Port d`Arcachon : la vente de la godaille interdite
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Port d`Arcachon : la vente de la godaille interdite
Port d'Arcachon : la vente de la godaille interdite La vente de la godaille vient d'être interdite par le port d'Arcachon. Ce qui relance le débat sur la mise en place d'un circuit court. Pratique ancestrale dans tous les ports de l'Hexagone, une partie de la pêche peut être distribuée à l'équipage. (photo archives Jean-Daniel Chopin) L'interdiction, la semaine dernière, de la revente de la godaille a secoué le port d'Arcachon. Pratique ancestrale dans tous les ports hexagonaux, la « godaille » représente une part de la pêche en nature, qui, en plus des salaires, est remise par le patron à ses employés. Destinée à la consommation familiale, elle est interdite à la vente. En théorie. En pratique, la godaille s'achète. Plus ou moins discrètement. Sur le port d'Arcachon, son commerce a poussé le conseil d'administration à adopter, en novembre 2010, un règlement encadrant sa vente par un inscrit maritime ou tout autre membre de son foyer fiscal. Des plages horaires avaient même été définies : de 6 heures à 9 heures le matin et de 15 heures à 17 heures. Un lieu était tout trouvé : contre le mur extérieur de la Criée. 30 à 50 % moins cher Autant dire que certains jours les clients étaient nombreux : la godaille étant vendue 30 à 50 % en dessous des prix pratiqués en poissonnerie. « Ce qui était marginal est devenu au fil des années une véritable activité économique », résume Yves Charles, directeur départemental de la protection des populations (DDPP), notant que le dimanche jusqu'à 300 personnes se rendaient à la godaille. L'été, bien plus encore. « On a vu arriver des marins qui n'étaient pas d'ici vendre des quantités très importantes », confirme Yves Herszfeld, le directeur du port de pêche, qui, il y a deux semaines, a été pris à partie par l'un d'eux. Les deux hommes en sont venus aux mains. Qualifiée de trafic par beaucoup, la revente de la godaille a officiellement pris fin jeudi 24 novembre, lorsque le conseil d'administration du port a abrogé son règlement. En cause, un courrier très explicite du sous-préfet Jean-Pierre Hamon adressé le 3 janvier au président du conseil d'administration du port, Yves Foulon, député maire UMP d'Arcachon. « Il s'agit d'une vente illicite, rigoureusement interdite », explique le représentant de l'État, qui a listé les textes répressifs idoines (travail dissimulé, vente à la sauvette, infraction aux règles d'hygiène) et demandé clairement au délégataire de la gestion du port de « prendre toutes les dispositions pour faire cesser ce marché », véritable « exception locale ». Pour les pauvres et les riches Le message a été reçu cinq sur cinq. Depuis, d'aucuns s'interrogent sur les éventuelles autres raisons de la mise à mort de la revente de la godaille. « D'accord, il y a eu des abus, mais moi je sais qu'il y a des gens au RSA qui viennent m'acheter du poisson et qui, sinon, ne pourraient pas s'en payer », explique une femme de pêcheur qui, la semaine dernière encore, vendait sa godaille. « Il n'y a pas que les pauvres qui viennent : la combine est aussi connue des riches », tempèrent les habitués. « Il y avait des solutions à trouver, mais d'autres intérêts sont en jeu », estime JeanMichel Labrousse, le président du comité départemental et du comité local des pêches. Dans son courrier, le sous-préfet l'évoque : si la godaille se poursuit, rien n'empêche les poissonniers d'engager des actions juridiques sur la base d'une concurrence déloyale. Un terme repris par Pierre Labbé, le président de l'Union nationale de la poissonnerie française (UNPF), qui estime que ces ventes directes « court-circuitent » le marché. « Très bien. Alors, dans ce cas, mettons en place un circuit court, comme le préconise l'axe 4 du Fonds européen de la pêche sur le bassin d'Arcachon et comme cela existe déjà à Saint-Jean-de-Luz et Capbreton », oppose Jean-Michel Labrousse, qui relève que déjà des pêcheurs d'Arcachon travaillent en circuit court avec des Amap. « Aucun contrat d'exclusivité ne nous lie. Et puis, la vente directe existe déjà sur le Bassin avec les ostréiculteurs », note-t-il. Dans le circuit court, ce n'est pas le marin, individuellement, qui vend du poisson, mais le « bateau ». Le chiffre d'affaires étant ensuite partagé à la part. Dans ces conditions, et « si c'est bien fait », l'État se dit favorable à sa mise en place à Arcachon. Laissant pêcheurs et port en décider eux-mêmes. Affirmant ne pas avoir de « position sur la vente directe », Yves Foulon assure que « toutes les propositions seront examinées ». S Menet