Les ERB - E-mailing.lu
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Les ERB Pas loin de deux ans et demi après ma première ébauche, je pense qu'il est temps de reprendre un peu le sujet crée pour le forum Onlybass et y apporter quelques modifications. Les raisons qui m'ont poussées à rédiger, ou reprendre plutôt, la présente version (et qui ne sera surment pas la dernière) sont nombreuses. Beaucoup de choses se sont passées depuis la première version, il me fallait en tenir compte. Qu'est-ce que les ERB ? Au risque de choquer les puristes et les détracteurs, et qu'ils l'admettent ou pas, les ERB sont des basses. Pourquoi ? Parce que ce sont des basses classiques sur lesquelles sont venus se greffer au fils des envies et innovations de certains bassistes plus de cordes. L'accordage reste toujours en quarte (dans les accordages stantards), et on retrouve bien les cordes de Mi La Ré Sol. Alors pourquoi les surnommer ERB ? Ce n'est pas le fruit du hasard, mais simplement une façon de marquer leur particularisme. ERB signifie Extend Range Bass soit Basses à Tessiture Etendue en Français (ou BTE mais rarement employé). Et là est justement la particularité de ces basses : elles proposent une tessiture plus grande. Encore faut-il définir par rapport à quoi et comment distinguer une ERB d'une basse plus classique. Là encore ce n'est pas chose aisée. La basse est un instrument jeune et qui a évolué et evolue encore beaucoup. Prenons donc comme première base ce qui reste LA basse classique par excellence : une Fender Jazz Bass. Ses caractéristiques sont simples : 4 cordes, 21/22 cases. Pour beaucoup, cela reste encore ce qui représente le mieux une basse. Cependant, en rester à cette description n'ai plus très parlant tant le paysage bassistique a évolué. Parmi les évolutions qui peuvent être considérées comme des standards maintenant : – manches de 24 cases (2 octaves) – les 5 et 6 cordes. Dans ma première version, j'avais bien intégré les 6 cordes à ces standards sans pour autant trop prendre parti mais j'y émettais davantage de réserves. Mais je pense que maintenant les 6 cordes sont rentrées dans les moeurs bassistiques. On rencontre par exemple énormément moins de critiques/réflexions à la vue des 6 cordes qu'il y a quelques années en arrière. On peut aussi le remarquer dans les catalogues des marques dans lesquels elles apparaissent de plus en plus. J'ai été surpris par exemple de voir MusicMan sortir une Bongo 6 cordes, chose voir aussi rapidement quand j'ai eu ma première 6 cordes. Dès lors on peut constaster que comme partout, les nouveautés qui changent un peu trop du quotidien rencontrent de vives critiques. Cela a été le cas avec les 5 cordes, puis avec les 6 cordes. Les plus de 6 cordes sont moins courantes mais existent et sont de plus en plus nombreuses bien que leur nombre reste une infime proportion du marché de la basse électrique (restons honnêtes). Dans ma première ébauche je n'ai parlé presque parlé que du nombre de cordes... ce qui m'a fait passer à coté d'un élément important dans la tessiture : l'accordage ! C'est également lui qui permet de définir la tessiture du son. Je partirai sur du classique : – 4 cordes : Mi La Ré Sol (EADG) – – 5 cordes : Si Mi La Ré Sol (BEADG) / Mi La Ré Sol Do (EADGC) moins courant mais qu'on rencontre quand même assez fréquemment 6 cordes : Si Mi La Ré Sol Do (BEADGC) Je considère ainsi qu'une 4 cordes accordée en Fa# Si Mi La rentre dans le registre des ERB malgré son nombre de cordes. Concernant le nombre de cases, on peut considérer qu'au dessus de 24 cases, on passe dans le domaine des ERB. Il n'y a qu'a voir les Hyperbass de Michael Manring qui lui permettent (accordage piccolo mis de coté) d'atteindre plus de notes qu'une 5 voir même une 6 cordes. Au vu des éléments étudiés précédemment, et parce qu'il faut définir une limite à partir de laquelle une basse sort du cadre classique pour cet article, je prendrais mon propre avis. Donc pour ma part, mon avis n'a que peu évolué sur la question. Une basse sort de la configuration classique quand elle a: – Plus de 6 cordes – Une touche de plus de 2 octaves (plus de 24 frettes) – Un accordage en dessous