. Le sexe du poème . Du désen- chantement en littéra
Transcription
. Le sexe du poème . Du désen- chantement en littéra
“Je considère le poète comme le meilleur de tous les critiques” Baudelaire . Le sexe du poème . Du désenchantement en littérature . Vasco Graça Moura Calligramme de Marc PESSIN (in Voyages en Calligrammes de Jean Burgos, Éd. Le Verbe et l’Empreinte) Gustave COURBET, grandeur et misère Marc PESSIN, magicien de la lettre DÉCEMBRE 2007/JANVIER 2008 / N°86 / 3,60 euros Les Aphorismes ont été choisis par Claudine HELFT 2 le vif et l’essentiel édito LETTRE AUX LECTEURS D’AUJOURD’HUI POÈME N ous avons des difficultés financières, cher lecteur, qui expliquent notre retard à paraître. Nous allons devoir suspendre la parution du journal jusqu’en Mars. D’ici là et tout en travaillant à résoudre nos problèmes, nous nous publierons sur le site www.aujourdhui-poeme.fr vous tenant au courant de nos démarches et progrès et comptant sur votre patience d’abonnés-lecteurs. Quelles sont les raisons de notre problème financier? Les suivantes : d’abord une réduction de 3.000 euros de la subvention accordée par le Centre National du Livre (C.N.L.) à notre Association, somme qui correspond exactement aux coûts d’impression de 2 numéros de journal ; ensuite la restructuration des NMPP sur laquelle, souvenezvous, nous vous avions déjà alertés et qui entraîne une érosion lente de nos ventes en kiosques et mai- sons de la presse ; enfin les coûts salariaux mensuels de notre secrétariat. Le paradoxe est néanmoins qu’Aujourd’hui Poème demeure une affaire positive en termes d’abonnements (près de 600) et de lectorat (900 avec les ventes). Le C.N.L. lui-même reconnaît publiquement que nous sommes la première entreprise d’information poétique en France. C’est pourquoi le Comité de Rédaction est bien décidé à prolonger l’aventure. Pour parvenir à nos fins nous avons surtout besoin de votre fidélité tout autant que d’imagination. Donc soutenez-nous par vos encouragements et surtout par l’information que vous diffuserez autour de vous disant notre désir de survivre. Le Comité de rédaction Sommaire / n° 86 / Décembre 2007/Janvier 2008 — POÈMES INÉDITS les choix de Claudine HELFT / p. 3 — LE SEXE DU POÈME par Jean-Luc DESPAX / p. 4 — VASCO GRAÇA MOURA entretien avec Lionel RAY / p. 5 — FAUT-IL SIGNER LE PACTE AVEC LE DIABLE par Paul Louis ROSSI / p. 6 — L’ÈRE DU CHAGRIN par Marie ÉTIENNE / p. 7 — LOUIS GUILLAUME, le rêveur éveillé par Bernard MAZO / p. 8 — POUR “GASPARD DE LA NUIT” par Francis COMBES / p. 9 — “PUZZLE” DE WOODY ALLEN par Bernard FOURNIER / p. 10 — GRANDEUR ET MISÈRE DE GUSTAVE COURBET par Jean-Pierre FERRINI / p. 11 — NOS CHOIX : RECUEILS, ESSAIS / p. 12 — NOUVEAUX TERRITOIRES DU POÈME : “Interstices II”par Seyhmus DAGTEKIN / p. 13 — REVUES DES REVUES par Bernard FOURNIER / p. 14 — LE COURRIER DU COEUR / p. 15 — CARTE DES ÉVÉNEMENTS / pp. 16-17 — MARC PESSIN, magicien de la lettre et Avènement de la grafeuille par Charles DOBZYNSKI / p. 18 Le poème demeure libre. Nous n’enfermerons jamais son destin dans le nôtre. (Andrée CHEDID in Visages de l’écriture de Louise LEROUX, Le Hameau Éd., 1985) rbitraire ce choix d’inédits ; en effet dans les multiples rencontres qu’offrit le Festival des Trois-Rivières (Québec) dont j’ai eu l’occasion de vous parler dans le dernier numéro de notre journal, il était bien des noms à retenir. Mais en premier lieu, ceux dont j’ai cité le nom, parmi les plus intéressants, n’avaient pas toujours d’inédits traduits en français, et il m’est apparu plus original de vous donner ici à lire trois noms, d’origine et de culture bien différentes, mais qui tous procèdent d’un même sens de la poésie, dans des formes de poèmes, souvent opposés. Hommage au Québec Elle est sans doute, à l’heure actuelle, la vedette féminine la plus en vue, et cela à juste titre, de son pays. Il existe assez d’anthologies pour y retrouver les noms d’autres belles voix que nous avons célébrées dans ce même journal. Hélène Dorion, laquelle fut en France appelée comme membre du jury Louise Labé, l’est aussi du Prix Senghor - émanation du PEN Club de France. Nous lui avons décerné le Prix Mallarmé et son propre pays l’a tout dernièrement honorée de la plus haute distinction qui soit dans cette région : “Le prix du gouverneur Général du Canada” remis, chaque année depuis 1937, et qui a cette heureuse particularité de réunir à la fois anglophones et francophones. Nommée “Chevalier de l’ordre national du Québec”, elle est d’abord cette femme qui est un poète : Extraits de Ravir : les lieux, recueil encore inédit D’ici bouge la lumière. regarde le vide lourd sur l’épaule éparpillé parmi les fenêtres. ........................... Entre toutes les terres, le centre, la maison plus au centre, le jardin : sillons que tu racles, bêche de l’âme tirant vers toi le soleil les eaux de pluie sur les pétales à peine apparus. Au cœur de ce monde la chair noircie du nom, théâtre des choses que tu livres aux vents ; Quel oiseau naît de l’oiseau blessé ? Tu refais ta demeure chaque jour, on imagine le sol sous la main, l’arbre haut des saisons le ciel planté dans la fenêtre, le geste superbe. ——————————————————— Ici l’escalier d’où monte et redescend l’histoire, en ce détail que tu incarnes. Des mots poussés derrière le silence. Peu importe l’espace qui te laisse à toi-même - et flotte entre ces murs le craquement des objets tu vois la fenêtre, là remue le monde un vent d’aube, et les notes du piano lentement tournoient. Tu poses le pied, c’est la mer qui te dénoue. Tu oublies presque la plaie la pierre gisante, sur le fil de la mémoire. Depuis des années, tu regardes les branches comme des racines, qui s’approchent enfin 9 arrogante, on entend un violon, et une porte se ferme. frère, dis-je, comme tu chevauches joliment ton petit cheval de bois laqué, A Hélène DORION franchissons les frontières où nous emmènent-elles ces soirées incertaines ? POÈMES INÉDITS D’AUJOURD’HUI POUR DEMAIN Le choix de Claudine HELFT William OSPINA C’est un nom fort connu et venu de Colombie. Célèbre pour ses romans (dont beaucoup sont traduits en France) et sa queue-de-cheval, il est ce magnifique poète, dont le lyrisme détonne avec tant de bonheur dans un temps de sécheresse. Franz Kafka Père lui dis-je donne moi trois grains d’orge pour réveiller le dormeur. Mais mon père ne répond pas : c’est un énorme cavalier dominant collines et synagogues. Mère, lui dis-je, éloigne ces brumes montre-moi un visage paisible d’où éclosent des mots tendres. Mais elle s’est égarée dans les ruelles de pierre et dans le miroir je ne retrouve que ses yeux immenses ; Grand-père, dis-je alors, ne lutte plus désormais contre l’ange viens me raconter des histoires auprès du feu tandis que l’Elbe devient glace . Mais le vieux me regarde avec des yeux absents, et je comprends que ce n’est pas mon grand père, mais un vieux gitan qui me vend un souvenir. Ma sœur, charmante sœur, lui dis -je, prends ma main, il fait si froid dans cette maison immense. Mais à côté de moi passe une comtesse hongroise monumentale et Mais il n’est qu’une image, une photographie grise entre mes mains, et, au loin, atroces, retentissent les canons. Goethe, lui dis-je, chante-moi , une chanson romaine, que je sente dans mon cœur cette ancienne tristesse. Mais la tombe se tait ..... .................................................................... Alors tout ceci ne serait que délire, Qui appeler pour me sauver ? Leur royaume est de ce monde ; Ils sont tous acceptés et pardonnés. Ils sont trop humains, trop justes je n’arrive pas à leur parler avec le grincement de mes élytres, je n’ai pas appris à franchir les portes, et je ne sais pas me défendre. Si tu vois deux yeux de chat dans la nuit gothique de Prague tu comprendras que j’ai peur de mourir si je m’endors ; Si tu entends un chant dans la nuit gothique de Prague tu comprendras que je cherche à savoir où je suis. Si tu entends un cœur dans la nuit gothique de Prague tu sauras qui soutient ce rêve. Myota KAMBA THCHITALA est édité par l’Association Au Rendez-Vous des Poètes 105 bd. Haussmann, 75008 Paris Téléphone : 01 42 65 08 88 Télécopie : 01 49 24 98 45 Courriel : [email protected] Site : www.aujourdhuipoeme.fr Directrice de la Publication, Gérante : Claudine PARINAUD Comité Directeur Jacques DARRAS, Charles DOBZYNSKI, Claudine HELFT, Bernard MAZO, Lionel RAY Rédaction Gabrielle ALTHEN, Jacques ANCET, Francis COMBES, Maurice COUQUIAUD, Jacques DARRAS, Seyhmus DAGTEKIN, Jean-Luc DESPAX, Charles DOBZYNSKI, Bernard FOURNIER, Claudine HELFT, Bernard MAZO, Jean PORTANTE, Lionel RAY D’origine africaine, elle est citoyenne du Québec et chante toujours ses racines ancestrales et… sa nuit. Carte de France : Anne-Marie SIKSIK Maquette : AGENCE ART ACTION Le déserteur cherche à se terrer Oh l’heure claire de la pendaison ! la vérité se couvre d’araignées ; Des fous sans pitié pensent nous aimer. Sous la pression du jour, l’oreille ne change rien à ton cœur dur. Journal publié avec le concours du Centre National du Livre (CNL) La faim nocturne de l’âme écorce les cieux. Des bêtes enragées lancent sur moi des ossements. En guise de larmes, de longues coulées de sang. Le désespoir spirituel flotte solitaire sur la paix de l’étang ; Une barque rouge culmine dans la vision du naufrage. C.H. Prix par numéro : 3,60 euros Abonnement 10 numéros : 28 euros (France) 45 euros (Étranger & DOM/TOM) Commission Paritaire 0601 G 78908 N° ISSN 1296-3623 Imprimé en Belgique par HAVAUX1400 Nivelles - Belgique 4 On peut aussi trouver qu’il y a du roman dans certains poèmes. (Henri MESCHONNIC inVivre Poème, Dumerchez Éd.) chronique eghers propose une réédition de l’Anthologie de Marcel Béalu : La poésie érotique, augmentée de dessins de Béalu lui-même et de poèmes inédits. Le poète autodidacte, le libraire passionné par ces textes que la morale de leur temps réprouvait donne à lire plus de cent écrivains classés par ordre chronologique. De Guillaume Coquillart, né en 1421, à Joyce Mansour, sans négliger des anonymes. Voici donc ces poèmes que les manuels littéraires n’auraient jamais admis car ils sentaient trop le soufre de l’enfer des bibliothèques. Dans sa préface de 1971, Béalu invite à poursuivre le travail engagé. Si cela devait se faire un jour, si le désir de la poésie, la poésie du désir, le désir et la poésie ne finissaient pas par succomber sous les coups peu érotiques de la marchandise érigée en loi, il faudrait sans doute qu’une part plus grande (ce n’est pas difficile) soit accordée aux textes de femmes. Beaucoup d’hommes ici en effet, pour dire l’Éros à leur subtile manière. S Les fleurs du mâle Les Messagers clandestins de M. Béalu. LE SEXE DU POÈME par Jean-Luc DESPAX L’anthologie, le florilège deviennent trop vite les fleurs du Mâle. On dira Louise Labé. Mais c’est un homme qui écrivit ses poèmes, ce que Marcel Béalu ne pouvait pas savoir au moment de la composition du bouquet. Il faut attendre donc, puisque la poésie érotique féminine a droit de cité enfin aujourd’hui, au sens où elle n’a pas à se soumettre ou à (com)plaire aux stéréotypes de la domination masculine, qu’elle ait le droit d’être citée dans un volume somme. La présente anthologie propose un regard historiquement informé, mais pas d’œillères pour autant. Quand Jean-Antoine de Baïf produit son analogie de la femme montée comme une pouliche, ou que Brantôme explique que la pucelle a du mal à supporter le joug du taureau, Ronsard revisite à la française le mythe de l’androgyne platonicien : Quand en songeant ma folâtre j’acolle, Laissant mes flancs sur les siens s’allonger, Et que, d’un branle habilement léger, En sa moitié ma moitié je recolle ! Clément Marot n’oublie pas la tendresse dans l’acte, mais ne se prive pas de l’ambiguïté du mot “baiser”. Baiser souvent n’est-ce pas grand plaisir ? Dites ouy, vous aultres amoureux ; Car du baiser vous provient le désir De mettre en un ce qui estoit en deux. Il n’y a pas autre chose Y aurait-il un ordre moral si les forces vitales ne s’étaient exprimées ? Y auraitil eu progrès si l’on s’en était tenu aux diktats des bonnes mœurs d’époques successives ? Il s’agit avant tout, dans les poèmes de ce livre, quelles que soient la subjectivité et la sensibilité du récepteur, d’un rapport à la vérité. Ne pas cacher ce qui s’était écrit dans la clandestinité parce que tout le monde y pensait tout le temps. Parce qu’il n’y a pas d’autre forme de transcendance, que les abbés soient libertins, menaçants ou menacés. Jules Laforgue l’avait bien vu : Cueillons sans espoirs et sans drames, La chair vieillit après les roses ; Oh ! parcourons le plus de gammes ! Car il n’y a pas autre chose. Ne pas brûler les livres, mais les laisser devenir ce qu’ils sont : brûlants. Marcel Béalu savait aussi le prix que ses prédécesseurs avaient payé pour avoir honoré l’esprit libertin. Claude le Petit, brûlé à 23 ans, en 1662, en place de Grève, pour ses textes : Venez tous au bordel de ces Muses lubriques : L’esprit, qui prend plaisir aux discours satyriques, Déchargera sans doute, entendant ces accords. À l’aube des seventies, il n’est pas dupe d’une supposée avancée des mœurs. Le contrôle subsiste d’autant que la libéralisation semble généralisée. Il cite cette phrase d’un homme d’État, dans sa préface : “Pendant qu’ils se branlent, ils nous foutent la paix.” Le pouvoir occupe les têtes et les rétines. Montrer/soustraire les corps dans le spectacle généralisé, ce n’est pas encourager l’amour et l’érotisme mais le dissuader. La pornographie, même soft, celle qui se déploie aujourd’hui en prime time, et qui cherchait ses fondamentaux en 1971, est une arme répressive. On ne touche plus. Que du regard frustré. Et braqué… sur la laideur. Toujours plus de laideur. On invente de faux désirs pour réprimer le plaisir. Et l’anthologie n’a plus à être brûlée parce que le sexe est châtré, excisé, par l’instrumentation publicitaire. Petit inventaire de la subversion d’antan Ce n’est donc pas sans nostalgie que l’on se tourne vers la subversion d’antan. La diversité lexicale pour dire les organes et la chose. Le sexe féminin, malgré la liste impressionnante de synonymes, reste ce grand inconnu qui fait peur au vers masculin. On s’en tient plus souvent à la barbe qu’aux lèvres. La fascination n’est guère interrogée. Il s’agit de “cueillir la fleur” ou bien d’être vidé provisoirement de ses forces vitales. L’instrument de plaisir, le godemiché, pourrait fondre dans la fournaise intime dont on peut imaginer ce qui seul pourrait l’éteindre. L’éternelle autosatisfaction du mâle pour son organe place elle aux avant-postes la métaphore guerrière. La lance d’ivoire d’Étienne Jodelle. Le jugement de Rémy Belleau est sans appel sinon : Adieu, contente-toi, et ne pouvant dresser, Que ce boyau ridé te serve de pisser. François de Maynard, au 16e siècle, te à profiter du moment qui passe, digue à sa manière son carpe diem dame, les préliminaires ne devant s’éterniser : Les ans raviront tes appas, Et ton con deviendra si vaste Que les mulets n’en voudront pas. inciproà la pas Le vit c’est la vie, le «con», ce n’est jamais le lecteur, invité à partager la fascination d’une dame qui trouve un nerf plus gros que le petit couteau qu’elle cherchait (Mellin de Saint-Gelais) ou à rire quand le dispositif s’inverse. Il s’agit, tout en se défiant de la grossesse ou de la maladie vénérienne, de ne pas compter les coups. La femme se doit d’être insatiable et l’homme inépuisable. La chambrière fait moins d’histoires que la dame, le forgeron est plus convaincant que le cocu de mari. À chaque époque ses lieux de prédilection. Le pré. Le boudoir. Le bordel, dans lequel Saint-Amant entre “d’une démarche grave”. La rue. La chambre et le mobilier familier qui restent gravés dans la mémoire, bien des années après. Toujours la crainte d’être surpris et la joie de l’être, puisque c’est dans une page. Plus la “chose” se pratique hypocritement dans la société, plus le poète s’applique à choquer le bourgeois. Pas de Révolution sexuelle à l’horizon cependant, et surtout pas au 19e siècle. Tout cela reste bon enfant, même quand la petite ouvrière s’encanaille à dire, dans les vers de Béranger : Ma mère avait raison, je l’vois, Not’bonheur est au bout des doigts. L’érotisme du dire Le véritable bonheur de l’amour, hors celui de le faire, est de le dire. C’est pour cela que la poésie est à la fête, tant qu’elle ne cède pas aux prestiges de l’autodestruction. C’est la poésie qui devient bandante, qui “arque”, fait au 16e siècle un jeu de mots sur les trous, avec le jeu de billard appelé “trou-madame” (Raoul Fornier). La poésie qui s’ouvre des passages vers le sublime en délaissant les clystères pour l’autre déduit. Du paillard au grivois, du juron à la caresse élaborée, l’énergie vitale qui passe dans les mots fait la nique au néant et donne des coups de trique à l’absurde de l’existence, dans un grand (et gras s’il le faut) éclat de rire. Cet érotisme du dire est d’autant plus aisé qu’il y a de l’autorité à transgresser, ou de la censure. Le véritable ennemi, c’est la mort, quand bien même cette censure ultime a toujours gagné d’avance. La poésie est plus forte que la mort. C’est une de ses définitions. Et pour le vérifier, un des plus beaux cadeaux que nous fait ce livre est de nous permettre de redécouvrir le surréalisme. Pas la contrepèterie des “rouilles encagées” de Péret. Pas le corps de garde que Breton ou Aragon, dans leurs études de médecine, ont pu fréquenter. Une Théorie de l’amour. Des exercices pratiques et poétiques. L’amour pour illuminer les vies, faire rougir les vits et les joues de la partenaire, loin du mortifère des cliques et de la mise en scène des claques. L’art ce n’est pas le lard, c’est l’amour. On ne se lasse pas, de ce point de vue, des prescriptions surréalistes, signées par Éluard et Breton dans L’Immaculée Conception : “Lorsque l’homme et sa maîtresse sont couchés sur le flanc, s’observant, et qu’elle enlace de ses jambes les jambes de l’homme, la fenêtre grande ouverte, c’et l’oasis.” Ou bien : “L’amour multiplie les problèmes. La liberté furieuse s’empare des amants plus dévoués l’un à l’autre que l’espace à la poitrine de l’air. La femme garde toujours dans sa fenêtre la lumière de l’étoile, dans sa main la ligne de vie de son amant. L’étoile, dans la fenêtre, tourne lentement, y entre et en sort sans arrêt, le problème s’accomplit, la silhouette pâle de l’étoile dans la fenêtre a brûlé le rideau du jour.” Dès ce moment, le poème n’a plus honte de son corps. Sauf erreur de ma part, ce corps n’est toujours pas à vendre. J.-L.D. La poésie n’est pas la forme-vers. Il n’y a pas de “forme-poésie . (Henri MESCHONNIC inVivre Poème, Dumerchez Éd.) V asco Graça Moura, député européen, est en poésie l’une des voix majeures du Portugal actuel. Nous avons rendu compte dans le numéro de mars dernier d’Aujourd’hui Poème de son livre Une Lettre en hiver, traduit et préfacé par Joaquim Vital aux Éditions de La Différence, édition bilingue, qui obtint le prix Max Jacob étranger 2007. Lionel Ray (L.R.) : Votre œuvre est multiforme – essais, romans, chroniques, traductions et surtout poèmes. Si vous le voulez bien, arrêtons-nous un instant sur votre travail de traducteur. Vous avez traduit Villon, Rilke, Lorca, Ronsard, Dante, Enzensberger, Shakespeare, Ekelöf, etc. La poésie n’a pas de frontière : votre belle insistance à passer la barrière des langues en est l’illustration. Y a-t-il un infléchissement de votre œuvre personnelle et un enrichissement qui doivent quelque chose aux œuvres que vous avez examinées ? Traduire, est-ce une appropriation ? et si la poésie est l’inimitable même, est-ce la tentation d’imiter l’inimitable ? Le dialogue des langues Vasco Graça Moura (V.G.M.) : Il y a surtout un dialogue avec des œuvres littéraires qui m’ont fort impressionné et dont le texte m’accompagne depuis de longues décennies. Je traduis pour mieux connaître une œuvre ou un auteur. Pour mieux connaître ma langue. Pour mieux me connaître. En même temps, pour m’adonner à une sorte de corps à corps avec une langue étrangère dans ses modalités de passage littéraire vers la mienne. Sauf pour les Lettres à un jeune poète, de Rilke, je ne traduis que des vers et en vers, essayant de garder toutes les caractéristiques du texte original (mètres, rimes, strophes, etc.). C’est ce qui m’a fait traduire récemment Bérénice, Phèdre, Andromaque, Le Misanthrope, Le Cid et … Cyrano de Bergerac. Le texte de Rostand s’est révélé le plus difficile dans ce corps à corps… Traduire est en effet une appropriation. Je me considère comme une sorte d’auteur de seconde main, mais auteur quand même des textes que je présente comme des traductions et je les signe comme auteur. Dans mon œuvre personnelle, quoiqu’elle ne puisse être jamais confondue avec celle des auteurs que j’ai transposés en portugais, il y a des allusions inévitables, d’ailleurs en général très conscientes, à tout ce patrimoine accumulé, parfois même des pastiches plus ou moins ironiques. Par exemple, après avoir traduit les Testaments de Villon, j’ai écrit le testament de vgm, en octosyllabes, avec des rondeaux et des ballades intercalés, des tirades en argot, essayant d’apprivoiser les traits les plus saillants de mon modèle. Et après l’avoir écrit, je l’ai traduit en français, tout en essayant de garder les mêmes traits. Ça a été une expérience très intéressante… Mais souvent il arrive que je redonne aux poètes traduits des expressions portugaises qui ont été frappées par nos auteurs. Avec Ronsard, Pétrarque et Shakespeare, par exemple, j’ai parfois adopté des tournures et des tics très reconnaissables chez nos auteurs du XVIe siècle. Avec Gottfried Benn, çà et là, il m’est arrivé d’utiliser des expressions qui rappellent, par allusion, Pessoa… Quant à la tentation d’imiter l’inimitable, l’unique, il est vrai qu’il y a cette hantise d’une identification dans mon travail de traducteur. Mais j’ai toujours conscience que c’est un travail plus périssable que les autres. En général, une traduction ne tient pas plus de vingt ou trente ans. Après, elle devient démodée, elle ne satisfait plus. Peutêtre parce que la langue de réception évolue d’une façon imperceptible dans cette période et aussi parce que le traducteur, comme le faussaire, est surtout sensible à la lecture VASCO GRAÇA MOURA Entretien avec Lionel RAY que ses contemporains, que son temps, font de tel ou tel auteur et finit par mettre en relief ce que son époque lit chez eux… Une furieuse passion L.R. : Dans la lettre qu’il vous adresse en préface de Une Lettre en hiver et autres poèmes, Joaquim Vital, votre traducteur, attire notre attention à juste titre sur “le parfait dosage du narratif et du lyrique“ dans votre œuvre. Et ce dosage, dit-il “rend tangible la furieuse passion qui vous habite.” Cette formule (furieuse passion) m’en rappelle une autre, qu’on trouve chez les Anciens grecs et latins, relayés par nos poètes de la Renaissance (Du Bellay par exemple) c’est “la fureur poétique“ qui serait à la source de l’acte d’écrire. De quoi parle-t-on, selon vous, lorsqu’on parle d’inspiration ? dans quelle mesure est-elle liée à la circonstance (choses vues, lectures, souvenirs, événements) et