes disparues
dirigée par Amor Masović s'attache à la recherche des disparus. Une première liste
de 8106 disparus a été publiée par ses soins, puis complétée ensuite4. C'est le
nombre de 8372 victimes qui a été gravé sur le mémorial de Potočari. A l'heure
actuelle moins de 6 000 corps seulement ont été retrouvés, mais ce nombre
n'autorise pas à minimiser les faits. Chaque année voit la découverte de nouveaux
charniers dans la région de Srebrenica : on découvrait par exemple les restes de 616
personnes à Kamenica en octobre 2007, puis encore de 24 victimes en octobre
2008, de 20 à Mrsici en mai 2009, de 19 dans le village de Bisina en octobre 2009...
Les restes sont identifiés grâce à des analyses ADN ou des objets retrouvés à leurs
côtés, avec l'aide des familles. Une des femmes de Srebrenica décrit dans ces
termes la souffrance renouvelée de celles à qui l'on apprend la découverte des
restes d'un proche : "Quand ils t'appellent pour te dire qu'ils ont identifié quelqu'un,
c'est comme si la tragédie se repassait à ce moment, comme si le film repassait..."5.
Depuis 2003, chaque 11 juillet, 400 à 600 victimes nouvellement identifiées sont
inhumées au cimetière de Potočari, où a été construit un mémorial6.
De très nombreuses familles sont, aujourd'hui encore, dans l'ignorance du sort d'un
fils, d'un époux ou d'un père. Les femmes de Srebrenica se sont constituées en
plusieurs associations pour la mémoire, pour la recherche des disparus, le retour des
réfugiés, et, bien sûr, pour l'arrestation des criminels, ce qui, quinze ans après les
faits, est toujours scandaleusement une question d'actualité7.
- Radislav Krstić a été condamné en 2004 par le Tribunal Pénal International
4
5
6
7
participants ont été identifiés. Elle est publiée en ligne avec commentaires sur le site Dzana Bosnie.
Amor Masović, « Les charniers en Bosnie-Herzégovine. Les crimes contre les survivants », Astérion,
Numéro 2, juillet 2004, http://asterion.revues.org/document90.html . La première liste est publiée sur le site
Domovina : http://www.domovina.net/srebrenica/page_006/Preliminarni_spisak_Srebrenica_1995.pdf
Nino's place de Aude Léa Rapin et Adrien Selbert. (2010), prix du meilleur grand reportage au Festival du
film et forum international des droits humains à Genève en mars 2010.
Deux films documentaires au moins apportent information et témoignages sur la recherche des disparus : La
terre a promis au ciel de Sabina Subasić, 2003 concerne l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine 28 000
disparus) et Nino's place de Aude-Léa Rapin et Adrien Selbert (note 5), qui s'attache plus particulièrement à
Srebrenica.
Le site Interrnet du Tribunal Pénal International pour l'Ex-Yougoslavie, rubrique 'Affaires',
(http://www.icty.org/action/cases/4) présente les documents relatifs aux procédures d'accusations et aux
procès et une fiche informative pour chaque accusé.
pour l'Ex-Yougoslavie à 35 ans de prison pour génocide, complicité de génocide,
meurtre, extermination et persécutions8.
- Zdravko Tolimir, membre de l'état major de l'Armée des Serbes de Bosnie,
est en cours de procès pour génocide, entente en vue de commettre le génocide,
extermination, persécutions ... contre les Musulmans de Srebrenica.
- D'autres accusés ont été condamnés le 10 juin dernier : deux pour génocide
et cinq pour complicité de génocide.
- Radovan Karadžić été arrêté en juillet 2008, treize ans après les faits.
Accusé de génocide, crimes contre l'humanité, violations des lois ou coutumes de la
guerre, son procès est en cours.
- Ratko Mladić est en fuite et se trouve notoirement à Belgrade. Son
arrestation fut l'une des exigences de l'Union Européenne pour la poursuite du
processus d'intégration de la Serbie, mais il semble que de plus en plus, seule la
pleine coopération du gouvernement serbe en vue de son arrestation soit impérative.
