Pour en savoir + - La caravane des dix mots en Languedoc

Transcription

Pour en savoir + - La caravane des dix mots en Languedoc
Journée réalisée
dans le cadre
de la Semaine de la Langue Française
et de la Francophonie
(14/22 mars 2015)
JOURNEE PROFESSIONNELLE
TRAVAILLER ENSEMBLE AVEC LES MOTS
Agir par l’écrit, devenir acteur de sa vie
19 mars 2015
Médiathèque départementale
pierresvives - Montpellier
Ces journées «Travailler ensemble avec les mots»
ont pour objectif de mettre en avant le rôle primordial
de «l’outil» artistique dans l’accompagnement de chaque être vers
son expression et son autonomie au coeur de notre société.
Regroupant ainsi pour une réflexion les personnes concernées (bibliothécaires, enseignants, artistes, auteurs et conteurs, associations
du lire et de l’écrit, animateurs d’ateliers d’écriture, ...) pour éloigner
les discriminations et «lutter contre l’illettrisme».
Organisée par le Centre de Création du 19
en collaboration avec Languedoc- Roussillon livre et lecture
et la Médiathèque Départementale de l’Hérault,
avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles ,
ainsi que de la Région Languedoc-Roussillon.
PROGRAMME
Ouverture de la journée
Présentation de la Caravane des dix mots Languedoc Roussillon 2015
Le point de vue de la recherche : illettrisme et parcours de vie
Démarche artistique auprès des publics éloignés de la culture
Clôture de la matinée par un conte écrit
Participation aux ateliers, échanges avec les intervenants
Synthèse
Visite « illustrée » du plateau de la médiathèque
Ouverture de la Journée
Mélanie Villenet-Hamel
directrice de la Médiathèque Départementale de Pierre Vives
Marie Noël Esnault
directrice du Centre de Création du 19 et coordinatrice de la Caravane des
dix mots Languedoc Roussillon
Marie-Christine Chaze
Présidente de Languedoc Roussillon Livre et Lecture
Josianne Collerais
Vice-présidente de la Région Languedoc Roussillon, déléguée à la Culture
Valérie Travier
Conseillère économie du livre, vie littéraire, langues de France et langue
française, formation aux métiers du livre
Excusée pour cause de devoir de réserve (période électorale)
Mélanie Villenet-Hamel
directrice de la Médiathèque Départementale de Pierre Vives
C’est un honneur et un plaisir pour moi de vous accueillir à Pierre Vives.
Tout d’abord, je tiens à excuser Monsieur André Vézinhet, Président du
Conseil Général, qui n’a pu se joindre à nous ce matin, mais qui a fortement encouragé le fait que cette journée se déroule à Pierre Vives, particulièrement dans le contexte de la Semaine de la langue française et de la
francophonie.
Pour nous, Médiathèque Départementale, c’était une évidence de travailler avec la Caravane des 10 mots Languedoc-Roussillon, parce qu’évidemment, nous nous retrouvons (eux et nous et vous), dans notre amour des
mots, notre amour des textes, et plus largement, notre amour de la culture et du partage des cultures.
Vous savez que Pierre Vives s’appelle la cité des sports et du Savoir pour
tous. C’est aussi un bâtiment qui professe dans son projet d’établissement,
sa volonté de partager les savoirs, d’échanger les mémoires, donc dans
l’ADN même de ce bâtiment qui vous accueille aujourd’hui.
Il y a la notion d’échanges, la notion de partage, la notion de respect, le
souhait que chacun puisse trouver un espace, une activité, vienne comme
il est, sans se sentir stigmatisé, et en entrant dans ce qui pourrait vite être
perçu comme un Temple de la culture.
D’ailleurs, si vous avez l’occasion, je vous invite à voir la très belle exposition sur les chibanis, qui a lieu en ce moment même dans la salle d’exposition. C’est une très belle exposition, où le texte est là, des photos très
fortes sont exposées.
A la Médiathèque nous avons aussi une exposition sur le tirailleur, qui reprend, à travers une BD, cette histoire, et où on a un aller-retour entre les
mémoires des uns, les savoirs des autres, les modes d’expression des uns,
les modes d’expression des autres, et toujours un travail sur le texte.
