nicolas renard - Mairie du 17e

Transcription

nicolas renard - Mairie du 17e
LES DESSINS DE NICOLAS RENARD, peintre des campagnes militaires
du Premier Empire, tel Meissonier et Abel Gance, racontent l’épopée napoléonienne
vécue au cœur de la mêlée du champ de bataille et l’ordinaire héroïque des soldats
de la Grande Armée. C’est une plongée dans le bruit et la fureur de l’Histoire.
Du 10 février au 10 mars. Entrée libre.
CULTURE
EXPOSITION
NICOLAS RENARD,
L’ŒIL ÉPIQUE DE LA GRANDE ARMÉE
soldat de vingt ans, au soir de la bataille d’Iéna, le hasard loge
son escouade dans un pensionnat de demoiselles : « Les oiseaux
s’étaient envolés, en laissant leurs plumes : les pianos, les guitares,
une partie de leurs hardes, de charmants dessins, des gravures
et des livres… » Ce que Maurice Barrès disait de son grandpère vaut aujourd’hui pour le dessinateur et peintre Nicolas
Renard : « Il n’a pas que la sensibilité de l’imagination, mais la plus
profonde, la plus noble, celle du cœur ».
NICOLAS RENARD DANS SON ATELIER.
Avec sa pipe de grognard et sa barbe blanchie de hussard, Nicolas
Renard semble appartenir à l’ère napoléonienne.
En est-il jamais revenu ? L’artiste, qui dessine des scènes de
batailles ou de bivouacs pour sa seule jubilation, a été nourri,
dans son enfance studieuse, de la passion pour les chevaux et
de la lecture des mémoires de son aïeul : Jean-Baptiste Auguste
Barrès, capitaine des chasseurs à cheval de la Garde Impériale,
enterré à Charmes, en Lorraine. Ces “Souvenirs d’un officier
de la Grande Armée” avaient été publiés en 1923 par son
petit-fils, l’écrivain Maurice Barrès, l’auteur des “Déracinés” qui,
longtemps, vécut rue Caroline, près de la mairie du 17e…
Il n’y a pas de hasard, dit-on, mais seulement des concordances
aléatoires : Nicolas Renard est un arrière petit-fils de Maurice
Barrès. Il recèle les vertus, la clarté et le sens du détail signifiant,
que son aïeul décelait dans les mémoires du capitaine Barrès :
« Mon grand-père raconte avec une parfaite clarté ce qu’il a vu, et
parfois des choses charmantes. (…) J’aime sa gaieté quand, jeune
14 PARISDIX·SEPT116
HÉROÏSME DES SANS-VOIX
Après avoir exercé divers métiers, dont celui d’illustrateur, de
concepteur de soldats de plomb et de pianiste de jazz, Nicolas
Renard, pétri de connaissances napoléoniennes et des récits
du capitaine Coignet ou du sergent Bourgogne, s’est jeté à corps
perdu, grâce à la rencontre de son ami François Morel, dans la
réalisation de son grand-œuvre : revisiter le stoïcisme des héros
ordinaires, méconnus, des campagnes de la Grande Armée.
Autrement dit, l’héroïsme au jour le jour des sans-voix, des
centaines de milliers d’hommes convaincus de porter les idées de
la Révolution dans l’Europe entière. « La fibre populaire répond
à la mienne ; je suis sorti des rangs du peuple, ma voix agit sur lui
», assurait celui que Germaine de Staël appelait “Robespierre à
cheval”. « J’ennoblis tous les Français », répondait Napoléon à ses
ennemis.
L’empereur est rarement présent dans les dessins de Nicolas
Renard et de ses tableaux. On voit peu les maréchaux et les
généraux, alors qu’il possède une érudition encyclopédique
des batailles. Il peint la furie des combats où la souffrance est
partagée par les chevaux et les hommes dans le fracas des armes,
de la canonnade. Les chevaux hennissant, le ciel, le vent, la pluie,
DÉFENSE DE LA BARRIÈRE DE CLICHY (1814) SOUS LES ORDRES DU “VIEUX MARÉCHAL MONCEY” (60 ANS). LE MARÉCHAL OCCUPE
APPROXIMATIVEMENT L’EMPLACEMENT DE SON ACTUELLE STATUE PLACE DE CLICHY.
l’aurore gelée et les canons disloqués bousculent les hommes
dont les visages semblent voilés par l’imminence de la mort.