Le gouvernement serbe affirme tout faire pour son arrestation, mais sans résultat
jusqu'à présent. Le 10 mai dernier, le TPIY a annoncé une modification de l'acte
d'accusation : les chefs d'accusation de génocide, crimes contre l’humanité et
violations des lois ou coutumes de la guerre, commis lors du "nettoyage ethnique" en
Bosnie-Herzégovine, lors du siège de Sarajevo, de la prise en otage de membres de
l’ONU en 1995 et du génocide de Srebrenica sont ramenés à onze, contre quinze
auparavant, afin d'accélérer la procédure de jugement en cas d'arrestation.
Des associations et des personnalités de Serbie et d'autres pays ont adressé à
Serge Brammertz, actuel procureur du TPIY, une lettre ouverte où elles lui
demandent d'exiger, et ne plus demander, l'arrestation de Mladić avant ce 11 juillet
20109.
Aujourd'hui, le génocide de Srebrenica n'est pas une affaire close. Le commémorer
est faire acte de mémoire, mais, alors que se prépare l'intégration des pays de l'exYougoslavie dans l'Union Européenne, il importe aussi de le rappeler pour qu'aucune
concession ne soit faite qui amènerait à tolérer que l'un de ses auteurs échappe à la
justice.
Un génocide reconnu.
8
9
Un film de Mirko Klarin, The triumph of evil (2001), rend compte du procès de Radislav Krstić.
Sur le site BH Info : http://www.bhinfo.fr/lettre-ouverte-a-serge-bramertz,778/
Le Tribunal Pénal International pour l'Ex-Yougoslavie, dans ses actes d'accusation
publiés en 1995, a retenu la qualification de génocide concernant le massacre de
Srebrenica10. Ce crime est défini par la Convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide11 adoptée par l'assemblée générale des Nations
unies en 1948 comme un « l'un quelconque des actes commis dans l’intention de
détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux,
comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe ;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant
entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe. »
La Cour Internationale de Justice qui, elle, ne juge pas les individus mais les Etats, a
également retenu le 26 février 2007 la qualification de génocide concernant
Srebrenica. Elle ne retient pas la complicité de l'Etat de Serbie-Montenegro, notant
simplement que celui-ci n'avait pas empêché l'accomplissement des faits. Au delà du
principe, la non-reconnaissance de la participation de la Serbie au génocide prive les
victimes de la possibilités de demander des réparations. L'établissement des
responsabilités au-delà des pays de l'ex-Yougoslavie a fait l'objet de plusieurs
rapports : de la part des Nations Unies, en 1999, concluant à la prévisibilité des
actions qui allaient être commises, et donc à une certaine responsabilité de l'ONU,
de la part du gouvernement hollandais, et, en France, de la part d'une mission
parlementaire d'information sur les événements de Srebrenica chargée en décembre
2000 d'étudier les faits attachés à la responsabilité des militaires français présents en
Bosnie à ce moment. Ces rapports ont été évoqués lors d'un colloque 'Srebrenica
1995 : analyses croisées des enquêtes et des rapports' organisé en 2005, à
l'occasion de la commémoration du 10ème anniversaire du génocide12. Le caractère
limité du rapport français a été souligné. La responsabilité des militaires français, en
10
11
12
On peut signaler la récente parution d'un ouvrage sur la justice internationale et l'ex-Yougoslavie : Isabelle
Delpla, Magali Bessone, eds, Peines de guerre : la justice pénale internationale et l’ex-Yougoslavie. Paris,
EHESS, 2010 (En temps et lieux).
Site du haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme :
http://www2.ohchr.org/french/law/genocide.htm
Les actes sont publiés dans la revue Cultures & Conflits 2007/1 (n° 65) et accessibles en ligne :
http://www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits-2007-1.htm.
particulier des généraux Morillon et Janvier, et au delà, du gouvernement français
plus proche des Serbes que des Musulmans de Bosnie, est directement mise en
cause par Andrée Michel13. La prévisibilité du massacre et la responsabilité de la
'Communauté internationale' à travers l'ONU est surtout mise en avant par un livre
de Sylvie Matton14. Ces enquêtes, ces rapports et ces ouvrages montrent que
l'intention des nationalistes serbes était bien de prendre l'enclave de Srebrenica afin
d'en faire une zone de population exclusivement serbe, et d'en détruire
physiquement la population non-serbe, et que les autorités des Nations Unies ainsi
que les militaires présents sur le terrain disposaient des informations qui auraient pu
leur permettre de prévenir le génocide. Le mandat de la FORPRONU était
extrêmement limité : il consistait à "maintenir" une paix qui n'existait pas, et non à la
restaurer. Elle ne devait intervenir en faveur d'aucune des "parties", et préserver une
égalité factice entre agresseurs et agressés. La plupart des membres de la mission
parlementaire française ont estimé que le général Janvier aurait du déclencher un
appui aérien dès le 10 juillet au soir15, deux d'entre eux16 ont fait remarquer que rien
ne permettait d'exclure l'hypothèse selon laquelle un accord serait intervenu entre les
généraux Janvier et Mladić pour que celles-ci renoncent aux frappes aériennes en
échange de la libération de casques bleus retenus en otage, mais ceci n'a pas été
retenu à l'unanimité ni mentionné dans le rapport.