Ici, à la Médiathèque de Pierre Vives, mais aussi dans notre annexe de
Baïssan, nous essayons au quotidien, d’apporter notre pierre à l’édifice de
la lutte contre l’illettrisme, mais surtout, la lutte pour le partage des mots,
pour le partage du savoir et de ce que ça apporte en puissance sociale.
C’est un concept extrêmement important pour nous.
Au quotidien, que ce soit lorsque nous accueillons le groupe d’alphabétisation, qui est mené en partenariat avec DEFI (et je crois d’ailleurs que DEFI
est là aujourd’hui), ou alors au cours d’une animation, comme il y a 15
jours, à l’occasion d’un « Café des parents ». A la fin, on remplit une évaluation, comme toujours. Puis, il y avait une dame, qui, manifestement
avait des difficultés pour remplir cette évaluation (une dame du quartier),
et une autre maman qui venait d’un petit peu plus loin (Saint-Clément-deRivière je crois), l’a aidé à remplir son évaluation. Toutes les deux, qui ne se
connaissaient pas, qui viennent de milieux différents, de quartiers très différents, qui ont une vie très différente, et qui ont un rapport extrêmement
différent à la langue, et à ce que ça apporte en terme de puissance sociale, sont reparties en ayant échangé autour de leurs enfants (c’était ce
qui les rassemblait ici). Elles ont échangé aussi ce petit clin d’œil fraternel,
en s’aidant l’une et l’autre.
Pierre Vives, c’est ça aussi.
Donner de la puissance sociale à ceux qui en manque, permettre les rencontres, permettre les échanges.
Depuis de longues années, à la Médiathèque, nous travaillons sur le texte
comme à peu près toutes les Médiathèques, et nous travaillons sur le
texte à travers de multiples formes.
Ca peut être, notre travail sur les médiations, en direction de public spécifique, qu’un certain nombre d’entre vous connaissez.
Nous travaillons beaucoup avec les Maisons d’Arrêt et Centres de Détention, avec les publics « ados », grand public avec le Prix des collégiens, ou
avec des ateliers dans les collèges.
Nous travaillons dans les Hôpitaux également, nous travaillons aussi dans
les Maisons de retraite, parce que la perte de la maîtrise de la langue et de
l’écrit, c’est quelque chose de très important dont on parle malheureusement assez peu. Mais dans le grand âge, quand on ne peut plus lire soimême, on peut facilement perdre la lecture et perdre tout ce monde que
la lecture nous apporte.
Nous travaillons aussi avec la petite-enfance, ces livres de naissance que
tous les nouveau-nés reçoivent, c’est aussi un message que le Conseil Général avait souhaité envoyer aux parents, pour que le premier partenaire
des petits, ce soit un livre.
On aurait pu mettre un thermomètre dans la mallette du nouveau-né,
mais nous mettons un livre qui laisse toute sa place au texte.
Même un livre de naissance, nous faisons toujours en sorte que le texte
soit extrêmement travaillé.
Au quotidien, dans la programmation culturelle, le texte est toujours présent. Nous programmons des spectacles en fonction de la place qu’ils laissent à la langue française, y compris pour les tournées de chansons
françaises, nous sélectionnons des artistes qui ont un travail important sur
la langue.
Plus largement, nos opérations « Grand Public », visent à amener le livre
partout. Ce sera sur la plage avec « Lire à la mer » en période d’été, ce sera
au Domaine de Baïssan, à travers le livre de création, lors des « Chapiteaux
du livre », et partout où nous pouvons faire descendre le livre avec des «
Tentes aux histoires », lors d’animations comme il peut y en avoir sur le
parvis de Pierre Vives.
Pour terminer, je voudrais vous parler du projet social Départemental du
Conseil Général, qui va faire des Médiathèques dans l’Hérault.
Des Médiathèques où l’on pourra partager, échanger des savoirs, mais
aussi, recueillir un grand nombre d’informations concernant l’accès aux
droits, qui est une autre préoccupation du Conseil Général de l’Hérault,
l’accès aux droits sociaux, donc, dans les Médiathèques, et nous l’espérons
très fortement.
Nous pourrons accéder, au savoir, à la culture, au droit à la culture, au
droit à la lecture, et aussi faire un petit pas pour accéder mieux aux droits.
