Amphitryon
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Amphitryon
DOSSIER PÉDAGOGIQUE amphitryon Mise en scène Sébastien Derrey Texte Heinrich von Kleist Traduction Ruth Orthmann et Éloi Recoing (éditions Actes Sud) Avec Frédéric Gustaedt (Amphitryon), Olivier Horeau (Sosie), Catherine Jabot (Charis), Fabien Orcier (Jupiter), Nathalie Pivain (Alcmène), Charles Zevaco (Mercure) VOS CONTACTS Margault Chavaroche | [email protected] - 01 41 60 72 75 Pauline Maître | [email protected] - 01 41 60 72 69 Nous sommes à votre disposition pour vous guider dans la programmation et inventer avec vous un parcours de spectateurs pour vos élèves. sommaire L’ŒUVRE p.4 1. Présentation du texte de Kleist 2. Amphitryon, un mythe théâtral 3. Amphitryon, un mythe identitaire LE SPECTACLE p.13 1. Le choix du texte / entretien avec Sébastien Derrey 2. La place du langage 3. Un peuple spectateur 4. Le dispositif scénique POUR ALLER PLUS LOIN 1. Kleist et Amphitryon au cinéma 2. À lire et à découvrir ! p.18 L’ŒUVRE amphitryon 1. PRÉSENTATION DU TEXTE Sébastien Derrey a choisi l’adaptation du mythe antique par l’auteur allemand du XIXe siècle, Heinrich von Kleist. Ce dernier entreprend initialement de traduire L’Amphitryon de Molière mais finit par le revisiter si largement qu’il crée une nouvelle pièce. À la lecture de cette tragi-comédie, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux : manipulation, humiliation, jeu cruel ou encore démonstration de pouvoir sont à l’œuvre. Le mythe d’Amphitryon dans la version de Kleist rejoint également de nombreuses problématiques adolescentes : amour fantasmé, jalousie, déception amoureuse, rivalité, quête d’une identité, etc. 2. AMPHITRYON, UN MYTHE THÉÂTRAL Dans la mythologie grecque, Amphitryon est le fils d’Alcée, roi de Tirynthe (cité mycénienne du Péloponnèse au sud d’Argos). Il épouse Alcmène, la fille du roi de Mycènes et tue accidentellement son beau-père. Ce crime pousse Alcmène et Amphitryon à s’enfuir à Thèbes où Créon les accueille. Cependant, Amphitryon doit repartir pour venger la mort des frères d’Alcmène. Lorsqu’il revient à Thèbes après la bataille, il est étonné de constater qu’Alcmène n’est pas surprise de le voir. Il consulte le prophète Tirésias qui lui révèle que Zeus a passé la nuit avec Alcmène afin d’engendrer un enfant, Héraclès. Il existe à ce jour plus de 80 réécritures du mythe d’Amphitryon : Plaute, Molière, Rotrou, John Dryden ou encore Jean Giraudoux. La première version est attribuée à Plaute en 187 av. J-C qui centre l’intrigue sur la mariage d’Alcmène et Amphitryon. Par la suite, c’est la version de Molière qui est la plus connue même si elle connaît un succès moyen à sa première présentation en 1668. Molière emprunte le sujet à Plaute mais le thème est tout de même à la mode puisque Rotrou a publié sa version intitulée Les Sosies en 1636. Par la suite, l’anglais John Dryden écrira Amphitryon ou les deux sosies en 1690 puis il y aura d’autres réécritures modernes et contemporaines, notamment Amphitryon 38 de Jean Giraudoux mis en scène par Louis Jouvet. Kleist, dans sa réécriture de 1807, s’est intéressé particulièrement à la figure du double et a glissé ses propres obsessions dans son texte : la quête vertigineuse de l’identité, le doute, la vérité et la question de l’amour. Thomas Mann parle même de « romantisation d’un chef d’œuvre du classicisme français ». Kleist a supprimé le prologue et a centré l’ensemble de l’œuvre sur le personnage d’Alcmène et sur sa foi amoureuse. p. 4 À VOUS DE JOUER ! Vous trouverez pages 8 à 12, la première scène entre Sosie et Mercure, selon 3 versions : Plaute, Molière et Kleist. Après avoir fait trois groupes constitués d’élèves, distribuez-leur une version pour qu’ils travaillent séparément à la mise en lecture de l’extrait. Confrontez ensuite les trois lectures et proposez-leur d’analyser les différences perçues pour chaque version. 