Il fouaille le chaos des chevaux et des hommes gisant.
Bien plus que Meissonier ou Alphonse de Neuville – autres
peintres épiques de la plaine Monceau -, Nicolas Renard est
sans doute le premier artiste à nous faire comprendre, dans ses
scènes, le rôle central du cheval dans la puissance de l’empire.
Son trait, précis et jaillissant sans naturalisme, restitue l’élan de
cette cavalerie qu’il a admirée, en qualité de maître de manège
formé à l’art des maréchaux-ferrant. Il donne à respirer la poudre,
l’âcre humeur de la bataille et l’odeur fauve de la peur avec le
lyrisme maîtrisé de Victor Hugo, dans “Les Misérables” : « On les
apercevait à travers une vaste fumée déchirée çà et là. Pêle-mêle
de casques, de cris, de sabres, bondissement orageux des croupes
des chevaux dans le canon et la fanfare, tumulte discipliné et
terrible ; là-dessus les cuirasses, comme des écailles sur l’hydre. »
“Tumulte discipliné” résume tout l’art de Nicolas Renard, peintre
d’histoire, comme l’était Edouard Detaille pour la guerre de 1870.
BARRIÈRE DE CLICHY
L’exposition de la mairie du 17e arrondissement est la plus
importante de Nicolas Renard qui a déjà exposé rue des
Batignolles, au café des Petits Frères, à Saint-Etienne, à Briennele-Château, à Boulogne-Billancourt, à la Bibliothèque PaulMarmottan et à Ajaccio. Plus de cent tableaux et dessins sont
présentés à la mairie. Figure aussi l’œuvre inédite de Nicolas
Renard consacrée à la défense de la Barrière de Clichy, le 30 mars
1814, jour où le vieux maréchal Moncey résista, avec la garde
nationale constituée d’adolescents, d’invalides et de civils, aux
assauts des Prussiens, dix fois plus nombreux. Le cabaret du
père Lathuile, route de Clichy, servit d’infirmerie et d’état-major
des défenseurs. Parmi eux, le peintre et lithographe NicolasToussaint Charlet et Horace Vernet qui réalisa, en 1820, l’un de
ses tableaux majeurs sur ce thème. 3500 défenseurs de Paris
perdirent la vie dans cette bataille où les pertes des coalisés
s’élevèrent à 18 000 hommes ! « Quand Marmont ouvrit la ville
aux alliés, aucun coalisé n’avait mis les pieds dans Paris, souligne
Nicolas Renard. J’ai voulu raconter cet épisode fondateur de
nos quartiers. Comme “Les dernières cartouches” d’Alphonse
de Neuville, grand peintre du 17e, cette barrière de Clichy est le
symbole de l’esprit de résistance… Alexandre Dumas fit jouer une
pièce, en 1851, sur cet épisode héroïque. »
« Grâce à Nicolas Renard, explique Bertrand Lavaud, adjoint
chargé de la Culture, le 17e arrondissement renoue avec la
grande peinture historique née au XIXe siècle, autour de
Meissonnier, d’Alfred Roll, d’Alphonse de Neuville et d’Edouard
Detaille. Ce qu’apporte le regard de Nicolas Renard, c’est une
intense compassion pour les acteurs valeureux des campagnes
napoléoniennes. Une humanité qui associe les hommes et les
chevaux précipités vers le même abîme. Cette miséricorde est le
trait d’un grand artiste. »
 Exposition du 10 février au 10 mars. Visite de l'exposition
par l'artiste les 17, 18 et 19 février à 15h30.
 Mairie du 17e - 16/20 rue des Batignolles. Entrée libre.
PARISDIX·SEPT116 15