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sur l’esthétique
La parole aux Amazones
The turn of Amazons to speak
A. Parent*
I
A. Parent déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
* Psychologue clinicienne.
l n’est pas question ici de nier le traumatisme de
la mammectomie. La perte d’un sein est bouleversante, elle vient se surajouter au diagnostic de
cancer qui a déjà mis la vie entre parenthèses et lancé
la grande roue de l’angoisse. Il faut du temps pour
surmonter ce traumatisme et se créer une vie autre.
Il n’est pas question non plus de dire que la chirurgie
réparatrice est inutile ; nous avons la chance de
pouvoir y avoir accès, environ 1/3 des femmes y a
recours, mais ce n’est pas d’elles que je vais parler.
Mes réflexions touchent la majorité des femmes,
celles qui restent asymétriques, celles dont le choix
questionne (figure 1).
Un corps irreprésentable
En France, avant 2007, les images d’Amazones étaient
mythologiques (bas-reliefs et peintures de valeureuses guerrières bandant leur arc) ou médicales
(des photographies de femmes mutilées cadrées
sans la tête ni le bas du corps). Dans le domaine
de l’art, l’asymétrie était esquivée : les Amazones
mythiques étaient représentées avec leurs 2 seins.
La France est passée à côté du mouvement des
années 1990, où des artistes américains ont photographié et exposé des femmes ayant perdu un sein
à la suite d'un cancer, posant torse nu, seules ou à
côté de leur conjoint(e) [1].
Le corps amazone est tabou
Pourquoi cette absence de représentation alors qu’il
y a des centaines de milliers d’Amazones auxquelles
viennent s’ajouter chaque année plus de 10 000
autres femmes1 ?
Nous allons tenter, sinon de répondre à cette question, tout au moins de formuler des hypothèses,
étayées par de nombreux témoignages d’Amazones.
© A. Parent.
Lorsqu’une femme demande à quoi elle va ressembler après la mammectomie, que lui dit-on ? On lui
parle de reconstruction. Si elle insiste et demande
comment sera son corps une fois devenu asymétrique, elle se retrouve trop souvent face à un vide de
mots, une absence d’image, et la gêne des soignants.
Cette absence de réponse donne à imaginer des
figures bien plus éprouvantes que la réalité concrète
de la mammectomie.
Si jamais j’avais su avant que ça n’était “que” ça,
j’aurais moins appréhendé l’opération !
Figure 1. Amazone de Christine Muller.
1 Ce
chiffre est une estimation basse, à défaut de statistiques
officielles fiables.
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Points forts
»» Pourquoi est-ce si difficile de reconnaître que beaucoup de femmes vivent bien sans reconstruction ?
»» Pourquoi vivre comme un échec le fait que les 3/4 des femmes ayant subi une mastectomie ne veulent
pas de chirurgie réparatrice ?
»» En quoi ce corps asymétrique nous renvoie-t-il à nos représentations de la femme, à notre sexualité, à
notre rapport à la naissance, à la mort ?
»» Pourquoi ne pas laisser aux femmes le temps de découvrir ce qui est bon pour elles, le temps de surmonter
le traumatisme de la perte d’un sein – perte irréversible avec ou sans reconstruction –, le temps de se
découvrir autre ?
»» La reconstruction est d’ordre psychique, avec ou sans chirurgie.
»» Une visibilité nouvelle pour les femmes mammectomisées : l’association Les Amazones s’exposent lève
le tabou ! www.lesamazones.fr
Dans cette situation, comment se projeter dans
l’avenir, comment imaginer “l’après” quand rien
ne vous en est dit ni montré ?
Les journalistes qui s'interrogent sur le vécu des
Amazones, quant à eux (ou elles), demandent souvent
“Vous sentez-vous encore une femme ?”, comme si
la féminité se mesurait au nombre des seins, comme
si l’on n’était “que” son corps. Il suffit pourtant de
regarder certaines culturistes : malgré leur poitrine
intacte, ce sont rarement des parangons de féminité.