comment cela s’articule-t-il à ce qu’on pourrait appeler la “circonstance intérieure”, ce qui est de l’ordre de la vie privée (rêveries, fantasmes, images à la limite du conscient et du subconscient) ? V.G.M. : Il s’agit d’un vers d’Eugenio Montale, la furiosa passione per il tangibile, que je me suis appropriée. Moins les fureurs héroïques à la façon d’un Giordano Bruno dont vous parlez que d’une certaine recherche obstinée du concret qu’il y a autour de nous. Il m’est difficile d’accepter la notion d’inspiration. Comme je ne sais plus qui, je parlerais plutôt de 90 % de transpiration et de 10 % d’inspiration. Je crois surtout à la technique, au métier. Mais il me semble aussi que toute création artistique est autobiographique, même si elle entraîne des simulations et des données faussées. J’ai coutume de dire que la poésie est ma forme verbale d’être dans le monde. La substance de ma vie n’est pas faite de la parole poétique, mais la parole poétique contribue à la qualifier là, où je ne peux pas me passer de la création artistique pour me justifier et me comprendre en tant qu’être humain. Ce qui veut dire que, prenant mon bien où je le trouve, j’essaye de transformer ma vie en littérature, à partir de situations, de données de fait, d’expériences vécues et de simulations, d’exactitudes et d’inventions, du réel et de l’imaginaire, d’oscillations et de renvois entre le vrai, le vraisemblable, le possible, l’impossible et le faux. Je crois aussi que toute forme de création existe par rapport à un tissu culturel qui nous vient depuis la plus lointaine antiquité jusqu’à la création contemporaine la plus récente et qui prend incessamment des formes multiples. La langue que chacun de nous parle en est d’ailleurs la première manifestation, avec tous les sédiments et tous les vestiges culturels qu’elle transporte. Je ne peux donc comprendre mon travail littéraire que si je considère ces coordonnés multipolaires qui font qu’un tableau, une sculpture, une pièce musicale, un film, une photogra- franchissons les frontières phie, d’autres textes enfin interfèrent dans la production littéraire. Pour reprendre et adapter une formule célèbre de John Donne, “nulle création artistique n’est une île en soi”... dans cette pratique acharnée de la poésie où temps et mémoire, surtout un temps historique et un temps individuel, une mémoire culturelle et une mémoire personnelle se retrouvent dans la dynamique verbale très particulière du poème. De l’émotion et de l’identité L.R. : Vous connaissez ce titre de Pierre Reverdy : “Cette émotion appelée poésie”. De quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’émotion ? Celle qui déclencherait l’écriture du poème ? Celle que suscite le poème ? Vous dites penser “à l’écart de l’émotion immédiate” (page 141) et vous parlez ailleurs d’une “impartialité irréductible”, pourriez-vous préciser votre position ? V.G.M. : J’ai retenu de Reverdy une autre formule qui m’intéresse beaucoup : “la poésie met le langage en état d’émergence”. Je crois que l’émotion appelée poésie en découle. C’est quelque chose à laquelle on aboutit dans le poème, pas avant de l’avoir écrit. Une émotion peut avoir été ressentie mais elle ne donne pas pour autant un poème. Il faut qu’elle soit récupérée en termes littéraires, il faut donc que soit transposé l’écart entre le vécu et le travail créateur afin qu’on parvienne à cette irréductibilité, qu’elle devienne quelque chose d’impersonnel quoique présentée comme vraiment ressentie par le sujet de la voix qui parle dans le texte. Autrement elle ne serait pas partageable avec “l’hypocrite lecteur”... L.R. : Un poème de vous (entre autres) m’intéresse intensément et m’intrigue : Vêpres. Il y est question d’un homme en “blouse blanche obligatoire“ au chevet d’une femme au visage enveloppé de gaze légère, en soins intensifs, et qui lui parle sans qu’elle puisse entendre. L’homme s’éloigne, qui donc est-il ? “c’est comme lorsqu’on voit de la rue quelqu’un / derrière les rideaux dans un courant d’air. Parfois je pense que c’était moi, / parfois je me demande si c’était un autre à ma place, dans une courbe du temps, qui murmurait tout bas des mots oubliés. / mais si ce n’était pas moi, comment ai-je connu cette voix émue / glissant jusqu’à devenir inaudible / en dehors du cœur ? et si c’était moi, comment ai-je pu / parler de façon si intérieure, si effacée ?” La question de l’identité ici étrange, celle de la conscience double, du “Je est un autre”, est ici posée en relation avec celle de la parole qui échappe, comme venue d’un autre que soi. Ce problème identitaire (qui était-ce ? dites-vous), ne croyez-vous pas qu’il est central, fondamental, au cœur de toute poésie ? Qui parle dans le poème ? V.G.M. : Ce poème est un très bon exemple de ce que je viens de dire. Il est basé sur l’expérience personnelle de la visite à l’hôpital à une femme que j’aimais beaucoup et qui était très malade. L’utilisation de la troisième personne du singulier est déjà une façon de détacher la situation présentée de moi qui l’avais vécue. Je ne doute pas que le lecteur reste persuadé qu’il s’agit d’un autre que moi. Mais, en même temps, il sait qu’il est devant une sorte de dédoublement, de quelque chose qui le met à l’aise dans l’étrangeté d’un rapport avec des interrogations presque d’un ordre “cosmique“ vers la fin du texte, qu’il peut mieux s’introduire et s’identifier lui-même dans l’univers de souffrance aseptisée que je décris et partager aussi une modalité de l’indicible devant cette situation. Ce “qui était-ce ?” le met en rapport avec lui-même, à mon avis. “l’orée inquiète des choses” L.R. : Dans l’un de vos livres, L’ombre des 5 figures (1985), vous dites : “l’écriture est l’orée inquiète des choses, / l’ombre des figures.” Pourriez-vous préciser ? V.G.M. : Ce livre est de 1985. J’essayais alors de pratiquer une sorte de traversée des plis de la réalité, d’abordage de cette réalité à partir de l’ombre projetée par les êtres et les objets dans une zone plus ou moins crépusculaire de l’existence. Alors l’écriture surgissait comme une sorte de contour que je mettais ou retrouvais autour de mes sujets, de ces figures, une sorte d’orée verbale, de marge disponible ou retrouvable entre elles et qui pouvait être explorée dans l’inquiétude créatrice. Ce livre porte une citation de Tertullien en épigraphe : de umbra transfertur ad corpus, id est de figuris ad veritatem qui peut éclaircir cet écart entre des figures précaires et la vérité poursuivie. Dans le poème que vous citez, je commence par un titre qui est lui-même une allusion aux Métamorphoses pour 23 instruments à corde de Richard Strauss, une sorte de variation sur la Marche funèbre de l’Eroica de Beethoven, pour passer ensuite à une méditation sur des plantes dans le silence et la quiétude d’une serre, terminant par la question des limites qui se posent à l’être humain quand il s’interroge sur lui-même. L.R. : Vous évoquez souvent dans vos poèmes des peintres, des tableaux, Ucello, Piero della Francesca, Giorgione (“Le concert champêtre”) etc. La peinture italienne plus que toute autre a votre faveur. Pourquoi ? quelle leçon la poésie peut-elle retenir de la fréquentation des maîtres italiens ? La poésie elle aussi donne à voir, “d’autres intensités bouleversantes” comme vous dites… par d’autres moyens. Une relation intime existe entre les deux arts, laquelle ? on ne sait trop… V.G.M. : J’ai une propension pour l’ekphrase, pour la représentation verbale d’une œuvre visuelle depuis mon premier livre. Cette tendance à parler dans le poème d’autres domaines de la création artistique s’est élargie, surtout avec la musique, mais aussi avec la photographie et le cinéma. Ce n’est pas une attitude systématique. Il m’arrive que les choses se passent ainsi. Quelle est mon intention ? Je crois qu’il s’agit d’incorporer d’autres vestiges, d’autres procédés de la création, d’autres “travaux” dans mon travail poétique. Des choses que je sens le besoin de reprendre avec mon outillage spécifique et personnel. C’est aussi une forme de traduction. J’utilise des méthodes très variées. Il m’arrive d’essayer des équivalents descriptifs, des transpositions métaphoriques, des similitudes structurelles, des points de départ conceptuels. Une fois, et sans rien connaître en théorie musicale (quoique je sois un auditeur passionné de musique), j’écrivis même un poème d’après une analyse musicale très poussée d’une fugue et des procédés contrapuntiques de J. S. Bach… Pour ce qui est des peintres italiens, c’est surtout leur aventure plastique au moment de la Renaissance qui m’intéresse. Piero della Francesca est l’un des inventeurs de la perspective tridimensionnelle (une autre forme de simulation sur les propriétés de l’espace…) et je suis convaincu que cette invention est l’une des notes les plus spécifiques de notre civilisation européenne. Je parle de sa Flagellation dans un long poème (une lettre en hiver) aussi parce que ce texte est une méditation sur l’Europe. L’expérience du contact avec les autres arts est aussi une expérience incorporée dans la vie que je considère des plus importantes pour ce qu’il peut exister d’ “autobiographique” dans mon écriture. C’est aussi une variante du ut pictura poesis… (Propos recueillis par Lionel Ray) Et toujours dans le poème quelqu’un tente de faire escorte avec le sacré et les images de la souillure. (Pierre DALLE NOGARE inVisages de l’écriture de Louise LEROUX, Le Hameau Éd., 1985) chronique 6 “DU DESENCHANTEMENT” . Faut-il signer le pacte avec le diable ? par Paul Louis ROSSI Le Docteur Faustus... J’ai relu, ces jours derniers Le Journal du Docteur Faustus, de Thomas Mann. Il est réfugié aux États-unis, et il vient de se faire opérer, en 1946. À son réveil, après l’opération, il se met à parler en anglais, à l’encontre de toutes ses habitudes. Et même, il se lamente : - It was much worse than I thought... I suffere too much ! - Cela est pire que je pensais. J’ai trop souffert... L’écrivain ajoute : - Aujourd’hui encore je me demande quel sens avait cette insanité. De quoi parlais-je ? Puisque je n’avais rien senti ! Thomas Mann vient de terminer l’histoire du Docteur Faustus. C’est un musicien moderne. Probablement Schönberg, qui lui a servi de modèle. Schönberg devait être furieux. Mais Thomas Mann avait consulté Adorno, et il s’est aussi servi de Hugo Wolf, et surtout de Nietzsche. Donc ce musicien Adrian Leverkuhn dans le roman - qui veut opérer une révolution dans la musique, signe un pacte avec le diable, dit le Noir Kesperlin. Le diable est un personnage assez minable, vulgaire, genre voyageur de commerce, marchand de cravates. Mais il répand autour de lui un froid intense. “Dies irae”, dessin de MELOIS, Décembre 2007 Les Casidas... Il me semble que le corps doit fabriquer ses propres moyens de défense. Comme l’intellect ses antidotes. Je ne crois pas au discours poétique, mais je possède plusieurs formules de magie - tout à fait dignes de confiance - que me soufflent les Caspulinas. Voilà pourquoi j’ai inventé une variation des Casidas. Forme arabo-andalouse, d’origine préislamique. La mienne forme compte sept distiques. Ce qui la rend proche du sonnet, et même de la structure du blues. Ma véritable inspiration vient de Garcìa Lorca. Mais à la vérité ce n’est pas le Divan du Tamarit - où sont les Gacelas et les Casidas - qui m’a donné cette idée, mais un texte du Romancero. Une Romance de l’Assigné que je puis citer : La Modernité... Faut-il signer avec le diable le pacte de la modernité ? Ce n’est pas l’avis de Thomas Mann. Il est du côté de Wagner, et de Goethe. Mais pour nous, la question ne se pose plus en des termes strictement artistiques. J’en ai souvent parlé, nous sommes condamnés à la modernité, à la force conquérante du monde, qui n’en finit plus de nous admonester. De quoi vous plaignezvous, puisque vous avez tout ? Quittez vos oripeaux, quittez la peinture, quittez la musique, oubliez la philosophie. Abonnezvous à l’élan vital du monde. Abandonnez la Francophonie. Abandonnez la langue française - langage inepte - trop compliqué pour le négoce. La Musique... Jean-Yves Bosseur est un disciple de Stockhausen, il m’a demandé de faufiler dans le texte, pour les choristes, des passages traduits en langues étrangères. J’ai donc ajouté de l’espagnol, de l’italien, et même une traduction en galicien d’Emilio Araùxo, ainsi que des passages en portugais du Brésil dans la Casida de l’amoureuse : Tu peux couper si tu veux les lauriers-blancs du patio. Peins une croix sur la porte et mets au-dessous ton nom car la ciguë et l’ortie de tes côtés sortiront... L’Amoureuse : Par le creux de l’oreille ouverte rendez- moi sourde et que je pénètre... Texte d’une sévérité toute romaine. C’est pourquoi l’une de mes Casidas se termine ainsi : Le Récitant : Pela concha da orelha deixe-me surda e que eu penetre Na vossa boca cerrada... Loin des sorts le réprouvé dort sommeil sans effort de celui Qui a rayé l’avis du Garde Civil et jeté les rêves au dehors Un Opéra... J’ai pensé à cette Ethnie de la Papouasie. Le territoire recèle une mine - de cuivre sans doute - et la contrée, et ses habitants, sont déjà vendus à l’Australie, ou au Chili. Peu importe, puisqu’ils ne le savent pas, qu’ils sont vendus. Et nous le savonsnous ? Chacun peut comprendre cela, que le réveil sera brutal. Il s’agit de la notion du plus grand plaisir, avant la chute. C’est ce que Freud a formulé : Malaise dans la culture - Malaise dans la civilisation. Chaque nouveauté, chaque découverte, chaque progrès, chaque œuvre nouvelle ne peut susciter que du déceptif, ne peut déclencher qu’une dose d’angoisse supplémentaire. Je n’ai qu’à ouvrir ce matin une brochure. C’est Marcel Gauchet qui écrit : “Sommes-nous vraiment condamnés sans espoir de retour à l’agitation immobile et à l’agonie perpétuelle des morts-vivants de la post-histoire ?” en resterait muette. Le prêtre - Par l’oreille ? La Possédée - Par la tête et les pieds, par les cheveux, la main ! Le Prêtre - Par les pieds. Par les yeux par la bouche. Tu ne veux pas sortir. Ah ! Démon. À partir des Casidas, j’ai composé un Opéra de poche pour le musicien Jean-Yves Bosseur. C’est ainsi que la Casida du démon se présente, avec les Caspulinas : Le prêtre ébauchait des gestes fous chacun croyait découvrir le Démon dans son proche voisin Les Caspulinas devaient cesser leurs attouchements Le Prêtre - Démon par où veux-tu sortir ? par les yeux ? La Foule - Pas par les yeux - Nous en serions aveugle ! Le Prêtre - Démon ! par où veux-tu sortir. Par la bouche ? La Possédée - Non pas par la bouche. Elle Ce que je remarque, c’est le côté remuant, la capacité spontanée du Français à sortir de ses gonds. Ici en quelques mots, la référence à la littérature et la musique allemande, la langue du Brésil, la Galice et le Pays des Basques. Il est évident que nous ne sommes pas faits pour rester camper dans notre territoire. Nous sommes, depuis l’origine, prodigieusement inquiet du Monde. J’ai noté dans une autre histoire que le Grand Khan, vers l’an 1287, propose à Philippe Le Bel cent mille cavaliers pour l’aider à combattre les Turcs. Le Rang... De mes ascendances bretonnes, je garde le goût du rang. Dans la société, dans l’art, dans la littérature et la poésie : chacun garde son rang. Je pense au passage de Michelet que l’on trouve dans l’Histoire de la France. Il signale qu’il y avait en Bretagne quatre évêques mariés : ceux de Quimper, Vannes, Rennes et Nantes - leurs enfants devenaient prêtres et évêques - celui de Dôle pillait son église pour doter ses filles. Il doit ajouter cette phrase admirable : Les femmes pouvaient recevoir un évêché en dot, et lors des cérémonies, la compagne du prêtre marchait auprès de lui jusqu’à l’autel. Il pouvait même arriver que l’épouse de l’évêque disputât le pas à la femme du comte. C’est pourquoi il me semble que nous avons à tâche de préserver le rang de notre langue. Le rôle du français dans le monde. Pour moi cela ne se discute pas. Les littérateurs, les écrivains - bien sûr - et les poètes - sans doute - les chroniqueurs certainement, devraient s’attacher à ne pas laisser dépérir notre beau langage. Pour cela, c’est évident, il faut cesser de courir après le lièvre de la modernité, elle s’épuisera d’elle même dans l’orgie des publicités et des excès du commerce. Sommes-nous en état d’hibernation, ou de somnambulisme, puisque nous ne reconnaissons plus notre douleur. Les Langues minoritaires... Après cet éloge de fidélité au langage français, il faut malgré tout reconnaître, au fond, que ma véritable vocation serait d’être le défenseur des langues minoritaires. J’ai cité le galicien, le gaélique, le cornique, l’italien de Sardaigne. Cela devrait corriger notre tendance hégémonique. Mon idée cependant, est qu’il ne faut pas négocier en position de faiblesse. Pour la suite des Casidas, j’ai longuement paraphrasé l’histoire de la Chasse aux Sorciers dans le Pays Basques, en 1609. Avec le juge De Lancre - de Bordeaux - qui envisageait de brûler quatre mille sorciers et sorcières, et qui a assassiné le vieux prêtre tondu d’Arguibel. C’est pourquoi j’ai consacré à Gratiane - sorcière insigne - qui s’envolait au banc de Terre-Neuve pour couler les navires de Marticot Miguel de Siboro, plusieurs strophes de mes poésies : Elle voulait le vent clément partir contre lui appelant pour Qu’il vienne avec ses dents mordre les barreaux de sa cage Le vent évitez de le maudire gardez-le pour le supplice Et qu’il boive par la bouche avec vous la douleur du temps P.L.R. Au fond les vrais voyages sont immobiles Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. (Guy GOFFETTE in Partances et autres lieux, Gallimard) chronique 7 Les Parvis Poétiques marc delouze . L’ère du chagrin ? vous convient à une lecture-rencontre avec Annie COHEN et Huber HADDAD “la poésie au corps” à propos du Désenchantement de la littérature de Richard MILLET par Marie ÉTIENNE Musique : Eugénie Kuffler (flûtes et multi instruments) dimanche 27 janvier à 16h45 P endant que nous nous affairions à mille tâches surhumaines, travailler pour manger ou l’inverse, à mille tâches éblouissantes, aimer puis rompre puis aimer, fabriquer un enfant, bâtir une maison, le monde, sans le dire, se mettait à changer. Un beau jour, alors que nous prenions le temps, enfin, de regarder autour de nous, “Tiens, tiens, plus rien n’est comme avant !”. Ce qui avait alimenté nos rêves, ce pourquoi nous avions bandé toutes nos forces n’existait (presque) plus. Où étaient les cénacles dont nous voulions faire partie, les êtres rares que nous cherchions à rencontrer, les revues prestigieuses où s’échauffaient ce que la France comptait de beaux esprits, et surtout les Maisons où nous pensions être accueillis, un jour, quand nous aurions donné assez de preuves de talents. Le ciel avait cessé d’être ouvert, au-dessus de nos têtes, un couvercle de plomb semblait le remplacer, soudain chacun se ressemblait, il proférait les mêmes mots, professait les idées convenables, gare à ceux qui tentaient de simplement penser. Là où la guerre n’avait pas lieu, où les esprits les moins faits pour s’entendre s’entendaient néanmoins sans efforts, c’était pour déconsidérer ce qui restait encore en France d’intelligent et d’inventif. Car il restait, il reste, des trésors de talents, de savoirs -- de même que la terre, notre chère planète, conserve quelques richesses. Encore faut-il les voir et, pour cela, cesser de regarder ailleurs, de préférence en direction des USA, où, comme chacun le sait, les entreprises entreprennent, les journaux disent la vérité, les écrivains savent écrire. Dans ce contexte calamiteux, une quarantaine de romanciers de langue française édités à Paris, loués par la critique (et qui, par conséquent, auraient dû se montrer satisfaits de leur sort), ont prétendu, en mai dernier, donner à leurs pareils la leçon de leur vie, et reprenant en chœur les clichés qui ont cours, ils se sont écriés : cessez de regarder votre nombril, devenez les héros d’une littérature-monde. Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est, une littératuremonde ? Ils auraient dit “européenne”, j’aurais compris, même applaudi, car l’Europe, on connaît quand on est écrivain, on était même plus fort avant, pour franchir les frontières, échanger des idées, des modes différents de peindre, d’écrire, ou d’inventer. Eh bien, non, dans l’esprit des quarante, il s’agissait rien moins que du monde en entier. Pour mieux s’y diluer ? Soyons sérieux et revenons à nous, n’y a-t-il donc personne en France apte à nous reposer des Mailer et des Roth, qui exprime, autrement, autre chose ? Pas un seul Modiano, ou Quignard, ou Michon, pas une seule Cixous, pas un seul Bonnefoy, du Bouchet… ? La liste serait longue, de ceux et celles que nous aimons. Et parmi eux, Richard Millet, qui publie ces temps-ci une réflexion sur le sujet, Désenchantement de la littérature (1). Il s’y exprime comme s’il n’avait plus rien à perdre, c’est-à-dire, sans ménager personne, pas même lui, avec l’emportement propre au stylite, debout sur sa colonne, dans le désert. Son style, mot qu’il préfère, à juste titre, à “écriture”, rappelle celui des grands Chrétiens du début du XXe (on pense surtout à Léon Bloy), une élégance incandescente dans la profération qui laisse un goût de jugement dernier. Il se dit “seul, démuni mais soucieux de rectitude” et se crée de nombreux ennemis, signe pour lui de vérité. Trop souvent on réduit les auteurs en se focalisant sur quelques-uns de leurs propos, les enfermant dans l’idéologie qui prend alors la place de la littérature. On les juge sans les lire, on scrute leurs écrits pour instruire leur procès. Or l’écrivain est justement, quand il mérite ce nom, quelqu’un dont la pensée échappe aux lieux communs et qui accepte de s’opposer comme de se contredire, qui admet les nuances autant que les excès. Richard Millet est de ceux-là. Nous devrions lui savoir gré d’exprimer ce qu’il pense, quitte ensuite à débattre, à prendre nos distances, à trouver, par exemple, d’autre origine au désenchantement de la littérature. Mais voyons de plus près quelles sont ses hypothèses. Au lieu de s’élever, comme on le fait souvent, contre l’abaissement de tout en France (éthique, esthétique, politique), il stigmatise un mouvement qui affecte l’ensemble du monde occidental, ce qui est bien plus juste. À l’ère du mondialisme, pourquoi s’en prendre, uniquement, à l’Hexagone ? “Dans un monde qui aurait perdu le sens même du sens, un monde où tout se vaudrait (le minuscule le grand, le bas le haut, le déviant la norme, le mélange la pureté, l’exception la loi, selon la jurisprudence perpétuelle de l’individuel), ce qui s’annonce comme valeur nouvelle n’est que le recyclage de l’ancien débarrassé de sa charge signifiante”. Comment, à ses côtés, ne pas s’interroger sur le statut de la fiction quand la fiction due au mensonge remplace le réel, comment ne pas être désenchanté, à constater qu’a de moins en moins cours la dialectique indispensable entre la tradition et la modernité “en tant qu’elles se combattent et se nourrissent l’une l’autre”, qu’elles nous fournissent “la possibilité d’être tout à la fois le contemporain de l’illisible, de langues mortes, de textes imprononçables et néanmoins extraordinairement parlants” ? Ce qu’il fustige, c’est la position moralisante, le mot d’ordre idéologique “en un mouvement qui mêle la repentance historique et les nécessités économiques”, et aussi “le refus de nommer, de voir, de dire, de juger, frilosité si caractéristique de la littérature française d’aujourd’hui”. Ce qu’il regrette, c’est la prééminence de la littérature anglo-saxonne au détriment des littératures nationales ; la disparition, partout, des grands écrivains, aux États-Unis, “parce que la littérature ne s’y perpétue que sur le mode du savoir-faire”, et que les Américains n’ont jamais accepté leurs “vrais écrivains, Poe, Melville, James, Faulkner” ; en Angleterre, parce qu’on se retourne vers le XIXe siècle ou surestime les écrivains venus de l’Inde, du Pakistan ; en France, parce que la langue se perd, et, avec elle, une manière particulière de rendre compte, de “présenter le monde”. Comment lui donner tort quand il estime que nous avons remplacé le péché originel par la culpabilité historique ; que le fameux choc des civilisations (“lesquelles, on le sait, se prennent le meilleur les unes aux autres”) n’est que luttes d’intérêts ; et que l’Europe n’est qu’un reflet des États-Unis, en sorte que la solution serait, pour un Français, de s’en aller aux USA pour “y donner la version anglaise de sa langue natale” ? Ironie salvatrice qui le fait s’insurger contre une littérature de langue française prétendument du monde parce qu’elle serait d’ailleurs qu’en France ; et citant Rilke, contre une américanisation qui transforme les États-Unis en un “arrière-pays imaginaire de l’Europe”, c’est-à-dire en un éternel téléfilm américain. Certes on peut diverger, discuter, voire s’insurger comme certains, lorsque Richard Millet propose des solutions et des explications au désenchantement, quand il souhaite, par exemple, que chaque peuple demeure à l’intérieur de ses frontières, avec ce que cela implique: pas de mélange ethnique, ni religieux. Ce qui réduit l’analyse des faits et du même coup les chances d’une solution au désarroi qui est le nôtre. On ne peut pas penser en dehors du présent, du mouvement qui porte actuellement l’humanité, de plus en plus rapidement, vers un possible terrifiant. Alors, céder à “un surcroît de désillusion”, “rire dans le pire comme Kafka”, “se désolidariser, voire rompre ? Jouer le dangereux et l’excessif ?”, N’être plus “qu’un lecteur dépossédé de sa fable”, ou un petit enfant qui chante dans le noir le désastre initial, le Paradis Perdu ? On peut rester sceptique et refuser l’idée que la littérature va disparaître. Mais le danger est grand, il faut le reconnaître, le salut, certes pas, dans l’adhésion aux fausses valeurs, à la littérature-monde dont nous avons parlé, c’est-à-dire hors frontières, hors racines et sans identité. Même trop court (parce qu’issu d’un texte écrit pour une conférence à la Bibliothèque Nationale), le Désenchantement de la littérature est un livre qui provoque et qui ose. En cela salutaire, diablement stimulant. M.E. Chez Gallimard, où Richard Millet fait également paraître, Place des pensées. Sur Maurice Blanchot, tandis que le Mercure de France publie, toujours de lui, L’Orient désert, et L’Archange minotaure, une pièce de théâtre, Tombés avec la nuit. (1) Fond’action Boris Vian (6bis Cité Véron, 75018 Paris au niveau du 92 bd de Clichy, M° Blanche) Renseignements : 01 42 54 48 70 - [email protected] - www.parvispoetiques.fr) Entrée et participation au frais libres À l’issue de la lecture, nous nous retrouverons autour d’un buffet (chacun peut apporter un petit “présent de bouche”) Avec le soutien du C.N.L., de la DRAC-Ile de France, de la Mairie de Paris et de la Mairie du 18e arrondissement ---------Annie Cohen est née en 1944 à Sidi-belAbbès en Algérie. Elle vit à Paris. Elle a publié une vingtaine d’ouvrages, romans ou récits/poèmes : Le Marabout de Blida (Actes Sid, Folio), Les Cahiers bleus, La langue blanche des rouleaux d’écriture (Éd. du Rocher), Bésame Mucho, La dure-mère, et Géographie des origines (Gallimard, 2007). Elle mène parallèlement une activité plastique : gouaches, dessins à l’encre de Chine, rouleaux d’éciture, exposés à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon en 1983, puis à Beaubourg en 1991. Derrière la porte se construit la fiction, conflictuelle et intime. C’est en fermant les yeux que je vois. Sait-on vraiment où l’on va chacun dans son silence ? Qu’est-ce qui pourra vous arracher à la torpeur ? Saurons-nous sans faillir endurer le tourment causé par tant d’incertitudes ? Personne ne répond. Il fait jour à Paris. Longtemps encore, il fera jour sur Paris. Hubert Haddad est né en 1947 à Tunis. Sa famille s’exile à Ménilmontant au début des années cinquante. Il fonde en 1969 la revue de poésie Le Point d’être dans les marges du surréalisme. Un rêve de glace, son premier roman, paraît chez Albin Michel en 1974. Après vingt métiers de survie, il se consacre entièrement à l’écriture au début des années 1980. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, inspirateur de la collection Double Hache chez Bernard Dumerchez, par ailleurs peintre et illustrateur, il s’attache à tous les genres littéraires, poésie, roman, nouvelle, théâtre, essais sur l’art, la danse contemporaine et la littérature. Derniers livres parus : Le Camp du bandit mauresque, récit (Fayard, 2006), Palestine, roman (Zulma, 2007), Le Nouveau Nouveau magasin d’écriture (Zulma, 2007), Oxyde de réduction, poèmes (Dumerchez, février 2008). je te retrouverai au jardin d’innocence seule et toujours vive éprouvant avec un naturel de statue la force du souffle la lumière sourde des paroles et n’oublie pas d’agiter longtemps sur l’abîme l’atroce éventail d’os le monde aucunement n’est le lieu nous survivrons même à la beauté Bien avant d’être une manière d’écrire, la poésie est une façon d’orienter sa vie, de la tourner vers le soleil levant de l’invisible. (in La dame blanche de Christian BOBIN, Gallimard) hommage 8 Hans ou les songes vécus (supra) : “Dans ce livre comme dans la vie, le rêve est sur le même plan que la réalité, les domaines merveilleux de la veille et du sommeil communiquent de plain-pied, sont aussi vrais l’un que l’autre.” Admirateur également de Gaston Bachelard, avec lequel il entretiendra une longue correspondance – celui-ci lui écrit notamment le 21 avril 1961 : “Chaque jour depuis un mois, je relis l’un de vos poèmes car vous m’ouvrez la porte des songes…” –, Guillaume collabore à ses débuts aux revues La Hune ou Soutes de Luc Decaunes, publie en 1928 son premier recueil Sônes d’Armor, suivi jusqu’en 1939 de cinq autres recueils. ‘Une grande rêverie celtique’ ouis Guillaume, né à Paris il y a tout juste cent ans, le 18 décembre 1907, breton par sa mère, a eu la chance, au rebours de tant de ses compatriotes exilés loin de leur Bretagne natale, de retrouver ses racines celtiques dès sa prime enfance en quittant la capitale pour être élevé par sa grand-mère dans l’île de Bréhat. Les premières années de son existence, sa sensibilité native seraient donc, outre la fréquentation des marins et des pêcheurs de Bréhat, bercées par le rythme ample des marées, le souffle âcre du grand large, l’odeur de cet océan dont les rochers battus par les flots, les plages ourlées d’écume irrigueraient continûment son œuvre à venir, de même que ses veillées seraient frappées du sceau des légendes d’Armorique que lui conterait son aïeul. “Une grande rêverie celtique l’habite” dira de lui Jean Follain. L De Max Jacob à l’École de Rochefort Le grand tournant dans la trajectoire poétique de Louis Guillaume interviendra en 1941 lorsque celui-ci, qui entretenait une correspondance régulière avec Marcel Béalu, lui rend visite à Montargis où le poète qui allait s’avérer l’un des plus grands écrivains de littérature fantastique de son temps – Un chant poétique ininterrompu Sur son enfance à Bréhat, Louis Guillaume écrira des pages émouvantes que n’aurait pas reniées son frère en “celticité” Per Jakez Hélias : “En ce temps-là, je parle d’avant 1914, Bréhat ne possédait ni l’électricité ni l’eau courante, et l’on faisait encore sécher les bouses de vache sur les murs pour se chauffer l’hiver. Je me souviens des grandes flambées de “puluch” (aiguilles de pin) dans la cheminée, tandis que la lampe Pigeon veillait sur la table. Bréhat était l’île des chaumières et les fleurs poussaient jusque sur les toits. Pour arriver dans ce Bréhat, il fallait prendre soit la Marie-Joseph à Paimpol, soit le Pétrel à l’Arcouest. Avec ses murs gris, constellés de fleurettes, son air grave et replié sur luimême, le bourg ressemblait autrefois à un vrai bourg d’Armorique. Dans les débits, on servait des bolées, on entendait parler breton. On ne parle plus breton aujourd’hui à Bréhat.” Si le poète est avant tout le chantre de la mémoire du monde, cette caisse de résonance à travers laquelle, telle une conque marine qui emprisonne la rumeur assourdie de l’océan, en tendant l’oreille on peut entendre le chant ininterrompu de “l’humanité traversée par son cortège de créations comme la permanence de ses rêves” (André Malraux), Louis Guillaume n’aurait pas été sans doute ce poète habité, sans doute n’aurait-il pas écrit ce roman onirique, d’une beauté étrange qu’est Hans ou les songes vécus (Subervie ; 1958), sans cette profonde imprégnation de la culture celtique, à l’instar d’un Per Jakez Hélias avec lequel il devait nouer une aussi durable que profonde amitié. Dès lors, habité par cette grande rêverie celtique, profondément nourri dans toutes ses fibres par la parole des ancêtres, des légendes de marins comme par celles du cycle Arthurien des Chevaliers de la table Ronde, Louis Guillaume allait bâtir, recueil après recueil, une œuvre d’une rare unicité. Pour le poète qu’il était l’homme n’est, en dernière analyse, qu’une fragile et provisoire respiration, une très mince paroi entre la vie et la mort. Sa poésie ne dirait jamais que cela. Elle le dira sans élever outre mesure la voix avec une volontaire et tenace humilité, respectant dans le langage sa primauté essentielle et célébrant dans l’homme son irréductible part de rêve. “Sa poésie, il ira la cueillir, devait écrire à son propos Georges-Emmanuel Clancier, là où elle semble jaillir spontanément, c’est-à-dire dans l’émerveillement comme dans l’angoisse d’être au monde, dans l’éveil de l’humain, sur le chaos de l’histoire, dans la lumière simple et prodigieuse du jour, au bord d’une haie, au creux d’une vague. Il l’affrontera encore dans la houle autour de l’île de Bréhat et dans cette autre houle irrépressible comme celle de la mer : la houle du rêve en nous et hors de nous.” LOUIS GUILLAUME, le rêveur éveillé par Bernard MAZO L’un des exemples les plus éclairants du propos de Clancier apparaît dans le poème Il y a qui figure dans La Hache du silence (Rougerie) le dernier recueil paru du vivant du poète, la veille même de sa disparition le 25 décembre 1971 : Il y a Il y a en terre noire Des menhirs fourchus Appelés pierres-lyres Qui chantent Au soleil couchant. Il y a dans le ciel Des oiseaux sans ailes Cœurs volants Qui se taisent Quelle que soit l’heure. …………………………. Il y a dans l’ombre Traversant les murs Le silence d’un homme Plus criblé de mots Que le ciel d’étoiles. Jacques Réda, de son côté, avait souligné combien “le ton de sa poésie est celui de la confidence. À la différence de bien des contemporains, il refuse de se laisser entraîner par la dialectique sans issue du poèmedu-poème.” “Les domaines merveilleux du rêve et du sommeil” Parallèlement à cette imprégnation de la culture celte évoquée d’entrée, il faut y adjoindre l’influence profonde qu’ont exercée sur lui les Romantiques allemands, notamment à travers le livre monumentale que leur a consacré Albert Béguin : L’Ame romantique et le rêve (José Corti) faisant siennes ces lignes de Béguin : “Entre les fables des diverses mythologies, les contes de fées, les inventions de certains poètes et ce rêve qui se poursuit en moi, je perçois une parenté profonde.” lorsqu’il écrit en 1958 à propos de aujourd’hui injustement oublié – tenait une chapellerie. C’est au cours de cet été que Marcel Béalu lui fait rencontrer à Saint-Benoît sur Loire Max Jacob. Une complicité immédiate se noue entre les deux bretons, puis une étroite et exigeante amitié qui durera jusqu’à la tragique disparition de l’auteur du Cornet à dès, le 5 mars 1944 à Drancy, une amitié qui se traduira presque quotidiennement par une très belle correspondance – Les Lettres à Louis Guillaume de Max Jacob viennent d’ailleurs d’être rééditées cette année aux Éditions La Part commune (voir page 14, note de lecture de Max Alhau) – une correspondance dont j’extrais une des toutes premières lettres de Jacob à Guillaume : “Combien j’apprécie mes amis […]et leurs visites qui sont ma terre natale à eux seuls […]. Ma vie a commencé quand j’ai eu mes premiers amis il y a quarante ans et elle continuera tant que j’aurai des amis. Je t’embrasse toi le dernier venu et non le moins chéri.” Au même moment, le vendéen Jean Bouhier, pharmacien, journaliste politique, et avant tout poète, qui habite alors Rochefort sur Loire et a rassemblé autour de lui un groupe de jeunes poètes où figurent Marcel Béalu, Luc Bérimont, Michel Manoll, Jean Rousselot, et surtout le très jeune et ardent poète qu’est alors René Guy Cadou, décide avec son ami le peintre Pierre Penon de s’inspirer des peintres qui s’unissaient sous le couvert d’écoles : Fontainebleau, Barbizon, PontAven, pour créer avec ses amis poètes l’École de Rochefort. Jean Bouhier rédige alors un texte théorique intitulé : Position poétique de l’École de Rochefort, puis reprend contact – par-delà la ligne de démarcation et les poètes dispersés – avec René Guy Cadou, Michel Manoll, Jean Rousselot, Marcel Béalu et Louis Guillaume. Chacun y va de son manifeste tel Cadou qui proclame : “Depuis l’armistice on attendait en vain la rentrée des classes. Sortez vos cartables, Poètes ! On ouvre l’École de Rochefort, première classe de poésie… Avant tout, vous autres, ne soyez pas dupes! l’École de Rochefort n’est pas une école, tout juste une cour de récréation.” Louis Guillaume fait paraître dans le n° 5 des Cahiers de Rochefort une suite de poèmes écrits en 1939 et Avril 1940, dont La meule écrit dans le train sanitaire où il avait pris place : Dans la paille des soldats Dans le brouillard des rails Un visage m’apparaît, C’est celui de ma vie. ……………………………… La chaleur unique éteinte Sous les branches cendrées, Il n’est plus qu’un souvenir Qui vaille encore que je vive. La neige est venue couvrir Ma double solitude, La meule couvre au bord du ciel La paille des soldats Disparition de René Guy Cadou L’équipe initiale de l’École de Rochefort s’élargira au fil des Cahiers avec l’arrivée de Maurice Fombeure, Jean Follain, Guillevic, Luc Decaunes, puis la guerre terminée chacun d’eux comme l’écrira Jean Bouhier : “quittera sa province pour se retrouver à Paris à la recherche d’une place au soleil, qui dans le journalisme, qui dans l’édition, etc.” Mais, ajoute-t-il : “Quelques années plus tard, le 20 mars 1951, disparaissait le plus jeune d’entre nous. Il avait trente et un ans, c’était René Guy Cadou. Cette mort nous a bouleversés, mais nous a aussi rassemblés pour célébrer sa mémoire et faire connaître son œuvre.” C’est ainsi que les Cahiers renaîtront sous un nouveau titre : Les amis de Rochefort, où Louis Guillaume fera paraître épisodiquement ses poèmes inédits. C’est l’époque où Louis Guillaume parvient à la pleine maturité de sa voix poétique dans des recueils notamment Noir comme la mer (Librairie Les Lettres,1951) qui lui vaut de recevoir le premier prix Max Jacob. Ce recueil, sans doute le plus accompli du poète, sera réédité en 2002 aux Éditions L’Arbre à paroles. Un autre recueil d’importance : La nuit parle (Subervie) reçoit en 1961 le prix Artaud et vient d’être réédité cette année aux éditions L’Amourier, accompagné d’une très belle préface de Jean-Yves Debreuille. Une voix fervente L’essentiel des thèmes récurrents du poète – la célébration de la nature, l’écoulement bruissant du temps, la distance qui sépare les êtres, la nostalgie de l’enfance et la mort toujours présente – se retrouve concentré dans l’un de ses plus beaux et plus déchirants poèmes au titre éponyme de son recueil le plus achevé : Noir comme la mer dont voici des extraits : Tout ce que je puis te dire À cause de tant de murs, Tout cela qui s’accumule Autour de nous dans la nuit, Il faudra bien que tu l’entendes Lorsqu’il ne restera de moi Que moi-même, à tes yeux caché. ……………………………………. Tout ce que je n’ai pu te dire, Le sauras-tu, sur l’autre bord, Quand nous dormirons bouche à bouche Dans l’éternité sans parole ? À voix feutrée et fraternelle, Louis Guillaume n’a cessé de chuchoter à nos oreilles les secrets qui lient l’homme à la nature et à ses semblables, avec une ferveur sans pareille, célébrant pour nous un monde habitable parce que fondé sur la parole, cette parole qui s’est tue le 25 décembre 1971. B.M. Le Prix 2007 du Poème en prose du 33e Prix Louis Guillaume vient d’être attribuée à Contre- Jour de Robert NÉDÉLEC. Tout poème est une tension vers plus haut vers plus grand quel que soit son contenu. (Eugène GUILLEVIC in Visages de l’écriture de Louise LEROUX, Le Hameau Éd., 1985) L ouis Bertand, mieux connu sous le nom d’Aloysius, auteur de Gaspard de la nuit, aurait eu deux cents ans cette année. Ce qui est un âge respectable pour un poète… À l’occasion de ce bicentenaire qui risquait de passer presque inaperçu un certain nombre de personnes (l’Association pour sa mémoire et la Société des Gens de Lettres, notamment) se sont mobilisées pour sauver sa tombe, située dans le cimetière du Montparnasse. Celle-ci était en effet menacée. La famille de Louis Bertrand s’était éteinte, la tombe était quasiment à l’abandon, son emplacement n’était pas même signalé et la sépulture du poète risquait d’être exhumée pour rejoindre l’ossuaire où seule une plaque l’aurait signalée... La perpétuité, comme l’éternité, n’ont qu’un temps. Et il faut faire de la place pour les nouveaux venus… Il n’y a en effet pas que les vivants qui encourent la menace d’expulsion pour retard de loyer. Si Aloysius avait été expulsé, le “guignon” poursuivant ainsi le poète deux siècles après sa mort, cela eut été triste pour la poésie. Et triste pour le cimetière du Montparnasse. Contrairement à une opinion répandue, les cimetières ne servent en effet pas à enterrer les morts, mais à déterrer les souvenirs. Leur seule vraie justification, dans une époque où la moindre parcelle de terre se vend à prix d’or, est de nous être des livres d’histoire dans lesquels on peut se promener. On le sait, les cimetières sont faits pour les vivants… Or, les vivants provisoires que nous sommes tiennent à ce que ce Gaspard ne sombre pas dans la nuit de l’oubli. Louis Bertrand est né le 20 avril 1807 à Ceva, dans le Piémont, de l’union d’un lieutenant de gendarmerie français et d’une jeune Italienne, qui n’était autre que la fille du maire de la ville. Son père étant mis à la retraite en 1815, la famille s’installe à Dijon où le jeune Louis fera ses études au Collège royal où il obtiendra d’ailleurs un premier prix de rhétorique. C’est dans cette ville, qu’il a aimée et décrite comme aucun autre, qu’il fait ses débuts littéraires, au sein de la Société des Études où il lit ses premiers essais qu’il nomme des “bambochades”, en référence au peintre italien Bamboccio. Puis ses premiers pas dans le journalisme. inventeur du poème en prose On a fait de lui une sorte d’archétype du poète maudit. Il est vrai qu’il a connu la misère, et qu’il est mort très jeune, à 34 ans, de phtisie comme on disait à l’époque, dans une salle de l’hôpital Necker. Malgré le soutien qu’il avait reçu de plusieurs écrivains célèbres, en particulier Hugo et SainteBeuve qui avaient lu son manuscrit et l’avaient recommandé à un libraire, il est mort sans avoir vu paraître son livre, enfant chéri auquel il avait consacré tant de soins. Il reste dans l’histoire de la littérature française comme l’inventeur du poème en prose qu’illustreront après lui Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, Max Jacob et quelques autres. Le poème en prose est un objet bizarre, au statut incertain, car qu’est-ce qu’un poème si on ne va pas à la ligne ? Mais les proses poétiques de Bertrand inaugurent bien un genre. Sans doute, son invention ne vient pas de rien. C’était l’usage, à l’époque, d’utiliser la prose pour transcrire en français des poèmes étrangers en s’affranchissant ainsi des contraintes de la versification. Ce que fit par exemple Nerval traduisant le Livre des Chants de Heine, ou Baudelaire, les poèmes de Poe. Cette façon de faire n’est plus de mise aujourd’hui et elle se heurterait à de légitimes objections. Car à agir ainsi, on perd le vers. Mais, a contrario, s’émancipant d’une prosodie encore très régulière, ces traductions introduisaient hommage POUR GASPARD DE LA NUIT par Francis COMBES dans la poésie française une souplesse, un air de liberté qui permettaient de mieux rendre la sensibilité du poème original en s’écartant des conventions poétiques en usage. Aloysius hérite de cette liberté et il en explore les possibilités nouvelles pour la poésie française elle-même. Car ses pièces sont bien des poèmes. Ce ne sont pas de simples morceaux de prose. Elles sont d’abord poèmes par le fait qu’elles reposent sur une vision. L’image est au principe de ces vignettes. La peinture le hante. Il place d’ailleurs son recueil sous l’égide de Rembrandt et de Callot. Ce sont à chaque fois des tableaux, des eaux-fortes, des gravures précises et bien dessinées qui donnent vie à des visions. Leur auteur partage le goût de l’exotisme et du voyage, non dans l’espace, comme d’autres, mais dans le temps. Le lieu privilégié de sa rêverie est le Moyen Âge, parfois le début du XVIIe siècle, redécouvert par les romantiques, celui d’avant la rigueur formelle et morale de l’âge classique. Lui qui fut un fervent républicain, qui prit parti pour la révolution de 1830, fonda un journal aux idées avancées, Le Patriote de la Côte d’Or, et se battit même en duel avec un rédacteur du journal conservateur local, Le Spectateur, n’en éprouvait pas moins une forte attirance pour la légende de la chevalerie et son temps de grands contrastes. Par cela, il appartient bien à son époque, à celle de Notre Dame de Paris. Sa conception de l’art n’est d’ailleurs pas très éloignée de celle de Hugo, à qui il dédie son livre, pour qui l’art devait allier le sublime au grotesque. Il y a chez lui du Walter Scott, du La Motte Fouqué et du Nodier. Du Nerval aussi… Mais par la précision de son trait, il annonce les Parnassiens, le Théophile Gautier des Emaux et Camées, mais surtout le José Maria de Heredia des Trophées. Ces poèmes en prose sont descriptifs, narratifs, historiques… Mais ils sont aussi autre chose. Ils ouvrent par leur sens du mystère la porte à l’imagination… Par la nature même de ses visions qui tiennent souvent du rêve, Aloysius s’éloigne de son temps et prépare le terrain aux Illuminations de Rimbaud et aux Surréalistes qui ont vu