Je vous souhaite une très bonne journée et très fructueuse. Merci à vous.
Marie Noël Esnault
directrice du Centre de Création du 19 et coordinatrice de la
Caravane des dix mots Languedoc Roussillon
Bonjour et bienvenue à cette 5ème journée « Travailler ensemble avec les
mots ». Et merci à Mélanie Villenet Hamel, à Lucie Ambrosi et à toute
l’équipe de pierresvives avec qui nous avons travaillé en étroite collaboration et qui nous offre un accueil si parfait !
Cette journée est consacrée au partage et à la réflexion :
Peut-on agir par l’écrit ? Ecrire permet il de devenir acteur de sa vie ? Comment l’artistique peut-il prendre place dans les actions qui permettent de
quitter, d’éloigner l’illettrisme ?
Pour nourrir cette réflexion, et l’action de chacun dans le quotidien dès demain, cinq intervenants ce matin, puis une après-midi d’ateliers, avant de
clôturer la journée par un parcours guidé dans la médiathèque pierresvives. Car ici les actions sont nombreuses auprès des publics éloignés de la
culture, et l’équipe connait bien ces sujets… Une expérience de terrain vivante que nous aurons la chance de partager.
Une riche journée en perspective donc ! Journée organisée au cœur de la
Semaine de la Langue Française et de la Francophonie et mes premiers remerciements iront à la DGLFLF, et aux 10 mots 2015 qui sont les dix précieux inspirateurs à la base de ce travail et de celui des Caravane des dix
mots.
Vous trouverez dans votre pochette le livret des 10 mots les présentant,
édité par le ministère de la Culture et de la Communication. Et vous avez
pu admirer l’exposition des 10 mots sur les bornes de l’accueil. (J’en profite
pour remercier les techniciens de pierresvives qui mettent tout en œuvre
pour que tout se passe bien aujourd’hui !...)
Une journée qui est une des actions de la Caravane des dix mots Languedoc Roussillon. Organisée par le Centre de Création du 19, en collaboration
avec Languedoc Roussillon livre et lecture, je remercie Cécile JodlowskiPerra et Mélanie Marchand qui prendront la parole tout à l’heure.
Merci également aux partenaires institutionnels de la Caravane des dix
mots Languedoc Roussillon, présents aujourd’hui : la Région Languedoc
Roussillon, la DRAC Languedoc Roussillon, le Conseil général du Gard.
Quelques mots pour vous présenter la Caravane des dix mots Languedoc
Roussillon 2015.
C’est une action qui est née en 2008, et s’est construite ensemble avec le
réseau de médiathèques avec lequel elle a collaboré. Cette action est labellisée par l’association Caravane des dix mots. Menée par le Centre de
Création du 19, elle propose des ateliers artistiques, conçus avec les
équipes porteuses partenaires, ateliers menés par des auteurs de la région
Languedoc Roussillon , associés ou non avec d’autres artistes. Et basés sur
les dix mots de la Langue Française et de la Francophonie.
C’est donc une façon de « travailler ensemble avec les mots », associée au
réseau ARC (Appropriation, Réappropriation de la Culture). Et une des façons de mieux vous rendre compte de ce qui s’y fait est de vous partager
le film de la Caravane des 10 mots Languedoc Roussillon 2014. Réalisé par
l’équipe d’Aléthéia audiovisuel.
Depuis 2015, notre Caravane Languedoc Roussillon a été restructurée. Elle
s’organise autour d’un appel à projet : « Dix mots, des auteurs, des bibliothèques », et de l’attribution d’un label : « Dix mots en Languedoc Roussillon ». Vous en trouverez un descriptif dans vos pochettes, ainsi que la
présentation des projets 2015. Tous ces projets se réuniront pour une restitution le 6 juin 2015 au Domaine de Bayssan : vous êtes tous invités à
cette chaleureuse rencontre et présentation des œuvres des participants.
Et si le projet vous intéresse, n’hésitez pas à nous rencontrer : pour répondre à l’appel à projet 2016, qui sera lancé en juin de cette année vraisemblablement.
Marie-Christine Chaze
Présidente de Languedoc-Roussillon livre et lecture
Bonjour à tous.