Ce qui est ébranlé lors d’une mammectomie, ce
n’est pas l’identité sexuelle : on est femme avec
1 sein, 2 seins ou plus de sein du tout. La masculinité et la féminité ne se résument pas à la taille et
au nombre des attributs sexuels. La question qui
se pose lorsque le corps est amputé d’un sein, c’est
celle de la séduction. Après “Vais-je m’accepter telle
que je suis maintenant ?”, “Vais-je m’aimer comme
cela ?”, “Vais-je me plaire ?”, vient l’interrogation :
“Vais-je encore plaire ?” (figure 2).
Le regard de l’autre est fondamental dans ce
processus d’apprivoisement de son propre corps. Or
cet “autre”, la plupart du temps, ne fait qu’exprimer
ses fantasmes ; ainsi, cette phrase lourde de sens
adressée à une représentante de l'association Les
Amazones s’exposent : Votre association, c’est une
association de… de... lesbiennes ? Dans l’imaginaire
de cette journaliste, un homme ne peut pas désirer
une femme asymétrique ; mais dans ce cas, pourquoi
serait-elle désirable par une autre femme ? L’identification viendrait-elle compenser la perte du sein ?
Un facteur module toutefois la gêne – voire le
malaise – qu’elles suscitent : leur âge. Une gynécologue, à chaque consultation annuelle, demande
à sa patiente : Toujours pas décidée à faire une
reconstruction ? ; un oncologue affirme : Vous
êtes jeune encore, vous devriez faire une reconstruction ! ; un autre s’afflige : Vous ne pouvez pas
rester comme ça !
Mots-clés
Tabou
Mammectomie
Amazones
Art
Exposition
Représentation
Highlights
»» Why is it so difficult to recognise that women can live well
without a reconstruction?
»» Why is it considered as a
failure that 3 out of 4 them
do not want reconstructive
surgery?
»» What message does the
asymmetrical body send us
about our representations of
women, about our sexuality,
our relationship to birth, to
death?
»» Why not leave women the
time to discover what is good
for them, the time to get over
the trauma of losing a breast
– an irreversible loss, with or
without reconstruction –, the
time to come to terms with
themselves being different?
»» Reconstruction is a mental
process with or without surgery.
»» A new visibility for women
who have had a mastectomy, the
lifting of a taboo via the association Les Amazones s’exposent
(www.lesamazones.fr).
Keywords
© Les Amazones s'exposent.
Taboo
Mastectomy
Amazons
Art
Exhibition
Representation
Figure 2. D’après Olympia de Manet.
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actualités
sur l’esthétique
© Stéphanie Chardon.
La parole aux Amazones
Figure 3. Pirates de Stéphanie Chardon.
Pour bien des prescripteurs, il y a un moment où “ça
en vaut la peine”, et un autre où “ça ne vaut plus le
coup”. Ce “bon âge” pour la reconstruction, quels
en sont les critères ? Sur quoi sont-ils fondés ? un
âge physiologique ? une situation familiale ? une
esthétique ? ou encore un moment historique ?
Depuis le début du xxe siècle, la forme de la poitrine
est un enjeu capital de la silhouette féminine, et en
période de crise et d’insécurité comme celle que nous
traversons, les fortes poitrines rassurent.
Une différence impensable
L’absence de représentation des femmes à un sein,
la difficulté à imaginer qu’elles puissent accepter
cette perte et aller bien, l’impasse faite par les
médias, l’injonction qui leur est faite – implicite ou
explicite – de retrouver une image conforme aux
normes de notre société, signent le fait qu’elles nous
confrontent à quelque chose d’“impensable”.
Une jeune femme de 32 ans nous a rapporté les
paroles de son chirurgien : Pourquoi faire une reconstruction ? Mais tout simplement pour ne pas voir “ça”
devant la glace tous les jours, mademoiselle ! Un autre
chirurgien, s’adressant à une toute jeune femme :
Pourquoi faire une reconstruction ? Mais pour avoir
une apparence décente !
