la horde - DeVilDead

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LA HORDE
Titre original : HORDE, LA
Autre titre : HORDE, THE
Année : 2009
Nationalité : France
Acteurs : Eriq Ebouaney, Aurélien Recoing, Jo Prestia, Jean-Pierre Martins, Claude Perron, Alain Figlarz,
Laurent Demianoff, Yves Pignot, Sébastien Peres, Antoine Oppenheim & Doudou Masta
Réalisateur : Yannick Dahan & Benjamin Rocher
Scénario : Arnaud Bordas, Yannick Dahan, Stéphane Moïssakis, Nicolas Peufaillit & Benjamin Rocher
Musique :
George Romero et tout ce qui suit), du gore qui tache (se
référer aux italianneries des 70´s)… bref, un compendium
référentiel légèrement outrancier. LA HORDE est un film de
fanboy(z) assumé, pour se faire plaisir et faire plaisir à
l'audience ciblée. Car il est clair qu´un public plus large sera
difficilement conquis. Voir les scènes purement gratuites où,
entre autres, Claude Perron défonce une zombie à grand coup
de réfrigérateur. Jouissive (et assez longue), elle a déclenché
l´effervescence et des applaudissements nourris et mérités lors
de sa présentation au festival de Gérardmer 2010. Un peu à
l´instar de l´éjection d'un oeil de son orbite dans EVIL DEAD
2 diffusé en son temps au Festival du Rex. Un film de fan pour
des fans. Maintenant, tout cela fait-il un bon film ?
Lors d´une expédition punitive visant à venger la mort de
l´un des leurs, un groupe de flics se trouve pris au piège dans
un immeuble de la banlieue nord parisienne. Tout d´abord par
le gang qui vient de les faire prisonniers, puis ensuite par des
zombies qui assiègent le lieu. Chacun va devoir s´allier afin de
tenter de s´en sortir.
Nouvel avatar du film de genre français, LA HORDE est le
premier long-métrage co-réalisé par Yannick Dahan et
Benjamin Rocher. Après les spectaculaires déceptions de
MUTANTS ou encore d´HUMAINS, LA HORDE cristallise
de nombreuses attentes. Tout d´abord de la part de ses
producteurs et de son distributeur, même si le film est déjà
vendu à l´étranger, car les résultats des sorties cinéma de films
de genre français sur notre territoire s´achevent de manière
générale par des échecs cinglants. Ensuite par le public visé
désespérant de voir débouler une petite perle et qui à chaque
nouvelle sortie du genre se demande à quelle sauce il va devoir
déguster le plat que les plus téméraires vont aller voir en salles.
Mais aussi par les suivants, les métrages qui tentent aussi leur
chance et qui se questionnent sur l´éventuel devenir de leur
sortie comme pour LA MEUTE après autant de déconvenues
sur les écrans.
Le scénario mélange tant bien que mal des influences francofrançaises de «banlieue-terre de violence», du zombie qui
apparaît dans la société et provoque le chaos (voir l´œuvre de
La qualité principale demeure son énergie tout au long du
métrage. Il fallait bien cela afin de masquer la faiblesse des
enjeux et un scénario à l´argument rabaché. Force est de
constater qu´un montage serré (NB : la copie présentée au
Festival de Gérardmer est visiblement un nouveau montage par
rapport à celui présenté dans les festivals précédents) adossé à
une caméra sachant mettre adroitement l´action en avant, LA
HORDE n´ennuie pas vraiment. Les cinéastes cèdent à la
pratique de la caméra tremblottante en fin de parcours, mais le
spectateur l´aura évité pendant les trois quarts du métrage,
heureusement. Il n´empêche que LA HORDE tombe dans le
panneau du film de couloir (voir ABANDONNED ou encore
MUTANTS récemment…), le cadre se baladant inévitablement
le long des corridors de ce énième huis clos horrifique.
Rien de cryptique dans le scénario non plus. Simplicité,
linéarité et… clichés. Si l´argument d´affrontement entre flics
et gangs violents rappelle les polars français bisseux des 80´s
tendance LA BASTON ou L´ARBALETE, la narration se
dirige rapidement vers un huis clos avec zombies. Un peu
comme si le MEAN GUNS d´Albert Pyun rencontrait LA
NUIT DES MORTS VIVANTS, tendance XXIème siècle. On
pourra reprocher un symbolisme parfois lourdingue (la seule
héroïne féminine se nomme Aurore –cf le final au petit matin !et porte en elle la même chose qu´Hélène de Fougerolles dans
MUTANTS). Puis de suivre un tracé plus que balisé. C´est
peut-être ce que les auteurs ont envie de faire et c´est ce qui se
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vend le mieux à ce jour, mais l´originalité a été étranglée à la
naissance. Les efforts du scénario quant aux références à la
situation d´origine des personnages de Bola et Adewale en
passant par la catharsis d´Aurore et les imbroglios
sentimentaux, la guerre d´Indochine et on se prend la main sont
trop anecdotiques pour apporter une quelconque épaisseur au
film.