en lui un prédécesseur. Il a aussi inspiré Ravel qui a transposé Gaspard de la nuit (“Scarbo”, “le Gibet” et “Ondine”). La force de ses poèmes en prose est de conjuguer à merveille deux qualités réputées opposées : le réalisme et le mystère. Il y en effet beaucoup de réalisme dans ces fantaisies. Un sens du détail concret qui lui permet de ne pas tomber dans les lieux communs que n’éviteront pas toujours ses successeurs, même les plus grands… Baudelaire s’est inspiré d’Aloysius pour composer son Spleen de Paris. Dans la dédicace qu’il fait à Arsène Houssaye, il écrit : “C’est en feuilletant pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la nuit, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque”. Mais il n’est pas sûr qu’il égale son modèle. la rêverie nourrie par le réel Outre le caractère très concret et souvent saisissant de ses descriptions, Aloysius emporte la conviction par la qualité de son écriture et notamment par un vocabulaire d’une étonnante richesse où de nombreux mots anciens, venus du Moyen Âge, se mêlent à des expressions issues de son pays de Bourgogne. C’est un des aspects les plus attachants de l’œuvre d’Aloysius que cet enracinement de sa langue dans un pays réel. Depuis Louis XI et la mort de Charles le Téméraire, Dijon et la Bourgogne, battues, ont perdu de leur éclat. Leur place même dans l’histoire de France est volontiers estompée. Mais Bertrand les remet à l’honneur. La rêverie est donc nourrie par le réel. Mais le réel s’ouvre à la rêverie. C’est un réel qui est comme évidé, creusé à l’acide pour en faire ressortir les formes, comme dans l’art de la gravure. Chaque texte est réduit à l’essentiel. Pas de liaisons inutiles. Des images qui se télescopent, des raccourcis, des ellipses qui font de chaque poème en prose une sorte de devinette ou de charade face à laquelle le lecteur est contraint de reconstituer la trame de l’histoire. Les blancs jouent un rôle essentiel dans cette prose qui est poème. Bertrand, laissant des indications pour le metteur en page, précisait qu’il fallait jeter “de larges blancs entre ces couplets, comme si c’étaient des strophes en vers”. Enfin, et ce n’est pas à mes yeux le moindre de ses mérites, dans une époque où l’enflure ou la neurasthénie métaphysique faisaient des ravages dans les Lettres, ce Gaspard de la nuit sait ne pas se prendre trop au sérieux. Presque toujours, un humour discret vient faire contrepoint au drame. Et si le poète prend au sérieux son projet, s’il a une idée exacte de ce qu’il veut et de ce qu’il vaut (ce qui le conduira plusieurs fois à refuser des propositions que d’autres dans sa situation auraient pu juger alléchantes), il manifeste aussi la vraie modestie, la lucidité de celui qui connaît la vanité des œuvres humaines. Dans l’épilogue, qu’il adresse à Charles Nodier, il écrit : “Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons coup sur coup et où le diable, pour en finir, rafle joueurs, dès et tapis vert. L’empereur dicte des ordres à ses capitaines, le pape adresse des bulles à la chrétienté, et le fou écrit un livre. Mon livre, le voilà tel que je l’ai fait et tel qu’on doit le lire, avant que les commentateurs ne l’obscurcissent de leurs éclaircissements. Mais ce ne sont point ces pages souffreteuses, humble labeur ignoré des jours présents, qui ajouteront quelque lustre à la renommée poétique des jours passés. Et l’églantine du ménestrel sera fanée que fleurira toujours la giroflée, chaque printemps, aux gothiques fenêtres des châteaux et des monastères.” Mais ce n’est pas parce que le poète ne se leurrait pas sur la mémoire humaine, qu’il fallait l’oublier ni arracher son pied d’églantine. F.C. 9 AVENIR Les portes de l’avenir sont ouvertes sur le jour et sur la nuit sur le grand vent de sable de notre fin ou les saisons perpétuelles du sourire. Du grand livre futur rien n’est encore écrit. En mal comme en bien, nous avons encore la faculté de nous surprendre, toi et moi, ceux qui viendront après et que nous ne connaîtrons pas, nous tous... Notre histoire ne s’arrête pas là. Une seule chose est sûre : si nous voulons que l’avenir tienne les promesses du passé nous devons nous occuper du présent. Francis Combes Le poème est le geste, la geste d’une nature qui s’explique solidaire de la nature. (Lorand GASPAR inVisages de l’écriture de Louise LEROUX, Le Hameau Éd., 1985) théâtre 10 Théâtre par Bernard FOURNIER UN HIVER AMOUREUX, cinq spectacles à découvrir la Maison de la Poésie . Du 9 janvier au 10 février 2008 grande salle : Le Bleu du ciel de Sade, Georges Bataille, Bernard Noël, Montage et mise en scène Claude Guerre, Avec Anne Alvaro, Julie Pouillon et Claude Guerre et la voix de Bernard Noël Une traversée de la poésie érotique à travers des écritures qui se croisent et s’entremêlent. Comme un arc tendu au-dessus et au travers de l’écartèlement, Bernard Noël fait acte d’héritage permanent. Il relie Sade et les contemporains. Il jette toutes les forces d’une œuvre énorme, vive et sublime, dans la bataille de l’élan vital et de la beauté. . Du 10 janvier au 2 mars 2008 en alternance petite salle: Une saison en enfer Reprise et Illuminations Création, d’Arthur Rimbaud, Mise en scène et jeu Nâzim Boudjenah Relecture hallucinée et inspirée des deux chefs-d’œuvre de Rimbaud. . Du 16 au 27 janvier 2008 grande salle : Le plus clair du temps je suis nue Création, de Sophie Loizeau, Mise en scène Claude Guerre, avec Anne Alvaro et David Lescot Spectacle-invite à notre propre expérience intérieure de l’amour, “envoyagés” par la voix et la présence d’Anne Alvaro, conduits par Sophie Loizeau qui, si elle hérite de la poésie érotique, la renouvelle. . Du 17 janvier au 13 avril 2008 petite salle Le Funambule fe Jean Genet, Mise en scène et jeu Pierre Constant Une exploration du rapport de l’artiste à la création, à la mort et à l’érotisme, à travers ce poème d’amour écrit par Genet à Abdallah, son amant funambule qui se suicide en 1964. er . Du 1 au 17 février 2008 grande salle : La Ballade de la geôle de Reading, Création, d’Oscar Wilde, Mise en scène Céline Pouillon, avec Julie Pouillon et Stanislas Nordey Oscar Wilde, condamné, purgea une peine de 3 ans à la prison de Reading, là où fut pendu un cavalier pour le meurtre de sa femme. Libéré en 1897, Oscar Wilde écrivit La Ballade... et mourut en 1900… Les Mardis de la Maison de la Poésie Mardi 22 janvier à 19h, au foyer : La république des Poètes # 4 par Marc Blanchet, avec Claire Malroux, PierreYves Soucy et Christophe Carraud Mardi 5 février à 19h, grande salle: Le Condamné à mort de Jean Genet, lu par Olivier Py Mardi 12 février à 19h, grande salle : Patrice Delbourg, le quotidien en panique MAISON DE LA POESIE Passage Molière 157, rue Saint-Martin Paris 75003 M° Rambuteau ou Les Halles Tél. 01 44 54 53 00 Woody ALLEN, Puzzle Création et mise en scène de d’Annick Blancheteau et Jean Mourière, adaptation de Sébastien Azzopardi avec : Geneviève Fontanel, Michel Aumont, Gérard Lartigau, Julie de Bona, Marie Le Cam, Sébastien Azzopardi et Anne Loiret THÉÂTRE DU PALAIS ROYAL, Paris Le Palais Royal est toujours un beau quartier et les pièces de boulevard peuvent nous y interpeller. Surtout quand il s’agit de Woody Allen. Au moment où arrive sur nos écrans son dernier opus cinématographique Le Rêve de Cassandre, l’actualité dramatique nous offre une pièce qui lui ressemble. Il est étonnant, du reste, qu’un même auteur produise sur deux genres différents (vraiment ?) deux textes si proches. La trame paraît identique, mais elle est traitée différemment. Dans le film, ce sont deux jeunes frères qui sont confrontés à leurs désirs et sont amenés à accepter la loi de leur oncle, parvenu d’Amérique. Au théâtre, un couple New-Yorkais s’effondre devant la faillite de leur entreprise ; le père souhaite que son fils reprenne la boutique. Le jeune homme se débat entre père, mère, femme et enfant à venir. Puis viendront l’oncle californien, la sœur absente et la passion amoureuse, rivale de l’oncle. Tous les éléments sont réunis pour un théâtre de boulevard, mais c’est ici du boulevard de New York. La psychanalyse est passée par là, autant que l’essor de l’industrie du cinéma, deux domaines familiers de l’auteur, s’il en est. Finalement, c’est contre le poids de la famille et celui de l’argent que Woody Allen emploie toute sa rhétorique et son vocabulaire. On sait qu’il est très bavard. Mais c’est pour notre plaisir : au cinéma, telles ou telles scènes peuvent paraître un peu longues en dialogues, au théâtre, elles font merveille Woody Allen situe sa pièce dans les années trente pour s’assurer un minimum de recul et retrouver l’atmosphère de son enfance. Le problème économique fait ressurgir un amour adultère, un autre contrarié qui fausse les voies d’avenir. Woody Allen mêle l’amour à l’argent. Il en fait la base de la société moderne, rongée, craquelée sous le lissage de la vie quotidienne. La mise en scène est plus moderne. Les praticables descendent et montent, les panneaux se mettent en place pour figurer bureau et chambre ; le plateau lui-même tourne devant le public pour confondre les lieux et les temps. Les micro-scènes sont incisives qui éclairent le présent et tendent les relations sous-jacentes. Un narrateur L’idée importante de Woody Allen est d’instaurer un narrateur, terme fort peu dramatique. Un écho de la voix-off du cinéma, un écho des chœurs du théâtre antique. Ce narrateur, la sœur du héros, semble n’avoir pas d’obligation dans le processus dramatique mais peu à peu il s’impose et c’est autour de lui que finalement toute la pièce tourne. Elle est le symbole de la réussite psychologique. Cette femme est rejetée par la famille pour cause d’indépendance, d’amants multiples et d’alcool. Pour l’auteur, elle a su se sauver hors du foyer même si elle n’a pas su se construire ellemême : la liberté est à ce prix. Les vieux codes sont dépassés, certes, mais on ne sait pas quoi mettre à leur place. Alors c’est l’errance sociale horizontale, préférée à la verticalité du monde bourgeois. Cette errance n’est pas un bonheur, et Anne Loiret incarne bien ce faux détachement de la fille libérée, mais encore rongée par les amarres qu’il lui a fallu coupées. Le père, excellent Michel Aumont, devient alors misérable d’avoir rejeté une fille qui brise ses rêves d’ascension sociale et qui se réfugie dans la liberté en refusant la maternité. C’est bien là un thème qu’affectionne Woody Allen. L’enfant à venir, véritablement et de façon dérangeante dans notre société, est la problématique de la société. Faut-il recréer le monde ? La progéniture n’est-elle pas un frein à l’épanouissement personnel ? À cet égard, Geneviève Fontanel est superbe dans le rôle de la maîtresse de maison prête à accepter tous les sacrifices psychologiques et moraux pour assurer un semblant de cadre rassurant de foyer. Leçon de courage Woody Allen se plaît aussi à faire de la littérature. Il ponctue son texte de maximes, de formules dont celle-ci reprise trois fois: “la vie est faite de chemins qu’on n’a pas pris”. Curieuse philosophie faite de déceptions et de regrets qui sonne comme un écho au projet de Wood Allen. Un écho et une barrière. Les personnages s’agitent pour se faire peur et se forcer à ne pas négliger l’appel de l’instinct, de l’acte non raisonné. Sauf que les pulsions de l’un s’opposent à celles des autres, ce qui provoque toutes les dérives. On sent bien que l’auteur s’attache aux personnages qui tentent une sortie dans cet univers glauque de pulsions rentrées. Ainsi l’oncle, incarné par Gérard Lartigau qui n’a pas à se forcer pour jouer le nouveau riche du cinéma, n’a que mépris pour ceux qui ne réussissent pas mais leur vient en aide en tant que de besoin. On sent là poindre un relent de paternalisme. En réalité, le personnage principal est celui du jeune homme, Sébastien Azzopardi, qui affronte tout en peu de temps : le travail, l’amour, le mariage et la maternité. Il s’agite devant nos yeux et Woody Allen lui fait choisir la voie de la passion et non celle de la raison : il brûle le veau d’or, casse les règles anciennes et nouvelles, ne sachant pas pour autant ce que l’avenir lui réservera. C’est une leçon de courage. Trois femmes et trois hommes, c’est suffisant pour toutes les combinaisons de couples dans lesquelles ont puisé les auteurs de boulevard ; mais ici, l’important n’est pas tant l’adultère et ses situations cocasses à la Guitry, c’est le choix de liberté qui est fait. Au cinéma, au contraire, l’accent est mis sur la démesure qu’entraîne un acte. On se rapproche de la faute originelle, de la puissance des pères et de la perte des enfants, Caïn ne survivant pas à Abel, c’est une tragédie. La comédie par le rire qu’elle suscite ne dicte aucune loi, elle ouvre. B.F. L’un des effets culturels de la situation culturelle de la poésie, qui retrouve aussi l’émotion poétique, et l’émotion tout court, c’est la confusion entre la poésie et la chanson. (Henri MESCHONNIC inVivre Poème, Dumerchez Éd.) ourbet en grand, au Grand Palais, à Paris, de nouveau, après la dernière rétrospective en 1977, aussi au Grand Palais, qui fêtait le centenaire de sa mort, en 1877, à la Tour-dePeil, en Suisse, Courbet peut-être même, trente ans plus tard, de plus en plus grand. Indéboulonnable. C’est l’impression qu’on peut éprouver quand on ressort de l’exposition, quand on a vu les 120 tableaux à peu près qui sont dans l’exposition. Mais cette grandeur peut aussi provoquer un certain agacement, comme Courbet, de son vivant, agaçait souvent son entourage. Manet, par exemple. Il est vrai qu’un monde sépare ces deux peintres (ombre et lumière chez l’un, à plat et couleur chez l’autre) qui inventèrent pourtant chacun à leur manière la modernité en peinture. C Courbet a beaucoup peint. Il peignait beaucoup parce qu’il était un peintre indépendant et qu’il avait besoin d’argent. Il n’a quasi jamais bénéficié d’une aide de l’État. Une après-dînée à Ornans constitue une exception et sa correspondance avec Nieuwerkerque (le surintendant des Beaux-Arts sous le second Empire), annonçant son refus de la Légion d’honneur en 1870, en dit long sur la question de la situation de l’artiste dans la société. Courbet est mort en exil. Il a fui la France en 1873 pour éviter la prison car il savait qu’il n’arriverait pas à rembourser les frais de reconstruction de la colonne Vendôme. Cette colonne qu’on continue de penser qu’il voulait détruire alors qu’il souhaitait seulement qu’on la “déboulonne”. Le mot est nouveau. Il l’invente. Après Courbet, il est ainsi possible de “déboulonner” la réputation ou l’œuvre de quelqu’un. Cela recommence cette fois par les paysages et la Franche-Comté. Puits-Noirs, Source de la Loue, là où Courbet allait puiser sa formidable énergie. Marines, Vagues, aussi, série de vagues, qui rappelle que Courbet fut un inventeur de la série. Je revois un paysage étonnant. L’Orée de la forêt (vers 1856) qui est à Philadelphie. Pas un paysage de Franche-Comté. Pas cette couleur. Un Cézanne plutôt, déjà. Le mérite des commissaires tient encore dans le fait qu’ils n’ont pas occulté le reste de l’œuvre en mettant en avant les nus de Courbet beaux «comme la chair d’un Corrège». Il y a L’Origine du monde. Heureusement. Il y a aussi La Femme au perroquet, La femme à la vague (je ne les avais jamais vues). Il y a les baigneuses, les femmes chevelures, Joe, la belle Irlandaise, “tout un monde lointain, absent, presque défunt”. Ces nus, dans une salle toute ronde, sont entre “paysages” et “scènes de chasse”. Courbet était chasseur et il a peint les animaux comme “luy-mesme”. L’avant-dernière salle paraît immense. Les cerfs brament, les renards agonisent, les chevreuils volent presque cinématiquement sur la neige. Sont exposés La Curée de 1857 et le Chasseur à cheval retrouvant la piste de 1863, deux tableaux qu’on ne voit aussi pour ainsi dire jamais et qui soulignent combien Courbet était un maître de la composition. beaux-arts 11 GRANDEUR ET MISÈRE DE GUSTAVE COURBET par Jean-Pierre FERRINI Courbet avait l’âme révolutionnaire. Pas au sens classique du terme. En 1848, il ne participe pas ou seulement de loin à la Révolution. Il peint, continue de peindre. Faire, ce qu’il l’appelle, la “guerre de l’intelligence” (l’expression désormais est souvent reprise). Il y a cette dimension dans la peinture de Courbet, une dimension qui explique sa grandeur. Quelque chose dans cette œuvre tourne, change le monde, comme n’importe quelle autre grande œuvre, picturale ou non, dans l’histoire du monde. C’est indiscutable. Pour le vérifier, il suffit de s’armer de patience et d’aller au Grand Palais. Rien de désespéré malgré le “Portrait de l’artiste, dit Le Désespéré” qui s’affiche un peu partout dans les magazines ou les rues de Paris pour annoncer l’exposition Courbet. On doit saluer les commissaires de cette exposition. Il s’agit vraiment d’une belle exposition. L’accrochage est simple, thématique, croissant. Cela commence par les principaux autoportraits. Et ils sont nombreux. Du délicieux Courbet au chien noir de 1842 au fameux et terrible Homme à la pipe de 1848 qui annonce la “solution” que cherchait Courbet, c’est-à-dire le Réalisme. Ensuite, La Toilette de la morte (ou de la mariée), un tableau énigmatique, pas exactement un Courbet, qu’on ne voit pour ainsi dire jamais, et qui suscite beaucoup interprétations. L’éclairage permet aussi de revoir autrement, mieux pense-ton, les deux “manifestes” de Courbet qui sont au musée d’Orsay, Un enterrement à Ornans et L’Atelier. J’en oublie, évidemment. Les Demoiselles de village, Le Portrait de Baudelaire, La Rencontre, une rencontre pleine de soleil, éblouissante, qui ne reflète que l’ombre de “Monsieur Courbet”, juste avant de monter au second étage, car l’exposition court sur deux niveaux. La dernière salle, elle, apparaît petite, familière, silencieuse. Il s’agit d’un cul-desac. Le visiteur doit faire demi-tour, retraverser la salle immense des animaux, pour sortir de l’exposition. Un cul-de-sac. Oui, comme la vie de Courbet. Le Portrait de l’artiste à (la prison) de Sainte-Pélagie, le joyau du musée départemental Gustave Courbet à Ornans, qu’on veut, paraît-il, transformer pour en faire un musée “climatisé”. Les horribles paysages du château de Chillon. Les Truites, celle surtout de Zürich, hors de l’eau, “fait dans les liens”, en 1872, juste avant l’exil. In vinculis faciebat… J.-P.F. Exposition Gustave Courbet (1819-1877), jusqu’au 28 janvier, au Grand Palais (Galeries nationales, 3 av. du GénéralEisenhower, 75008 – Tel. : 01 44 13 17 17). En haut : “Bonjour Monsieur Courbet”, 2001, de Barnard Mélois (sculpture en tôle émaillée, 80x28x98cm) d’après Gustave Courbet, La rencontre ou Bonjour Monsieur Courbet, (ci-dessus), huile sur toile, 129x149cm, musée Fabre, Montpellier 20 Un lieu qui n’est pas dans les mots / et que j’appelle poème quand même. (Guy CHAMBELLAND, in Noyau à nu, Éd. du Pont de l’Épée) nos choix RECUEILS, ESSAIS Max JACOB Lettres à Louis Guillaume (La Part Commune) En 1937, Louis Guillaume a trente ans et la première lettre de Max Jacob a lui adressée date du 14 décembre. Il s’ensuivra une correspondance qui durera jusqu’au 12 février 1944, douze jours avant que l’auteur du Cornet à dés ne soit arrêté à Saint-Benoîtsur-Loire puis transféré à Drancy où il mourra le 5 mars. Max Jacob appartient à cette génération d’écrivains pour qui la correspondance était un moyen privilégié d’échanger des idées, d’émettre des opinions et on sait qu’il ne fut pas avare de sa plume, encourageant de jeunes poètes dont faisait partie Louis Guillaume. Cette correspondance à sens unique – on aurait aimé prendre connaissance des lettres de Louis Guillaume – constitue dans sa majorité des “Conseils à un jeune poète”, ceux d’un vieux maître à un débutant. Ces conseils révèlent en même temps les goûts de Max Jacob en poésie. Il privilégie surtout le style et la sensibilité : “Le style pour un poète pur est l’absence de clichés. Mais qu’est-ce que l’absence de clichés ? c’est l’adéquation du mot à la sensibilité ?”, écrit-il. De même il insiste sur la syntaxe : “La variété de syntaxe est d’une importance infinie. Pense la strophe longuement avant de l’écrire. Aime les mots, chéris-les, tiens-y fort, choisis-les au point de faire un poème rien qu’à cause d’un mot caressé.” Quant à la sincérité, elle lui semble essentielle : “Cherche donc ta sincérité à toi ! Je suis sûr qu’elle existe”, l’exhorte-t-il. Aussi cette sincérité doit-elle être puisée au fond de soi : “Tâche d’être toi-même”, répète Max Jacob. Parfois ce sont des considérations personnelles sur la poésie qu’il livre à son jeune correspondant : “La poésie n’a pas à être intellectuelle, certes elle doit être intelligente, mais qu’est-ce l’intelligence en poésie ? C’est le goût.” Max Jacob ne ménage pas non plus ses efforts pour faire admettre à Louis Guillaume qu’il doit céder à l’émotion, à la beauté qui “est une sécurité”. Tout autant il jette sur ses contemporains un regard qui n’est pas toujours amène : ainsi sur Michel Leiris : “Il a un langage abstrait ou intellectuel, il croit que la poésie s’apprend et s’enseigne à la Sorbonne.” En revanche, il célèbre L’Étranger de Camus : “Quoi de plus clair et quoi de plus inattendu : on peut discuter ce caractère à perte de vue : c’est là le vrai, le fin du beau, le beau du fin.” Mais cette correspondance ne se limite pas à formuler des conseils, à exprimer des jugements sur la littérature, c’est aussi pour Max Jacob, retiré à Saint-Benoît, l’occasion d’évoquer sa vie quotidienne, ses démêlés avec sa propriétaire, ses visites à Marcel Béalu, son inquiétude à propos de la santé de Rousselot ou d’annoncer à Louis Guillaume des événements tragiques, comme l’arrestation de son beaufrère : «Ici c’est le désespoir qui t’écrit. Impossible de sauver mon beau-frère mis sous prétexte au camp de Compiègne.” Et un peu plus tard, tout en s’efforçant de maîtriser sa douleur, cette annonce : “J’arrive de Quimper où je suis allé enterrer ma sœur aînée, morte d’émotions, de chagrins, d’impuissance, morte subitement dans son lit.» Transparaissent parfois quelques plaintes : «Je crois bien être très oublié. Je n’ai jamais travaillé pour la gloire présente ni pour aucune gloire, mais j’ai travaillé en vue de conquérir le Beau”, alors qu’il ne cesse de prédire à Louis Guillaume un brillant avenir. Tout Max Jacob, homo duplex, transparaît dans cette correspondance abondante, généreuse, écrite à la hâte, parce que les lettres s’entassent auxquelles il faut répondre. Un tel témoignage nous éclaire une fois encore sur la figure de celui qui fréquenta Picasso, Cocteau, Apollinaire, crut “au diable autant qu’à Dieu” et mourut, comme beaucoup, parce qu’il était juif. Max ALHAU Bernard FRIOT JACOB L’Agenda du (presque ) poète Illustrations de Hervé TULLET (Editions De La Martinière, Jeunesse) Élitiste la poésie ? Pas si sûr ! L’agenda du (presque) poète s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à la poésie, qui en écrivent parfois, en lisent de temps en temps. Qui pensent aussi qu’elle n’est pas réservée à des initiés, mais qu’elle peut être un langage accessible à tous. Voici 365 activités, autant de clés pour aborder le monde de la poésie : Qu’est-ce qu’un