3. UN MYTHE IDENTITAIRE Amphitryon est surtout un mythe basé sur la problématique identitaire et sur l’affrontement des doubles. Le nom même d’Amphitryon vient du grec ancien avec le préfixe amphís qui signifie « des deux côtés à la fois » et le verbe trúô qui signifie « épuiser, exténuer ». De même avec Sosie qui a donné son nom à la ressemblance avec quelqu’un d’autre. Ce thème du double dans les duos Jupiter/Amphitryon et Mercure/Sosie est une réelle source de quiproquos tout au long de la pièce et qui lui donne sa nature de tragi-comédie. Le « moi » partagé de Mercure et Sosie fait appel à l’un des plus vieux ressorts comiques au théâtre. L’usurpation d’identité se traduit différemment pour Amphitryon et Jupiter suivant les réécritures. Chez Plaute, Jupiter prend pleinement la forme d’Amphitryon et ce dernier doit donc l’accepter alors que chez Molière il en a seulement l’apparence et les personnages peuvent donc démasquer la supercherie. Avec Kleist et l’époque romantique, l’identité de soi est devenue problématique. Ce qui est au cœur, ce n’est pas l’illusion comme source du jeu comique mais la violence de la dépossession. Expérience cruelle que partagent Sosie et Amphitryon et qui nous renvoie à la question de ce qui fonde l’identité d’un homme, pour lui-même et pour les autres. Ils nous tendent cette question comme un miroir, tandis que nous les regardons se débattre face à leurs reflets destructeurs comme dans un cauchemar. La version de Kleist sème les incertitudes de l’identité : Alcmène est elle-même en proie au doute sur qui s’est insinué dans sa couche et Amphitryon a beaucoup de peine à établir son identité. p. 5 EXTRAIT « Au début, Alcmène n’a le sentiment d’aucune tromperie, d’aucun double. Mais, c’est pour elle-même qu’Amphitryon s’est dédoublé, et elle place l’homme de la « nuit d’allégresse » (la « sublime nuit » dans la traduction Orthmann-Recoing) plus haut que celui qu’elle a connu jusqu’alors. Puis la pensée d’avoir été dupée se saisit d’elle. Que l’imposteur était Jupiter en personne, elle l’apprend par celui qu’elle tient maintenant pour le vrai Amphitryon, mais qui est toujours le dieu. Le grand dialogue d’Alcmène et de Jupiter est beaucoup plus qu’une tentative désespérée de persuader de la part de Jupiter. Car il fait apparaître le changement qui s’est produit dans le coeur d’Alcmène. Maintenant qu’elle sait que c’est Jupiter qui lui est apparu la nuit précédente, elle se décide contre le dieu et pour l’Amphitryon qui la tient dans ses bras – et qui ne l’est pas. Or, elle se décide pour lui, non pas contre le seul Jupiter, mais aussi bien contre l’Amphitryon qu’on lui rappelle. Elle ne se décide donc ni pour Amphitryon ni pour Jupiter, mais contre eux deux, qui n’existent que dans sa pensée, et pour celui qui est dans ses bras. Et c’est ce Jupiter-Amphitryon, non pas le Dieu, mais l’homme divin, l’homme dans la divinité de son coeur, qu’elle désigne devant le peuple de Thèbes comme le vrai Amphitryon – tandis que le vrai Amphitryon sera reconnu comme l’imposteur. » Peter Szondi Extrait de Poésie et poétique de l’idéalisme allemand Kleist aborde également la question de l’identité à travers les notions de divinité et d’humanité. Un des apports majeurs de Kleist au mythe d’Amphitryon réside dans la perte d’identité des humains et leur déshumanisation pour contrebalancer le pouvoir des dieux. La fin est notamment très déroutante dans la version de Kleist puisqu’elle est laissée totalement à l’interprétation des humains ; contrairement à Molière qui, en faisant référence à Louis XIV, donnait toute puissance à Jupiter. « Kleist ne conclut rien, mais comme souvent chez lui, la fin dans son manque de résolution donne après coup le ton et le sens de tout ce qui s’est passé. Menacés dans leur identité, en passe d’être effacés, les personnages sont confrontés à la catastrophe, au désespoir et la tentation d’une conclusion nihiliste est très forte. Or il me semble qu’une telle lecture évacue les capacités disposées par Kleist dans le texte et que portent ses personnages pour dépasser la désillusion et le constat de l’incertitude. (...) Ainsi, peut-être, les dieux seraient descendus sur terre, non pour assouvir une jouissance perverse, mais pour faire savoir aux humains « qu’il y a désormais dans le ciel une place vide sans laquelle tout mouvement serait impossible ». Ils seraient venus réveiller la part divine de l’homme. C’est-à-dire : le désir. » Entretien avec Sébastien Derrey p. 6 TRADUIRE KLEIST AUJOURD’HUI « J’ai d’abord été frappé par le fait que je ne comprenais pas ce qu’avaient fait les gens prestigieux auxquels on doit de connaître Kleist - comme Roger Ayrault, Julien Gracq - qui me semblaient passer à côté d’une chose essentielle qui me sautait aux yeux dès que j’ouvrais le texte - texte qui est en vers. Tous traduisaient en prose. C’est comme si un allemand traduisait Racine et renonçait d’emblée à trouver un équivalent possible à l’alexandrin. Je sais bien qu’il n’y a pas d’équivalent idéal du vers libre allemand mais, en même temps depuis les Grecs jusqu’à Shakespeare - et Kleist vient de là - ce vers libre, ce vers blanc, non rimé, on devait tenter d’en rendre compte, cela me semblait un élément essentiel de la prosodie kleistienne. (...) De cette donnée matérielle, formelle de l’organisation des vers, dès qu’on se met à tenter de la respecter, c’est-à-dire d’en rendre compte, surgit un Kleist inconnu de mes prédécesseurs. (...) A mon avis, cette donnée rythmique est une donnée essentielle de son théâtre, c’est-àdire que bien souvent les personnages de Kleist sont affectés, traversés par des pulsions, traversés par des désirs et dans des états dont le vers témoigne. Pour pouvoir jouer Kleist, il faut repasser par une compréhension de ses états dont le rythme nous donne les clés. C’est par la forme que le comédien accède au personnage et non par sa psychologie. Ça ne l’empêche pas d’en construire une a posteriori, mais fondamentalement, l’acteur est joué par la forme du vers kleistien. (...) Kleist bégayait, et dans son texte la pensée bégaye, la langue hésite, fourche, il y a un combat perpétuel du poète avec lui-même, avec ce qu’il tente d’exprimer d’inexprimable. (...) C’est un des problèmes majeurs qui rend difficile la mise en scène du théâtre de Kleist, cette distorsion entre le matériau et le sujet, Kleist l’a vécu lui-même, il n’était pas en phase avec son temps, croyant l’être. C’est une vraie difficulté, non pas parce que le matériau serait trop germanique ou étranger à la conscience française, mais parce qu’il y a perpétuellement une tension entre le sujet et le matériau poétique. » Eloi Recoing d’après Michèle Jung, Lire Kleist aujourd’hui, Climats, 1997 À VOUS DE JOUER ! Demandez aux élèves s’ils connaissent l’origine des expressions suivantes : « Être un amphitryon » Le terme vient de la mythologie grecque avec ce personnage dont Zeus prit les traits pour séduire sa femme Alcmène. Alcmène ne se doutant pas de la supercherie offrit à Zeus déguisé en Amphitryon un festin sans précédant. C’est donc par allusion à ce repas que l’Amphitryon prit le sens de celui qui reçoit généreusement ses invités. L’expression désigne un hôte généreux. « Être le sosie de quelqu’un » Pour séduire Alcmène, de qui naîtra Hercule, Jupiter prit l’apparence de son mari Amphitryon. Pour parfaire la tromperie, Mercure prit les traits de l’esclave de son mari, nommé Sosie. La ressemblance fut si parfaite qu’on ne put les distinguer l’un de l’autre, ce qui entraîna de nombreux quiproquos. L’expression signifie avoir une parfaite ressemblance avec quelqu’un. p. 7 annexes Extrait d’Amphitryon de Plaute - Scène 1 Mercure : Où vas-tu, toi qui portes Vulcain dans cette prison de corne ? Sosie : Qu’est-ce que cela te fait, à toi qui brises les os des gens à coups de poing ? Mercure : Es-tu esclave ou homme libre ? Sosie : L’un ou l’autre, selon mon bon plaisir. Mercure : Ah ! çà, répondras-tu ? Sosie : Eh, je te réponds. Mercure : Coquin ! Sosie : À l’instant tu mens. Mercure : Je te ferai bientôt convenir que je dis vrai. Sosie : Pourquoi faire ? Mercure : Puis-je enfin savoir où tu vas ? à qui tu es ? ce qui t’amène ? Sosie : Je vais là ; j’appartiens à mon maître. Es-tu plus savant ? Mercure : Je contraindrai bien ta coquine de langue à me céder. Sosie : Tu crois ? Ma langue est honnête fille. Mercure : Tu ne cesseras pas d’ergoter ? Qu’as-tu à faire auprès de cette demeure ? Sosie : Et toi-même ? Mercure : Le roi Créon met ici chaque nuit une sentinelle. Sosie : Il fait bien. Nous étions au loin, il a protégé notre logis : mais tu peux t’en aller à présent ; dis-lui que les gens de la maison sont de retour. Mercure : Je ne sais à quel titre tu peux en être ; mais si tu ne t’éloignes au plus vite, notre ami, tu ne seras pas reçu en ami de la maison. Sosie : Mais je demeure ici, te dis-je, et je suis serviteur dans ce logis. Mercure : Sais-tu bien...? Je