d'un Fa# et au dessus d'un Fa (incluts) Il n'y a qu'un élément sur lequel au final je n'arrive pas à me décider, c'est concernant les basses à cordes doublées/triplées. Rentrent-elles dans le cadre des ERB ou pas. Bonne question. Je ne connais malheureusement pas assez ce genre de basses pour pouvoir émettre une opinion correcte. Passons maintenant aux avantages et inconviénents de ces basses à gros manches. Les avantages Tessiture plus importante De part son nombre de cordes, de case ou son accordage, les ERB possèdent une tessiture plus importante comparé à une basse classique. Cela peut aller des infra basses aux aïgues criards qui atteignent la tessiture d'une guitare. Cela donne par exemple aux bassistes qui font fréquemment des solos un plus grand terrain de jeu. Mais bien plus que ça, une plus grande tessiture permet d'explorer de nouveaux horizons et se sortir davantage du rôle cliché du bassiste. Moins de démanchés Certaines personnes (dont je fais parti) préfère avoir sous une même position de main le maximum de notes pour éviter les démanchés. Avec une 8 cordes on a par exemple deux fois plus de notes sous une même position de main ce qui n'est pas négligeable. Des techniques qui peuvent en être facilitée Le fait d'avoir plus de notes sous une même position de main peut faciliter certaines techniques et ouvrir de nouvelles perspectives. Je pense par exemple aux accords, arpèges et au tapping. On peut ainsi faire de nouveaux accords qu'il serait difficiles de faire avec moins de cordes. Se lancer de nouveaux défis Les basses à tessitures étendues sont aussi sources de défis. Réussir à dompter plein de cordes apporte beaucoup car elle oblige à oublier ce que l'on pense et le réadapter. Ca demande un effort important qui débouche au final sur plein de découvertes qui, utilisées sur des basses plus courantes peuvent apporter des approches qu'on aurait même peut-être pas imaginé autrement. Pour mon cas personnel, passer d'un niveau moyen sur 6 cordes à une 9 cordes m'a donné la même impression que lorsque j'ai commencé la basse : j'étais perdu ! Innovations Les défis ne sont pas réservés qu'aux musiciens qui les joueront. Les luthiers doivent aussi innover au maximum pour faire rentrer plus de cordes, en gardant l'instrument jouable au maximum, avec un son équilibré. Bref, beaucoup de réflexions de leur coté également, surtout que ce genre de commandes ne sont pas très courrantes. Les inconvénients Plus travail Le premier inconvénient que je vois est la masse de travail qu'il faut fournir comparé à une 4 ou 5 cordes. J'avoue que ma 9 cordes me décourage souvent sur ce point. Mais il n'y a qu'une solution quand c'est comme ça : jouer, jouer et continuer à jouer. J'ai longuement hésiter à mettre ce point dans les inconvénients parce qu'au final, en est-ce vraiment un ? Est-ce que le fait de travailler son instrument est un inconvénients ? Je suis convaincu que non. Il faut du temps avant de savoir un minimum savoir jouer de la basse, et ce quelque soit le nombre de cordes. La simple raison pour laquelle ce paragraphe se trouve dans cette partie est qu'il faut en général plus de temps avec le nombre de cordes qui augmentent, et surtout pour les personnes qui on joué sur des basses à moins de cordes avant. Adapter son jeu à l'instrument L'autre point qui peut en gêner certains , c'est de devoir adapter son jeu à son instrument. Autant c'est moins flagrant si on ne joue pas depuis longtemps, autant pour les personnes qui jouent exclusivement sur 4 cordes depuis une quinzaine d'années par exemple, cela peut être une importante source de frustration. La plus grosse adaptation à faire est au niveau de l'étouffement des cordes non jouées qui reste assez compliquées suivant les doigtés. Des techniques à revoir Au niveau du jeu en lui même, certaines techniques peuvent être plus compliquées à mettre en place. En augmentant le nombre de cordes, on diminue très souvent l'espacement entre les cordes. Sur les 11 et la 12 cordes de Jean Baudin, il y a par exemple 15mm. Bien que certains bassistes s'accoutument des faibles espacements pour l'ensemble de leur jeu, autant pour d'autres, ce n'est pas concevable. Le