au public de se prononcer sur le long terme… Au final, si le
métrage laisse peu de répit au spectateur, LA HORDE est loin
d´être sauvage. Peut-être serait-il temps de faire office
d´originalité dans le choix du sujet et de son écriture ? Si
certains de nos voisins européens y arrivent, pourquoi pas nous
? (Comme dirait Michel Berny). Autant dire que le métrage qui
va sortir le film de genre français de l´ornière réservée aux
stricts fans n´est pas encore arrivé.
Les plus cinéphiles y verront quelques hommages parsemés
ça et là, en dehors des influences évidentes, par exemple, aux
TONTONS FLINGUEURS. LA HORDE, c´est un peu cela
aussi : des fulgurances réussies, des scènes au bon tempo, au
montage qui fait mouche… noyées dans une diarrhée verbale.
Une autre superbe scène: Jean-Pierre Martins entouré par une
foule impressionnante de morts-vivants sur le toit d´une
voiture. Une idée de plan, une force et une dynamique
cinématographique qu´il aurait été agréables de retrouver plus
souvent.
Francis Barbier
LA HORDE se caractérise enfin par des dialogues d´une
stupidité crasse absolument ahurissante ! On ne sait plus s´il
s´agit de premier ou de 36ème degré, si les personnages sont
caricaturaux volontairement ou non… ceci dit, la direction
d´acteurs frisant le zéro pointé et le surjeu avoué, on se dit que
la question ne se pose même plus. LA HORDE sent la franche
virilité, le gros flingue, le jus de couilles et la bière. La
frontière est si ténue entre tout cela qu´on se demande si on
assiste pas à une des comédies horrifiques les plus hétéro-beauf
de ces dernières années… où à un concentré d´homosexualité
refoulée en plein écran pendant 97 minutes ? Honnêtement, le
film ressemble à un gigantesque concours de celui qui a la plus
grosse. Passe encore l´inévitable symbolique de chaque
protagoniste avec son flingue/mitraillette/hache… Les
personnages masculins passent leur temps à s´insulter, se
palper, se mettre des coups, à se jauger et à dénigrer toute
présence féminine où à la rabaisser. Comment considérer la
mise en scène des personnages féminins du film ? Claude
Perron est «lindahamiltonisée» à fond. Une femme avec des
couilles, quoi. Et de chacun de lui reprocher, par exemple, sa
fonction de détonateur de ce qui se passe du fait d´avoir couché
ailleurs, etc... Comment appréhender la scène d´avilissement
du zombie féminin par les membres du gang, objet sexuel
morbide avec désir d´enculade mortifère… un peu comme
PORNO HOLOCAUST à l´envers. La comparaison est hardie
mais l´exploitation du corps mort-vivant et l´excitation du désir
semble similaire. Sauf que d´Amato y allait franco. Mais,
attention, LA HORDE est loin de l´incompétence manifeste de
Joe d´Amato sur ce coup-là.
La palme revient aux acteurs qui tentent de surpasser le
voisin dans la médiocrité. Jean-Pierre Martins est très loin de
son interprétation de Marcel Cerdan et Aurélien Recoing n´a
jamais été aussi mauvais. La subtilité de son jeu, même dans la
violence, faisant la richesse de films comme L´EMPLOI DU
TEMPS ou L´ENNEMI NATUREL se trouve ici fracassé sur
l´autel de l´exagération permanente comme mode
d´expression. Dommage. La palme revenant à Doudou Masta,
affublé des pires lignes de dialogues et les débitant de manière
somptueusement amateur. A force de vouloir trop se la jouer
«bad-ass», il passe à côté de son rôle, tout comme de sa
relation avec son frère dont on en vient à se contrefoutre. Cette
direction d´acteurs «hénaurme» finit par occulter le reste.
Economiquement parlant, le film possède un indéniable
potentiel mais le sujet et le traitement devraient plutôt
constituer un handicap lors de sa carrière en salles mais il
pourra sûrement se rattraper avec son exploitation vidéo afin
de gagner en audience. De là à savoir s´il sera apprécié, il reste
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