ferai de toi un personnage à part, si tu ne t’en vas. Sosie : Comment cela ? Mercure : Oui, on t’emportera : tu ne t’en iras pas, si je prends un bâton. Sosie: Tu as beau dire, je soutiens que je suis un des serviteurs de cette maison. Mercure : Prends garde, tu vas être battu ; dépêche-toi de partir. Sosie : Comment ! tu voudrais, quand j’arrive, m’interdire l’entrée de chez nous ? Mercure : C’est ici ta demeure ? Sosie : Je te dis que oui. Mercure : Qui donc est ton maître ? Sosie : Amphitryon, maintenant général des Thébains, époux d’Alcmène. Mercure : Quoi ? quel est ton nom ? Sosie : À Thèbes on m’appelle Sosie, fils de Dave. Mercure : Ô comble de l’effronterie ! Venir avec un tissu de fourberies et de mensonges ! Tu t’en repentiras. Sosie : Point du tout, je viens avec un tissu de laine et non de mensonges. Mercure : Encore un mensonge, car tu viens avec tes pieds et non avec un tissu de laine. Sosie : Oui-dà. Mercure : Oui-dà, tu mérites d’être rossé pour tes impostures. Sosie : Oui-dà, par Pollux, je m’en passerai. Mercure : Oui-dà, tu le seras malgré toi. Tiens, voilà qui est fait ; on ne te demande pas ton avis. (Il le bat.) Sosie : Grâce ! par humanité ! Mercure : Oses-tu dire encore que tu es Sosie, quand c’est moi qui le suis ? p. 8 Extrait d’Amphitryon de Molière - Scène 1 Mercure : Qui va là ? Sosie : Moi. Mercure : Qui, moi ? Sosie : Moi. Courage, Sosie ! Mercure : Quel est ton sort, dis-moi ? Sosie : D’être homme, et de parler. Mercure : Es-tu maître, ou valet ? Sosie : Comme il me prend envie. Mercure : Où s’adressent tes pas ? Sosie : Où j’ai dessein d’aller. Mercure : Ah ! ceci me déplaît. Sosie : J’en ai l’âme ravie. Mercure : Résolument, par force, ou par amour, Je veux savoir de toi, traître, Ce que tu fais ; d’où tu viens avant jour ; Où tu vas ; à qui tu peux être. Sosie : Je fais le bien, et le mal, tour à tour : Je viens de là ; vais là ; j’appartiens à mon maître. Mercure : Tu montres de l’esprit ; et je te vois en train De trancher avec moi de l’homme d’importance. Il me prend un désir, pour faire connaissance, De te donner un soufflet de ma main. Sosie : À moi-même ? Mercure : À toi-même, et t’en voilà certain. Il lui donne un soufflet. Sosie : Ah, ah, c’est tout de bon ! Mercure : Non, ce n’est que pour rire, Et répondre à tes quolibets. Sosie : Tudieu, l’ami, sans vous rien dire, Comme vous baillez des soufflets ! Mercure : Ce sont là de mes moindres coups ; De petits soufflets ordinaires. Sosie : Si j’étais aussi prompt que vous, Nous ferions de belles affaires. Mercure : Tout cela n’est encor rien, Pour y faire quelque pause : Nous verrons bien autre chose ; Poursuivons notre entretien. Sosie : Il veut s’en aller. Je quitte la partie. Mercure : Où vas-tu ? Sosie : Que t’importe ? Mercure : Je veux savoir où tu vas. Sosie : Me faire ouvrir cette porte : Pourquoi retiens-tu mes pas ? Mercure : Si jusqu’à l’approcher tu pousses ton audace, Je fais sur toi pleuvoir un orage de coups. Sosie : Quoi ! tu veux, par ta menace, M’empêcher d’entrer chez nous ? p. 9 Mercure : Comment, chez nous ! Sosie : Oui, chez nous. Mercure : Ô le traître ! Tu te dis de cette maison ? Sosie : Fort bien. Amphitryon n’en est-il pas le maître ? Mercure : Hé bien ! que fait cette raison ? Sosie : Je suis son valet. Mercure : Toi ? Sosie : Moi. Mercure : Son valet ? Sosie : Sans doute. Mercure : Valet d’Amphitryon ? Sosie : D’Amphitryon, de lui. Mercure : Ton nom est ? Sosie : Sosie. Mercure : Heu ? comment ? Sosie : Sosie. Mercure : Écoute. Sais-tu que de ma main je t’assomme aujourd’hui ? Sosie : Pourquoi ? De quelle rage est ton âme saisie ? Mercure : Qui te donne, dis-moi, cette témérité, De prendre le nom de Sosie ? Sosie : Moi, je ne le prends point, je l’ai toujours porté. Mercure : Ô le mensonge horrible ! et l’impudence extrême ! Tu m’oses soutenir, que Sosie est ton nom ? p. 10 Extrait d’Amphitryon de Kleist - Scène 1 Mercure : (lui barre le chemin). Halte-là ! Qui va là ? Sosie : Moi. Mercure : Quel Moi ? Sosie : Le mien, avec votre permission. Et le mien, je pense, va Par ici, sans droit de douane, comme les autres. Courage Sosie ! Mercure : Halte-là ! Tu ne t’en tireras pas comme ça. De quelle condition es-tu ? Sosie : De quelle condition ? De la condition humaine, comme vous voyez. Mercure : Je veux savoir si tu es maître ou serviteur ? Sosie : Selon que vous me regardez d’une manière ou d’une autre, Je suis un maître, je suis un serviteur. Mercure : Bien. Tu me déplais. Sosie : Eh, j’en suis désolé. Mercure : En un mot, traître, je veux savoir, Infâme traîne-ruisseau, voyou voyeur, Qui tu es, d’où tu viens, où tu vas Et pourquoi tu rôdes par ici ? Sosie : A cela, je ne peux rien vous répondre Que ceci : je suis homme, je viens de là-bas, Je vais par ici et j’ai une chose à faire Qui commence à me causer de l’ennui ! Mercure : Tu as de l’esprit, je vois, et tu cherches À te débarrasser de moi vite fait. Mais il me vient L’envie de prolonger notre rencontre, Et, pour amorcer l’intrigue, je vais De cette main te frapper derrière l’oreille. Sosie : Moi? Mercure : Toi, et t’en voilà persuadé. Que vas-tu décider, du coup ? Sosie : Tonnerre ! Vous avez la main lourde, compère. Mercure : Un coup de calibre moyen. Il m’arrive De faire mieux. Sosie : Si j’étais dans les mêmes dispositions, On finirait par en venir aux mains. Mercure : Avec plaisir. J’aime ce genre de commerce. Sosie : Mais je dois, moi, me retirer pour affaires. il veut partir. Mercure : (lui barre le chemin). Où vas-tu ? Sosie : En quoi ça te regarde, par le diable ? Mercure : Je veux savoir Te dis-je, où tu vas ? Sosie : Je veux Me faire ouvrir cette porte. Laisse-moi passer. Mercure : Si tu as l’impudence d’approcher p. 11 La porte de ce palais, sache qu’alors Une pluie de coups s’abattra sur toi. Sosie : Quoi ? Je n’aurais pas le droit de rentrer à la maison ? Mercure : À la maison ? Répète-moi ça. Sosie : Eh oui. À la maison. Mercure : Tu prétends être de cette maison ? Sosie : Et pourquoi non ? N’est-ce pas la maison d’Amphitryon ? Mercure : La maison d’Amphitryon ? En effet, Fripouille, c’est la maison d’Amphitryon, Le palais du général en chef des Thébains. Mais que faut-il en conclure ? Sosie : Que faut-il en conclure ? Que je vais y entrer. Je suis son serviteur. Mercure : Son ser- ? Sosie : Son serviteur. Mercure : Toi ? Sosie : Oui, moi. Mercure : Le serviteur d’Amphitryon ? Sosie : Le serviteur d’Amphitryon, général des Thébains. Mercure : Ton nom est ? Sosie : Sosie. Mercure : So- ? Sosie : Sosie. Mercure : Ecoute, je vais te rompre les os. Sosie : Es-tu fou ? Mercure : Qui t’a donné le droit, impudent, De prendre le nom de Sosie ? Sosie : Il m’a été donné, je ne le prends pas. Mon père peut en répondre. Mercure : A-t-on jamais entendu pareille insolence ? Tu oses impudemment me dire en face Que tu es Sosie ? p. 12 AU SPECTACLE amphitryon 1. LE CHOIX DU TEXTE ENTRETIEN AVEC SÉBASTIEN DERREY MC93 : Amphitryon est un mythe qui a été adapté de nombreuses fois au théâtre, notamment par Plaute puis Molière. Pourquoi avoir choisi la version du dramaturge allemand Kleist ? Sébastien Derrey : J’ai découvert le mythe d’Amphitryon en lisant la pièce de Kleist. J’étais complètement suspendu à la pièce, au destin des personnages, à ce qui allait se passer. Il y a un suspense complètement incroyable ! C’est dans un second temps que j’ai lu d’autres versions de l’histoire. En fait, le geste artistique de Kleist est très humble au départ : il est parti de la version de Molière, comme s’il commençait à traduire son œuvre. C’est pour cela qu’il donne pour sous-titre à sa pièce, « une comédie d’après Molière ». Il est rattrapé par ses propres obsessions, ses propres démons et il transforme l’œuvre de départ. La version de Kleist est plus troublante que les autres. Chez Molière, le spectateur est en surplomb par rapport aux personnages, il les domine, se tient à distance d’eux. Dans l’œuvre du dramaturge allemand, nous sommes vraiment en empathie avec Amphitryon, Alcmène ou encore Sosie, le valet. Tout est fait pour qu’on accompagne leur trajectoire et leur pensée au moment où elle s’élabore. En même temps qu’on en sait un peu plus et qu’on entend plus qu’eux, mais jamais trop au point d’être trop séparés d’eux. Le public assiste vraiment à une expérience, celle de la dépossession d’Amphitryon et de Sosie de leur identité. Jupiter et Mercure descendus sur terre ont pris leurs apparences respectives et se sont accaparés leur nom, leur maison et surtout l’amour de leur épouse. Les « vrais » Amphitryon et Sosie sont plongés dans