poème ? D’où vient l’inspiration ? À quoi reconnaît-on un alexandrin ? Et comment, à notre tour, composer un poème, travailler le langage comme matière sonore, varier les gestes d’écriture, s’approprier les textes, écrire sous tous les registres ? Grâce à des outils pour repérer les jeux poétiques ou distinguer les différents niveaux de lecture, l’Agenda permet de découvrir et d’utiliser les nombreuses ressources de la poésie. Expérimenter, c’est-à-dire essayer, oser, manipuler, inventer, imiter, élaborer, rafistoler… Une approche très concrète donc. Sensible et ludique aussi. Se lancer dans les mots, c’est découvrir comment ils ont été utilisés par les poètes contemporains. Organisé en séquences progressives et par niveaux de difficultés, l’Agenda associe chaque activité d’écriture à une citation, voire à l’intégralité d’un poème commenté par l’auteur. Les planches colorées d’Hervé Tullet, totalement intégrées à l’écriture, viennent également prouver à qui ne le savait pas, que la poésie n’est pas qu’une affaire de mots, mais que les couleurs, elles aussi, peuvent provoquer en nous des émotions fortes et justes, susciter des correspondances, éveiller une musique, un rythme… Et nous faire entrer en poésie. Cet atelier d’écriture pas comme les autres offre un espace d’expression intime et ludique pour composer et aider chacun à affirmer sa voix singulière… parce qu’apprendre à jouer sur les mots peut être un réel plaisir ! Maram al-MASRI Je te regarde Préface de Salah Stétié, Traduction Michel Durazzo, Dessins de Youssef Abdelké (Éditions Al Manar, 15 euros) Les yeux du cœur sont grand ouverts Maram al-Masri avait déjà attiré l’attention par la publication de son livre précédent en français, Cerise rouge sur un carrelage blanc, (Phi/Les Écrits des Forges) dont Bernard Mazo avait parlé dans ces colonnes. Traduits en neuf langues, ses poèmes ont su toucher le cœur de nombreux lecteurs, hommes et femmes. Sa poésie possède en effet ce don, finalement très rare dans la poésie d’aujourd’hui, qui est d’émouvoir. Chacun de ses brefs poèmes, dit sur le ton de la confidence, livre un secret qu’elle nous donne à partager. Elle crée une intimité avec son lecteur en lui faisant part avec audace et pudeur des instants fugitifs, des moments de bonheur et d’angoisse qui forment la trame de sa propre vie, et nous entraîne sur les sentiers d’une réflexion amoureuse ininterrompue. Écrits avec beaucoup d’art et de justesse (mais un art qui a ce grand mérite de ne pas poser ni peser), ses poèmes sont d’abord vécus, ce qui leur donne cette spontanéité, cette fraîcheur et cette vérité qui nous touchent. Si les poèmes peuvent nous émouvoir, c’est d’abord parce que le poète lui-même accepte l’émotion. Mais ils nous touchent car l’écriture fait mouche. L’œuvre de papier est une œuvre de chair. Le nouveau recueil de Maram al-Masri, Je te regarde, (joliment édité par Al Manar, avec de très beaux dessins de Youssef Abdelké) renouvelle ce miracle simple de la poésie vraie et en même temps montre que l’auteur élargit, ou plutôt approfondit son propos. Cette fois, la voix du poète se dédouble. Deux femmes se rencontrent dans un train, l’auteur (dont les interventions sont typographiées en romain) et une “petite putain”, et toutes deux parlent de l’amour, des hommes, du désir, du plaisir d’être regardée et de la crainte d’être abandonnée, de l’angoisse de la perte et de la vie qui s’en va et que le poème retient par la manche. Pourquoi “petite putain” ? Parce qu’elle suscite le désir et donne de l’amour, sans elle-même toujours désirer, ni prendre son plaisir ? Ou peut-être aussi parce que par-delà ce terme insultant de “putain”, l’auteur nous fait découvrir avec tendresse qu’il y a là d’abord un être humain, doué de cette faculté proprement humaine qui est la capacité d’aimer ? Mais très vite il apparaît que ces deux voix distinctes sont liées, peuvent s’échanger et elles finissent même par n’en faire qu’une. “On a plusieurs visages / sur les épaules, / sur ses papiers d’identité / ses photos souvenirs.”. C’est par ces vers que débute le livre. Et tout de suite la deuxième voix nous dit qu’ “Il y a toujours / quelqu’un qui nous ressemble, / quelque part”. Jeux de masques. Sans doute. Mais qui est le jeu de la vérité. Je crois pour ma part que le meilleur de la poésie d’aujourd’hui conduit à nous interroger justement sur ce qu’est l’identité, à refuser de se laisser enfermer dans quelque conception “identitaire” que ce soit, d’identité univoque, pour percevoir que nous sommes multiples, et, en définitive, pas si étrangers que ça les uns les autres. (Peut-être une nouvelle notion de l’identité, une nouvelle figure de la subjectivité se joue-t-elle dans cette poésie d’aujourd’hui qui consiste à découvrir et sentir que Je est tous les autres). C’est pour cela que la poésie peut être universelle. L’air de rien, avec les atours d’une grande simplicité (la robe même de la nudité) cette poésie va profond. On sent d’ailleurs que les larmes ne sont jamais loin. Remonte à la surface du poème le drame du désamour, l’image de la femme enfermée comme une étrangère dans sa propre maison, en compagnie d’un homme qui a des bras mais n’embrasse pas. “L’épouvantail / a trompé / mes oiseaux”. Mais aussi, plus généralement, la hantise de l’éloignement, de la disparition, du départ qui crée une fringale de tendresse et peut vous rendre sentimentalement “boulimique”. “Comme un pauvre qui mange / à satieté, / de peur du lendemain / où il n’aura plus rien, // Je te regarde / dans mon giron…” Les poèmes de Maram al-Masri s’inscrivent en faux contre l’idée aujourd’hui répandue qu’on ne peut pas faire de la poésie avec des sentiments. Bons ou mauvais. Chez elle, la poésie est au contraire le langage du sentiment, le langage de la compassion, même envers ceux qui vous blessent. En tout cas, qu’ils soient purs ou impurs, l’écriture purifie les sentiments et en descendant dans les profondeurs, elle sauve, elle redresse, elle élève. Mais poésie des sentiments, elle ne verse pas dans le sentimentalisme ni la mièvrerie. C’est une poésie qui parle avec les yeux du cœur, mais ceux-ci sont grand ouverts. Toujours, le concret, la vie réelle, la lucidité et l’humour font contrepoint aux larmes que l’on sent au bord des paupières. Avec des poèmes gentiment moqueurs, comme celui-ci : Je te supplie d’arriver… J’ai commandé une tasse de café et craignant d’être en retard j’ai oublié mon porte-monnaie… L’autodérision a ici sa place. On ne se prend jamais trop au sérieux ; ce qui est la seule attitude vraiment sérieuse. Il y a là beaucoup d’intelligence et de vitalité. Avec un sens du jeu qui est précieux, car c’est par lui que nous devenons humains et, plus ou moins, civilisés. En tout cas, c’est grâce à ce sens du jeu amoureux (dont les poètes courtois du XIIe siècle avaient déjà perçu le secret) que le sentiment se raffine et se cultive. Et que la vie amoureuse devient art de vivre. Comme dans ce très beau poème : Elle a dit : Faisons semblant de nous aimer, Dans un semblant de lit, Où s’uniraient Un semblant d’homme Et un semblant de femme, Dont les sentiments Sembleraient vrais, En répandant autour de nous Des roses semblant mortes Afin qu’elles ne meurent pas… Il y a chez Maram al-Masri, un sens aigu du clair mystère de la poésie qui tient à cette façon de saisir l’insaisissable, de retenir le fugace et le fragile… “La poésie est comme le goût du café, une fois bu”, dit-elle… Mais, chez elle, l’ineffable chemine avec la fable. L’imperceptible, avec le sensible. L’indéfini avec le sens, sans quoi toute poésie se condamnerait à un vague murmure sans effet. Alors que là, qu’elle soit triste ou gaie, elle produit de la joie et un surcroît d’amour. Poésie lyrique, car entièrement amoureuse, la poésie de Maram al-Masri a aussi sa dimension “politique”, au sens où les rapports hommes/femmes, rapports de séduction, de domination, d’égalité parfois sont toujours des rapports politiques. Sans doute, les plus fondamentaux dans toute société. De cette poésie, on a pu dire qu’elle n’était pas “féministe”… C’est que l’idée que l’on se fait en ce moment du féminisme est souvent bien caricaturale, comme si le féminisme consistait à ne pas aimer les hommes… À mes yeux, cette poésie est, sans proclamation tapageuse, une poésie profondément féminine et féministe au sens où elle est affirmation naturelle du droit de la femme à la vie, à la liberté, au respect et au plaisir en même temps. C’est une poésie du désir et de la dignité de vivre. Cette affirmation a d’autant plus de force qu’elle vient d’une femme arabe, d’origine syrienne, et qui écrit en arabe. Mais il est évident que ce qu’elle dit ne concerne pas que les femmes du monde arabe et musulman. En occident aussi, en Occident surtout, peut-être, l’amour est toujours à libérer. Francis COMBES nouveaux territoires du poème 12 NOUVEAUX TERRITOIRES DU POÈME présentés par Seyhmus DAGTEKIN Parcours 1er INTERSTICES II Parcours 1er Si les parents se sentent bien, les enfants aussi se sentent bien. Si les parents sont toujours dans l’idée du retour, les enfants auront du mal à se sentir d’ici. Je ne me suis jamais sentie visée par le racisme, les petites remarques qu’on peut entendre par-ci par-là ne me touchent pas. Je ne les entends même pas. J’ai habité dans un immeuble où j’étais la seule étrangère et le jour où ils l’ont appris, ils étaient surpris. Ils me trouvaient trop gentille pour une étrangère. On se demande quelle idée ils s’en font ? Croient-ils qu’on vient à peine de quitter notre jungle ? Parcours 2e Tu tombes malade et tout d’un coup, tu es tout seul. Tu es enceinte, tu accouches, tu es seule. Mon mari avait un studio à Barbès. Il était au chômage. Les choses ont pris du temps. Ma fille avait quarante jours quand j’ai pris l’avion pour rentrer. Je ne ramène avec moi que du chocolat. Et rien d’autre. Et je rentre au pays qui n’est plus comme avant d’ailleurs. C’est comme ici. Avant, on se réunissait. Maintenant, plus. Si quelqu’un est malade, on ne demande plus de ses nouvelles. Les portes sont fermées, alors qu’avant, les maisons étaient ouvertes. Parcours 4e J’ai eu une enfance heureuse, grâce à mon grand-père. Il ne faisait aucune différence entre ses petits-enfants. Mon père était marin pêcheur. Il ne nous faisait jamais de remontrances devant les autres. Il nous appelait dans sa chambre et nous faisait les remarques et nous disait d’aller demander pardon à celui qu’on avait agressé. Maintenant qu’il n’est plus là, je n’ai pas envie d’y aller. Il est mort il y a cinq ans. Et à chaque fois que je pense à lui, je passe en revue tout ce qu’il me disait. Même s’il t’engueulait, c’était par gentillesse. Il te donnait des conseils. Parcours 2e Ce n’est pas la même chose avec ma mère. Elle est gentille. Mais ce n’est pas la même la chose. Mon mari, mes frères, les autres n’ont pas le même tact pour dire les choses, alors qu’il ne savait ni lire, ni écrire. À sa mort, ma sœur a dit qu’elle avait perdu un ami. Parce qu’avec lui, je pouvais parler de tout… Depuis quelques années déjà, au sein de la Compagnie Résonances, nous menons à Paris et ailleurs un travail d’écriture, dans le but d’aller à la rencontre de certains territoires et avec le pari de susciter une parole qui peut contribuer à changer le regard que nous posons les uns sur les autres. Sur une proposition de Naïma Taleb, metteur en scène et en collaboration, j’ai effectué, courant 2006-2007, un travail d’écriture avec un groupe d’habitants, notamment des femmes, dans le quartier de la porte de Montmartre à Paris et, parallèlement, nous avons organisé une actionphotos à laquelle ils ont pris part, dans le but de s’interroger sur soi-même, sur son environnement et sur sa place dans la ville. Ce travail a donné lieu à une première exposition sonore. Avant de le reprendre sous forme théâtrale, je vous invite à partager des extraits de cette parole. S.D. blème, c’est les enfants. Je n’arrive pas à avoir du temps pour moi. Toujours stressée, toujours en train de passer à autre chose, sans prendre du temps pour moi. Et pourtant, je bouge. Je ne suis pas une gourmande. Mais les trois kilos de plus, je n’arrive pas à les enlever. Ils restent. Tout comment les enfants. Tout comme le mari qui vient se rajouter aux enfants. Mon marri de mari. Bien sûr que ce n’est pas lui, le problème. Pourtant, il faut que quelqu’un le soit. Le suis-je peut-être. Le seul. Moi, qui ne sais pas faire sans les autres. Moi qui trouve toujours une raison à me coller aux autres. Parcours 7e Depuis qu’il ne travaille pas, j’ai encore plus de travail. Pour ne pas le stresser, je prends tout sur moi. Du jour au lendemain, il se retrouve sans travail. Il n’y était pas préparé. C’est nouveau. Le temps qu’il s’habitue. La première fois, je l’ai accompagné pour ces papiers, pour qu’il touche son allocation. Sinon, il n’y allait pas. C’était comme s’il mendiait. Parcours 8e Parcours 6e On n’est pas à l’enterrement, je ne suis pas mort pour que vous soyez désolé. Je vous demande une cigarette, c’est tout. Vous ne pouvez pas être désolé pour ça. Vous dites que vous n’en avez pas. Et on sera quitte. Si depuis trois jours je n’avais pas mangé et que vous ne pouviez m’aider, ça, il y aurait eu de quoi être désolé. Mais pour une cigarette, ça ne vaut pas le coup. Tu ne m’envoie plus dans ces réunions. Il n’y a que des femmes. Les pères, les pères, pourquoi veux-tu que je sois le seul père de l’assemblée ? Mes enfants se débrouilleront comme les autres. Mais pourquoi tout se froisse comme ça au jour le jour Mais pourquoi tout se perd dans le jeu là où rien ne se retrouve Je peux avoir un verre d’eau ? Parcours 6e Parcours 4e Tous les soirs, jusqu’à sa mort, il n’a jamais oublié les chats. Qu’il pleuve ou qu’il neige, il leur donnait à manger. Maintenant, il n’y plus de chats aux alentours de notre maison. Avant, il y grouillait des chats tout autour. Il faisait entrer le voyageur qu’il croisait dans la rue et le faisait manger. Ma mère disait : avec tous ces étrangers dans la maison, tu vas nous retrouver égorgés un de ces jours. Mais il avait confiance. L’inconnu vient de dieu disait-il, nous n’avons pas à en avoir peur. Ma fille n’aime pas la violence et trouve que les copains se comportent trop comme des sauvages. Je lui ai dit : sois bien avec les profs et c’est eux qui viendront vers toi. Parcours 5 e Mais mon mari, n’est pas un problème. Le pro- Parole qui circule Pourquoi ça ne vaudrait pas le coup ? Parce que vous trouvez ça normal, vous ? Qu’y a-t-il de normal d’être assis sur un cageot et de tendre la main à la charité des passants ? Je suis désolé que vous soyez là, dans l’obligation de me demander une cigarette. De quémander ce que vous devez manger. Je n’ai pas de cigarette et je m’en vais. Vous allez rester là. Dans ce froid. À continuer à demander. Et ça me rend triste. N’est-ce pas une raison suffisante. Votre cigarette, je ne m’en serais même pas fait si vous passiez votre chemin. Mais vous êtes planté là, vous ne bougez nulle part. Et je passe comme les autres. Après, j’apprendrais que quelqu’un est mort de froid. C’est de ça que je m’absous d’avance en me disant désolé. De vous laisser ainsi sur cette place. Je n’y change rien, mais j’en suis désolé et je comprends, vous pouvez vous en passer. De quoi êtes-vous demandeur ? Par quelle pierre voulez-vous qu’on commence ? Quelle dent à la place de quelle pierre ? Je guette ce qui va sortir. Cinq à gagner. Avec le premier. Qui en est le propriétaire. C’est là que j’aurais dû jouer. Personne ne comprend rien à personne. Le quinze n’est jamais sur place. La prochaine fois, je jouerais la neuvième. Cinq fois j’ai touché le désordre. Tout se passe en direct. Tout se perd, rien ne se retrouve. Est-on sûr que je joue le bon ? Es-tu sûr que ce que j’ai joué va tenir jusqu’au bout ? Si le onze y est, on va tout empocher. Moi, je suis toujours là, dans les dernières minutes. Je passe par les tuyaux. Je me nourris des branches. Et ma tronche ? Que fais-tu de ma tronche ? Ça tourne, et je reste hors de la machine. Je garde ma folie, ma folle au lit. Et paf, tout part. Mais vas-y, court, court, c’est treize, c’est seize. Lui aussi, il parle de ses ancêtres. Mais oui, on a monté plein de côtes ensemble, on s’est monté dans plein de côtes. Et tu ne me dis pas comment sortir de ce cauchemar. J’aligne les numéros, mais je deviens ce que j’aligne. Chacun dans ces délires mais, je ne sais jamais comment le lui dire. Il ne se voit pas agir. Mais la honte de quoi ? Et la honte n’est jamais bonne conseillère. Je veux lui dire des choses, mais en même temps j’ai peur de le déranger, de le blesser. Et si je ne dis rien, suis-je sûre qu’il ne se fera pas de mal ? Parce que tout ça, on l’a vu à l’œuvre. L’heure du réveil qui décale, le retour à la maison qui tarde, les entrailles qui doublent de volume, les nerfs allègent, qui ne pèsent plus rien devant tout ce qui nous dépasse… On l’a déjà vu tout ça. Chez les voisins, chez les cousins, dans la rue, à la télé. Et je vois ça maintenant chez nous. Fallait-il que ça arrive ? J’espère que ça ne va pas durer. Quand ça se prolonge, on les voit passer, de plus en plus insignifiants, le long des devantures. Comment m’avez-vous nommé déjà ? Sur quinze jours, vous me donnerez une liste de vos empêchements. Une liste de ce qui vous empêche d’être ce que vous voulez être. Tout ce qui bouge en vous et ne se voit pas. Ma fille parle plus facilement avec moi. Alors que mon grand fils ne me parle pas. Il garde tout pour lui. Je le mettrais à l’école privée. Ma fille m’est plus attachée. Alors que mon fils est attaché à son père. Parole qui circule Mais dans quelle boue suis-je ? Je pense, mais à partir d’où vais-je penser ? Je parle mais d’où et à qui vais-je parler ? Pour annexer qui à ma parole ? Quelqu’un le voudra-t-il, partagera-t-il sa parole avec moi ? Voudrais-je m’annexer à une parole autre ? Pourquoi se parle-t-on, pour déclarer quelle victoire sur l’autre, pour engranger quelle gloire ? À quel supplice voudrais-je condamner l’autre, quel supplice me prépare-t-il ? Il sait que je parle, et que je mange par la même bouche, que je caresse, et romps avec la même main. Je sais qu’il sait. Il sait que, tout comme lui, je ne suis jamais rassasié. Il sait de quoi je me nourris, je sais ce qu’il ingurgite. Moi et l’autre, nous nous connaissons. Nous ne pouvons nous duper. Nous ne sommes que duperie. Que fais-je de moi, que fais-je de l’autre ? Le temps que je recommence, le temps que tout recommence. Et comment romancer tout ça ? Qui est l’autre de moi ? Que ferais-je, pauvre de moi, sans l’autre ? Si l’autre n’est pas là pour me dépouiller, ma barbe poussera des ares et des ares et fera de moi un barbare. Et comment nous nous en cacherons, nous qui voulons tout, qui voulons tout dompter ? C’est étrange cette barbarie que je retrouve au contact de l’autre C’est étrange cette piqûre qui nous réveille à je ne sais quel sang À quel goût sans couleur Si je te dis terre, tu me dis fourmi Si je te dis chenille, tu me dis papillon Si je te dis couteau, tu me dis assassin, Si je te dis marteau, tu me dis suspect Si je te dis eau, tu me dis orage Si je te dis bouche, tu me dis gourmand Si je te dis gâteau, tu me dis : et ma part Si je te dis rue, tu me dis personne Si je te dis arbre, tu me dis sève Si je te dis ne pas aimer, tu me dis les morts et les vivants Si je te dis amour, tu me dis famille Si je te dis généreux, tu me dis : comme moi Si je te dis : dis-moi ce que tu aimes, tu me dis fraises, glaces, roses, tulipes Si je te dis : dis-moi qui tu aimes Tu me dis Salomé, William, Roselyne, Assa, Doua, Ange, Catherine, Lydie, Kadiatou, Moussa… Tu me dis Je vis un peu dans tout ce que j’aime 14 Le langage est temporel, comme la vie. (Jean GROSJEAN, NRF, 2007) revue des revues VIIEENNTT DDEE PPAARRAAIITTR V REE OOUU À PPAARRAAIITTRREE À REVUE DES REVUES par Bernard FOURNIER 7 À DIRE N° 27 Septembre-Octobre 2007 Éd. Gallimard : Chroniques littéraires du Journal des Débats Avril de Maurice 1941-Août 1944 BLANCHOT - Éd. Voix d’encre : D’asile en exil de Max ALHAU, illustré par Pascal Hemery - Éd. L’Harmattan (Coll. Poètes des 5 continents) : Résilîences de Catherine BOUDET ; Histoire critique de la modernité de Claude FOUQUET - Éd. Circé : Fleurs des champs d’Adalbert STIFTER (trad. de l’allemand par Sibylle Muller) ; Pour saluer Rilke de Michel GUÉRIN ; La machine patrimoniale de Henri-Pierre JEUDY ; Album de famille avec portraits d’inconnus de Lascano TEGUI (trad. du portugais par Séverine Rosset) ; L’Art de ne pas répondre à la demande de René MAJOR ; Entrée à Crémone de Miograd PAVLOVIC (trad. du serbe par Mireille Robin) ; Chourka de Léonid DOBYTCHINE (trad. du russe par André Cabaret) ; Penser. Habiter de Massimo CACCIARI (trad. de l’italien par Simone Messina); Pesanteur et abstraction de Léo POPPER, Préface de Youssef Ishaghpour (trad. de l’allemand par S. Muller) ; La Pierre de touche d’Edith WHARTON (trad. de l’anglais par Jean-Pierre Naugrette) - Éd. En Forêt : Fenêtres du temps/Zeitfenster d’Hélène DORION; Passeur de sens de Mireille PODCHLEBNIK - Éd. Poiêtês : De l’Éternité et de l’Immortalité, selon Sapphô, de Mytilène de Daniel ARANJO ; Ne dis jamais Miroir comme miroir de Rodica DRAGHINCESCU (bilingue, françaisallemand) ; Sous l’égide du bleu : Essai sur l’œuvre poétique d’Élisa Huttin de Laurent FELS ; Constantin FROSIN: Francophile roumain, sous la direction de L. FELS ; D’ici et d’ailleurs, Nouvelles de Marie-Claude MARTY ; Le meilleur de moi-même de Colette WEBER - Éd. Soc & Foc : Maisons bleues de Patrick JOQUEL, dessins de Nathalie de Lauradour - Maison de la Poésie de Nantes/Fondation de la Culture de la Ville de Recife : Nantes Recife, Un regard transatlantique, Anthologie poétique (bilingue) - Éd. Publibook : À peine inimitable de Jean-Raoul FOURNIER - Éd. de l’éclat (Coll. Tiré à part) : Conscience du corps de Richard SHUSTERMAN - Éd. De La Martinière (Jeunesse) : L’Agenda du (presque) poète de Bernard FRIOT, Illustrations d’Hervé Tullet - Éd. de L’Act Mem : Dans l’éphémère s’élance l’oiseau, Anthologie 19642001, choix de poèmes de Herri Gwilherm KEROURÉDAN - Éd. Sarbacane : Olga et les masques de Thierry CAZALS, illustré par Maurizio A.C. Quarello - Éd. Les Promeneurs Solitaires : La Guerre des Taupes de Roland NADAUS - Éd. Saint-Martin : Elvis et la Fille qui rêvait debout de Michaël MOSLONKA - Éd. Verticales : Je ne te verrai plus de Tamirace FAKHOURY in Les Belles Étrangères - Éd. de la revue 22(M)dP (Coll. Hors-Séries du 22) : Les entre-deux de Claudie LENZI ; Radio Mâchoire – Section été de Jean-Luc LAVRILLE; Ici-Maintenant de Romain FUSTIER; L’atelier du pneu de Claude FAVRE - Éd. Anacharsis : La Légende des Soleils suivie de L’Histoire du Mexique – Mythes aztèques des origines d’André THEVET, Préfacé par Jean Rose - Éd. des Falaises : Eugène Boudin, les vaches par Marie CARLIER ; Honfleur et les peintres d’Anne-Marie BERGERET - Éd. du Masque d’Or : La robe rouge de Geneviève de Gilbert MARQUÈS - Krill Éd. : Mélusine d’Emmanuelle K, illustré d’aquarelles de Pierre Jaouen - Éd. du Centre Vendôme (Arts plastiques) : Fil de Trame d’Isabelle LARTAULT, dessins de Dominique Le Tricoteur - Éd. Les Presses Littéraires (Coll. Florilège) : Les tambours du vent de Christian AMSTATT (Jean-Marie Gilory, La Sauvagerais, La Rotte des Bois, 44810 La Chevallerais) tillements bleus / Plages de lunes” et d’autres apports de Pau Mari : “J’aime vivre à pas lents / de phrases indistinctes, l’arithmétique des à peu près”. Une place pour les ateliers d’écriture de Danièle Corre et pour les revues. AUTRE SUD Petite revue qui ressemble à un bulletin mais qui, sous son élégante présentation, attire l’œil vers des poèmes de qualité. Elle reçoit ce jour Colette Klein dont Jean-Marie Gilory fait un portrait soigné : “Elle a le regard clair, entre ciel et acier [sa poésie] juste, nocturne et dense”. Qu’on en juge : “Les nuits viendront toujours effacer les aveux inutiles, surgis de temps trop anciens, par secousses, portés dans les tremblements dans les mémoires par d’infimes tremblements” ; Jean Joubert : “les filles ont toujours des chevelures d’orge mûre et d’orage […] et au corsage cette poussée de sève dans le fruit”. Odile Caradec est présentée : “Rien n’est plus volatil que la voix d’un mortel” et Gilles Baudry : “Quelqu’un écoute des yeux les lointains” ; Danièle Corre : “À force grandi / on perd toutes ses larmes”, et Bernadette Throo à paraître dans les prochaines éditions de Sac à mots : “Le plus que bleu où s’aiguisaient les pierres / en ces midis incandescents”. Outre l’ouverture consacrée à Henri Raynal, on lira des vers de Bruno Rombi : “Tu as plus souvent droit à un os / une pierre, un poison, une peine. / Que tu dois mordre et remordre / Si c’est le plat du jour.” ; Marcel Migozzi : “par une page l’illusion / de posséder un cahier neuf” ; Daniel Aranjo : “(en un seul rire, fluide, de chemise)” ; Yves Broussard : “comme si paisiblement / l’éternité s’émiettait” ; Yves Namur : “ce qu’on appelle oiseau n’est pas un oiseau // c’est un voile avec l’oiseau en dessous” ; Parviz Kharzraï : “le soleil haut et plein de promesses / traverse toujours / le ciel des alchimistes désappointés” ; on remarquera des poèmes de Jimmy Carter, l’ancien président des États-Unis d’Amérique, dont Jean Miniac nous dit qu’il y a “un mode d’intervention dans l’histoire”. CAHIERS DU SENS L’ARBRE À PAROLES 2007, Le Nouvel Athanor N° 137, Automne 2007 (Jean-Luc Maxence et Danny-Marc, 50 rue du Disque, 75645 Paris Cedex 13) (François Chenot, BP 12, B-4540 Amay, Belgique) On ne sait que choisir entre ce très beau cahier consacré à la Frontière (de Michel Maffesoli à Michel Host) avec des textes de Jean-Luc Maxence, Jean Orizet, Alix, Gil Jouanard, Béatrice Bonhomme et tant d’autres. La partie anthologie n’est pas moins fertile. On retiendra Stella Vinitchi Radulescu : “ce qui bouge n’a pas de frontières alors / de ma tombe je remonte la lumière” ; Pierre Bonasse : “Le poème peut-il laver les linceuls de la violence ?” ; Bernard Jakobiak : “Partir est clair comme un couteau : la lame déplie l’horizon” ; Bruno Doucey : “Et ne retiens de l’eau / Que le toucher / Du sable” ; Nathalie Picard: “Il n’y a pas de distance entre le corps et l’ombre” ; Alain Breton : “Tu m’adoubes aux toupets de ta braise / Tu me frictionnes par les jus et la faim”. Il faut souligner cette excellente publication qui, depuis longtemps, honore et la poésie et la rigueur d’une revue. Avec de l’ambition, comme ici ce numéro entièrement consacré à la poésie albanaise, avec une introduction de Vasil Çapeqi, “La religion des Albanais est leur ‘albanéité’”. Ce ne sont pas moins de trente-trois poètes qui sont ainsi traduits et présentés par Vasil Çapeqi et Ardian Marashi. Impossible de les citer tous. Après Ismaïl Kadaré qu’on ne présente plus, il faut lire : “Dans une alarme de feuilles / Ma tête n’obéit pas / Pulvérisant deux poignées de nuit” ; Rita Petro : “Monde défiguré / né / d’un ventre violé et d’un pénis aveugle / qui sent/ l’égoïsme de l’homme / et l’impuissance de la femme.” ; Primo Shllaku : “Dieu ordonna de trancher la tête à la Ville. / La Ville musclée s’en tira à bon compte / n’ayant pas de cou / En pâtit la ville de Modigliani / son cou étant trop long.” N° 38, Septembre 2007 (Parc d’activités de la Plaine de Jouques, 200 avenue de Coulins, 13420 Gémenos) POÉSIE SUR SEINE DISPARITION : Pierrette MICHELOUD (1915-2007) N° 62, Septembre 2007 (Pascal Dupuy, 13 place Charles-deGaulle, 92210 Saint-Cloud) LE NOUVEAU RECUEIL (www.lenouveaurecueil.fr) Jean-Pierre Vallotton, écrivain et membre du Conseil de la Fondation Pierrette Micheloud, nous a appris la triste nouvelle du décès de la peintre et poète franco-suisse, survenu le 14 novembre 2007 à l’Hôpital de Lavaux (Cully, Suisse), des suites d’un cancer. Elle allait avoir 92 ans. D’origine suisse, des montagnes valaisannes, elle vivait à Paris depuis 1950, tout en gardant un lien étroit avec son pays. Vivant en poésie, elle n’en mena pas moins une existence très active dans le domaine des Lettres: collaboration à plusieurs journaux suisses où elle présentait des poètes de France et d’ailleurs, puis aux Nouvelles Littéraires, avec des articles sur les Poètes-libraires de Paris. En 1963, elle fondait avec Édith Mora, critique littéraire, le Prix de Poésie Louise Labé, dont le jury est féminin. Elle a été également rédactrice en chef de la revue La voix des poètes, fondée et dirigée par Simone Chevallier, collection Les Pharaons (poètes éveilleurs de conscience). Auteur d’une vingtaine d’ouvrages de poésie, elle a été lauréate de plusieurs Prix dont, entre autres, Prix Schiller et Prix de Consécration de l’État du Valais pour la Suisse ; Prix Edgar Poe, Prix Apollinaire, Prix Charles Vidrac pour la France. Dans L’ombre ardente (témoignage en prose), elle évoque son adolescence et la découverte de son âme gynandre. “L’artisane du verbe”, qu’elle se voulait être, se révèle dans ces deux vers : Libérer le chant De la sclérose des mots. D’où la vie et la magie qui se dégagent de sa poésie. Également artiste-peintre, Pierrette Micheloud a livré en plusieurs expositions une oeuvre personnelle importante et forte, témoignant d’une femme qui a su assumer avec détermination une voie singulière. La Fondation Pierrette Micheloud veillera désormais à perpétuer son oeuvre et sa mémoire. À lire : Présence de Pierrette Micheloud, ouvrage publié sous la direction de JeanPierre Vallotton, Éditions Monographie, 2002, Sierre (CH). Pierre Osenat vient de s’éteindre et Jean Chatard rend un juste hommage à cet amoureux des Antilles. L’invité est Emmanuel Hiriart qu’on aura intérêt à lire, “un poète qui appartient à la garde montante de la poésie contemporaine” selon JeanPaul Giraux. Lisons : “Amis, ne venez pas aujourd’hui : / Je suis avec les morts, reclus / dans leur chambre close. J’écris”, “Je fais semblant de regarder les oiseaux. Parfois je prenais une balle bien dure, / Je la faisais rimer des heures contre un mur. / Pour exister un peu, quand même”, ou encore en prose : “Après qu’Adam eut fini de nommer les êtres, Ève en fit des hiéroglyphes pour jouir de l’hospitalité des saisons”. Le même Jean-Paul Giraux nous rapporte quelques propos toujours tirés du bon sens sur l’argot en poésie, de Villon, en passant par Hugo jusqu’à Desnos. Sur le thème “Les animaux et nous”, quelques contributions dont Francine Caron : “Courte paille au soleil / Danse de plumes sur les eaux / lents scin- Le Nouveau Recueil nous annonce qu’il cesse sa parution avec le N°85 - dernier numéro “papier” - au bout de vingt ans (vingt-sept, si on compte la revue Recueil). Jean-Michel Maulpoix constate le faible nombre d’abonnés, le faible soutien des institutions publiques et la difficulté d’un éditeur indépendant de taille modeste. L’avenir est peut-être à la revue électronique (lenouveaurecueil.fr), à l’air du temps, constate-t-il un peu amèrement. Mais s’il regrette déjà l’odeur du papier et la grâce de son toucher, il espère beaucoup dans une vie d’échanges via Internet. La rédaction d’Aujourd’hui Poème ne peut que s’associer à la tristesse du rédacteur en chef de cette excellente revue qui comptait dans le paysage critique et de création contemporain. Elle s’associe à lui pour une longue vie par d’autres canaux. B. F. Pour chaque époque à venir, compte sur une sottise de rechange. Il est rare qu’elle manque et qu’il ne se trouve pas dans l’époque nouvelle une sottise qui lui devienne propre. Tu ne risques pas de te tromper longtemps. (Henri MICHAUX) Je ne vous avais pas habitué à des titres pareils. Et pourtant, tous les témoignages de sympathie que nous avons reçus de vous devant les difficultés de reparution d’Aujourd’hui Poème nous vont littéralement droit au cœur. Nulle raison pour ne pas l’écrire ici. Preuve s’il en fallait qu’entre ce Journal et ses lecteurs, c’est un lien très solide qui s’est établi pendant ces huit ans et demi. On sent bien à vous lire que la situation vous indigne. Le rempart contre une certaine cuistrerie de l’époque aurait-il donc cédé ? Je n’ai pas la réponse mais une conviction en revanche : Vos lettres, c’est aussi le courrier du Chœur. Avec ce que cela suppose de tragique et de civique. Ce sont des témoignages qui, je l’avoue, font une boule dans la gorge. Est-ce que ce sera une boule de neige ? De Claudine BRAL, de Paris : “… je vous écris … aujourd’hui mon soutien, ma fidélité et mon attente de vous lire à nouveau. À bientôt.” De Jeannine BURNY et la Fondation Maurice Carême, de Bruxelles : “Mille vœux pour votre remarquable journal. En espérant que ce ne sera qu’une mauvaise passe financière et que bientôt vous pourrez reprendre l’impression de Aujourd’hui Poème. Avec toutes nos amitiés.” De Philippe MERLET, de Paris : “Je suis désolé par ce qui vous arrive, je ne suis guère surpris ; une revue de poésie demande beaucoup d’investissements, à tous les points de vue. Je souhaite que vous trouviez une solution. Augmenter le prix de l’abonnement ne serait-il pas un début de solution ? Acceptez néanmoins nos vœux de réussite pour 2008.” De Raymonde SACKSICK (ou Raymonde RAYS), de Montreuil : “Bonjour à tous, c’est avec une certaine tristesse que j’ai reçu votre lettre du 13 décembre, pour ne pas dire un grand choc. On attend un ami avec plaisir tous les mois, et tout à coup, sans qu’on se soit jamais douté de quoi que ce soit, on apprend qu’il est malade. On se dit, mais c’est impossible, pas lui ! Vous ne pouvez pas nous abandonner comme ça, en plus “accros” comme nous sommes devenus à votre journal, nous allons faire une crise aiguë de manque. L’approche de ces fêtes est déjà pénible, mais ne pas vous lire pendant deux mois, c’est l’abattement. Alors faites l’impossible pour revenir vite, très vite et en bonne santé en février. En attendant, je vais donc me résoudre à consulter une version abrégée du numéro de décembre sur votre site Internet, mais je vous avoue que la lecture sur écran ne m’enchante guère. Je vais donc tâcher de patienter, ce qui est difficile. Je vous souhaite quand même à tous de passer de bonnes fêtes, en ayant une pensée compatissante pour tous ces lecteurs orphelins que vous laissez bien attristés. L’une d’elles, qui vous souhaite aussi bon courage et bonne chance.” De Alain LEMOIGNE, de Houplines : “Je suis abonné à votre journal Aujourd’hui Poème et je viens de découvrir votre courrier. (…) Grand courage à vous tous.” De Jean-Marc DELAYE, de Moulès : “Abonné à Aujourd’hui Poème depuis 2 ans, j’apprends avec regret les difficultés que votre journal traverse. En attendant des jours meilleurs,… Bien cordialement.” De Jacques VINCENT, de Douarnenez : “Attristé par votre courrier... voici donc mon mail prêt à accueillir de plus heureuses nouvelles. Amicalement.” De Bénédicte LEFEUVRE, de la Médiathèque départementale antenne de Lillers, Pas-de-Calais: “Je viens de recevoir votre courrier, combien de revues de poésie vont mettre la clé sous la porte ? C’est à l’image de la circulation des ouvrages qui devient de plus en plus difficile, dur dur de faire lire de la poésie. Bref, c’est un combat que je vis au quotidien. Bon courage.” De Françoise RAPPENNE, d’Alençon : “Espérant que votre journal reviendra rapidement dans ma boîte aux lettres. Meilleures salutations.” De Jacqueline SAINT-JEAN, de Hibarette: “Désolée, j’espère que ces difficultés ne sont que passagères ? Fidèlement..” 15 LE COURRIER DU CŒUR Vous assurant de notre soutien, avec sentiments dévoués.” Paul ASSELINEAU Du Cénacle de Douayeul : “que cette année 2008 voit refleurir vos mots.” courrier des lecteurs Pierre Reverdy par Pablo PICASSO De Célédonio VILLAR GARCIA, de Bellegardesur-Valserine : “Concernant votre courrier du 13 décembre m’apprenant les difficultés du journal que je souhaite passagères, je vous communique mon adresse e-mail (…) Très cordialement.” De Pascal COMMÈRE, de Marigny-le-Cahouet : “Amis, Merci pour le chèque de réabonnement retourné. Même si la raison, qui n’est pas sans véhiculer quelque inquiétude, m’incite à regretter qu’il n’ait pas été encaissé. Puisse le Père Noël vous entendre ! Cordialement, et bonne chance pour la suite.” De Viviane CAMPOMAR, de Paris : “Bonjour, De tout cœur j’espère que vos problèmes financiers vont se résoudre et que votre revue très intéressante continuera d’exister... Merci d’avance.” De Geneviève BAULOYE, de Rocourt (Belgique): “À la suite de votre courrier m’avertissant que la revue Aujourd’hui Poème était temporairement suspendue, j’aimerais recevoir la version électronique. Merci et avec tous mes vœux pour que votre travail puisse se poursuivre.” De Nicole BERTOLT, de la Fond’action Boris Vian, Paris : “Cette lettre que nous avons reçue ce mois-ci doit arriver après une dure bataille pour vous et nous espérons que bientôt reprennent le cours normal des choses, c’est-à-dire de pouvoir lire votre journal tous les mois. Bien cordialement.” De Gina BOUJU, de Nieul-sur-Mer: “Merci de votre petit mot, il me paraît bien sombre. Qu’allons-nous devenir ? la plume en l’air sans rendez-vous des poètes. Tous ensemble nous sommes plus forts. Vœux sincères, Joyeux Noël et Nouvel An. Amitiés poétiques.” De Malou et Lad KIJNO, de Saint-Germain-enLaye : “… j’imagine que cela ne doit pas être facile. Et c’est tellement important que des revues comme la vôtre existe. Alors comme c’est la période des vœux, nous en faisons de très intenses pour Aujourd’hui Poème. Nous savons que votre énergie et votre détermination sont très fortes alors nous avons confiance. Bon courage, avec toute notre fidèle et vieille amitié. Haut les cœurs !” mes D’Anne GROSSET-GRANG, de Saint-Zacharie: “Bonjour à vous tous, Je suis bien attristée par cette nouvelle, amie lectrice depuis le début... et puis pour André Parinaud aussi. Peut-être pourriez-vous revenir à une revue moins dense comme celle des premiers numéros ? Ou une parution tous les 2 ou 3 mois ? Que peut-on faire ? Contribuer financièrement ? Imprimer ? Ditesnous ce que nous pouvons faire (à part patienter), je suis certaine que tous les amis lecteurs seront solidaires et ne voudront pour rien au monde vous voir disparaître. En mai dernier, j’ai rencontré à Forcalquier lors d’une manifestation, un de vos contributeurs, présent pour ses ouvrages, Maurice Couquiaud je crois, avec qui j’ai parlé du journal (que j’ai toujours sur moi quand je suis en déplacement). C’est toujours un immense plaisir de rencontrer des gens qui connaissent Aujourd’hui Poème... À bientôt.” De Claudie BASTIDE, de Paris : “Bonjour, Je suis désolée des difficultés qui sont les vôtres et vous excuse bien évidemment ! Bonnes fêtes. Mes amitiés.” De Patrick JOQUEL, de Mouans-Sartoux : “Courage ! ce serait dommage...” De Philippe NADOUCE, de Londres : “J’espère que ce début d’année apportera des réponses positives à la crise qui secoue votre revue. Bonne chance.” De Marie-Thérèse NOCENT, de Malakoff : “Malheureusement, je n’ai pas encore Internet, je tâcherai tout de même de vous retrouver pour la version abrégée de Décembre. Votre courrier du 13/12 m’a fait un choc – Quoi ? Nous abandonner ainsi ? Et sans crier gare. J’ai bon espoir tout de même, car beaucoup vous attendent, et s’il faut vous aider un peu (financièrement j’entends), nous ferons quelque effort… Donc bon courage à tous et à très bientôt j’espère.” De Florent CHAMBRETTI, de Luc-la Primaube: “En ce qui concerne vos difficultés financières, je pêche peut-être par ignorance, mais de l’extérieur. Je suggère un partenariat privé-public montage financier avec les élus publics (élection au printemps). (…) Recevez mes plus vifs encouragements.” De Véronique JOUANNIC, de Saint-Malo: “Ayant avec regret appris qu’Aujourd’hui Poème connaît des difficultés financières, je vous laisse mon adresse e-mail pour faciliter la liaison … et espérant que le Ministère de la Culture puisse vous apporter un soutien financier réel.” De Rüdiger FISCHER, Éditions En Forêt, Rimbach, Allemagne : “Je souhaite un prompt rétablissement à la revue et une heureuse année 2008 à ses faiseurs (=poètes). Meilleurs vœux.” D’Étienne MONNIER, de Versailles : “Bon courage à vous et bonne continuation.” De Florence TROCMÉ, de Poezibao, Paris: “Merci pour votre lettre et bon courage !” De Rome DEGUERGUE, de Cardon-Blanc, Aquitaine : “Comme demandé dans la lettre du mois dernier, voici donc mes coordonnées d’abonnée (...) à l’excellent journal Aujourd’hui Poème ; rendez-vous des poètes, auquel il serait bien triste de ne pouvoir se rendre plus avant ! Aussi nous ne nous rendrons pas afin de vivre d’autres rendezvous en partage d’écritures plurielles ! Bon courage à toute l’équipe et en avant malgré tout ce qui fâche et révolte ; malgré tout ! pour plus de lecture des colonnes de l’un des journaux de poésie les plus intelligents, ouverts, critiques et fraternels.” De Joël CONTE, d’Europoésie, Vitry-sur-Seine: “Bonsoir, Votre disparition serait dramatique pour le monde de la poésie. Si nous pouvons vous être utile à quelque chose, n’hésitez pas à nous solliciter. Avec les Amis d’Europoésie, nous souhaitons que le journal Aujourd’hui Poème puisse retrouver sa place dans la sphère médiatique, et dans les meilleurs délais pou la satisfaction de tous ses lecteurs et du monde de la poésie. Avec mes meilleurs vœux pour la nouvelle année 2008. D’Odile CARADEC, de Poitiers : “Cher Aujourd’hui Poème, quelle abominable misère ! La poésie coupable de ne pas rapporter de fric et les poètes, pauvres Misérables, ratissant dans tous les coins leur maigre pitance. (...) Cela vaut-il la peine que je vous envoie mon recueil Masses tourbillonnantes ? Le dernier. Mille souhaits pour de plus saines Phynances ! On a besoin de vous et d’oxygène dans ce pauvre pays.” D’Alain BOURDY, d’Avignon : “Je souhaite vivement que vous puissiez bientôt reprendre la parution d’Aujourd’hui Poème, qui est devenu un outil indispensable à l’amateur de poésie que je suis. Bien cordialement.” D’Érik VEAUX, de Paris : “Je vous souhaite un bon rétablissement (financier). Cordialement.” De Jacques FOURNIER, de Guyancourt : “Bon courage”. De Jean-Claude DEVOT, de Perpignan : “Mensuellement mon ami Aujourd’hui Poème venait briser ma solitude et prenait plaisir à visiter ma boîte aux lettres. Sa désafection me peine profondément. J’espère de tout cœur qu’il retrouvera le chemin de notre amitié et qu’il reviendra faire son nid au cœur de notre bonne complicité. Quand les poètes se taisent c’est tout un vol de colombes qui est empêché de rejoindre des champs d’oliviers où fleurent la paix et le bonheur. Je souhaite donc, au seuil de cette nouvelle année, que ses ennuis se terminent et qu’après cette césure douloureuse il puisse poursuivre son poème avec les poètes de son temps. Pour répondre à votre aimable courrier je supporterai d’autant mieux l’absence d’Aujourd’hui Poème pendant les mois de décembre et janvier que cette petite défaillance permettra sa reparution et son nouvel envol. Pour ce qui est des courriels je suis au regret de vous informer que je ne possède pas d’adresse électronique car j’utilise encore notre bon vieux papier et la route fleurie des épistoliers d’antan. Outre mes souhaits impatients de voir reparaître Aujourd’hui Poème, je souhaite à toute l’équipe qui en anime les pages tous mes voeux de bonheur et de réussite pour cette année 2008.