La responsabilité de la Serbie, par son soutien aux militaires et milices serbes de
Bosnie pendant la guerre de 1992-1995 et notamment lors du génocide de
Srebrenica aurait peut-être été retenue par la Cour Internationale de Justice si elle
avait pu disposer d'archives d’Etat serbes, verbatim et comptes-rendus des réunions
du Conseil Suprême de Défense de Yougoslavie (comprenant à l'époque la Serbie et
le Montenegro) dont avaient eu connaissance les juges de Slobodan Milošević et qui
les avaient convaincus de sa participation au génocide. Ils concernent, d'après ce
que relate Florence Hartmann, qui fut de 2000 à 2006 conseillère pour les Balkans et
porte-parole de Carla del Ponte, alors procureure du TPIY, "le soutien financier et
logistique accordé par la Serbie de Milošević aux forces serbes de Bosnie et de
13
14
15
16
Andrée Michel, Justice et vérité pour la Bosnie-Herzégovine. Paris, L'Harmattan, 2003.
Sylvie Matton, Srebrenica, un génocide annoncé. Paris, Flammarion, 2005.
A l'exception de François Leotard et René André. D'après Pierre Brana, "Retour sur la mission parlementaire
française sur les événements de Srebrenica" dans Cultures & Conflits 2007/1 (n° 65) http://www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits-2007-1-page-51.htm
Marie-Hélène Aubert et Pierre Brana. Idem.
Croatie, l'autorité réelle de Milošević sur ces forces et sur les dirigeants politiques
locaux, l'enrôlement de mercenaires serbes sur les fronts extérieurs, le versement
des salaires aux officiers de l'armée de Belgrade servant auprès des armées serbes
de Croatie et de Bosnie et les mesures proposées pour violer l'embargo afin de
continuer à fournir une aide logistique substantielle aux forces serbes de Bosnie et
de Croatie"17. Florence Hartmann a dénoncé dans son livre Paix et châtiment et dans
un article publié d'abord au Bosnian Institute à Londres18 la manière dont ces
archives, dont le contenu avait été utilisé par le TPIY lors du procès contre Slobodan
Milošević, ont été soustraites à la CIJ, la Serbie ayant obtenu du TPIY leur non
divulgation au nom de son « intérêt vital national ». Elle a ainsi pu échapper à une
reconnaissance de sa participation au génocide et au versement de réparations à la
Bosnie-Herzégovine. Quant à Florence Hartmann, elle a été condamnée à une
amende de 7000 euros pour avoir dévoilé ces faits. Elle a fait appel et devrait être
bientôt jugée à nouveau. Une pétition de soutien demande aux juges son
acquittement.
Fin mars 2010, le Parlement serbe a voté une résolution selon laquelle il présente
excuses et condoléances aux familles des victimes du massacre de Srebrenica pour
ne pas avoir agi suffisamment pour l'empêcher. Des militants des droits de l'homme
en Serbie, comme en Bosnie les survivants de Srebrenica, ont regretté que le terme
de génocide n'ait pas été employé. Certains interprètent cette déclaration comme un
pas en avant, d'autres comme une tentative de s'attirer les faveurs de l'Union
européenne. Les Serbes de Bosnie, quant à eux, ont été nombreux à critiquer cette
résolution, mais parce qu'ils nient soit les faits soit la responsabilité du 'peuple serbe'.
Vers la réconciliation ? Pas sans la justice !
La réconciliation est l'un des objectifs de la déclaration du Parlement européen
concernant la commémoration du 11 juillet. Mais la guerre a laissé des traces
profondes en Bosnie. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, 15 ans après
la fin de la guerre, environ 10.000 personnes sont encore portées disparues en
Bosnie-Herzégovine. Ce sont des habitants ou des réfugiés de Srebrenica, mais
aussi de beaucoup d'autres villes, comme Višegrad par exemple, où de nombreuses
17
18
Florence Hartmann, Paix et châtiment : les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales.