La violence des propos de ces 2 médecins est la
traduction de ce qu’ils ressentent face à une femme
à un seul sein. Ils sont atteints, touchés dans leur
rapport à la sexualité, à la mort, à la naissance, à
la maternité, à une certaine sacralisation du corps
de La femme.
Nous le sommes tous, mais dans des proportions
diverses selon notre histoire, notre vécu, et le
passage ou non par un travail sur soi.
Comment expliquer autrement le fait que des
soignants, confrontés depuis des années au corps
de centaines de femmes ayant subi cette amputation, tiennent des propos tellement stigmatisants ?
Face à l’atteinte de l’image symbolique de La femme,
leur réponse à cette angoisse impensable est la
“reconstruction”, la “réparation”, au détriment de
l’écoute dont elles ont profondément besoin.
Priver une femme de l’un de ses seins, fût-ce pour
lui sauver la vie, est très difficilement vécu par de
nombreux soignants.
Alors même que c’est impossible, on tente de revenir
à la situation originelle : en refaisant le sein, on
répare. La perte est pourtant incontournable, et il
n’y a de liberté et de bien-être possibles que dans son
acceptation, que l’on fasse une chirurgie réparatrice
ou non. Ce deuil est à faire par la patiente comme
par son médecin.
Le choix de ne pas faire de reconstruction – largement majoritaire – est souvent vécu par les soignants
comme un échec, interprété en termes de “refus”,
d’autant plus qu’il est bien stipulé que “la reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise
en charge du cancer du sein” (2).
Pourquoi ne pas demander leur avis aux principales
intéressées ?
Reconstruire, réparer, comme si notre corps était une
mécanique enrayée ! (figure 3).
La reconstruction
est d’ordre psychique
On oublie que la reconstruction est d’ordre psychique,
même si, pour certaines, elle passe par de la chirurgie.
Après 2 opérations à 3 semaines d’intervalle et des
problèmes de cicatrisation, une nouvelle épopée
chirurgicale ne me souriait pas. Il faut du temps
pour que douleurs et inconfort s’estompent. Les
divers scénarios de la reconstruction (étirement,
prélèvement de bouts de muscle et de peau, correction éventuelle du sein restant) me semblaient plus
barbares que la mammectomie. Tout ça pour un
résultat aléatoire, un éventuel échec, non ! Je me
sens mieux, et bien moi, avec un bon vrai sein qu’avec
un buste fabriqué.
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actualités
sur l’esthétique
Références
bibliographiques
1. Myers A. www.artmyers.com.
2. INCa. www.e-cancer.fr
3. Unger A. Le Corps amazone.
52’ & 74’, L’œil sauvage ; 2010.
4. Mandy M. Mes deux seins,
journal d’une guérison. 92’, The
Factory & Fontana ; 2010.
5. Colombani MF. Cancer du
sein : les nouvelles amazones.
Elle 2010.
6. Guillaumin S. Journal télévisé
de France 3, 24 février 2008.
7. Héquet D. Soutenance de thèse
de docteur en médecine, sous la
direction du Dr. Alran S. Facteurs
de décision de non-reconstruction
du sein chez 1 937 patientes ayant
eu une mastectomie pour cancer
du sein à l’institut Curie. Faculté
de médecine de Bobigny, 2011.
© Les Amazones s'exposent.
Devenir “hors normes” est une épreuve, s’accepter
avec un seul sein implique un changement en profondeur. Cette reconstruction psychique demande du
temps. Le temps de latence de la mémoire visuelle
– le regard dans la glace qui perçoit la cicatrice en
tant que sein manquant, puis un jour ne s’en étonne
ni ne s’en afflige plus –, le temps de latence de la
mémoire proprioceptive – l’unilatéralité “bruyante”
des sensations qui s’estompe puis disparaît au fil des
mois, rendant le corps à son silence initial. Autant
de modifications du schéma corporel qui se font
pas à pas.
On sait qu’une reconstruction chirurgicale, aussi
réussie soit-elle, ne suffit pas en elle-même à satisfaire une femme qui a une image déficiente d’ellemême.