(...)” De Cristina CASTELLO, du PEN Club Français : “On attendra février ainsi qu’un coup de pinceau. Ainsi qu’une note musicale. Personne ne pourrait / assassiner la vie / car rien d’autre / n’est la Poésie.” D’Hubert COURCOUX, de Rennes : “... en espérant que les problèmes financiers que vous connaissez se résolvent rapidement ; je reste solidaire avec mes modestes moyens de votre action, ô combien précieuse en ces temps de ‘misère’. Bon courage et au plaisir de vous relire bientôt.” D’Emmanuel MALHERBET, Éditions Alidades, Évian-les-Bains : “Avec tous mes voeux de rétablissement (prompt, comme il se doit) (...) Bien cordialement.” De Juliette SOULAT, Temps de Paroles : “... je vous souhaite bon courage pour traverser vos difficultés... En espérant que vous parviendrez à les surmonter. Cordialement.” De Fabrice MARZUOLO, de Paris : “... Il est tout de même rageant de constater que dans cette époque de soldes barbares, ceux qui connaissent le plus de difficultés à survivre sont ceux qui proposent les choses les plus intéressantes, les moins inutiles en tout cas pour permettre aux hommes “d’aller dans le sens de leur pente en la remontant” (c’est Gide, je crois, qui a dit quelque chose comme ça), je le comprends au sens profondément humain - le seul progrès qui compte. Bon courage à vous et croyez bien que de nombreux lecteurs espèrent que vous allez sortir de cette impasse (que d’ailleurs le monde entier est en train de devenir à force). Amicalement.” De Colette GIBELIN, de Camps-la-Source : “Bonne chance et belle année à Aujourd’hui Poème et à toute son équipe. J’espère que les problèmes financiers n’empêcheront pas la poésie de triompher et que votre courage permettra une reprise des parutions.Que vive la poésie, toujours, dans ce monde qui en a tant besoin.” De l’Atelier de l’Agneau Éd., de Saint-Quentinde-Caplons : “Bonjour, Nous espérons que vous pourrez vous tirer de ce mauvais pas. Nous pensons qu’un peu d’ouverture vous aiderait à fédérer encore plus d’éditeurs autour de vous, par exemple vous ne parlez jamais de livres de nos éditions ni d’édiitions amies comme La main courante ou la revue Midi, les Éditions de l’Attente, par exemple. C’est juste une remarque en passant. Ouvrez ! Ouvrez ! Bien à vous.” 16 L’homme crée son identité en créant son œuvre. (ADONIS in Le livre des savoirs, Grasset) agenda CARTE DES ÉVÉNEMENTS POÉTIQUES : FRANCE, OU O UV VR RA AG GE ES SR RE EÇ ÇU US SE EN N NOVEMBRE/ DÉCEMBRE 2007 - Éd. José Corti : Août, à la limite des choses perdues d’Israël ELIRAZ ; Aa, Journal d’un poème de Caroline SAGOT DUVAUROUX - Éd. L’Act Mem (Coll. Lire Aujourd’hui) : Le Geste & la Mémoire – Regards sur la peinture de Gérard TITUS-CARMEL - Éd. Actes Sud (barzakh) : Cinq fragments du Désert de Rachid BOUDJEDRA, Illustrations de Rachid Koraïchi - Éd. Champ Vallon : Drapeau rouge de JeanClaude PINSON - Éd. Cécile Defaut : À Piatigorsk, sur la poésie de Jean-Claude PINSON - Éd. Parole et Silence : La nostalgie du père Nouveaux essais, entretiens et poèmes 20002007, de Claude VIGÉE - Éd. Bénévent : Poésie et histoires brèves d’hier et d’aujourd’hui de Robert LIEBTAG ; Les silences de ma voix de Christel NEMOUCHI ; Sentiments sur papiers blancs de Dorothée GUINEPAIN - Cheyne Éd. : Leurs adorables - Chopin, Bach, Schubert de Jean-Claude DUBOIS ; Terre à monde de Mikaël HAUTCHAMP - Éd. Buchet-Chastel (Coll. Poésie) : Le midi arabe de Hatif JANABI ; L’homme inachevé de Nissim ÉZÉCHEL - Éd. L’Harmattan : Un si long parcours de Colette GIBELIN ; Petites pièces pour voix seule de Yaël CANGE, précédées de “Une voix seule” par ClaudeLouis COMBET ; (Coll. Poètes des cinq continents/Espace expérimental) : Prononcer, Garder de Jacques GUIGO ; La Présence et l’Exil de ClaudeRaphaël SAMAMA - Éd. Underbahn : Rave de Baptiste LANDON - Éd. Amalthée : Contact – Textes philosophiques de Pierre BRUNO - Éd. Clapàs : Pensées interstitielles d’Arthur HIDDEN, illustration de Marie-Laurence Madignier - Jacques André Éd. : Dans la main de l’aube de Nicolas GILLE, illustré par Brigitte Dusserre Bresson - Petits Tirages Éd. : Entre mes lignes de Cynthia ABERGEL ; Influences et Inspiration de Christelle PERANI - Éd. Presses du Moulin du Got : à Marie de Rose SEBILLET - Éd. Marrimpouey : Les yeux ouverts - Journal, 2000-2006, d’André HASTOY - Éd. Lettres Vives (Coll. Entre 4 yeux) : L’écluse des inutiles de Jean-François POCENTEK, Frontispice de Jean Rustin ; Carnet d’un buveur de ciel de Dominique SAMPIERO, Frontispice de José Pini - Éd. Lettres Vives/Artois Comm. : La plaie de l’ordre de Dominique SAMPIERO - Éd. Encres Vives (Coll. Lieu) : La pluie de Marrakech de Ludmilla PODKOSOVA - Éd. Souffles : La rive adverse de Jean-François AGOSTINI ; De chair et d’Oc de Christophe CORP - Éd. Alidades création : Cadastre de Jacques ALLEMAND - Éd. Baudelaire : L’aigle et la fée de Paul VICTOR - Éd. Sauvages (Coll. Askell) : Le carnet des métamorphoses de Marie-Josée CHRISTIEN - Éd. Anagrammes : Éloges & Dédicaces d’André-Laurent MATHÉCADE - Éd. Interventions à haute voix : Le goût de l’os de Nadine DUPEUX ; Célébration de la fougère et du houx de Jean-François ROGER - Éd. Arcam : Livre sans objet de Louis SAVARY - Éd. Arma Artis : Primavera ou Le triomphe de l’amour de Michel CAZENAVE ; Primavera viva ou La vie absolue de M. CAZENAVE - Éd. du Rocher: L’Autre Versant du jour de Pierre LE COZ, Préface de Maria Maïlat (Prix Prométhée de la Nouvelle) ; (Coll. Motifs) : Missa sine nomine d’Ernst WIECHERT, Préface de PierreEmmanuel Dauzat, roman traduit de l’allemand par Jacques Martin - Éd. Thélès : Carnet de moi : chaos et harmonie d’Étienne MONNIER - Éd. Les Presses Littéraires (Coll. Florilège): Limites de Dominique BAUER (Prix de Poésie 2007 Yolaine & Stephen Blanchard) - Éd. U.N.I.A.C (Coll. L’Aéropage – Les Presses littéraires) Dissidences (2007) préfacé par Louis LEFEBVRE, illustré par Arfoll - France Europe Éd. : La douceur du gouffre de Benoît DANJEAN - Éd. Persée : À cœur ouvert de Sébastien TORRO - Éd. L’Arbre à paroles : Sous un ciel de légende de Christophe MAHY - Coll. Sajat : Dans l’écorchure du silence de Michelle CAUSSAT - Éd. Révolution Intérieure : Felling, roman de DAN (Daniel GIRAUD) - Éd. Cerf : Le couvre-tête de Dieu… Joseph du village de Nazareth, de Damien LE GUAY - Éd. Société des Écrivains : Le Labyrinthe Bleu de David TRONEL ; Panne des sens… ! Endroit en vers… de Kerfon LE CELTE; La parole est aux mots de C.B. MILLET ; Penser tout haut, le dire tout bas d’Audrey LALEYE. (Coll. Vers libres) : Mon cœur à vif de Lilia ESPÉRANCE ; Chansonnettes de Joël LEPLAT JANVIER/ FÉVRIER 2008 LA POÉSIE DES VILLES Paris - Le Café Montmartre (7 rue de Steinkerque, 18e – T : 01 46 06 17 17) : Récital poétique le 1er jeudi du mois, 10h-12h, entrée libre, scène ouverte animée par Roland Jourdan et François Beaufrère, des Amis de la Poésie en Ile-de-France. - Atelier Le Temps de Peindre (11-13 rue de l’Échiquier, 10e – T : 01 45 33 79 66/06 12 80 65 26): tous les jeudis, 10h-20h, Atelier d’écriture (jeunes et adultes), pour initiation ou apprendre à dire ou parfaire votre style. (Contact : Anne de Commines – [email protected]). - Espace l’Harmattan-le Scribe (21bis rue des Écoles, 5e – T : 06 99 42 87 65 (Osama Khalil)/01 53 10 88 34 – [email protected]) : Café littéraire, tous les jours, 19h23h, sauf lundi et jeudi 21h-23h. (Site : www.20six.fr/scribecosmopolite06). - Restaurant Le Coq Agile (35 rue Descartes, 5e – T : 01 42 72 37 01) : dernier samedi du mois (sauf en décembre), 19h30, dîner et lecture de poésie, Les ricochets poétiques, par JeanFrançois Blavin et N. Durand. - Le Magique (42 rue de Gergovie, 14e – T : 01 45 42 26 10) : 1er mercredi du mois, 21h30, Petit Music’Hall, Vania Adriensens et ses amis. - Chez “Adel” (10 rue de la Grange aux Belles, 3e) : tous les mardis, 18h30-20h, Marie-Claire Calmus : poèmes, sketches, chroniques, chansons & dits du temps. Entrée libre. - Gambetta-Club (104 rue de Bagnolet, 20e) : tous les jeudis, 21h, nouveau spectacle Corps et Mots de Marie-Claire Calmus. Entrée libre. Rencontres européennes-Europoésie (Directeur : Joël Conte, 21 rue Robert Degert, 94400 Vitry/Seine – T : 06 08 98 67 02 [email protected]) : Le Bistrot Romain (6 place Victor Hugo, 16e - T: 01 45 00 65 03) : 11/1, 20h-22h30, Café-Poésie par Colette Jarjavay. Maison du Délice (11bis rue Traversière, 12e) : Café-Poésie, 15h-18h (repas: 12h30) par Sophie Berchaud & Philippe Barbier : 12/1, Nicole Lemaire: Instants de vie ; 19/1, Eva Borgus : Albert Camus ; 26/1, Philippe Gras : La poésie au sein de l’actualité. La Caravelle-Saïgon (104 av. Choisy, 13e – T : 01 45 83 66 15) : Café-Poésie par J. Conte : 18/1,20h-22h (dîner à la carte), Les dix ans d’animations poétiques au sein du restaurant. LAllerRetour (165 av. du Maine, 14e - T: 01 43 95 06 53): Poésie en musique, par Denise Jaillet et Mioara Venter, 20/1, 16h-18h. - Centre Wallonie-Bruxelles (127-129 rue StMartin, 4e – T : 01 53 01 96 96) : Janvier/Février : Festival parisien de rentrée littéraire, Ass. Textes et Voix. - Galerie Maeght (42 rue du Bac, 7e – T : 01 45 48 45 15) : jusqu’au 12/1, expo Manolo Valdès. - Galerie Daniel Besseiche (33 rue Guénégaud, 6e – T : 01 40 46 08 08) : jusqu’au 12/1, expo Orsini, Écriture voyageuse. - Galerie Luc Berthier-AMG (50 rue de l’Hôtel de Ville, 4e – T : 01 42 77 83 44) : jusqu’au 12/1, expo Arts aborigènes d’Australie. - Musée Jacquemart-André (158 bd. Haussmann, 8e) : jusqu’au 13/1 expo Fragonard, Les plaisirs d’un siècle. - ARC/Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (11 av. du Prés. Wilson, 16e) : expos : jusqu’au 13/1, Alfred Kubin – Souvenirs d’un pays à moitié oublié ; Helene Schjerfbeck 18621946. - BnF (site Richelieu, Galerie Mazarine, 58 rue de Richelieu, 2e), jusqu’au 13/1, expo Alberto Giacometti, œuvre gravé – Collections de la Fondation Alberto et Annette Giacometti et de la BnF. - Théâtre du Rond-Point (2bis av. Franklin D. Roosevelt, 8e – T : 01 44 95 58 81) : Salle Renaud-Barrault : 16/1-3/2, 18h30, Buffo de et par Howard Buten ; jusqu’au 2/2, 21h, Questo buio feroce (Cette obscurité féroce), idée et mise en scène Pippo Delbono. Salle Jean Tardieu : 15/1-24/2, 21h, Les Aventures de Nathalie Nicole Nicole de Marion Aubert, mise en scène Marion Guerrero ; 22/1-10/2, 18h30, Oulipo, Pièces détachées, conception et mise en scène Michel Abécassis. Les lundis de l’Oulipo, 19h30 : 21/1, L’Oulipo dans la ville. Salle Roland Topor : 29/124/2, 20h30, Le Classique et l’Indien, spectacle drolatique de Gérard Garouste, avec G. Garouste et Denis Lavant. (Presse: Nathalie Sultan, Hélène Ducharne, 01 44 95 98 47 – [email protected]). - La Cartoucherie (Route du Champ de Manœuvre, 12e – T : 01 43 74 72 74) : Théâtre de l’Aquarium: jusqu’au 20/1, Ne vous séparez pas de ceux que vous aimez d’après Tchekhov, Volodine Dostoïevski, mise en scène Youri Pogrebnitchko. - Musée d’Orsay (62 rue de Lille, 7e – T : 01 40 49 49 20) : Expos, 22/1-13/4, Alexandre Charpentier (1856-1909), Naturalisme et Art Nouveau ; jusqu’au 3/2, Ferdinand Hodler (1853-1918). - Hôtel Claret (44 bd de Bercy, 12e : lectures du Lundi des Poètes du Printemps des Poètes, 19h: 14/1, Mikaël Hautchamp, Marianne Auricoste et Chantal Dupuy-Dunier ; 4/2, Gabrielle Althen, Alain Duault et Jacques Lèbre. - Bibliothèque nationale de France (BnF, Auditorium, Quai François Mauriac, 13e) : Les jeudis de l’Oulipo,19h : 17/1, Espace d’espèces; 14/2, L’amour, toujours… - Galerie Karsten Greve (5 rue Debelleyme, 3e – T : 01 42 77 19 37) : jusqu’au 19/1, expo Faces de Sally Mann. - Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC (11 av. du Président Wilson, 16e – T : 01 53 67 40 00) : expos, jusqu’au 20/1, Hélène rétrospective ; Schjerfbeck (1962-1946), Playbach. - Parc de La Villette (211 av. Jean-Jaurès, 19e – T : 01 40 03 75 00) : Grande Halle, jusqu’au 20/1, expo-événement Bêtes et Hommes. - Jeu de Paume : expos photos, Site Concorde (1 place de la Concorde, 8e - T : 01 47 03 12 50) : 22/1-30/3, Eija-Lisa Ahtila : une rétrospective et Denis Savary. meilleurs voeux - d’après. Site Hôtel de Sully (62 rue St-Antoine, 4e - T : 01 42 74 47 75) : jusqu’au 17/2, Résonances 1 Photographier après la guerre. FranceAllemagne, 1945-1955. - Mairie du 20e (Salon d’honneur, 6 place Gambetta, 20e) : jusqu’au 24/1, expo photo État des lieux. - Galerie Louis Carré & Cie (10 av. de Messine, 8e – T : 01 45 62 57 07) : jusqu’au 26/1, expo Yann Arthus-Bertrand, Tarmacs. - Galerie Librairie Impressions (98 rue Quincampoix, 3e - T : 01 42 76 01 04) : jusqu’au 26/1, expo de 6 artistes coréens, Quête de lumière. - Maison de la Poésie (Passage Molière, 157 rue St-Martin, 3e - T : 01 44 54 53 00) : Grande salle, 1-17/2, La Ballade de la geôle de Reading d’Oscar Wilde, mise en scène Céline Pouillon, avec Stanislas Nordey et Julie Pouillon ; 15-17/2, Deux fous dans la forêt - fragments de Shakespeare, conception Cécile Garcia-Fogel. - Galerie Lara Vincy (47 rue de Seine, 6e - T : 01 43 26 72 51) : jusqu’au 2/2, expo BEN, Qu’est-ce que l’art ? - Maison de Victor Hugo (6 place des Vosges, 4e): jusqu’au 3/2, 10h-18h, expo L’esprit de la lettre. - Fondation Dina Vierny - Musée Maillol (61 rue de Grenelle, 7e – T : 01 42 22 59 58) : jusqu’au 4/2, expo Allemagne, les années noires. 1912-1929. - Musée de la Poste (34 bd de Vaugirard, 15e – T: 01 42 79 24 24) : expos : jusqu’au 9/2, Marc Pessin au cœur de l’écrit ; jusqu’au 22/2, Claude Viallat – Les Toiles postales. - Centre Pompidou (4e) : jusqu’au 11/2, expo L’Atelier de Giacometti – Collections de la Fondation Alberto et Annette Giacometti - Musée Bourdelle (16 rue Antoine-Bourdelle, 15e) : jusqu’au 29/2, expo Henry Moore et la mythologie. - Galerie numeriscausa (53 bd Beaumarchais, 3e) : jusqu’au 1/3, expo personnelle de Grégory Chatonsky, L’invention de la destruction. - Halle St Pierre (2 rue Ronsard, 18e) : expos, jusqu’au 9/3 : Varian Fry, Marseille 1940-41 ; Yolande Fièvre. - Musée Carnavalet (23 rue de Sévigné, 3e) : jusqu’au 9/3, expo Benjamin Franklin, Un Américain à Paris, 1776-1785. - Hôpital Vaugirard-Gabriel-Pallez (10 rue Vaugelas, 15e - T : 01 40 45 83 88) : jusqu’au 10/3, epo Marie Maurel. Région parisienne - Levallois-Perret (92300) : tous les jeudis, à la Rose des Sables, Poésie du Cercle des Poètes Jean de la Lune, suivi d’une “Scène ouverte Poésies Chansons, et Sketchs”. (Roland Lejard, Cercle des Poètes Jean de la Lune, 51 rue Édouard Vaillant – T : 01 42 70 13 53). - Bobigny (93000) : MC93 (1 bd Lénine – T : 01 41 60 72 72) : Grande salle Oleg Efremov, 7/15/2, Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov, mise en scène : Patrick Pineau ; Petite salle, 11-22/1, Angela et Marina de Nancy Huston, mise en scène: Valérie Grail. Infos au 01 42 06 92 08 – [email protected]/www.ffdsp.com. - Fontenay-sous-Bois (94120) : Café-Poésie, 18/1, 20h, à la Maison du citoyen (16 rue du Rvd Père Aubry) ; Café-Poésie, 15/2, 20h, au Bairrada Bar (165 bd Galliéni). Entrée libre. Contact-Animation : Patrice Cazelles au 01 43 65 34 73. - Guyancourt (78280) : Maison de la Poésie de St-Quentin-en-Yvelines (10 place Pierre Bérégovoy – [email protected] – T : 01 39 30 08 90/F : 01 39 30 08 91) : 9/1, 20h30, Poésie dans l’instant : rencontre avec Alain Boudet, poèe, Patrick Cutté, peintre et calligraphe, Joëlle Brière, éditrice (La Renarde rouge), pour expo Si Peu Mais Quelques Mots ; 31/1, 20h30, concert d’Alex Grillo. - Bagneux (92220) : École maternelle, Février, rencontre de Patrick Joquel avec les classes. - St-Germain-en-Laye (78105) : Musée d’Archéologie nationale (Château, Place Charles de Gaulle – T : 01 39 10 13 00) : jusqu’au 5/5, La chasse au trésor, installation monumentale de Jean le Gac. Province - Carcassonne (11000) : émission radio Rue des arts, entretiens avec auteurs, artistes, les lundis, 18h30 (redif. mardi 11h30, samedi 9h25), RCF Pays d’Aude (T : 04 68 25 90 90) sur Internet rcf.fr (cliquer sur Carcassonne). - Carcassonne (11000) : Café-Poésie, 1er jeudi du mois, Brasserie “La Comédie”. - Limoges (87000) : les jeudis, à partir de 21h, soirée Slam de L’Herbe Folle, aux “Matins Céladons”, bar à côte de la Médiathèque. - Tarbes (65000) : Soirées Slam , Poètes, vos papiers !, de l’Ass. Helicon, 1ers mardis du mois, 20h30, bar “Le Celtic” (2 rue de l’Harmonie). - Plourin-Lès-Morlaix (29600) : Rencontres de la Maison de la Poésie, les mercredis et vendredis, 17h- 19h ; 1er mercredi du mois, goûter poétique, 17h. (Maison de la Poésie, Ti An Oll – T : 02 98 88 74 05,http://perso.wanadoo.fr/maisondelapoesie.morlaix). - Montpellier (34070) : les lundis, 8h30-10h (redif. les dimanches 10h30-12h), émission radio sur Montpellier 91 FM et Nîmes 103.1 FM, Traces de Lumière, animée par Christian Malaplate (consacrée à la poésie et aux carnets de route). - Toulouse (31000): Librairie Ombres Blanches (48 rue Léon Gambetta), lecture de Saison Poésie, par la revue Multiples (dir. Henri Heurtebise, 9 chemin du Lançon, 31410 Longages) : en janvier (151e lecture). - La Rochelle (17000) : Rencontres littéraires, Janvier-Mars, de LarochelliVre (Chapelle StVincent, 20 quater rue Albert-Premier - T : 05 46 34 11 63 - [email protected] - www.larochellivre.org) : expo Alain Tréjaut; rencontres avec Yolande Villemaire (auteur québécois en résidence), François Gibault, Bernard Friot, XavierLaurent Petit, Jeanne Benameur ; Cabarets poétiques des Mots à la bouche ; Didier Daeninckx. Dialogue avec Sylvestre Clancier, Président du Pen Club, le 1/2, 18h30.Programme auprès de LarochelliVre. - Dijon (21000) et dans 24 communes de Bourgogne : 12e édition du Temps de paroles, 10/1-10/2,organisé par la VOix des MOts avec le Centre Régional du Livre de Bourgogne/DijonBourgogne. Thème : Pas si bêtes ! (Eugène Guillevic). Rens./Rés. : 03 80 58 89 93 / [email protected] / www.lavoixdesmots.fr. - Marseille (13006) : Galerie du Tableau (37 rue Sylvabelle - T/F : 04 91 57 05 34) : jusqu’au 12/1, expo Angelo Riviello. - Lyon (69007) : Centre d’Études Poétiques (ENS-LSH, 15 Parvis René-Descartes), 14/1, 18h-20h, salle F106, “Flots d’images : de Brecht à Benjamin”, conférence de Georges DidiHuberan ; 16/1, Groupe Francis Ponge avec Lise Forment (10h-12h), “Lire Malherbe avec Ponge”, et Bernard Noël (14h-17h) au séminaire Lyrisme et Littéralité. - Rennes (35201) : Le Triangle (bd de Yougoslavie, BP 90160 – T : 02 99 22 27 27 – [email protected]) : Atelier de lecture/Dégustation, 15/1. Dîner poétique, 14/2, 19h, Carte blanche à Jérôme Mauche ; Atelier d’écriture, Exercices de stylos, avec Jean-Pascal Dubost, 19h-21h, 5/2. - Avignon (84000) : Centre Européen de Poésie d’Avignon – C.E.P.A. (4-6 rue Figuière – T : 04 90 82 90 66/F : 04 90 27 35 32 – [email protected]): 17/1, 20h-22h30, Veillée de Contes par le groupe de conteurs “Les Une patrie, c’est comme l’amour, c’est comme un poème, elle est à recréer perpétuellement, sans cesse à renouveler. (ADONIS in Le livre des savoirs, Grasset) agenda 17 BELGIQUE, ESPAGNE - LECTURES, DÉBATS, EXPOSITIONS, CONCOURS, PRIX Dits de la nuit” ; 19/1, 14h-17h, Atelier d’écriture; 24/1, 19h, Benoist Magnat, invité du jeudi, dans le cadre de “Vient de paraître”, Benoist Magnat pour son recueil Femmes sur grève, lecture et échanges avec le public ; 29/1, 17h-19h, le collectif “Paroles en mouvement” pour leur DVD (dans le cadre du projet pédagogique 2006/2007 en partenariat avec une école du Liban) ; 31/1, 18h30-20h, Jeudis des lectures libres. - Vierzon (18100) : Espace des 4 Champelures (6 rue Victor Hugo), apéro’ésie, scène ouverte, de l’Ass. La Pendule à l’Envers (T : 08 75 25 53 12) : 15/1, 19h ; Assemblée générale : 26/1, 15h. - Strasbourg (67000) : BMS-Centre ville (3 rue Kuhn - T : 03 88 43 64 64), 18-19/1, 11e Journées des Poétiques de Strasbourg, Le verbe et l’image, rencontre avec les auteurs : le 18/1 : Henri Cueco (18h), Julius Baltazar (19h) ; le 19/1 : Henri Maccheroni (11h), table ronde (15h) avec les auteurs invités, Germain Roesz (18h), Daniel Dezeuze (19h). BMS-Cronenbourg, jusqu’au 28/6, expo Peinture, sculpture, photo, vidéo. (Infos : 03 88 43 64 64 – http// : bms.strasbourg.fr). - Trélazé (49800) : Espace Hervé Bazin (salle de l’Avant-Scène, chemin de la Maraîchère), 19/1, 15h, cérémonie de remise des Prix du 14e Concours de Poésie de la Taverne aux Poètes, avec lecture des poèmes primés et spectacle poétique. - Marseille (13236 Cedex 02) : centre international de poésie Marseille (cipM) : Au cipM, jusqu’au 19/1, expo d’Isidore Isou - Introduction à un nouveau poète et un nouveau musicien (cipM, 2 rue de la Charité – T : 04 91 91 26 45/F :04 91 90 99 51 – [email protected] Presse : Xavier Leton au 04 91 91 26 45, [email protected]). - Montélimar (26200) : Centre d’arts Nouveaux Mondes (127 rue Pierre Julien), jusqu’au 20/1, 14h-18h, Apocalypsis, expo-installation de Catherine Arto. - Grasse (06130) : Inspection Académique, 23/1, matin, conférence Poésie à l’école par Patrick Joquel (le 29/1, à l’IUFM d’Avignon). - Strasbourg (67000) : Palais Universitaire, Université Marc Bloch (9 place de l’Université) : jusqu’au 29/1, expo Georges Tony Stoll. - Harfleur (76700) : Bibliothèque municipale Elsa Triolet (3 rue Jehan de Grouchy - T : 02 35 45 42 27) : 30/1, 18h30 (1er étage), rencontre-lecture de l’écrivain Lionel Planchon, pour son ouvrage Gaston, enfant des deux guerres (Éd. Cheminements). - Montpellier (34000) : Au Baloard (21 bd Louis Blanc),Une Saison Russe présentée par l’Ass. Le lectures bilingues Buvard de l’Abîme, en russe et français de poésie russe, 19h :5/2, Tsvetaeva/Pasternak. (http://francoisszabo.oldiblog.com – T : 06 89 59 19 85 ou franç[email protected]). - Dijon (21000) : Maison Rhénane-Palatinat (29 rue Buffon – T : 03 80 68 07 00), 7/2, James Sacré. - Galerie Françoise Souchaud (35 rue Burdeau, 69001 Lyon - T : 06 87 95 17 98) : jusqu’au 9/2, expo Guy Brunet, peintures. - Lodève (34700) : Musée (Square Georges Auric – T : 04 67 88 86 10), jusqu’au 17/2, expo Une collection italienne – Picasso, Léger, Warhol, Arman… - Peintures, dessins, gravures, céramiques, sculptures. - Honfleur (14600) : Café “L’Alcyone” (Place de la Porte de Rouen), 17/2, 16h, réuunion inaugurale de l’Association Lucie Delarue-Mardrus. - Strasbourg (67076) : expos : Galerie Heitz (Palais Rohan) : jusqu’au 24/2, Attraits subtils – Dürer, Baldung Grien et Cranach l’ancien. Musée d’Art Moderne et Contemporain (1 place Hans Jean Arp – T : 03 88 23 31 31) : 23/1-18/5, 40jahrevideokunst.de/L’héritage digital : l’art vidéo en Allemagne de 1963 à aujourd’hui ; jusqu’au 24/2 Le Salon de la rue – L’Affiche illustrée de 1890 à 1910 (Cabinet d’art graphique) ; jusqu’au 9/3,The Joy of Photography – Piotr Uklanski. - Saint-Paul (06570) : Fondation Marguerite et Aimé Maeght, jusqu’au 9/3, expo Tan Pei-Ming, portraits d’artistes. - Moulins (03000) : Centre de l’Illustration (Hôtel de Mora, T : 04 70 35 72 58), jusqu’au 30/3, expo Images d’Asie. - Dunkerque (59140) : MBA (Musée des BeauxArts, Place du Général de Gaulle – T : 03 28 59 21 65) : 27/1, 16h, Le Rêve, lecture musicale, entre littérature et nature ; jusqu’au 31/8, expo D’Après Nature. BELGIQUE - Bruxelles (V) : Auditorium du Musée d’Art ancien (rue de la Régence 3), conférences et récitals littéraires des Midis de la Poésie, 12h4013h30: 8/1, Aragon, On part, Dieu sait pour où, avec Jeanne-Marie Angenot et au piano Patrick Leterme ; 15/1, Éros et Thanatos, Le sens d’une quête de sens, par Mark Eyskens, réc. : Annette Brodkom ; 22/1, Nerval, poète de l’Arcadie, par Michel Brix (à Faculté de Philo et Lettres de Namur), réc. : Jean-François Brion ; 29/1, James Joyce, matière de la parole, par PierreYves Soucy, réc. : Françoise Villiers ; 12/2, Au banquet d’Épicure, Poètes baroques du règne de Louis XIII, réc. par les élèves du Conservatoire de Bruxelles, Prof. Jacques Neefs. Infos aux Midis de la Poésie, T/F : 02/513 88 26 – [email protected]. ESPAGNE - Barcelone : Musée National d’Art, jusqu’au13/1, expo Yves Tanguy, l’univers surréaliste. NOUVELLE ASSOCIATION - Création de l’Association des Amis de l’Œuvre de Claude Vigée (c/o Anne Mounic, 47bis rue Charles Vaillant, 77144 Chalifert – [email protected]). INTERNET - Le Capital des Mots, nouvelle revue de poésie en ligne conçue par Éric Dubois ; http://le-capital-des-mots.over-blog.fr Blog de l’épi de seigle : http://lepideseigle.centerblog.net CONCOURS DE POÉSIE - Le Concours Prométhée de la Nouvelle et le Concours de Poésie Max-Pol Fouchet de l’Atelier Imaginaire sont ouverts. Manuscrits primés édités. Règl. (contre env. timb.) à : L’Atelier Imaginaire, BP N°2, 65290 Juillan –atelier.imagin a i r e @ w a n a d o o . c o m / w w w. a t e l i e r imaginaire.com - Concours de L’Ouvre Boîte 2008, ouvert à tous, doté de nombreux prix dont le Prix de la Plaine de France (recueil primé édité à 100 ex.). Règl. (contre env. timb.) à : Administrateur du Concours de L’Ouvre Boîte, MLC, 6 av. de Domont, 95160 Montmorency. - La Pléiade Pictave Concours. Règl. (contre env. timb.) à : Claude Saint Marc, La Pléiade Pictave, 30 rue St Sernin, 86000 Poitiers – T : 05 49 58 25 13. - Concours National de Poésie Sites et Paysages de France 2007. Règl. (contre env. timb.) à : Ass. Poésie Contemporaine Française, BP N°65, 21000 Dijon-Lac Cedex – F : 03 80 42 06 82. - Concours 2008 de la S.P.A.F. (Société des Poètes et Artistes de France) : Grands Prix Internationaux de Littérature Annuels et Grands Prix Internationaux Artistiques. Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : Mme M.-Th. Tavel de Ravet, Le Ranc d’Asperjoc, 07600 Valles-Bains. - Concours de poésie “Le Goéland”, jusqu’au 31/1. Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : Monique Berthaud, Présidente du Goéland, 30 Route de Peussefief, 17650 Bourcefranc ([email protected]). - 12e Concours international des Apollon d’Or de Poésie Vivante, jusqu’au 31/1 (recueils) ou 10/3 (autres sections).3 sections : Sur le thème Anniversaire(s), poésie classique (doté de 150 euros) ou contemporaine libérée classique (doté de 150 euros) ou nouvelle (classique (doté de 200 euros) ; Grand Prix du Recueil inédit (100 ex. remis au lauréat); Sections sans thème imposé, poésie ou prose (prix divers). Règl. (contre env. timb.) à : Poésie Vivante, Le Théron, chemin du Jas, 84110 Puyméras – T : 04 90 46 42 84 – [email protected]. - 2 Concours du Cercle Amélie Murat, jusqu’au 1/2 : Prix francophone Amélie Murat, pour des recueils en langue française de poésie libre ou classique (une vingtaine de pages max.), doté de 800 euros par la Ville de ClermontFerrand ; Concours littéraire Hélène JacquesLerta, pour des poèmes inédits (max. 30 vers). Règl. (contre env. timb.) à : Cercle Amélie Murat, 3 quartier Basse Cour, Jussat, 63450 Chanonat. - 32e Jeux floraux des Pyrénées cathares 2008 – Pays de Mirepoix (Ariège), avant le 10/2. Concours littéraire international, aux poètes et amateurs. 