En tant que Présidente Languedoc-Roussillon livre et lecture, je me réjouis
de ce partenariat, et, bien sur, je remercie tous nos partenaires pour la
confiance que vous faites à notre équipe, et plus particulièrement à notre
Maître d’œuvres, d’ouvrages, qui est Mélanie Marchand, et qui est très engagée dans cette opération.
Il est vrai que créer un événement est plus facile que le faire durer.
C’est la 5ème journée, preuve qu’il y a rencontre entre curiosité, intérêt et
aller encore plus loin dans nos recherches et nos préoccupations.
Il est sur que la lutte contre l’illettrisme est un enjeu majeur social. Pourquoi ?
Parce que ça permet de juguler l’ignorance et de permettre à tout un chacun de comprendre le monde dans lequel il vit.
Mais nous sommes là, dans une dynamique, un mouvement, et je crois
que nous pouvons aller encore plus loin, parce qu’il y a des partenaires
très centrés sur le livre, la lecture publique. Mais il y aussi les enseignants,
il y a aussi d’autres partenaires qui peuvent enrichir toutes nos préoccupations, toute notre réflexion et, juguler encore plus et encore plus loin
l’illettrisme.
Alors, pour Languedoc-Roussillon livre et lecture, cette action, cette journée, rentre de plein fouet dans nos champs d’action, à savoir, sensibiliser
les professionnels à la question de l’illettrisme, et notamment les bibliothécaires, nous menons des actions dans la lecture publique (la formation
bibliothécaire et toutes les personnes engagées dans ce secteur).
Ca rentre aussi de plein fouet, par rapport aux ateliers d’écriture que nous
animons auprès des publics empêchés ou en difficulté, tel que le milieu
pénitentiaire, les lycées. Nous animons 10 ateliers pour l’écriture dans les
lycées de la Région depuis 2 ans.
Nous avons un partenariat avec le Département de l’Aude, nous espérons
élargir aussi ces partenariats avec les différents Départements (c’est une
réalisation peut-être évidente), dans les collèges et lycées de l’Aude.
C’est aussi pour nous très important cette journée, parce qu’elle met en lumière l’inter-professionnalisation qui est un de nos axes majeurs d’action…
On est persuadé que la réflexion collective interprofessionnelle peut apporter beaucoup à la promotion et à la valorisation, et de la lecture et de
l’écrit.
Voilà, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une excellente journée, qui, j’en suis
sure, vu l’engagement de tous nos partenaires et vous-mêmes par votre
présence, vous apportera quelques réponses et vous ouvrira surement des
pistes de réflexion, et plus tard d’action.
Je vous remercie et vous souhaite encore une excellente journée, et que la
6ème édition soit là, l’année prochaine.
Bonne journée.
Josianne Collerais
Vice-présidente de la Région Languedoc-Rousillon, déléguée
à la Culture
Tout d’abord je voudrais vous apporter le salut et le soutien qui se prolonge, malgré les Présidents de Région qui se succèdent.
Damien Alary succède à Christian Bourquin, Christian Bourquin succédait à
Georges Freche.
Et effectivement on a toujours été aux côtés de la « Caravane des 10 mots
» et surtout aux côtés et dans le prolongement de cette excellente initiative qui nous vient de l’Etat.
Je ne devais pas être là ce matin, mais je suis venue, parce que le sens
même de cette journée, le sens de vos actions aux uns et aux autres, qui
touchent des personnes, des humains, en situation de fragilité, par le biais
de l’art, ça me va tellement droit au cœur, que je me suis dit que je ne
pouvais pas venir vous saluer.
Je voudrais quand même remercier, l’adorable accueil des personnes qui
travaillent au Conseil Général et qui ont été vraiment absolument charmantes au moment de mon arrivée, je tiens à le saluer.
Il y a quelque chose qui m’épate (ça n’a rien à voir avec la journée), je n’ai
pas de devoir de réserve, et le fait que les femmes se succèdent les unes
derrière les autres à ce micro, c’est quelque chose pour moi de très nouveau, car en tant que Vice-présidente élue, je me retrouve souvent toute
seule avec des hommes.
Si vous saviez comme je suis contente, et je me dis : « Il a raison Jean Ferrat, la femme est l’avenir de l’homme », surtout dans des actions comme
celles-ci, qui sont carrément au cœur de l’humain.