un état de trouble terrible. Alcmène en vient à perdre le sentiment intime d’avoir une vie à soi. Ils prennent à témoin les spectateurs, les regardent droit dans les yeux. Rien n’est caché, tout est à vue, ce qui crée une grande proximité entre la scène et la salle. C’est cela qui nous plonge dans leur vertige et nous fait nous interroger sans cesse : comment vont-ils s’en sortir ? En fait, il y a une dimension très classique dans l’œuvre de Kleist mais qui est contredite et troublée sans cesse par cette manière de nous faire sentir directement l’intérieur des êtres, c’est cela qui me plaît. J’aime également son écriture, son rythme, son art du fragment : c’est une langue extrêmement vitale qui passe directement dans le sang. MC93 : Ces personnages désespérés sont complètement dépossédés d’euxmêmes. Comment le langage fonctionne-t-il dans ce monde en proie aux troubles et aux mensonges ? S.D : La question de la parole est très intéressante dans la pièce de Kleist. C’est d’ailleurs une problématique qui me guide au théâtre : le partage de la parole, l’organisation de ce que j’appelle « la scène auditive ». Ici, tous les personnages luttent pour être reconnus et se confrontent donc à l’impossibilité de se faire entendre. Les échanges sont très déséquilibrés. On a l’impression que le son de leur voix se perd au contact d’oreilles infirmes. Il y a une série de malentendus et d’incompréhensions : la pièce devient une succession de dialogues de sourds ! J’aime au théâtre m’intéresser aux gens qu’on n’entend pas, ou mal, à la manière dont une parole est prise en compte ou pas. Comment quelqu’un disparaît totalement quand on ne l’entend pas ? Sur un plateau, ces questions sont exacerbées. Extraits de l’entretien avec Sébastien Derrey Propos receuillis par Agathe Le Taillandier de Gabory p. 13 À VOUS DE JOUER ! Donner aux élèves cet extrait d’interview et les images qui ont inspiré son travail et demandez leur de faire une prédiction du spectacle. À quoi s’attendent-ils ? Quelle forme cela peut-il prendre ? Quel genre de personnages vont ils découvrir ? Après le spectacle, reprenez ce travail avec eux pour démarrer un échange à partir de leur prédiction et pour voir les décalages ou ressemblances avec ce qu’ils ont vu. Qu’ont-ils perçu du jeu des comédiens Sosie/Mercure, Amphitryon/Jupiter ? Se ressemblent-ils ? Qu’est-ce-que cela dit sur le théâtre ? IMAGES EN REGARD AVEC LA MISE EN SCÈNE Jack Nicholson and Robert Evans © Helmut Newton, Beverly Hills, 1985 Court métrage, The immigrant, Charlie Chaplin Le secret magnifique, de Douglas Sirk, 1954 p. 15 2. LA PLACE DU LANGAGE Pour Kleist, la pensée se conçoit mieux à travers l’expression orale, facilitée par la situation de parole et par le fait même de parler. Le rôle du langage ne se limite pas à communiquer des pensées préexistantes mais il est le médiateur indispensable de la formulation de la pensée. Dans son essai L’élaboration progressive des idées par la parole, Kleist affirme clairement que « l’idée vient en parlant » tout comme l’appétit vient en mangeant. On retrouve dans Amphitryon cette vision facilitée du langage qui pourrait s’apparenter à une forme d’improvisation dans les situations que vivent les personnages. À VOUS DE JOUER ! Un « débat mouvant » peut être réalisé avec les élèves après le spectacle à propos du langage : à partir de l’essai de Kleist L’élaboration progressive des idées par la parole, voici quelques phrases sélectionnées dans le texte. Énoncez la première phrase et demandez aux élèves de se positionner dans l’espace : « d’accord » (à droite) et « pas d’accord » (à gauche). Chaque élève d’un « camp » peut ensuite prendre la parole pour formuler une argumentation à voix haute qui contribue au débat. Les élèves, s’ils ont été convaincus par une prise de parole, peuvent à tout moment changer de « camp ». Voici les phrases qui peuvent être support au « débat mouvant » : • « Je pense que maint grand orateur ne sait pas ce qu’il va dire au moment où il ouvre la bouche. » • « L’idée vient en parlant tout comme l’appétit vient en mangeant. » • « Quand une idée est exprimée de façon incohérente, on ne doit pas en conclure pour autant qu’elle a également été pensée de façon incohérente. » • « Il est impératif de savoir manier la langue avec