9 catégories. Sans thème imposé. Règl. (contre env. timb.) à : Arlette HomsChabert, 32e concours littéraire, 54 rue Maurice Ravel, 81100 Castres – T : 05 63 59 96 89 ([email protected]). - “Poésie et Droits de l’Homme”, Concours littéraire, thème : L’autre, jusqu’au 18/2. 2 sections : poésie classique ou néoclassiquue ; poésie libre ou prose. Règl. (contre env. timb.) à : Anne de Lierre, 9 rue Gaston Jourdanne, 11100 Narbonne. - L’ass. culturelle Les Dossiers d’Aquitaine prépare l’anthologie 2008, La Poésie du Monde ou le Monde de la Poésie. Réception des textes avant le 28/2. Thème libre. À vos plumes ! Contact : Les Dossiers d’Aquitaine, 7 impasse Bardos, 33800 Bordeaux - T: 05 56 81 84 98/F :05 56 91 64 92 – [email protected]– http://ddabordeaux.com). - Concours international de poésie Écritout 2008 – poésie libre, thème : “Québec et la francophonie”, jusqu’au 29/2, aux poètes francophones, de + 18 ans. Détails du concours sur : http://www.concoursecritout.com/. - 2 Concours 2008 de la revue Portique, jusqu’au 29/2 : 6e Prix littéraire des Baronnies de Nyons : à tous les auteurs francophones : Prose : nouvelle sur le thème la Colère (1er Prix de 300 euros), ou Poésie non rimée, sans thème (prix de 200 euros). Prix littéraire des Baronnies de Buis : Prose (nouvelle ou autre) sur le thème la Terre, ou Poésie rimée, sans thème (deux 1ers Prix de 200 euros, l’un en prose, l’autre en poésie). Règl. (contre env. timb.) à : Chris Bernard, Prix littéraire (Nyons ou Buis), Le Théron, chemin du Jas, 84110 Puyméras – T: 04 90 46 42 84 – [email protected]. - Concours poétique de la SPAF (dél. Vendée), jusqu’au 1/3. Règl. (contre env. timb.) à : Auguste Praud, 11 rue Paul Gauguin, 85000 La Roche/Yon – [email protected] – www.spaf85.com. - 1er Concours international de Poésie Le Fleuret Poétique de Midi Pyrénées de la SPF, jusqu’au 1/3, aux poètes d’expression française. 6 catégories (poésie libérée, prose poétique, classique, néo-classique, poésie, jeune espoir (-18 ans), junior (-12 ans). Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : Marie Soumeillan, Déléguée Haute Garonne de la Société des Poètes Français, 241 route de Raygades, 31340 Villematier – T : 05 62 22 87 17. - Concours Poésie 2008 de l’Ass. Terpsichore et des Rencontres Européennes-Europoésie, avant le 30/3. 4 sections (poésie classique, néoclassique, libre, poème court & haïku). Prix Europoésie : thème libre. Prix Terpsichore : thème “La terre”. Règl. (contre env. timb.) à : Ass. Terpsichore, M.-A. Balbastre, Rue de l’Orbiel, 11600 Conques-sur-Orbiel ou Joël Conte, Rencontres Européennes-Europoésie, 21 rue Robert Degert, 94400 Vitry/Seine. - Concours littéraire annuel de Poésie en Vexin, jusqu’au 30/3, thème : L’Aventure. 5 sections (Poésies classique ou néoclassique, libre, nouvelles, réflexions philosophiques, jeunes auteurs (- 18 ans). Prix : livres d’art. Textes primés publiés dans la revue Le trait d’union littéraire. Règl. (contre env. timb.) à : Claudie Lecœur, Prés. de Poésie en Vexin, 117 rue des Rayons, 95430 Butry/Oise – T : 01 34 73 33 41. - Concours de poésie Littérales, jusqu’au 31/3. Prix: 100 ex. du manuscrit primé édité par l’Ass. Littérales. Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : Ass. Littérales (Dir. : Patrice Fath), 64 bd Gambetta, 29200 Brest ([email protected]). - 38° Premio di poesia Formica Nera-Città di Padova, jusqu’au 3/4. 1 poésie inédite, thème libre. 1er prix de 400 . Règl. (contre env. timb.) à : Luciano Nanni, Casella Postale 814, 35122 Padova, Italie – T: 049.603474 – [email protected]. - 6e Concours francophone de Poésie (ciotadines), de l’Association Zygo, jusqu’au 5/4, ouvert à tous. Règl. (contre env. timb.) à : Frédéric Ganga, Ass. Zygo, 12 av. du Maréchal Gallieni, 13600 La Ciotat ou ciotadine@voilà.fr. - Concours de Poésie 2008 du Cercle Poétique de Sainte Victoire, jusqu’au 15/4.Pour encourager l’écriture poétique et la promouvoir. Ouvert à toutes personnes d’expression française. Thème : Éloge de l’Autre ou La Sainte Victoire. Règl. (contre env. timb.) à : Concours de poésie du Cercle Poétique de Sainte Victoire chez Henry Lombard, 30 La Martelière, Palette, 13100 Le Tholonet. - XIe Concours Littéraire international francophone Le Parchemin d’Argent 2008 et Or des Aulnes 2008 de l’Ass. culturelle Kliho.4 catégories : poésies classique, libre, nouvelle, conte. 1er Prix : le Parchemin d’Argent (trophée en argent massif), 2e Prix : Prix de la Mairie de Halsou, Prix spécial: le Trophée d’Or des Aulnes. Édition de 2 recueils. Règl. (contre env. timb.) à : Kliho, Bibliothèque, 64480 Halsou - T : 05 59 93 23 37 - [email protected]. - Concours de Poêsias 2008 – Cercle européen de Poésie francophone, jusqu’au 25/5 : 4 Prix européens : “Michel-Ange”, “Les Érotides”, “Les Humorisiades”, “Les Amourimes”. Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : Jeacques-François Dussottier, Président de Poêsias, 53 rue du Bois Montmartre, 77680 Roissy-en-Brie – [email protected]. - Concours de Nouvelles 2007 & 2008 sous l’égide des Poètes de l’Amitié : jusqu’au 30/5, thème : prends ma main. Règl. (contre env. timb.) à : Revue littéraire Florilège, Concours de la Nouvelle, BP N°65, 21000 Dijon-Lac Cedex – F : 03 80 42 06 82. - Prix de Poésie Maurice Rollinat, avant le 30/6. Prix de 150 euros au tapuscrit primé. Règl. (contre env. timb. et autolibellée) à : MarieFrance Guerrier, Présidente du Prix, 22 rue Esquirol, 75013 Paris – T : 01 45 86 73 43. - Prix des Beffrois du Cénacle de Douayeul, jusqu’au 30/6. Prix sur tapuscrits, 3 catégories : Poésie - Nouvelles, essais et contes – Patrimoine de la région du Nord/Pas-de-Calais. Règl. (contre env. timb.) à : Cénacle de Douayeul, 196 av. Denis Cordonnier, 59500 Douai – [email protected] – www.cenacle-douayeul.com. - 6e Concours International de Poésie “Les Écriv’Aisne”2008, jusqu’au 30/6. 8 Prix. Règl. (contre env. timb.) à : Concours de Poésie Les Écriv’Aisne, 18/17 rue Boileau, 02100 St-Quentin – T: 03 23 08 83 16 – [email protected]. - 66es Jeux littéraires des Écrivains Méditerranéens et de la Revue Souffles, jusqu’au 14/7, pour l’aide à l’édition, la confirmation d’auteurs et la découverte de nouveaux talents. 2 prix de l’édition du recueil : Poésie et Prose (100 ex. pour les auteurs et diffusion de l’œuvre à 400 ex.) Autres prix avec parution dans Anthologie annuelle : Éclat du texte court, Récit bio ou autobiographique, Nouvelles brèves, Jeune auteur (16-25 ans), Théâtre. Règl. (contre env. timb.) à: L.E.M., 66es Jeux, 45 rue Léon Blum, 34660 Cournonterral – T : 04 67 85 09 02. - Concours de Poésie 2008 de l’Académie florimontane d’Annecy, jusqu’au 15/8. Pas de frais d’inscription. 1er Prix : 200 , 2e Prix : 150 , 3e Prix: 100 . Règl. (contre env. timb.) à : Gilbert Chatenoud, 2 rue de Vénétie, 74940 Annecy-le-Vieux. - 2e Concours du Festival de Romans : le festival de l’expression sur Internet démarre sa 2e édition et lance officiellement le Concours sur un site entièrement refait : http://www.festivalderomans.com PRIX DE POÉSIE - Prix Prométhée de la Nouvelle à Pierre LE COZ pour L’Autre Versant du jour (Éd. du Rocher) - Prix Mémoire de la Shoah 2007 de la Fondation Jacob Buchman à Shlomo VENEZIA et Alain KLEINMANN - Prix Pierre Mac Orlan à Michèle LESBRE pour Le canapé rouge - Prix de Poésie Orpheus 2007 à AndréLaurent MATHÉCADE pour Éloges & Dédicaces (Éd. Anagrammes) - Prix Européen de Poésie Francophone Lépold Sédar Senghor 2007 à Giovanni DOTOLI - Prix International de Poésie Antonio Viccaro à Roland NADAUS - Prix Marguerite Audoux 2007 à Magyd CHERFI pour La trempe (Éd. Actes Sud), à Cathie BARREAU pour Visites aux vivants (Éd. Laurence Teper) ; Prix Marguerite Audoux des collèges du Cher à Dominique SAMPIERO pour P’tite mère - Palmarès 2007 des Jeux Floraux des Pyrénées Cathares : 1er Prix (poésie classique) à Marc LACAY ; 1er Prix (poésie néoclassique) à Frédéric ROCHE ; 1er Prix (poésie libre) à Edmond COLSON, Prince des Poètes ; 1er Prix Alice Marc Manoel (nouvelles) à Patricia ZANLUCCKI ; 1er Prix Jeanne Nayrou (langues régionales) à Nadia ESTEBA ; 1er Prix (jeunes poètes) à Daria KVANITSYNA - Prix des Lecteurs du Var 2007 à Milena AGUS pour Mal de pierre (Éd. Liana Levi) - Prix Handi-Livres 2007 du Meilleur Roman à Philippe CORNET pour Chair tombale (Le cherche midi éd.) Un poème de Mallarmé ou un texte d’Artaud... ne visent pas une communication immédiate. (Julia KRISTEVA in Le livre des savoirs, Grasset) musée de la Poste occupe six étages d’un immeuble modeste (1) non loin de la gare Montparnasse. Il a ses amateurs et ses fidèles, car il propose un véritable pèlerinage historique dans les différents domaines où le courrier, indispensable vecteur des échanges, a suscité au cours des siècles de multiples supports, des techniques de communication, de signalisation et d’affranchissement sans cesse renouvelés. On peut y admirer les presses d’autrefois, des malles-poste et leurs postillons - figurés par des mannequins en uniforme – et un nombre impressionnant de collections de vignettes anciennes et modernes qui doivent faire la joie des philatélistes. Or ce que je suis venu chercher, au cinquième étage, c’est l’exposition consacrée au graveur Marc Pessin. Ce plasticien, dont l’atelier plane comme un aigle de verre géant à la Magritte, sur la pente d’une colline de Saint-Laurent-duPont est un ami et un compagnon irremplaçable des poètes, avec lesquels il a réalisé des centaines de livres d’artistes : Adonis, Alain Bosquet, Marie-Claire Bancquart, Andrée Chédid, François Cheng, Georges-Emmanuel Clancier, Claire et Yvan Goll, Guillevic, J.C. Renard, Edouard Maunick, Léopold Sedar Senghor, Lionel Ray et Claudine Helft pour ne citer que quelques-uns de ceux qui lui doivent une manière de resurgissement sous les formes les plus imprévues. Si le musée de la Poste accueille son œuvre jusqu’au mois de Février, c’est que cette œuvre est pour une large part célébration de la lettre. De la lettre, caressée, attisée, modelée, enchantée de main de maître, jusqu’à cet état de grâce où les dispositifs les plus variés de l’écriture manuscrite deviennent les chorégraphies des mythes et de l’imaginaire. Avec les Calligrammes de Marc Pessin, dont plusieurs rayonnent sur les cimaises, en particulier ceux qu’il a composés pour un texte de Jean Burgos (2), l’écriture sans échapper au contrôle de la main nous entraîne dans une singulière pérégrination, sur les murs et au-delà d’eux, dans le visible et l’inconnu. L’écriture se fait geyser, torrent, rapide, cataracte, elle ruisselle et souffle le regard comme fétu de paille. Le calligramme, en tant que tel, picturalisation de l’écriture, n’est certes pas une nouveauté, c’est une tradition dont on trouve des exemples y compris dans la kabbale hébraïque, au Moyen Âge. Et l’on connaît les variations fantasques ou vibrionnantes qu’en tira Guillaume Apollinaire, ponctuations dessinées de moments vécus, de dédicaces, de circonstances particulières, ou illustrations synchronisées au vertige du texte et qui le font instantanément basculer ou trouer l’espace. Mais le texte de “Lettre-océan” n’offrait en l’occurrence qu’une perspective de dépassement. Jean Burgos écrit : “Lorsque paraît Lettre-océan dans les Soirées de Paris, on ne dispose encore que du terme idéogramme pour désigner cette forme d’écriture qui échappe à la linéarité de l’écriture traditionnelle et ramasse dans l’instant le déroulement d’un discours. Et les rares critiques qui ne se gaussent pas devant cette prétendue missive qui tient à la fois du graffiti savant et du tag protestataire, du pictogramme civilisé et de la formule magique résolument indéchiffrable /…/ ces rares critiques qui pressentent la portée d’une telle recherche doivent encore recourir au mot d’idéogramme pour définir ce poèmetableau qui se donne à lire synthétiquement et non plus analytiquement comme il est d’usage.” Poème-tableau ? Oui, la formule est juste. Mais j’ajouterai : poème-fenêtre, qui s’ouvre simultanément à plusieurs battants sur les paysages qu’il recèle ou qu’il suggère. Tel que Marc Pessin le conçoit dans ses sillonnements, ses ressacs, ses fluctuations aérodynamiques (l’artiste est un spécialiste de l’aérodynamique des fluides) le calligramme est une manière de prendre l’espace au piège par le travers, de le faire bouger plus vite que la vue, d’y implanter des floraisons inusitées, spirales de lierres, de mots en sautoir, perles agencées pour retenir la lumière, gouttes de l’hypothèse et de la durée. Bref, c’est un univers qui installe sur une feuille de grand ou de petit format, les virtualités de ses modulations et de ses interrogations. Le travail de Marc Pessin tient de l’orfèvrerie : il cisèle les pierreries noires des lettres de Le manière à les élaguer de leur superflu, à les incruster sur le papier non comme ornement ou enjolivement, mais comme trace d’un langage qui retrouverait la puissance primitive des runes, des écrits cunéiformes ou des hiéroglyphes, tout en utilisant le plus élémentaire des matériaux : notre alphabet roman. On imagine la minutie et la patience de l’artiste, qui rivalise avec les bénédictins du Moyen Âge incrustant dans le parchemin ces vitraux en quadrichromie que sont les enluminures en pleine page ou en lettres initiales. On est pris d’une véritable ivresse mentale, à suivre les circonvolutions imprimées à l’écriture par la main sagace et savante de Pessin. Les lettres, il les malaxe, les apprivoise, les dompte comme une faune microscopique qu’il faut conduire à des acrobaties d’alignements, de pliures de torsions, d’entrelacements, de courbes paraboliques ou elliptiques. Le peuple de fourmis des lettres, une fois maîtrisé, semble se déverser d’une veine de l’esprit, comme une hémorragie d’images. Il oblige son support à se ployer, à se briser, à entrer en contact avec l’infini, par le truchement des pulsions successives auxquelles l’écriture est astreinte. À cet égard, le travail réalisé avec Jean Burgos est exemplaire. Rarement le calligramme avait atteint à pareille plénitude, prouvant que l’écriture est à la fois ondulatoire et corpusculaire, comme si la loi qui en commande le mouvement dépendait de la mécanique quantique. On assiste aussi à ce phénomène : les lignes de force, de plissement, d’aimantation de cette limaille d’écriture, aboutissent à la formation d’un fuseau de cordes vibratoires. Un instrument naît sous nos yeux et sa résonance nous parvient et nous trouble. L’écriture devient une harpe, un xylophone ! L’écriture avoue sa partition sous-jacente et elle se joue à elle-même une sonate. L’écrou de l’espace est levé. Les sons et les signes ne forment plus qu’une substance unique, un battement à cœur ouvert. Tel est le privilège du calligramme : douer la lettre d’une autre vie, métamorphoser un manuscrit en polyphonie. La revue Missives consacre entièrement son numéro de Septembre à Marc Pessin, parallèlement à l’exposition du musée de la Poste avec pour couverture un ‘Calligramme pour Anna Soror de Marguerite Yourcenar’ et l’on y admire un superbe cahier de reproductions photographiques des œuvres de l’artiste qui ne s’est jamais cantonné, bien entendu, à la réalisation des calligrammes. En effet, l’éditeur du Verbe & l’Empreinte, qui compte à son actif 973 ouvrages, est le graveur et illustrateur de 178 d’entre eux ! Outre les Calligrammes, les cartes postales ornementées ou graffitées et les grands panneaux porteurs d’étonnants mandalas à la semblance de kakémonos japonais ou de tankas tibétains, la Poste offre au magicien de la lettre une plate-forme de démonstration sur laquelle se trouvent rassemblés quelques échantillons des tablettes et des rouleaux qui constituent – avec les «monnaies pessinoises» – les éléments (ou faut-il dire, les reliques ?) de l’univers qu’il a inventé de toutes pièces. Son archéologie de l’imaginaire n’est pas sans évoquer Jorge Luis Borgès et sa Bibliothèque de Babel. Tombées non du ciel mais du rêve, ces étranges météorites de forme oblongue, de couleur variable, vernissées, émaillées, parfois inquiétantes dans leurs enveloppes vertes ou grisées, sont entièrement recouvertes des signes qui appartiennent à un langage perdu, à une civilisation qui aurait disparu en ne laissant que ces vestiges de sa présence et de sa création. L’atelier de l’artiste, à Saint-Laurent du Pont, contient une multitude de ces objets fantasmatiques qui sont tout le contraire des artefacts des concrétions d’une pensée qui intègre le cosmos. Marc Pessin s’avère ainsi non seulement un des plasticiens les plus originaux d’aujourd’hui, dont l’œuvre apparaît comme une dimension et un prolongement de la poésie, mais un découvreur du continent invisible de notre “espace du dedans” qu’il a su convertir en images palpables et surprenantes. C.D. (1) 34 boulevard de Vaugirard, Paris 14e beaux-arts 18 AVÈNEMENTDE LA GRAFEUILLE Il est possible en certains lieux mal repérés, mal définis, en marge de nos cadastres, de détecter dès maintenant les prémisses d’une singulière évolution. Cependant, comme elle n’obéit à aucun des critères qui régentent l’existence des espèces, on peut y pressentir plutôt une révolution, si radicale et vertigineuse en fin de compte qu’elle risque de remettre en cause la prééminence de l’homme et d’ébranler tout ce qu’il croit avoir appris de la nature. Ne peut-on supposer que l’empire sans partage de l’homo sapiens est sur le point de s’achever et de laisser place à autre chose, à une nouvelle étape, un bond en avant dans l’inconnu ? Ce qui est en train d’émerger sous nos yeux, c’est folium sapiens. Sous nos yeux égarés ou inattentifs qui ne voient pas se lever cette aurore et s’épanouir, gravés en relief sur les feuilles comme de minuscules filigranes à peine visibles ou peut-être une conjuration d’épiphylles, les premiers signes de cette aventure inconcevable et pourtant bien réelle si l’on s’applique à en étudier la préfiguration. Le règne végétal semble pris d’une ivresse ou d’une certitude qui le fait à la fois tituber et dériver. À vrai dire, tout ne change pas instantanément, mais déjà un grand nombre de feuilles sont habitées par cette fièvre et si l’on remarque leur bruissement dans les arbres ou les buissons, ce n’est pas le banal effet du vent. C’est à l’intérieur d’elles-mêmes, parfois à leur surface, à leur pourtour, que s’allume un brasier annonciateur d’une épiphanie. Et cette épiphanie est celle d’une écriture, oui, d’une écriture en bonne et due forme, constituée et accumulée au long des siècles, mais restée jusqu’à présent informulée, irrévélée, subordonnée en fait à des cloisonnements et à des hiérarchies qui interdisaient à la fleur et à la plante de s’exprimer autrement que par la pulpe, le coloris, le parfum, le bourgeonnement et la fanaison. Les échanges entre la croissance et la mort, le déclin et le regain, ne s’effectuaient du règne végétal au règne animal que par l’intermédiaire des insectes, facteurs de la transmission postale des gènes. Le pollen était une parcelle de parole ou d’étreinte amoureuse. Le velouté d’une rose, sa fragrance, ordonnaient l’expansion de la vie et modulaient sa pérennité. Ce système a fonctionné pendant des ères, jusqu’au moment où une feuille – qui sait par quelle symbiose ou quelle réaction chimique déclenchée au rythme de la proximité et de la déchéance des humains - s’est mise ellemême à écrire, à emprunter l’écrit comme moyen d’existence, de respiration, stage de perfectionnement ou prophylaxie de l’éphémère. La feuille écrivante a puisé en elle-même son encre. Son écriture progressivement sécrétée à la façon d’un suc encore secret. Elle a dispensé de la pensée sous forme de signes pourvus de sens et de cohérence, un message chargé de souvenirs et de savoir à déchiffrer, les formules initiatrices d’une science encore embryonnaire, mais déjà en possession d’un alphabet et d’un dispositif évocatoire. On assiste à la résurgence d’une écriture des fonds du temps, que l’on a pu appeler “pessinoise” tant elle s’apparente à celle qu’inventa l’artiste en son atelier de Saint-Laurent-duPont, multipliée par lui sous les formes et dans les objets les plus variés, crus ou cuits. Pourtant, on ne saurait se fier à sans réserve à cette parenté, car ce qui se lit en transparence sur les feuilles et les plantes touchées par cette mutation, n’est sans doute pour le moment qu’un texte inaugural, le préambule d’un plus splendide avènement. C’est la feuille déjà qui tire la langue vers son au-delà. La feuille de vigne ne servira plus à cacher dérisoirement le sexe, mais au contraire à le célébrer urbi et orbi. La feuille de déclaration des revenus sera une feuille revenue d’ailleurs Le trèfle à quatre feuilles faisant office d’horloge la durée de la feuille ponctuera les saisons et assurera la passation des pouvoirs et la continuité de l’écriture. Pour subsister, la feuille se cantonne à son ascèse. Elle peut se passer d’eau : c’est le temps qui l’abreuve directement et lui sert de support. Le temps qu’elle traduit, à la lettre. L’écriture des ner- MARC PESSIN magicien de la lettre par Charles DOBZYNSKI vures, naguère trop nerveuse, se redessine ou, si l’on veut, se “repessine”, plus raffinée, moins sujette aux caprices des intempéries. Les plantes ornementales tiennent registre d’état civil de la civilisation. Les plantes grammaticales révisent leurs inclinaisons et leurs déclinaisons. Les feuilles médicinales remplissent avec soin leurs formulaires et leur curriculum vitæ. Les plantes digitales font la collecte des empreintes. Les pensées poursuivent avec patience et jusqu’au bout le mimétisme que leur assigne une vocation. Les palmes sont propices à la formation des palimpsestes, des textes perdus et c’est par elles que sont rédigées les biografeuilles.Une forêt, réservoir de pâte à papier pour les écrits, s’affranchira de sa fonction de pourvoyeuse en matière première et s’arrogera le plaisir de fabriquer elle-même à plein temps un ouvrage imprimé sur son écorce et sa frondaison. Ouvrage grand ouvert, aux milliers de pages non reliées sinon par les branches, le frémissement nocturne et le filigrane des trouées de lumière. Ouvrage dont nous ne distinguons pour le moment que le brouillon sur quelques feuilles disséminées dans le brouillard par une main prémonitoire. Mais un jour, il est clair que cette Babel encore indistincte dans l’enchevêtrement des fibrilles et les consanguinités de l’arborescence, fera foisonner tout le babil d’un nouvel âge à décoder. C.D. Ce texte a été écrit en 1997 pour accompagner les calligrammes gravés par Marc Pessin sur une feuille d’arbre, donnant ainsi au végétal une écriture. Réalisé à un unique exemplaire, ce document se trouve exposé au musée de la Poste avec les autres œuvres de l’artiste.