Paris, 2007, p. 117.
traduit et accessible en ligne sur le site de l'association Sarajevo sous le titre Comment les archives éclairant
le rôle de la Serbie de Milošević dans le génocide en BH ont été soustraites à la connaissance du public.
victimes ont été jetées dans la Drina, et ou l'an dernier encore on retrouvait les corps
de femmes disparues après avoir été emmenées à la station thermale de Vilina Vlas
où beaucoup ont été violées et maltraitées19. Pour les familles des victimes, il est
évident que la vérité des faits les concernant doit être établie, que les criminels
doivent être arrêtés et jugés, et qu'elles doivent obtenir des réparations. Il est aussi
choquant que les assassins puissent bénéficier de leurs crimes : Srebrenica, qui se
trouve en Republika srpska, est maintenant habitée majoritairement par des Serbes,
qui ne sont naturellement pas tous des criminels, mais peinent à reconnaître et
condamner les crimes commis en leur nom. Le retour des réfugiés est amorcé, mais
le souvenir des événements, l'hostilité du voisinage, la possibilité de rencontrer
d'anciennes connaissances, et toutes sortes d'obstacles psychologiques, comme les
conditions économiques, ne le favorisent pas20.
Le pays a en effet été profondément modifié par les accords de Dayton, signés à
Paris en 1995, qui mirent fin à la guerre, mais entérinèrent la répartition, qui était
pourtant le résultat d'une agression, entre Musulmans et Croates d'une part, Serbes
d'autre part, sur des territoires séparés alors que toutes les régions du pays
rassemblaient avant la guerre une population multi-ethnique.
Au milieu des années 80, se développa à Belgrade un courant nationaliste selon
lequel les Serbes devaient vivre dans un seul Etat, et que là où ils vivaient, là était la
Serbie. Ce sont ces idées qui furent à l'origine de l'éclatement de la Yougoslavie :
Slobodan Milošević voulait constituer une grande Serbie, regroupant tous les Serbes,
de Croatie, de Bosnie, du Kosovo21. Dans la région de Srebrenica et la vallée de la
Drina, zone frontière, il s'agissait de remplacer la population Musulmane par une
population serbe, sur un territoire continu appartenant à la grande Serbie de ses
voeux. La première partie de ce programme fut accomplie.
Depuis les accords de Dayton, la Bosnie-Herzégovine est un Etat dans lequel les
19
20
21
Amnesty International mène une campagne pour la justice envers les femmes violées lors du conflit de 19921995. Deux films sur ce thème sont à signaler : Sarajevo, mon amour de Jasmila Zbanić (BonsieHerzégovine, 2005), Ours d'Or au festival de Berlin 2006 sur le traumatisme qu'ont subi les femmes et La
révélation de Hans-Christian Schmid (France, 2010) qui évoque sous la forme d'une fiction les procès du
TPIY à partir des faits qui se sont produits à Vilina Vlas.
L'Association Enfants Europe Bosnie a accompagné le retour des réfugiés, la reconstruction, et encore
aujourd'hui apporte une aide aux réfugiés de Srebrenica. Elle propose également des voyages dans le cadre
d'un tourisme équitable.
Nebojša Popov, dir. Radiographie d'un nationalisme : les racines serbes du conflit yougoslave. Paris, Les
Editions de l'Atelier / Editions ouvrières, 1998, où différents contributeurs serbes opposés au nationalisme et
à la guerre analysent l'apparition du nationalisme dans différents aspects de la vie sociale : monde
académique, supporters de club de football, media, église, .... La suppression de l'autonomie du Kosovo en
1989 fut la première manifestation de ce nationalisme à dimension ethnique.
Bosniaques, les Serbes et les Croates sont désignés comme les trois "peuples
constituants". Cet Etat est composé de deux entités, la Fédération de BosnieHerzégovine, dite aussi Fédération croato-musulmane, qui comprend dix cantons,
dont cinq principalement bosniaques, trois principalement croates et deux mixtes sur
51% du territoire, et la Republika Srpska ou République serbe sur 49 % du territoire.