Le temps de réflexion avant d’entreprendre une
chirurgie réparatrice – quand il existe – permet de
prendre toute la mesure de la perte, de découvrir
ce nouveau corps, de l’apprivoiser, de peser le pour
et le contre, de découvrir ce qui est bon pour soi.
Après le temps de l’effroi, après celui où l’on détourne
les yeux de la trace, peut-être par la main obligée
d’y passer la crème, et les caresses d’une autre main,
vient le temps de l’apprivoisement, de l’acceptation
de son blason caché. On oublie ? On n’oublie pas
qu’on est en vie.
Il y a une maturation possible, un cheminement qui
amène à se percevoir et à percevoir la vie autrement :
“Tu en feras faire 2 beaux, tout neufs, tu verras” : je
me suis longtemps raccrochée à cette phrase d’une
amie qui tentait de me consoler. Mais plus le temps
passe, plus je me dis que cette “reconstruction salvatrice” n’est pas pour moi. J’ai appris à regarder mon
corps autrement, et, dans le fond, dès les premiers
moments après l’ablation, je savais que je ne me ferais
pas réopérer. Et parfois je me surprends même à me
sentir “asymétriquement” belle et forte.
Être confronté à sa propre finitude change profondément l’échelle des valeurs. L’être prime sur
l’apparence, et, pour certaines, la trace de ce sein
enlevé pour rester en vie fait partie intégrante de
leur histoire ; la cicatrice est trace d’un vécu et non
stigmate d’un traumatisme.
Participent pleinement à cette reconstruction
psychique les paroles dites autour du premier
pansement. Le premier regard, les premiers mots
qui vont commenter l’absence de sein et la cicatrice
augurent bien ou mal de cette nouvelle vie. Moment
de fragilité, de transition, moment de mue où les
mots ont une grande importance. Ils accompagneront longtemps la femme dans sa représentation de
son “nouveau corps”.
Figure 4. D’après La Goulue de Toulouse-Lautrec.
Des Amazones s’exposent
Pour accepter d’être “autre”, l’identification à des
semblables facilite la tâche. Or, jusqu’en 2008,
aucun média, aucune publication ne parlait des
femmes qui avaient accepté leur mammectomie2.
Pour les sortir de leur isolement, il fallait leur donner
une visibilité. Convaincue que l’art est précurseur et
que, par ce biais, il serait possible d’apprivoiser cette
différence particulière, l’association Les Amazones
s’exposent a monté une exposition sur le thème de la
femme mammectomisée : des peintures, des sculptures et des photographies. Des Amazones ont été
photographiées avec un éclairage soigné, un beau
cadrage, leur corps asymétrique a été mis en valeur.
2À
notre connaissance, en France,
les premières belles représentations de femmes mammectomisées datent de 2007 : Bonnier P,
Launette F. J’ai un cancer du sein :
et après ? Congénies : Romain
Pagès Éditions, 2007. Dans ce
livre sur la diversité des interventions en chirurgie mammaire, sur
les 5 Amazones photographiées,
seules 2 disent avoir bien accepté
leur corps.
L’association intervient dans les IFSI, des congrès, des centres de
prévention, des associations (vidéo-débats, lectures-spectacles,
etc.)... : [email protected].
Le site www.lesamazones.fr permet aux femmes qui vont devenir
amazones de découvrir ce à quoi elles vont ressembler, et à
celles qui le sont déjà de voir que bien d’autres ont parcouru ce chemin et que
c’est la vie qui prime !
La grande exposition en ligne : lesamazones.fr/expo-virtuelle/
Les photographies d’amazones : lesamazones.fr/photos/
Encadré. Les Amazones s'exposent.
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actualités
sur l’esthétique
La parole aux Amazones
Cette exposition est en ligne sur leur site www.
lesamazones.fr, ainsi que des photographies d’Amazones réalisées par les intéressées elles-mêmes.