Donc, vive les femmes ! Merci à vous messieurs d’être aussi féministes que
nous, et je n’en doute pas, quand nous partirons, vous prendrez le relais,
j’en suis sure…. C’est une anecdote…
Comme je n’ai pas de devoir de réserve, je voudrais remercier la DRAC et
l’Etat, qui partagent avec nous beaucoup de travail et notamment Languedoc-Roussillon Livre Lecture, qui est missionné, comme d’autres associations par l’Etat et la Région, donc le fonctionnement que nous attribuons
avec des missions, c’est l’Etat et la Région.
Je veux saluer ce partenariat qui est extrêmement fructueux je dois dire,
puisque nous organisons de belles choses, et ce, grâce au travail de
l’équipe Languedoc-Roussillon Livre Lecture, qui est une équipe absolument sensationnelle.
Tout comme vous l’êtes, vous, les personnes qui êtes engagées dans cette
opération « Caravane des 10 mots » et de lutte contre l’illettrisme.
Je ne vais pas être trop longue, je ne vais pas vous rappeler toutes les actions de la Région, il y en a tellement (pour la Région Languedoc-Roussillon
pour le moment), j’espère que la Région toulousaine avec qui nous allons
fusionner, on aura les mêmes ambitions pour le livre et la lecture et pour
cette opération, qui est quand même, somme toute, quelque chose d’assez exceptionnel. Mais vu qu’elle est, encore une fois, initiée par l’Etat, je
pense que nous tomberons tous d’accord pour continuer à être derrière
vous.
Je ne vous fais pas toute la panoplie de ce que nous faisons, je voudrais
simplement dire que si on est là, c’est qu’on vous fait confiance à tous. On
fait tout, vraiment tout ce qu’il faut pour que l’accès à la culture et à la démocratisation de la culture et de la lecture soit vraiment très prise en
compte par tous les acteurs culturels et tous les maillons de la chaîne du
livre que nous soutenons par ailleurs.
On m’a demandé de retenir que, c’était depuis le 1er janvier 2015, dans le
cadre de la formation professionnelle, que nous avons obligation de lutter
officiellement (même si on le faisait avant) contre l’illettrisme.
Cela ne dépend pas de ma délégation Culture et Patrimoine, mais je me
suis battue avec tous mes Présidents, afin que nous ayons un engagement
culturel, dans la mesure où il y a le lien entre « lutte contre l’illettrisme »
et l’art, j’ai obtenu effectivement des budgets pour pouvoir financer un
certain nombre d’associations qui travaillent sur le sujet (une dizaine à peu
près).
Je trouve très bien que la formation professionnelle se soit légalisée, officialisée, parce qu’effectivement ça veut dire que nous pourrons peut-être
mettre en œuvre des moyens supplémentaires pour d’autres connexions,
d’autres mutualisations, d’autres partages, notamment à travers votre
agence Languedoc-Roussillon livre et lecture, que nous allons dédier, et
qui j’espère, va continuer à vivre, à bien vivre et à prospérer.
Je salue votre journée de travail, la construction transdisciplinaire qu’il
existe entre la lutte contre l’illettrisme et le développement culturel.
Moi aussi, je souhaite une journée fructueuse, et je continue à vous soutenir, à vous remercier infiniment tous et toutes de votre engagement qui
est aussi le mien.
Merci.
Le point de vue de la recherche :
Illettrisme et parcours de vie
France Guérin-Pace
Chargée de recherche à l’INED,
membre du Conseil scientifique de L’ANLCI depuis 2004
4 Démarches régionales différentes
en atelier d’expression artistique :
Présentation de leur pratique d’ateliers par les
artistes
Marc Aubaret
ethnologue, directeur du Centre Méditerranéen
de Littérature Orale
Travailler sur le conte, c’est avant tout apprendre à structurer sa langue
orale et prendre conscience de tout ce que le corps, mais aussi la voix
communiquent pour mieux envisager ce que l’écriture devra compenser.
C’est surtout apprivoiser le métalangage oral essentiel à toute écriture.
Lors de cette journée, Marc Aubaret vous propose de tester, au travers
d’un atelier de « composition orale » lié au conte, quelques outils utiles au
passage de l’oral à l’écrit et efficaces pour guider les personnes en difficultés à retrouver un désir et une compétence dans l’écrit.