slap est sans doute la technique qui est le plus parlante. Beaucoup ne jure que par du 19 mm au chevalet, et n'apprécie pas de jouer avec moins. Ce n'est bien sur pas valable qu'avec le slap mais aussi avec n'importe quelle technique. Il existe en revanche des bassistes qui ne sacrifient pas l'espacement des cordes au profit de leur nombre. On peut citer par exemple Yves Carbonne ou Uziel et son ex-8 cordes. Bref là encore, tout dépend des préférences et de la façon de jouer du bassiste. Dernier inconvéniement : le cout, que je détaillerai surtout dans la partie suivante. Limites Le cout A la fois un inconvénient et une limite, le cout des ERB reste un gros frein à son développement. Les basses de plus de 6 cordes sont rarement disponibles à des prix abordables. Il existe bien certaines marques asiatiques comme Gavelstone qui proposent des basses 7 et 8 cordes d'entrée de gamme, mais la qualité semble au niveau du prix : pas top. D'autres marques osent se lancer avec des commandes custom (Sandberg, Tune). Mais le plus souvent, il faut passer par les services d'un luthier, et là encore certains ne sont pas trop chauds pour explorer ces horizons qui demandent un peu plus de recherche et comportent plus de risques. Par contre on se retrouve en possession d'un instrument de qualité. La revente en cas de soucis est également compliquée. Déjà que le marché des ERB est assez petit, alors revendre une basse sur mesure reste vraiment difficile à moins de la brader (y'a qu'à voir certaines annonces). Le cout des cordes de rechange peut également faire déchanter. Comptez plus de 80€ pour un jeu complet pour une 9 cordes (et encore je suis gentil) suivant la marque... Marques sont bien entendu peu nombreuses à en fabriquer, ce qui limite davantage le choix. Limites physiques Jouer une ERB avec un nombre de cordes important (surtout au dela de 9 cordes) est physique et peut faire apparaitre des douleurs. Bien qu'on diminue l'espacement des cordes pour en compenser le nombre, il arrive un moment ou la taille du manche restera quand même importante. Pour ma part ce sont mes poignets qui ont le plus souffert avec ma 9 cordes au début par exemple alors que je n'ai que du 16.5mm au chevalet. Il arrive aussi de voir apparaitre des douleurs au dos, mais ceci est valable avec n'importe quelle basse lourde. De plus, le fait de travailler avec des luthiers permet de limiter ce facteur et de concevoir des basses au poids raisonnable (hollowbody par exemple). Nos oreilles peuvent aussi atteindre rapidement leur limite en allant davantage dans les graves. La distinction des notes devient floue et il arrive qu'on entende plus les notes mais les ressentent. Limites technologiques Les technologies actuelles en terme d'amplification et de cordes, sont aussi des limites à prendre en compte. Au niveau de l'amplification, il faut du matériel qui puisse rendre du mieux possible le son de votre instrument sans faire de la bouillie (valable surtout pour les graves). Au niveau des cordes, on atteint également des limites au niveau des tirants. Pour les cordes graves, il est pas compliqué d'augmenter le diamiètre, mais pour les aigues cela devient plus compliqué. De plus, plus elles seront fines, plus le risque de casse sera important. Références Dans ma première version j'avais ajouté un paragraphe supplémentaire intitulé “Pourquoi ça sert à rien de critiquer une ERB” mais je ne le remettrai pas dans cette version tout cela parce que ça ne sert pas à grand chose. La plupart des gens critiquant férocement les ERB sont des personnes qui n'ont jamais posé les mains sur l'une d'entre elles. De plus, la basse est un monde merveilleux et qui se diversifie et plutôt que critiquer, certains devraient s'ouvrir davantage. Il y a du bon à prendre partout même dans ce que l'on aime pas. Je vais plutôt la remplacer par cette petite partie consacrée à quelques liens. Bassistes Yves Carbonne – France – 8/10/12 cordes Jean Baudin – USA – 9/11/12 cordes (13 cordes en fabrication) Jérôme Wolf – France – 5/6/10 cordes Stew McKinsey – USA – 8/10 cordes Gregory Bruce Campbell – USA – 9 cordes Luthiers Conklin Bee Laurent Kah Christophe Noguera Ken Lawrence