Cette visibilité nouvelle, cette levée du tabou ont
eu un fort impact auprès des femmes directement
concernées, qui ont laissé leurs témoignages sur le
livre d’or de l’exposition :
Merci de cette exposition qui redonne à toute femme
asymétrique le goût de vivre différemment avec sa
différence. Les seins n’ont jamais fait notre féminité
tout entière, elle est avant tout dans notre tête !!!
Magnifique exposition qui m’emmène sur le chemin de
l’acceptation, merci de montrer que nous existons !
J’ai trouvé dans cette idée d’Amazone et à travers
l’expo une appartenance à un monde nouveau après
l’ablation. Je me sens solidaire (donc moins seule)
après ce traumatisme.
Dans quelques jours un sein en moins, je suis réconfortée en voyant ces images.
Tout est une question de regard
Cette découverte du “corps amazone” a aussi changé
le regard des tiers :
Très belle exposition, très émouvante, j’ai d’autant plus
été touchée que ma maman est atteinte de ce cancer.
J’ai “enfin” pu ressentir ce qu’elle a subi : l’ablation.
Car elle n’en parle jamais. Je ne la regarderai plus de
la même façon.
Étant confrontée aux Amazones dans ma pratique quotidienne en tant que manipulatrice radio, je trouve extraordinaire ce travail que vous avez fait pour toutes ces
femmes et leurs compagnons. Votre exposition soulève
un sujet “tabou”. Pour les soignants, j’ose écrire merci.
En tant qu’homme, cette exposition m’a aidé à comprendre
ce que cette perte peut représenter pour une femme
et me permettra de mieux me positionner avec les
nombreuses femmes qui ont cette expérience. Merci3.
Le corps asymétrique dévoilé n’a pas suscité de rejet,
ou si peu en regard des échos très positifs. Pourtant,
trouver un partenariat pour exposer fut difficile.
Dans les centres hospitaliers sollicités, la réponse fut
celle-ci : Vous allez faire peur à nos femmes !, comme
si l’image d’une Amazone ne pouvait que susciter
l’horreur4. Le fantasme l’emporte encore sur la réalité.
Pour continuer à donner une visibilité aux amazones,
une nouvelle exposition “Les Amazones s’exposent”
(encadré) a eu lieu cette année dans une galerie d’art
à Paris, en octobre : une série de tableaux de maîtres
revisités avec humour “en Amazones”5 (figures 4 et 5).
Conclusion
Depuis 2008, des films sur les Amazones ont été
tournés (3, 4), quelques photographes se sont
emparés du sujet, des articles de presse commencent
à leur donner la parole (5) ; un reportage au
journal télévisé de France 3 a eu une très grande
audience (6). Petit à petit, le tabou se fissure…
En 2011, le résultat de l’étude réalisée dans le cadre
de la thèse de médecine du Dr D. Hequet, “Cancer
du sein et mastectomie” (7), a montré que 7 femmes
sur 10 ne se font pas reconstruire et que c’est leur
propre choix. Ce constat est venu accréditer ce que
nous affirmons depuis des années : des femmes
peuvent trouver un nouvel équilibre sans avoir besoin
de reconstruction chirurgicale.
Cette parole médicale a été entendue, le regard
porté sur les Amazones commence à évoluer, mais il
faudra encore que bien d’autres Amazones prennent
la parole pour qu’on les regarde comme des femmes
à part entière…
© Les Amazones s'exposent.
Et si la différence se montrait seulement dans l’indifférence ? C’est le regard des autres qui rappelle à chacun
ce que nous sommes ou ne sommes pas !
■
3 Nous remercions vivement les femmes et les hommes qui nous ont
Figure 5. D’après Gabrielle d’Estrée (école de Fontainebleau).
fait part de leur expérience, leurs paroles sont reprises en italique
dans le texte.
4 Une autre réaction du même type concernant les femmes asymétriques : Alby N. Peut-on supprimer l'effroi, montrer ce qui terrifie ?
In : Bonnier P, Launette F. J’ai un cancer du sein: et après ? Congénies :
Romain Pages Éditions, 2007.
5 Galerie Edifor, rue Guénégaud, 75006 Paris, du 16 au 26 octobre
2013.
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