Site : http://www.euroconte.org/ 04 66 56 67 69
Véronique Barrau
Benoit Bastide
Je me présente : Véronique Barrau, je suis auteure et également animatrice au sein de l'association Mélusine.
Quelques mots pour présenter cette association dont l'objet est d'éveiller
la créativité de chacun et de sensibiliser au patrimoine naturel et légendaire. Nous réalisons diverses animations (ateliers d'écriture, musique nature, ateliers créatifs…) et avons créé des expositions révélant les
croyances populaires autour des plantes.
Nous travaillons avec différents publics, de la maternelle aux personnes
âgées, en passant par des collégiens, des adultes et des handicapés mentaux. Nous privilégions quand nous le pouvons des ateliers mixtes, intergénérationnels par exemple ou réunissons des personnes handicapées avec
un public non handicapé.
texte à venir
auteure
Je vais maintenant apporter mon témoignage sur l'atelier d'écriture que je
mène avec des handicapés mentaux à Narbonne. Ils sont six et seule une
personne sait lire et écrire. Nous nous réunissons durant une heure
chaque mardi.
Email : [email protected]
Site internet : veroniquebarrau.blogspot.fr//
www.assomelusine.fr
auteur
Mail : [email protected]
Site :www.ozob.fr
Jo Witek
auteure jeunesse
Je suis auteure et depuis 2009, j’écris particulièrement pour la jeunesse,
des albums pour tous petits, aux romans « jung adultes », en passant par
des documentaires. J’ai commencé à animer des ateliers d’écriture à peu
près au même moment (j’avais auparavant dans mon parcours de comédienne animé des ateliers de théâtre). J’ai eu l’occasion de travailler auprès
de classes de primaires, de collégiens, de lycéens, de classes SEGPA, ULIS,
d’étudiants des CEMEA, mais aussi en hôpital psychiatrique auprès d’adolescents et d’adultes. En région Languedoc Roussillon, jusqu’en Suisse ou
dernièrement sur l’ile de la Réunion.
Je vous remercie de m’avoir invité, car ce genre de journée est un temps
important de réflexion autour de nos pratiques.
Pourquoi animer un atelier d’écriture ? Comment ? Pour quel public ? Et à
quoi cela sert-il ? Quel sera le rendu ? En faut-il un ?
Ces questions sont celles que je me pose, chaque fois que l’on me demande d’intervenir et avant d’accepter un atelier. Elles sont majeures et
plus j’avance dans ma pratique, plus je suis exigeante dans les réponses
que je peux apporter.
Pourquoi s’aventurer dans un atelier d’écriture ?
Avant de parler des participants, j’aimerais parler de l’animateur. Pourquoi
animer un atelier ? Bien sûr pour gagner sa vie, il ne faut pas biaiser. Mais
cette réponse ne peut et ne pourra jamais suffire. Il faut en avoir le désir.
Se sentit prêt, motivé, excité même par ce nouveau projet. C’est une
lourde responsabilité que de conduire les individus vers leur propre expression. Écrire c’est « descendre en soi » disait Rilke dans Lettres à un
jeune poète.Parfois, nous le savons, les réactions des participants à certaines consignes a priori anodines, peuvent être violentes : refus, peur,
pleurs, agacement. Il faut savoir y faire face. Écrire ce n’est pas faire joujou
avec les mots.
C’est explorer ses sentiments, ses joies, ses peines, ses souvenirs, son
monde intérieur pour forger un imaginaire. Le sien, fièrement. Ce n’est pas
anodin, c’est essentiel, profond et pourtant l’animateur doit le proposer
avec légèreté. Toujours. Légèreté, sourire, chaleur, douceur.
C’est pour cette raison que j’accepte peu d’ateliers à l’année. Un ou deux
jamais plus, à part des ateliers ponctuels d’une journée. Animer au sens
étymologique du terme, c’est remettre du souffle, de la vie, de l’énergie.
C’est arriver dans l’atelier avec une énergie folle, une disposition totale,
une écoute de chacun des participants. C’est créer le climat de confiance
au sein du groupe, c’est encourager, féliciter, inviter à poursuivre, à reprendre, à développer et à terminer son texte.