aisance pour que s’enchaîne aussi vite que possible ce que nous avons pensé sur le moment sans l’exprimer dans l’instant. » • « Celui qui, avec la même clarté, parle plus rapidement que son adversaire aura un avantage sur lui. 3. UN PEUPLE SPECTATEUR En mai 2016, Sébastien Derrey a associé à sa recherche pour la mise en scène d’Amphitryon une quinzaine de spectateurs pratiquant le théâtre en amateurs et ayant répondu à l’appel lancé par la MC93. Il s’agissait de trouver la meilleure manière de figurer le peuple dans la dernière scène de la pièce. Sébastien Derrey est très attaché à la proximité avec les spectateurs dans sa mise en scène d’où la sollicitation d’amateurs pour représenter le peuple dans la scène finale : « Il y a aussi quelque chose d’important pour moi, c’est la proximité avec les spectateurs. Nous sommes, pendant une majeure partie de la pièce, avec peu de personnages, nous sommes très proches de leurs tourments et de leurs souffrances. Nous sommes accrochés à leur histoire. L’arrivée du peuple avec le procès crée une rupture qui est d’ailleurs une question de mise en scène. Mais je veux vraiment créer un lien, un contact intime avec le public dans la salle. » Après quelques jours de répétitions au théâtre l’Échangeur à Bagnolet, Sébastien Derrey a décidé de faire jouer chaque soir un amateur différent volontaire. Cette contribution des spectateurs au processus de la création est pour lui très précieuse. p. 16 À VOUS DE JOUER ! Après le spectacle, appuyez-vous sur cette dernière scène semblable à un procès pour échanger sous forme de jeu de rôles avec les élèves. Si les élèves jouaient les personnages, quels auraient été leurs argumentaires en faveur de Jupiter ou d’Amphitryon ? Quel sens donnent-ils à cette fin ? 4. LE DISPOSITIF SCÉNIQUE Au centre du texte il y a un espace hors scène qu’on ne voit pas : le palais, le lit d’Alcmène. L’empêchement que Sosie et Amphitryon éprouvent à regagner leur identité, leur nom, rejoint la difficulté très matérielle qu’ils ont d’accéder à leur lieu propre (le palais). Cet empêchement se retrouvera de manière très concrète dans l’espace. Tout se déroule devant la porte. Dans une proximité intime. Devant un lieu barré, fermé, interdit. C’est dans la chambre d’Alcmène qu’a eu lieu la nuit d’amour avec le dieu, véritable point aveugle de la pièce. Le récit qu’Amphitryon arraché par bribes à l’épouse nous fait imaginer la scène hors-champ. Cet espace caché peut faire rêver, provoquer tant l’envie de voir que la peur de voir apparaître ce qu’on ne peut qu’imaginer. Mais quand on est empêché d’y pénétrer, quand on ne peut jamais rentrer chez soi, cela tourne au cauchemar. Cauchemar des personnages qui n’entrent jamais dans leur maison, qui n’arrivent pas à remplir leurs fonctions. Cauchemar de comédiens qui auraient oublié leurs rôles, ou d’un metteur en scène à qui on aurait fermé le théâtre. L’espace de ce qui est caché sera beaucoup plus grand que l’espace visible où Amphitryon et Sosie errent, dehors, dans une zone où ils n’ont pas de place. Où ils sont en trop. image 3D de la scénographie p. 17 À VOUS DE JOUER ! Voici plusieurs iconographies qui ont servi d’inspiration au scénographe Olivier Brichet. Vous pouvez vous en servir avant le spectacle pour proposer aux élèves de s’en inspirer afin de réaliser une proposition de scénographie. Après le spectacle, vous pouvez demander ce que les élèves retrouvent du spectacle qu’ils ont vu dans ces images. Cirque Gruss source inconnue Hiroshi Sugimoto - Diorama series p. 18 POUR ALLER PLUS LOIN amphitryon KLEIST ET AMPHITRYON AU CINÉMA Deux films permettent également d’en découvrir davantage sur Kleist et son œuvre. Ils peuvent être complémentaires à visionner avant ou après le spectacle. Amour fou Film autrichien de 2014, réalisé par Jessica Hausner et qui s’inspire du suicide de Kleist en 1811. Le film aborde le mythe romantique de « l’amour à mort » à travers la recherche d’une âme sœur qui souhaite se suicider avec Kleist. Un film qui prolonge la découverte du poète et de l’époque romantique. Hélas pour moi Film français de 1983, réalisé par Jean-Luc Godard avec Gérard Depardieu et qui s’inspire d’Amphitryon afin de montrer le désir d’un dieu de connaître la vérité du désir humain. Une fable transposant les