pris par la fièvre du poker

Transcription

pris par la fièvre du poker
M O N TP EL L IER
3
Mercredi 13 juin 2007
X2MO-
Divertissement Montpellier
Lila « J’aime
son côté psy »
pris par la fièvre du poker
Commerce Razzia
sur les mallettes
Si le poker fait le bonheur des
joueurs, il fait aussi celui des
commerçants. La plupart des
magasins de la ville, spécialisés en jeux de société, connaissent une véritable flambée, depuis quelques mois, sur les
mallettes de jetons, livres et
autre vidéo dédiés au Texas
Holdem. « Cela fait deux ans
que le poker décolle mais on a
eu un gros boom à Noël dernier, indique Patrice Ponce,
de la boutique Lud’m, rue de
l’Ancien-Courrier. Ce jeu est
devenu très familial, loin du
poker d’antan des fonds de cafés. Beaucoup de parents viennent avec leurs enfants choisir le matériel. »
Même écho au Virgin, place
Castellane, où une trentaine
de références sur le poker a
été installée, bien en vue, à
l’entrée du magasin. « Les livres ont beaucoup de succès
mais le coffret de jeu Casino
Royal, de James Bond, marche aussi très bien », note Philippe, responsable du rayon librairie, qui tempère toutefois :
« Les éditeurs misent sur une
baisse des ventes après
l’été. » ●
TAPIS !
Où jouer
dans le Clapas ?
Les jeunes
joueurs
désertent
les casinos
« Si des tournois de poker ne
sont pas organisés prochainement dans les casinos, c’est
la fermeture assurée. »
La réflexion d’un croupier
du casino de La Grande-Motte
est symptomatique de la crise
Les 159 places du tournoi ont été enlevées, « en 48 heures », en janvier sur internet. Photos David CRESPIN
Venu spécialement d’Uzès,
Cédric tente de s’accrocher
pour ne pas se faire éliminer
trop rapidement. « C’est mon
premier grand tournoi à plus
de trente joueurs, dit-il avec
une certaine excitation. Cela
faisait des mois que je l’attendais. Avant, j’allais beaucoup
au casino mais c’était vraiment trop cher. Maintenant
que j’ai découvert les parties
en réel, je viens souvent à
Montpellier avec des amis
pour m’amuser. » A la table
voisine, "Queenofdiamond" affiche la même nervosité. Malgré ses grandes lunettes noires, cette informaticienne de
36 ans n’arrive pas à cacher
son stress et tremble pour distribuer les cartes. « Il faut
vraiment avoir les nerfs solides, confie-t-elle entre deux
mains. Heureusement, la ta-
◗ (1) La législation française
interdisant les parties
« à enjeux », la finale, dotée de
100 000 € de gain, sera organisée
à Monte-Carlo ou Malte,
les 15 et 16 juillet. Contact :
www.francepokertour.com
que traverse, depuis quelques
années, l’ensemble des salles
de jeu françaises.
Confronté à une diminution
de ses recettes de 400 000 €
en 2006, l’établissement du
groupe Partouche est ainsi
passé, depuis cinq ans, de la
17e à la 21e place au classement national des casinos.
« Pour les deux premiers
mois de 2007, la baisse de recettes est même de 17 % »,
s’inquiète Claude Godignon,
adjoint aux finances des Pyramides, qui s’attend cette année à une chute de 500 000 €
de la redevance versée à la
commune, « soit cinq points
d’impôts ». La loi antitabac,
le contrôle d'identité obligatoire à l'entrée et la concurrence du nouvel établissement du Grau-du-Roi (groupe
Tranchant) expliquent les déboires du casino héraultais.
Mais pas seulement. La désertion de la clientèle étudiante, de plus en plus attirée par
les tournois en ligne, est également en train de porter un
mauvais coup (de poker) à la
salle. « Pour moi, le casino,
c’est terminé !, stipule Renaud, médecin de 43 ans. Sur
internet, on peut jouer plus
longtemps en misant beaucoup moins d’argent. Et on
n’a pas l’impression d’être
pris pour des pigeons. »
Pour
récupérer
ces
joueurs, un nouveau casino
devrait ouvrir ses portes en
2009 à l’emplacement de l’actuel office de tourisme. Dans
les cartons depuis des années, le projet Partouche prévoit des machines à sous mais
aussi un restaurant, une salle
de spectacle, une discothèque… Et, dans un coin, espère les dirigeants du groupe,
une salle dédiée aux tournois
de Texas Holdem. ●
nent à la génération du jeu vidéo. Ils aiment le côté ludique
et interactif du Texas Holdem. »
Malgré ses lunettes,
"Queenofdiamond"
est nerveuse
et tremble pour
distribuer les cartes
HELENIS,
créateur
de résidences
à haute qualité
patrimoniale
ble est sympa, on rigole
bien. » En grande difficulté au
bout de deux heures, la joueuse sera sauvée in extremis
par une paire d’as, juste avant
la pause. Un espoir de courte
durée avant un malheureux tapis. « Vivement l’an prochain, qu’on remette ça »,
souffle "Queenofdiamond" en
enlevant, enfin, ses lunettes. ●
J.-M. S.