La présidence, collégiale, est composée de trois membres : un serbe de Republika
srpska (actuellement Nebojša Radmanović), un croate (Željko Komšić) et un
musulman (Haris Silajdžić) de la Fédération. La communauté internationale est
représentée par un Haut représentant (Valentin Inzko, autrichien), également
Représentant spécial de l’Union européenne, qui dispose d'importants pouvoirs. Ce
fonctionnement provoque un blocage politique, qui à son tour entraîne une
stagnation économique. Il fait obstacle au dépassement des identités ethniques en
liant vote et citoyenneté à l'appartenance à l'un des 'peuples constituants'. La Cour
européenne des droits de l'homme a rendu, le 22 décembre 2009, un arrêt
concernant la constitution de la Bosnie-Herzégovine imposée par les accords de
Dayton22. Elle avait été saisie par deux citoyens, Dervo Sejdić, Rrom, et Jakob Finci,
Juif, empêchés de se présenter aux élections à la présidence collégiale ou à la
Chambre des peuples parce que non Bosniaques, Croates ou Serbes. La cour a
considéré que " dans une société démocratique contemporaine basée sur le principe
de pluralisme et de respect pour les différentes cultures, aucune différence de
traitement fondée exclusivement ou dans une mesure déterminante sur l'origine
ethnique d'une personne ne peut être objectivement justifiée", et a jugé cette
interdiction discriminatoire. Selon les termes de Amir Sahović, ambassadeur de
Bosnie-Herzégovine en France dans une réponse à un journaliste ayant mal
interprété cette condamnation, "les recours des plaignants, qui ont amené la Cour
Européenne à se prononcer sur cette question, ont été pleinement soutenus par les
Autorités et toutes les principales forces politiques du pays, comme moyen le plus
rapide pour permettre le changement de la Constitution"23.
Beaucoup comptent sur l'intégration de la Bosnie et de la Serbie à l'Union
européenne pour pouvoir envisager un avenir meilleur. Celle-ci est en cours, mais de
la part des Etats européens, il est manifeste que tout n'est pas fait pour que la vérité
et la justice soient considérées comme prioritaires. Les tractations dont a fait état
22
23
Cet arrêt est disponible à cet adresse : http://www.unhcr.org/refworld/pdfid/4b44a3292.pdf
Marianne 2, 8 janvier 2010.
Florence Hartmann montrent bien que les Etats souhaiteraient qu'on en finisse très
vite avec les procès, que l'on ferme le TPIY et que l'on enterre le passé.
Vers la réconciliation ? Pas sans la vérité !
Comme tous les génocides dans l'histoire, celui de Srebrenica fait l'objet d'un
négationnisme. On le présente comme un crime parmi d'autres dans une période de
guerre, on nie le nombre des victimes, inverse les rôles et celles-ci sont désignées
comme les agresseurs ...
C'est en Republika sprska que ce négationnisme s'exprime de la manière la plus
virulente. A la suite d'une demande de la Chambre des droits de l'Homme de BosnieHerzégovine saisie par des familles de disparus, la Republika Srpska se trouva dans
l'obligation de remettre des observations concernant les disparus. En septembre
2002, elle produisait un rapport selon lequel à Srebrenica 1800 soldats musulmans
avaient été tués au combat, que 100 personnes étaient mortes d'épuisement et que
le nombre de soldats exécutés par des Serbes était probablement inférieur à 100.