C’est pourquoi, à mon sens, on ne peut animer beaucoup d’ateliers à l’année, et c’est pourquoi il faut que l’animateur pratique. Je ne dis pas forcément qu’il soit écrivain, mais qu’il écrive, souvent, beaucoup. L’écriture
engage la personne qui écrit dans un très beau voyage personnel, qui a
aussi ses abimes. Seul celui qui les a traversés peut aider les autres à voyager.
Pour le participant, s’inscrire, participer à un atelier d’écriture, c’est avoir
envie de se découvrir. Aux deux sens du terme. Mieux se connaître, explorer ses richesses personnelles, sa culture, son enfance, son éducation, ses
rencontres, sa mémoire, ses sens… Et accepter de se montrer au travers de
ses textes. Écrire est un acte intime qui engage, c’est un voyage que l’on
fait pour soi. Je rappelle toujours cette règle du jeu en début d’atelier.
« Écrire c’est oser. Une invitation à apprendre à mieux se connaître. Vous
avez tous en vous des imaginaires merveilleux… des trésors d’inventivité.
Il suffit pour les découvrir d’accepter de jouer avec la même spontanéité
que l’enfant. Pas de jugement, pas de peur, c’est un jeu. Il n’y a rien à prouver, ni aux autres, ni à soi, juste à se laisser embarquer par la consigne…et
le faire avec coeur. ». À partir du moment où la personne sait qu’elle a le
droit à l’échec, qu’elle a le droit de ne pas faire lire, de ne rien écrire
même, alors en général, elle accepte le jeu, commence le voyage et y
prend plaisir.
Comment préserver les individualités dans ce transport collectif ?
Je voudrais aborder ici la question des consignes, de la préparation de ce
voyage collectif qui se déroulera dans un cadre précis, avec un projet défini. Quand je travaille sur les consignes, souvent, je n’ai pas encore rencontré le groupe. Je n’en ai qu’une vague idée : public, âge, scolaire ou
non, en hôpital, avec des personnes en difficultés d’expression, etc.
Je vais donc concevoir, créer pour chaque atelier des consignes originales,
tout en sachant qu’au fil des séances, ces consignes vont être modifiées.
Je pense que les consignes doivent coller à l’énergie du groupe, aux attentes, aux différences des participants. C’est pourquoi en amont, je fais
mon canevas du déroulé de l’atelier, mais je l’adapte toujours avant
chaque séance.
Écrire c’est aussi ne pas écrire. Le temps d’expression orale, de discussions,
de débats est important. Au début de chaque séance, faire le tour des
textes non lus de la séance précédente, le tour des ressentis, de l’actualité
parfois ou partager une lecture. Ce temps permet de se mettre en état
d’écriture.
Les outils sont nombreux aujourd’hui pour adapter les consignes et surprendre les participants : j’utilise la vidéo, les ambiances sonores, la photo,
mais aussi le débat d’idées, les inventaires collectifs, les balades à l’extérieur, en ville, dans une galerie d’art.
Surprendre les participants est important, il faut varier les formes, varier le
jeu et parfois même quitter la salle...
Je peux aussi développer les consignes à deux si je sens que certains participants ont du mal avec l’écrit ou encore travailler à partir de paroles récoltées pour retranscrire textuellement à l’écrit ce que veut exprimer un
participant en difficulté à l’écrit.
Toutes mes consignes cependant invitent à une expression personnelle, je
ne pars jamais en atelier dans une écriture commune : type roman collectif. Tout simplement parce que je crois que l’écriture est un acte individuel
qui peut se partager, mais c’est toujours un regard unique qui dit le
monde, son imaginaire.
Je rappelle encore que l’improvisation est parfois nécessaire à l’animateur.
Quand le groupe ne part pas sur une consigne, ou qu’un participant ne la
sent pas, il faut savoir proposer autre chose…
À quoi sert un atelier ?
Ah, comme l’évaluation est délicate en matière d’écriture. Je pense d’ailleurs qu’elle ne se fait pas avec le rendu. Pour moi, un atelier réussi est un
atelier qui a permis à chacun de dépasser ses a priori, ses peurs d’écrire, et
de découvrir un territoire qu’on ne pensait pas atteindre un jour. Un atelier
réussi se mesure presque physiquement. Il faudrait parfois pouvoir filmer
les participants. Combien de fois, ai-je vu les épaules se redresser, les sourires revenir aux lèvres, les regards changer sur un des participants (particulièrement en milieu scolaire) !Je donnerai deux exemples.