LES ALLÉES
BEAUREGARD
EASY HOM E
S A I N T - G É LY - D U - F E S C
Votre villa PLS à partir de 182.500* €
* dans la limite des stocks disponibles
“ Investir aujourd’hui pour protéger sa famille demain ”
172675
Si de nombreux tournois
s’organisent régulièrement
« entre amis », il existe
un moyen simple pour
connaître l’actualité du tapis
vert à Montpellier et dans
la région. Il suffit
de consulter le site
www.montpellier-poker.fr.
Créé en 2005, ce forum de
discussion permet d’obtenir
des informations, « en toute
transparence », sur tous les
types de
tournois.
« On ne se
cache pas,
explique
Roland
(photo),
fondateur
du site
qui annonce 800 inscrits.
Nous sommes là pour parler
de notre passion, pour
échanger nos réactions. »
Dans le même esprit,
www.poker-addikt.fr donne
également de nombreuses
infos sur le poker
à Montpellier. Fort
de 153 membres, ce site
dispose d’une belle interface.
Il est pratique pour
les nouveaux joueurs
grâce à un lexique et des
règles de jeu très complets.
Inscrite en préfecture depuis
le mois de mars, l’association
Montpellier poker club
organise, de son côté, des
tournois de poker en réel,
« uniquement gratuits ».
En attendant l’ouverture
prochaine d’un site,
les inscriptions se font
par courriel à
[email protected].
Enfin, Languedoc poker
se veut « un interlocuteur
légitime et reconnu par
les pouvoirs publics ». Basée
au Grau-du-Roi, dans le
Gard, cette association
regroupe entre 50
et 100 joueurs réguliers qui
se réunissent en moyenne
deux fois par semaine.
Les Informations sont
consultables sur
www.languedoc-poker.com.
Montpellier n’échappe pas à la
frénésie du poker. Comme
partout en France, le nombre
de tournois privés est en pleine essor sur la ville. Preuve de
cette fièvre du carré d’as : la
capitale languedocienne accueillait, pour la première
fois, dimanche dernier, une
manche du France Poker
Tour (FPT), considéré comme le championnat de France
de poker. Une épreuve gratuite, organisée au château de
Flaugergues, qui donnait au
vainqueur un ticket d’entrée
pour la grande finale dans un
mois (1). « Cette année, on a
choisi d’organiser une étape
à Montpellier car nous avons
constaté qu’un grand nombre
de joueurs sur internet était
de la région, souligne Charles
Traonouez, arbitre du FPT.
Cette ville est dynamique, jeune, avec beaucoup d’étudiants. Une population très
friande de poker. »
Répartis dans trois salles,
159 joueurs - inscrits via internet depuis janvier - se sont affrontés durant plus de
sept heures au Texas Holdem
no limit, la règle noble du poker. Autour des tables, l’ambiance est électrique mais bon
enfant. Des applaudissements
nourris saluent chaque joueur
éliminé. Lunettes de soleil,
walkman et casquette, de
nombreux participants ont
sorti la panoplie du parfait
bluffeur. « Le côté flingue sur
la table, c’est terminé, poursuit Charles Traonouez. Grâce
aux médias et à internet, la
mentalité du poker a totalement changé ces dernières années. Les joueurs appartien-
www.helenis.fr / 04 99 63 23 23
Lila ne por-
te jamais
de lunettes de soleil pour
jouer au
poker. Car
sa technique préférée est de
« lire »
ses adversaires,
droit dans
les yeux.
« Ce que j’aime, c’est le côté psychologique, confie cette étudiante de 24 ans. Pendant la première demi-heure, je ne joue pas. J’observe
simplement mes voisins
pour voir leur comportement, leur façon de regarder
les cartes, les moments où ils
tremblent. Ensuite, je mise
sur le joueur avant les cartes. »
Passionnée de poker depuis plusieurs années, Lila
joue deux à trois fois par semaine en partie réelle. « Internet m’ennuie, il n’y a personne à déchiffrer. » ●
Laurent « On doit
être patient »
Un
regard
ténébreux
qui ne laisse transparaître aucune
émotion.
Accro
de la quinte flush depuis quatre
ans,
L a u rent reste
toujours impassible autour de
la table. Une stratégie plutôt
payante. A 28 ans, cet étudiant en Deust webmaster
s’est déjà construit un beau
palmarès sur les tables de
Montpellier. Vainqueur de plusieurs tournois à cent
joueurs, il rêve désormais de
décrocher une invitation pour
un championnat à Las Vegas,
la Mecque du poker. Pour obtenir le précieux sésame, il
joue tous les jours, « au
moins cinq heures », en partie réelle et sur internet.
« Pour gagner, on doit être
patient », dit-il, pour une fois,
sans bluffer. ●
Yonaldinho « Il
faut un enjeu »
Yonaldinho
aime
sentir le
stress du
poker. Cet
étudiant
en administration
pratique
« cinq fois
par semaine »
en
partie réelle,
très
peu sur le net. « C’est une
autre ambiance et surtout un
autre style de jeu, estime-t-il.
Sur internet, on joue moins
le joueur, il y a moins de tension ».
Originaire de Mauguio, il
n’imagine pas s’asseoir à une
table sans un enjeu financier.
Minime soit-il. « Pour s’amuser, il faut un attrait. Le poker, ce n’est quand même pas
la belote ! » Pour éviter d’y
laisser la chemise, Yonaldinho s’est fait une cagnotte où il
place l’argent gagné en tournoi. « Pour l’instant, j’arrive à équilibrer les comptes. » ●