Devant cette réponse ignorant totalement le génocide concernant des civils, la
Chambre ordonna à la Republika srpska de donner toutes informations concernant
les disparus, d'enquêter sur les événements de Srebrenica, de publier sa décision
dans son Journal officiel et de verser une importante somme à la Fondation du
mémorial de Srebrenica-Potočari. Les deux dernières exigences furent respectées et
les deux premières eurent pour résultat la publication de rapports que la Chambre
estima insuffisants. La Chambre ayant cessé d'exister fin 2003, c'est le Haut
représentant Paddy Ashdown qui demanda la création d'une commission chargée de
l'enquête sur les événements à Srebrenica et dans ses environs entre le 10 et le 19
juillet 1995. Le rapport de cette commission, enrichi d'un addendum, fut adopté le 28
octobre 2004 par le gouvernement de la Republika srpska et il fut alors reconnu que
"des crimes de grande envergure ont été commis dans la région de Srebrenica en
juillet 1995 en violation grave du droit humanitaire international"24. Il n'est pas
question de génocide, mais les faits étaient en partie reconnus. Fin avril 2010,
Milorad Dodik, Premier ministre de la Republika srpska, a annoncé l'intention de
celle-ci de réviser le rapport de 2004, dans le sens d'une diminution du nombre de
24
Michèle Picard et Asta Zinbo, "Sur le rapport du gouvernement de la Republika Srpska ", Cultures et conflits,
2007/1 (n° 65) - http://www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits-2007-1-page-103.htm
victimes25. Les arguments avancés pour la négation du génocide sont généralement
la contestation du nombre des victimes, de leur statut de civils, et l'évocation d'une
vengeance contre des massacres dont des Serbes ont été victimes, dans la région
de Srebrenica, de la part de soldats bosniaques commandés par Nacer Orić, et plus
généralement pendant toute la durée du conflit. Or, Nacer Orić, qui commandait les
forces bosniaques à Srebrenica, a lui aussi été jugé par le TPIY, mais pour des chefs
d'accusation relevant de la violation des lois et coutumes de la guerre, sans aucune
commune mesure avec le crime de génocide et les crimes contre l'humanité commis
par les accusés serbes, et acquitté pour manque de preuves qu'il les ait commis. Les
victimes seraient ainsi elles-mêmes responsables de ce qu'elles ont subi, c'est l'un
des ressorts de tous les négationnismes.
En tant que création des Nations Unies, le TPIY et considéré comme un instrument
de l'Occident ennemi des Serbes. Mais ce point de vue ne permet ni de nier ni de
banaliser les faits, De plus, il est erroné en ce qu'il méconnaît les contradictions à
l'oeuvre à l'intérieur des institutions onusiennes. Le TPIY fut certes créé par les
Nations Unies, mais celles-ci n'ont pas favorisé les Musulmans de Bosnie lors du
conflit de 1992-1995 (zones de sécurité équivalent à une privation de défense pour
les Bosniaques, mandat minimal de la FORPRONU, incapacité à mettre fin au siège
de Sarajevo, refus d'intervention aérienne à Srebrenica, concession de la moitié du
territoire aux agresseurs, complicités dans la cavale de criminels... ), et, de leur aveu
même, leur excès de confiance envers les Serbes a permis que le génocide se
produise. Les procureurs du TPIY ont du se battre pour mettre en oeuvre leur
indépendance, avoir accès à des témoignages et des documents, et la
condamnation de Florence Hartmann est bien la preuve que cette institution peut
parfois être soumise à des 'raisons d'Etats' favorables à la Serbie.
Une tentation existe dans l'opinion publique française de prêter l'oreille aux propos
négationnistes, qui dispensent de chercher à savoir, à comprendre ce qui s'est passé
et se passe encore dans une région dont on connaît mal la géographie et l'histoire. Il
est facile de mettre sur un pied d'égalité toutes les "horreurs de la guerre",
comprenant le génocide que l'on requalifiera de "meurtres à grande échelle" sans en
chercher les causes ni les responsables.
En France, les mouvements nationalistes comme le Front national et d'autres
25
Sur le site de BH info, 21 avril 2010 : http://www.bhinfo.fr/srebrenica-la-rs-conteste-le,645/
soutiennent le nationalisme serbe et minimisent Srebrenica, en raison d'une
proximité idéologique avec un courant identitaire et par islamophobie.26 Sous
prétexte d'information alternative27, ou bien parce que les gouvernements
occidentaux et l'OTAN sont intervenus dans la guerre de Bosnie et ensuite au
Kosovo, ou encore parce qu'elles accordent crédit à la propagande serbe selon
laquelle la Serbie serait l'héritière d'une Yougoslavie démantelée par la volonté des
Etats européens, certaines personnes se réclamant de la gauche diffusent ellesaussi des propos négationnistes concernant le génocide de Srebrenica, comme
Michel Collon, qui en plus de ses propres articles minimisant les effets de la guerre
en Bosnie et déresponsabilisant les Serbes, ouvre son site Internet, par exemple, à
un auteur selon lequel le massacre de Srebrenica est qualifié de 'mensonge officiel'
et un autre qui nie la validité des preuves de génocide qui ont été apportées au TPIY,
sans lui même apporter rien de nouveau28. Personnalité très connue pour ses
interventions sur d'autres sujets, Noam Chomsky est aussi l'un des négateurs du
génocide de Srebrenica29. La maison d'édition Le Temps des Cerises, qui édite
beaucoup d'ouvrages appréciés des militants pour les droits de l'homme, a publié en
2005 un ouvrage d'une journaliste américaine, Diana Johnstone, soutenant le fait
que le TPIY ne serait qu'un instrument de l'Occident30. Devant l'impossibilité
croissante de nier les faits, le négationnisme qui n'est pas à une contradiction près
évolue vers une reconnaissance de ceux-ci, niant alors la responsabilité des serbes
nationalistes, et l'attribuant à l'incurie des Occidentaux et aux Bosniaques euxmêmes. Ce courant négationniste se distingue du courant identitaire et islamophobe
en ce qu'il considère -à tort- que les Musulmans de Bosnie ont été les amis de
l'Occident, et, selon le principe 'les amis de mes ennemis sont mes ennemis', adopte
les points de vue d'une extrême droite identitaire liée à une manière particulière
d'embrasser le christianisme orthodoxe et se réclamant des "tchetniks"
26
27
28
29
30
Parmi d'autres : Nouveau National Hebdo, Egalité et réconciliation d'Alain Soral, Front national Jeunesse
Rhône -Alpes , Socialisme et souveraineté...