questions divines : où commence l’amour et où naît la création ? À LIRE ET À DÉCOUVRIR Petite bibliographie autour d’Amphitryon et Heinrich von Kleist L’élaboration progressive des idées par la parole Heinrich von Kleist, Mille et une nuits Amphitryon, un mythe théâtral : Plaute, Rotrou, Molière, Dryden, Kleist – Ariane Ferry, Éditions littéraires et linguistiques de l’Université de Grenoble Le comique et le tragique : penser le théâtre et son histoire Michel Meyer, Presse Universitaire de France Lire Kleist aujourd’hui Michèle Junge, Climats, 1997 Et sur internet : Histoire du Genre Humain de Giacomo Leopardi http://www.giacomoleopardi.fr/prose/histoire-du-genre-humain.html Lire Kleist aujourd’hui par Michèle Junge http://www.kleist.fr Le personnage d’Alcmène : http://laspheredelintime.free.fr/divers/dossiers/alcmene/alcmene_dans_ amphitryon.htm p. 19 informations pratiques VOS CONTACTS Margault Chavaroche | [email protected] - 01 41 60 72 75 Pauline Maître | [email protected] - 01 41 60 72 69 Nous sommes à votre disposition pour vous guider dans la programmation et inventer avec vous un parcours de spectateurs pour vos élèves. LA COMMUNE Centre dramatique national, Aubervilliers 3 rue Edouard Poisson 93300 Aubervilliers Accès Métro ligne 7 Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins puis bus 150 ou 170 (passages fréquents) arrêt André Karman Bus 35 arrêt André Karman ou Villebois Mareuil 150 arrêt André Karman 170 arrêt André Karman 173 arrêt Mairie d’Aubervilliers Stations Vélib’ 143 rue André Karman (33006) 161 avenue Victor Hugo (33010) Voiture Porte de la Villette ou Porte d’Aubervilliers direction Aubervilliers centre Parking du Théâtre en face de La Commune, Parking Indigo tarif COMMUNE 2,20 € (4 heures) Avant le spectacle, achetez votre carte de réduction aux guichets du théâtre Navettes retour gratuites vers Paris du mardi au vendredi arrêts Porte de la Villette, Stalingrad, Gare de l’Est, Châtelet LES TARIFS SCOLAIRES Enseignants, enseignantes de Seine-Saint-Denis vos élèves bénéficient d’un tarif préférentiel de 6 euros la place par élève. Si vous enseignez hors de la Seine-Saint-Denis, le tarif élève est à 8 euros. Pour tous les groupes scolaires, une place gratuite est accordée pour chaque accompagnateur de 12 élèves. p. 18 LA MC FAIT SA SAISON 2016/2017 DANS LE 93 2016 2017 Les Frères Karamazov Mise en scène Frank Castorf D’après Fédor Dostoïevski Du 7 au 14 septembre Early Works Chorégraphie Lucinda Childs Du 24 au 30 septembre Secret (temps 2) Conception Johann Le Guillerm Du 24 septembre au 1er octobre Amphitryon Mise en scène Sébastien Derrey De Heinrich von Kleist Du 30 septembre au 13 octobre Danse de nuit Chorégraphie Boris Charmatz Du 7 au 9 octobre La Mort de Danton Mise en scène François Orsoni De Georg Büchner Du 10 au 23 octobre Les Bienveillantes Mise en scène Guy Cassiers D’après Jonathan Littell Du 13 au 16 octobre Nkenguegi Texte et mise en scène Dieudonné Niangouna Du 9 au 26 novembre Ce qui nous regarde Mise en scène Myriam Marzouki Du 24 janvier au 9 février Couscous clan Conception Rodolphe Burger et Rachid Taha Le 27 janvier Nova Conception Claire ingrid Cottanceau et Olivier Mellano D’après Peter Handke Les 2 et 3 mars Providence Mise en scène Ludovic Lagarde Texte Olivier Cadiot Du 2 au 12 mars Je suis fait du bruit des autres La Mécanique des ombres Conception Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynès Les 18 et 21 mars La neuvième nuit, nous passerons la frontière Mise en scène Marcel Bozonnet Texte Michel Agier et Catherine Portevin Mars - Avril Sombre rivière Texte et mise en scène Lazare Du 29 mars au 6 avril Du désir d’horizons Mahler Projekt (titre provisoire) Love and Revenge Interview Ludwig, un roi sur la lune Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis Chorégraphie Salia Sanou Du 18 au 20 novembre Conception Rayess Bek et La Mirza Le 25 novembre Mise en scène Madeleine Louarn Du 3 au 12 décembre Le centre de musique de chambre de Paris Direction Jérôme Pernoo Mi-décembre, le 22 janvier, le 7 mars Chorégraphie Alain Platel Du 23 au 27 mai Conception Nicolas Truong Du 29 mai au 17 juin Les 8 et 9 juin Danse HipHop Tanz Moov’n Aktion Mi-juin Festival ManiFeste-2017 Ircam Les 23, 24 et 25 juin MC93.COM — 01 41 60 72 72