Celui de Norton, un jeune de troisième qui souffrait d’une maladie dégénérescence de la cornée. Norton était avec son assistante de vie scolaire,
collé à l’écran de son ordinateur, caché, et peu avec les autres. Je me souviens que nous avions abordé une consigne sur la colère, et le texte l’engagé. Norton m’a demandé :
__ Puis-je parler du handicap ?
__ Qui mieux que toi à la légitimité d’en parler dans cette classe ? Ce serait
merveilleux que tu te saisisses de ce sujet, lui avais-je conseillé.
Et Norton a foncé ! Il a écrit un texte admirable sur sa souffrance, sur le regard des autres sur sa différence. Et Norton m’a autorisé à lire son texte
aux autres. Quelle émotion !Unequasi-standing ovation lui a été réservé
par ses camarades. Je ne l’oublierai jamais. Je pense que lui non plus. J’ai
su par la suite que l’atelier et son courage d’expression lui avaient permis
de mieux être admis dans la classe.
Très souvent d’ailleurs, je sais que l’atelier a aussi un rôle de socialisation.
Rien de mieux qu’un atelier pour scinder un groupe ! Car à partir du moment où on partage, le doute, l’effort, la joie, la fierté, les crises de rire, les
débats dans le respect et l’écoute, alors on tolère davantage ses différences.
Deuxième exemple, celui de Dylan. Un élève de SEGPA, un gamin qui n’arrivait pas à écrire plus de deux lignes. Il ne tenait pas en place. Souvent, je
sentais qu’écrire le barbait. Et puis, il y eut une consigne autour de la joie,
après une écoute d’une œuvre de Mozart. Dylan a écrit deux pages sur sa
sœur. Quand il a terminé, il s’est levé. Un beau mouvement. Il s’est relevé
et a lu son texte fièrement, debout. J’ai recroisé Dylan par la suite, et il m’a
dit qu’il retournait souvent dans la galerie d’art où nous avions aussi passé
une des séances.
Dylan s’était levé et poussait librement les portes des galeries d’art. N’estce pas la plus belle évaluation d’un atelier d’écriture ? Son sens même ?
Accès à son imaginaire, fierté de lire aux autres, de dire se sensibilité, dépasser les blocages liés à l’écrit et souvent liés à une phobie scolaire, à
l’échec, à la honte. C’est à cela que sert un atelier et c’est pourquoi, même
si j’en sors toujours épuisée, je poursuis ma route… Oui, l’écriture fait se
relever les épaules !
Alors, même si le rendu en lecture, publication, exposition est important,
l’essentiel est ailleurs. Les vrais« rendus », ce sont les cheminements de
Norton, Dylan, Lola et tant d’autres, ce sont des femmes marocaines qui
viennent parler aux élèves de leurs souvenirs d’école, c’est une jeune fille
suicidaire qui s’accroche à ses textes comme à la vie, c’est une classe en
difficulté qui écoute un texte de Duras dans un silencereligieux, c’est le ravissement de Marc qui se découvre un talent de poète, lui qui se pensait si
mauvais en français.
Un atelier d’écriture ce n’est pas écrire une langue, c’est dire aux autres sa
propre langue. C’est en ce sens qu’il est essentiel, démocratique et profondément humain.
Pages à visiter
Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse
http://repertoire.la-charte.fr/repertoire/i789-jo-witek
Maison des écrivains et de la littérature
http://www.m-e-l.fr/jo-witek-lengagne,ec,718
Pour aller plus loin…Des interviews sur le net…
http://lamareauxmots.com/blog/les-invite-e-s-du-mercredi-jo-witek-et-soledad-bravi-concours/
http://www.ricochet-jeunes.org/magazine-propos/article/416-rencontreavec-jo-witekhttp://www.deslivresetvous.eu/content/jo-witek
Centre de Création du 19
5, rue Jean Blanc
30300 COMPS
tél. 04 66 22 97 60
www.centredecreationdu19.com
www.caravanedesdixmots.com