Par exemple Alterinfo (http://www.alterinfo.net/Guerres-mediatiques-Le-role-des-agences-decommunication-dans-les-guerres-actuelles_a9058.html), en 2007 : Le mythe des fosses communes de
Srebrenica : on ne les aurait jamais retrouvées !!!
Vrai ou faux ? Yougoslavie : que valait notre info ?, D. N. Gibbs : Kosovo : Milosevic ne refusait pas une
solution diplomatique, E. Herman, Le dossier caché de Srebrenica.
Un Blog de veille sur les droits humains en Serbie, tenu par un Serbe vivant en Belgique, fournit une analyse
des propos de Noam Chomsky à propos de Srebrenica, et beaucoup d'autres informations en français sur ce
qui se dit ou s'écrit sur le sujet en Serbie.
Diana Johnstone, La Croisade des fous. Le Temps des Cerises, 2005. Un article de D. Johnstone sur
Srebrenica est accessible en ligne : Using war as an excuse for more war : Srebrenica revisited
(http://www.counterpunch.org/johnstone10122005.html)
collaborateurs de la 2ème guerre mondiale ! La confusion que font régner ces
publications est d'autant plus grave qu'elle accrédite l'idée que les idées des
nationalistes serbes seraient unanimement partagées par les Serbes, en Republika
srpska comme en Serbie et ailleurs. Or, il y a en Serbie bien des mouvements pour
la reconnaissance du génocide et une réconciliation fondée sur la justice qui
mériteraient plus d'attention et de soutien ! Les Femmes en noir de Belgrade
manifestent chaque 11 du mois pour pour demander que le Parlement de Serbie
proclame le 11 juillet Jour du souvenir du génocide, et non d'un simple crime,
commis à Srebrenica. Nataša Kandić, Directrice de l'organisation serbe Centre pour
les droits humanitaires (présente aussi en Republika srpska) dénonce, en tant que
Serbe, les crimes commis en son nom. Sonja Biserko, du Comité Helsinki pour les
droits humains en Serbie se bat aussi pour la reconnaissance des crimes, et bien
d'autres, organisations ou individus31, condamnent le nationalisme et proclament que
la réconciliation ne peut passer que par la reconnaissance des crimes.
Devant le peu d'intérêt des media francophones pour le génocide de Srebrenica, la
déformation des faits et des enjeux à laquelle nous sommes exposés du fait de la
prégnance des courants négationnistes, il paraît très important de chercher à
s'informer. Cet article n'a pour but que d'apporter des éléments de base, et de fournir
des sources et des pistes pour en savoir plus et faire circuler une information qui
permette de se souvenir, d'agir, de veiller activement à ce que le processus
d'intégration des pays de l'ex-Yougoslavie à l'Union Européenne soit l'occasion
d'affirmer l'exigence de vérité et de justice pour les victimes du génocide de
Srebrenica comme de tous les crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis
entre 1992 et 1995 en Bosnie-Herzégovine.
MRAP - Fédération 93.
juin 2010
31
Un film récent, Ordinary people de Vladimir Persisić (2009) interroge sur la façon dont des hommes
'ordinaires' peuvent être amenés à commettre, en toute responsabilité, des actes qui renvoient à des
événements comme le génocide de Srebrenica.